• Pillules Morisson

    Empoisonnement par les pilules de Morisson

        Dans le tome 10 p.722 du Journal de chimie, nous avons fait connaître l'empoisonnement d'un jeune homme par les pilules de Morisson, Morisson's pills. Voici un second exemple du danger que présente cette composition formée de crème de tartre, de gomme gutte et d'une petite quantité de rhubarbe et d'essence, sans doute de teinture d'aloïs.
        Le 9 août 1836, mistriss Rebecca Russell, habitant Hull, se trouvant légèrement indisposée, alla consulter l'apothicaire voisin, M. La Mott, qui lui prescrivit les pilules de Morisson, dont il tient le dépôt : mistriss Russell commença le 9 août à prendre les pilules à la dose de 4 À 5 par jour ; elle était arrivée, sur l'ordonnance de M. La Mott à en prendre 15 toutes les trois heures. Lorsqu'elle expira, le 22 du même mois, au milieu de souffrances atroces, en éprouvant des crampes d'estomac et des convulsions qui se faisaient ressentir dans tous les membres, la bouche répandait une salive épaisse.
        Deux chirurgiens, MM. Casson et Walworth, appelés trop tard pour donner des secours à la malade, furent chargés de faire l'autopsie du corps ; ils déclarèrent que mistris Russel était morte d'une inflammation des intestins causée par des purgations excessives. Le coroner convoqua un jury d'enquête, dont le verdict fut que mistriss Russell élait morte victime de la grossière ignorance de l'apothicaire qui l'avait soignée, et qu'il y avait lieu d'accuser Thomas La Mott d'homicide simple (Manslaughter). Le coroner lance aussitôt un mandat d'arrêt contre l'accusé qui attend en prison les prochaines assises.
        Le jugement de La Mott aura lieu en vertu d'un statut qui date de la neuvième année du règne de Georges II : il est dit dans ce statut, que le manslaugther sera puni de la déportation, de l'emprisonnement ou de l'amende, suivant les circonstances de la cause et la conscience du juge. La responsabilité médicale récemment sujet de discussion chez nous ne fait pas question en Angleterre. Un statut rendu dans la 33e année du règne de Henri III dit qu'il y a manslaugther, meurtre simple, quand la mort du patient est amenée par la négligence, l'ignorance grossière, ou les expériences téméraires du médecin, du chirurgien ou de l'apothicaire. Et dans ce cas, outre l'action publique, la loi ouvre une action en dommages-intérêts à tous ceux que la mort du patient a pu léser. (Le Droit, mardi, 13 septembre i836.)

    Journal de chimie médicale, de pharmacie et de toxicologie, p.607 (Google Books)


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