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Chers Frères,
La Fondatrice et Représentante du Culte Antoiniste en Hongrie, Soeur Nagy Holper Ildikó, a le bonheur d'annoncer la CONSÉCRATION du premier Temple Antoiniste en Hongrie, le dimanche 20 octobre 2024 à l'adresse suivante :
4501, Kemecse, Tancsics utca 8, Hongrie.
Le Culte Antoiniste a été reconnu officiellement le15 mars 2024 en Hongrie.
L'opération aura lieu avant 10 heures, à 10 heures et après 10 heures suivie de la lecture des « 10 Principes » et des « Dernières paroles du Père à ses adeptes ».
Deux lectures seront faites à 15 heures et 15 heures 30.
(Veuillez consulter la page: « antoanistavallas.com », à partir du 1er septembre pour de plus amples informations et l'itinéraire.)
Kemecse, le 28 juillet 2024 [signature de la desservante]
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Temple Antoiniste en Hongrie - Sœur Nagy Holper Ildikó
(source : antoanistavallas.com)
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Temple Antoiniste en Hongrie - Construction en 2024
(source : antoanistavallas.com)
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KINYILATKOZTATÁS
A LELKIISMERET DICSFÉNYÉRŐLEgyetlen orvosság gyógyíthatja meg az emberiséget: A HIT ; a szeretet a hitből születik: szeretet, mely ellenségeinkben Magát Istent mutatja meg nekünk; nem szeretni ellenségeinket azt jelenti: nem szeretni Istent; mert az ellenségeink iránt érzett szeretet tesz minket méltóvá az Ő szolgálatára; ez az egyetlen szeretet, mellyel igazán szeretünk, mert Ő tiszta és igaz.
source : https://antoanistavallas.com/
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Par antoiniste dans Retinne (1968) - [ASBL Les Disciples de Père et Mère Antoine](ouvert) le 13 Août 2024 à 14:55
RETINNE - Culte Antoiniste - Tympan du temple
exceptionnellement sans l'année de sa consécration
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Michel Meeus indique (p.32-33) que : Au sud de Liège, Florzé-Rouvreux, dans le doyenné de Sprimont, comptait deux familles antoinistes, ce qui représentait 0,5 % des habitants. Ils gagnaient du terrain, car en 1925 le doyen signala qu'ils possédaient un nouveau local de réunion, situé entre Sprimont et Florzé. En 1927, les antoinistes étaient présents dans 60 % des paroisses avec un bon demi-pourcent des habitants de Beaufays et de Sougné, mais 7 % à Chanxhe, paroisse située à 2 km de Poulseur. Deux ans plus tard, ils se retrouvaient dans les trois quarts des paroisses avec 3 % à Poulseur.
Le doyen de Ferrières constata en 1929 que l'antoinisme faisait des progrès à Comblain-la-Tour et que le curé en était affecté.
Page 39-40, il continue : Des antoinistes résidaient dans le tiers des paroisses du doyenné de Sprimont. Ils organisaient une vive propagande au chef-lieu et possédaient un temple à Comblain-au-Pont et à Poulseur. Leur nombre peut être évalué à 2 % à Chanxhe, Esneux, Oneux et Poulseur. En 1933, le doyen estimait qu'ils étaient 2,7 % à Chanxhe ; 4,5 % à Poulseur en 1935 et 2 % en 1936.
Hamoir comptait peu d'antoinistes. Ils s'étaient établis à Vieuxville, mais ne faisaient pas de propagande. Deux d'entre eux y furent enterrés civilement en 1933 et un en 1938 à Comblain-la-Tour où leur proportion peut être évaluée à 0,5 % de la population en 1936-1937.
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Michel Meeus indique dans sa publication (p.39) que, dans les années 30, les antoinistes "ne connaissaient pas non plus de progrès dans le doyenné de Couthuin avec une présence dans 2 paroisses sur 11 et 1 % d'adhérents Lavoir, où une famille possédait un local à Moha avec quatre femmes portant le costume. Le doyen estimait que certains s'y rendaient plutôt par curiosité.
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La vie recommence et Robert Vivier retourne à ses études. Il obtient son doctorat en philologie romane. Il est reçu premier au concours des bourses universitaires, ex aequo avec son amie Marie Delcourt. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance du peintre Zenitta Tazieff. Il la rencontre dans une petite pen-sion de famille de Saint-Gilles car, m'a raconté Haroun Tazieff, « il était à cette époque aussi pauvre que nous ». Zenitta est Russe, elle est peintre, chimiste, philosophe. Elle est aussi fort belle, très intelligente, avec un goût explosif de la vie. Elle est la mère d'un fils de sept ans qui deviendra un volcanologue célèbre et est à cette époque un garçon turbulent, difficile à contenir. L'enfant apprécie et aime le beau et patient Robert Vivier autant que sa mère. Robert et Zenitta se marient et partent avec Haroun pour Paris où la nouvelle famille va vivre dans des appartements successifs mais toujours exigus pendant que Vivier réunit les matériaux de son mémoire sur L'Originalité de Baudelaire.
Esprit très vif, toujours en mouvement, Zenitta s'est beaucoup intéressée à l'œuvre de son mari. Elle l'a aidé à s'affirmer et à pousser ses œuvres vers une forme toujours plus exigeante et élaborée. Elle a traduit du Russe avec lui un roman d'Alexei Remizow et a collaboré aux traductions du Russe et du Polonais qui figurent dans Traditore.
Haroun Tazieff a écrit que Robert Vivier fut pour lui plus qu'un père et il lui a rendu ce bel hommage : « J'ai connu une fortune exceptionnelle : celle d'avoir été élevé par Robert Vivier. Cette fortune m'ouvrit au monde, à la beauté de la Terre... dès sept ans et jusqu'à l'âge d'homme je fus plongé dans un univers de poètes vrais, Baudelaire et Dante, Villon et Mallarmé, Rimbaud et Supervielle... » (p.39)Après la publication de Folle qui s'ennuie, Robert Vivier prépare celle d'un de ses plus importants recueils de poèmes : Au bord du temps qui paraîtra en 1936 aux célèbres Cahiers du Sud de Marseille. Il se consacre surtout à un livre qui va devenir son principal roman : Délivrez-nous du mal. Il porte un sous-titre : Antoine le guérisseur, indiquant ce qui a semblé à Vivier le plus significatif, le plus attachant dans le destin et l'extraordinaire personnalité du héros de son livre.
Ce Louis Antoine a eu une vie dure, au parcours inattendu et semé d'épreuves, qui appartient à l'histoire, à l'histoire populaire en tous cas, de notre pays. Il naît en 1846 dans un petit village, près de Liège, dans une famille de mineurs. Famille unie, nombreuse et très pauvre. A douze ans, quand il quitte l'école, son père lui achète une ceinture, une gourde en émaillé bleu et lui dit : Tu es grand maintenant, il est temps de descendre à la mine.
Pour le père et le fils, c'est une évidence. Il est donc mineur pendant quelques années avec son père et ses frères. Un jour la bougie de sa lampe s'éteint sans raison, il y voit un signe. Il quitte la mine et trouve une place de métallurgiste. Au tirage au sort, il tire un mauvais numéro et pendant trois ans, il est un soldat exemplaire. Au cours d'un rappel, il a le malheur, pendant un exercice, de tuer un de ses camarades d'un coup de feu. Il n'est pas responsable de cet accident qui le plonge dans le désespoir. Après des semaines de détresse, il obtiendra son congé et ne retrouvera la paix qu'en revoyant son pays natal.
« Dans le fond noir du vallon, écrit Vivier, des petites flammes d'un rouge sourd, comme des sœurs, mystérieuses, brûlaient à intervalles réguliers. C'était les cheminées du laminoir... On eût dit qu'une bête puissante était tapie là, qui bruissait et murmurait en rêve, entourée de ce fourrage de clartés. Plus loin, dans l'ombre plus noire, des petits morceaux d'une lumière moins vive étaient posés ça et là avec une douce exactitude. Là étaient les maisons des hommes. »
Il rencontre l'amour, il voudrait se marier mais s'aperçoit que devant aider ses parents qui vieillissent, il est bien trop pauvre pour cela. Il n'a aucun espoir d'améliorer son sort dans ce pays, qui est à ce moment le paradis du capitalisme mais pas celui des travailleurs. Louis Antoine est un homme entreprenant, il part pour l'Allemagne où il peut gagner un meilleur salaire. Il doit encore attendre longtemps avant de pouvoir se marier et emmener là-bas sa jeune femme. Plus tard, il l'emmènera jusqu'à Varsovie, dans l'empire russe d'alors, où il a obtenu une place de technicien. Il reviendra chez lui, après quelques années, ayant amassé un petit avoir qui lui permettra de s'acheter une maison et de travailler au pays. C'est à cette époque qu'il commence à ressentir un grand vide spirituel. Il lit beaucoup et devient membre d'un groupe spirite au sein duquel vont apparaître ses dons de guérisseur.
Une lourde épreuve s'abat sur les époux Antoine. Leur fils unique, qui a fait de bonnes études et est devenu employé aux chemins de fer, tombe malade. Les dons de guérisseur d'Antoine sont, à cause de sa propre anxiété, sans action sur les membres de sa famille. Les médecins se révèlent eux aussi impuissants et le jeune homme meurt. Ce deuil accentue chez Antoine l'intérêt et la compassion pour les souffrances physiques et morales des autres. Peu à peu les malades affluent chez lui et les guérisons se multiplient.
Robert Vivier décrit l'action du guérisseur comme un travail. Un travail qu'il exécute avec le même effort, la même conscience que lorsqu'il était mineur ou métallurgiste : « Dès qu'il apercevait un malade devant lui... il sentait la souffrance de cet homme, son embarras, sa misère. Il en était saisi... Il ne pouvait se dérober, il fallait qu'il se mit à vouloir la guérison de cet être... Il voulait agir, et à force de le vouloir il sentait, à un certain moment, qu'il le pouvait. Car vouloir est un travail... peut-être même est-ce le seul travail qui existe... Comme il était plus sain et plus robuste, comme l'expérience et l'épreuve lui avaient donné la faculté de se servir des fluides, il faisait profiter de tout cela le malade. » Il n'en aurait peut-être pas tant fait pour lui-même mais « la tâche qu'il avait à mener ne pouvait être menée à bien que par l'amour. » L'amour « n'est pas n'importe où pour chacun de nous... il est ici et non pas là, il a son terrain, son unique espace ». Et cet espace pour le guérisseur c'était « le pays natal qui est, disent ensemble Vivier et Antoine, le vrai monde et son éternité. »
Le temps me manque pour parler de toutes les choses justes et profondes que Robert Vivier, s'incorporant par la compréhension à la pensée mais surtout à l'expérience d'Antoine, nous dit sur le rapport intime de l'esprit et du corps qui reste le grand problème de la médecine et de toutes les formes de psychothérapie.
Permettez-moi encore une citation : « Le corps, dès qu'il est en danger, appelle à longs cris, s'accroche à l'âme avec la frénésie aveugle d'un homme qui se noie. Et alors l'âme s'alarme à son tour... elle est habituée au corps... Il faut qu'elle l'aide, qu'ils se sauvent ensemble pour que cette vie continue. Elle... cherche pour lui une espérance... c'est elle qui le conduit chez Antoine ». Antoine qui sait qu'il ne peut rien s'il est « seulement en présence du corps et si l'âme du patient ne participait pas à ces colloques, si elle ne les rejoignait pas pour collaborer avec eux ».
Dans ce beau livre, Robert Vivier nous montre ou plutôt nous fait participer à l'évolution mentale et spirituelle d'un homme très simple dont l'action a eu un retentissement considérable dans les milieux populaires de notre pays. Ne nous y trompons pas, le monde dans lequel Antoine évolue est composé de gens peu instruits au sens scolaire d'aujourd'hui, mais qui ont des traditions, une culture à eux et surtout une sévère expérience de la vie qui leur permet de bien juger à qui ils ont affaire. Ces gens lui ont fait confiance et Robert Vivier a su faire comme eux. Il décrit le phénomène étonnant de la naissance d'une vocation de guérisseur, de la réponse donnée à un vide spirituel et de la création d'une religion nouvelle sans dogmes ni rites dans les couches défavorisées d'une société industrielle. Il le fait sans aucun esprit de supériorité. Il va avec Antoine le guérisseur, il unit sa pensée et son travail d'écrivain à sa vie, il le fait voir dans ses grandes épreuves comme dans l'immense amitié du petit peuple qui l'entoure. Il n'est jamais celui qui survole son personnage et qui prétend l'expliquer ou en démonter les rouages intimes. Il se contente d'accompagner Antoine et de le relier sans cesse au pays où il a vécu et à ceux qu'il a tenté d'éclairer et de secourir. Cela va si loin qu'on a parfois l'impression que ce livre est écrit non par un écrivain, à sa table solitaire, mais par la mémoire collective du peuple qui a entouré et vécu avec Antoine. De là l'emploi, si fréquent et si significatif dans le récit, des pronoms « on » et « nous » qui évoquent l'écho de la rumeur confiante, cordiale et reconnaissante qui entourait le guérisseur.
Georges Sion a remarqué avec justesse que Délivrez-nous du mal est avant tout un roman amical. C'est sans doute ce sentiment d'amitié pour l'univers à la fois profond et naïf, je veux dire vraiment originel d'Antoine, qui soulève constamment le livre et emporte l'adhésion du lecteur. Robert Vivier ne s'y fait voir que par le style et le mouvement du récit. Il laisse toute la place à Louis Antoine et aux siens. Cet effacement même suscite entre les lignes, entre les pages, une apparition discrète et je pense que de tous ses ouvrages Délivrez-nous du mal est celui où s'exprime le mieux la personnalité et la pensée de Robert Vivier.
Bien que Délivrez-nous du mal raconte la vie d'un personnage réel, Vivier estime à juste titre que cet ouvrage n'est pas une biographie mais un roman. Si c'est la biographie de Louis Antoine qui forme le canevas du livre, c'est l'art du romancier qui restitue l'esprit de son héros, le poids ou la chaleur des événements et nous fait entrer dans le paysage en mouvement de sa vie.
Peut-être faut-il ici s'interroger sur les rapports du roman, de la biographie et de l'autobiographie. Le roman, surtout s'il est comme Délivrez-nous du mal fortement centré sur un personnage principal, comporte toujours une part de biographie. Celle-ci se nourrit dans une certaine mesure de l'autobiographie réelle, imaginaire ou fantasmatique du romancier. Cependant dès qu'un personnage accède à la plénitude de l'existence imaginaire il entraîne celui qu'on appelle, non sans équivoque, l'auteur, dans l'aventure d'une existence nouvelle qu'il doit partager avec lui. Le romancier ne sait pas tout ce que ses personnages ont vécu et pourrait dire, comme un de ceux de Françoise Sagan : « Je me demande ce que le passé nous réserve ».
Il ignore encore plus ce que ses personnages vont faire et qui va bien souvent le dérouter. Par contre il sent — plus qu'il ne sait ce qu'ils ne peuvent pas faire, ce qui ne serait pas dans leur vérité peu à peu élaborée en lui-même. Cette connaissance négative est son seul guide mais qui suffit s'il est capable d'intérioriser ces nouveaux vivants dont la charge lui a été confiée. Robert Vivier a su intérioriser Louis Antoine et les siens, les faire vivre dans le mouvement, dans l'invention de l'écriture. Ecriture que Claudine Gothot-Mersch, dans sa pénétrante lecture, a appelée si justement une écriture de la sympathie. Définition qui va loin tant dans la pénétration de l'œuvre que de l'homme que fut Robert Vivier.
On voit bien ce qui a pu passionner l'ancien fantassin des tranchées, le romancier toujours proche de la vie populaire et l'homme de cœur qu'était Vivier dans l'histoire et l'aventure intérieure d'un ouvrier du pays de Liège. On s'étonne pourtant de voir un homme aussi éloigné de toute idée de culte ou de religion organisée s'intéresser à ce point à un guérisseur qui va, à travers la guérison par l'esprit, devenir à la fin de sa vie le fondateur d'une religion nouvelle. Claudine Gothot-Mersch suggère que cet intérêt a été éveillé en lui par sa rencontre en classe de 3e à l'Athénée, avec un professeur, Monsieur Delcroix, disciple convaincu d'Antoine. Tout le monde n'a pas vu cet « illuminé méconnu » avec le regard plein de compréhension, de tendresse de Robert Vivier car Marcel Thiry, qui a eu lui aussi Monsieur Delcroix comme professeur deux ans plus tard, a gardé de lui un souvenir caricatural. « Je ne pouvais le revoir, dit-il, qu'avec les mêmes égaiements cruels qui furent à ses dépens ceux... (des) jeunes sots dont j'étais ».
Il est certain que Vivier a écrit Délivrez-nous du mal avec passion, les dates le révèlent. Commencé le 7 juin 1934, ce livre de 350 pages, qui a dû exiger un important travail de documentation, est terminé un an plus tard, le 25 juin 1935.
Il faut je crois accorder toute son importance à la dédicace du roman. Elle est faite :A ma femme
A qui je dois
les pensées et les sentiments de ce livreCette dédicace nous ramène à la riche et diverse personnalité de Zenitta Vivier. Dans Les défis et la chance, premier volume de ses mémoires, son fils Haroun Tazieff nous dit : « D'une mère qui avait participé à la révolution russe de 1905... j'avais reçu une éducation « de gauche » c'est-à-dire entièrement fondée sur les vieux rêves humanistes de justice. » Ces rêves sont précisément ceux qui inspirent la pensée et surtout la pratique d'Antoine. On peut supposer que Zenitta Vivier, comme la dédicace de Délivrez-nous du mal le donne à penser, s'est attachée autant que son mari à la personnalité simple, populaire et en même temps hors mesure d'Antoine le guérisseur. On peut en tout cas penser que le thème et les personnages de Délivrez-nous du mal les ont fortement concernés tous les deux. Ils ont dû beaucoup en parler entre eux et l'esprit perçant et passionné de Zenitta s'est uni heureusement dans ce livre à l'esprit de finesse et de compassion ainsi qu'au sens du style et du charme du récit de l'écrivain Robert Vivier.
Roman vrai, roman amical d'un homme et d'un peuple, Délivrez-nous du mal est aussi un livre de pensée. Louis Antoine, s'il a dû descendre à la mine à douze ans, est pourtant devenu un homme de réflexion et de pensée. Pensée des mains, du corps, de l'expérience et de la vie. Pensée qui évolue et se développe sous l'action de l'événement. C'est la mort de son fils qui le confirme dans sa vocation de guérisseur. Ce sont les guérisons qui font affluer les malades chez lui. Ce sont les procès, qui lui sont intentés en 1901 et 1907 pour exercice illégal de la médecine, qui le poussent, malgré son acquittement, à se tourner vers la seule guérison par l'esprit et peu à peu vers la fondation d'un culte.
Dans ce roman la voix de Vivier se mêle si intimement à celle d'Antoine que, parfois, il est malaisé de les distinguer. L'esprit de l'Evangile affleure souvent, chez l'un comme chez l'autre, par sa parole la plus simple, peut-être la plus difficile : « Ne jugez pas. » Vivier ne juge pas ses personnages, il sait qu'ils participent au « règne... de l'innocence végétale » comme le dit Marcel Thiry qui ajoute : « Leur courage à se remettre à vivre, à aimer est une espèce de sainteté. »
Ce mot de sainteté m'a frappé car je l'ai retrouvé dans la bouche de ceux qui ont connu Robert Vivier. Tous, à un moment ou l'autre de l'entretien, m'ont dit : c'était une sorte de saint laïc. J'en ai parlé à Haroun Tazieff, au cours d'un déjeuner où il nous avait conviés avec Vercors, ami de longue date de Vivier. Tazieff a semblé d'abord étonné de voir présenter ainsi quelqu'un qui lui a été si proche. Après avoir réfléchi, il a dit : « Par sa bienveillance universelle, sa simplicité, sa patience, oui, c'était une sorte de saint. Et laïc certainement car il était étranger à toute forme de religion. — Si c'était un saint laïc, a dit ma femme, c'était un vrai saint — Cela ne fait pas de doute, a conclu Vercors. (pp. 44-50)Discours de M. Henry BAUCHAU
in Réception de M. Henry Bauchau
Bulletin de l'Académie royale de langue et de littérature françaises (1991)
Séance publique du 25 mai 1991Source : www.arllfb.be/bulletin/bulletinsnumerises/bulletin_1991_lxix_01_02.pdf
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La mort du Père Antoine
(Episode de la vie d’Antoine le Guérisseur)Depuis février, le Père ne boit que de l'eau et dans toute la journée il ne mange qu'un petit morceau de pain. Sa vue commence à s'affaiblir. Ses jambes et ses pieds se gonflent.
La foule ne sait rien de ces choses. Elle a la vraie foi. Elle prend l'amour que lui donne le Père. Elle vient, elle s'en abreuve, elle ne soupçonne pas que ce bien puisse lui être retiré.
Mais les amis, mais les adeptes. Dans son livre de la Révélation, le Père avait cependant pris soin de les consoler par avance : « Ne vous préoccupe pas de ma mort, celui en qui vous avez foi existera toujours. » Mais c'est la pensée, cela, c'est la parole... On a beau se pénétrer de l'enseignement, comment faire taire en nous ce quelqu'un de terrestre qui s'alarme ? Sûrement, le Père ne blâme pas ceux qui inquiètent ainsi.
Quand il a cessé ses opérations particulières, voici deux ans, une angoisse a serré les cœurs : voulait-il de la sorte nous préparer à son départ ? Mais il a consacré le Temple avec des paroles si tranquilles qu'une grande et longue paix a coulé dans les âmes. Depuis, on s'est habitué à ce qu'il se retire loin de nous pour mieux écouler la vérité. Cependant, voici quelques mois qu'il paraît plus affaibli. Son corps s'use. Il semble de plus en plus que son esprit vivace en soit à peine recouvert. Plusieurs fois, Mère a dû le remplacer au Temple. A d'autres moments, on voyait bien quelle peine il avait pour amener jusqu'à nous sa frêle image matérielle. Cette image qui n'est rien, nous le savons, mais que l'habitude de l'amour nous a rendue chère, et dont notre cœur a besoin.
Certes, le sort du culte est assuré. Le Conseil d'Administration est là pour y veiller quoi qu'il arrive. Et les adeptes les plus proches du Père laissent entendre que bientôt le pouvoir de guérir sera transmis à des hommes ou à des femmes désignés. C'est une chose naturelle : le Père a tant fait pour tout le monde, il a gagné le droit de se reposer.
Ceux qui l'observent racontent qu'il ne sort plus guère de l'extase. Se retirera-t-il tout à fait dans la contemplation ? S'il devait en être ainsi, s'il ne nous était plus donné de le voir, tout de même on se sentirait rassuré à savoir qu'il vit, qu'il est près de nous, dans cette même illusion de la Terre. Certes, il n'est déjà plus entièrement des nôtres, il est au-dessus de nous, une autre atmosphère l'environne. Mais tant qu'il est là, parmi nos maisons, quelque chose de tranquille continue aussi d'habiter dans nos cœurs. Sans doute y avait-il un charme de ce genre sur la terre, au temps où vivaient les Saints dont on nous parle.
Quand une adepte est venue raconter qu'il ne pouvait plus supporter aucune chaussure, et qu'on devait lui mettre des sandales faites avec des planchettes et des cordes, plus d'un et d'une a senti se fendre son cœur.
Mais, à la fin de mai, on entend dire :
– Le Père se soigne, maintenant. Il a repris de la viande.
Une nouvelle plus étonnante circule :
– Il est sorti… Il a fait une promenade. C'est sur le conseil du docteur : il doit prendre l'air, il s'était trop affaibli.
Pourtant, depuis le procès de 1907, et à part ce jour de l'année dernière où il est allé à Verviers avec la Mère pour consacrer le temple de Stembert, jamais plus le Guérisseur n'avait franchi le seuil de sa maison. Il faut donc le croire, le Père veut vivre, il aimerait de rester encore près de nous.
En réalité, le Père ne s'était décidé à surmonter son éloignement pour la nourriture que sur les instances de Mère. Il avait entendu la plainte de son terrestre amour.
C'est pourquoi aussi, une fois ou deux, dans une auto de louage, le Père fit avec Mère une promenade sur les hauteurs, par la route qui traverse les bois, vers Neuville et Nandrin.
Le 8 de juin, ils partirent encore une fois de ce côté-là, accompagnés de deux adeptes, Nihoul et Deregnaucourt. Bientôt ils furent sur la hauteur. L'auto roulait lentement à travers les bois. Le ciel était gris.
C'étaient ces bois où il était passé souvent, où il était venu méditer pendant les années du spiritisme. Alors son œuvre ne lui apparaissait pas nettement, – il ne savait pas encore quelle sérénité l'attendait au delà de la région des épreuves.
Tandis que le moteur trépidait à petit bruit, Antoine laissait errer ses yeux sur l'horizon de la forêt.
Il ne s'émerveillait pas d'avancer dans une voiture sans cheval, ni de tout ce qu'il y avait de neuf dans le monde depuis les années de sa réclusion volontaire. Nihoul lui, parlait des aéroplanes, qui vont maintenant dans l'air comme les oiseaux. Mais il n'y avait guère là de quoi le troubler : il avait vécu dans les usines, lu les livres, il connaissait depuis longtemps de quelles ruses, laborieuses l'intelligence est capable. Qu'elle eût enrichi extraordinairement depuis quelques années son magasin d'illusions, qu'elle eût planté de nouveaux décors sur son théâtre de matière, c'était sans doute un événement nécessaire, en rapport avec le progrès bien plus étonnant que la conscience avait fait depuis la naissance du spiritisme et la révélation nouvelle dont lui, Antoine avait été l'humble et scrupuleux instrument.
– L'intelligence peut beaucoup, oui, répondait-il au frère Nihoul.
Et il s'enfonça dans son silence.
L'air était un peu lourd, comme il arrive au mois de juin, et le vieillard avait de la peine à respirer. Il demanda qu'on s'arrêtât. Les deux adeptes l'aidèrent à descendre, il but de l'eau d'une fontaine qui était là. Puis il s'assit sur un tronc d'arbre.
Comme on était tranquille, ici. Les chants des oiseaux, actifs, paisibles, intarissables, distillaient sans le blesser le silence du jour. Au sortir de son tuyau rouillé, le filet d'eau de la fontaine glougloutait doucement et s'apaisait dans un petit bassin sombre. Alentour, l'herbe était lustrée. Les arbres immobiles semblaient couverts depuis l'éternité par l'épaisseur de leurs feuilles. A leur pied se balançaient imperceptiblement, sur leurs hampes droites, des digitales blanches, mystérieuses.
« Nous baignons dans la vie ». Antoine se rappela ce mot de son Enseignement. Il leva les yeux vers le ciel vaste et gris, et subitement il sut qu'il allait mourir.
Mourir ?
Ne plus voir ceci : l'herbe et les feuilles, les nuages qui roulent et que l'on devine chargés d'eau. Ne plus entendre ces pépiements fidèles, ni le bruit humble du tuyau qui s'égoutte. Ne plus sensu l'odeur des feuilles, oublier à jamais l'air tiède, le vent. Mourir ? Tout, par ici, était si tranquille.
Il regarda Nihoul et Deregnaucourt. Leurs visages soucieux étaient connus, familiers. Ils n'auraient pas pu ne pas avoir ces visages. Ils étaient le dessin même de la vie.
Il eut le soupçon que rien ne peut être autrement qu'il n'est. Et ceci, non pas seulement dans l'idée de l'univers, dans ce grand rythme, mais dans le détail d'un nez un peu long, d'une épaule penchée, d'un bout de soulier légèrement usé qui écrase une herbe. Comment tout cela, une fois qu'il est, pourrait-il dire non et ne pas être ?... Sa pensée s'enfonça dans des impressions sans forme et sans nom, mais absolument connues qui vivaient en lui, Dieu sait dans quel repli secret, depuis la toute petite enfance, – impressions de feuilles, de ciel gris et d'oiseaux, et du temps qui passe sans bruit dans le jour d'été. Il vit aussi les visages de Tatène et de Martin, affectueusement penchés, comme ils étaient peut-être la première fois qu'il les avait vus sans le savoir. Le jardin du château de Mons fait plein de lilas au printemps, il y en avait un aux touffes d'un violet très sombre qui dépassait au-dessus de la grille. Sur la route de Flémalle une charrette de messager, avec une bâche blanche tendue sur des cerceaux, s'approchait lentement. A chaque cahot l'essieu criait. Cela venait depuis toujours, cela avait lieu avant le commencement de la vie. Il lui sembla qu'il retrouverait dans toutes ses vies, et jusqu'à la fin de l'éternité, ce cri intermittent de l'essieu. Tout ce que nous vivons est un rêve. Mais tout ce qu'il y a dans ce rêve est de notre vie éternelle.
Ses yeux revenaient à Nihoul, à Deregnaucourt. Il n'osa regarder Catherine. Il la sentait derrière lui, debout et silencieuse. Soudain il fut pris d'une rude tendresse pour tout ce qui est d'une certaine façon, autour de nous, attaché à notre vie. C'est éternel, cela reviendra toujours, et c'est irrémédiablement fragile. Peut-être n'y a-t-il rien d'autre que quelques figures à qui l'on dit adieu à tous les moments de son éternité.
Ses jambes étaient lasses. Toute la force de son être s'écoulait doucement, intarissablement, le long de son corps, et ruisselait en silence vers la terre. Le fluide de vie me quitte, songea-t-il. Ceci n'était pas triste, mais infiniment doux. Ce corps, par qui il avait été porté dans tant d'endroits, lui chuchotait son adieu. La vie qu'il avait vécue sous ce ciel-ci, parmi les collines de la Hesbaye et du Condroz, et là-bas dans le fond, au pays immobile des fumées, se réconciliait en cette minute avec une plus grande Vie.
Il ferma les yeux, aspirant à l'évanouissement de sa matière. L'heure était venue. Le Dieu qui était en lui se détachait des entraves d'un temps, pris du désir de se confondre en Dieu. Depuis longtemps on l'appelait, de quelque part. La voix venait de très loin. A certains instants de sa vie, il l'avait déjà entendue. Quand les foules de l'espace avaient défilé le long de lui, invisibles, et quand il avait vu en esprit les foules des hommes s'accumuler et le suivre… Oui, cela avait d'abord été un rêve, ces foules et ces foules en marche avec lui – et ensuite c'était devenu réel, vivant, innombrable, et maintenant cela s'appelait son œuvre et sa vie, et c'était dans le passé. La voix l'appelait de nouveau, plus secrète que jamais. Cette fois elle venait de tout près, elle était déjà en lui.
– On ne craint rien quand on a la foi, dit-il à haute voix. Rien ne peut nous arriver si nous sommes dans le réel.
A ce moment, d'une façon inattendue, il frissonna de tout le corps
– Vous avez froid, Père, demanda Nihoul.
– Ce n'est rien répondit-il. L'humidité m'a saisi.
– Il y a du vent, dit la voix de Mère derrière lui. Le temps change. Si nous marchions un peu ?
Il tendit les bras en avant, et les deux adeptes l'aidèrent à se relever.
– Marchons un peu, dit-il en se tournant vers Mère. Et il sourit, Mère voulut sourire aussi : il l'aperçut bien, ce sourire, quoique le visage de Mère n'eut pas réussi à le former.
Avec peine, soutenu par les deux hommes, il marcha sur l'accotement herbeux, Mère suivait tristement.
Marcher... Le corps était là, toujours, continuait sa vieille besogne. Mais malaisément, ainsi qu'une machine trop usée. A force de donner la guérison à autrui, à force de jeûner pour mieux entendre la vérité qu'il voulait donner, il avait tué ce corps robuste, né pour vivre aussi longtemps que l'avaient fait les corps de Martin et de Tatène. A soixante-dix ans, songeait-il, Martin descendait gaillardement à la mine, c'était pour ainsi dire encore un jeune home. Lui, s'était arraché sa vie pour la donner à des millions d'hommes. Mais il ne regrettait rien : Ce qu'il avait fait, il avait eu raison de le faire. Et si c'était à recommencer… Qui sait ? Dans une nouvelle incarnation, un même sort l'attendait peut-être… Il le souhaita ardemment.
Vraiment, il n'avait gaspillé ni son temps ni ses forces sur la Terre. La Révélation qu'attendaient les hommes d'aujourd'hui, il la leur avait apportée. Et comment eût-il regretté son énergie disparue, s'il avait su faire d'elle une source de santé et de guérison pour tant de malheureux ?Il dut s'arrêter. Ses jambes ne le portaient plus. Il remonta dans l'auto, qui roula tout doucement, jusqu'à la lisière du bois. Là, se sentant mieux, il descendit de nouveau. Un champ de seigle avait des reflets argentés. Au bout on apercevait des maisons. Par là devaient habiter des gens qui étaient venus chez lui dans leurs jours de détresse, et qui étaient remontés par ce chemin avec plus de courage. Ce qu'il en avait guéri, des malades… Il se rappelait leurs yeux plaintifs, leurs voix monotones, celles des femmes surtout : la femme a toujours la même voix pour se plaindre. Qu'étaient devenus tous ces gens qu'il avait renvoyés plus contents dans les chemins de leurs vies ? Peut-être plusieurs d'entre eux étaient-ils morts depuis et les autres mourraient à leur tour, car la guérison que peut obtenir l'homme est provisoire. Mais il leur avait permis de continuer leur marche avec plus de courage. Et surtout, il leur avait appris l'amour, pour ce jour ou pour plus tard. Tout était bien. Il avait nourri le feu de la vie.
– Oh ! comme j'ai froid, gémit-il tout à coup.
Ils le regardèrent avec inquiétude, le temps était plutôt chaud et même un peu lourd, quoique gris. Pourtant Antoine grelotait tout entier. Ce froid était un froid du corps, car l'âme au contraire n'avait jamais été si tranquillement brûlante. Mais le corps s'alarmait. Ce froid le traversait si durement que les mots avaient jailli tout seuls, – la plainte du corps.
Il se mit à claquer des dents. Ils eurent beau le couvrir de tout ce qu'il y avait comme vêtements et couvertures dans l'auto.
– Je ne peux pas me réchauffer, répétait-il. Oh ! si je pouvais avoir du feu, un petit feu pour me réchauffer…
– Nous entrerons quelque part, dit Mère.
Et elle ordonna au conducteur de s'arrêter devant une auberge.
Nihoul descendit et demanda s'il n'y avait pas de feu dans la maison. L'aubergiste partit d'un gros rire :
– Du feu au mois de juin ?
Ils allèrent plus loin. Nulle part il n'y avait de feu. Et nulle part on ne voulait en allumer. Antoine grelottait de plus en plus. Recroquevillé sur lui-même, il semblait n'avoir plus de sang dans le corps. Catherine le regardait, la figure serrée, et elle essayait de lui réchauffer les mains avec les siennes.
– Ce ne sera qu'un frisson de fièvre, hasarda Deregnaucourt.
Il semblait étrange et terrible que quelqu'un eût si froid par ce jour de juin. Où trouver des gens qui auraient pitié, qui allumeraient du feu pour le Père ? Les adeptes étaient pleins d'amertume : le Père avait réchauffé tant de malheureux au brasier de sa charité, et voilà que les hommes lui refusaient ce misérable feu matériel qui se fait avec quelques brindilles. A lui qui était descendu sous la terre pour en extraire le charbon, l'on refusait ce peu de charbon qui pouvait rendre à son corps un suprême bien-être.
Lui, ce froid l'avertissait que son heure était venue : son corps l'expulsait comme un foyer inhabitable. Sans doute, quelque part, à ce moment-là même, ainsi qu'il l'avait enseigné, son imagination de la matière, tenace comme l'âme elle-même, lui préparait-elle à son insu un nouveau corps.
Au bout du village, dans un tout petit café, il n'y avait pas de feu non plus. Tandis que la voiture démarrait, la femme vint sur le seuil et les suivit des yeux avec un air de suprême méfiance.
– Ils n'aiment pas recevoir un malade, dit l'un des adeptes avec une voix qui excusait.
– Non, répondit l'autre.
Une violence l'anima :
– Ils savent qui nous sommes. C'est par méchanceté.
Il s'interrompit et rougit, car il s'était aperçu qu'il venait de voir le mal. Le Père parut ne pas s'être rendu compte de tout ceci.
– Si nous retournions à Jemeppe, proposa Mère.
– Non, non, dit Antoine avec une vivacité inattendue. Avançons plus loin. Il tendait la face en avant. Ses yeux avaient leur éclat métallique.
– Il faut que nous trouvions du feu quelque part.
Ils comprirent que ce qui le poussait, ce n'était plus le désir d’un feu matériel. Il voulait, dans ce coin de campagne, trouver une âme humaine en qui serait caché l'amour.
Et ils trouvèrent. Au hameau des Quatre-Bras, près de Nandrin, une femme qui tenait un café-restaurant les fit entrer avec de bonnes paroles, et alla chercher du bois et tout ce qu’il fallait pour faire le feu. Le Père s’était assis contre le poêle, et de tout son corps il aspirait la chaleur.
– Je me réchauffe, disait-il. C’est bon, je me réchauffe. Je reprends vie…
Tous trois comprenaient que le Père reprenait vie parce que dans un cœur humain il avait trouvé l’amour. Mais il ne dit aucune parole dans ce sens. Ce n’était pas un enseignement pour les autres qu’il était venu chercher ici, mais un signe, dont il avait besoin peut-être pour passer le pas qu’il devait passer.
Ils demeurèrent là une heure. Dans le cœur des compagnons du Père, il semblait que l’angoisse se fût reculée à quelque distance, écartée par ce feu de l’amour, et leur laissât cet instant de répit. Le conducteur était entré et s’était assis avec eux. La bonne femme se plaignait du temps, et parlait des affaires du village. Antoine pris la main de Catherine. Celle-ci fut heureuse de sentir qu'il n'avait plus froid. Antoine regarda sa femme, regarda ses amis fidèles. Tous sentirent le bonheur d’être encore un peu ensemble. Etre ensemble : comme c'est simple, la vie, l'amour.
Ayant remercié la femme, ils revinrent vers Jemeppe. La route descendait à travers les bois. A chaque tournant se rapprochaient la vallée et les usines. Rue Bois-de-Mont, pendant qu'on l'aidait à sortir de l'auto, Antoine vit encore une fois les petites maisons de la rue, toutes égales, qui s'apprêtaient à continuer leur via. La façade du Temple s'élevait un tout petit peu au-dessus.
Les jours suivants, les forces du Père déclinèrent. Cependant il sortait dans le jardinet, poussé par un irrésistible besoin du dehors, de l'espace : il regardait l'herbe, les roses, l'arbre aux feuilles vertes et luisantes. C'était juin, le mois où tout s'épanouit, le mois de la plénitude. En un tel mois, soixante-six années auparavant, il était venu monde. Maintenant, dans un endroit ignoré, il s'apprêtait à renaître. Des gens s’étaient aimés, qu’il ne connaissait pas et qui bientôt lui deviendraient chers. Ces gens attendaient dans la joie et l’espoir, – c’était la saison de l’espoir. Ici, tout finissait, malgré la saison, – tout finissait, malgré la saison, – tout avait fait son temps. Une rose s’effeuillait ici pour fleurir ailleurs. C’était un étrange mystère.
Toutes ces nuits, chaque fois qu’il put s'assoupir, il rêva de son enfance.
Les jours, il pensait à la société, au culte. Il corrigeait les épreuves de sa revue.
Le temps devint orageux. Le ciel s'ouvrait et se refermait, mais les orages n'éclataient pas. Des adeptes eurent des visions. Une femme raconta que le Père lui était apparu au milieu de la nuit.
Les fidèles se pressaient aux opérations. La faiblesse du Père était si visible que chacun craignait, s’il laissait passer ces jours, de ne jamais plus le revoir.
Le lundi 24, jour de la Saint-Jean, il fallut l’habiller et l'aider à se tenir debout. La sonnerie retentit... Il voulait aller encore auprès de ses malades. Ceux-ci le virent, terriblement pâle, s’encadrer dans la porte de la tribune. S’accrochant à la balustrade, il fit un pas en avant. Il n'avait voulu l’aide de personne. Chacun, le cœur serré, se demandait comment il pouvait se tenir debout. Finalement, la bouche entr'ouverte, il fit encore un pas. Il se tourna vers la foule.
Pour la dernière fois, Père se trouvait en face des malades. Tous surent à l’évidence que c'était la dernière fois. Se tenant d'une main à la balustrade, il leva l’autre avec une lenteur infinie et réussit à tendre vers les fidèles cette chose de chair qu'animait encore l’esprit. Ce fut un adieu vacillant, incertain, pathétique, un lambeau de vie qu’il s’arrachait pour la donner encore.
Des sanglots secouaient la foule. Beaucoup fermaient les yeux. De la masse, les fluides montaient vers le Père. Aujourd'hui, c'étaient les fidèles qui tentaient, par un effort suprême, de prolonger sa vie à lui.
Ce fut dans la nuit suivante que Père sortit de cette incarnation.Robert VIVIER.
Le Père reprenait vie parce que, dans un cœur humain, il avait retrouvé l’amour.
(Dessin Stobbaerts Marcel)
(cf. https://www.facebook.com/groups/culteantoiniste/permalink/10164613808339619/)Cassandre, 18 janvier 1936
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Repos de Père : Photo avec cet intitulé.
On peut supposer qu'il s'agit de l'endroit où le Père s'est reposé lors de sa dernière sortie appelée voyage aux Quatre-Bras. Peut-être que certains reconnaîtrons l'endroit malgré qu'il s'agit d'une photo d'époque.Orig.: Archives Temple de Retinne
Le Cortège vers la Source du Père Antoine (ou la Fontaine) puis Quatre-Bras partait de la Mare aux joncs (Avenue du Ban, face à l'Avenue des Joncs), dans le bois de Seraing (à Neupré). Les Antoinistes y mangeaient leurs tartines, le 25 juin.
Ce qui est désigné ici par le "Repos du Père" est ce qui est devenu le parking maintenant et une grande piste cyclable est en train de naitre, en face de la Source. On voit ici le chemin en direction opposée de la source où le Père s'est reposé après quelques pas et de reprendre la voiture.
Souvenirs de Frère Pierre DockImage satellite Google
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Avis envoyé du temps de Mère à tous les Temples et Salles de lecture à l'occasion du 25 juin (date de la désincarnation du Père)
On pourra remarquer qu'après l' Opération Générale par Mère, un cortège est organisé, suivi de la visite des appartements du Père. L'après-midi voyage à 4 Bras.
Toutes les modalités relatives à l'organisation de cette journée y figurent. Celles-ci sont précises et détaillées (bien nécessaires vu la foule qui sera présente)
Cet avis devait être affiché dans tous les Temples et Salles de lecture
Orig.: Archives Temple de Retinne
D'après les informations du texte, on peut situer cet avis écrit entre 1923 (date à laquelle la Rue du Bois-de-Mont change en rue Alfred Smeets) et 1930 (date à laquelle Père Antoine et remplacé par Père simplement).
Texte de l'avis :
En souvenir du Père, les temples de Belgique et les salles sont fermés pour l'Anniversaire du Père Antoine, le 25 juin.
Mère fait l'Opération générale au nom du Père à 10 heures au Temple de Jemeppe-sur-Meuse, puis cortège et visite des appartements du Père.
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Voyage à Quatre-Bras
La dernière sortie au Père avant sa désincarnation.
Arrivé dans le bois, à la fontaine, le Père s'est arrêté pour boire ; un peu plus loin, fonds du bois : Il s'est arrêté pour manger ; arrivé aux Quatre-Bras, Il s'est reposé.
Voilà pourquoi nous faisons ce voyage le 25 juin.
Celui qui désire en retirer un bon fruit le fera dans le recueillement en souvenir des dernières sorties du Père.
Voulez-vous afficher à l'Entrée de votre salle l'inscription jointe.
Voilà quelques indications complémentaires :
Le 25 juin, on entrera au temple par la rue des Tomballes. La sortie se fera par la rue Alfred Smeets.
S'il n'y a pas trop de monde, Mère fera les opérations dans le temple.
Sinon, Mère fera la 2e opération sur le seuil.
Après les opérations, formation du cortège. Les 3 emblèmes en tête, puis la petite pancarte (Le Père Antoine, le Grand Guérisseur), ensuite l'Esprit consolateur, enfin Mère et un adepte. Puis le public et les adeptes costumés sur les côtés : les adeptes hommes à droite et les Soeurs à gauche.
En rentrant du Cortège, on passe dans la Maison du Père.
Les mariages et les baptêmes se font après la première Opération.
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Le voyage pour les Quatre-Bras se fera l'après-midi. Départ vers 1h ou 1h 1/2.
Indiqués à nos voitures de ne jamais dépasser l'automobile qui portera le délégué de Mère. On peut se faire inscrire à son temple à partir du 1er juin.
(Les temples rapprochés de Jemeppe peuvent chercher à assurer eux-mêmes le transport des adeptes qui s'adressent à eux, en vue de s'unir au départ).
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Fascicule d'environ 75 pages destiné aux jeunes.
La Révélation est présentée sous forme de dialogue en langage simple entre un grand-père et son petit-fils. Je ne sais combien de fascicules sont parus.
Orig.: Archives Temple de Retinne
Sur l'échelle du progrès (Archives du Temple de Retinne)
Richard Seiwerath indique l'auteur du fascicule Sur l'échelle ... du progrès comme étant frère Robert Mivarlet (sic) et datant de 1987. Frère Marc précise que "Nivarlet a créé une salle de lecture à Bressoux qui dépendait du Temple de Retinne. Mais l'appui matériel lui a été retiré suite à une conduite inappropriée d'ordre purement privé. Je pense qu'il a été Président du Conseil du Culte à une certaine époque. Il est aussi passé par le Temple Hors Château."
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Fascicule de 150 pages relatif à la Révélation (Archives du Temple de Retinne)
Je me trompe peut-être. Cela ressemble fortement à des brochures vendues, fin des années 1980, au Temple du Quai des Ardennes (table des matières, format, couleur de couverture...). Le Frère BODSON qui tenait ce temple à l'époque me disait les avoir rédigés ?????!!!!!!!!! Si c'est ceux-là, je m'étonne car le Frère BODSON n'était pas en bonne entente avec RETINNE ni avec JEMEPPE non plus !
Frère Pierre Beaujean
On aurait pu penser que le texte est de Sœur Ghislaine Dumont, dernière représentante du père en Belgique, du Temple de Jemeppe, ce qui semble peu probable comme l'indique les Frères Marc et Pierre.
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Trait d'union : autre revue mensuelle éditée par le Temple du Quai des Ardennes dont le Frère Bodson a été desservant. On y parle de la Révélation, de pensées à méditer, etc...Dans ce numéro il est mention du premier voyage moral organisé à partir du Temple du Quai des Ardennes vers les Temples de La Louvière (accueil par le Frère Bruno Baroni) et de Caudry (accueil par le Frère Béton). Il y avait 50 participants.
On y parle aussi de l'organisation d'un voyage à l'occasion de la consécration prochaine du Temple de Conflans, ce qui permet de dater ce mensuel : année 1984.
Toujours cette volonté d'anonymat (comme pour le livre L'Ombre du Réel), l'introduction est signée T.U. pour Trait d'Union.Orig.: Archives Temple de Retinne
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Alors perdu est le mot, enfin, accroché à la colline dans un charmant village resté très rural, a mi chemin entre Liège et Namur, l'absence de grands axes routiers (avant l'autoroute de Wallonie) avait laissé ces villages dans leurs jus.
Berceau de ma famille paternelle.
A cet époque les deux tiers du village, pour ne pas dire les 3 quarts, sont catholiques et ne ratent pas la messe du dimanche et la neuvaine annuelle, le quart restant va à l'église pour le qu'en-dira-t-on et pour ne pas déplaire au chatelain, M. Colinet, propriétaire de pères en fils des grandes carrières aux alentours, du four à chaux et de la moitié des maisons du village, subventionnant les études secondaires des élèves des écoles chrétiennes du village, reconnu aptes, même de milieu modeste et, il faut être de bon comptes, il a nourri tous les enfants du village pendant la seconde guerre mondiale.
Bref, un Temple Antoiniste et une maison du Peuple ont réussi à s'incruster, la maison de Peuple avec succès, les Antoinistes plutôt mis en marge de commune, un peu vu comme des sorciers (ils sont pas catholiques ces gens-là
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Sr Jeannin - Pré-St-Gervais 1970
(Archives du Temple de Retinne)Le frère Albert Jeannin se marie avec Yvonne Eugénie Marie Vachter à Bruxelles (dont elle est originaire) le 18 mars 1924, à leur retour de Jemeppe où leur deux enfants naitront.
Régis Dericquebourg (p.56) nous informe encore : L'attente d'un retour ne s'est probablement pas limitée au Père. Nous pouvons lire dans une lettre d'un adepte à Sœur Jeannin (1973) "que bientôt les anciens adeptes vont se réincarner pour redonner un second souffle à l'expansion du Culte". Pour être honnête, il faut dire que l'auteur de ces lignes nous a confié qu'il ne fallait pas prendre cette phrase à la lettre. Néanmoins l'idée est présente.
Régis Dericquebourg ne nous dit donc pas comment Sœur Jeannin a reçu cette pensée.Sœur Jeannin se désincarne le 19 décembre 1973.
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