•     Des métiers d'autrefois ont déjà disparu de la Flandre industrialisée. La chanson du Petit Quinquin, où tient toute la vieille misère des cités du Nord, est la chanson des dentellières de Lille. Où sont les dentellières aujourd'hui ? Pas une ne reste. La dentelle est faite par des hommes sur les métiers mécaniques de Calais et de Caudry. Mais on fait ailleurs qu'à Lille la dentelle à main. Tandis que la fine toile à l'épeule ne se fait que dans le Cambrésis. Si elle disparaît de là, elle disparaît du monde.
        Verrons-nous mourir le dernier tisseur qui travaillait une pièce de 350 grammes en 18 mètres de long et 30 centimètres de large ? Un bon ouvrier agile ne laissait cette merveille qu'un mois sur le métier, mais comme le plus grand nombre de tisseurs à l'épeule étaient vieux et que le fin fil manié dans l'ombre avait usé leurs yeux, ils mettaient souvent deux mois à tramer les 18 mètres de chaîne. La femme du tisseur enroulait le fil sur des fétus
    de paille d'avoine, qui servent de canette dans l'épeule.
        Tout dans ce métier a la légèreté des choses dociles au moindre vent. A la maison du tisseur on voyait la canetière, assise sur le seuil de briques rouges, tourner lentement son bobinoir, et de la cave à grand soupirail venait le battement du métier.
        D'autres tisseurs à main, dans le Cambrésis et autour de Bailleul, travaillent à la sonnette, qui est un renvoi de corde sur laquelle ils tirent pour lancer la navette. Leur canette est en bois et non en fétu d'avoine. Le tisseur à l'épeule lance directement à la main. Son fil est si fin qu'il ne supporte rien que le geste doux et attentif de l'homme patient.

    Pierre Hamp, Travail invincible (1916)
    source : gallica


    votre commentaire
  •    Cette situation est normale dans le textile. Les morts par tuberculose forment 25 % du contingent des décès à Lille. Nous comptons ici 6.000 tuberculeux pauvres. 1.000 à 1.200 meurent chaque année.
        Cette fréquence du mal terrible chez nos ouvriers est imputable tout d'abord à l'insalubrité même des métiers de tisseur et d'ouvrier de filature. Les poussières provoquées par les différentes manipulations de la matière première (peigneurs de lin), l'hygiène défectueuse des ateliers, mal aérés, dépourvus souvent de ventilation (cardeurs), l'humidité et la chaleur très élevée qui rognent en certains locaux (fileurs de coton, pareurs), l'humidité constante et le contact de l'eau chaude, le séjour dans la vapeur d'eau (fileuses au mouillé), l'absence totale d'aération (tisserands : l'air fait casser les fils de lin, de coton et de laine), voilà les premières causes de la santé précaire de ces ouvriers, ainsi jugés par M. Albert Aftalion, professeur d'économie politique de l'Université de Lille, peu suspect de partialité : « La phtisie guette ces travailleurs. Si on les a employés dès leur jeune âge dans la filature, ils périssent pour la plupart avant 45 ans ». [...]

        En 1860, Jules Simon écrivait : « Rien n'est plus douloureux à voir qu'une filature de lin mal entretenue. L'eau couvre le parquet pavé de briques, l'odeur du lin et une température qui dépasse parfois 25° épandent dans tout l'atelier une puanteur intolérable. La plupart des ouvrières, obligées de quitter la plus grande partie de leurs vêtements, sont là, dans une atmosphère empestée, emprisonnées entre des machines, serrées les unes contre les autres, le corps en transpiration, les pieds nus, ayant de l'eau jusqu'à la cheville et lorsqu'après une journée de douze heures de travail effectif, c'est-à-dire de treize heures et demie, elles quittent l'atelier pour rentrer chez elles, les haillons dont elles se couvrent les protègent à peine contre le froid et l'humidité. Que deviennent-elles si la pluie tombe à torrents, s'il leur faut faire un long chemin dans la fange et l'obscurité ? Qui les reçoit au seuil de leur demeure ? Y trouvent-elles une famille, du feu, des aliments ? Toutes questions qu'il est impossible de se poser sans une émotion douloureuse ». [...]
        L'ouvrière se marie jeune. Elle ne cesse pas d'aller à l'usine : sur 470 ménages ouvriers, M. le docteur Verhaeghe en a noté 362 où la femme continue de travailler en « filature » ou « en tissage », soit 72,02 % des ménages. Ses grossesses successives la retiennent à peine.  Et la famille flamande est prolifique. Sur 970 familles, 872 ont des enfants (soit 89 familles fécondes pour 11 stériles). Le total de ces enfants s'élevant à 3.837, donne une moyenne de plus de 4 enfants par ménage, 273 familles ont eu chacune de 5 à 10 enfants, 65 comptent de 11 à 20 enfants.
        Mais les familles sont trop pauvres pour nourrir tant de petits. La mortalité des enfants est considérable. Chez les fils de filles-mères, elle atteint 60 pour cent. Sur 168 femmes mariées, 147 ont perdu des enfants : le total de ces petits cadavres se monte à 240 (pour 495 naissances) soit 49 %! 537 familles ont perdu ensemble 1.462 enfants (soit plus de 2 par famille) ; 110 en ont perdu de 3 à 5 ; 77 ont vu mourir de 6 à 10 de leurs enfants.
        De quoi meurent tous ces petits ? Sur 1.285, 622 (près de la moitié) sont morts de gastro-entérite et d'athrepsie. « Ces causes de mortalité sont consécutives, le plus souvent au manque de soins, au défaut d'hygiène alimentaire et notamment à l'allaitement artificiel par des soigneuses ignorantes et routinières ».

    M. & L. Bonneff - Vie tragique des travailleurs - L'Enfer des Tisseurs (1908), p.14-15 & 19-20
    source : gallica


    votre commentaire

  • votre commentaire

  • votre commentaire

  • votre commentaire

  • votre commentaire

  • votre commentaire

  • votre commentaire

  • votre commentaire

  • votre commentaire

  • votre commentaire

  • votre commentaire
  • mise à la disposition du public lors de la conférence de Régis Dericquebourg à Cambrai


    1 commentaire
  • Jeudi 12 Novembre 2009
    De la Belgique à Caudry :
    l'Antoiniste, une religion de guérison

    par Régis Dericquebourg,
    Maître de conférence

    à la Maison Falleur (Photothèque de Cambrai), Salon jaune
    Rue Saint-Georges, Cambrai

    Sont exposés :
    - le livre du conférencier, Les Antoinistes (Ed. Brépols)
    - un article de l'Observateur du Cambrésis du mercredi 31 mai 2000 ''Rencontre avec des Antoinistes Caudrésiens, la force de l'âme''
    - un faire-part de décès de la Voix du Nord d'un membre de la famille Musin

        Dans le cadre du programme Une heure, une oeuvre, après les Irvingiens (ou catholiques-apostoliques) de Montigny-en-Cambrésis (où se trouve un des leurs trois lieux de culte français), Régis Dericquebourg présente les Antoinistes à Caudry.
        L'exposé est illustré par des diapositives (temple de Caudry, photo de Louis Antoine, reproduction des illustrations finissant l'ouvrage du conférencier).

        Après avoir signalé que l'Antoinisme est une "petite religion" (on sait que les spécialistes ont du mal à trouver un consensus quant à trouvé un nom à ce que l'on appelle communément dans la presse "secte"), Régis Dericquebourg, habitué en tant que Maître de conférence à Lille 3 à s'adresser à un public, rappelle les grands événements de la vie de Louis Antoine, fondateur du mouvement : le travail, la vie sociale, les lectures, les voyages, et le spiritisme, moment important de son parcours, et la rencontre avec Léon Denis (qui se définit comme socialiste-spirite), successeur d'Allan Kardec, qui fit des conférences dans le Nord de la France et en Belgique.

        On évoque Ferdinand Delcroix, professeur d'Athénée, guérit par le prophète-guérisseur d'une laryngite qui l'empêchée de travailler.
        Après le développement de la nouvelle religion, avec les nouveaux temples et l'héritage de Mère (les sociologues remarquent l'importance du rite de passage que certains adeptes réclamaient, avec qui Mère du composer, en rappelant qu'elle nouait le ruban du bonnet sous le menton de la mariée), on évoque brièvement et obscurément la pensée antoiniste (on sent que ce n'est plus le sujet de prédilection du locuteur).

        Le temps courant, on passa à l'histoire de l'antoinisme à Caudry.
        Le temple vit le jour en 1922 à Caudry (et non Cambrai ou Le Cateau, question justement posée par un auditeur) sur l'initiative d'un adepte (ce qui est courant pour la plupart des Temples), notamment grâce à un membre des dirigeants des entreprises de dentelleries.
        La construction se poursuit jusqu'en 1925. Les premiers desservants furent Soeur Goffin, aidée de sa mère et d'une soeur. Les adeptes viennent notamment de la région de Valenciennes jusqu'à la construction de son temple en 1932. Puis c'est sa fille qui pendra la suite, avec son mari, M. Bodson jusqu'en 1940.
        C'est actuellement frère Aimé et soeur Muguette Mousin qui en ont la charge (on fait leur connaissance grâce à un article de l'Observateur du Cambrésis).
        Les adeptes sont une trentaine pour ce petit temple, et viennent de Saint-Quentin (où il y eut une salle de lecture pendant un temps), Le Cateau-Cambrésis, et les environs en général.

        La conférence se termina par les questions et le concours des auditeurs, dont on remarqua la présence du fils des desservants pendant plus de 30 ans, M. Bodson, ainsi que d'autres habitués du temple de Caudry. Bien évidemment une question sur le fait sectaire, démenti par le conférencier, rappelant que Benoît Narinx, autre connaisseur de la question, fut étonné de voir sortir le médecin du temple alor qu'il commençait son enquête, ou qu'une desservante de Lille était infirmière et aide-radiologue, etc.
        Une auditrice, permit de corriger quelques erreurs du conférencier, et rappela qu'il y eut une salle de lecture à Hazebroucq et précisa qu'il était prévu du côté français de se consacrer à la rénovation des temples existants (et donc que les constructions de nouveaux temples après Toulouse en 1993 seront mises en attente).
        Un auditeur évoqua des amis antoinistes, qu'il conduisit à Valenciennes pour la désincarnation d'une de leurs connaissances.
        Puis M. Bodson rappela une anecdote, évoquée très brièvement il me semble par Pierre Debouxhtay, lors du procès du Père : le juge, assez sceptique sur les pouvoirs de guérisseur, se vit répondre par Louis Antoine : "je sais que vous êtes hémiplégique, mais je peux vous dire que vous êtes maintenant guérit". Et cela était vrai, le juge put se lever par la suite sans problème. Régis Dericquebourg rappela que beaucoup de preuves de guérison n'ont jamais été compilées et ne sont plus vérifiables (c'est d'ailleurs la critique la plus courante entre autres, contre l'antoinisme).


    1 commentaire
  • le Jeudi 12 novembre 2009 à 18h 15

    Lieu
    Cambrai
    Maison Falleur
    39, rue Saint-Georges

    La médiathèque municipale de Cambrai propose à 18h15 à la Maison Falleur, une conférence "Les Antoinistes, une religion ancienne et sa présence à Caudry" par Régis Dericquebourg, professeur d'histoire à Lille III


    Contact
    Maison Falleur 03.27.82.93.85
    falleur@media-cambrai.com

    Tarif
    Entrée libre


    votre commentaire
  •     - A propos, demanda Julien. Et le drame ? et votre fidèle Irène ?
        M. Drémoncourt se rembrunit :
        - C'est vrai ; je ne pouvais te raconter par lettre toute cette histoire incroyable. La pauvre vieille a passé juste le lendemain du 14 juillet, tandis qu'il y avait encore dans la cour des lanternes et un accordéon pour le bal des ouvriers. Elle avait eu déjà deux ou trois crises d'étouffement, mais elle ne voulait pas se reposer, encore moins se faire suppléer par une jeunesse. On peut dire qu'elle est morte avec son tablier bleu ! Je l'ai relevée moi-même, je lui au scarifié moi-même des ventouses ; et Dieu sais si je n'aime plus se métier-là ! (1) Elle disait juste : « Ça me fourmille, monsieur, ça me fourmille partout », avec sa langue pâteuse. Et puis : «  Il faudra avertir à Caudry M. Meulemester. – Quoi donc ? c’est un parent ? – Non, non. – Un médecin ? non ? un notaire ? – Un adepte ! a-t-elle dit enfin.
     « Je n’y comprenais rien du tout. Depuis vingt-cinq ans qu’elle me servait, elle ne m’a jamais parlé d’adeptes. Elle ne quittait non plus jamais la baraque. Tu sais qu’elle n’allait pas même à la messe, que je lui plaçais ses gages, et qu’elle me demandait vingt francs de temps en temps sur son magot, pour s’acheter de la laine à tricot. Quant elle a été morte, j’ai fait chercher à Caudry le sieur Meulemester.
        « Il est arrivé le soir même, avec deux femmes bizarres, des espèces de nonnes, ou d’infirmières en noir. Ils ont passé la nuit à l’auberge, sans vouloir veiller la pauvre Irène. C’est moi qui suis resté auprès de son lit, à boire le café sans chicorée, qui état bon pour la première fois,  car elle avait de sacrés goûts en cuisine ! (2) tu me vois devant les bougies, luttant contre le sommeil, farfouillant un peu dans ses nippes pour rassembler son héritage, avant de dénicher les héritiers. Belle corvée, mon ami ! J’étais attaché à cette bonne vieille, après tout : Vieille ? elle avait trois ans de plus que moi. Mais éreintée et une peu hébétée aussi. Qu’est-ce que je trouve dans ses paquets de linge : des brochures bleues ou vertes qu’elle recevait, écrites en un charabia impossible, et intitulées l’Unitif. Cela lui venait de Belgique, et cela m’avait l’air de prêcher l’Antoinisme, une espèce de nouvelle religion, oh une religion pour les pauvres bougres… Naturellement, j’ai jeté les papiers au feu : cela pourrait faire beaucoup de mal. Je n’ai su que le fin mot que le lendemain.
        « Le sieur Meulemester arrive donc avec ses acolytes : vêtu d’une lévite jusqu’aux talons, il apportait un drap vert-chou dont il a fat couvrir le cercueil, au grand épatement des gens d’ici ; et il s’est prélassé devant la charrette en promenant une espèce d’écriteau carré où il y avait un arbre peint et ces mots : La science de la vue du mal. Il m’a montré un papier signé (si on peut dire), de la pauvre Irène, qui exigeait des funérailles « antoinistes », c’est-à-dire ce carnaval, et en fin de compte, la fosse commune  (tu entends, Julien !) le trou au bout du cimetière, le silo où l’on jette ici que les os déterrées et les vieilles couronnes, avec défense de jamais avoir son nom sur ce misérable tombeau. Tu penses si j’étais furieux ! J’avais d’abord l’air d’un pingre, d’un abominable dégoûtant, devant tous les gens de l’usine qui regardaient le cortège et qui n’en croyaient pas leurs yeux. Heureusement que le sieur Meulemester, avec son attirail, éveillait l’attention, me sauvait la mise. Il a récité au cimetière des phrases ridicules en langage d’école du soir : la conscience, la matière, le développent intellectuel, que sais-je ? Le bruit s’est répandu vite que ce gibier représentait des Antoinistes ; et il y a eu des gens pour trouver que des funérailles pareilles, c’était crâne, c’était grand… et que la vieille Irène avait été une sainte à sa façon. Le nommé Meulemester a replié son drap vert ; ses donzelles ont distribué des papiers. Le curé, m’a-t-on dit, contemplait l’affaire derrière ses rideaux, d’où il voit la porte du cimetière. Les crétins qui se disent ici bolchevistes ont raconté le soir, à l’estaminet, que la fosse commune devrait être rendue obligatoire. Et puis tout cela s’est oublié ; le notaire s’occupe de trouver des ayant-droits au petit magot de la pauvre Irène. Rendons cette justice au sieur Meulemester et à sa nouvelle religion : c’est qu’ils n’ont pas capté le testament ni réclamé de casuel… mais faut-il qu’il existe des abrutis en ce monde !
        A ce moment, la nouvelle servante se montra sur le perron. C’était une grosse Flamande, veuve d’un marin disparu, et qui avait été cordon-bleu à Dunkerque.
        - Celle-là au moins, dit M. Drémoncourt, elle n’a rien de la prophétesse. Tu verras sa cuisine ! Il faut avouer qu’elle se boissonne tous les samedis, et le chauffeur la console de ses malheurs quand il l’emmène faire son marché. J’aime mieux cela. Mais je pense à la pauvre Irène qui soufflait en se traînant de pièce en pièce, et qui maintenant dort comme un chien à l’endroit des pots cassés et des grilles en morceaux… Ah ! pouah ! c’est joli, ce qui nous attend tous !

    [La famille de Gouin arrive de Wazemmes]

        - Connaissez-vous l’antoinisme ? demanda M. Drémoncourt à brûle-pourpoint.
     Les trois filles prirent un air surpris et scandalisé. M. de Gouin lissait sa moustache avec un sourire superbe.
        - C’est, poursuivit l’autre, une espèce de secte belge, où on vous enterre sous un drap vert, et qui adore un arbuste pour dieu. De bien braves gens, je vous assure.
       - Oh, s’écria douloureusement la mère de famille. Ne parlons pas de ça, je vous prie. Ne seraient-ils pas au fond protestants ? Les protestants font par chez nous de grands ravages,  depuis la paix : les Américains ont installé des baraques, des foyers, comme ils disent, où ils servent le thé aux jeunes filles, prêtent des livres et font marcher le phonographe. Ils donnent aussi la pièce aux renégats Le gouvernement encourage cela. C’est épouvantable.
        - Moi, si j’ouvrais une baraque, dit M. Drémoncourt, je ne ferais pas boire de thé à mes élèves. Vous croyez que nos culs-terreux prennent une foi ardente en buvant de l’eau tiède ?

    [Dans la voiture des de Gouin, sur la retour]

        « … Il a le bras long, l’excellent Drémoncourt. Je reconnais qu’il y a des braves gens dans tous les partis, et même dans toutes les opinions.
        « Mais je ne sais pas s’il fait un oncle à héritage ; il a reçu beaucoup d’argent pour son usine ; mais, entre nous, il paie des hypothèques d’avant la guerre, et il a perdu un procès au sujet d’une promesse de vente. Un beau jour, qui sait ? il n’aura plus rien. En tout cas, il ne fera pas de vieux os. Il se goberge trop. Sa vieille servante est morte. Elle le menait dur, elle le rationnait C’était une sainte, pas commode. Il m’a raconté sur l’enterrement des histoires où je n’ai rien compris.
        - Moi, j’ai entendu, fit Bernadette ; ce n’était pas une sainte du tout. Son corps n’a même pas passé à l’Eglise. Il paraît que cela à fait scandale à Saint-Achille, une espèce de fête communiste.
        - Et moi, je me souviens d’elle, ajouta Chantal. Elle avait l’air folle, cette vieille Irène. En avril, quand nous sommes venus, et que je me suis tordu le pied, elle m’avait tirée dans la cuisine ; assise sur deux chaises, et au lieu de m’apporter l’arnica, elle me regardait dans les yeux en disant : – « Faut des fluides, mon petit, faut des fluides… Il n’y a que ça ! »
        Les autres filles rirent de bon cœur ; leur rire seul état frais et doux. Mais la mère reprit froidement :
        - Je ne vois pas là de quoi faire les folles. Vous vous tenez mal en voiture ; nous sommes sur une route.
        - Mais, maman, il n’y a personne, fit une voix.
        - On ne rit pas des morts, reprit Mme de Gouin ; D’ailleurs, taisez-vous, il doit être l’heure de l’Angelus. Récitez-le, mais tout bas.
        Elles obéirent, tandis que M. de Gouin, chargé du temporel, gouvernait son volant, les sourcils froncés, la moustache virile, et levant les deux coudes.

    (1) M. Drémoncourt a été pharmacien à Saint-Omer. La scène se passe à Saint-Achille, où il possède maintenant une sucrerie.
    (2) Le récit se déroule juste après la Première Guerre mondiale.

    André Thérive, Sans âme.
    Chapitre III, p.45 et p.51.
    Grasset, Paris, 1927.


    votre commentaire
  •     Un temple antoiniste situé rue de Denain a été construit en 1922 à l'initiative de personnes ayant été sensibilisées par les enseignements du fondateur de la morale antoiniste, Louis Antoine dit "Le Père". Depuis sa fondation, 8 desservants se sont succédés dans le temple qui est ouvert jour et nuit :

        * Frère et Sœur Goffin (1922)
        * Frère et Sœur Bodson (1940)
        * Sœur Buguet (1974)
        * Frère Leignel (1984)
        * Frère Beton (1989-1996)
        * Depuis 1996, Frère Aimé (désincarné en 2007) et Sœur Muguette Mousin (désincarnée en 2016).

    source : wikipedia - Caudry

        On trouve sur internet les faire-parts de décès de Frère et Sœur Mousin :

    Muguette Mousin, désincarnation (Caudry)

     

     

     

     

     

    Aimé Mousin, désincarnation (Caudry)

     

       source : www.libramemoria.com


    votre commentaire
  • Cambrésis, terre de protestantsCambrésis, terre de protestants

    Quiévy - Le Temple (Protestant)

        Le Cambrésis avant de connaître l'arrivée de l'Antoiniste, dans la petite ville de Caudry dès 1914, a connu la prospection de protestants qui a fait découvrir le texte de la Bible aux habitants et commençait à faire vassiler l'église de son piédestal. La communauté protestante du Cambrésis s'agrandit à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, en pleine période du Réveil et de l'expansion de la région due au métiers du textile dans lesquels les protestants étaient très actifs.
        Bien qu'éloigné des communautés du Nord, les protestants de Reumont visitaient fréquemment ceux de Nomain. "Le Réveil eut aussi lieu à Saulzoir et à Quiévy, à Saint-Vaast (nord de Quiévy) par les passages fréquents des pasteurs, des évangélistes et des colporteurs alland et venant de Reumont à Nomain. (Jean-Baptiste Pruvot, Journal d'un pasteur protestant au XIXe siècle, 1996).


    Cambrai (1889) - 1 bis, rue du Marché aux Poissons 59400 Cambrai
    Le Cateau-Cambrésis (1858) - 29 bis, rue de la République 59360 Le Cateau Cambrésis (incendie crimimel dans la nuit du 31 octobre 1982)
    Quiévy (1859) - 11, rue de la Fontaine, 59214 Quiévy (le temple protestant le plus spacieux au nord de Paris)
    Caudry (1893) - 70, rue de la Paix 59540 Caudry (arch. Félix Paumier)
    Inchy (1810) - rues des Jésuites/du Docteur Paul Éloire (ancienne rue du Temple), abandonné pour le temple de la même rue (n°5) construit en 1857 (par l’entrepreneur Guyot Lacourte du Cateau Cambrésis sur les plans de l’architecte Devouge). Vendu en 2004
    Bertry (1866) - Rue du Temple, 59980 Bertry
    Elincourt (1837) - rue de Cambrai 59127 Élincourt (vendu en 1982, racheté en 1983 par une voisine protestante pour rénovation, puis détruit à cause du développement d'un champignon)
    Walincourt (1823) - 11 Rue Gambetta, 59127 Walincourt-Selvigny
    Caullery (1840) - occupaient principalement la rue d'en bas, aujourd'hui rue Charles Gide, et rue du temple, devenue en 1937 la rue Pasteur
    Montigny-en-Cambrésis (ca. 1900) - 19 rue Voltaire 59225 Montigny-en-Cambrésis (vendu en 1996 à la commune, devenu une salle de spectacle)
    Reumont (1870) - Rue du Temple 59980 Reumont (sur le modèle de Nomain, temple réformé puis baptiste et enfin irvingien, transformé en grange)
    Rieux-en-Cambrésis (1878) - 2 Rue Maximilien Robespierre 59277 Rieux-en-Cambresis (désaffecté)
    source : http://huguenotsinfo.free.fr/temples/departements/dep59.htm

    Cambrésis, terre de protestants
    Temple protestant de Caudry (tourisme-cambresis.fr)

        Temple désigne le lieu de réunions des Protestants tant pour rappeler le Temple de Jérusalem que pour se démarquer de l'église catholique.
        On relève la trace de fidèles de la religion dite "réformée" dans le Cambrésis dès le milieu du XVIème siécle.
        Au temps des persécutions, l'Eglise primitive tenait ses assemblées de prière au "désert", dans les endroits les plus reculés de la campagne. La Boîte à Cailloux, sur la commune d'Hesbécourt, près de Vermand, fut un de ces lieux de rassemblement nocturne. Le musée Calvin de Noyon possède une chaire démontable naguère entreposée au Temple d'Elincourt. Quand vint le moment de la Tolérance, les fidèles se réunissaient, sous la conduite de pasteurs itinérants, chez des particuliers.
        Ce fut le cas à Caudry dans une maison rue de Saint-Quentin. Dans la première moitié du XIXème siècle, se dressent les premiers temples de nos contrées : Quiévy (1788), Inchy (1806), Walincourt (1822), Le Cateau (1858) et Cambrai (1888).

        L'extraordinaire croissance démographique de Caudry engendrée par le développement de la dentellerie depuis 1880 avait "rendu nécessaire l'usage d'un local plus convenable à l'exercice du culte". Les fidèles au nombre de quatre-vingts s'assemblent chez des particuliers sous la conduite de pasteurs itinérants.
        Le conseil presbytéral d'Inchy, l'Eglise-mère, choisit l'architecte parisien Félix Paumier et accepte ses plans sur le modèle du temple de Raon l'Etape avec la réserve de "consentir un rabais sur ses honoraires et d'apporter quelques modifications eu égard aux faibles moyens de la communauté." Le style néo-gothique s'affirme ici sobrement comme dans la plupart des réalisations de Félix Paumier.
        La façade en briques de sable s'éclaire de baies en triplet inscrites dans une arcade en tiers-ponit : symbole de la Trinité dans son Unité.
    La croix surmonte un modeste clocher mural.
        Dans la nuit du 21 au 22 janvier 1992, un incendie criminel ruine la chaire et l'estrade, brise les vitraux et calcine l'orgue de Holden. Les travaux de rénovation et de dégagement des abords avec la participation de la ville, mettent en valeur l'édifice. "Dans un esprit d'ouverture, la communauté a renoncé au rempart d'une grille (...) comptant sur le concours de tous pour assurer la protection de ce patrimoine".
        L'Eglise réformée de France unie en 2012 à l'Eglise Evangélique Luthérienne de France, forment l'Eglise Protestante Unie de France. Le temple est aujourd'hui encore un lieu de culte, de rencontre et de manifestations culturelles.
    source : https://www.caudry.fr/fr/visiter-caudry/la-basilique.html

    Cambrésis, terre de protestantsCambrésis, terre de protestants

    Temple Protestant d'Inchy (caue-nord.com)                     intérieur (facebook.com_Inchy.Histoire.Heritage)


        À quelques kilomètres à l'est de Caudry se trouve Inchy qui se signale par une importante communauté protestante qui, très liée aux métiers du textile, se développe particulièrement au XIXe siècle. Dès avant 1810, elle se réunit dans un bâtiment, qui existe toujours, de la rue Eloire, à l’angle de la rue des Jésuites. Comme celui-ci devient trop petit, il est décidé de construire un temple à quelques dizaines de mètres de l’ancien oratoire. Il est réalisé grâce au dynamisme du pasteur Brétegnies, et le nouveau temple est ouvert solennellement le 30 septembre 1857. Mais si ce temple de vastes dimensions, avec sa façade néo-classique, fait l’admiration de la communauté protestante, il lui coûte bien cher et occasionne beaucoup de tracas financiers jusqu’à la fin du XIXe siècle. L’argent manque et, tour à tour, la commune, l’Etat, les protestants riches, dont Auguste Seydoux, maire du Cateau-Cambrésis, sont sollicités. En 1906, une association cultuelle est créée, à qui revient la charge de l’entretien du temple. Le dernier pasteur résidant à Inchy, M. Millac, décède en 1943. Depuis, plus réduite, la section protestante d’Inchy est rattachée au Cateau-Cambrésis.
    Extrait du tome 1 "Le patrimoine des communes du Nord" aux éditions Le Flohic
    Source : facebook.com_Inchy.Histoire.Heritage (https://www.facebook.com/cambraitourisme/posts/624452107599680/)

     

        Les autres temples du Nord Pas-de-Calais sont :
    dans le Nord (hormis ceux proches de Tournai [http://antoinisme.blogg.org/protestants-a-tournai-et-environs-a199331934])
    Quiévrechain (1925) - Place Roger Salengro 59920 Quiévrechain (ancien garage doté d'un petit clocher, agrandi sur un côté en 1932)
    Denain (1870) - 57 Rue Jules-Mousseron 59220 Denain (temple évangélique, le plus vieux du bassin minier, bâti par un ingénieur des mines, M. Chabaud-Latour, suivant les plans de la communauté, à l'architecture unique en France)
    Valenciennes (1879) - 66 Rue de Paris, 59300 Valenciennes et 75 Rue du Chauffour, 59300 Valenciennes (Valenciennes comme Tournai fut qualifiée de Genève du Nord, Rue de Paris avec école de filles et d’un presbytère, géant de Guy de Brès, réformateur des Pays-Bas, pendu sur la grand-place de Valenciennes le 11 mai 1567)
    Saint-Amand (1955) - 45-47 Rue Barbusse, 59300 Saint-Amand-les-Eaux
    Maubeuge (1877) - 7 Rue Arthur Bertreau/Quai Berteau 59600 Maubeuge (premier temple par l'architecte suédois Hansen de Paris détruit en 1987, reconstruit en 1989)
    Douai (1901) - 70 Rue de l'Hippodrome 59500 Douai (ancien atelier de peinture acheté en 1933, rénové en 2001)
    Lille (1871) - 1 Place du Temple 59000 Lille (inscrit aux Monuments historiques en 2010, proche de la synagogue, dans un nouveau « quartier latin » lillois)
    Fives-Lille (1903) - 165 rue Pierre Legrand 59800 Lille
    Croix (1867) - Rue Isaac Holden ‎59163 Croix ("Temple Anglais" financé comme celui de Reims par l'Anglais Isaac Holden qui y possédait une usine de peignage, aujourd'hui détruit)
    Roubaix (1871) - 29 Rue des Arts 59100 Roubaix (par les architectes Jean-Jacques Schulthers et Auguste Dupire, inscrit aux Monuments historiques en 2011, rénové en 2020, temple pour les protestants de Roubaix, Tourcoing, Croix, Hem, Wattrelos, Villeneuve-d'Ascq et d'autres communes environnantes)
    Tourcoing (1907) -  21 Rue de la Malcense 59200 Tourcoing (cédé à la ville en 2002)
    Dunkerque (1867) - 16 bis Quai au Bois 59640 Dunkerque (des concerts y ont lieu en plus du culte)
    Illies (1877) - Chemin Louisette, Hameau de Ligny le Grand 59480 Illies (ré-inauguré en 2010)
    Sin-le-Noble (avant 1924) - 280 rue Henri Lemette 59450 Sin le Noble (ancien temple de l'Église réformée de France, devenu Église protestante évangéliste baptiste du Douaisis en 1978 et rénové)
    Aniche (détruit)
    Fourmies (détruit vers 1960)
    Le Saulzoir (vendu entre 1960 et 1970)
    source : http://huguenotsinfo.free.fr/temples/departements/dep59.htm

    dans le Pas de Calais :
    Guînes (1598) - Rue du temple (mtn Rue Joffre) 62340 Guînes (Lorsque le Calaisis redevint français au départ des Anglais, de nombreuses familles huguenotes vinrent s’y installer, sachant trouver dans le Pays Reconquis un havre de paix où ils pourraient librement exercer leur religion. Temple construit de 1598 à 1602, avant un second édifice bien plus important en 1619 ; il pouvait accueillir, dit-on, jusqu’à 3000 personnes)
    Verdrel (1824) - 11 Rue Roger Salengro 62450 Fresnicourt-le-Dolmen (communauté protégé à l'époque par les Seigneurs d'Olhain Pierre de Berghes et son petit fils Jean de Berghes)
    Wanquetin (1822) - 4 Rue de Wetz 62123 Wanquetin (au début du siècle, la communauté de Wanquetin comptait près de trois cents membres soit la plus importante du département, pourtant l'idée des paroissiens d'ajouter en 1822 un clocher n'est pas du gout du maire du village qui cherche à contrevenir au projet, premier temple édifié dans le Pas-de-Calais, restauré au début du XXe siècle et 1983)
    Barly (1840) - 10 Rue de Sombrin 62810 Barly (proche du centre, mais à l'opposé de l'église du village)
    Achicourt (1829) - Achicourt (de style gothique, une école est ouverte en 1839 pour les enfants pauvres et les orphelins, transformé en bain douche)
    Arras (1863) - 15 Rue Victor-Hugo 62 Arras (par l'architecte arrageois Alcide Carré, reconstruit en 1923 inscrit aux Monuments historiques en 2010)
    Berck-sur-Mer (????) - 112 Rue de l'Impératrice 62600 Berck sur Mer
    Calais (1934) - 11 Rue du Temple 62100 Calais (ancien temple de 1868 Rue du Pont Lottin)
    Boulogne-sur-Mer (1852) - Rue Basse des Tintellerie 62200 Boulogne (premier temple Upper Town Church ouvert en 1819)
    Desvres (1903) - Rue Jean Jaurès 62240 Desvres
    Hénin-Beaumont (1952) - 301 Boulevard Gabriel Péri 62110 Hénin-Beaumont (premier temple construit en 1891 Rue Parmentier, détruit en 1940, terrain pour le nouveau temple acheté dès 1922)
    Lens (1898) - 82 Rue Victor Hugo 62300 Lens (détruit par deux fois pendant les deux Guerres mondiales
    Bruay-la-Buissière (avant 1948) - 125 Rue Henri Hermant 62700 Bruay-la-Buissière (vendu en 2000, devient salle de spectacle, avec bureaux d'accueil et un ensemble de studios permettant des résidences de création d'artistes, récompensée par « les Rubans du Patrimoine »)
    Bruay-la-Buissière (1886) - ​115 Rue Louis Dussart 62700 Bruay-la-Buissière (Temple baptiste, agrandi en 1925, rénové en 1985)
    Divion (1926) - cité « résidence Croix de Grés » 62460 Divion (chapelle en bois construite par l'église baptiste de Lens, repris quelques années plus tard par les Charbonnages de France)
    Liévin (1925) - 189 Rue Jean-Baptiste Defermez 62800 Liévin (par l'architecte suisse Georges Laude, premier temple de 1893 Rue du Temple, détruit pendant 14-18, cédé à la ville en 1994)
    Famechon (1852) - 12 Rue Principale (Place Notre Dame de Lorette) 62760 Famechon (désaffecté, vendu après 1927, transformé par la ville en en salle des fêtes vers 1990)
    Le Touquet (1964) - 163 Avenue du Général de Gaulle 62520 Le Touquet (ancien temple anglican de 1910 de la "Forêt du Touquet" devenue Avenue du Touquet, situé près de l'école hôtelière, Pavillon Witney, devenu réformé, désaffecté, actuellement salle de musculation de la ville ; premier temple de 1908 construit près de l'hôtel des Anglais)
    Auchel (1891) - 64 Rue Séraphin Cordier (anc. Rue du Temple, anc. Rue Cohet)/Rue du Général de Gaulle 62260 Auchel (désaffecté pendant un temps, fête ses 130 en 2019 avec une exposition photographique Le temple d'hier à aujourd'hui)
    Saint-Omer
    Annay (1865)
    Ohlain (????)
    source : http://huguenotsinfo.free.fr/temples/departements/dep62.htm


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique