• Philippe Charlier - Autopsie des fantômes, Une histoire du surnaturel (2021)

    Philippe Charlier - Autopsie des fantômes, Une histoire du surnaturel (2021)

    Auteur : Philippe Charlier
    Titre : Autopsie des fantômes : Une histoire du surnaturel
    Éditions : Tallandier, Paris, 2021 (315 pages)
    Plusieurs pages sont en accès libre sur GoogleBooks

        Dans une enquête inédite sur les terres du spiritisme, l’auteur nous mène de la tombe d’Allan Kardec au culte des âmes du Purgatoire. De Rome à Paris, en passant par le Vietnam et l’Écosse, il interroge les archives et les adeptes de ceux qui refusent de voir la mort comme une inéluctable fin. Pourquoi les spectres, les fantômes ou les revenants continuent-ils de passionner ? Comment la science a-t-elle tenté d’enregistrer le son des morts, de photographier les fantômes ou les pensées ? Quel a été le rôle des médiums dans cette communication d’outre-tombe, entre sincérité et escroquerie ? Comment le surnaturel, qui défiait initialement la science, est-il devenu lui-même, au cours du XIXe siècle, un véritable objet d’étude ? Et surtout, à qui profitent les revenants et leurs manifestations ? Cette histoire du surnaturel est une invitation à voyager dans l’autre monde, à la rencontre de ceux qui croient aux fantômes, ceux qui réfutent leur existence, et ceux qui cherchent la vérité.

        Évoque l'antoinisme au chapitre 7 : Sur cette table tournante, je construirai mon église... dont voici l'introduction :

        L’influence du spiritisme va s’étendre bien au-delà (c’est le cas de le dire...) des frontières françaises et britanniques. En Belgique, un certain « père Antoine » va même se servir de l’enseignement de Kardec pour ériger une nouvelle religion. Ses églises vont essaimer en Europe et sur d’autres continents, mais c’est en France qu’on trouve le plus d’adeptes de cette étrange croyance...

    Un culte d’origine belge

        J’avais déjà entendu parler du culte antoinisme, mais c’est par le plus grand des hasards, en faisant mon footing, un soir de décembre, que je suis tombé sur la chapelle de ce culte de la rue Vergniaud, dans le XIIIe arrondissement de Paris. Elle est située au croisement de plusieurs artères, près du métro aérien qu’on entend gronder de façon périodique. Sur la porte, banale et comparable au porche d’entrée d’une église « classique », on lit le panneau suivant :

        Lecture de l’enseignement du Père le dimanche à 10 heures et tous les jours à 19 heures excepté le samedi. Opération au nom du Père les cinq premiers jours de la semaine à 10 heures. Le temple est ouvert du matin au soir aux personnes souffrantes. Tout le monde est reçu gratuitement.

        Après que j’ai fait grincer le panneau de droite de la porte, une femme sans âge apparaît, vêtue comme une amish, d’une longue robe et coiffe noire, fermée au niveau du cou par un gros nœud de flanelle. Avec une voix toute douce et une bienveillance évidente, elle m’invite à entrer et à visiter le temple. Elle allume quelques lumières, ouvre une seconde porte et me précède dans ce qui ressemble à une nef dont les murs en pierre et bois sont peints en un vert très pâle. Sur les murs, des panneaux répètent l’injonction au silence : « On ne parle pas dans le temple »... une règle qui semble avoir son importance. La « sœur » reste près du porche d’entrée, murmure quelques paroles, puis me laisse seul.
        Au niveau du chœur, une sorte de chaire miniature éclairée par une faible lampe est cernée de trois portraits noir et blanc : le père Antoine, son épouse (« la Mère ») et une métaphore dessinée du Saint-Esprit. Au-dessus, occupant la totalité du mur, une inscription gigantesque :

        L’auréole de la conscience. Un seul remède peut guérir l’humanité : la foi. C’est de la foi que naît l’amour. L’amour qui nous montre dans nos ennemis Dieu lui-même. Ne pas aimer ses ennemis, c’est ne pas aimer Dieu, car c’est l’amour que nous avons pour nos ennemis qui nous rend dignes de Le servir, c’est le seul amour qui nous fait vraiment aimer, parce qu’il est pur et de vérité.

        Dans ce qu’il faut bien appeler une nef s’étalent des bancs de bois, bien cirés. Pas de vitrail, mais des ampoules électriques pour éclairer l’assistance. Il faut dire que ce temple est né avec l’électricité, en 1913. Je ressors et interroge la « sœur ». De la même voix très douce, elle me trace les grandes lignes de l’antoinisme. Elle m’explique que c’est un lieu de prière où les gens viennent prier seuls ou avec l’aide de quelqu’un, en « cabinet de consultation », en cas de souci particulier. Chaque matin, l’office consiste en une prière commune, c’est l’« Opération », tandis que le soir a lieu une prière plus courte. Personne ne parle ; les seules paroles prononcées sont la lecture de l’enseignement. Baptêmes, mariages et enterrements sont aussi pratiqués... sous une forme extrêmement simple. On assiste à l’Opération, on rentre dans le Cabinet du desservant, demandant à être aidé, on prie et c’est fini. Difficile de faire plus expéditif. L’enterrement antoiniste est tout aussi spartiate : il consiste en deux lectures (les Dix principes et une autre qui s’appelle Réincarnation) et des prières tout autour du cercueil. Droit au but et Rien de trop semblent être les maximes de cette religion.

        Suit l’histoire du Père (passons sur le titre Les élucubrations d’Antoine).


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