•     Dans ses reportages, Auguste de Winne établit une hiérarchie claire entre la Wallonie rouge, prospère, libre-penseuse et la Flandre pauvre, soumise, illettrée et malade. La cause du malaise flamand était imputée au tandem formé par les patrons et l'Église, une alliance qui bloquait toute émancipation. "Pauvre peuple flamand, ta faiblesse pourra-t-elle jamais vaincre cette monstrueuse puissance, cette hydre à deux têtes : l'Église, avec la force lourde que lui ont léguée des siècles de domination, et la Bourgeoisie, avec tout son or ?" se demande-t-il, "douloureusement inquiet".
        De Winne raconte que les curés visitent régulièrement les usines et y tiennent des conférences en période électorale. Les ouvriers doivent fréquenter les "cercles et les patronages cléricaux" sous pleine de licenciement. Le pilier catholique était dominé par une culture du clientélisme, un système étonnamment similaire à la politique actuelle du service pratiquée en Wallonie à bien des endroits. A la fin d' A travers les Flandres, il crache sa colère contre le r$ole de l'Église dans un court manifeste : "On a osé parler de la banqueroute de la science, la science libératrice. La banqueroute de l'Église est autrement visible et patente, surtout ici, dans cette pauvre Flandre. C'est qu'une doctrine qui se contente de prêcher la réforme morale de l'Humanité tout en laissant subsister, en acceptant les classes sociales, les criantes inégalités de condition, ne saurait engendrer qu'un régime d'iniquité, de spoliation, de misère et d'ignorance. Et la réforme morale, but suprême de ses efforts, est condamnée à l'échec le plus lamentable."

    [...]

        Le pilier catholique a bien tenté de développer une vie culturelle organisée. Il craignait la perte de la ferveur populaire, en clair l'estompement de l'identité chrétienne. August Cools, prédécesseur de Jef Houthuys à la tête de la CSC voyait les choses ainsi : "C'est sur les larges épaules de nos mineurs flamands que le Christ fera son entrée en Wallonie." L'émigration économique vue comme un cheval de Troie cachant des missionnaires chrétiens. Souvent, c'étaient les ordres religieux, comme les rédemptoristes et les capucins, qui tentaient de maintenir les immigrés dans le droit chemin grâce à des projets comme l'Oeuvre des Flamands. Nulle part les associations ne se sont maintenues, nulle part l'évangélisation n'a réussi.
        "Le milieu dans lequel les Flamands arrivaient était en bonne partie déchristianisé et socialiste. Le prêtre a disparu de leur vie ou y a été moins présent. Peut-être la foi était-elle moins importante pour les migrants flamands que nous ne sommes tentés de le penser. La grosse majorité a simplement choisi un autre pilier, qui avait ses propres rituels et ses propres fêtes. La vie culturelle socialiste a presque disparu. Aujourd'hui, les maisons du peuple sont souvent devenues des caricatures, des bistrots de troisième zones."

    Pascal Verbeken, La Terre promise, Flamands en Wallonie,
    Le Castor Astral, Bruxelles, 2007 (2010 pour la traduction), p.168-169 & p.175
    Titre original : Arm Wallonië (Een reis door het beloofde land)


        Nos ouvriers flamands, si sédentaire, se sont mis à émigrer en grand nombre. Leur instinct de conservation et l'énergie de la race ont eu raison de la chloroformisation cléricale. Les uns travaillent dans les fabriques du Centre, de Charleroi et du pays de Liège, d'autres traversent chaque jour ou chaque semaine la frontière et se rendent dans les villes manufacturières du nord de la France, d'autres encore s'en vont chaque année, généralement de mars à octobre, dans les campagnes françaises, faire la moisson, la récolte des betteraves, ou travailler dans les sucreries ou briqueteries.
        Et cependant, chaque fois qu'ils le peuvent, ils reviennent au village. [...] L'émigration ouvrière a surtout pris une grande extension à partir de 1870, par suite de la création, cette année, de billets d'abonnements ouvriers aux chemins de fer.
    [...]
        Quelles sont, au point de vue politique, les conséquences de ce contact des ouvriers des campagnes flamandes avec la population socialiste des villes et des régions industrielles de la Wallonie ? Elles ne sont pas  difficiles à deviner : les ouvriers migrateurs échappent à l'influence des curés et des seigneurs du village lentement, mais sûrement, leur cerveau s'imprègne d'idées socialistes dont ils deviennent les propagateurs souvent involontaires dans les Flandres.

    Auguste de Winne, A travers la Flandres (extraits)
    in Pascal Verbeken, La Terre promise, Flamands en Wallonie,
    Le Castor Astral, Bruxelles, 2007 (2010 pour la traduction), p.313-314 & p.315


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  • Richard SEIWERATH, Le culte Antoiniste entre les deux guerres (Organisations et évolution)

    2004 - 4
    Mémoires

    ULG

    Richard SEIWERATH, Le culte Antoiniste entre les deux guerres (Organisations et évolution),
    Liège, lic., ULG, 2004 (Francis Balace).


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  •     "Was mich nicht umbringt, macht mich stärker." - Sprüche und Pfeile, 8.

        "Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort." - Crépuscule des idoles, 1888

    Friedrich Nietzsche (1844-1900)


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  •     Mémoire, intelligence, raison, hautes facultés de l'âme dont nous sommes glorieux, et qui tournent aux quatres vents de l'orgueil !

    Maxence van der Meersch, Corps et âmes, t.2, p.316
    Le Livre de Poche, Paris, 1943


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  •     Si l'effort volontaire est si difficile, c'est notamment parce qu'il n'offre aucune garantie d'être imité par les autres dans un système sans contrainte. C'est le fameux : "je veux bien faire l'effort, mais pas si personne d'autre ne s'y met", ou la variante : "si je m'y mets seul, cela ne sera de toute façon qu'une goutte d'eau dans la mer". Mais il existe nombre de cas de figure où une même personne, qui n'est pas prêtre à faire un effort seule dans son coin, devient d'accord pour supporter une contrainte nouvelle partagée par tous.

    Jean-Marc Jancovici & Alain Grandjean, Le plein s'il vous plaît !
    La solution au problème de l'énergie
    (p.98-99)
    Editions du Seuil, Points sciences, Paris, 2006


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  • Et si tu n'existais pas
    Dis-moi pourquoi j'existerais?
    Pour traîner dans un monde sans toi
    Sans espoir et sans regret
    Et si tu n'existais pas
    J'essayerais d'inventer l'amour
    Comme un peintre qui voit sous ses doigts
    Naître les couleurs du jour
    Et qui n'en revient pas

    Et si tu n'existais pas
    Dis-moi pour qui j'existerais?
    Des passantes endormies dans mes bras
    Que je n'aimerais jamais
    Et si tu n'existais pas
    Je ne serais qu'un point de plus
    Dans ce monde qui vient et qui va
    Je me sentirais perdu
    J'aurais besoin de toi

    Et si tu n'existais pas
    Dis-moi comment j'existerais?
    Je pourrais faire semblant d'être moi
    Mais je ne serais pas vrai
    Et si tu n'existais pas
    Je crois que je l'aurais trouvé
    Le secret de la vie, le pourquoi
    Simplement pour te créer
    Et pour te regarder

    Et si tu n'existais pas
    Dis-moi pourquoi j'existerais?
    Pour traîner dans un monde sans toi
    Sans espoir et sans regret
    Et si tu n'existais pas
    J'essayerais d'inventer l'amour
    Comme un peintre qui voit sous ses doigts
    Naître les couleurs du jour
    Et qui n'en revient pas


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  • « Regardez encore ce petit point. C'est ici. C'est notre foyer. C'est nous. Sur lui se trouve tous ceux que vous aimez, tous ceux que vous connaissez, tous ceux dont vous avez entendu parler, tous les êtres humains qui aient jamais vécu. Toute la somme de nos joies et de nos souffrances, des milliers de religions aux convictions assurées, d'idéologies et de doctrines économiques, tous les chasseurs et cueilleurs, tous les héros et tous les lâches, tous les créateurs et destructeurs de civilisations, tous les rois et tous les paysans, tous les jeunes couples d'amoureux, tous les pères et mères, tous les enfants plein d'espoir, les inventeurs et les explorateurs, tous les professeurs de morale, tous les politiciens corrompus, toutes les "superstars", tous les "guides suprêmes", tous les saints et pêcheurs de l'histoire de notre espèce ont vécu ici, sur ce grain de poussière suspendu dans un rayon de soleil.
    ...Il n'y a peut être pas de meilleure démonstration de la folie des idées humaines que cette lointaine image de notre monde minuscule. Pour moi, cela souligne notre responsabilité de cohabiter plus fraternellement les uns avec les autres, et de préserver et chérir ce point bleu pâle, la seule maison que nous ayons jamais connue. »

    Carl Sagan, Un point bleu pâle (Pale Blue Dot), chap. « You Are Here », p. 8-9

    source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Un_point_bleu_p%C3%A2le


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  •     « L’esprit est tel une tapisserie richement tissée dont les couleurs dérivent de l’expériences des sens, et dont le motif serait tiré des circonvolutions de l’esprit. »

    Carson McCullers, Reflections on a Golden Eye (trad. Reflets dans un œil d'or), 1941

    source : wikipedia


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  •     Ensuite, nous sommes aussi coupables de n'avoir pas bien lu le contrat avant d'aller voter. En effet, que dit le contrat entre la population et ses représentants en démocratie ? Que les élus sont censés être plus intelligents et mieux informés que la moyenne de la population ? Qu'ils sont censés se documenter suffisamment pour devenir des visionnaires, afin de nous prendre par la main pour aller vers un monde meilleur alors que nous ne le désirons pas, ou pas encore ? Que nenni ! Ils sont seulement censés nous représenter : la démocratie, ce n'est pas nécessairement la voix de la sagesse, c'est celle de la majorité. Employer le terme de "dirigeant" pour un député ou un ministre, c'est faire un mauvais usage du français : quand la première lecture du matin dans tout cabinet ministériel qui se respecte consiste en la revue de presse de la veille, et le sondage de l'avant-veille, ce n'est pas de dirigeants qu'il faut parler, mais bien de représentants.

    Jean-Marc Jancovici & Alain Grandjean, Le plein s'il vous plaît !
    La solution au problème de l'énergie
    (p.86-87)
    Editions du Seuil, Points sciences, Paris, 2006


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