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jemeppe

Augmentation de la population dans la région de Liège

Publié le par antoiniste

    La Meuse et ses deux principaux affluents dans la province de Liège, l'Ourthe et la Vesdre, séparent quatre régions agricoles nettement distinctes : la Hesbaye, l'Ardenne, le Condroz et le pays de Herve.
    La Hesbaye, avec ses vastes champs de blé, de betteraves, de trèfles et de pommes de terre, occupe toute la rive gauche de la Meuse ; elle fait partie de la région limoneuse, que nous avons déjà rencontrée dans le Limbourg, le Brabant, le Hainaut et les Flandres.
    L'Ardenne, pays du seigle et de l'avoine, des forêts et des hautes fagnes, s'étend au sud-ouest, depuis l'Ourthe et la Vesdre jusqu'à la frontière prussienne et se prolonge dans presque toute la province du Luxembourg.
    Le Condroz, aux fermes massives et aux châteaux nombreux, forme la transition entre les deux régions précédentes : « L'Ardenne est au Condroz comme le Condroz est à la Hesbaye » (Thomassin,Mémoire statistique sur le département de l'Ourthe. Liège, 1819, p.4). Cette région comprend les plateaux situés entre la Meuse et l'Ourthe; elle se continue, avec des caractères plus tranchés, dans la province de Namur.
    Enfin le pays de Hervé couvre de ses pâtures, d'herbe fine et drue, divisées en une multitude de petits clos, tout le nord-est de la province.
    Au point de jonction de ces quatre zones, dans le magnifique bassin que forme le confluent des trois rivières, s'étale la ville de Liège, entourée de sa grande agglomération industrielle, dont les ramifications remontent la vallée de la Vesdre jusqu'à Verviers, la vallée de la Meuse jusqu'à Namur.
    L'importance de cette agglomération a considérablement augmenté depuis un siècle.
    En 1811, à l'époque où Thomassin décrivait, en un précieux mémoire, l'agriculture et l'industrie du département de l'Ourthe, Liège n'avait pas 50.000 habitants ; les houillères de la province n'employaient que 7.000 ouvriers. Elles en occupent, aujourd'hui, quatre fois plus (28.017 en 1890); les autres industries ont pris le même essor; les villages qui se trouvaient autour du chef-lieu se sont rejoints et ne forment plus avec lui qu'une seule ville.
   On jugera des progrès de leur population par le tableau suivant :

COMMUNES 1811 1896

Liège

48.520

165.401
Angleur 944 7.658
Chênée 1.319 8.198
Grivegnée
2.176
10.358
Herstal
5.304
16.668
Jemeppe
1.750 9.632
Ougrée
1.053
11.670
Saint-Nicolas 1.149 7.632
Seraing
1.955
36.873
Tilleur
518 6.570

TOTAUX

64.688

280.673

    Ainsi donc, en tenant compte seulement des plus importantes communes, la population de Liège et de sa banlieue a plus que quadruplé depuis la révolution industrielle. D'autre part, la population totale de la province, qui était de 375.030 habitants en 1831, s'est élevée à 817.473 habitants en 1896, soit une augmenlalion de 111,98 %.
    Ce développement considérable des agglomérations urbaines a exercé sur la répartition de la propriété la même influence que dans les provinces d'Anvers et de Brabant.

Émile Vandervelde, La Propriété foncière en Belgique (1900)
Source : Gallica

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Julien Musin, second Représentant du Père en 1925

Publié le par antoiniste

    Un Unitif de 1914 nous indique qu'une Lecture de l'Enseignement a lieu à Awans le dimanche à 10h chez un M. Musin.

Julien Musin, second Représentant du Père en 1925

    Julien Musin, fait partie du Conseil d'administration en 1920, lors de la reconnaissance du culte. De nationalité belge, il résidait alors à Jemeppe.

       Un article du Petit Parisien du 26 juin 1924, renseigne que le frère Musin, accompagné de soeur Deregnaucourt, se rendit à Paris, pour célébrer pour la première fois l'anniversaire de la désincarnation du Père. Jusqu'à cette date cet célébration avait lieu à Jemeppe : "C'est le frère Musin qui présidait : pendant qu'il dardait sur la foule muette son regard magnétique, des mains jointes se mirent à trembler et beaucoup de regards se mouillèrent."
Le Petit Parisien du 26-06-1924 (Numéro 17285)


    En 1925, il est second Représentant du Père. A sa charge, il eût à consacrer le temple de Schaerbeek (Bruxelles), le 2 août. Et le 15 août, il répondit aux adeptes à propos du rite qui doit avoir lieu lors d'un enterrement.
Frère Jean-Marc Boffy, Historique du Culte Antoiniste.

Julien Musin, second Représentant du Père en 1925

Frère Julien Musin lors de l'Opération sur le seuil du temple de Schaerbeek pour son inauguration, le 2 août 1925,
(à moins qu'il s'agisse du frère Jeannin, mais on ne connaît pas de moustache).
La femme qu'on entraperçoit dans le coin en bas à droite est sœur Emma Deregnaucourt.
Le porte-arbre est peut-être le frère Delcroix (désincarnait l'année suivante)

 

Collaborateur direct du Père - Frère Musin (archives Temple de Retinne)

Collaborateur direct du Père - Frère Musin (Archives Temple de Retinne)

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Imprimerie de l'Auréole de la Conscience

Publié le par antoiniste

    Le bâtiment qui fut remplacé par le temple, rue Hors-Château, fut l'imprimerie de la revue mensuelle l'Auréole de la Conscience, publié d'avril 1907 à avril 1909.

   A la nouvelle doctrine il convenait de donner un organe qui pût la répandre au loin. Dès septembre 1906, Antoine annonçait la publication prochaine d'une revue. En avril 1907, paraissait, portant comme date "mai 1907", le premier numéro de la Revue Mensuelle de l'Enseignement du Nouveau Spiritualisme fondé par Antoine le Guérisseur. Séparés de ce titre par un double trait suivaient les mots : L'Auréole de la Conscience en caractères gras ; puis le texte que nous retrouvons inscrit dans tous les temples antoinistes : "Un seul remède peut guérir l'humanité : La Foi ; c'est de la foi que naît l'amour : l'amour qui nous montre dans nos ennemis Dieu lui-même ; ne pas aimer ses ennemis, c'est ne pas aimer Dieu ; car c'est l'amour que nous avons pour nos ennemis qui nous rend dignes de la servir ; c'est le seul amour qui nous fait vraiment aimer, parce qu'il est pur et de vérité". Ce texte est suivi de l'indication : "Base de l'Enseignement d'Antoine le Guérisseur", qui est reproduite jusqu'au numéro de mai 1908, inclusivement.
    En juin 1908, le titre fut modifié en Revue Mensuelle de l'Auréole de la Conscience. En juillet 1908, le titre devient Revue Mensuelle de la Révélation : L'Auréole de la Conscience. Il restera tel jusqu'à la fin de la revue.
    Le prix de l'abonnement annuel était de 2 francs pour la Belgique ; de 3 francs pour l'étranger, à envoyer par mandat postal à l'Administration, 17, rue Hors-Château, à Liège, où était imprimé ce périodique.
    La plupart des articles parus dans l'Auréole se retrouvent, revus et corrigés, dans la Révélation et le Couronnement de l'oeuvre révélée, livres sacrés des antoinistes.

Pierre Debouxhtay, Antoine le Guérisseur et l'Antoinisme, p.137-141


    Interpellés, [Pierre Dor, Mathieu Hoven et Marie Henrotay, sa femme] m'ont déclaré : "Nous sommes les disciples de M. Antoine le Guérisseur  ; il nous fournit ces brochures que nous vendons à dix centimes pièces ; avec cet argent nous pourvoyons à notre entretien et à nos frais ; nous remettons le reste, s'il y en a un à M. Deregnaucourt, imprimeur de la revue d'Antoine le Guérisseur, rue Hors-Château, 17, à Liège ; d'autres personnes, plus riches que nous, vendent aussi des brochures et ne retiennent aucun bénéfice pour leurs dépenses, ils versent la recette entière à M. Deregnaucourt.

Rapport du garde champêtre d'Esneux, canton de Louveigné, arrondissement de Liège Clément Requier, l'an 1907, du mois de juin, le 27e jour.
in Pierre Debouxhtay, Antoine le Guérisseur et l'Antoinisme, p.255

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Lettre du Père à soeur Vittard

Publié le par antoiniste

Mademoiselle Vittard,
   Je crois que vous feriez bien d'écrire un mot à votre soeur.
   Vous savez que tout mon enseignement démontre que l'épreuve est un grand mérite car ce n'est pas celui qui nous semblerait qu'il fait le mal qui en a, mais celui qui travaille à son amélioration.
   Donc que partout où nous voyons le mal, c'est un bien quand nous avons compris l'épreuve.
   C'est nous qui la faisons et elle fait notre bonheur si nous la prenons pour un bien et notre malheur de la prendre pour un mal.
    Mais je sais que Madame Kunz a un grand dévouement, elle sera rarement sans épreuve, qu'elle vienne de Pierre ou Paul.
   On nous la donne par le fluide que nous avons préparé par nos bonnes oeuvres, autant aimerions-nous ceux qui en sont l'instrument, autant d'autres fluides élaborons-nous pour en subir d'autres qui nous élèverons. nous disons : "Mon Dieu, que l'épreuve m'a été efficace. Combien elle m'a élevée. Suis-je encore digne d'en recevoir d'autres qui peuvent me faire autant de bien que celle que je viens de terminer." Nous en aurons mais espérons que par notre travail, nous en serons dignes. Que tantôt nous la recevrons avec autant de plaisir qu'autrefois nous en étions martyrs.
   Voilà, Mademoiselle Vittard, ce qui m'est inspiré pour votre lettre de ce matin et je vous l'informe avec autant de plaisir que j'en suis heureux moi-même qui doit le comprendre encore mieux que je ne le fais.
   Bien à vous.
                            Louis Antoine.

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Une visite à Jemeppe (L'Echo du Merveilleux, 15 mai 1913)

Publié le par antoiniste

Une visite à Jemeppe

   Que devient le temple de Jemeppe, privé d'Antoine le Guérisseur ? M. F. Crucy, dans l'Humanité, nous en donne des nouvelles.

   Nous avions parcouru, depuis le matin, la région industrielle qui s'étend entre Liège et Flémalle, sur la rive droite de la Meuse, et nous allions revenir sur nos pas, lorsque mon compagnon de route, Louis Piérard, rédacteur au journal de Bruxelles, Le Soir, me dit :
   — Savez-vous que nous sommes ici tout près du pays des « Antoinistes » ?... Vous avez bien entendu parler, de l'« Antoinisme », cette religion nouvelle dont l'apôtre, Antoine le Guérisseur, qui mourut l'an passé, fut suivi jusqu'à la fosse commune par un cortège de plus de quinze mille fidèles gémissant et pleurant ! Eh bien, tenez, c'est en face, sur l'autre rive du fleuve, à Jemeppe, que ce nouveau messie a bâti son église. Si nous allions la visiter ?
   J'acquiesçai. Trois amis se joignirent à nous et, trente minutes après, l'auto menée par l'un d'entre eux nous déposait devant le temple.
   C'est une maison neuve dont les fumées n'ont pas encore noirci la façade blanche. Aucun signe, aucun emblème extérieur ne désignent l'église. Ces mots seulement, en majuscules d'or : CULTE ANTOINISTE.
   Au bruit que fait l'auto, qui stoppe devant la  porte, une petite femme, toute vêtue de noir, apparaît sur le seuil et nous observe. Elle tient les bras croisés, la main droite coulée dans la manche gauche et la main gauche dans la manche droite, à la manière des religieuses. Elle ne porte ni coiffe ni bonnet ; elle a des cheveux grisonnants, rassemblés vaille que vaille, un visage un peu gras à peau plissée et jaune, et deux petits yeux qui ne nous quittent pas.
   Nous nous approchons et lui exprimons notre désir de visiter le temple. Alors, en s'effaçant :
   — Entrez ! dit-elle ; la maison du Père est ouverte.
   Nous sommes dans un vestibule carré. Au fond, une porte à deux battants rembourrés. Contre le mur de droite, un grand tableau sur lequel sont inscrits les noms des villes où l'« Antoinisme » a des églises. Il y en a plusieurs à Paris ; il y en a aussi à Vienne, à Pétersbourg, au Caire, en Amérique, même en Nouvelle-Zélande.
   — Vous êtes la Mère Antoine ? demande l'un de nous.
   — Je suis la guérisseuse du temple. La Mère se tient chez elle ; on ne là voit que le matin pour les « opérations » ; moi, je reçois les malades à toute heure.
   La « guérisseuse » ! Les « opérations » ! Loin de marquer des bornes à notre curiosité, elle l'excite.

***

   Elle se dirige vers la porte aux battants rembourrés ; elle l'ouvre et nous entrons dans le sanctuaire, dont les portes se renferment derrière nous. Les cinq voyageurs gardent le silence; mais la « guérisseuse »,les bras croisés et les mains dans ses manches, parlant un peu du nez, fait le cicérone...
   Nous nous tenons debout dans l'arrière partie de la salle. Devant nous, les chaises en rangs bien alignés. A la place d'autel, au fond, une tribune à laquelle on accède par un double escalier. C'est du haut de cette estrade que le Père enseignait et c'est là que, depuis la mort d'Antoine, la Mère, quittant chaque matin sa retraite, se montre aux fidèles pendant quelques instants.
   A droite de la porte d'entrée, un évier long au-dessus duquel trois robinets allongent leurs becs ; à trois clous correspondants, sont accrochés trois gobelets retenus au mur par des cordons. Et il y a encore cette inscription :

   Cette fontaine n'a d'autre destination que de désaltérer
   Ceux qui viennent dans ce Temple.
   En faire un autre usage est un manque de foi
   Qui porterait plutôt obstacle à la guérison.
   Votre foi en l'opération du Père seule
   Vous guérira.
                           LE CONSEIL.

   Nous entourons là guérisseuse et nous la pressons de questions sur l'art, le secret, les moyens de guérir. Et d'abord, comment le Père Antoine opérait-il ? Bras croisés, d'un bref mouvement de tête, elle montre la tribune :
   — Le Père, il donnait la bénédiction à tous les malades. La Mère fait la même chose.
   — Cela suffit ?
   — Si vous croyez au Père, oui... Il faut croire au Père... Vous pensez au Père : c'est comme un courant électrique que vous sentez... Moi, je ne crois qu'au Père. J'ai eu un dérangement d'estomac et j'ai été longtemps malade ; je suis venue ici et il m'a guérie... Et j'ai mon mari qui a eu une « pumonie » et qui à été guéri lui aussi...
   — Mais vous-même, lui dis-je, vous faites des guérisons ?
   — Tout le monde peut en faire ! répond-elle. Vous le pouvez, vous aussi : c'est un dévouement.
   A l'entendre, guérir se fait ainsi, sans qu'on sache comment. On peut guérir sans l'aide d'un intermédiaire :
   — Si vous avez une peine, murmure-t-elle sur un ton qui veut se faire persuasif, vous venez ici, vous pensez au Père et vous sentez tout de suite quelque chose qui vous dégage.
   — Le « courant électrique » ! murmure l'un de nous.
   — La Mère Antoine fait-elle des guérisons ? demande un autre.
   — La Mère Antoine fait comme faisait le Père ; mais elle ne parle pas. Elle vient le matin ; elle monte à la tribune ; elle étend la main et c'est fini... La Mère ne parle avec personne, sauf pour des questions morales.
   Nous exprimons le désir de voir la Mère. Elle nous fait dire que si nous revenons une autre fois, après avoir lu les enseignements du Père, elle nous parlera peut-être. Toutefois, la petite vieille en noir ramène avec elle une autre « sœur ».
   C'est une dame aux cheveux noirs, aux yeux très noirs, et qui nous livre tout d'un trait, l'histoire de sa vie et de sa conversion. Elle a « couru » le monde, dont elle connaît le fond et le tréfonds. (Ce disant, elle nous lance un regard qui semble dire : « Vous autres, hommes, vous m'entendez ! ») Bref, elle s'était retirée à Monte-Carlo. La maladie, plusieurs maladies l'accablaient. Jeune, elle eut longtemps des accès de somnambulisme. Un jour, « une comtesse » lui parla du Père Antoine, lui conseillant de l'aller voir :
   — Et je suis venue ici ! Et le Père m'a inspirée tout de suite et j'ai été guérie ! Depuis, je me suis vouée à l'Antoinisme !


   Tandis que mes compagnons entretiennent la « sœur » aux yeux noirs, au visage amaigri, qui a « couru le monde » et qui « connaît la vie », je parcours la brochure contenant l'enseignement du Père et les confessions de quelques adeptes notoires, je constate que tous ceux-ci sont venus ici pour y chercher d'abord la guérison de leurs diverses maladies.
   Et c'est la maladie qui semble avoir aidé l'apôtre lui même à découvrir sa voie :
   — La maladie, a-t-il raconté, m'avait tellement affaibli que, par moments, je ne savais plus si j'avais un corps ; mon esprit était devenu d'une sensibilité incroyable ; alors je palpais tous les fluides dans lesquels je puisais les pensées me diriger.
   — Vos convertis, dis-je à la « sœur », sont tous d'anciens malades !
   Ou des malades actuels. Une religion de malades, tel est l'effet assez juste que produit l'Antoinisme à notre confrère.

L'Écho du merveilleux, revue bimensuelle (directeur Gaston Mery), 15 mai 1913
source : Gallica

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Chez les Antoinistes (L'Echo du Merveilleux, 15 juillet 1913)

Publié le par antoiniste

Chez les Antoinistes

   A l'occasion de l'anniversaire de la mort d'Antoine le Guérisseur, des fêtes ont été célébrées à Jemeppe en Belgique. Mais « la mère » a vainement essayé d'obtenir des guérisons.
   Voici la correspondance que publie le Matin à ce sujet :

   Des fêtes antoinistes ont été célébrées hier à Jemeppe-sur-Meuse, en Belgique, à l'occasion de l'anniversaire de la mort d'Antoine.
   Il y a eu en effet un an mercredi dernier qu'est mort le visionnaire fameux dont le renom est considérable tant en Belgique qu'à l'étranger : Antoine le Guérisseur.
   Cet homme, à qui son regard fulgurant et sa barbe de fleuve donnaient l'aspect d'un des anciens prophètes d'Israël, exerçait sur la plupart des gens qui l'approchaient un ascendant extraordinaire.
   Il disait posséder la révélation de la vérité. Il passait pour opérer, par le seul pouvoir de sa volonté, des guérisons miraculeuses.
   De tous cotés, de pauvres gens s'adressaient à lui pour obtenir, par son intervention puissante et mystérieuse, la fin ou l'adoucissement de leurs maux. Et le culte antoiniste compta des adeptes un peu partout...
   Le 25 juin 1912, Antoine le Guérisseur mourait, ou plutôt, pour employer le vocabulaire des antoinistes, il se désincarnait.
   Mais l'antoinisme ne mourut pas avec Antoine, et le temple édifié à Jemeppe continue à être le centre d'un mouvement intense, centre où parviennent chaque jour sous forme d'un courrier formidable, les plaintes et les voeux de l'humanité malheureuse.
   C'est qu'Antoine avait pris une sage précaution pour assurer la pérennité de son oeuvre.
   Quand il fut sur le point de mourir, il fit savoir à ses disciples que sa femme lui succéderait, qu'elle pourrait s'assimiler à son fluide éthéré et il la chargea de recueillir et de lui transmettre les désirs des antoinistes.
   C'est en vertu de cette désignation que la veuve du guérisseur guérit à son tour, ou du moins s'y applique.
   Pour célébrer l'anniversaire de la désincarnation d'Antoine, celle qui fut sa femme conviait les antoinistes du monde entier à se rendre, mercredi dernier à Jemeppe-sur-Meuse : elle annonçait que les malades obtiendraient de grandes guérisons.
   Les antoinistes vinrent au nombre de plusieurs milliers. La Belgique, les Pays-Bas, certaines provinces du nord de la France fournirent le gros de cette armée singulière. Paris, qui compte quatre ou cinq groupes antoinistes, avait, pour sa part, envoyé environ cent cinquante pèlerins. L'empressement de tous ces pieux voyageurs était tel que plusieurs centaines d'entre eux, tout à leurs religieuses pensées, remirent, en arrivant à la gare de Jemeppe, leur ticket de retour en même temps que leur billet d'aller — ce qui détermina une belle confusion quand il fallut repartir.
   Tous aussi croyants — d'une foi qui leur fait non pas soulever des montagnes, mais passer des frontières, ce qui est déjà bien — les antoinistes ne sont pas tous également fervents.

L'UNIFORME ANTOINISTE

   Les plus zélés suivent les recommandations du père Antoine à la lettre. C'est ainsi qu'ils s'imposent le port d'un costume disgracieux, dont le guérisseur fixa la couleur et la coupe : c'est, en serge noire, un vêtement sans nom, qui réalise une manière de compromis entre la soutane des prêtres maronites et la redingote de certains pasteurs américains ; comme coiffure, Un « gibus » qui rappelle, avec moins d'ampleur, l'antique « bolivar », que nous pouvons voir, sur de vieilles gravures, couvrir le chef vénérable dé nos arrière-grands-pères.
   Dans cette foule, il ne se trouva qu'un « esprit fort », et il n'avait certes point lu le chapitre de La Bruyère : c'est un joli bambin d'une dizaine d'années ; ses parents l'avaient traîné à Jemeppe pour le faire guérir de je ne sais quelle affection nerveuse ; arrivé devant le temple du guérisseur, le moutard refusa énergiquement d'entrer, et il se mit à pousser des hurlements tels que son antoiniste de père dut renoncer à le soumettre aux « opérations ».
   Les «opérations » sont cependant moins effrayantes au temple antoiniste que dans les salles de nos hôtels-Dieu.
   C'est la Mère qui procède. La Mère, c'est la veuve d'Antoine, lequel n'est désigné par les antoinistes que sous le vocable de Père.
   Les fidèles se tassèrent dans le temple. Dans le silence qui précède les grands événements, ils attendirent, regardant devant eux une tribune étroite et longue, sur le bord de laquelle était peint — blanc sur fond noir — l'arbre de la vie, symbole de l'antoinisme. Devant la tribune principale, quelques mètres plus bas, une autre tribune, plus petite.
   Au bout d'une demi-heure d'attente, un grand diable barbu et chevelu, avec les yeux perdus qu'on prête aux nihilistes russes, apparut sur la tribune la moins élevée et reste là, sans mot dire, le regard dans le vide.
   — C'est notre frère Deregnaucourt, me dit-on.

VOICI LA MÈRE !
   Le frère Deregnaucourt attendit... Il est, dans la famille antoiniste, l'héritier présomptif. Je veux dire que, ainsi que la Mère a remplacé le Père, il remplacera la Mère le jour où celle-ci se désincarnera à son tour.
   Le frère Deregnaucourt attendit... L'assistance était haletante et recueillie. Seule, la béquille d'un infirme, en tombant sur le plancher, troubla un instant le silence.
   Mais soudain, on entendit le tintement aigrelet d'une sonnette. Tous les pèlerins se dressent, d'un seul élan ; C'est la Mère qui apparaît. Elle est sur la tribune. Toute blanche dans ses vêtements noirs, elle regarde vers le plafond, en se tordant les poignets... Avec un peu de bonne volonté, on peut retrouver dans l'expression de son visage l'air fatal et inspiré des anciennes sibylles... Cinq minutes, elle reste là, le regard fixe, les poings crispés... Puis elle s'en va... C'est fini. Les fidèles se retirent.
   C'est là l'opération annoncée. La mère dut la recommencer cinq fois devant 5 à 600 personnes.
   On avait aussi promis des guérisons. Mais c'est une autre affaire. J'ai vu sortir aussi claudicants les gens que j'avais vus entrer en boitant, et les rhumatisants ne m'ont pas paru plus alertes après l'opération qu'avant.  Ce sera sans doute pour plus tard.
   Après les opérations, les antoinistes ont fait un pieux pèlerinage à travers le jardinet où, tout en repiquant ses salades et en échenillant ses choux, le père Antoine sentit naître sa vocation de Christ nouveau.
   Les fêtes antoinistes ont recommencé hier. Les fidèles, en cortège, conduits par la mère et le frère Deregnaucourt, ont fait le parcours que fit, il y a un an, la dépouille funèbre du guérisseur, de la maison au cimetière.

   L'antoinisme, quoi qu'on en dise, régresse...
J. R.


L'Écho du merveilleux, revue bimensuelle (directeur Gaston Mery) - 15-07-1913
Source : Gallica

Reprend en gros l'article paru dans Le Matin le 30 juin 1913.

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Nihoul, Narcisse / Joseph

Publié le par antoiniste

Nihoul, Narcisse / Joseph

Illustration : avec Frère Joseph Nihoul qui joint les mains lors l'Opération de Mère devant le temple à Jemeppe.

   M. Nihoul n'avait jamais été très porté pour la religion. Cependant, lorsque sa femme, en rentrant de chez les Antoine, lui dit : "Savez-vous qu'ils prient, ces gens-là ?" cela lui fit impression. Lui qui ne priait jamais, il fut touché de penser que des gens, sans être catholiques, sans obligation d'aucun genre, se réunissaient pour prier. Lors de la séance suivante, il accompagna sa femme aux Quatre-Ruelles. Il devait devenir l'un des plus fidèles adeptes du Père. Combien de fois, trente ans plus tard, ne fit-il pas lui-même l'Opération au temple de Jemeppe...
Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.226

Lors du procès :
    Dans la salle au premier rang du public, s'étaient placés les adeptes : Debroux, Foccroule, Deregnaucourt, Hollange, Nihoul, et M. Delcroix, le professeur, avec son col blanc et sa jaquette noire, - tous les fidèles Vignerons (Pierre Dor manquait, - il avait abandonné Antoine pour suivre son propre chemin). Parmi eux étaient les femmes ; Mme Antoine, toute menue, toute grise, Mme Guillaume, Mmes Nihoul, Desart, Deregnaucourt, la femme Jeanfils.
        Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.266

   En 1910, Narcisse Nihoul fut membre du premier Conseil d'administration du culte.

   Sur la proposition du frère Nihoul, la société entreprit la publication d'une revue, où parurent au fur et à mesure les textes révélés. Cette revue qui s'appelait "L'Auréole de la Conscience", fut colportée par les adeptes, comme l'avait été naguère le livre de l'Enseignement.
Robert Vivier - Délivrez-nous du mal, p.310

   En 1911. Le frère Joseph Nihoul fut à l'origine du bulletin Antoiniste, l'Unitif. A cette occasion, en tant que président du conseil, il fit une annonce reproduite dans l'Historique du culte antoiniste.
   Pierre Debouxhtay pense qu'il est l'auteur du texte rappelant les phases thérapeutiques de Louis Antoine, dans cet Unitif, en juillet 1912 (Unitif 11, p.8, L'opération du Père, signé J.N.)

   Le 8 de juin [1912], ils partirent encore une fois de ce côté-là, accompagnées de deux adeptes, Nihoul et Deregnaucourt. Bientôt ils furent sur la hauteur...
Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.342 et suivantes

Nihoul, Narcisse et Joseph

signature de Narcisse sur son acte de mariage 18 avril 1888 à Seraing avec Henriette Demoulin. On précise que le mari et le père signe. Le Père est Louis-Joseph et signe L.J. Nihoul. J. Nihoul est donc la signature de Narcisse.


   Narcisse Nihoul fut président de l'administration du culte lors de sa reconnaissance légale en 1920.
   M. Nihoul, Narcisse, président, propriétaire, demeurant à Jemeppe-sur-Meuse, de nationalité belge. Sur son acte de mariage, il est indiqué comme maçon et sa femme comme ouvrière. Maurice Colinon indique que les Antoinistes de Belgique en 1951 sont "présidés par un jardinier de Jemmeppe" (sic).
   Après la désincarnation du Père ANTOINE, le problème de la prééminence du Temple de JEMEPPE continua à se poser. Le Temple de JEMEPPE resta longtemps le seul Temple où pouvait se faire l'Opération Générale. C'est ce qui fut rappelé à plusieurs reprise par le bulletin « L'Unitif » (avril 1913, novembre 1913, décembre 1913). Il était rappelé que l'action cultuelle par excellence était l'apanage exclusif du Premier Représentant du Père qui, lui, était unique.
   La situation se modifia seulement en 1930 (17 juin 1930). A cette date, Mère délégua ses pouvoirs à un coadjuteur (le Frère Narcisse NIHOUL). Celui-ci la remplaça à JEMEPPE, à la grande tribune, pour l'Opération Générale.

   En 1934, Joseph Nihoul, 70 ans, comptable, rue Mavis, à Montegnée est président du conseil d'administration du culte. Il écrit le règlement pour les temples, avec le frère L. Bormans. Et il sera également certainement responsable du temple de Montegnée, situé dans la même rue Mavis.

    Mère avait désigné Sœur Deregnaucourt comme successeure et avait demandé au frère Nihoul de l'aider dans cette lourde tâche vu sa santé précaire. Cependant Sœur Deregnaucourt se désincarnera avant Mère Antoine. C'est ainsi que le frère Nihoul sera pressenti comme son successeur.

   En 1940, il devient donc le Premier Représentant du Père à la désincarnation de Mère. A ce titre, il provoquera une révolution dans la pratique de l'antoinisme en Belgique :
   Frères et Soeurs,
 En vertu de ma nomination définitive de Premier Représentant du Père, j'aime à vous faire connaître, en plein accord avec le Conseil, les nouvelles dispositions arrêtées en séance du 4 novembre 1940.
 Je compte sur la bonne volonté des desservants pour m'aider dans la tâche ardue de ramener le Culte au bon fluide du Père.
 Je vous relate donc le plus fidèlement possible comme le Père procédait tant au point de vue des lectures et des offices que de la réception des malades. J'espère que nous serons tous d'accord et que nous aurons à coeur de suivre l'exemple du Père ; c'est le seul terrain d'entente qui puisse maintenir le fraternité et l'harmonie au sein du Culte.
                     J. Nihoul

    Suit, dans l'Historique du culte antoiniste du frère Boffy, les nouvelles règles, notamment la suppression des portraits et tableaux, et suppression de l'inscription murale "L'Enseignement du Père c'est l'Enseignement du Christ révélé à cette époque par la foi".
    Un Unitif, Numéro spécial sera à cette occasion publiée en juillet 1941.
    Régis Dericquebourg, signale que la tendance belge "fait penser à une sorte de 'protestantisme' à l'intérieur de l'antoinisme. Et il se demande si "la révision introduite après le décès de la 'Mère' ne constitue pas l'expression d'une crise de succession 'à retardement' (p.29). Benoît Narinx quant à lui y voit des réalités sociographique différentes, avec en Belgique, une population plus élevée socialement et recherchant des règles éthiques et d'une voie spirituelle (p.30).

    On retrouve sa signature sur les plans du temple de Schaerbeek :

Nihoul, Narcisse / Joseph

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Pierre Dor, le neveu prophète

Publié le par antoiniste

    La soeur de Louis Antoine, Marie-Josèphe, née le 10 janvier 1841, de 5 ans son aîné se marie avec un membre de la famille Dor en 1865. "Marie Josèphe alla porter [les tartes pour la communion de Louis] la veille au boulanger pour qu'il les mît cuire dans son four. En revenant elle s'attarda un peu. On l'avait vue, à la croisée des cinq chemins, qui causait avec le fils Dor." (Robert Vivier, p.26)
"Elle eut tout de suite un garçon, Pierre, et elle allaitait une petite fille" (Robert Vivier, p.39)

    Pour Robert Vivier, il était intelligent et apprenait si bien à l'école, comme Louis en son temps (p.104).
    Dans l'Enseignement (paru en 1905), Louis raconte : "Je continuai donc à me rendre à ces séances auxquelles prenait part trois demoiselles de la famille, bons médiums, qui vinrent par la suite à une réunion chez moi. Ma femme était très heureuse de m'accompagner à ces séances, de même qu'un neveu (cf. Robert Vivier, p.158) qui vit rapidement se développer sa faculté médianimique. Je parvins également à développer la mienne.
Pierre Debouxhtay, p.54-55

    A la seconde séance où il assista, Pierre Dor sentit une main légère le toucher alors que l'obscurité était complète. La main voltigea autour de lui, le frôla au front, à l'épaule, donna des petites tapes sur le dos de sa propre main. Pierre était hardi, il voulut attraper cette main au vol. Mais ce fut comme si la main s'était évaporée. Monsieur Ghaye reprocha au jeune Dor d'avoir lâché la table : ainsi la chaîne s'était rompue, et le fluide avait manqué à l'esprit.
    Antoine était frappé. Voilà que la faculté mystérieuse touchait un être de son sang. Et le pouvoir de Pierre Dor augmentait de semaine en semaine. Ce qu'il lui arriva de plus extraordinaire fut de voir une figure blanche, habillée comme une statue, traverser lentement la prière. Une des demoiselles aussi l'avait aperçue.
Jamais plus, malheureusement, les conditions ne furent aussi bonnes que ce jour-là.
    La médiumnité de Pierre Dor encouragea Antoine à essayer une séance aux Quatre-Ruelles. il invita les trois demoiselles, ainsi que Gony et Pierre Dor, et le menuisier Debroux, de Crotteux. Le jeune Louis (le fils des Antoine) assistait pour la première fois à une séance de ce genre. Tout se passa fort bien. Aussi Antoine décida-t-il d'organiser un groupe spirite.
Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.164-65.

Pierre Dor, le neveu prophète
Jemeppe - Rue de la Station (maison Delhaize à droite)

    Pierre Dor sera l'intermédiaire pour Louis Antoine de la Maison Delhaize, rue Grand-Vinâve à Jemeppe, à la fin de l'année 1900. Par cet intermédiaire, le Père achetait des flacons d'extrait de viande La Plata qu'il remettait ensuite aux malades qui le consultaient (Pierre Debouxhtay, p.76).
    La même année, Louis Antoine paya chez Dor Nicolas, cordonnier, rue du Pont, une paire de souliers pour 7 francs 50, afin de les remettre à Hollange. Il était alors infirme, et demeurant à Seraing, rue de la Vecquée, chez Noël Claes. Louis Antoine le soigna et le guéri : "il est devenu un croyant sincère et il vient me voir toutes les semaines" (Pierre Debouxhtay, p.76).

    Mme Kuntz, habitante du coin de la rue Bois-de-Mont et des Tomballes, vend sa maison au neveu de Louis Antoine, Pierre Dor, qui ouvre avec sa femme un café-restaurant. A droite, dans la rue Bois-de-Mont se situe la maison des Antoine.
    A l'automne 1900, les Antoine achète la maison à gauche du café, dans la rue des Tomballes, pour recevoir les malades. Et le 25 décembre, on inaugure la salle du guérisseur. Une gardienne fait entrée les souffrants un à un selon le jeton en zinc qui leur a été remis en entrant.
    En mars 1904, on ouvrit une porte dans la rue des Tomballes.
    En 1905, les Antoine font construire un temple à l'emplacement de la salle de réunions des Vignerons du Seigneur. Il reçoit jusqu'à 400 malades par jour.
    En 1906, on construit un bureau et une salle d'attente, et la grande salle, transformée, devient le temple.
d'après Robert Vivier, p.246

    Soeur Guillaume et Cécile Litienne firent la connaissance du Père par l'intermédiaire de Pierre Dor, en 1903. Le mari de Mme Guillaume, en faisant la traversé du Havre à New-York parla avec le neveu.
    "Nous avons pris une chambre chez Jean (certainement une erreur de prénom) Dor qui tenait commerce au coin. Au bout de quelques semaines, Maman allait très bien ; elle marchait partout où elle voulait, aller même monter la grande côte avenue Smeets.
    extrait de lettres dans Textes recopiés d'un document écrit prêté par le Frère Céleste LOBET

    Au risque d'être accusé de népotisme, Antoine avait loué la maison du coin de la rue des Tomballes à son neveu Pierre Dor (le futur Père Dor) : la femme de ce dernier y ouvrit un "café" où les visiteurs d'Antoine pouvaient se restaurer. Le commerce marcha si bien qu'après six années Mme Dor put acheter huit maisons d'une valeur de 18.500 francs; il lui restait encore 5.000 francs. (Renseignements donnés par le Père Dor, en tête de son livre Christ parle à nouveau [1913], p.10) (Pierre Debouxhtay, p.91).

    Dans la salle au premier rang du public, s'étaient placés les adeptes : Debroux, Foccroule, Deregnaucourt, Hollange, Nihoul, et M. Delcroix, le professeur, avec son col blanc et sa jaquette noire, - tous les fidèles Vignerons (Pierre Dor manquait, - il avait abandonné Antoine pour suivre son propre chemin). Parmi eux étaient les femmes ; Mme Antoine, toute menue, toute grise, Mme Guillaume, Mmes Nihoul, Desart, Deregnaucourt, la femme Jeanfils. On se montrait une dame qui était venue d'Amérique, - une dame fort riche et bien habillée -, et qu'Antoine avait guérie. Derrière, jusqu'au fond, se serrait la foule, foncée de vêtements, avec les taches claires des chemises (on étouffait de chaud malgré les fenêtres ouvertes), et sur le fond sombre, de haut en bas, en longues lignes, en longs chapelets pâles, des visages et des visages.
        Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.266

    Il n'était pas jusqu'à son neveu Pierre Dor, contre qui il ne parlait jamais : pourtant celui-ci avait fondé un culte, là-bas, dans le Hainaut, et laissait dire par ses disciples qu'Antoine de Jemeppe n'était que Jean-Baptiste et que lui il était le Christ.   
        Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.332

    Regis Dericqueboug cite un extrait de Le Christ parle à nouveau (Watermael, imrpimerie Paternotte, 1912)
1. Ne croyez plus en Dieu comme vous le comprenez car ce n'est guère ainsi que je vous l'ai révélé.
2. Il n'est ni un esprit, ni un être à prier comme vous le faites sans cesse croyant être exaucés.
3. Non ce c'est pas ainsi qu'il faut l'interpréter et non plus de cette façon que vous devez l'aimer.
4. Dieu est au coeur de l'homme, et vous le sentirez quand vous pratiquerez ce que j'ai enseigné.
5. D'aimer vos ennemis et de bien pardonner à ceux qui vous causent des peines et des contrariétés.
6. Si je parle à nouveau, c'est pour vous exhorter à changer d'un chemin qui peut vous égarer.
7. Car Dieu, vous ne priez que pour lui demander tous les biens de la terre, la fortune, la santé.
8. Tout cela non pour faire la charité et encore moins pour vous améliorer.
9. Mais seulement pour vous amuser dans vos vices, vos passions dites de bestialités.
10. Or de cette façon, vous vous écartez du chemin du bonheur que vous cherchez.
Régis Dericquebourg, Les Antoinistes, p.84-85

    Cet auteur y voit un "témoignage  d'un messianisme christique dans l'antoinisme naissant" (p.128)

    Né le 15 mai 1862 à Mons-Crotteux, il souffrit aussi d'une maladie mal définie, et à 38 ans un accident le força a abandonné son métier. Il tint ensuite le café-restaurant au coin du futur temple. Au bout de six ans, il acheta huit maisons qu'il loua. Puis il annonça qu'il était le vrai messie, et que Louis Antoine n'était que son Saint Jean-Baptiste. Après un essai à Grivegnée (banlieue de Liège), il revint à Jemeppe et colporta des publications de son oncle (Pierre Debouxhtay cite la déposition d'un garde-champêtre qui le rencontra pendant sa besogne, sur sa casquette avec une plaque portant "Antoine le Guérisseur", Louis Antoine le désapprouva et lui déclara qu'il n'était plus dans le fluide voulu). Pierre Debouxhtay voulait explorer la doctrine du neveu dans le second tome Antoine le Guérisseur et l'Antoinisme qui ne vit jamais le jour.
    Puis un adepte russe guéri lui propose de venir en Russie (Lioubimovsky-Любимовский et Taganrog-Таганрог). Là il eut une certaine notoriété comme guérisseur, puis fut inquiété par les autorités.
   Revenu en Wallonie, il s'installa à Jemeppe, puis à Roux-Wilbeauroux en août 1909. Après une première salle, il fonda un temple, l'Ecole morale qu'il dédicace en 1912. Puis il s'installa à Uccle. Régis Dericquebourg précise : "l'instruction de Pierre Dor ressemble à celle de son oncle mais il y ajoute une touche plus moralisatrice". (p.32)

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Frère Florian Deregnaucourt et Sœur Emma Deregnaucourt

Publié le par antoiniste

le Frère Florian Deregnaucourt et la Soeur Emma Deregnaucourt (née Crèvecoeur)

   Sur la proposition du frère Nihoul, la société entreprit la publication d'une revue, où parurent au fur et à mesure les textes révélés. Cette revue qui s'appelait "L'Auréole de la Conscience", fut colportée par les adeptes, comme l'avait été naguère le livre de l'Enseignement*. Au bout de deux ans, les textes publiés dans la revue devinrent la matière d'un nouveau volume, qui eut pour titre : "La Révélation d'Antoine le Généreux". Tel était le nom que désormais les disciples donnaient à leur maître. C'étaient les Deregnaucourt qui s'étaient occupés de l'impression de la revue du livre. Plus tard, ils achetèrent à Liège, rue Hors-Château, un immeuble où ils transportèrent leur imprimerie. Ils imprimèrent dans la suite les deux autres livres sacrés, le "Couronnement de l'Oeuvre révélée" et le "Développement de l'Enseignement".
    Robert Vivier - Délivrez-nous du mal
    Ed. Labor - Espace Nord, p.309-310

* L'imprimeur Massillon publia, sous le titre d'Enseignement, le recueil des entretiens de Jemeppe. Robert Vivier - Délivrez-nous du mal, Ed. Labor - Espace Nord, p.286

 

Photo issue du reportage de l'Excelsior du 2 juillet 1912 sur les funérailles du Père



    Les Deregnaucourt étaient des Français, qui habitaient, disait-on, dans un château près de la frontière. Des millionnaires, assuraient les gens. Ils étaient, en tout cas, d'une famille catholique ; et avaient même des parents dans les ordres. Attirés par la réputation du guérisseur, ils étaient venus à Jemeppe pour quelque maladie, et M.Deregnaucourt s'était senti bien soulagé. Ils en avaient été si reconnaissants, et il avaient si bien compris l'oeuvre de M.Antoine, qu'ils avaient tout abandonné là-bas pour s'installer à Jemeppe où ils consacraient leur temps et leur argent au travail moral et à la propagande des Vignerons. C'étaient eux aussi qui avaient fait construire cette imprimerie à côté du temple. Comme on les savait riches, on venait pleurer misère auprès d'eux, et ils donnaient toujours, - c'étaient des gens si charitables... Mme Deregnaucourt, une petit femme au visage ovale et aux grands yeux noirs très doux, se tenait silencieuse, et c'était inouï comme, rien qu'à la voir, on se sentait en paix.
    Robert Vivier - Délivrez-nous du mal
    Ed. Labor - Espace Nord, p.281-82

Un article du Matin précise que le Temple de Jemeppe fut construit par un don de 100.00 frcs fait par le frère Deregnaucourt, quand une autre source parle d'un don d'une personne non citée de 45.000 frcs.

Frère Florian Deregnaucourt et Soeur Emma Deregnaucourt

Régis Dericquebourg renseigne que c'est de Blandain dont ils étaient originaires, près de Tournai. Le Nord de la France est encore une des régions en France où le nom est le plus courant.

Le Courrier de l'Escaut, 9 octovre 1898 (source : Belgicapress)

 

  Me Marie-Emma-Louise-Joséphine Crèvecœur, sans profession, née à Orp-le-Grand le 4 juillet 1864, veuve de M. Jean-Florian Deregnaucourt, demeurant à Jemeppe-sur-Meuse, lit-on dans le Procès verbal de la Fondation d'Etablissement d'Utilité Publique, le 3 octobre 1922. Orp-le-Grand est en Belgique (dans le Brabant wallon).

    Sœur Deregnaucourt, grâce aux libéralités de laquelle trente temples antoinistes ont déjà pu être élevés en Belgique, lit-on dans Le Petit Parisien du 26/06/1924.


    Le Père disait à Sœur Deregnaucourt (au sujet de ses bijoux qu'elle avait vendu) : "vos vertus seront vos parures" et aussi "le plus grand obstacle à notre progrès, c'est la richesse". En voyant passer un riche attelage, "voilà les vrais pauvres" (pauvre de morale).

    Pour atteindre à des fluides plus éthérés, le Père fut inspiré en 1908 de ne plus répondre lui-même aux malades. Sa fille adoptive Jeanne, devint sa secrétaire ; puis vers 1910, ce fut le travail de sœur Deregnaucourt.
    Vers la fin de sa vie, le Père pleurait et disait à frère et sœur Deregnaucourt : "Vous ne m'abandonnez jamais", car de la part de certains adeptes, Il ne sentait plus guère que de la haine.
    extrait de Textes recopiés d'un document écrit prêté par le Frère Céleste LOBET

    Louis Antoine aurait eu la révélation de l'Arbre de la Science de la vue du mal pendant une nuit. Il l'aurait dessiné et il aurait demandé à l'adepte Deregnaucourt de le fabriquer au plus vite "avec ce qu'il avait de mieux".
Régis Dericquebourg, Les Antoinistes, p.87

 

Deregnaucourt (Excelsior 26 octobre 1913)F. Deregnaucourt, éditeur

 

 

 

 

 

    En 1910, Florian Deregnaucourt était le premier Président du Conseil d'Administration du Temple Antoiniste de Jemeppe-sur-Meuse. Il l'était encore en 1913. Il écrira avec la Sœur Desart, la biographie du Père que l'on retrouve au début de la Révélation (elle fut écrite dans l'Unitif n°1, qui sorti en septembre 1911).
    Il fut éditeur de l'Enseignement.
    A la fin de l'année 1910, le Père charge Mère et Frère Deregnaucourt de recevoir les souffrants qui le désirés individuellement. Florian Deregnaucourt se tenait également à la petite tribune pour l'Opération.

   "Antoine is now 65, and confines his healing to ceremonies in the church he has built. They are the simpliest services ever invented. They take place at 10A.M. on Monday, Tuesday, Wednesday, and Thursday - ther are none on Sunday.
    At 9 A.M. the congregation assembles and an adept, Mr. Deregnaucourt, who is the publisher of the sect's literature, takes his place at a desk under the raised platform. There is silence
till 9:30. Then he announces that "operations" will take place at certain hours on certain days.
    He continues sitting perfectly still, not a muscle moving and his watery blue eyes fixed straight before him in an unblinking stare, until the stroke of 10, when every one rises and the Parent One enters through a side door ans slowly walks up the steps to the rostrum, wearing a black cassock.
    Antoine faces the people for a full minute without moving, and then lifts his right hand toward the people and holds it extended for another minute, and that is all. He walks slowly out again. Those two minutes are the service. The "adept" remarks: "Every one whose faith is strong enough must be cured." The church empties silently."
The New York Times - Another new religion (December 25, 1910)

    Les Frères Deregnaucourt et Nihoul furent les personnes qui accompagnèrent le Père et la Mère lors de leur sortie vers l'actuelle source et le temple de Nandrin - Quatre-Bras.
    Mère avait désigné Sœur Deregnaucourt comme successeure et avait demandé au frère Nihoul de l'aider dans cette lourde tâche vu sa santé précaire. Le 17 juin 1930, Mère délégua ses pouvoirs à un coadjuteur (le Frère NIHOUL). Celui-ci la remplaça à Jemeppe, à la grande tribune, pour l'Opération Générale.

    A la mort du prophète "un peuple venu de partout remplissait le Temple. Une double rangée d'adeptes se tenaient debout aux deux côtés du catafalque.
    A dix heures, Mère vint faire l'Opération au nom du Père.
    Le frère Deregnaucourt occupait le petite tribune. Trois adeptes virent, au moment du plus profond recueillement, "le Père se fondre avec Mère et ne faire plus qu'un". A la fin de l'Opération, les dernières paroles du Père furent lues aux fidèles assemblés.
Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.351-52

    Puis le cortège se mit en marche.
    Précédé de l'emblème, qu'un adepte tenait haut levé au bout de son manche d'acier, et du groupe des enfants en costume antoiniste [...], le cercueil que cachait le drap funèbre s'avançait, porté sur les épaules de dix compagnons. Ensuite, venait, seul, le frère Deregnaucourt, le deuxième Guérisseur, représentant la Mère. Puis la famille.
Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.353

Collaborateurs directs du Père - Soeur Deregnaucourt (désincarnée le 29 octobre 1939)(Archives Temple de Retinne)Collaborateurs directs du Père - Frère Deregnaucourt (désincarné le 4 juin 1918)(Archives Temple de Retinne)

 

Collaborateurs directs du Père - Sœur Deregnaucourt (désincarnée le 29 octobre 1939)(Archives Temple de Retinne)

 

Collaborateurs directs du Père - Frère Deregnaucourt (désincarné le 4 juin 1918)(Archives Temple de Retinne)

 

 source : FaceBook


 

« Pour la remplacer dans le Temple, mère a désigné le frère DEREGNAUCOURT dont de dévouement ne s’est pas un instant démenti depuis le jour où il a commencé à pratiquer les Enseignements du Père » (Unitif d'août 1912).
    "Les « opérations » sont cependant moins effrayantes au temple antoiniste que dans les salles de nos hôtels-Dieu.
    "C'est la Mère qui procède. La Mère, c'est la veuve d'Antoine, lequel n'est désigné par les antoinistes que sous le vocable de Père.
    "Les fidèles se tassèrent dans le temple. Dans le silence qui précède les grands événements, ils attendirent, regardant devant eux une tribune étroite et longue, sur le bord de laquelle était peint — blanc sur fond noir — l'arbre de la vie, symbole de l'antoinisme. Devant la tribune principale, quelques mètres plus bas, une autre tribune, plus petite.
    "Au bout d'une demi-heure d'attente, un grand diable barbu et chevelu, avec les yeux perdus qu'on prête aux nihilistes russes, apparut sur la tribune la moins élevée et reste là, sans mot dire, le regard dans le vide.
    "— C'est notre frère Deregnaucourt, me dit-on."
Chez les Antoinistes, in L'Écho du merveilleux, 15-07-1913 (Gallica)

    Le Frère Florian accompagna Mère en 1913 pour les consécrations des Temples de la rue Vergniaud, à Paris et de Monaco. Le Frère Florian mourra peu de temps après (dans les Statuts du Culte de 1922, sa femme est déclarée Veuve Deregnaucourt). Dans Antoine de Jemeppe et l'Antoinisme, Hubert Bourguet indique cependant que "M. De Regnaucourt (sic) est  mort en juin 1918 (p.42).
"La "Mère", veuve du "Père" Antoine, a hérité des vertus curatives de son mari et continue son commerce, secondée par un homme chevelu et barbu qui s'est fait une tête de prophète. C'est le père. Il est chargé d'évangéliser les masses, car la "Mère" se contente de faire des gestes."
Après l'Opération, la Mère sort, "suivie du père qui, pendant cette consultation mystique, s'était immobilisé auprès de la chaire dans une attitude inspirée."
La Liberté, 27 octobre 1913 - Le Culte Antoiniste

    Le Temple de Liège, rue Hors-Château (consacré le 14 octobre 1917), a été construit par Florian Deregnaucourt, pour servir d'imprimerie, et ce fut Sœur Deregnaucourt, puis Sœur Louise (une des filles adoptives des Antoine) qui en furent les premières desservantes. (Historique du Culte Antoiniste).
    Il ne servit cependant jamais d'imprimerie, le Père ayant eut l'intuition d'installer l'imprimerie à Jemeppe (où elle se trouve toujours), la machine à imprimer de l'époque est partie dans un musée, après la modernisation des procédés d'impression.

    Lors de la reconnaissance du culte en 1920, la Sœur Deregnaucourt fait partie du conseil d'administration en tant que trésorière. En 1933, elle n'en fait plus partie.

    En 1924, elle accompagne le frère Musin pour la fête du Père à Paris, rue Vergniaud.

    Le 9 juin 1935, Sœur Deregnaucourt consacre le Temple d'Angleur. Pour la cérémonie, Sœur Deregnaucourt était coiffée du bonnet blanc de Mère. A cette époque, Mère décida de revêtir un bonnet blanc pour les événements marquants, "pour symboliser qu'elle avait atteint le fluide du Couronnement (Historique du Culte antoiniste). D'après les archives du Temple de Rétinne, cela lui causa une telle épreuve, qu'elle a dit : "Plus jamais !". Après 8 jours on a reconsacré le Temple avec Mère. Avec Mère, il y avait foule.

 

    En 1925, elle consacre le Temple de Schaerbeek, et en 1932, elle consacre le Temple de Valenciennes.

On connaît la date de décès du frère Florian (4 juin 1918) et de la sœur Deregnaucourt (désincarnée le 29 octobre 1939, alors qu'en 1938, puisqu'une carte postale indique qu'elle aurait consacré le temple reconstruit d'Écaussinnes).

Frère Florian Deregnaucourt et Soeur Emma Deregnaucourt

Signature Florian Deregnaucourt et Emma Crevecoeur (acte de mariage à Orp-le-Grand)

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Les Salles de lectures en même temps que le temple de Jemeppe

Publié le par antoiniste

    Pierre Debouxhtay nous renseigne sur les salles de lecture qui existaient dans les environs de Jemeppe, avant qu'elles ne soient fermées par Mère en 1932 : Flémalle-Grande (11 au grand Trixhe), Grâce-Berleur (23 rue sous l'Enclos), Hollogne-aux-Pierres (12 rue Grosses Pierres), Mons-Crotteux (chez P. Debroux en 1914, rue Méan vers 1922), Velroux (chez Henri Bovy), mais à Jemeppe même (167, rue Aripette)...

       De plus, les villes de Grâce-Berleur, Hollogne-aux-Pierres et Velroux votèrent un vœu de sympathie au collège communal en faveur de la reconnaissance légale du culte.

    On lit dans Michel Meeus p.30 : Dans la Haute-Meuse, les antoinistes sévissaient surtout à Jemeppe, le village de leur maison-mère, et ils réussissaient à faire des recrues un peu partout dans le bassin. Il y avait aussi des spirites. En 1923, le doyen de Seraing estima toutefois que le nombre d'antoinistes ne paraissait pas augmenter, au contraire. Ils s'étaient infiltrés dans les trois quarts des paroisses en 1929 et étaient nombreux à Bois-de-Mont et à Ougrée, peu à Flémalle-Haute, Lize Saint-Joseph, Plainevaux et Ruy. 1,5 % des habitants de La Troque étaient antoinistes et 0,5 % au Val Saint-Lambert.

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