• Donato Manduzio, le guérisseur et sa pratique

        Il est intéressant de retrouver ici le motif cher à la Christian Science et aux pentecôtistes, qu'il faut s'abstenir de prendre des médicaments, la prière suffisant à délivrer le malade de son mal.
        Mais, dans la pensée de Manduzio, il s'agit de quelque chose d'un peu différent : en réalité, il craint que si le malade absorbe des médicaments, on attribue à ceux-ci plutôt qu'à Dieu le mérite de la guérison. En lui, ce qui domine, c'est ce soucis que l'expérience dont le malade est l'objet se déroule dans des conditions telles que rien ne puisse mettre en doute le succès, ou hypothèse invraisemblable, l'échec de son intervention. Car, pour Manduzio, ce qui compte dans cette action religieuse, ce n'est pas tant la guérison du malade que le témoignage qu'elle porte de la vérité de Dieu. En ce sens, Donato se rattache étroitement et, pourrait-on dire, presque d'instinct, à la pensée religieuse de l'Ancien Testament, où maints exemples — il nous suffira de citer l'épisode du bûcher d'Élie (I Rois, 21-40) — illustrent un état d'esprit que l'on pourrait qualifier d'ordalique. L'ancien magicien-guérisseur est devenu l'intercesseur de Dieu, et son souci dominant est d'en prouver la grandeur.
        Pour les adeptes de la Science Chrétienne, l'homme doit s'en remettre à Dieu seul pour obtenir la guérison ; toute médication est inutile car c'est seulement par l'esprit que la guérison peut intervenir.
        Pour les pentecôtistes, la maladie est une possession devant laquelle la médecine est inefficace.
        Pour Donato, le mal est la conséquence d'une attitude qui déplaît à Dieu, d'un comportement qui n'est pas conforme à la Loi ; la maladie est, en quelque sorte, une émanation directe de la divinité. Il s'agit donc de rétablir l'intégrité du malade par un repentir sincère et surtout par la promesse de ne plus transgresser la Loi à l'avenir. 

    Elena Cassin, San Nicandro, Histoire d'une conversion, p.69-70
    Quai Voltaire, Paris, 1993 (cf. Recension de la première édition de 1957)

        Cette posture de Donato Manduzio se rapproche également de ce que l'on peut déduire du Livre de Job.


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