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Roux - Intérieur de l'Ecole Morale. Surnommée le Temple de la vertu
Le commentaire de M. Henri Paulissen m'a poussé à préciser un peu plus ce que l'on peut voir. Voici quelques informations concernant cette image égrainées sur les articles concernant le Père Dor.
L’ECOLE MORALE
Il y a quatre ans déjà, il bâtit à Roux un « temple » simple salle adossée à un cabaret. Les « fidèles » sont venus nombreux et tout récemment, le 1er novembre dernier, on inaugurait un nouveau temple, celui-ci très vaste, situé à côté de l'ancien. C'est une construction en briques, de 30 mètres de long, sur près de 90 de large, couverte d'un toit au milieu duquel s'ouvre un large lanterneau et que domine une inscription en lettres blanches : « L'Ecole morale ». Toute la semaine, les pèlerins affluent, pour consulter le Père Dor, qui leur prodigue de bonnes paroles et, par son « fluide », guérit tous leurs maux.
Le dimanche après-midi, le Père Dor procède à une opération générale, fais agir le fluide sur l’assistance qui remplit le temple, puis répond à toutes les questions qu'on lui pose. Le confrère qui a assisté à la consultation dimanche dernier raconte en ces termes ce qu'il a vu et entendu :
Une large salle blanchie à la chaux, éclairée par un lanterneau sous lequel on remarque l'armature de fer de la toiture, chauffée à l'excès par deux énormes calorifères. Sur les vastes murs nus quelques inscriptions soulignées de bleu, encadrées de chêne clair, dans ce goût-ci : « Le Père Dor donne à ses enfants de bon, de beau soulagements. » Il y a là, assises sur les bancs jaunes, plus de 600 personnes. L'atmosphère est étouffante. Il monte de cette foule une odeur de corps malades et en sueur, de vêtements mouillés.
L'Égalité de Roubaix-Tourcoing, 11 janvier 1913La grande salle de réunion mesure environ 25 mètres sur 15. Trois gros calorifères donnent une chaleur douce, mais qui bientôt ne tardera pas à devenir suffocante.
Le local manque de dégagement. Deux portes relativement étroites, dont l'une réservée à l'accès à d'autres pièces du bâtiment, devront servir à évacuer une assistance de plus de deux mille personnes.
Aspect très sobre, murs blancs dans l'épaisseur desquels sont ménagés des panneaux rompant l'uniformité. Pas de fenêtre, le jour arrive à profusion d'une verrière servant de couverture à l'édifice.
A l'un des bouts de la salle est établie une chaire d'où le Père Dor parlera. Cette chaire est surmontée d'un abat-son conforme aux prescriptions d'une acoustique bien étudiée.
En dessous de la chaire, un bureau où prendront place les secrétaires chargés du service sténographique.
La Gazette de Charleroi, 2 novembre 1912
Le dimanche après midi, a lieu au temple de Roux – un vaste temple tout neuf inauguré il y a quelques mois — un office qui s'ouvre par une « opération générale » — le Père fait agir les fluides sur l'assistance — suivie d'une consultation. L'un de ces derniers dimanches, nous avons assisté à un de ces offices. Il y avait là plus de 600 personnes. Le Père Dor était debout dans une vaste chaire haut suspendue, dans une attitude de profond recueillement. A chaque instant, un fidèle, se levant, rompait le silence et, d'une voix tremblante, posait au Père une question.
Excelsior, 13 janvier 1913
"Une tribune imposante a été dressée devant la chaire d'où parlait le Père dans ses instructions antérieures. Des tentures de drap vert la garnissent, et de nombreuses gerbes de fleurs - modestes hommages des personnes reconnaissantes - en jonchent les gradins étagés. Cette décoration est à la fois simple et grandiose."
Réunion du Jour de la Toussaint, Compte Rendu de la Grande Opération pour les vivants et les Morts qui s'effectue tous les ans, à l'occasion de l'inauguration de L'ÉCOLE MORALE située à Roux (Hainaut-Belgique), 1914, pp.29-30
– Allez donc interviewer le Père Dor qui officie 344, rue du Moulin, Uccle-Saint-Job. Très intéressant ! …
Un petit bâtiment en briques rouges, propre, fort avenant : „Ecole morale”. C'est là qu’il habite... Une tête de femme derrière un judas... La porte s'ouvre... Me voici dans une sorte de chapelle laïque... Des bancs, des murs blanchis à la chaux. Une pancarte : „Christ parle à nouveau... Pour jouir de la véritable vie, un seul remède, l'amour de soi-même, c'est-à-dire l'amour de la perfection”. Au fond, un grand tableau : un homme, une sorte de moujik tout de noir vêtu, cheveux retombants, barbe étalée, donne une consultation à une femme qui porte dans ses bras un enfant souffreteux. Ce doit être „le Père” ; ce doit être Lui... C'est intitulé : „le Messie nouveau”.
Une porte s'ouvre... Le moujik apparaît. Je pénètre dans une pièce grande comme une cellule de trappiste. Le „Père”, souriant, m'avance un siège... Il est habillé de noir ; des fils argent ourlent la barbe ; les cheveux ne retombent plus sur les épaules. Physionomie empreinte d'une grande douceur...
La Belgique, 10 novembre 1916
Les bâtiments de Roux sont évalués à 55,000 francs. Dor consacre 18,000 francs à sa nouvelle installation, et destine le surplus des 55,000 francs (les bâtiments ont été mis en vente) à l’Ecole des estropiés de Charleroi „que je considère, dit Dor, comme la plus belle œuvre du monde”.
La Belgique, 19 novembre 1916
…Le Père et ses apôtres pénètrent dans le temple où se trouvent massées 12 à 1500 personnes.
Sans perdre une seconde, il escalade la chaire, d'où, autrefois, il procédait aux « opérations générales » et harangue l'assistance.
Nous arrivons juste au moment où il dit :
« Soyez sans crainte, le Père dort bien, le Père mange bien, le Père bois bien, le Père a la conscience nette, et s'il a été condamné à 16 mois de prison et au remboursement que vous savez, c'est pour avoir été trop honnête, c'est pour n'avoir pas satisfait certaines femmes dans des désirs que je n'ose pas dire.
L'écho de la presse internationale, 31 décembre 1916
En outre, il a vendu pour 16.800 francs la petite propriété qu'il possédait à Roux.
L'écho belge, 8 novembre 1917
Bien que le « père Dor » soit probablement toujours en vie, le Dorisme est tout à fait oublié de Roux et les bâtiments étaient occupés par un cloître pour religieuses.
Frans Stefaan Z.E.H. Pastoor Verlinden, Het Antoinisme : zijn ontstaan, zijn ziekenbehandeling, zijn godsdienst en zijn eeredienst, Geloofsverdediging (Antwerpen), Veritas (Gand), Godsdienstige en sociale trakten, nummer 8, 1929, p.7
À titre de comparaison, le temple de Jemeppe peut contenir 1500 personnes (grâce aux galleries notamment). En 1922, les statuts du culte indique que la Propriété comprenant : maisons, temple, imprimerie, remise, jardins, sise à l'angle des rues du Bois-de-Mont et des Tomballes, est d’une contenance de 16 ares 25 centiares. Si on recourt au site geoportail.wallonie.be, on peut calculer la surface du temple de Jemeppe seul (sans les dépendances), et on arrive au résultat de 140 m2.
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Commentaires
On voit que le neveu voyait plus grand que son oncle