• Maurice Magre - Lucifer (1929)

    Maurice Magre - Lucifer (1929)

    Auteur : Maurice Magre
    Titre : Lucifer, roman moderne
    A. Michel, 1929

     

        Maurice Magre (1877 à Toulouse - 1941 à Nice) est un écrivain, poète et dramaturge français, défenseur ardent de l'Occitanie.
        Dans la seconde partie de sa vie, il s'intéresse à l'ésotérisme et mène une quête spirituelle, il devient martiniste mais ne cesse pas pour autant de publier de nombreux ouvrages, comme en témoigne la liste de ses œuvres. 
       En 1919, il découvrit La Doctrine Secrète, l'œuvre majeure de Mme Blavatsky, la cofondatrice de la Société théosophique.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Magre

     

    Recensions :

        Titre et auteur sont parfaitement adaptés l'un à l'autre. Le goût du mystérieux, de l'inconnu, a toujours été profond chez les hommes, M. Maurice Magre possède le sens du merveilleux, qui lui vient en droite ligne de la poésie. Il sait graduer avec science les ressources de l'imprévu. Son intrigue rebondit alors qu'elle paraît prête à se dénouer, se déroulant dans une atmosphère lourde de choses pressenties et indistinctes, de menaces extra-terrestres, d'influences imprécises et vagues. Mais en dehors et au-dessus de toute cette somme inquiétante qui étonne, attache et retient, l'auteur esquisse toute une philosophie du bien et du mal, nullement exempte de grandeur, et élève le débat à des idées générales qui dépassent de beaucoup le cadre d'un pacte passé avec le diable par son héros. 
       C'est tout le problème de l'au-delà, du conflit des tendances bonnes ou mauvaises chez les individus qui est évoqué avec une maîtrise et une sobriété remarquables sous les aspects d'un roman moderne. 
       Lucifer (Albin Mi-chel, édit.) unit harmonieusement la science et l'art. C'est un des plus beaux livres que nous ait donnés M. Maurice Magre. 

    Homme libre : journal quotidien du matin, 21 octobre 1929

     

     

        « Mon goût du mystère, avoue d'abord le héros de M. Maurice Magre, était si grand que je peuplais le monde d'énigmes, non pas pour les résoudre, mais pour m'y complaire et m'émerveiller. » Les énigmes du monde et singulièrement celles qui ont trait à la conduite de notre vie de chaque jour, on sait avec quelle foi et quelle ardeur M. Maurice Magre s'efforce de les pénétrer. Comment peut-on évoquer Lucifer sans évoquer en même temps le problème du bien et du mal. Nos actes nous suivent et aussi nos désirs et selon qu'ils ont été orientés vers le bien ou vers le mal, nous sommes de plus en plus, avec le temps, liés envers l'un où l'autre par une sorte de pacte. 
       Le héros de M. Magre est « un homme comme les autres, ni meilleur ni pire, courbé par la crainte, soulevé par le désir et qui n'avait jamais su aimer sincèrement que lui-même ». Dans un milieu où le romanesque vient de l'esprit assez hypocritement mêlé à la chair et de la recherche obstinée, inquiète des plus troubles traditions et des enseignements les plus ambigus des antiques sagesses, ce personnage s'achemine vers une tardive libération. Il est soumis essentiellement à l'envoûtement de deux êtres, nés du même père mais non de la même mère, « deux jeunes filles, deux lampes ! Mon double amour ! Le bien et le mal ». L'une, Eveline, est « inaccessible à tout désir, une mystique ». L'autre, Laurence, « était possédée, elle aimait les pauvres, non par charité, mais parce que la société les avait rejetés et qu'ils présentaient l'image de la damnation terrestre ». Laurence, créature de chair, avoue ceci : « Un grand bonheur me venait du désordre et de l'incertitude de la vie. » 
       Au terme de ses épreuves, dans l'apaisement d'une haute, humble et sereine conciliation. le héros de M. Maurice Magre s'écrie : « On ne peut avoir peur de ceux qu'on aime. Là est le secret. Aimer autant les mauvais que les bons. Davantage, même, car ils ont besoin davantage. La coalition de mille confréries de damnés ne saurait effleurer de la plu, petite ombre la rêverie d'une âme pleine d'amour. » 
       Dans ce livre, l'un des plus curieux et des plus émouvants qu'il nous ait été donne de lire depuis quelque temps, avec un très vif intérêt romanesque dû à l'art avec lequel il est mené et à l'etrantreté des milieux où il se déroule, se manifeste, sous-jacente, l'obsession fascinante, inquiétante du surnaturel et des puissances mal connues, avec le désir et l'amour des créatures de chair, ce désir « d'autant plus grand quelquefois qu'on va plus loin dans la poursuite de la spiritualité ». Il ne peut manquer de toucher jusqu'à les tourmenter, peut-être, ceux qui ont souci de leur vie intérieure, de leur destin et des redoutables mystères que sont les notions de bien et de mal. (Albin Michel.) 

    Paul CHAUVEAU. 

    Les Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques, 1 février 1930


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