•     Il est naturel à l'homme et il lui convient de s'arrêter quand il a fait quelque chose, fût-ce l'espace d'un éclair, pour en prendre conscience, comme Dieu dans la Genèse ; cet éclair de pensée, d'immobilité et d'équilibre, c'est ce qu'il faut apprendre à supprimer entièrement dans l'usine, quand on y travaille. Les manoeuvres sur machines n'atteignent la cadence exigée que si les gestes d'une seconde se succèdent d'une manière ininterrompue et presque comme le tic-tac d'une horloge, sans rien qui marque jamais que quelque chose est fini et qu'autre chose commence. Ce tic-tac dont on ne peut supporter d'écouter longtemps la morne monotonie, eux doivent presque le reproduire avec leur corps.

    Simone Weil, La condition ouvrière, p.207
    source : classiques.uqac.ca


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  •     " Il faut tout voir, disait-il. Une maladie des rein, ça réagit sur le coeur, le foie, et le cerveau. La belle affaire, d'avoir un rein en main ! Il n'y a pas de maladie locale ! Et même, il n'y a pas de maladie, il n'y a que des malades. Vos manuels vous donnent des listes de symptômes pour chaque maladie : c'est de la blague. On ne trouve jamais tous les symptômes, et on trouve toujours d'autres symptômes étrangers à côté. Vous verrez ça avec l'expérience, Doutreval. Et c'est pourquoi il y a bien des médecins médiocres : ils se sont fiés aux manuels. Je prétends que tout étudiant en médecine devrait au moins avoir été externe dans un hôpital. L'externe a vu des malades, les a surveillés lui-même longtemps, soigneusement, à son aise, sans avoir derrière le dos un professeur ni des camarades. Il a pu s'intéresser. Il a "pratiqué". Avec les systèmes actuels trop d'étudiants deviennent médecins sans avoir guère vu de patients ! Rares, oui, assez rares somme toute sont ceux qui ont la possibilité de faire de longs séjours dans les hôpitaux, d'étudier les hommes, les cas... "

    Maxence van der Meersch, Corps et âmes, p.257
    Le Livre de Poche, Paris, 1943


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  •     Aucun discours ne peut donner la certitude, tout repose sur l'expérience.

    Roger Bacon (1214 - 1294), surnommé Doctor mirabilis (« Docteur admirable »)


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  •     Il faut l'épuisement, l'affaiblissement du sujet, pour que le microbe puisse se greffer sur lui.
        Cet affaiblissement des défenses naturelles, de nos jours, est le plus souvent causé par une alimentation malsaine, toxique, irritante (viande, charcuterie, sucre, alcool), qui surexcite un moment, fait croire à un surcroît de force, mais gaspille les énergies du sujet, l'acidifie, le désarme devant le bacille de la tuberculose, comme devant tout autre microbe (typhoïde, diphtérie, septicémies).

    Maxence van der Meersch, Corps et âmes, p.276
    Le Livre de Poche, Paris, 1943


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  •     L. — Si vous associez votre pensée aux nôtres, Père, quand nous vous demandons les forces nécessaires pour accomplir notre tâche, ne sommes-nous pas promptement rassurés ?
        Le Père. — Le monde corporel n'est que le reflet du monde spirituel. Si pour exécuter une tâche, nous sommes deux, nous l'aurons terminée plus rapidement qu'en agissant seul. Il en est de même dans l'assimilation de nos pensées. C'est le travail de solidarité qui s'accomplit ici en raison de votre bonne foi en moi. Si même le nombre des adeptes était dix fois, cent fois plus grand, je pourrais toujours les seconder s'ils ont confiance en moi. Il est inutile que j'aie une pensée personnelle pour chacun. Je sais, s'il vous survient une épreuve, qu'elle vous est donnée plutôt comme récompense de votre travail et que votre bonne foi vous donnera la force de la supporter, vous fera faire un progrès que vous ne feriez pas en doutant de moi ; vous l'épargner, ce serait agir contrairement à la vérité et vous rendre un mauvais service, puisque sans épreuves il n'est point d'avancement. N'est-ce pas le croyant, par son désir de s'améliorer et d'avancer vers Dieu, qui doit passer à travers les épines ? Après, les roses lui seront réservées. Ne venons-nous pas d'entendre que le mal n'existe pas ? Ce sont les fluides de nos actes accomplis dans les temps les plus reculés qui font nos épreuves. Si, puissant dans les ténèbres, nos pensées du mal alourdissent notre atmosphère et si nous voulons présentement faire le bien, il nous faut démolir ces remparts que nous avons élevés autour de nous. Combien de malheureux ne se sont pas ainsi murés eux-mêmes comme dans une sorte de tour et qui dans la suite frappent, appellent vainement pour en sortir ! Voilà comment nous forgeons notre châtiment.

    La Révélation, Lois dites de Dieu, p.49-50


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  •     A chaque épreuve, un pas en avant.

    Maxence van der Meersch, Corps et âmes, p.275
    Le Livre de Poche, Paris, 1943


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  •     Concernant la médicament, le Père s'en prive si il sent que le malade a assez de foi pour se soigner seul. Mais il lui arrive d'envoyer le malade au médecin si il ressent le contraire.
        Il n'y a avait que lui qui pouvait le faire. Et si vous vous sentez la possibilité de le faire, faites-le... mais à vos risques et périls : le Père aussi a affronter les tribunaux.
        En effet, le Père pouvait lui-même instiguer à recourir à la matière. Lire ou relire le paragraphe concernant la question de P. (p.90 de la Révélation) :

        P. — Nous ne devons jamais voir le mal, avez-vous dit. A ce propos permettez-moi d'aborder une question matérielle. Comment dois-je comprendre l'enseignement, si je suis propriétaire et que mes locataires ne me paient pas ? Si je le tolère, ne leur rendrai-je pas un mauvais service et ne pourront-ils en abuser ?
        Le Père. — Tout effet a une cause, nous le savons. Les personnes qui laissent des arriérés ne sont pas d'accord avec la justice. Mais si le propriétaire endure cette épreuve, c'est qu'il a une imperfection et qu'il lui faut ce genre d'épreuve pour la surmonter ; s'il s'imagine être dans la vérité, peut-il permettre à ses locataires de ne pas payer ? Non, mais il doit chercher la cause de leur retard. C'est peut-être la maladie du chef de famille ou un accident qui les empêche de s'acquitter de leur devoir. Dans ce cas, nous pouvons tolérer et exercer la charité, avoir pitié d'eux, loin de les persécuter et de les forcer ; rappelons-nous que rien ne se perd, qu'on obtient plus par la patience et la résignation que par la vengeance et nous aurons un double paiement, à la fois matériel et moral. Si, au contraire l'arriéré provient de la négligence, de la paresse ou d'autres défauts, comme d'excès dans le boire ou le manger, nous devons nous montrer justes, fermes, plus encore pour être utiles à ces malheureux que pour avoir ce qui nous est dû. Pas n'est besoin de se mettre en colère ou de recourir à des arguments peu honnêtes, car nous perdrions notre droit si nous voulions nous venger. Il est vrai que ce serait aussi se baser sur l'effet.
        Agissons avec amour le plus possible, pour leur remettre en mémoire qu'ils ont vis-à-vis de nous un devoir à remplir, pour que la pensée puisse le leur rappeler ; laissons leur la faculté de fixer la date où ils pourront s'acquitter envers nous. Mais s'ils ne respectent pas la loi qu'ils auront volontairement établie, nous pouvons les traduire en justice ; il est même de notre devoir de le faire pour ne pas leur rendre de mauvais services. En agissant ainsi, nous serons d'accord avec la loi divine autant qu'avec la loi humaine.


        Ainsi le Père conseillait de recourir à la justice en certains cas, lui-même n'étant pas juriste, avocat, ou juge. Ainsi on peut être sûr qu'un desservant nous conseille d'aller voir le médecin s'il ne se considère pas guérisseur dans la cas soumis à lui.


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  • les Cockerill et les Pastor, patrons de Louis Antoine

    Illustrations issues du journal Le Temps (supplément illustré) du 23 septembre 1920
    (sauf K.G.Pastor, issue de wikipedia allemand) 

     

    les Cockerill et les Pastor, patrons de Louis Antoine    John Cockerill est né en Grande Bretagne, à Heslingden, en 1790. Il est venu en Wallonie à l’âge de 12 ans et a vécu au contact des ateliers de son père à Verviers et à Liège. La population de Seraing est alors de 1980 habitant. L'arrivée de John Cockerill, stimulé par Guillaume Ier des Pays-Bas qui lui a vendu le château de Seraing pour un prix symbolique, l'ancienne résidence d'été des princes-évêques pour y installer ses usines métallurgiques (il comprend l'habitation du Directeur-général, la bibliothèque, les archives, la salle réservée aux Assemblées générales des actionnaires, les différents ateliers de fabrication) va faire de Seraing la ville de l'acier. Il a fait édifier le 1er haut-fourneau au coke en 1823. A partir de 1817, on met à son actif, à Seraing, une fabrique de mécaniques à usage industriel, la fourniture de locomotives, un centre de formation et, surtout la création d’une Entreprise Sidérurgique Intégrée, la première en Europe. On le trouve administrateur ou commissaire des Hauts fourneaux de Seraing, de Châtelineau, d’Ougrée, de la Fabrique de Fer d’Ougrée, de la Banque de l’industrie du Hoyoux. Et, encore, d’entreprises textiles à Verviers, Tournai, Andenne, des Houillères de Herve, des charbonnages du Val Benoît. Il fonde des entreprises en France, Allemagne, Pologne.

        Konrad Gustav Pastor né le 2 juin 1796 à Burtschied (près d'Aix-la-Chapelle). Faisant partie de la communauté protestante de la région de Liège, il est enterré selon le rite évangélique.
        La communauté protestante de Seraing-Lize (quartier où se construira également le temple antoiniste) voit le jour en 1840. En 1852, l'église protestante, ainsi qu'une école, est construite, Amand Cacheux, envoyé par le comité de Bruxelles, en est le premier pasteur, jusqu'en 1885.

        Après une formation en Allemagne, Konrad Gustav Pastor entre en contact très tôt (1813) avec la famille Cockerill. La famille Cockerill-Pastor est particulièrement bien implantée à Aix-la-Chapelle. En 1813, Charles-James et John Cockerill épousent deux Aixoises, Caroline et Frédérique Pastor, filles du riche fabricant de Borcette. En 1825, Charles-James s’établit à Aix-la-Chapelle (au château de Behrensberg dans lequel son père meurt en 1832).
        En collaboration avec l'entreprise de ce dernier depuis 1817, il est envoyé en Angleterre en 1822 afin de connaître les détails de la fabrication de la première machine à vapeur de Gußstahl. Revenu à Seraing, il construira les hauts-fourneaux au coke et les fourneaux à puddler à charbon qui deviendra une usine de transformation du fer.
        Mais quel est le principe du haut fourneau ? Il résulte d’un long processus qui a débuté à l’âge de fer. C’est au 15e siècle qu’il prendra la forme représentée par le monument. À une température de plus de 1 537 °, on enlève l’oxygène, contenu dans le minerai de fer, en le brûlant avec du carbone (issu d’abord du charbon de bois et ensuite du coke – produit par le chauffage à 1000 ° de la poussière de charbon). Mais la fonte ainsi obtenue est trop cassante pour être travaillée. C’est pourquoi elle doit passer par l’affinage où on élimine les impuretés par oxygénation. On obtient ainsi de l’acier. Les deux premières étapes du processus se font à Seraing, mais l’aciérie est située à 20 Km en aval, à Chertal. La fonte en fusion y est transportée dans de gigantesques wagons thermos. Ces convois rougeoyant de jour comme de nuit sont bien connus des habitants de la région.

        Konrad Gustav Pastor est directeur de la métallurgie, puis en 1829, il devient, jusqu'en 1866, direles Cockerill et les Pastor, patrons de Louis Antoinecteur général des usines de Seraing.
        Avec la crise de 1839, en vue d’éviter la faillite, les hommes politiques liégeois poussent les autorités nationales à intervenir. En cas de fermeture des Etablissements Cockerill (30.000 ouvriers), la région liégeoise serait confrontée à une véritable catastrophe économique et sociale. L’idée de créer une société anonyme avancée en août 1839 est refusée par John Cockerill, qui se met en quête de débouchés et de crédits supplémentaires à l’étranger. Le 19 juin 1840, celui-ci meurt de la fièvre typhoïde à Varsovie, en laissant un passif très lourd. Embaumé, il est d’abord inhumé dans cette ville. En 1867 la dépouille est ramenée à Seraing et placée dans un caveau du cimetière de la rue de la Glacière. Ses héritiers, qui sont en même temps ses créanciers, acceptent de vendre certaines parties des avoirs. Ne trouvant aucun acheteur, les installations de Liège et de Seraing représentent l’apport majeur lors de la constitution de la S.A. pour l’Exploitation des Etablissements John Cockerill, créée le 20 mars 1842 et dirigée par l’Aixois Gustave Pastor, neveu et collaborateur de John Cockerill.
        En 1840, les usines sérésiennes comprenaient trois divisions principales : les houillères ; la fabrique de fer et les hauts fourneaux ; les ateliers de construction. Vingt-quatre and plus tard, elles constituent un exemple accompli d'un ensemble industriel intégré. Outre un vaste département administratif, elles rassemblent un important département de production regroupant six divisions spécialisées : depuis l'extraction des matières premières (houille, minerai de fer des gisements de Belgique, de Lorraine, du Grand-Duché de Luxembourg et d'Espagne) jusqu'à la construction des appareils les plus élaborés (locomotive, machines à vapeur, pièces d'artillerie. A cet ensemble, s'ajoutent le chantier naval d'Hoboken, une briqueterie et une cimenterie).
        De mai 1842 à avril 1843, les Etablissements Cockerill participent à la construction en fer du pont suspendu de Seraing, qui va demeurer en usage jusqu'en 1905. Concession privée, le passage du pont restera à péage jusqu’en 1898.
        De 1842 à 1869, il devient président du conseil d'administration des Entreprises.
        En 1849, à l'apogée de sa carrières, il construit un hôpital-orphelinat près de la gare de Seraing et du charbonnage Colard. EN 1857, à la suite d'une épidémie cholérique qui avait fait de nombreuses victimes à Seraing, l'administration de la Soéciété Cockeirll décida de fonder l'hôpital destiné à recevoir, non seulement les malades et blessés appartenant à ses propres usines, mais aussi ceux des usines avoisinantes. Cet établissement peut contenir 300 lits, le service en est confié aux Soeurs de St-Vincent-de-Paul, sous le contrôle du directeur-général de la Société.
        Dès 1863, la Société Cockerill se dote d’un convertisseur Bessemer. Dix ans plus tard, la création de l’Aciérie d’Angleur (Rossius et Pastor) rompt ce monopole et, la même année, la Société de Sclessin inaugure son convertisseur Siemens-Martin.
        En 1861, on décerne à Konrad Gustav Pastor le titre de citoyen d'honneur de la Belgique. Le 30 juin 1866, après 37 années vouées à l'extension de ces usines, auxquelles M. Pastor, âgé de 70 ans, avait consacré ses vastes connaissances, sa grande prudence et son expérience consommée.
        La population de Seraing fut derechef décimée par le choléra en 1866, de nombreux ouvriers, de nombreuses mères succombèrent à l'hôpital et y laissèrent un grand nombre d'orphelins. Ceux qui appartenaient au personel de la Société Cockerill y restèrent après que la maladie eut disparu. Le Conseil d'administration de la Société décida alors que ces enfants formeraient le noyau des pupilles d'un orphelinat, où seraient admis tous les enfants en bas-âge, d'ouvriers qui viendraient à mourir au service de la Société, ou qui, devenus veufs, seraient surchargés de jeunes enfants. La Société prit en même temps à sa charge le salaire du médecin attaché à ses usines et créa une pharmacie, qui délivre gratuitement les médicaments, non-seulement aux ouvriers, mais encore à leurs ascendants et descendants.
        En 1871, la Société fait construire des groupes de maisons ouvrières, le long de la Meuse, dans une position abondamment pourvue d'air, d'eau et de lumière, pour les ouvriers spéciaux de la fabrique de fer.
        EN 1873, la société érige de puissants élévateurs à vapeur sur la crête du mur d'eau du fleuve, permettant le débarquement rapide des minerais algériens et espagnols amenés d'Anvers par les canaux. C'est la petite portion, le reste, de beaucoup plus considérables, arrive par chemin de fer, d'Anvers et de Terneuzen, de Namur et du Luxembourg.
        De 1866 à 1887, pendant que Louis Antoine y travaille soit à Seraing, à Meiderich ou à Varsovie (en 1888, c'est M. d'Ignatius qui est agent de l'entreprise pour Saint-Pétersbourg), pour la partie mécanique, la construction des ponts, les objets de chaudronnerie indépendants des moteurs livrés, les navires et bateaux à vapeur, la Société Cockerill a exécuté dans ses divisions des forges, des ateliers de constructions mécanique, des chaudronneries et du chantier des constructions navales, une série de commandes portant le chiffre total de celles-ci, depuis la fondation des usines de Seraing, à 64.650 machines et installations diverses, plus 420 navires et bateaux de toutes formes et puissances.
        De 1866 à fin octobre 1886, les établissements de Seraing ont été dirigés par M. le baron Eugène Sadoine (1820-1904), administrateur-directeur général, qui, continuant l'oeuvre de son prédécesseur, les a amenés au degré de développement actuel. Agent de Cockerill à Saint Pétersbourg, il tisse des liens avec la Russie, fournissant des équipements de navires à vapeur construits dans les chantiers navals de Cockerill. Devenu directeur général des Ets Cockerill, il investit largement en Russie, y fonde d’importantes sociétés, chargeant les usines de Seraing de l’installation d’entreprises. En 1886, la Compagnie Cockerill fonde ses Aciéries de Varsovie et dans le midi de la Russie, la Société dniéprovienne. Puis, ce sont les charbonnages du Donetz. Sadoine fonde une agence anglo-belge en Chine.
        L'usine à fers de Seraing est alors l'une des plus considérables de la contrée. Elle produit par année 25 à 30.000 tonnes de fer et de tôles de la meilleure qualité pour les établissements Cockerill mêmes et pour sa clientèle extérieure. La population de Seraing est en 1888 de 30.000 personnes. La population des usines est d'environ 8.000 personnes, dont 360 employés.

        La catastrophe survenue le 8 décembre 1881 à la houillère Marie du charbonnage Colard dans le chantier de la couche “Déliée-veine” entre les étages 308 et 348 mètres est commémoré par la Belle Pierre, qui se trouve devant le temple Antoiniste de Serain-Lize. Le charbon Colard est destiné à l'approvisionnement des fours à coke de ce charbonnage, et à l'alimentation des aciéries et de la fabrique de fer. 69 mineurs y trouvèrent la mort. L’événement marqua fortement les esprits de la population à tel point qu’une souscription populaire permit l’érection d’un monument commémoratif. Celui-ci est un monolithe de calcaire de dimension exceptionnelle. Deux pics croisés, symbole du métier de mineur sont sculptés sur l’obélisque. Sur les quatre faces du socle de la stèle on peut lire les inscriptions qui expriment bien les sentiments de ceux qui voulurent le monument : Coup de feu grisou, 8 décembre 1881 / Travaille est le cri des heureux Travaille est bien facile à dire / Par souscription populaire Aux martyrs du travail / La Société qui a le travail pour base doit nourrir le travailleur et non pas le tuer.

        Konrad Gustav Pastor meurt à Liège le 20 janvier 1890, à 94 ans.
    les Cockerill et les Pastor, patrons de Louis Antoine
        Après Eugène Sadoine, suivra Adolphe Greiner (né en 1842) à la tête de la Société, il mourra en prison le 20 novembre 1915, refusant que la Société travaille pour les Allemands. Son fils Léon Greiner (1877-1963), à son retour de déportation en novembre 1918, reprend les rênes.

        Les fils de Konrad Gustav Pastor, Georg Octave et surtout Gustav Leon Pastor (1832 - 1922), tous deux ingénieurs des hauts-fourneaux, jouèrent un rôle important dans l'histoire des débuts de l'acierie dans la région du Rhin.
        En 1871, il fonde une usine à Meiderich. En 1877, Gustav Leon Pastor est directeur des aciéries du Rhin, à Ruhrort.
        En 1905, Gustav Leon Pastor, de Jemeppe-sur-Meuse, est membre de la Liste des Adhérents au Congrès international des habitations à bon marché de 1905.

        Il existe maintenant une rue Pastor à Seraing, derrière le Quai Sadoine, perpendiculaire à la rue Cockerill, ainsi qu'une avenue Adolphe Greiner.

        En 1955, la société Cockerill fusionne avec Ougrée-Marihaye (datant de 1808). Cockerill-Ougrée devient Cockerill-Ougrée-Providence en 1966 avec l'arrivée de Espérance-Longdoz (fondé en 1836). En 1979, est fondé Cockerill et Thy-Marcinelle et Providence. EN 1980, elle devient Hainaut-Sambre, puis Cockerill-Sambre en 1981. En 1999, la société fait partie du Groupe français Usinor et en 2002 est créé le Groupe Arcelor, regroupant Aceralia, Arbed et Usinor. En 2006, elle est acquise par Mittal Steel. ArcelorMittal est créé. Aujourd'hui, les usines sidérurgiques wallonnes du secteur des Aceirs Plats au Carbone Europe sont des centres de performances rattachés au premier groupe sidérurgique mondial. ArcelorMittal confirme, début 2008, l'abandon du projet de fermeture de la ligne à chaud de Liège.

    sources : www.digitalis.uni-koeln.de/Matschossm/matschossm197-201.pdf
    Suzanne Pasleau, «Caractéristiques des bassins industriels dans l’Eurégio Meuse-Rhin», Fédéralisme Régionalisme, Volume 3 : 2002-2003 - Mobilité et identités dans l'Eurégio Meuse-Rhin
    http://popups.ulg.ac.be/federalisme/document.php?id=298
    http://www.tschoepe.de/auktion49/auktion49.htm
    http://www.seraing.be/IMG/pdf/patrimoine_brochure-2.pdf
    http://users.swing.be/vivwal/walletr.htm
    http://www.protestantisme.be/default.asp?menu=histoire&page=communaute
    http://www.epubserainghaut.be/historique.html
    Industries et populations: l'enchaînement des deux croissances à Seraing au XIXe siècle (Google Books)
    Actes du VIIme Congrès international des habitations à bon marché tenu à Liege, du 7 au 10 août 1905 (1906)(archive.org)
    Notice sur les établissements de la Société Cockerill (1888)(archive.org)
    Henri Pirenne, Histoire de Belgique, Volume 7 - De la Révolution de 1830 à la guerre de 1914 (archive.org)
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Seraing
    http://www.cockerill-sambre.com/fr/historique/historique.htm


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  •     Lorsque l'argent est la seule raison de notre travail, il devient difficile d'estimer nos vrais besoins et d'apprécier ce qu'on possède déjà.


    merci à Jacques Cécius pour cette citation du jour.


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  • La langue des anges est évoquée par Saint Paul dans le chapitre 13 de la première épître aux Corinthiens :

        « Quand je parlerai les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas l'amour, je suis un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit. »

    Les anges, étant de purs esprits, n'ont pas besoin de langage pour communiquer les uns avec les autres. Les êtres humains communiquent avec des mots, qui sont des représentations symboliques de la pensée. Les êtres purement spirituels peuvent transmettre leurs pensées dans un état pur, sans besoin de médiation ou de signes (Saint Thomas d'Aquin, Somme Théologique, I. Frédérique Von Lama: Les Anges).

    Dans la tradition islamique, et selon Ahmed Moubarek, dit 'Abd al-'Aziz al-Dabbagh, grand soufi illettré qui vécut à Fès à la fin du XVIe et au début du XVIIe, dans le Kitab-Al-Ibriz (traduction : Le Livre d'or pur), il existe une langue des anges et nommée langue « siryanîte », proche de la langue des oiseaux. Selon le poète soufi marocain, elle existe dans chaque langue et consiste en un autre sens que celui communiqué, le sens réel étant donné dans sa prononciation et non dans son écriture. C’est également la langue des grands saints. D'après une légende islamique, il y a des inscriptions en siryanî sur le tronc du ‘Arsh et sur la porte du Paradis, qui ont également le pouvoir de parler aux défunts dans la langue divine.Pour Ahmed Moubarek, le siryanî se trouve également dans les « lettres isolées » qui ouvrent les sourates du Coran et dont aucun théologien musulman n'a donné d'explication à ce jour, comme par exemple « Alif - Lâm - Mîm » qui ouvrent la sourate 2 « la Vache » (Al Baquara). Dans le Coran en effet le terme aç-çāffātest évoqué, désignant littéralement les oiseaux, mais comme s’appliquant symboliquement aux anges (al-malā’ikah) par proximité phonétique.

    source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ange_%28religion%29#Langue_des_anges


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  •     La forêt avait retrouvé son aspect figé. Seules les hautes fougères et quelques cimes oscillaient doucement sous le vent.
        Il emprunta une sorte de raidillon strié de filets d’eau. Tout au fond, un étroit passage traversait des fourrés mais il fallait se courber et progresser dans la trouée à l’aveuglette jusqu’à un amphithéâtre naturel où s’écoulait une source parsemée de pierres recouvertes de mousse. Antoine remplit son bidon et pria :
       - Je sais que mes souffrances ne sont que le résultat de mes actes, Père Eternel, mais qu’ai-je fait de mal pour que mon unique enfant soit ainsi plongé dans la douleur… ? Puissé-je prendre sa souffrance dans la mienne – il referma ensuite le bouchon et porta le bidon contre son front – accordez-lui la guérison, ô Dieu tout puissant, pitié !
    [...]
        La voiture s’arrêta un bref moment à l’orée du bois de la Vecquée puis obliqua vers un petit coupe-feu. Il se découpait dans l’ombre des frondaisons comme une porte lumineuse ouverte sur la forêt. L’Oldsmobile avançait en cahotant sur le chemin de terre pour disparaître bientôt comme absorbée dans cette embrasure lumineuse.
        Il faisait un temps superbe. Un vent tiède agitait doucement les cimes.
        Un frère quitta le véhicule en premier afin d’ouvrir la portière à Antoine.
        Il aspira goulûment cet air qui lui manquait tant puis demanda à entrer dans la clairière.
    Les deux frères l’aidèrent à s’asseoir sur une souche non loin d’un filet d’eau.
        Catherine demeura silencieuse à ses côtés. Le soleil venait de disparaître derrière les nuages. Le vent se leva dans un frémissement d’herbe et de feuillages. Les deux frères s’étaient éloignés par respect pour leur intimité. Après de longues minutes, Antoine leva les yeux vers le ciel observant les nuages qui se formaient en visages furtifs puis s’étiraient en s’effilochant.
        - Rien ne dure, pensa-t-il en observant de jeunes pousses et des digitales. Il les effleura de la main, et pourtant la vie est éternelle.
        A ce moment, un frisson lui parcourut le corps.
        - Rentrons, dit tristement Catherine …
        Le chauffeur ôta son caban et le déposa sur les épaules du Père en tapotant doucement ses épaules, comme pour y faire entrer un peu de chaleur.
    Quelques instants plus tard, l’automobile quittait le bois et reprenait la route. Antoine demanda à s’arrêter plusieurs fois pour admirer les bois et les champs de seigle qui s’étendaient à perte de vue.
        - Mes enfants, dit-il sur un ton plaintif en posant sa main sur l’épaule de Catherine, j’ai froid…
    Roland A E Collignon, La Vie tourmentée de Louis Antoine


        Ce jour-là, pour le service des ateliers, on l'envoya à La Neuville, qui est un bourg sur le plateau du Condroz. Pour y aller, il faut traverser de grands bois. Tout le temps qu'il fut dans les bois, Antoine pensa à une seule chose : comme c'était malheureux pour Catherine et lui d'avoir leur fils malade à la maison, et comme c'était malheureux surtout pour le garçon, à cet âge où l'on pense qu'à vivre, à avoir des camarades, à aimer : en septembre, il aurait ses vingt ans... Antoine avait l'impression que tout cela pouvait durer des mois encore. Il portait sur son coeur la fatigue que finit par nous donner un long souci. Mais, à vrai dire, il n'avait pas ce qu'on peut appeler de la crainte. Il se disait : "Nous, les Antoine, nous sommes une famille où l'on s'est toujours bien porté." Et ce lui était une grande assurance que de se répéter que Martin et Tatène avaient largement passé les nonante ans.
        Occupé à ces pensées, il s'était à peine aperçu que le temps était doux, quoique gris, et qu'avril verdissait la lisière des bois.
        A La Neuville, il fit la ommission dont il était chargé, puis, comme il avait soif, il alla boire une limonade dans un estaminet. Il y avait des gens, debout au comptoir, qui parlaient entre eux de la maladie du bétail. Ils avaient l'air soucieux et résigné. L'intérieur de ce café était obscur, à cause du jour gris.
        Au retour, Antoine eut l'impression, tandis qu'il marchait dans les bois, que quelque chose de meilleur était survenu. Il ralentit le pas, il observa comme tout était gonflé de sève. Les taillis de jeunes chênes avaient encore leurs feuilles rousses de l'autre année, mais la mousse et l'herbe commençaient à montrer leur fraîche couleur. Doucement, sans éclat, la nature reprenait le cours de sa vie. Avec une confiance incroyable et tranquille, des arbustes, çà et là, laissaient pointer de petits bourgeons verts. Ainsi, pensa Antoine, nos âmes revivront avec la même confiance tranquille et sans surprise dans le printemps de l'au-delà. Il éprouva subitement une grande hâte de connaître ce printemps de l'autre vie, d'y déposer doucement tout la fatigue de son coeur. Il souhaita aussi que son fils fût ici, dans ces beaux bois de La Neuville, - et soudain il eut peur d'être mal compris, et que l'on crût qu'il souhaitait pour son Louis les bois de l'au-delà, le printemps de l'autre vie. Avec désespoir, il cherchait à formuler une prière efficace et explicite, qui ne laissât aucune place à la confusion. Mais il ne trouva pas la prière. Sans doute s'était-il trop laissé distraire par les choses qui frappaient ses yeux, et la faveur de l'invisible s'était détournée de son coeur.
        Il sortit des bois, traversa les prairies des Biens-Communaux. Par un chemin en pente raide, il descendit vers Seraing.
    Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.186

        - Ils vous tirent le mal du corps avec leurs mains, et ils n'ont même pas besoin de vous toucher. On ne voudrait jamais le croire, si les gens ne le disaient pas.
        - Antoine, je l'ai vu dans le bois de Seraing, l'autre jour. Il regardait tout droit devant lui, avec des yeux... Il est passé tout près, à me toucher, et je jure qu'il ne m'a pas plus remarqué que si j'avais été un arbre. Alors, tout d'un coup, voilà qu'il a commencé à faire ses gestes autour de la tête dans tous les sens, comme s'il avait eu une grosse mouche après lui. Il paraît que c'est comme cela qu'il chasse les mauvais esprits qui donnent les maladies.
        - Bien sûr, il regardait quelque chose que vous ne pouvez pas voir.
        - Cet homme-là ? Je vais vous dire, moi : il voit à travers les murs.
        - Il a toujours été comme ça ?
        - Pas du tout, il était comme tout le monde, mais c'est depuis que leur fils est mort. On prétend qu'ils ne veulent plus s'occuper que des esprits, maintenant qu'ils n'ont plus leur enfant.
        - Mais non, vous vous tromper, c'est en Russie qu'ils ont changé. De ces côtés-là on rencontre toutes sortes de gens, et il a appris leurs manières. Avant, il aimait de rire tout aussi bien qu'un autre.
    Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.205

        On le vit plus d'une fois errer dans les bois à la recherche du silence et des fluides.
        Un jour, le docteur Delville l'y rencontra. C'était l'automne. Antoine marchait dans le chemin couvert de feuilles jaunes, et par moments il faisait de grands gestes de côté et d'autre pour attirer à lui les forces invisibles. Le docteur Delville connaissait bien Antoine : il l'avait soigné, il avait soigné les siens.
        - Que faites-vous par ici ? lui demanda-t-il.
        - Je cherche les esprits, répondit Antoine.
        Il ajouta :
        - Moi, je travaille avec les esprits.
        - On dit que vous me faites concurrence, observa le médecin.
        Antoine hocha la tête :
        - C'est parfois l'âme qui est malade, murmura-t-il d'un ton distrait et absorbé.
        Le docteur le regarda s'éloigner d'un pas saccadé, rapide. Avant le tournant, il avait repris ses grands gestes. Des feuilles attardées, quittant les branches d'un arbre, voletèrent autour de lui. Le docteur haussa les épaules et poursuivit son chemin.
    Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.245

        C'est pourquoi aussi, une fois ou deux, dans une auto de louage, le Père fit avec Mère une promenade sur les hauteurs, par la route qui traverse les bois, vers La Neuville et Nandrin.
        Le 8 de juin, ils partirent encore une fois de ce côté-là, accompagnés de deux adeptes, Nihoul et Deregnaucourt. Bientôt ils furent sur la hauteur. L'auto roulait lentement à travers les bois. Le ciel était gris.
        C'étaient ces bois où il était passé souvent, où il était venu méditer pendant les années du spiritisme. Alors son oeuvre ne lui apparaissait pas nettement, - il ne savait pas encore quelle sérénité l'attendait au-delà de la région des épreuves.
        Tandis que le moteur trépidait à petit bruit, Antoine laissait errer ses yeux sur l'horizon de la forêt. [...]
        L'air était un peu lourd, comme il arrive au mois de juin, et le vieillard avait de la peine à respirer. Il demanda qu'on s'arrêtât. Les deux adeptes l'aidèrent à descendre. Il but de l'eau d'une fontaine qui était là. Puis il s'assit sur un tronc d'arbre.
        Comme on était tranquille, ici. Les chants des oiseaux, actifs, paisibles, intarissables, détaillaient sans le blesser le silence du jour. Au sortir de son tuyau rouillé, le filet d'eau de la fontaine glougloutait doucement, et s'apaisait dans un petit bassin sombre. Alentour, l'herbe était lustrée. Les arbres immobiles semblaient couverts depuis l'éternité par l'épaisseur de leurs feuilles. A leur pied se balançaient imperceptiblement, sur leurs hampes droites, des digitales, mystérieuses.
    Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.342

        L'Antoinisme est encore à son aurore et déjà l'intelligence est en mouvement pour déformer la réalité. Dernièrement, on me fit part d'un pèlerinage antoiniste au lieu dit : Quatre-Bras, endroit où le Père affaibli s'est rendu en voiture un peu avant sa désincarnation afin de respirer un peu d'air pur; là, deux adeptes soutenaient le vénérable vieillard pour L'aider à marcher, Mère suivait en silence, résignée dans cette grande épreuve et combien recueillie ! Ah ! ne faisons pas de ce lieu de souffrance un lieu de réunion, si nous voulons faire revivre des instants d'épreuves, partons seuls ou en communion, silencieux et respectueux ! Certains ont découvert que le Père s'est rendu dans ces bois quatorze fois, qu'Il y a fait quatorze stations ! Je suis allé aux informations et quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre par les personnes qui ont accompagné le Père dans ses pénibles promenades, que le Père avait été à cet endroit une ou deux fois. Voilà comment débutent les pèlerinages, ils sortent en entier de l'imagination du peuple, voilà comment naissent les légendes, nous avons pour devoir de les extirper à leur naissance afin d'éviter pour l'avenir le mensonge et l'erreur.
    L'Unitif, nov. 1913, p.10-11,
    in Pierre Debouxhtay, Antoine le Guérisseur et l'Antoinisme, p.225

        Sortant de sa chambre un jour de mai 1912, il s'en va, en compagnie de la Mère et de deux ou trois adeptes proches, se promener en voiture dans les bois situés près de Neuville-en-Condroz. Là, avant de rentrer, il boit une gorgé d’eau fraîche à une source qui existe encore et où certains adeptes vont chercher de l'eau qu'ils considèrent comme étant un remède, et qui sert même parfois, à certains "d'eau bénite" pour exorciser (!) alors que le Culte lui-même ne lui reconnaît ni une valeur thérapeutique, ni aucun pouvoir que se soit. Cependant, aujourd'hui encore, des personnes superstitieuses se servent du buis bénit attaché au crucifix, pour asperger les mûrs de leur maison de cette eau de Neuville, disant en patois "Diâles è macrales, fout'chal!" ("Diables et sorcières, dehors!")
    Jacques Cécius, Une religion de guérison, l'Antoinisme, p.34


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  •     La pleine conscience (parfois également appelée attention juste, samma sati en sanscrit) est une expression dérivée de l’enseignement de Gautama Bouddha et désignant la conscience vigilante de ses propres pensées, actions et motivations. Elle joue un rôle primordial dans le bouddhisme où il est affirmé que la pleine conscience est un facteur essentiel pour la libération (Bodhi ou éveil spirituel).

    source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pleine_conscience


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  •     Je sais et je sens que faire du bien est le plus vrai bonheur que le cœur humain puisse goûter.

    Jean-Jacques Rousseau

    merci à Jacques Cécius pour cette citation


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  •     L'influence de la théosophie sur l'antoinisme est claire concernant les doctrines : sens la prière, Dieu en nous, réincarnation, loi d'évolution, importance des pensées...
        Mais la Révélation de Louis Antoine n'en reste pas moins une Révélation : "le Couronnement est à Lui seul tout l'enseignement", et celui-ci nous enseigne quoi : voyons les titres des chapitres et ce qui relève de l'innovation ou des influences :
    - L'arbre de la science de la vue du mal (innovation de L. Antoine) ;
    - Le libre arbitre (Spiritisme, Théosophie) ;
    - Unité individuelle de l'ensemble (Théosophie) ;
    - C'est Adam et Eve qui forment la base des termes de comparaisons (innovation de L. Antoine) ;
    - Apparence de la réalité (innovation de L. Antoine) ;
    - Réincarnation (Spiritisme, Théosophie) ;
    - Intelligence (innovation de L. Antoine) ;
    - L'étude de l'enseignement moral (Théosophie) ;
    - Le mystère : amour, intelligence et conscience (innovation de L. Antoine) ;
    - La croyance et la foi (innovation de L. Antoine) ;
    - Le vrai bonheur ne résulte que du malheur (Spiritisme, Théosophie) ;
    - Nous n'acquerrons la vérité que par notre erreur (Spiritisme, Théosophie) ;
    - Un dernier mot de cette révélation (innovation de L. Antoine) ;
    - Cause, développement et perfectionnement de l'être (Spiritisme, Théosophie).
        Sur 14 chapitres, 7 sujets sont uniquement présent chez Louis Antoine. La moitié. On peut aussi préciser que les sources de Louis Antoine viennent de la Théosophie, mais aussi du spiritisme. Par ailleurs, signalons qu'il serait avéré que les textes de H.P.Blavatsky serait des plagiats d'une centaines de livres occultes divers (http://www.blavatskyarchives.com/colemansources1895.htm). On peut donc dire que la doctrine de Louis Antoine reflète bien les idées de l'époque. Cependant, les différentes pratiques de l'antoinisme sont, il me semble, des innovations de Louis Antoine ou sa femme : prière silencieuse, mains jointes, pensées silencieuses...

        Par ailleurs la Théosophie évoque le Karma, l'astral (pour L. Antoine, il faut se défaire du monde pour se purifier, pour la Théosophie, à sa mort, l'âme rejoint l'astral où la matière n'a plus la même prégnance sur notre âme, mais où l'on garde sa personnalité ou individualité), l'Esprit ou Âme divine, l'Ego... et ne laisse guère de possibilité de comprendre le monde autrement que comme H.-P. Blavatsky ou Annie Besant (l'Homme et ses Corps d'Annie Besant est un exemple frappant de théorie invérifiable et sans contredit possible), ou d'autres le comprennent, alors que la Révélation nous demande de comprendre ou de ne pas comprendre le monde, mais simplement de l'accepter.
        Le point de vue de la Théosophie par rapport au spiritisme est plus dure que celle de L. Antoine : pour L. Antoine, elle n'est qu'expérience, et en cela science, donc matériel. Pour la théosophie, les évocations spirites causent du tort aux corps astraux des désincarnés. Dans la théosophie, on peut rejoindre les désincarnés par la méditation et le progrès moral sans pour cela que la communication ne soit possible, les théosophes doivent même l'accepter si les esprits veulent venir à nous au moyen d'un médium. Ils expliquent aussi que les communications se déroulent avec des esprits de la nature et non des esprits des morts. Pour L. Antoine, on peut simplement "ressentir" les désincarnés par les fluides.
        Considérant le spiritisme comme scientifique, la théosophie n'en a pas moins un grand respect pour la science. Ainsi expériences sur des médiums, conférences d'érudits, magnétisme, télépathie sont pratiquées dans les débuts de la théosophie. La complexité des œuvres d'Annie Besant, notamment son Etude sur la conscience en témoignent encore (à lire et télécharger sur Gallica). Voir aussi l'article Initiation de Wikipedia [http://fr.wikipedia.org/wiki/Initiation_%28Th%C3%A9osophie%29]
        Le point de vue sur l'intelligence est très particulière à l'Antoinisme : sans complètement l'incriminer, car elle a son utilité, L. Antoine appelle à s'en méfier pour atteindre ce qui est le monde astral dans la théosophie. Dans la théosophie même, lors de sa deuxième mort (après la mort terrestre on atteint le monde astral, où l'on meurt encore), on peut même retrouver les satisfactions intellectuelles, de l'art, de la dévotion, etc. que l'on a aimé dans le monde terrestre. Lors de sa deuxième mort, on se retrouve dans le Ciel selon la Théosophie, et seulement pour quelques siècles avant de retomber dans une incarnation terrestre. On y meurt donc aussi, mais la souffrance n'y existe pas, car on y aura créé une illusion de notre bonheur : joie matérielle et gens aimées. D'après L. Antoine, à sa mort terrestre, on retrouve l'Unité de l'Ensemble, ou on se réincarne, "soit sur la terre ou dans un autre monde" (Développement, p.114).
        Un point commun est par contre le fait que l'on peut être théosophe et chrétien, ou bouddhiste, ou juif... comme dans l'antoinisme. Par contre, on parle rarement dans la théosophie de l'incroyance.

        Concernant les dissidences : lors d'une entrevue, un membre de la Société Théosophique a conclu que "la Société Théosophique a donné l'enseignement et ils l'ont tous repris en l'amalgamant avec toute sorte d'autres choses. Sincèrement, on ne peut appeler cela des mouvements dissidents parce qu'on doit dire que ce sont des gens qui désiraient avoir la première place quelque part, qui avaient des idées propres. Ils en ont donc profité pour faire leur propre mouvement, en y injectant beaucoup de théosophie. Ils reprennent la même terminologie qui a été créée par les auteurs théosophiques, et qui n'existait pas en occident avant". Le regard porté sur les dissidents semble être d'une même trempe que celui de Guénon sur la Société Théosophique (mélange d'ésotérisme, de religions orientales (occidentalisées) et de spiritisme)(source : www.oeildusphinx.com/MdI3_theos.html). Par ailleurs la succession dans le mouvement théosophique a été beaucoup plus houleux que dans l'antoinisme.

        Signalons encore que la théosophie avait aussi mis en place des salles de lecture : au siège de la Société théosophique de France, 4, Square Rapp, à Paris (en 1917), se trouve une salle de lecture, une bibliothèque et s'y déroulent les réunions. Le Siège de la Société était ouvert tous les jours de la semaine de 3 à 6 heures sauf le 2e et le 4e dimanche.
        Les buts de la Société étaient :
    1° Former un noyau de fraternité dans l'humanité, sans distinction de sexe, de race, de rang ou de croyance.
    2° Encourager l'étude des religions comparées, de la philosophie et de la science.
    3° Etudier les lois inexpliquées de la nature et les pouvoirs latents dans l'homme.
        L'adhésion au premier de ces buts est seule exigée de ceux qui veulent faire partie de la Société.

    influence de la théosophie sur l'antoinismeinfluence de la théosophie sur l'antoinisme

    Liège, Société Théosophique (Place Vivegnis 10)


        La section de Liège, la "Branche Annie Besant" de la Société Théosophique a ses locaux au 10, place Vivegnis, dans le vieux Liège. A Bruxelles, le siège de la Société Théosophique (ST) Belge A.S.B.L. est établi au 51, rue du commerce, 1040 Bruxelles.


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  •     Très souvent nous voudrions que notre vie ne soit qu'un rêve. Nous aimerions nous réveiller, comme dans les mauvais films, et résoudre tous nos problèmes par ce subterfuge. Dès qu'un personnage se noie au cinéma, youpi, il reprend conscience. Combien de fois avons-nous vu ça sur l'écran : le héros attaqué par un monstre gluant et carnivore, acculé au fond d'une impasse, qui, au moment où la terrifiante bestiole va la dévorer, paf, se redresse en sueur dans son plumard ? Pourquoi ça ne nous arrive jamais dans la vie ? Hein ?
        Comment on peut se réveiller quand on ne dort pas ?

    Frédéric Beigbeder, 99 francs, p.180
    Folio, Paris, 2000


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  • Illustration : Le n° 5 de la rue de Sévigné, à Paris. L'inscription indique : "Dans cette maison François-Vincent Raspail, promoteur du suffrage universel [...] donna gratuitement ses soins aux malades de 1840 à 1848 ". (© Photo : Serge. Jodra, 2009).

    Raspail (François-Vincent). - Chimiste et homme politique français, né à Carpentras le 24 janvier 1794, mort à Arcueil le 7 janvier 1878; fut élevé pour la carrière ecclésiastique, où il refusa d'entrer; vint à Paris, où il mena une vie précaire comme simple répétiteur et préparateur au baccalauréat, et se livra avec passion à l'étude des sciences physiques; publia dans les Annales des sciences naturelles et autres recueils du même genre, de nombreux mémoires sur la botanique, la zoologie, la paléontologie, la médecine légale : il y fit preuve d'une grande puissance d'expérimentation, mais il fit des ennemis par ses diatribes contre les corps savants.

    De bonne heure partisan déclaré de la République, il combattit et fut blessé dans les journées de juillet 1830; écrivit dans les feuilles républicaines du temps, et s'attira plusieurs procès de presse et plusieurs condamnations ; composa, pendant ses séjours réitérés dans les prisons, divers ouvrages de science (Essai de chimie microscopique, 1831; Cours élémentaire d'agriculture et d'économie rurale, 1831; Nouveau système de chimie organique, 1833; Nouveau système de physiologie végétale et botanique, 1837); se fit une notoriété bruyante à l'occasion du procès de Mme La Farge, où il critiqua vivement l'expertise du docteur Orfila.

    Raspail a rendu son nom populaire, surtout dans les classes pauvres, par son Manuel de la santé (1842 et suiv.), sorte d'encyclopédie usuelle de thérapeutique, où il préconise le camphre comme une sorte de panacée universelle, et par le Fermier vétérinaire, manuel destiné au traitement des animaux domestiques, d'après la même médication. Il a exposé plus amplement son système, à l'adresse des savants dans une Histoire naturelle de la santé et de la maladie, 1843, 8 vol. in-8; et dans la Revue élémentaire de médecine et de pharmacie domestique, 2 vol. in-8, 1855, etc. 

    Éloigné de la politique depuis plusieurs année, il y rentra en 1848, rédigea un journal révolutionnaire, l'Ami du peuple, présida un club, figura parmi les émeutiers qui envahirent l'assemblée nationale le 15 mai, et fut, pour ce fait, condamné à cinq ans de prison. Il devint, aux élections de décembre 1851, le candidat du parti le plus avancé à la présidence de la République; et, après la chute de l'Empire; siégea à l'extrême gauche de l'Assemblée nationale et de la Chambre des députés.

    source : http://www.cosmovisions.com/Raspail.htm

     

    Anecdotiquement, on peut dire que le temple de Croix est situé dans la rue Raspail, certainement en honneur de François-Vincent Raspail ou quelqu'un de la même famille (cf. la page wikipedia)


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  • C’est une des formes les plus fréquentes de la dégénérescence mentale. Elle se manifeste surtout chez les femmes et chez des individus d’une culture intellectuelle un peu élevée.

    Elle apparaît, souvent dès l’enfance sous forme de scrupules exagérés, au moment de la première communion surtout, de craintes puériles, non motivées. Le sujet a toujours peur de se tromper, recommence plusieurs fois ce qu’il fait, n’en est jamais content, et s’adresse toujours des reproches. Les moindres actes sont conçus avec mille précautions. Il n’est jamais sûr s’il a fait ou non une chose. Il est incapable de se décider à rien sans de nombreuses hésitations, et plus les choses sont de faible importance, plus son embarras paraît augmenter. Par contre il est souvent capable de très bien gérer des affaires importantes et dans dès moments difficiles de prendre une décision ferme et rapide.

    Plus les occupations. du malade sont d’ordre intellectuel, et plus son angoisse se montre, à tout propos. Il en résulte un état général d’anxiété qui modifie son caractère et finit par le rendre quelquefois très difficile pour son entourage ; car il en arrive à douter, non seulement de ce qu’il fait, mais de ce que les autres font, et leur communique parfois ses hésitations et ses craintes perpétuelles.

    Le doute est, tantôt d’ordre métaphysique et se rapporte aux problèmes de l’âme, de Dieu, de la nature, etc. ; tantôt d’ordre matériel et a pour objet les faits les plus simples de la vie journalière.

    Des paroxysmes et des rémissions, de plusieurs années souvent, viennent modifier d’une façon irrégulière la marche de ces phénomènes.

    Quelquefois le doute est tel qu’il cause au malade un état d’angoisse qui le fait tomber dans une sorte d’état mélancolique anxieux ou mystique, et que fréquemment apparaissent des idées de suicide qu’il met à exécution pour se débarrasser d’une existence trop pénible et d’une maladie dont il a conscience et qui n’est susceptible d’aucun traitement bien efficace.

    source : http://www.psychanalyse-paris.com/+-Folie-du-doute-+.html


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  •     Jean-Louis Lacour a soixante-dix ans. Il est né à La Courteille, un hameau de cent cinquante habitants, perdu dans un pays de loups. En sa vie, il est allé une seule fois à Angers, qui se trouve à quinze lieues; mais il était si jeune qu’il ne se souvient plus. Il a eu trois enfants, deux fils, Antoine et Joseph, et une fille, Catherine. Celle-ci s’est mariée ; puis, son mari est mort, et elle est revenue chez son père, avec un petit de douze ans, Jacquinet. La famille vit sur cinq ou six arpents, juste assez de terre pour manger du pain et ne pas aller tout nu. Quand ils boivent un verre de vin, ils l’ont sué.
        La Courteille est au fond d’un vallon, avec des bois de tous les côtés, qui l’enferment et la cachent. Il n’y a pas d’église, la commune est trop pauvre. C’est le curé des Cormiers qui vient dire la messe; et, comme on compte deux bonnes lieues de chemin, il ne vient que tous les quinze jours. Les maisons, une vingtaine de masures branlantes, sont jetées le long de la grand-route. Des poules grattent le fumier devant les portes. Lorsqu’un étranger passe, les femmes allongent la tête, tandis que les enfants, en train de se vautrer au soleil, se sauvent au milieu des bandes d’oies effarées.
        Jamais Jean-Louis n’a été malade. Il est grand et noueux comme un chêne. Le soleil l’a séché, a cuit et fendu sa peau; et il a pris la couleur, la rudesse et le calme des arbres. En vieillissant, il a perdu sa langue. Il ne parle plus, trouvant ça inutile. D’un pas long et entêté, il marche, avec la force paisible des boeufs.
        L’année dernière, il était encore plus vigoureux que ses fils, il réservait pour lui les grosses besognes, silencieux dans son champ, qui semblait le connaître et trembler. Mais, un jour, voici deux mois, ses membres ont craqué tout d’un coup; et il est resté deux heures en travers d’un sillon, ainsi qu’un tronc abattu. Le lendemain, il a voulu se remettre au travail; seulement, ses bras s’en étaient allés, la terre ne lui obéissait plus. Ses fils hochent la tête. Sa fille tâche de le retenir à la maison. Il s’obstine, et on le fait accompagner par Jacquinet, pour que l’enfant crie, si le grand-père tombe.
    — Que fais-tu là, paresseux? demande Jean-Louis au gamin, qui ne le quitte pas. À ton âge, je gagnais mon pain.
    — Grand-père, je vous garde, répond l’enfant.
        Ce mot donne une secousse au vieillard. Il n’ajoute rien. Le soir, il se couche et ne se relève plus. Quand les fils et la fille vont aux champs, le lendemain, ils entrent voir le père, qu’ils n’entendent pas remuer. Ils le trouvent étendu sur son lit, les yeux ouverts, avec un air de réfléchir. Il a la peau si dure et si tannée, qu’on ne peut pas savoir seulement la couleur de sa maladie.
    — Eh bien ? père, ça ne va donc pas ?
        Il grogne, il dit non de la tête.
    — Alors, vous ne venez pas, nous partons sans vous ?
        Oui, il leur fait signe de partir sans lui. On a commencé la moisson, tous les bras sont nécessaires. Peut-être bien que, si l’on perdait une matinée, un orage brusque emporterait les gerbes. Jacquinet lui-même suit sa mère et ses oncles. Le père Lacour reste seul. Le soir, quand les enfants reviennent, il est à la même place, toujours sur le dos, les yeux ouverts, avec son air de réfléchir.
    — Alors, père, ça ne va pas mieux ?
        Non, ça ne va pas mieux. Il grogne, il branle la tête. Qu’est-ce qu’on pourrait bien lui faire ? Catherine a l’idée de mettre bouillir du vin avec des herbes; mais c’est trop fort, ça manque de le tuer. Joseph dit qu’on verra le lendemain, et tout le monde se couche.
        Le lendemain, avant de partir pour la moisson, les fils et la fille restent un instant debout devant le lit. Décidément, le vieux est malade. Jamais il n’a vécu comme ça sur le dos. On devrait peut-être bien tout de même faire venir le médecin. L’ennui, c’est qu’il faut aller à Rougemont; six lieues pour aller, six lieues pour revenir, ça fait douze. On perdra tout un jour. Le vieux, qui écoute les enfants, s’agite et semble se fâcher. Il n’a pas besoin de médecin, ça ne sert à rien et ça coûte.
    — Vous ne voulez pas ? demande Antoine. Alors, nous partons travailler ?
        Sans doute, qu’ils partent travailler. Ils ne le soulageraient pas, bien sûr, en restant là. La terre a plus besoin d’être soignée que lui. Et trois jours se passent, les enfants vont chaque matin aux champs, Jean-Louis ne bouge point, tout seul, buvant à une cruche quand il a soif. Il est comme un de ces vieux chevaux qui tombent de fatigue dans un coin, et qu’on laisse mourir. Il a travaillé soixante ans, il peut bien s’en aller, puisqu’il n’est plus bon à rien, qu’à tenir de la place et à gêner le monde.
        Les enfants eux-mêmes n’ont pas une grande douleur. La terre les a résignés à ces choses; ils sont trop près d’elle, pour lui en vouloir de reprendre le vieux. Un coup d’oeil le matin, un coup d’oeil le soir, ils ne peuvent pas faire davantage. Si le père s’en relevait tout de même, ça prouverait qu’il est rudement bâti. S’il meurt, c’est qu’il avait la mort dans le corps; et tout le monde sait que, lorsqu’on a la mort dans le corps, rien ne l’en déloge, pas plus les signes de croix que les médicaments. Une vache encore, ça se soigne.
        Jean-Louis, le soir, interroge d’un regard les enfants sur la moisson. Quand il les entend compter les gerbes, se féliciter du beau temps qui favorise la besogne, il a une joie dans les yeux. Une fois encore, on parle d’aller chercher le médecin; mais le vieux s’emporte, et l’on craint de le tuer plus vite, si on le contrarie. Il fait seulement demander le garde champêtre, un ancien camarade. Le père Nicolas est son aîné, car il a eu soixante-quinze ans à la Chandeleur. Lui, reste droit comme un peuplier. Il vient et s’assoit près de Jean-Louis, d’un air sérieux. Jean-Louis qui ne peut plus parler, le regarde de ses petits yeux pâlis. Le père Nicolas le regarde aussi, n’ayant rien à lui dire. Et ces deux vieillards restent face à face pendant une heure, sans prononcer une parole, heureux de se voir, se rappelant sans doute des choses, bien loin, dans leurs jours d’autrefois. C’est ce soir-là que les enfants, au retour de la moisson, trouvent Jean-Louis, mort, étendu sur le dos, raide et les yeux en l’air.
        Oui, le vieux est mort, sans remuer un membre. Il a soufflé son dernier souffle droit devant lui, une haleine de plus dans la vaste campagne. Comme les bêtes qui se cachent et se résignent, il n’a pas même dérangé un voisin, il a fait sa petite affaire tout seul.
    — Le père est mort, dit Joseph, en appelant les autres.
        Et tous, Antoine, Catherine, Jacquinet, répètent :
    — Le père est mort.
        Ça ne les étonne pas. Jacquinet allonge curieusement le cou, la femme tire son mouchoir, les deux garçons marchent sans rien dire, la face grave et blêmie sous le hâle. Il a tout de même joliment duré, il était solide, le vieux père! Cette idée console les enfants, ils sont fiers de la solidité de la famille.
        La nuit, on veille le père jusqu’à onze heures, puis tout le monde cède au sommeil; et Jean-Louis dort seul encore, avec son visage fermé qui semble toujours réfléchir.
        Dès le petit jour, Joseph part pour les Cormiers, afin d’avertir le curé. Cependant, comme il y a encore des gerbes à rentrer, Antoine et Catherine s’en vont tout de même aux champs le matin, en laissant le corps à la garde de Jacquinet. Le petit s’ennuie avec le vieux, qui ne remue seulement pas, et il sort par moments sur la route, lance des pierres aux moineaux, regarde un colporteur étalant des foulards devant deux voisines; puis, quand il se souvient du grand-père, il rentre vite, s’assure qu’il n’a point bougé, et s’échappe de nouveau pour voir deux chiens se battre.
        Comme la porte reste ouverte, les poules entrent, se promènent tranquillement, en fouillant à coups de bec le sol battu. Un coq rouge se dresse sur ses pattes, allonge le cou, arrondit son oeil de braise, inquiet de ce corps dont il ne s’explique pas la présence; c’est un coq prudent et sagace, qui sait sans doute que le vieux n’a pas l’habitude de rester au lit après le soleil levé; et il finit par jeter son cri sonore de clairon, chantant la mort du vieux, tandis que les poules ressortent une à une, en gloussant et en piquant la terre.
        Le curé des Cormiers ne peut venir qu’à cinq heures. Depuis le matin, on entend le charron qui scie du sapin et enfonce des clous. Ceux qui ignorent la nouvelle, disent : « Tiens ! c’est donc que Jean-Louis est mort », parce que les gens de La Courteille connaissent bien ces bruits-là.
        Antoine et Catherine sont revenus, la moisson est terminée; ils ne peuvent pas dire qu’ils sont mécontents, car, depuis dix ans, le grain n’a pas été si beau.
        Toute la famille attend le curé, on s’occupe pour prendre patience : Catherine met la soupe au feu, Joseph tire de l’eau, on envoie Jacquinet voir si le trou a été fait au cimetière. Enfin, à six heures seulement, le curé arrive. Il est dans une carriole, avec un gamin qui lui sert de clerc. Il descend devant la porte des Lacour, sort d’un journal son étole et son surplis; puis, il s’habille, en disant :
    — Dépêchons-nous, il faut que je sois rentré à sept heures.
        Pourtant, personne ne se presse. On est obligé d’aller chercher les deux voisins qui doivent porter le défunt sur la vieille civière de bois noir. Comme on va partir enfin, Jacquinet accourt et crie que le trou n’est pas fini, mais qu’on peut venir tout de même.
        Alors, le prêtre marche le premier, en lisant du latin dans un livre. Le petit clerc qui le suit tient un vieux bénitier de cuivre bossué, dans lequel trempe un goupillon. C’est seulement au milieu du village qu’un autre enfant sort de la grange où l’on dit la messe tous les quinze jours, et prend la tête du cortège, avec une croix emmanchée au bout d’un bâton. La famille est derrière le corps; peu à peu, tous les gens du village se joignent à elle; une queue de galopins, nu-tête, débraillés, sans souliers, ferme la marche.
        Le cimetière se trouve à l’autre bout de La Courteille. Aussi les deux voisins lâchent-ils la civière à trois reprises; ils soufflent, pendant que le convoi s’arrête; et l’on repart. On entend le piétinement des sabots sur la terre dure. Quand on arrive, le trou, en effet, n’est pas terminé; le fossoyeur est encore dedans, et on le voit qui s’enfonce, puis qui reparaît, régulièrement, à chaque pelletée de terre.
        Une simple haie entoure le cimetière. Des ronces ont poussé, où les gamins viennent, les soirs de septembre, manger des mûres. C’est un jardin en rase campagne. Au fond, il y a des groseilliers énormes; un poirier, dans un coin, a grandi comme un chêne ; une courte allée de tilleuls, au milieu, fait un ombrage, sous lequel les vieux en été fument leur pipe. Le soleil brûle, des sauterelles s’effarent, des mouches d’or ronflent dans le frisson de la chaleur. Le silence est tout frémissant de vie, la sève de cette terre grasse coule avec le sang rouge des coquelicots.
        On a posé le cercueil près du trou. Le gamin qui porte la croix vient la planter aux pieds du mort, pendant que le prêtre, debout à la tête, continue de lire du latin dans son livre. Mais les assistants s’intéressent surtout au travail du fossoyeur. Ils entourent la fosse, suivent la pelle des yeux ; et, quand ils se retournent, le curé s’en est allé avec les deux enfants; il n’y a plus là que la famille, qui attend d’un air de patience.
        Enfin, la fosse est creusée.
    — C’est assez profond, va! crie l’un des paysans qui ont porté le corps.
        Et tout le monde aide pour descendre le cercueil. Le père Lacour sera bien, dans ce trou. Il connaît la terre, et la terre le connaît. Ils feront bon ménage ensemble. Voici près de soixante ans qu’elle lui a donné ce rendez-vous, le jour où il l’a entamée de son premier coup de pioche. Leurs tendresses devaient finir par là, la terre devait le prendre et le garder. Et quel bon repos! Il entendra seulement les pattes légères des oiseaux plier les brins d’herbe. Personne ne marchera sur sa tête, il restera des années chez lui, sans qu’on le dérange. C’est la mort ensoleillée, le sommeil sans fin dans la paix des campagnes.
        Les enfants se sont approchés. Catherine, Antoine, Joseph ramassent une poignée de terre et la jettent sur le vieux. Jacquinet, qui a cueilli des coquelicots, jette aussi son bouquet. Puis, la famille rentre manger la soupe, les bêtes reviennent des champs, le soleil se couche. Une nuit chaude endort le village.

    Emile Zola, Comment on meurt, chapitre V
    source : www.leboucher.com


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  •     C'est de la mémoire qui s'épanche dans les souvenirs vivants et les pensées insoumises à l'ordre chronologique, car l'ordre du temps ne connaît ni la méthode ni l'événement, préjugés tenaces de la science, mais il est celui du sens, c'est-à-dire de l'existence. C'est dans le présent que la mémoire trouve son élément, par l'introspection et la décomposition minutieuse, qui découvre l'absence et l'irréalité de son être, car le présent n'existe pas, n'étant que l'énonciation directe de la chose qui se passe, et passant, est déjà passée et donc du passé.
        Dans la langue que je parle (1), il n'y a pas de temps présent pour le verbe être ; pour dire "je suis", il faut employer un futur ou un passé et, pour commencer mon histoire dans votre langue, je voudrais pouvoir traduire un passé absolu, non un passé composé, qui, dans sa traîtrise, rend présent le passé en mêlant les deux temps. Et je préfère le passé simple qui est simplement révolu dans son unicité et sa belle totalité autant que dans ses sonorités fermées. C'est le vrai passé du temps passé. Le présent qui s'analyse, comme le présent qui s'énonce dans le passé, s'éconduit vers lui comme s'il découvrait sa condition, car le passé est bien la condition de toute chose. Dans la Bible que je lis, il n'y a pas de présent, et le futur et le passé presque identiques. En un sens, le passé s'exprime à travers le futur. On dit que, pour former un temps passé, on ajoute une lettre, vav, au temps futur. On l'appelle le "vav conversif". Mais cette lettre signifie aussi "et". Ainsi, pour lire un verbe conjugué, on a le choix entre, par exemple, "il fit" ou "et il fera". J'ai toujours pris la deuxième solution. Je crois que la Bible ne s'exprime qu'au futur, et qu'elle ne fait jamais qu'énoncer des événements qui n'eurent point lieu, mais qui se produiront dans les temps prochains. Car il n'y a pas de présent, et le passé est le futur.

    (1) Il s'agit de l'hébreu : on laisse un vide pour exprimer le présent du verbe être : "ani David - אני דוד" veut dire "je (ani=je) [suis] David". On a le même phénomène en russe.

    Eliette Abécassis, Qumran, p.18-19
    Le Livre de Poche, Paris, 1996


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  •     Une phrase de l'Enseignement peut troubler. Voici ce que l'on peut en penser. Ceci n'est qu'une interprétation personnelle destinée à aider à raisonner sur l'Enseignement. Elle n'est nullement une loi et chacun peut comprendre cette phrase de façon différente.
        Dans L'Arbre de la Science de la Vue du Bien, p.177 on lit : "Dans le commencement de notre ère, l'homme vivait beaucoup plus longtemps que de nos jours ; les cas de longévité étaient nombreux parce que les gens de cette époque, beaucoup moins intelligents que nous, avaient d'autant moins de besoins factices à satisfaire ; ils étaient infiniment plus heureux que nous ne le sommes aujourd'hui, car nos vicissitudes se sont multipliées en proportion de notre développement. Celui-ci ne s'effectue en effet que par le désir d'assouvir nos vices, voilant de plus en plus l'essence même de notre être en augmentant nos faiblesses, toujours plus exigeantes.
        "Nous ne réfléchissons pas que tous ces besoins nous sont grandement nuisibles et plus encore à l'âme qu'au corps, car ils ne sont que passion et vanité, pure imperfection."

        Ce passage est bien étonnant quand on sait que Louis Antoine vivait à une époque où on pensait déjà que l'espérance de vie était plus longue pour l'homme de maintenant qu'il y a plusieurs décennies.
        Ce passage peut nous faire réfléchir sur la réincarnation. Mais comprenons-nous bien la réincarnation. "Si Dieu cherche accès en nous, ce ne peut être pour flatter nos faiblesses mais plutôt pour les déraciner. Dieu est entré en moi à chaque épreuve que j'ai endurée mais je ne Le comprenais pas et je souffrais de la résistance de mon imperfection qui ne pouvait pas Le supporter." (p.175). On sait que notre but est la progression morale afin d'atteindre l'Unité de l'ensemble qui est Dieu. A chaque épreuve, on vient de le lire, c'est Dieu qui, pour notre progression, cherche accès en nous. C'est une sorte de réincarnation à rebours. Ce n'est pas nous qui allons à Dieu, c'est Dieu qui vient à nous.
        "Tous ces besoins nous sont grandement nuisibles et plus encore à l'âme qu'au corps" : on peut donc comprendre que l'âme ainsi subit à chaque épreuve une réincarnation. Mais non le corps. En effet, l'âme est matière. P.60 de l'Enseignement, on trouve la note de bas de page : "je dis souvent "l'âme" quand il s'agit de l'être, je devrais dire plutôt "le moi conscient," car l'âme n'est autre que l'intelligence qui ne nous sert que dans la matière".
        Ainsi, dans une vie de notre corps matériel (d'une durée d'une septantaine d'année), l'âme subit plusieurs incarnations et ne vit peut-être qu'une dizaine d'année, ou une vingtaine, une trentaine, peut-être moins, peut-être plus selon les individualités. Mais elle garde le même corps matériel.
        Interprété de cette façon, on peut comprendre la phrase : "dans le commencement de notre ère, l'homme vivait beaucoup plus longtemps que de nos jours ; les cas de longévité étaient nombreux...". L'âme subissait beaucoup moins de réincarnation que de nos jours. Si le corps matériel vivait 70 ans, l'âme vivait également 70 ans.
        On peut aussi comprendre cela dans le sens où la première âme à s'incarner dans un nouveau corps sera l'âme qui "vivra" dans le corps le plus longtemps possible. A cette hypothèse, on peut évoquer le fait que les scientifiques pensent que les premières années de l'enfance revivent les premiers millénaires de l'humanité : voir la très intéressante et suggestive étude de M. G. Stanley Hall sur les peurs, phobies et obsessions diverses, si communes dans l'enfance, qu'il explique aisément pour la plupart comme des reproductions momentanées d'états d'âmes raciaux pour ainsi dire, des réminiscences ataviques de conditions d'existence datant des premiers âges de l'humanité et même de l'animalité. (A study of fears, Americanof Psychology Journal , t. VIII (janv. 1897), p.147. (cette dernière phrase est tiré de Théodore Flournoy, Des Indes à la planète Mars (1900) où l'auteur explique comment Hélène Smith, intelligente par ailleurs, peut croire à l'existence d'une langue martienne en tout très porche au français).

        Cette conception de la réincarnation explique aussi pourquoi d'après la Révélation, une réincarnation n'est possible que dans un être humain (soit le même, par la réincarnation de l'âme dans le même corps, soit dans une autre âme quand le corps à terminer son travail), et non un animal.

        On peut aller jusqu'à penser que l'idée selon laquelle on voit défiler sa vie pendant le cours laps de temps que la mort s'empare de notre corps, c'est en fait les réincarnations et incarnations de l'âme que l'on voit.


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