• Christian Bouchet - Le Spiritisme (Comment parler avec les morts)(2016)

     Christian Bouchet - Le Spiritisme (Comment parler avec les morts)(2016)

    Auteur : Christian Bouchet
    Titre : LE SPIRITISME Comment parler avec les morts
    Éditions Camion Noir, avril 2016

        Le spiritisme est l’art de communiquer avec les esprits des personnes défuntes grâce à des techniques précises et éprouvées. Si la pratique est ancienne - on trouve les premiers témoignages d’évocation des âmes des morts dans La Bible - ce n’est qu’en 1847 que le spiritisme, comme nous le connaissons, apparut aux États-Unis. Mouvement informel et confus à ses débuts, il trouva son théoricien et codificateur dans la personne d’un Français, Allan Kardec. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le spiritisme fut un phénomène de grande amplitude dont l’influence fut importante dans les milieux scientifiques, politiques et culturels. Si l’intérêt pour cette doctrine a été en décroissant par la suite, le spiritisme connaît cependant, depuis le dernier quart du XXe siècle, une embellie grâce au mouvement du Nouvel Âge qui lui a donné une nouvelle dénomination : le channeling. Dans cet ouvrage sur le spiritisme, l’auteur - qui a publié chez le même éditeur une biographie d’Allan Kardec - retrace l’histoire de ce courant, de ses différentes variantes et de leurs évolutions, sans oublier d’étudier sa théorie et sa pratique. Ouvrage neutre dans ses descriptions et ses analyses, Le spiritisme, comment parler avec les morts, rédigé par un spécialiste de l’étude des mouvements spirituels minoritaires, passionnera aussi bien les spirites et leurs amis, que les incrédules et les chercheurs.

        Évoque l'Antoinisme parmi la création de nouveaux mouvements religieux de la Partie III - Le post-spiritisme.

     

    C - La création de nouveaux mouvements religieux

    L'antoinisme, le caodaïsme et l'umbandisme, sont trois nouveaux mouvements religieux qui n'ont en apparence pas le moindre point commun. L'un est une « religion de guérison » née parmi les mineurs de Belgique, l'autre une secte vietnamienne qui participa activement au mouvement de libération nationale dans son pays et le troisième est un culte africain principalement pratiqué au Brésil.
    Or, si nous en traitons ci-dessous, c'est qu'ils sont tous les trois redevables à la pensée d'Allan Kardec et au spiritisme kardeciste sans qui ils n'auraient pas vu le jour 1.

    1 - L'antoinisme

    L'antoinisme porte le nom de son fondateur Louis Antoine (1846-1910). Fils d'une famille de mineurs catholiques, Louis Antoine est sérieux, intelligent et ambitieux. Il travaillera très tôt comme mineur de fond, puis comme ouvrier très spécialisé aux chaudronneries Cockerill pour lesquelles il effectuera de nombreuses missions à l'étranger. Jamais durant sa vie professionnelle, il n'abandonnera la pratique du catholicisme et quand, à quarante-deux ans 2, il prit sa retraite, il aurait pu passer le reste de son âge dans la peau d'un petit-bourgeois aisé, bien intégré dans sa paroisse de Jemeppe. Sans doute du fait de l'inaction subite, Louis Antoine connut une crise existentielle : il remit sa foi en question, il se morfondit, il se désespéra de la monotonie de la vie, il somatisa... Cela jusqu'à ce qu'un de ses amis lui fasse lire Le Livre des Esprits. Immédiatement séduit, Antoine se rendit aux réunions d'un cercle spirite où il se découvrit rapidement des dons de médium. Quelques temps après, sur le conseil des Esprits eux-mêmes, il créa avec quelques amis un groupe spirite qui prit pour nom Les Vignerons du seigneur et adopta comme devise : « Nous sommes les ouvriers de la dernière heure ».
    Il se plaçait ainsi dans le courant religieux du spiritisme qui estime qu'Allan Kardec et ses successeurs sont venus en ce monde pour achever l'œuvre de la Révélation commencée par Jésus-Christ.
    Le décès, soudain et inexpliqué, de son fils entraîna Louis Antoine à formaliser de manière ostensible sa rupture avec le catholicisme en organisant des funérailles spirites et à réfléchir sur le sens de la maladie. Il interrogea un Esprit thérapeute « le docteur Carita » qui lui donna de l'au-delà des conseils, puis il étudia le magnétisme et imposa les mains ; ce faisant il était sujet à des visions durant lesquelles il « voyait » les organes lésés qu'il devait soigner. Il devint ainsi un spirite guérisseur qui se revendiquait d'Allan Kardec, du Christ et du ... curé d'Ars. Louis Antoine acquit rapidement une importante clientèle qu'il magnétisait, à qui il distribuait des simples et à qui il conseillait une hygiène de vie stricte. Dans le même temps, il écrivit un Petit catéchisme spirite pour servir à l'instruction des enfants et des personnes ne connaissant pas le spiritisme et il continua de participer à la propagande et à la pratique spirite avec les Vignerons du Seigneur.
    En 1901, Louis Antoine fut légèrement condamné pour exercice illégal de la médecine. Craignant de nouveaux procès et des peines plus lourdes, il modifia sa pratique en se basant sur le livre Dans l’invisible de Léon Denis. Il n'imposait plus les mains et ne conseillait plus de médicaments, mais il se recueillait dans le silence avec le patient en demandant aux Esprits bienfaisants de faire descendre en lui une « onde régénératrice », et il la communiquait au malade. Le nombre de ses patients culmina bientôt à mille deux cent personnes par jour ! Cela l'obligea à cesser de recevoir les malades un par un et à opérer des guérisons collectives.
    À partir de 1905, Louis Antoine et les Vignerons du Seigneur s'éloignèrent du spiritisme. Les références à Allan Kardec disparurent, le guérisseur adopta une tenue inspirée de celle des Juifs de l'Europe centrale et il mit par écrit sa doctrine dans une série de livres qui parurent entre 1906 et 1910 : Le Nouveau spiritualisme, L'Auréole de la conscience, La Révélation d'Antoine le généreux, Le Couronnement de l'œuvre révélée. Les Vignerons du Seigneur se transformèrent en Culte antoiniste et se dotèrent d'une structure ecclésiale (temples et salles de lectures, conseil de fidèles, etc.), tandis que l'aspect de guérison du culte perdait de son importance par rapport à la prédication de la nouvelle « Révélation ».
    Comme l'a fait remarquer Régis Deriquebourg dans son livre Croire et guérir, « dans son parcours, Louis Antoine est passé du stade de mystagogue (celui qui fait des choses merveilleuses, en l'occurrence guérir), médium des Esprits, au stade de “médium de Dieu” (ses écrits "inspirés" commencent par "Dieu parle") c'est-à-dire de prophète qui transmet des recommandations divines et délivre une théodicée qui donne une vue unitaire du monde dans laquelle tous les événements prennent un sens ».
    Louis Antoine décéda en 1912, après avoir désigné son épouse comme son héritière spirituelle. Celle-ci assura la direction du Culte antoiniste jusqu'à sa mort en 1940. Durant ces presque trente années, l'antoinisme connut un essor important. Depuis, il semble que le recrutement se soit quasiment tari et que cette nouvelle religion ne maintienne qu'avec peine ses effectifs25 en Belgique et en France (les deux seuls pays où elle est réellement représentée).
    Le Culte antoiniste est maintenant classé parmi les « religions de guérison ». Il n'a plus aucun point commun avec le spiritisme dans sa pratique et les seules traces subsistantes des Vignerons du Seigneur, d’Allan Kardec et de Léon Denis se trouvent dans sa théologie avec l'accent qui y est mis sur la réincarnation et sur l'existence du « fluide » utilisé pour la guérison.

    ***

    Sur le Culte antoiniste

    « Le Culte antoiniste est fondé sur la révélation et la pratique cultuelle qui en est faite dans les temples, celle-ci ayant pour but de nous permettre d'atteindre les fluides nécessaires pour pratiquer la révélation.
    Le temple est un lieu où le desservant a pour mission d'entretenir un fluide éthéré, afin que ceux qui sont dépassés par leur peine viennent y puiser le réconfort.
    C'est au Temple que s'exerce la charité morale, celle qui soutient l'âme éprouvée et la remet dans la bonne direction. C'est dans la prière en commun que l'on puise le mieux et le plus intensément dans l'amour. La lecture de l'Enseignement qui suit cette prière nous indique la voie pour arriver. Nous pouvons tous sortir de nos peines, si nous avons la FOI suffisante.
    Ce n'est pas tout, en effet, de recevoir l'amour, il faut le garder.
    Nos peines, nos tribulations, nos souffrances, n'ont qu'un but : améliorer notre esprit, lui permettre de se procurer le seul et vrai bien.
    La maladie, l'épreuve en général, est l'aboutissement logique, inéluctable, de nos erreurs. »

    [texte issu du site http://www.antoinisme.com/qu'est-ce que l’Antoinisme.htm]

     

    1. Cela fait toute leur différence avec les nouvelles religions orientales dans lesquelles on trouves des aspects para-spirites (voir Partie II, chapitre C, thème 4, ci-dessus. Il y a dans celles-ci similitudes ou ressemblances, il n’y a pas filiations.)
    2. Il avait amassé un beau pécule grâce à son travail d’expatrié et à des investissements immobiliers.


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