• Le Père Antoine (Le Grand écho du Nord de la France, 28 septembre 1925)

    Le Père Antoine (Le Grand écho du Nord de la France 28 sept 1925)

    Le Père Antoine (Le Grand écho du Nord de la France 28 sept 1925)

     Les petites religions

                  LE
    Temple Antoiniste
        d'Hellemmes
    : s'est ouvert hier :

    De nombreux antoinistes étaient venus
       de Belgique et la « Mère Antoine »
               a présidé la cérémonie

    (Voir notre cliché en première page)

        On rencontrait, dans les rues de Lille, dimanche, des hommes et des femmes – femmes âgées, jeunes filles et même fillettes, – vêtus d'une façon très particulière. Les premiers avaient l'allure de clergymen, avec une longue lévite noire, boutonnée sur un col rigide ; et un chapeau haut-de-forme aux bords ronds et plats. Les secondes étaient coiffées d'un voile noir que supportait un bonnichon bordé de tulle plissé, également noir, et leurs épaules s'enveloppaient d'un châle de laine ou d'une cape.
        Ces gens étaient des Antoinistes venus assister à la cérémonie de consécration du nouveau temple de leur culte, dont nous avons signalé l'existence à Hellemmes.
        Il était arrivé des adeptes d'un peu partout, de Paris, de Lyon, même de Monaco, mais, principalement, de Belgique. Deux trains spéciaux étaient partis de Liége avec dix-sept cents personnes.

          L'« opération »

        A dix heures, la rue Jean-Bart, aux abords du Temple, était noire de monde. La cérémonie était commencée à l'intérieur. L'assistance, trop dense, restait massée sur la chaussée et les trottoirs. Il y avait surtout des Antoinistes. Les curieux, dressés sur la pointe des pieds, cherchaient à voir « quelque chose ».
        Mais on ne voyait rien, si ce n'est parmi la foule, les lévites noires et les voiles garnis de tulle. Le « costume », chez les Antoinistes est purement facultatif. Les plus fidèles l'arborent pour se rendre au Temple le dimanche ou les jours de cérémonie comme celui-ci.
        Au bout d'une vingtaine de minutes, l'emblème du culte, « l'arbre de la science du Bien et du Mal », apparut sous le portail, précédant une vieille femme au visage paisible, qu'encadraient des bandeaux de cheveux blancs échappés de la rituelle coiffe noire : la « mère Antoine », la veuve d'Antoine-le-Guérisseur âgée de soixante-quinze ans et venue de Jemmeppe-sur-Meuse, près de Liége, pour pratiquer l'« opération ».
        Et c'est cette « opération » qui se renouvela devant la porte, en raison de l'affluence. La lecture des principes se perdit dans le vent, puis on aperçut, par-dessus les têtes recueillies, la vieille « mère » étendre la main dans un geste de bénédiction, sur les deux mille personnes qui l'entouraient.
        C'était tout.
        La foule fut admise ensuite à visiter le Temple qui n'est, comme nous l'avons dit, qu'un local aux murs sévères, sans la moindre ornementation.
        Avant de partir, j'ai revu le desservant, qu'accompagnait sa femme – tous deux vêtus de noir.
        J'appris, par lui, qu'il n'existe pas d'ordre. Les desservants des temples vivent librement, sous la seule réserve qu'ils ne doivent accepter aucune rétribution. Il me dit qu'il était entré au service de l'Antoinisme après s'être guéri, sans aucun autre remède que « la confiance », d'une grippe infectieuse qui l'avait terrassé...

                                                                J.-S. DEBUS.

    Le Grand écho du Nord de la France, 28 septembre 1925


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