• Yvonne Castellan - Le spiritisme (1954)

    Titre :     Le spiritisme
    Auteurs :    Yvonne Castellan (psychologue et professeur honoraire en psychologie clinique)
    Editions :    PUF, Que sais-je ? n°641, 130 pages, 1954 (pour la 1ère édition)

    Table des matières:
    Introduction
    Chapitre premier. - Naissance et définition du spiritisme
        I. Qu'est-ce que le spiritisme ?
        II. Quelques faits spirites.
    Chapitre II. - Les médiums
        I. Le dédoublement
        II. Les médiums à "aura"
        III. Les divers procédés de communication avec les Esprits
        IV. L'évocation
    Chapitre III. - Allan Kardec et la philosophie spirite
        I. Cosmogonie
        II. Les Esprits
        III. La mort, l'incarnation et la réincarnation
        IV. La morale
        V. Ancienneté et nouveauté du spiritisme
    Chapitre IV. - Le spiritisme après Allan Kardec (1870 à nos jours)
        I. La théosophie
        II. Le cao-daïsme
        III. Diffusion
    Chapitre V. - Le spiritisme devant la science
        I. La tentation métapsychique
        II. Les faits spirites
        III. Les subterfuges
    Chapitre VI. - Les positions doctrinales adverses
        I. L'Église catholique
        II. L'occultisme indien
        III. Le spiritisme et la médecine
    Conclusion
    Bibliographie

    Recension :
        On trouvera dans ce petit livre, après une définition du spiritisme, "doctrine fondée sur l'existence, les manifestations et l'enseignement des Esprits", une histoire bien documentée du mouvement spirite, guère plus que centenaire, et, pour finir, un examen des positions prises à l'égard du spiritisme par la science et les grandes confessions religieuses, notamment l'Église catholique. Bien mis en évidence sont l'étrange personnalité d'Allan Kardec et le rôle déterminant exercé par sa "philosophie" sur la formation de la doctrine spirite.
    Chroniques, Antoine Guillaumont, Revue de l'histoire des religions, 1960, Volume 158, Numéro 158-2, pp. 257-258 (persee.fr)

    Critique personnelle :
        Après un rappel des faits définitionnels et historiques, l'auteure en vient très vite à la critique. On lit par exemple : "Ce n'est pas en vain que le XIXe siècle voyait justement triompher la science véritable, celle qui s'attache à la mesure des phénomènes, à la détermination rigoureuse des lois naturelles, à l'institution d'expériences indéfiniment reproductibles, identiques à elles-mêmes, toutes choses égales d'ailleurs" (p.89) ou "La faculté médianimique se révèlent souvent chez des êtres peu développés, parfois illettrés telle Eusapia Paladino, analphabètes et incapable d'articuler quelques mots de français après plusieurs années d'expérimentation en France" (p.92-93). Signalons qu'hormis Eusapia Paladino, ou Daniel Dunglas Home qui meurt très affaibli par la tuberculose et récuse alors la spiritisme, ou encore les Soeurs Fox qui récuseront également leur pouvoir, ce livre n'évoque que des cas précis pour en faire des généralités. De plus, l'apologie de la science ne saurait étonner venant d'une psychologue, d'autant plus dans les années 50, mais un peu plus de neutralité aurait été la bienvenue (on trouve cette neutralité sur wikipedia, par exemple).
        L'auteure nous rappelle que la critique du spiritisme viendra de lui-même par son courant métapsychique (l'auteure en profite d'ailleurs pour passer sa publicité pour un autre volume de la même collection Que sais-je ? sur La parapsychologie) qui continue "de nos jours sous le nom de parapsychologie dans maints pays, dans toutes sortes de directions, intéressant très peu de gens, d'une façon générale distingués et de bonne foi" (p.95). Intéressant très peu de gens, "pas même la plupart des savants qui haussent simplement les épaules, peu soucieux de voir étendre leurs hypothèses, avec plus de hardiesse que de discernement, souvent, il faut bien le dire, à des domaines inattendus auxquels ils n'ont jamais accordé la moindre attention ni même la moindre estime. Les hypothèses métapsychiques à la différence des hypothèses freudiennes, leurs voisines - combattues elles-mêmes par les psychiatres contemporains - ne sont pas génératrices de traitements, donc ni féconds, ni véritables dans leurs effets" (p.96) et surtout non rentable, le désintéressement prévalant dans ce milieu. "Ces études mènent à des conclusions plus philosophiques et métaphysiques que véritablement scientifiques." Pourtant pourquoi continuer la recherche extraterrestre, de façon scientifique ou pseudo-scientifique ?
        Mais les critiques continuent : "il ne faut pas oublier en effet que la faculté médianimique va de pair avec un certain état hystérique" (p.97-98). Nous sommes là dans le chapitre V, le spiritisme devant la science. On aura droit à une redite dans le chapitre suivant, les positions doctrinales adverses, III. le spiritisme et la médecine.
        Peu après les critiques, dont certaines reprises du Père Mainage, l'auteure cite le témoignage de Houdini se déclarant émerveillé par 2 séances auxquelles il a assisté. Mais l'auteure revient à la charge en finissant par dire que, par la pression d'un public 'qui veut croire' tout est possible, et même les scientifiques souffrent de cet orgueil (p.105).
        On en vient pour finir sur les positions doctrinales : Églises catholique (détraction de longue date pour qui le spiritisme est l'oeuvre du diable), la tradition indienne (peu encline à la dispute et l'auteure n'arrive pas à convaincre), la médecine (la plus véhémente et blessante).
        En conclusion, l'auteure évoque à côté ds multiples écoles et dissension du spiritisme, la rapprochement du spiritisme expérimental d'avec la parapsychologie scientifique.
        Signalons enfin que l'auteur parle rapidement de l'antoinisme (p.85, Chapitre IV. - Le spiritisme après Allan Kardec 1870 à nos jours, III. Diffusion) : "Un peu plus tard, en 1888 à Jemmapes/Meuse, un ouvrier métallurgiste belge de quarante-deux ans, Antoine Louis, s'initiait aux tables tournantes et se découvrait médium. Il donna à sa révélation un tour thaumaturgique, et connut comme guérisseur un succès prodigieux (voir les médiums guérisseurs, ci-dessus p.36. En dehors des Antoinistes, nous ne parlerons pas du spiritisme thaumaturgique : il faudrait une étude considérable pour épuiser le sujet de la médecine "spiritualiste" au XIXe siècle). Il ne put se retenir de fonder une secte l'Antoinisme, dont il fut le "Père". Sa doctrine, des plus vagues, kardécistes, teintée d'évangélisme et d'occultisme élémentaire, est couronnée d'une morale en tous points traditionnelle. L'essentiel de son succès résidait dans l'imposition des mains, accompagnée d'une prière qui ne pouvait manquer de faire effet si la pureté de l'opéré et de l'opérant était suffisante. En 1910, il recueillit dans le bassin minier belge plus de cent cinquante mille signature de sympathie. L'Antoinisme peut compter à l'heure actuelle environ cent cinquante mille adhérents. Le noyau essentiel est toujours en Belgique, avec quelques filiales en France, en Allemagne et en Angleterre."
        L'auteure cite sa source qu'on aurait cependant pas eu de peine à retrouver : Maurice Colinon, Faux prophètes et sectes d'aujourd'hui, Paris, Plon, 1953. On y retrouve en effet les mêmes erreurs sauf pour Jemmapes : inversion du nom et prénom (Antoine Louis), erreur sur la date de découverte du spiritisme par Antoine (1884-1886 et non 18888), expression "tables tournantes" et "les tables valsent éperdument" (alors que le Père a toujours préféré la moralisation que l'expérimentation, à partir de là, peut-on dire qu'il fut médium lui-même ? Pierre Debouxhtay y met quelques réserves, cf. p.64), similitudes de jugement sur la doctrine ("notions théosophiques assez obscures, accompagnées d'une morale aussi simpliste qu'efficace qui ravit ses familiers" dit Colinon), évangélisation chez Castellan & "ses promoteurs organisent un véritable plébiscite dans le bassin minier", quelques filiales en France vient des quelques villes ayant un temple cité par Colinon, et les fidèles en Allemagne et dans les pays anglo-saxons.
        On s'étonne de voir le caodaïsme occupé tout un chapitre et pas l'antoiniste, on regrette que l'auteure ne donne pas un livre essentiel sur le spiritiste thaumaturgique, on regrette surtout que l'auteure n'ait pas confronté le témoignage de Colinon avec celui de Debouxhtay et donc de reproduire autant d'erreurs en si peu de lignes.
        Il est donc dommage que ce numéro ne soit pas réédité avec les corrections nécessaires voire même réécrit par un autre auteur qui aura soin de se tenir au fait. Il y a bien Le paranormal qui évoque succinctement le spiritisme, et édité en 2006, dont l'auteur est chercheur au CNRS, mais cela est peu compte tenu de l'importance de ce mouvement. Le numéro L'ésotérisme évoque quant à lui la Théosophie.


    Une synthèse du spiritisme, du Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec critique également ce volume :
        Contrairement à des affirmations d’intention, notamment celles d’Yvonne Castellan dans son « Essai sur le Spiritisme » paru dans la collection «Que sais-je ? », les effets de la pratique spirite sur les médiums dignes de ce nom n’ont aucun effet négatif sur leur mental. Au contraire, ce sont les fluides bénéfiques des Esprits supérieurs qui leur donnent un charisme qui s’étendra sur tous ceux qui les approchent : conseils, consolations, encouragements à développer leur volonté, à agir dans le sens du beau, du bien, du juste seront leurs adages. Dire que le médium est fragile car son rôle tient dans sa passivité est une contrevérité, en tous les cas, un signe d’ignorance. Prendre des cas particuliers pour en faire une généralité démontre une faiblesse dans le raisonnement par suite d’une étude peu approfondie du problème.
        Le médium spirite est celui qui fondamentalement doit se perfectionner moralement, or ce perfectionnement ne peut se réaliser que par des exercices de volonté gradués mais constants. Lire chez Madame Castellan que le Spiritisme réalise une contre-éducation, affaiblit sa volonté et livre ses adeptes à toutes les fantaisies de l’inconscient automatique, démontre que cette dernière fait preuve d’une accablante ignorance. Elle ne cite et n’a vu que des cas d’obsessions sur des personnes ayant des facultés médiumniques mais sans aucune culture et enseignement spirite. Elle oublie de citer le nombre de possédés ou d’obsédés guéris dans les centres spirites, là où tous les traitements psychiatriques échouent, faute d’en déterminer la vraie cause.Il est une responsabilité qu’enseigne le Spiritisme : c’est celle de rechercher et de pratiquer une permanente recherche de la Vérité. Dire que la réincarnation est fondamentale, ne signifie pas pour autant qu’il faille laisser s’entretenir une vanité naïve chez les impétrants du Spiritisme.
    source : http://spirite.free.fr/synthese.htm


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