• Robert Vivier - Délivrez-nous du mal (critique du livre Lettres françaises de Belgique)

    DELIVREZ-NOUS DU MAL Roman de Robert Vivier (né en 1899) publié en 1936. Ce récit reconstitue la vie d'Antoine le Guérisseur, pseudonyme de Louis Antoine, né en 1846 près de Liège. Garçon sérieux et très dévot, il travaille dès l'âge de douze ans dans les mines. En 1873, après avoir terminé son service militaire, il épouse Catherine, une jeune fille qu'il connaît déjà depuis longtemps. Le couple déménage successivement en Allemagne et en Russie pour retourner chaque fois en Belgique, à Jemeppe. Les différents métiers qu'Antoine a exercés (machiniste, ouvrier, marchand de légumes) ne lui permettent pas de résoudre ses problèmes financiers.
        Cet échec le plonge dans un malaise continu. Cependant, une séance de spiritisme et le pouvoir guérisseur lié à cette pratique le font sortir de l'impasse : Antoine comprend que la richesse n'est pas forcément source de bonheur et qu'elle ne vaut pas la santé. Devenu médium lui-même, il forme un groupe spirite : les Vignerons du Seigneur. La souffrance qu'il éprouve à la mort de son fils ne fait qu'intensifier ses anbitions caritatives. Le nombre de guérisons augmente et sa popularité croît sans cesse. Le fait que sa pratique est efficace et gratuite le font gagner deux procès engagés contre lui. Stimulé par ses succès, Antoine rédige quelques traîtés dans lesquels il décrit ses expériences. Aussi transforme-t-il sa maison en temple. Quelque temps avant sa "désincarnation", conçue non pas comme une barrière inexorable mais comme un moyen d'accès aux mystères d'outre-tombe, Antoine (surnommé le Guérisseur, le Généreux ou Père par ses adeptes) délégue ses pouvoirs à "Mère" Catherine. Il meurt en juin 1912 et il est enterré selon le rite antoiniste.
        VIVIER fournit au lecteur une description détaillée de l'antoinisme, un mouvement ésotérique qui a connu beaucoup de partisans. Le caractère netement écotérique de ces pages n'empêche à aucun moment leur élaboration romanesque. En effet, on accède continuellement aux idées, aux doutes et aux espoirs du protagoniste. Cette pénétration directe dans la conscience de ce personnage charismatique a permis à l'auteur d'établir un portrait captivant d'un homme dont la renommée dans sa région natale est loin d'être éteinte.

        J. De Caluxé e.a., Hommage à Robert Vivier, Liège, 1965. - R. Vivier, Proses, avec introduction par M. Thiry, Bruxelles, 1965.

    Lettres françaises de Belgique: Le roman (p.126)
    sous la direction de R. Frickx,  R. Trousson,  V. Nachtergale
    source : Google Books


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