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Par antoiniste le 11 Mars 2009 à 17:10
Bien que je défende vigoureusement la liberté de pensée sur tous les sujets, il m'apparaît encore (à tort ou à raison) que c'est à peine si les argumentations directes contre le christianisme et le théisme ont un effet sur le public; ce qui sert le mieux la liberté de pensée ce sont les lumières qui pénètrent peu à peu les esprits d'hommes à mesure que la science avance.
source : wikipedia
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Par antoiniste le 11 Mars 2009 à 17:08
Tout ce qui n'est pas moi est incompréhensible.
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Par antoiniste le 11 Mars 2009 à 16:55
Ô silence gonflé d'irrésistible appel, je suis venue vers toi comme on allait jadis vers Dieu par le chemin des catacombes.
J'ai distillé des mots pour te donner une âme ; je progressais pieds nus sur les tessons indiférents.
Mes yeux s'éteignaient dehors et s'allumaient dedans ; Je n'entendais plus rien que ton pouls dans mes veines.
Je t'ai porté dans l'éblouissement, plus fermée qu'une mère autour de son enfant.
Visage radieux du silence qui naît au creux de nos entrailles ! Mon enfant divin, ô mon ultime cri, je te dérobe à la mort et je te nomme liberté.
Claire Lejeune, Mémoire de Rien, La gange et le feu,
Editions Labor - Espace Nord, p.28
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Par antoiniste le 11 Mars 2009 à 16:54
"Toute éducation humaine doit préparer chacun à vivre pour autrui, afin de revivre dans autrui."
(Auguste Comte / 1798-1857 / Système de politique positive, 1851-1854)
source : http://atheisme.free.fr/Biographies/Comte.htm
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Par antoiniste le 27 Février 2009 à 16:14
L'hétérosexualité, une passion scientifique
[...] La médecine qui, au Moyen Âge et sous l'Ancien Régime, avait joué un rôle mineur par rapport à l'éthique chevaleresque et au discours religieux, jouait désormais un rôle majeur dans la constitution des normes de sexe et de genre : c'était l'avènement de la médecine moderne et "scientifique". A bien des égards, le discours médical en plein essor avait donc repris le flambeau de ces deux discours sociaux en déclin. Mais tandis que les hommes de guerre et les hommes d'Eglise avaient (tant bien que mal) critiqué la culture du couple homme-femme pendant l'Ancien Régime, les hommes de science soutinrent (efficacement) la culture hétérosexuelle à partir du XXe siècle. [...]
L'hétérosexualité, une passion politique
[...] Pour les plus conservateurs, ces revendications gaies et lesbiennes étaient de toute façon inacceptables, l'école devant affirmer la supériorité de l'hétérosexualité sur l'homosexualité - la cause était entendue. Comme le disait le Dr Jean-François Mattéi (député du parti Démocratie libérale), "il ne peut y avoir aucune équivalence entre les couples hétérosexuels et couples homosexuels. Cette évidence ne s'inspire d'aucune considération morale ou intégriste". A vrai dire, le professeur Mattéi avait tout à fait raison. Cette opinion n'était pas nécessairement une considération morale ou intégriste ; ce pouvait être l'expression banalisée de l'idéologie médicale issue du XIXe siècle, et dont il était lui-même le représentant. Cependant, elle n'en était pas moins homophobe pour autant.
Louis-Georges Tin, L'invention de la culture hétérosexuelle, p. 177 et 181
Autrement, coll. Mutations/Sexe en tous genre n°249, Paris, 2008
Des études, dans plusieurs pays, montrent :
* que les tentatives de suicide chez les jeunes homosexuel-le-s sont 13 fois plus élevées que chez les jeunes hétérosexuel-le-s ;
* qu'1/4 des jeunes homos tente de se suicider ;
* qu'1 suicide de jeunes sur 2 est dû à l'homophobie ambiante ;
Dans son enquête publiée dans le British Medical Journal, Marc Shelly explique que cette « sur-suicidalité » est « due à la stigmatisation dévalorisante de l'homosexualité perçue au sein du cercle familial ou à l'école, qui produit des effets désastreux sur la construction personnelle ».
Cela ne sera qu'en 1990 que l'Organisation Mondiale de la Santé enlève l'homosexualité de la liste des maladies mentales.
http://www.lalucarne.org/homo-hetero.be/discrimination.html
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Par antoiniste le 27 Février 2009 à 13:28
OC : Est-ce à dire que vous rejetez totalement l'universalisme ?
L-G T : Permettez-moi d'abord une remarque : la prétention à l'universalisme n'est pas universelle. En Angleterre, en Espagne, en Allemagne, en Chine, au Congo ou au Mexique, on ne se pique pas d'être universaliste, le mot n'ayant pas de pertinence particulière dans le débat social de ces pays. Il faut remarquer que la prétention à l'universalisme est en fait une spécificité française. Encore tous les Français ne se soucient-ils pas d'universalisme. En effet, plus on descend dans la hiérarchie sociale, plus la propension à se réclamer de l'universalisme diminue. La France d'en bas, comme dirait l'autre, se soucie de chômage, de sécurité, de logement, mais certainement pas d'universalisme. Bref, l'universalisme n'est pas une spécificité française, c'est une spécificité des élites françaises.
Ainsi, par un paradoxe qui n'est qu'apparent, l'universalisme est donc un fait de discours typiquement franco-français, et qui n'est le fait que d'une minorité, si élevée soit-elle. Est-ce à dire que la majorité serait particulariste ? Pourquoi le bas peuple n'est-il pas plus sensible à cet universalisme exaltant dont les élites se font les chantres inspirés ? Les provinces sont-elles vouées au provincialisme, les régions au régionalisme, les femmes au féminisme, le Tiers-Monde au tiers-mondisme, les communautés noires, arabes, juives et homosexuelles au communautarisme, les gens différents au différentialisme en général ? L'oubli de l'universel serait-il donc lui-même universel ? C'est que, peut-être, l'universel des universalistes n'est pas vraiment l'intérêt général.
Qu'est-ce donc que l'universalisme ? J'ignore ce qu'il devrait être en théorie, mais dans la pratique, c'est bien souvent le travail très particulier par lequel un groupe social dominant tend à constituer son ethos en éthique. Les positions les plus élevées, donc les plus minoritaires a priori, ont d'autant plus besoin de s'universaliser pour justifier les prétentions universelles qui fondent leur domination symbolique, pour reprendre la terminologie de Pierre Bourdieu. L'universalisme est dans le débat public l'illusion de perspective que produisent (et que subissent) ceux qui, étant placés au centre du dispositif social de facto, prétendent de jure demeurer au centre de ce dispositif, objectivement ajusté à leurs dispositions.
Ainsi, l'universalisme n'est en général qu'un particularisme parmi d'autres, qui prétend s'imposer aux autres au nom d'une valeur supérieure, Dieu, la Nature, la Raison, l'Etat, l'Ordre Moral, ou l'Ordre symbolique (remarquez bien « l'adoration des majuscules », qu'analyse avec humour Sabine Prokhoris) etc., n'importe quoi, à la limite, et même la langue française (bien que toute langue repose évidemment sur l'arbitraire du signe), pouvant devenir pour l'occasion une valeur universaliste, à condition de réussir le travail de légitimation de sa propre production sociale. Ce n'est pas un hasard si le premier véritable universalisme de l'Histoire est celui de l'Eglise catholique (catholicos signifie justement « universel » en grec). Et après tout, le capitalisme lui aussi est une forme d'universalisme, c'est le rêve d'un marché libre et ouvert, à l'échelle de la planète. Pour autant, est-on obligé d'être favorable à l'Eglise universelle ou au capitalisme universel ?
En réalité, un bon grammairien vous dirait que l'universalisme est d'abord une figure de style : une hyperbole. En effet, rien n'est universel, si ce n'est l'univers, mais en exagérant un peu, et même beaucoup, on peut évidemment se réclamer de l'universel. Or, en réalité, l'universalisme est une coquille vide. On peut y mettre tout et n'importe quoi. On peut y mettre la justice, la liberté, très bien ; mais on peut aussi y mettre le capitalisme ou le christianisme, choses que l'on peut soutenir, mais que l'on peut aussi critiquer.. Et à vrai dire, sans vouloir faire d'amalgame, il n'est pas de totalitarisme qui ne se réclame également de l'universel. Bref, se dire universaliste en soi, cela ne veut rien dire, si ce n'est la prétention de celui qui l'affirme. Je veux bien recevoir votre universalisme, à condition que vous me disiez précisément ce que vous y mettez.source : http://www.communautarisme.net/Louis-Georges-Tin,-porte-parole-du-CRAN-la-rhetorique-anti-communautaire-n-est-pas-contre-les-communautes,-elle-est_a710.html
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Par antoiniste le 26 Février 2009 à 16:13
Pour connaître l'homme il ne suffit pas de l'étudier individuellement, car l'homme est, par son essence, un être social, et, dans la société où tout s'agrandit par les communications réciproques, l'activité humaine prend des formes nouvelles, se produit sous de nouveaux aspects. Le but principal de cette activité est la formation de l'unité dont la famille est l'élément premier, et qui, croissant toujours, ne sera consommée que lorsqu'elle embrassera le genre humain dans sa vaste enceinte. Car la société se développe comme l'homme même, et en se développant elle obéit à la même impulsion, parcourt les mêmes phases, tend à la même fin.
F. Lamennais, Esquisse d'une philosophie,
Tome Premier, Préface, p.24
Pangnerre, Editeur, Paris, 1840
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Par antoiniste le 26 Février 2009 à 11:39La mort est un état de perfection, le seul à la portée d'un mortel.
E.M. Cioran, Ebauches de vertige
Folio - 2E, p.21
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Par antoiniste le 26 Février 2009 à 11:34CHARLOTTE 1
Ecrivons.
CHARLOTTE 2
Laeken, 1868, il ne répond pas.
Napoléon III, je vous hais.
CHARLOTTE 1
Non. Trop facile. Il faut réfléchir, questionner, s'interroger, se méfier de la haine.
Si on dit le contraire : Napoléon III, je vous aime, on comprend mieux. on comprend tout. Votre silence m'oblige à me voir autrement. Vous voulez me tester, me connaître ? C'est une épreuve, n'est-ce pas ? Un rite d'initiation.
CHARLOTTE 2
L'Histoire nous abandonne...
CHARLOTTE 1
Laissons-là nous aussi.
CHARLOTTE 2
Et entrons dans le Mythe.
CHARLOTTE 1
L'Histoire est trop petite, aveuglée par l'argent, par les hommes et par le profit, elle ne peut pas comprendre, le Mythe sait, et toujours il a su. Et puis, le Mythe n'a pas l'appât du gain.
Michèle Fabien, Charlotte
Editions Labor - Espace Nord, p.53
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Par antoiniste le 25 Février 2009 à 19:47Ce roman fait exploser la réalité quotidienne.
En mêlant ce qui existe péniblement au jour le jour et ce qui est impossible, il met à mal tous les principes. En allongeant, puis en rétrécissant le temps, en élargissant puis en compressant l'espace, il provoque un vertige qui trouble même les chiffres et les mots : en perturbant les repères et les normes, il impose une (in) certitude nouvelle et provisoire : "je change donc je suis". Mais qui est-il donc, cet employé ? Il n'arrête pas de se le demander, pendant l'énorme minute qui sépare dix heures cinq de six heures six.
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Par antoiniste le 24 Février 2009 à 18:22
Ma position concernant Dieu est celle d'un agnostique. Je suis convaincu qu'une impression vive de l'importance primaire des principes moraux [...] ne nécessite pas la présence d'un législateur, et surtout pas d'un législateur qui fonctionne sur la base d'un système de récompense et punition.
Lettre à M. Berkowitz, 25 octobre 1950, Einstein Archive 59-215
source : wikipedia
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Par antoiniste le 24 Février 2009 à 18:18
Le centre de l'image vous semble constituer un halo. En fait, le blanc y est le même que sur le reste de l'image.
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Par antoiniste le 24 Février 2009 à 17:20
Le nom personnel n'apparaît pas tout d'abord. L'importance du moi est telle et si omniprésente, qu'il peut demeurer un certain temps inexprimé.
L'enfant reconnaît très tôt son nom et réagit à l'appel de son nom. Mais souvent il possède déjà un vocabulaire d'un certain nombre de mots avant de se nommer soi-même. Il dit qu'il veut écrire, qu'il veut manger, sans se nommer à ce propos.
Le pronom personnel apparaît souvent en réponse à la question : "comment t'appelles-tu ?" Ou bien, quand il y a plusieurs enfants : "qui veut ceci ? qui aura cela ?" C'est aussi la question qui déclenche l'apparition du pronom personnel moi.
On dit parfois à tort que l'apparition du pronom personnel je ou moi marquait l'apparition de la conscience claire de soi ; et l'on sait que Fichte voulait dater la naissance spirituelle de son fils du jour où il avait dit je.
Il ne semble pas qu'il en soit ainsi. Le sentiment vif de soi ne manque pas à l'enfant. Ce qui est vrai, c'est que le mot moi apparaît assez tard et en général comme réponse affective. Je crois que chez l'enfant français le moi précède de beaucoup le je et précisément parce qu'il est plus personnel. Le je n'est qu'un outil grammatical.
Le maniement des pronoms est difficile et ne peut s'apprendre par simple répétition, comme les substantifs. Car les pronoms sont interchangeables ; tout le monde dit je en parlant, et le je n'est à personne, et le je qui parle devient le tu, quand on lui parle, ou le il, quand on parle de lui. Un effort d'attention et d'analyse est nécessaire (1). Stern a fait cette remarque que le nom propre généralement précède ; mais quand il s'agit d'enfants qui viennent après d'autres, le pronom personnel Ich apparaît souvent en même temps que le nom ; non pas comme instrument grammatical, mais sous la forme primitive et volontaire du moi. Quand la mère demande : "qui aura cela ?" les enfants répondent, avec une joyeuse émulation : Ich ! et les plus jeunes en apprennent ainsi l'usage.
*
* *
L'apprentissage de la langue maternelle semble se faire très aisément et parfaitement réussir. Et pourtant l'enfant lutte contre toute espèce de difficultés : difficultés sensorielles, motrices, intellectuelles. Il n'est pas inévitablement prédisposé au langage, et il est fort occupé, car il a tout à apprendre. Mais ce qu'il doit apprendre repose en grande partie sur le langage. L'enfant baigne, pour ainsi dire, dans le langage, qui est pour lui, la plupart du temps, une sollicitation de tous les instants. Ce ne sont pas seulement ses intérêts intellectuels, ce sont ses besoins personnels et sociaux qui se satisfont par le langage. La trame du langage recouvre la trame de la vie. Le mot paraît en même temps que l'émotion et que le fait. Toute la puissance de la vie passe dans le langage.
(1) Un enfant sourd-muet, étudié par Mlle Degand, Arch. de Psych., X, 1911, p.387, ne parvenait pas à employer le pronom je, pour se désigner, bien que certains des exercices scolaires eussent ce but ; il employait toujours son nom : Je O. être sage (je vais être sage) ; O. a j'ai un papa (j'ai un papa). Ce n'est que vers l'âge de douze ans (il parlait assez facilement dès sept ans) qu'il a nettement employé je, d'une façon spontanée.
Henri Delacroix, Le langage et la pensée, p.310 (1924)
source : gallica2
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Par antoiniste le 24 Février 2009 à 16:21
Vous vous connectez, et vous parlez de vos problèmes... un défouloir nécessaire.
Merci à Laure pour avoir passer l'info !
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Par antoiniste le 24 Février 2009 à 13:00
Réalisé par Marc Dozier et Jean-Marie Barrère
Avec Marc Dozier, Mudeya Kepanga et Polobi Palia
Produit par Yves Darondeau, Christophe Lioud et Emmanuel Priou pour Bonne Pioche avec la participation de CANAL+
Deux Papous plein d'humour et animés d'une curiosité insatiable quittent un matin leur village de Papouasie-Nouvelle-Guinée, direction la France. Commence alors l'exploration inversée.
Depuis les profondeurs du métro parisien jusqu'aux sommets enneigés des Alpes, ces voyageurs du bout du monde se retrouvent confrontés à d'autres réalités : le pouvoir, le travail, les femmes, le cochon... Décidément, chez les Français, ça ne tourne pas rond !source : www.canalplus.fr
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Par antoiniste le 23 Février 2009 à 15:52
1. Les couvre-chair (vêtements) du Papalagui, ses nombreux pagnes et nattes
2. Les coffres en pierre (immeubles), les fentes de pierre (rues), les îles de pierre (villes) et ce qu'il y a entre elles
3. le métal rond (pièces) et le papier lourd (billets)indigene
4. le Papalagui devient pauvre à cause du grand nombre de choses (abondance matériel)
5. Le Papalagui n'a pas le temps
6. Le Papalagui a appauvri Dieu
7. Le Papalagui est un magicien (science et technique)
8. La profession du Papalagui
9. Le lieu de la vie factice (cinéma) et les mille papiers (livres) du Papalagui
10. La maladie de penser sans cesse
11. L'obscurité du Papalagui
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Par antoiniste le 23 Février 2009 à 15:19
L'usage seulement fait la possession.
Je demande à ces gens de qui la passion
Est d'entasser toujours, mettre somme sur somme,
Quel avantage ils ont que n'ait pas un autre homme.
Diogène là-bas est aussi riche qu'eux,
Et l'avare ici-haut comme lui vit en gueux.
L'homme au trésor caché qu'Ésope nous propose,
Servira d'exemple à la chose.Ce malheureux attendait,
Pour jouir de son bien, une seconde vie;
Ne possédait pas l'or, mais l'or le possédait.
Il avait dans la terre une somme enfouie,
Son cœur avec, n'ayant autre déduit
Que d'y ruminer jour et nuit,
Et rendre sa chevance à lui-même sacrée.
Qu'il allât ou qu'il vînt, qu'il bût ou qu'il mangeât,
On l'eût pris de bien court, à moins qu'il ne songeât
A l'endroit où gisait cette somme enterrée.
Il y fit tant de tours qu'un fossoyeur le vit,
Se douta du dépôt, l'enleva sans rien dire.
Notre avare, un beau. jour, ne trouva que le nid.
Voilà mon homme aux pleurs: il gémit, il soupire,
Il se tourmente, il se déchire.
Un passant lui demande à quel sujet ses cris.
« C'est mon trésor que l'on m'a pris.
Votre trésor? où pris? - Tout joignant cette pierre. -
- Eh! sommes-nous en temps de guerre
Pour l'apporter si loin? N'eussiez-vous pas mieux fait
De le laisser chez vous en votre cabinet,
Que de le changer de demeure ?
Vous auriez pu sans peine y puiser à toute heure.
- A toute heure, bons Dieux! ne tient-il qu'à cela ?
L'argent vient-il comme il s'en va ?
Je n'y touchais jamais. - Dites-moi donc, de grâce,
Reprit l'autre, pourquoi vous vous affligez tant,
Puisque vous ne touchiez jamais à cet argent,
Mettez une pierre à la place,
Elle vous vaudra tout autant. »Jean de La Fontaine, Fable XX, Livre IV.
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