• Nécrologie Mme Pierre Engel (Le Messager, 1er déc. 1893)

    Nécrologie Mme Pierre Engel (Le Messager, 1er déc. 1893)

        Le 20 novembre dernier ont eu lieu, à Seraing (Liége) les funérailles civiles et spirites de Mme Pierre Engel-Boniver, décédée à l'âge de 65 ans. Un imposant cortège de parents et d'amis, précédé du drapeau de la Société Spiritualiste, témoignait combien la défunte jouissait de l'estime publique, combien aussi elle était respectée pour les opinions philosophiques qu'elle représentait dignement ainsi que son mari dans le milieu populeux, tolérant et éclairé où elle vécut honnête et laborieuse pendant de longues années. Voici le discours prononcé sur sa tombe par un frère en croyance, M. Jouffreau :

                MESDAMES, MESSIEURS,

        Avant de quitter cette tombe, je tiens à dire quelques mots d'adieu à la personne dont le corps va y être déposé.
        Mme Engel a accompli une existence remplie de chagrins causés notamment par la perte de deux enfants justement affectionnés à raison de leurs qualités. Elle a souffert et enduré avec vaillance les peines morales et matérielles d'une vie tourmentée par nombre d'épreuves. Epouse dévouée, mère tendre et toujours soucieuse du bien-être de sa nombreuse famille, qu'elle a élevée avec dignité, elle a bien rempli sa carrière terrestre ; elle a mené une vie active toute de travail et de charité ; elle savait compatir aux malheurs d'autrui en lui venant en aide selon ses moyens d'action par l'obole ou par le concours de son dévouement.
        Ame tendre et généreuse, elle s'affligeait des malheurs de l'humanité qu'elle aimait de tout son cœur ; elle supportait ses afflictions domestiques avec le courage et la résignation que lui donnait sa foi en l'avenir, foi vive, raisonnée et convaincue de la survivance de l'âme au corps. Elle croyait que la vie présente n'est qu'une étape de l'existence de l'âme immortelle ; que la souffrance est le creuset qui l'épure pour la rendre digne d'une vie meilleure ; que les affections survivent à la matière et que les êtres qui s'aiment ici-bas se retrouvent en la vie d'outre-tombe, libres et heureux de se revoir. Elle croyait en Dieu, en un Dieu trop grand pour être compris, mais assez soucieux du genre humain pour vouloir son bonheur ; elle croyait en ce Dieu qui veut le bien de l'humanité tout entière, sans proscription aucune par la pluralité des existences et par les lois du progrès continu de chaque être ; elle croyait au lendemain de la mort et pensait avec raison que ce ne sont ni les prières payées, ni l'observance plus ou moins stricte des exercices du culte extérieur, ni les actes de piété généralement stériles de bonnes œuvres qui peuvent sauver l'âme, mais bien la charité pure et simple envers le prochain qui seule peut la rendre heureuse par les bonnes actions qu'elle commande, le bien qu'elle impose.
        Elle croyait ainsi et tâchait de confirmer sa conduite à sa croyance. C'est ainsi qu'elle a laissé à ses enfants outre le fruit de son travail, le bon exemple, celui de l'activité, de la vertu et de l'honneur.
        Au nom de la famille éplorée, au nom de ses amis et au nom des personnes qui, en accompagnant sa dépouille mortelle jusqu'ici ont voulu lui donner un dernier témoignage de sympathie, adieu Mme Engel, adieu !

    Le Messager, 1er décembre 1893 (source : belgicapress.be)


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