• Souvret, Les Antoinistes bâtissent (Journal de Charleroi, 27 juin 1913)(Belgicapress)

    Souvret, Les Antoinistes bâtissent (Journal de Charleroi, 27 juin 1913)(Belgicapress)SOUVRET
        Les Antoinistes bâtissent. –
     Les religions sur la terre sont inventées par milliers ; aucune religion n'équivaudra jamais à celle de la solidarité humaine entre tous les êtres humains. Depuis quelque temps un certain nombre de croyants, parmi lesquels quelques anciens incroyants, ont été conduits à Roux, chez celui qu'on appelle le « Père d'Or ». Toux ceux qui les connaissent depuis quelques années, quand ils les regardent de très près, remarquent que les pratiques alimentaires de cette fameuse et nouvelle religion, leur donnent à tous, jeunes et vieux, une couleur cadavérique, qui n'est guère enviable et n'est pas de nature à déterminer de nouvel des recrues !
        Aussi, raconte-t-on que la brouille est dans la religion d'Antoine ! – ne pas confondre avec St-Antoine, patron des pourchats – C'est à cette brouille, dit-on, que serait due l'érection d'un bâtiment actuellement en construction le long du chemin de Fontaine, un peu au-dessus de la rue de la Science, s. v. pl. ; ce bâtiment va servir à toutes les pratiques du culte antoiniste, le vrai, le pur, le père qui est d'or à Roux, et considéré à Souvret pour moins que du nickel, qui ne respecte pas toutes les traditions du père Antoine de Jemeppe-sur-Meuse, près de Liége ; c'est, paraît-il, un très jeune et joli prédicateur de cette contrée, neveu ou petit neveu du brave Antoine, qui viendrait prêcher ou occuper ce bâtiment pour autant que le passage du tram, tous les quarts d'heure, ne dérange pas ses cours.
        Bref, très sérieusement, notre petite commune devient célèbre depuis 20 ans : l'église catholique très grande est toujours vide, à l'exception des jours, d'enterrements par sympathie pour le défunt et la famille.
        Un jour, arrive un curé en pleine force de l'âge, flanqué d'un jeune vicaire, plus joli encore, et voilà le contingent de femmes renforcé. Mais pa-ta-tas, Antoine, le saint étant à l'église), vint ériger un temple.
        Alors, c'est la concurrence entre la clientèle. N'est-ce pas abominable, surtout que la libre-pensée fait encore des progrès chaque jour. On dit qu'ils sont 150 familles, sans compter ceux qui se font enterrer civilement et qui n'en sont pas membres. Il faudra augmenter le budget de fabrique, surtout les postes vins et huiles. Les huiles surtout qui serviront à huiler les cloches qui doivent battre à toute volée pour rappeler les fidèles.
        Si les Antoinistes mettent une cloche à leur temple, nous seront écervelés.
                                                                           TANT PIS.

    Journal de Charleroi, 27 juin 1913 (source : Belgicapress)


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