• Marie Joséphine Antoine

        Fille de Eloi (Eloy) Joseph (ou Georges) Antoine, frère de Louis Anotine, elle se marie avec Napoléon Crommelynck et cette union naît en 1895 à Liège le peintre Robert Crommelynck.

     

    Pôve mame !
        Il ne le disait pas souvent. Il le disait chaque fois qu'il pensait à sa mère ; chaque fois qu'il feuilletait ses albums de photographies de famille ; chaque fois qu'il projetait les films d'amateur qu'il avait tournés (images tremblantes, cliquetis du projecteur, cassures à répétition de la pellicule...). Il le disait du fond du cœur. Deux mots qui exprimaient un amour éperdu pour une femme au physique ingrat, au cœur meurtri par la vie. La vie dans les corons à la fin du siècle passé. Un enfer ! C'est surtout à cause d'elle que Crommelynck a toujours été dans le camp des « damnés de la terre », qu'il a cultivé la haine des exploiteurs petits et grands, qu'il a voté communiste en le disant bien haut.

    Régine Remon, Robert Crommelynck 1895-1968, exposition pour les cent ans de la naissance de l'artiste en 1995 à Liège (p.15).

    Acte de naissance de Josephine Antoine le 17 juin 1843

    Quant au portrait de sa mère, il s'agit de l'unique portrait peint que Crommelynck ait laissé d'elle. Il dévoile le caractère autoritaire et peu accommodant du personnage aigri par des années de sacrifices. « Elle ne souriait guère et non sans cause. Elle était sujette à des sortes de syncopes debout ; elle en avait eu une devant son poêle ouvert ; sa main, tombée dans les charbons ardents, avait été transformée en une sorte d'informe battoir, dont les coups faisaient doublement mal » (COLMAN Pierre, Mon Robert Commelynck, dans le catalogue de l'exposition Robert Crommelynck 1895-1968 Dessins-Monotypes-Gravures, Liège, 1986, p.7) La pove mame, en pantoufles, tient un torchon froisé de la main abîmée que l'artiste n'a pas jugé bon de dissimuler. Aucune complaisance, aucune flatterie superficielle. La gamme assourdie et la banalité des accessoires, tel un seau, un chiffon, une caisse en carton, renforcent l'impression générale de misère et de résignation.

    Régine Remon, Robert Crommelynck 1895-1968, exposition pour les cent ans de la naissance de l'artiste en 1995 à Liège (p.52).

     

    Acte de naissance de Josephine Antoine le 17 juin 1843      La mère par contre est rien moins qu'accommodante. Joséphine Antoine (1843-1938) provient d'une famille de mineurs, du village de Mons-lez-Liège. Elle connaît dès son jeune âge les conditions pénibles du travail dans les mines. Son caractère s'en trouvera aigri. Crommelynck éprouvera toujours une grande tendresse mêlée de pitié pour cette pauvre femme.
        Quand Napoléon rencontre Joséphine, celle-ci a déjà deux garçons, Henry et Mathieu. Ensemble, ils auront deux enfants, Antoinette dite Annette et Robert, de deux ans sont cadet. Les frères aînés deviendront respectivement boulanger et bibliothécaire. Annette sera lingère et se distinguera dans des travaux délicats de couture et de broderie. La famille déménage souvent, dans le quartier du Longdoz, rue Capitaine et dans la région de Flémalle-Haute, aux Trixhes.
        A en croire les notes personnelles de l'artiste, les jours étaient plutôt maussades dans la maison familiale et les fins de mois difficiles. Il évoque sa jeunesse avec amertume : « J'ai retrouvé l'ambiance misérable où vécut mon enfance, la lampe à pétrole, la gêne, l'incommodité, la propreté approximative, (...) la compagne avilissante de la jeunesse, la misère, ma compagne trop fidèle, trop déprimante » (Carnet de notes de 1946, à la date du 10 janvier). 

    Régine Remon, Robert Crommelynck 1895-1968, exposition pour les cent ans de la naissance de l'artiste en 1995 à Liège (p.30).


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