• Superstitions (La Calotte, comique illustrée de Paris, 2 août 1912)

     Superstitions - La Calotte, comique illustrée de Paris, le 02 août 1912       SUPERSTITIONS

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        De la Lanterne :
        - Ah ! la bonne Sainte Vierge, il est donc mort, notre pauvre Antoine !
        - Mort ! Mort ! Que dites-vous là, mâme Pluchot ! Mort ! Apprenez à parler : Antoine n'est point mort, il s'est désincarné.
        - Tout ce que vous voudrez, mâme Béchu, n'empêche qu'il ne sera plus là pour nous guérir.
        - Pourquoi donc, mâme Pluchot ?
        - Alors Antoine pourrait à la fois être mort et continuer ses miracles ! Ah ! j'avais toujours bien pensé que c'était un grand saint !
        - Pour sûr que c'était un grand saint, mâme Béchu, mais tenez, lisez donc l'avis qui vient dêtre affiché au temple antoiniste.
        Les deux bonnes femmes s'approchèrent de la porte du temple antoiniste - les antoinistes sont une des innombrables sectes qui pullulent sur le corps de la religion agonisante - et lurent :
            « Frères,
        « Le conseil d'administration du culte antoiniste porte à votre connaissance que le Père vient de se désincarner... Avant de quitter son corps, il a tenu à revoir une dernière fois ses adeptes pour leur dire que la Mère le remplacera dans sa mission, qu'elle suivra toujours son exemple. Il n'y a donc rien de changé, le Père sera toujours avec nous ; Mère mintera à la tribune pour les opérations générales les quatre premiers jours de la semaine, à 10 heures. »
        Admirable, n'est-il pas vrai, cette religion si accomodante ! Antoine est mort d'une attaque d'apoplexie, sa veuve continue le commerce. Antoine guérissait, en vertu d'une grâce particulière, les malades. A peine mort, c'est sa femme qui hérite de cette grâce particulière. Et quand Mme Antoine sera morte ?
        Sera-ce le petit animal favori du maître qui héritera de la grâve particulière ?
        Peu importe à Mme Béchu et à Mme Pluchot. L'essentiel, c'est d'être roulé au nom de la religion, du miracle, du mystère, etc.
        La couleur des billets que l'on prend à la loterie truquée n'ôte rien au plaisir des joueurs : on ne garde pas les mêmes, mais on recommence toujours.

    La Calotte, comique illustrée de Paris, 02 août 1912
    source : Gallica


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