• La Vie Mystérieuse n°109 (10 juillet 1913)

    Les Fêtes de l'Antoinisme 

        Les fêtes qui furent célébrées à Jemeppe-sur-Meuse du 25 au 29 juin ont été, parait-il, très brillantes. Une de nos abonnées, antoiniste convaincue, nous a adressé l'enthousiaste petite note que voici :

        Je suis rentrée lundi soir des fêtes de Jemeppe avec le bonheur et la joie dans l'âme, rien ne peut dépeindre les impressions ressenties ; ces heures vécues sont, pour ceux qui comprennent la vie spirituelle, une sorte de béatitude qu'il est impossible de décrire et de faire comprendre.
       J'ai vu là, le vrai fraternisme, le véritable amour du prochain, celui tant prêché et si peu mis en pratique jusqu'ici. Tout était harmonie, l'ordre et la paix régnaient sans qu'il fut besoin d'avoir recours à la police des hommes. Tout était et allait en parfait accord, d'une même entente ; on sentait que les cours battaient à l'unisson dans la pensée et l'amour de Père, qui par les mains de Mère, répandait sur nous ce fluide d'amour que nous demandions tous et pour tous.
        Le 25, il y a eu près de 12.000 personnes qui sont entrées au Temple, il y a eu de belles guérisons.
        Le 29, le cortège s'est formé à une heure et demie et à deux heures, Mère est sortie entre une double haie formée des emblèmes de tous les pays, et est montée sur une estrade installée au milieu de la rue, pour faire une opération générale sur la foule. Cet instant de bénédiction était si solennel, si parfaitement recueilli, l'émotion si grande, mais aussi si silencieuse, qu'on se serait cru emporté dans l'espace, dans cette patrie que nous espérons et demandons d'aller.
        Le cortège était encore plus majestueux que celui de l'enterrement du Père par son recueillement et Mère était si belle, si grande qu'Elle paraissait être descendue du ciel pour cette cérémonie, sur tout le parcours, la foule était très respectueuse, il y avait même, à un endroit du chemin, des drapeaux aux fenêtres, et des fleurs semées dans le chemin. Cette simplicité et cette harmonie était vraiment bien impressionnante.

    La Vie Mystérieuse n°109 (10 juillet 1913)


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  • Anniversaire du Père Antoine (Paris-soir, 25 juin 1926)


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  • Comoedia - 26 juin 1926 - Paris, rue Vaugirard

    L'antoinisme.

            Il ne s'agit pas ici de théâtre, mais du culte que quelques hommes consacrent au père Antoine, cet ouvrier mineur qui, sans grand savoir, prêcha la foi en soi-même pour la perfection de la conscience humaine.
        L'antoinisme a fait des adeptes et ces adeptes font la boule de neige.
        Hier matin, rue Vaugirard, ils étaient relativement nombreux qui, vêtus de costumes d'une simplicité rigoureuse et de toilettes à la mode de jadis, s'en allaient en procession au petit temple du père Antoine, moines et religieuses laïques de cette religion toute mystique et portant l'emblème de l'arbre de la science de la vue du mal.
        C'était l'anniversaire de leur fondateur et, chaque année, les Antoinistes vont honorer son temple.

    Comoedia,  26 juin 1926


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  • La Mère (La Matin 30 juin 1913)

     

    APRÈS LA “DÉSINCARNATION”
    D’ANTOINE LE GUÉRISSEUR....

    LA “MÈRE”
    qui succède à l’apôtre défunt
    n’a point réussi de miracle

    La foi des antoinistes réunis à Jemeppe-sur-
    Meuse n’en est pas ébranlée

        Des fêtes antoinistes ont été célébrées hier à Jemeppe-sur-Meuse, en Belgique, à l’occasion de l’anniversaire de la mort d’Antoine.
        Il y a eu en effet un an mercredi dernier qu’est mort le visionnaire fameux, dont le renom est considérable tant en Belgique qu’à l’étranger : Antoine le Guérisseur.
        Cet homme, à qui son regard fulgurant et sa barbe de fleuve donnaient l’aspect d’un des anciens prophètes d’Israël, exerçait sur la plupart des gens qui l’approchaient un ascendant extraordinaire.
        Il disait posséder la révélation de la vérité. Il passait pour opérer, par le seul pouvoir de sa volonté, des guérisons miraculeuses.
        De tous côtés de pauvres gens s’adressaient à lui pour obtenir, par son intervention puissante et mystérieuse, la fin ou l’adoucissement de leurs maux. Et le culte antoiniste compta des adeptes un peu partout...
        Le 25 juin 1912, Antoine le Guérisseur mourait, ou plutôt, pour employer le vocabulaire des antoinistes, il se désincarnait.
        Mais l’antoinisme ne mourut pas avec Antoine, et le temple édifié à Jemeppe continue à être le centre d’un mouvement intense, centre où parviennent chaque jour, sous forme d’un courrier formidable, les plaintes et les vœux de l’humanité malheureuse.
        C’est qu’Antoine avait pris une sage précaution pour assurer la pérennité de son œuvre.
        Quand il fut sur le point de mourir, il fit savoir à ses disciples que sa femme lui succéderait, qu’elle pourrait s’assimiler à son fluide éthéré et il la chargea de recueillir et de lui transmettre les désirs des antoinistes.
        C’est en vertu de cette désignation que la veuve du guérisseur guérit à son tour, ou, du moins, s’y applique.
        Pour célébrer l’anniversaire de la désincarnation d’Antoine, celle qui fut sa femme conviait les antoinistes du monde entier à se rendre, mercredi dernier, à Jemeppe-sur-Meuse : elle annonçait que les malades obtiendraient de grandes guérisons.
        Les antoinistes vinrent au nombre de plusieurs milliers. La Belgique, les Pays-Bas, certaines provinces du nord de la France fournirent le gros de cette armée singulière, Paris, qui compte quatre ou cinq groupes antoinistes, avait, pour sa part, envoyé environ cent-cinquante pèlerins. L’empressement de tous ces pieux voyageurs était tel que plusieurs centaines d’entre eux, tout à leurs religieuses pensées, remirent, en arrivant à la gare de Jemeppe, leur ticket de retour en même temps que leur billet d’aller – ce qui détermina une belle confusion quand il fallut repartir.
        Tous aussi croyants – d’une foi qui leur fait non pas soulever des montagnes, mais passer des frontières, ce qui est déjà bien – les antoinistes ne sont pas tous également fervents.

    L’uniforme antoiniste
        Les plus zélés suivent les recommandations du père Antoine à la lettre. C’est ainsi qu’ils s’imposent le port d’un costume disgracieux, dont le guérisseur fixa la couleur et la coupe : c’est, en serge noire, un vêtement sans nom, qui réalise une manière de compromis entre la soutane des prêtres maronites et la redingote de certains pasteurs américains ; comme coiffure, un « gibus » qui rappelle, avec moins d’ampleur, l’antique « bolivar », que nous pouvons voir, sur de vieilles gravures, couvrir le chef vénérable de nos arrière-grands-pères.
        Dans cette foule, il ne se trouva qu’un « esprit fort », et il n’avait certes point lu le chapitre de La Bruyère : c’est un joli bambin d’une dizaine d’années ; ses parents l’avaient trainé à Jemeppe pour le faire guérir de je ne sais quelle affection nerveuse ; arrivé devant le temple du guérisseur, le moutard refusa énergiquement d’entrer, et il se mit à pousser des hurlements tels que son antoiniste de père dut renoncer à le soumettre aux « opérations ».
        Les « opérations » sont cependant moins effrayantes au temple antoiniste que dans les salles de nos hôtels-Dieu.
        C’est la Mère qui procède. La Mère, c’est la veuve d’Antoine, lequel n’est désigné par les antoinistes que sous le vocable le Père.
        Les fidèles se tassèrent dans le temple. Dans le silence qui précède les grands événements, ils attendirent, regardant devant eux une tribune étroite et longue, sur le bord de laquelle était peint – blanc sur fond noir – l’arbre de la vie, symbole de l’antoinisme. Devant la tribune principale, quelques mètres plus bas, une autre tribune, plus petite.
        Au bout d’une demi-heure d’attente, un grand diable barbu et chevelu, avec les yeux perdus qu’on prête aux nihilistes russes, apparut sur la tribune la moins élevée et resta là, sans mot dire, le regard dans le vide.
        – C’est notre frère Deregnaucourt, me dit-on.

    Voici la Mère !
        Le frère Deregnaucourt attendit... L’assismille antoiniste, l’héritier présomptif. Je veux dire que, ainsi que la Mère a remplacé le Père, il remplacera la Mère le jour où celle-ci se désincarnera à son tour.
        Le frère Deregnancourt attendit... L’assistance était haletante et recueillie. Seule, la béquille d’un infirme, en tombant sur le plancher, troubla un instant le silence.
        Mais soudain on entendit le tintement aigrelet d’une sonnette. Tous les pèlerins se dressent, d’un seul élan. C’est la Mère qui apparaît. Elle est sur la tribune. Toute blanche dans ses vêtements noirs, elle regarde vers le plafond, en se tordant les poignets... Avec un peu de bonne volonté, on peut retrouver dans l’expression de son visage l’air fatal et inspiré des anciennes sibylles... Cinq minutes, elle reste là, le regard fixe, les poings crispés... Puis elle s’en va... C’est fini. Les fidèles se retirent.
        C’est là l’opération annoncée. La mère dut la recommencer cinq fois, chaque fois devant cinq à six cents personnes.
        On avait aussi promis des guérisons. Mais c’est une autre affaire. J’ai vu sortir aussi claudicants les gens que j’avais vus entrer en boitant, et les rhumatisants ne m’ont pas paru plus alertes après l’opération qu’avant. Ce sera sans doute pour plus tard.
        Après les opérations, les antoinistes ont fait un pieux pèlerinage à travers le jardinet où, tout en repiquant ses salades et en échenillant ses choux, le père Antoine sentit naître sa vocation de Christ nouveau...
        Les fêtes antoinistes ont recommencé hier. Les fidèles, en cortège, conduits par la mère et le frère Deregnaucourt, ont fait le parcours que fit, il y a un an, la dépouille funèbre du guérisseur, de la maison au cimetière.

    La Matin, 30 juin 1913


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  • Défilé antoiniste à Jemeppe entre les deux guerres

    Avenue Guillaume Lambert (vers le cimetière, la maison avec les arcades en briques bicolores est le N°31)
    issu des archives de Soeur Dumont (Seraing, Ougrée, Jemeppe au passé - n°6 1995-96)

    Autre photo d'un cortège ici


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  • Cinq mille pèlerins célèbrent le culte d'Antoine le Guérisseur - Le Journal 26 juin 1924

    Cinq mille pèlerins
    célèbrent
    le culte d'Antoine le Guérisseur

                     ––~~~––

        On eût pu croire, hier matin, qu'un pèlerinage en partance pour Lourdes avait été, par quelque erreur de parcours, dirigé sur le paisible, archaïque et lointain quartier de la Glacière. Si calme d'ordinaire qu'elle semble l'antichambre du désert, la rue Vergniaud regorgeait d'une foule aussi remarquable par son importance que par le pittoresque de sa tenue. On voyait des aveugles, des paralytiques, des ataxiques. On voyait aussi des familles entières, visiblement recrues de fatigue, dont chaque membre portait de pauvres bagages. Tous ces gens, qui semblaient venir de très loin, étaient accompagnés et guidés par une centaine d'hommes en lévite, coiffés d'un curieux chapeau s'apparentant à la fois au sombrero espagnol et au cronstadt des beaux jours de l'alliance russe. Des femmes, revêtues d'un costume mi-laïc, mi-religieux, secondaient les hommes en lévite dans leur tâche.
        Ainsi, au nombre de cinq mille, calmes, silencieux, émus sans doute, les Antoinistes de France, venus de toutes les provinces, allaient célébrer la fête de leur patron Antoine le Guérisseur, au temple voué au culte dont il fut l'initiateur.
        Antoine, ouvrier mineur belge, fonda la religion qui porte son nom à l'heure de sa retraite, en 1906. Il trouva facilement quelques disciples à Jemeppe-sur-Meuse et ceux-ci firent preuve d'un si beau prosélytisme que lorsque Antoine mourut, en 1912, il avait fait des milliers d'adeptes. Aujourd'hui une quinzaine de temples antoinistes s'élèvent tant en Belgique qu'en France.
        L'antoinisme proclame, au mépris de la science médicale et pharmaceutique, qu'un malade peut guérir par la prière et la méditation. Vous trouverez beaucoup d'antoinistes pour vous affirmer qu'ils sont eux-mêmes la preuve vivante de la véracité de cette affirmation.
        Hier, tandis que les fidèles s'empressaient à offrir leurs hommages à la mère Antoine, veuve du Guérisseur, venue spécialement de Belgique pour la circonstance, un frère antoiniste, taillé en colosse, qui canalisait de ses bras puissants le flot des assistants, s'exclamait :
        « Voyez, mes frères, j'étais faible et débile. J'ai prié : je suis guéri, Gloire au père Antoine ! »
        Gloire au père Antoine !... Avec quelle ferveur les fidèles firent écho à ce cri au cours de la cérémonie dans la chapelle aux murs nus.
        Ce fut d'abord une prière muette, impressionnante par sa durée, troublée à deux reprises par le sanglot d'une jeune femme aux yeux clos. Puis la mère Antoine et trois officiants rappelèrent les principes moraux énoncés par le père Antoine, dont le huitième, qui est peut-être le plus curieux et le plus significatif, ordonne : « Ne vous laissez pas maîtriser par votre intelligence. »
        A midi, le service prit fin... La foule des antoinistes reparut au seuil du temple. Un vieil homme perclus, dont les yeux reflétaient une joie extatique, s'écria : « Je vais mieux ; je sens que je vais mieux ! » Un taxi l'emporta vers l'inconnu...

                                     Geo London.

    Le Journal, 26 juin 1924

        Article repris dans La Gazette de Charleroi du 28 juin 1924 et La République française du 28 juin 1924.

    Cinq mille pèlerins célèbrent le culte d'Antoine le Guérisseur (Le Journal, 26 juin 1924)


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  • Jemeppe le 12 juin 1920

    Chers Amies,

    Nous venons de passer 2 charmante journée dans le bon fluide qui règne à Jemeppe durant la Fête du 25 nous ne vous oublions pas

    Toute nos bonnes pensée sont avec vous

    Nous vous assurons toute nos bonnes amitiés

    Madame Moskowitch et son fils


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  •     Le Dimanche 28 juin 1914, deuxième anniversaire de l'enterrement du Père Antoine. A 10 h on fit la Lecture de l'Enseignement, puis de travaux d'adeptes. Ensuite on visita à nouveau les appartements du Père. A 14 h on fit un cortège du Temple au cimetière.
    source : Frère Jean-Marc Boffy, Historique du culte antoiniste

        Voici comment fut célébrée cette solennité en 1930 [organisation semblable les années suivantes]. A 9 1/2 h., Mère fit l'opération générale, suivie de la lecture des Dix Principes. Les membres du Conseil général se tenaient près de la tribune. La foule entrait par la rue A. Smeets et sortait du temple par le jardin du Père. A 10 h., à cause de l'affluence très grande, Mère fut une seconde opération générale sur le seuil du temple. Après ces opérations, un cortège se forma ; en tête, venait l'emblème [jadis l'emblème de Jemeppe était accompagné des emblèmes d'autres temples], porté par un vieil adeptes, entouré de deux frères et suivi par trois autres antoinistes, tous en robe ; ensuite, une pancarte avec les mots : "Fête du Père Antoine, 25 juin", porté par deux soeurs ; après cette pancarte, le portrait du Père et "l'Esprit consolateur" portés l'un et l'autre par deux adeptes. Mère suivait ; derrière elle, marchaient le frère Nihoul, la soeur Deregnaucourt, le conseil général, les desservants de temple, les adeptes en robe, tête nue (c'est seulement depuis 1914 que les hommes marchent tête nue), puis, la foule. Le trajet est très court (voici le parcours : rue Hullos, Avenue G. Lambert, devant le cimetière, retour par le rue A. Smeets) ; on passe devant le cimetière où repose Antoine, mais le cortège n'y pénètre pas. Rentrés au temple, les assistants défilent un à un dans la maison et le jardin d'Antoine ; et cela pendant environ deux heures.
    Pierre Debouxhtay, Antoine le Guérisseur et l'Antoinisme, p.219

        A Paris, le 26 juin 1924, le Petit Parisien raconte la Fête du Père, dans le temple de la rue Vergniaud :
    Les antoinistes célèbrent pour la première fois à Paris l'anniversaire de la mort du ''Père''
        Le 25 juin 1912, le Père Antoine "se désincarnait" ; entendez qu'il exhalait son âme simple et généreuse. Mais une religion nouvelle était née. A vrai dire, le culte antoiniste, spiritualisme nouveau, basé sur la foi pure, avait déjà six ans. Son fondateur, alors âgé de soixante ans, l'avait institué en 1906 à Jemeppe-sur-Meuse, qui est restée la Rome de cette Eglise. Depuis le 25 juin 1913, les anniversaires de la "désincarnation" ont toujours été célébrés, à Jemeppe, par des foules comparables à celle - 30 ou 40.000 personnes - qui avait suivi le cercueil du Père. Hier, pour la première fois, cette commémoration solennelle avait lieu à Paris.
        La chapelle antoiniste se trouve au fond du treizième arrondissement, à l'angle de la rue Vergniaud et de la rue Wurtz. Elle a les dimensions d'une église de village, et les voisins dominent nettement, du balcon de leur cinquième, le coq embroché en paratonnerre du clocher [à ma connaissance et d'après les vieilles photos, il n'y a jamais de coq en haut du clocher]. Un petit jardin précède le porche, où est peinte cette légende : "Le Père Antoine, le grand guérisseur de l'humanité pour celui qui a la foi".
        Tous les jours, matin et soir, la desservante, Mme Vitard, à qui, certes, on refuserait les soixante-dix ans qu'elle avoue, récite les dix principes révélés par le Père. Avant, pendant et après cette lecture, l'assistance médite profondément, les yeux fermés et les mains jointes, les quatre doigts de la main droite fortement étreints entre le pouce et l'index de la main gauche, et les poings à la hauteur des yeux.
        Hier matin, la foule des croyants débordait sur la rue et encombrait le carrefour.
        Le Frère Musin était venu de Jemeppe, avec la soeur Deregnaucourt, grâce aux libéralités de laquelle trente temple antoinistes ont déjà pu être élevés en Belgique.
        Aucun costume n'est imposé aux adeptes ; mais les "frères" et les "soeurs" portent la robe "révélée". Pour les hommes, c'est une soutane étroitement boutonnée et tombant aux genoux ; la coiffure est un "tromblon" assez bas, comme on en portait il y a trois quarts de siècle. Pour les femmes, la jupe noire se complète d'un corsage à manches pagode ; un ruban noir, noué sous le menton, retient une capote bordée de tulle plissé et agrémentée d'un long voile retombant dans le dos.
        C'est le frère Musin qui présidait : pendant qu'il dardait sur la foule muette son regard magnétique, des mains jointes se mirent à trembler et beaucoup de regards se mouillèrent.
        - C'est que, voyez-vous, me dit un "frère", nous sommes tous des gens renoncés par la science (sic).
        Il voulait dire que, presque tous malades, abandonnés par les médecins, les fidèles du culte antoiniste ne mettaient plus que dans la foi leur dernière espérance : la leur soulèverait des montagnes.
        Il y eut, après la méditation, une procession derrière l'emblème de la religion antoiniste : un arbre d'argent avec cette inscription : "L'arbre de la science de la vue du mal".
        L'année prochaine, on inaugurera un nouveau temple, à la porte Pouchet ; cette année, en septembre, un autre doit s'ouvrir à Aix-les-Bains, puis un encore à Orange...
        Sommes-nous à une ère de scepticisme ? - R.N.
    Le Petit Parisien du 26-06-1924 (Numéro 17285)
    source : Gallica

    Procession pour les fêtes - Nantes-Chantenay - Fête du Père en 1931

    Procession à Seraing


        Au début du XXe siècle, au carrefour des Quatre Bras, se tenait un rassemblement important des Antoinistes.
    source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Villers-le-Temple

        Dans les archives de la ville d'Aix-les-Bains, on apprend que le culte demanda une autorisation de processions de 1926 à 1955.
    Inventaires des archives modernes 1793-1983 - Série P - CULTES
    souce : www.mairie-aixlesbains.com

        L’organisation de la fête du Père, le 25 juin, date de son décès, elle est l’occasion de rappeler sa présence au sein de chaque Temple, présence symbolisée par la manifestation de « fluides ». (l'Arbre de la science de la vue du mal est le porte fluide).
    Les Mutations de la représentation du divin au sein d’un groupe à vocation thérapeutique - Le cas de l’antoinisme
    Anne-Cécile Bégot
    source : http://assr.revues.org/index20222.html

        En son souvenir, tous les temples de Belgique étaient fermés ce jour-là. Les adeptes belges se rendaient à Jemeppe. Cette pratique semble abandonnée, Benoît Narinx a constaté qu'en Belgique les temples se sont mis à recevoir le public le 25 juin et qu'actuellement, seules un millier de personnes font le pèlerinage aux sources. Les Tomes disent qu'à partir de 1929, les adeptes distribuaient deux par deux, de porte en porte, "sans se parler" un feuillet annonçant la commémoration. De nos jours, l'annonce est faite de manière permanente sur des petits rectangles de papier laissés dans le porche à la disposition des visiteurs. La procession a été supprimée en 1937. Dans les temples français, on célèbre la mémoire du Père comme à Jemeppe. Jusqu'en 1935, un cortège parcourait quelques rues avoisinnant le temple.
    Régis Dericquebourg, Les Antoinistes, p.100

        Un cortège est aussi organisé lors des funérailles d'un adepte ayant demandé le rite antoiniste.

        L'origine des processions vient à la fois des processions spirites ou socialistes et des processions de fanfares. Rappelons que Louis Antoine appris un temps de la trompette. La tradition des fanfares est encore vivace dans le Nord de la France et en Belgique.


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  • Chez les Antoinistes

       A l'occasion de l'anniversaire de la mort d'Antoine le Guérisseur, des fêtes ont été célébrées à Jemeppe en Belgique. Mais « la mère » a vainement essayé d'obtenir des guérisons.
       Voici la correspondance que publie le Matin à ce sujet :

       Des fêtes antoinistes ont été célébrées hier à Jemeppe-sur-Meuse, en Belgique, à l'occasion de l'anniversaire de la mort d'Antoine.
       Il y a eu en effet un an mercredi dernier qu'est mort le visionnaire fameux dont le renom est considérable tant en Belgique qu'à l'étranger : Antoine le Guérisseur.
       Cet homme, à qui son regard fulgurant et sa barbe de fleuve donnaient l'aspect d'un des anciens prophètes d'Israël, exerçait sur la plupart des gens qui l'approchaient un ascendant extraordinaire.
       Il disait posséder la révélation de la vérité. Il passait pour opérer, par le seul pouvoir de sa volonté, des guérisons miraculeuses.
       De tous cotés, de pauvres gens s'adressaient à lui pour obtenir, par son intervention puissante et mystérieuse, la fin ou l'adoucissement de leurs maux. Et le culte antoiniste compta des adeptes un peu partout...
       Le 25 juin 1912, Antoine le Guérisseur mourait, ou plutôt, pour employer le vocabulaire des antoinistes, il se désincarnait.
       Mais l'antoinisme ne mourut pas avec Antoine, et le temple édifié à Jemeppe continue à être le centre d'un mouvement intense, centre où parviennent chaque jour sous forme d'un courrier formidable, les plaintes et les voeux de l'humanité malheureuse.
       C'est qu'Antoine avait pris une sage précaution pour assurer la pérennité de son oeuvre.
       Quand il fut sur le point de mourir, il fit savoir à ses disciples que sa femme lui succéderait, qu'elle pourrait s'assimiler à son fluide éthéré et il la chargea de recueillir et de lui transmettre les désirs des antoinistes.
       C'est en vertu de cette désignation que la veuve du guérisseur guérit à son tour, ou du moins s'y applique.
       Pour célébrer l'anniversaire de la désincarnation d'Antoine, celle qui fut sa femme conviait les antoinistes du monde entier à se rendre, mercredi dernier à Jemeppe-sur-Meuse : elle annonçait que les malades obtiendraient de grandes guérisons.
       Les antoinistes vinrent au nombre de plusieurs milliers. La Belgique, les Pays-Bas, certaines provinces du nord de la France fournirent le gros de cette armée singulière. Paris, qui compte quatre ou cinq groupes antoinistes, avait, pour sa part, envoyé environ cent cinquante pèlerins. L'empressement de tous ces pieux voyageurs était tel que plusieurs centaines d'entre eux, tout à leurs religieuses pensées, remirent, en arrivant à la gare de Jemeppe, leur ticket de retour en même temps que leur billet d'aller — ce qui détermina une belle confusion quand il fallut repartir.
       Tous aussi croyants — d'une foi qui leur fait non pas soulever des montagnes, mais passer des frontières, ce qui est déjà bien — les antoinistes ne sont pas tous également fervents.

    L'UNIFORME ANTOINISTE

       Les plus zélés suivent les recommandations du père Antoine à la lettre. C'est ainsi qu'ils s'imposent le port d'un costume disgracieux, dont le guérisseur fixa la couleur et la coupe : c'est, en serge noire, un vêtement sans nom, qui réalise une manière de compromis entre la soutane des prêtres maronites et la redingote de certains pasteurs américains ; comme coiffure, Un « gibus » qui rappelle, avec moins d'ampleur, l'antique « bolivar », que nous pouvons voir, sur de vieilles gravures, couvrir le chef vénérable dé nos arrière-grands-pères.
       Dans cette foule, il ne se trouva qu'un « esprit fort », et il n'avait certes point lu le chapitre de La Bruyère : c'est un joli bambin d'une dizaine d'années ; ses parents l'avaient traîné à Jemeppe pour le faire guérir de je ne sais quelle affection nerveuse ; arrivé devant le temple du guérisseur, le moutard refusa énergiquement d'entrer, et il se mit à pousser des hurlements tels que son antoiniste de père dut renoncer à le soumettre aux « opérations ».
       Les «opérations » sont cependant moins effrayantes au temple antoiniste que dans les salles de nos hôtels-Dieu.
       C'est la Mère qui procède. La Mère, c'est la veuve d'Antoine, lequel n'est désigné par les antoinistes que sous le vocable de Père.
       Les fidèles se tassèrent dans le temple. Dans le silence qui précède les grands événements, ils attendirent, regardant devant eux une tribune étroite et longue, sur le bord de laquelle était peint — blanc sur fond noir — l'arbre de la vie, symbole de l'antoinisme. Devant la tribune principale, quelques mètres plus bas, une autre tribune, plus petite.
       Au bout d'une demi-heure d'attente, un grand diable barbu et chevelu, avec les yeux perdus qu'on prête aux nihilistes russes, apparut sur la tribune la moins élevée et reste là, sans mot dire, le regard dans le vide.
       — C'est notre frère Deregnaucourt, me dit-on.

    VOICI LA MÈRE !
       Le frère Deregnaucourt attendit... Il est, dans la famille antoiniste, l'héritier présomptif. Je veux dire que, ainsi que la Mère a remplacé le Père, il remplacera la Mère le jour où celle-ci se désincarnera à son tour.
       Le frère Deregnaucourt attendit... L'assistance était haletante et recueillie. Seule, la béquille d'un infirme, en tombant sur le plancher, troubla un instant le silence.
       Mais soudain, on entendit le tintement aigrelet d'une sonnette. Tous les pèlerins se dressent, d'un seul élan ; C'est la Mère qui apparaît. Elle est sur la tribune. Toute blanche dans ses vêtements noirs, elle regarde vers le plafond, en se tordant les poignets... Avec un peu de bonne volonté, on peut retrouver dans l'expression de son visage l'air fatal et inspiré des anciennes sibylles... Cinq minutes, elle reste là, le regard fixe, les poings crispés... Puis elle s'en va... C'est fini. Les fidèles se retirent.
       C'est là l'opération annoncée. La mère dut la recommencer cinq fois devant 5 à 600 personnes.
       On avait aussi promis des guérisons. Mais c'est une autre affaire. J'ai vu sortir aussi claudicants les gens que j'avais vus entrer en boitant, et les rhumatisants ne m'ont pas paru plus alertes après l'opération qu'avant.  Ce sera sans doute pour plus tard.
       Après les opérations, les antoinistes ont fait un pieux pèlerinage à travers le jardinet où, tout en repiquant ses salades et en échenillant ses choux, le père Antoine sentit naître sa vocation de Christ nouveau.
       Les fêtes antoinistes ont recommencé hier. Les fidèles, en cortège, conduits par la mère et le frère Deregnaucourt, ont fait le parcours que fit, il y a un an, la dépouille funèbre du guérisseur, de la maison au cimetière.

       L'antoinisme, quoi qu'on en dise, régresse...
    J. R.


    L'Écho du merveilleux, revue bimensuelle (directeur Gaston Mery) - 15-07-1913
    Source : Gallica

    Reprend en gros l'article paru dans Le Matin le 30 juin 1913.


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  • Les antoinistes célèbrent pour la première fois à Paris l'anniversaire de la mort du ''Père''

    LES ANTOINISTES CELEBRENT
    POUR LA PREMIÈRE FOIS A PARIS
    L'ANNIVERSAIRE DE LA MORT DU "PERE"

        Le 20 Juin 1912, la Père Antoine se désincarnait : entendez qu'il exhalait son âme simple et généreuse. Mais une religion nouvelle était née. A vrai dire, le culte antoiniste, spiritualisme nouveau, basé sur la foi pure, avait déjà de six ans. Son fondateurs alors âgé de soixante ans l'avait institué en 1906 à Jemeppe-sur-Meuse, qui est restée la Rome de cette Eglise. Depuis le 25 juin 1913, les anniversaires de la « désincarnation » ont toujours été célébrés, à Jemeppe, par des foules comparables à celle – 30 ou 40.000 personnes – qui avait suivi le cercueil du Père. Hier, pour la première fois, cette commémoration solennelle avait lieu à Paris.
        La chapelle Antoiniste se trouve en fond du treizième arrondissement, à l'angle de la rue Vergniaud et de la rue Wurz. Elle a les dimensions d'une église de village et les voisins dominent nettement du balcon de leur cinquième, le coq embroché au paratonnerre du clocher. Un petit jardin précède le porche, où est peinte cette légende : « Le Père Antoine, le grand guérisseur de l'humanité, pour celui qui a la foi. »
        Tous les jours, matin et soir, la desservante, Mme Vitard, à qui, certes, on refuserait les soixante-dix ans qu'elle avoue, récite les dix principes révélés par le Père. Avant, pendant et après cette lecture, l'assistance médite profondément, les yeux fermes et les mains jointes, les quatre doigts de la main droite fortement étreints entre le pouce et l'index de la main gauche, et les poings à la hauteur des yeux.
        Hier matin, la foule des croyants débordait sur la rue et encombrait le carrefour.
        Le Frère Musin était venu de Jemeppe, avec la sœur Deregnaucourt, grâce aux libéralités de laquelle trente temples antoinistes ont déjà pu être élevés en Belgique.
        Aucun costume n'est impose aux adeptes mais les « frères » et les « sœurs » portent la robe « révélée ». Pour les hommes, c'est une soutane étroitement boutonnée et tombant aux genoux ; la coiffure est un « tromblon » assez bas, comme en portait il y a trois quarts de siècle. Pour les femmes, la jupe noire se complète d’un corsage à manches pagode ; un ruban noir noué sous le menton, retient une capote bordée de tulle plissé et agrémentée d’un long voile retombant dans le dos.
        C'est le Frère Mersin qui présidait : pendant qu’il dardait sur la foule muette son regard magnétique, des mains jointes se mirent à trembler et beaucoup de regards se mouillèrent.
        – C'est que voyez-vous, me dit un « frère », nous sommes tous des gens renoncé par la science (sic).
        Il voulait dire que presque tous malades, abandonnés par les médecins, les fidèles du culte antoiniste ne mettaient plus que dans la foi leur dernière espérance : la leur soulèverait des montagnes.
       Il y eut, après la méditation, une procession derrière l'emblème de la religion antoiniste : un arbre d'argent avec cette inscription : « L'arbre de la science de la vue du mal. »
        L'année prochaine, on inaugurera un nouveau temple, à le porte Pouchet ; cette année, en septembre, un autre doit s'ouvrir à Aix-les-Bains, puis un encore Orange
       Sommes-nous à une ère de scepticisme ? – R. N.

    Le Petit Parisien du 26 juin 1924 (Numéro 17285)
    source : Gallica


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  • L'Antoinisme (Échos, in L'Événement, 26 juin 1924)

                                                                                    L' « Antoinisme »
         C'était hier, 25 juin, l'anniversaire de la mort, – de la désincarnation, comme disent les « antoinistes » – du père Antoine, ce simple mineur de Jemmapes qui a créé une religion véritable, laquelle compte de nombreux adeptes et possède des temples, à Paris, à Monaco, à Tours, Vichy, Lyon. Vervins, Aix-les-Bains, Caudry.
        Il y avait, hier grande affluence et recueillie, au sanctuaire parisien, rue Vergniaud. L'esprit souffle où il veut.

    L'Événement, 26 juin 1924


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