• Prosélitisme antoiniste (L'Univers 10 juillet 1911)

    LA PRESSE

    LE MOUVEMENT
                      RELIGIEUX

       LE CULTE ANTOINISTE

        On inonde ces jours-ci les salles de rédaction de la circulaire suivante :

             Cher confrère,
        Nous vous serions reconnaissants de bien vouloir annoncer dans votre journal la prochaine publication de l'Unitif, bulletin mensuel du culte antoiniste. Comme son nom l'indique, il a pour but de réunir les hommes en l'amour pur. Antoine le Généreux, par son abnégation et sa foi, a rassuré nos âmes torturées par le doute ; il nous a révélé dans son temple le mystère de la conscience universelle dont chacun de nous possède une parcelle voilée par la matière.
        En nous efforçant de nous améliorer et de nous aimer les uns les autres, nous surmonterons l'imagination qui nous divise et nous nous sentirons bercés dans l'harmonie divine. Heureux les cœurs qui ont pu approcher Celui qu'un pieux entourage a honoré du nom de Père et qui se sont unis sous sa douce influence ! Touchés de l'amour qu'ils ont ressenti, ils voudraient faire connaître à tous les hommes, leurs frères, les sublimes révélations où ils ont puisé du réconfort et les appeler sans distinction de partis ni de cultes au travail moral qui peut nous régénérer. L'enseignement d'Antoine le Généreux qui est basé, nous ne dirons pas sur la croyance, mais bien sur la conscience, est une science fondée sur son expérience des êtres et intéressant le matérialiste comme le croyant. Il parle à la raison et au cœur. Aussi nous ne doutons pas qu'il ne rencontre bon accueil et nous le souhaitons ardemment pour la paix sociale.
        Veuillez agréer, cher confrère, l'expression de nos bons sentiments.

                                        Les adeptes d'Antoine le Généreux.

        Vraiment cette invite mi-partie aux « matérialistes » comme aux « croyants » est tout à fait alléchante. C'est le digne pendant de la propagande occultiste, théosophique, etc., qui travaille tous les jours, parmi nous, les âmes décadentes.

    L'Univers, 10 juillet 1911

        La même lettre a été envoyée à plusieurs journaux, notamment l'Excelsior et le Petit Champenois.


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  • Petru David - Călăuză creștină - Sectologie, p.106

     

        V. SECTE „UMANE” EUROPENE

        1 Antoinismul. - Fondată de minerul belgian Louis Antoine (1846-1912), recunoscut de adepţi ca profet, secta susţinea că posedă un fluid magnetic, cu ajutorul căruia poate vindeca orice boală şi poate învinge chiar moartea, fiindcă acest fluid acționează asupra sufletului. „Vindecarea” se făcea prin punerea mîinilor sau prin bucăți de pînză despre care se spunea că e „magnetizată”. Deşi nu se acorda nici o importanţă corpului, totuşi în scopul vindecării, se recomanda un regim sever, în special vegetal.
        Secta antoinistă are un caracter ocult, adică „vindecă” apelînd la un spirit din lumea cealaltă, chemat printr-un medium, în cadrul unor şedinţe de spiritism. Adepţii sînt liniștiți, lucrători în subterane, nu fac prozelitism şi posedă o biblie a sectei.

    Petru David, Călăuză creștină - Sectologie, p.106

     

    Traduction :

    V. SECTES "HUMANISTES" EUROPEENNES

         1 L’Antoinisme. Fondée par le mineur belge Louis Antoine (1846-1912), reconnu par les adeptes comme un prophète, la secte prétendait posséder un fluide magnétique capable de guérir toute maladie et même de vaincre la mort, car ce fluide agit sur l'âme. "Guérir" se faisait en plaçant ses mains ou des morceaux de tissu dits "magnétisés". Bien qu'aucune importance ne soit attachée au corps, cependant, dans un but de guérison, un régime sévère, en particulier végétal, est recommandé.
         La secte antoiniste a un caractère occulte, c’est-à-dire qu'elle "guérit" en faisant appel à un esprit de l’autre monde, appelé par un médium, lors de séances de spiritisme. Les adeptes sont des ouvriers paisibles et discrets, ils ne font pas de prosélytisme et ils possèdent un livre spécifique à la secte.

    Peter David, Guide chrétien - Sectologie, p.106


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  • Roger Auque en 2004, sur le plateau de Thierry Ardisson (INA)

    Roger Auque en 2004, sur le plateau de Thierry Ardisson (INA), interview qui commence par sa foi avec Dieu après sa captivité. Il raconte ce point dans le bulletin de l'armée du Salut En Avant le 17 avril 1988 (il n'y parle jamais de Jésus, mais toujours de Dieu).

         Fils d'un assureur de Roubaix, gaulliste de gauche, ancien d'Indochine, et d'une mère communiste, Roger Auque, né le 11 janvier 1956 à Roubaix et mort le 8 septembre 2014, est un journaliste, espion et diplomate français.

        Il raconte dans Un Otage à Beyrouth (1987) :
         « Je n'ai pas reçu d'éducation religieuse bien qu'ayant été baptisé dans le culte antoiniste, un culte suivi par ma mère, qui respecte le christianisme mais qui se célèbre dans un temple. Je suis donc athée. Pourtant, au bout de deux heures, je me retrouve à genoux, sur le matelas, face au mur, à « prier » entre guillemets car je ne connais pas les phrases rituelles. Roger Auque, fils d'une antoiniste communiste de RoubaixJe prie Dieu, le Seigneur, et Jésus-Christ en même temps, mais sans vraiment faire la différence. Je demande aide et protection pour tous les miens. Je me surprends à annoncer : « Mon Dieu, Seigneur, protégez et aidez Marlène, la femme que j'aime. Aidez-moi et protégez ma vie. » Je ne suis pas devenu mystique, mais je ressens au plus profond de moi-même une émotion indéfinissable, comme si dans mon cachot je n'étais plus seul, mais pénétré par une forte présence que je nommerais Dieu. Je ne le sais pas encore. Je n'ai, en effet, pas de références pour l'analyser, mais, en moi, à côté et au-dessus de moi, quelque chose de tout puissant est présent, que je ne peux définir que par un seul mot : Dieu. Je découvre une spiritualité qui me pousse à communiquer. Je me rends compte que, dans mon désespoir, j'ai besoin d'aide. Cette première nuit, j'éprouve un sentiment inconnu jusqu'alors. Pourtant, je me suis déjà trouvé dans des situations difficiles et dangereuses où, généralement, je ne comptais que sur moi. »

     

    cf. l'article de Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Roger_Auque

    Roger Auque, libéré après plusieurs mois de captivité à Beyrouth,
    ici avec ses parents le 29 Novembre 1987 à Paris
    (par le photographe Chip Hires, source : gettyimages.fr)


       Les dernières lignes de son récit sont :
        « J'aperçois aussi Philippe Labro, le directeur de RTL, qui donne également des coups de coude pour tenter de se frayer un chemin. Il protège ma mère qui, toute petite, semble portée par la foule. Je tombe nez à nez avec Jacques Chirac qui me serre la main et me dit combien il est content que je sois enfin libre. Je reconnais Léotard. Il y a beaucoup de policiers.
    J'entends mon père qui me dit : « Enfin c'est fini. Le cauchemar est terminé. » Et dans ma tête, je répète : « Oui, le cauchemar est terminé. »
                                                     Paris, février 1988. »

    Roger Auque, fils d'une antoiniste communiste de Roubaix

    En avant, bulletin hebdomadaire de l'Armée du Salut (p.3, 17 avril 1988)


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  • Orléans, rue des Juifs (Bulletin de liaison provisoire de la Soc.arch.et hist.de l'Orléanais, déc 1958)

        L'inscription rue Longue-Haye, située précédemment à l'angle de la rue des Juifs et du Petit-Saint-Loup, a disparu récemment. Relevée par l'auteur en 1956 ; elle a été détruite en 1957, lors de la construction du temple du culte antoniste.

    Bulletin de liaison provisoire de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, décembre 1958

     

        En effet, le temple forme l'angle des deux rues précitées.


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  • Michel Déon - La Chambre de ton père (2004)

    Auteur : Michel Déon
    Titre : La chambre de ton père - souvenirs
    Gallimard, 2004, 144 pages
    puis Folio, 2005, 128 pages

        Le roman se déroule à Paris et à Monaco dans les années 1920 et suit un jeune garçon, Édouard, appelé Teddy. Le livre est une autobiographie romancée basée sur l'enfance de Déon.
        Yasmina Reza déclara dans Le Figaro (19/10/2006) que le livre est "l'un des plus beaux récits de chagrin qu'on puisse lire".

    « Ses parents lui disaient : "C'est impossible que tu te souviennes. Tu n'avais pas un an quand nous avons quitté l'appartement rue de la Roquette." Il persistait et, jusqu'à un âge très avancé, la perfection de cette image est restée la même.
    Plus tard, il s'est beaucoup interrogé sur cette vision si bien gravée dans sa mémoire, mais s'est refusé à consulter un spécialiste de la psychiatrie infantile sur l'éclair de lucidité qui, pour une raison inconnue, illumine la mémoire d'un nourrisson et y imprime, à jamais, une image en couleurs, une image d'ailleurs sans importance, alors qu'il aurait tant aimé en garder une autre, par exemple celle de son père et de sa mère penchés sur son berceau ou s'embrassant. »

    http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/La-chambre-de-ton-pere

     

        Un extrait évoquant les Antoinistes à lire dans ce billet.


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  • Les Antoinistes de Monaco (arrivé à Monaco) :

        Le changement est stupéfiant. Papa circule dans une voiture de fonction conduite par un chauffeur en casquette, Maman reçoit en cadeau un coupé décapotable. À la maison, Émile, l'ordonnance, appelle Teddy : « Monsieur Édouard. » Une cuisinière géante, moustachue, italienne de surcroît, porte un nom à claironner : Giuseppina Staffaroni. À quai sont amarrés beaucoup de voiliers et des yachts géants qui ne bougent jamais. D'ici, Alain Gerbault est parti sur le Firecrest pour traverser l'Atlantique en solitaire. Le balcon donne sur l'entrée du port entre les deux balises par-dessus le toit d'une mystérieuse villa aux volets tirés. Le jour en sortent des hommes en redingote et chapeau haut de forme, des femmes, toujours par deux, en longues robes noires coiffées d'une toque d'où tombe une voilette qu'elles relèvent pour descendre d'un pied précautionneux les marches du perron.

        Ce sont, dit Papa dont les fonctions paraissent être de tout savoir sur tout le monde, ce sont des antoinistes. Ils prennent saint Antoine pour le fils de Dieu et attendent, dans la pénitence et la prière, sa résurrection. Sur la gauche, un immeuble n'aurait rien de remarquable si, au deuxième étage vis-à-vis, n'habitaient un homme aux cheveux argentés et deux dames fort jeunes dont le plaisir est, semble-t-il, de se promener dans l'appartement en petite tenue - ou même sans tenue du tout - et de changer de robes plusieurs fois par jour. Teddy les a vite repérées et s'amuse de les voir passer devant la fenêtre dans un simple appareil tandis que défilent sur le trottoir au-dessous les dames antoinistes serrant à deux mains sur leur ventre - comme si des impies allaient les leur arracher - de volumineux sacs en étoffe noire. Un peu plus haut, vers le jardin exotique, une singulière maison s'élève en bordure du boulevard : un palais des Mille et Une Nuits, à façade de céramique bleu et vert incrustée de verroterie. Des jalousies baissées défendent les fenêtres. C'est la résidence de l'ambassadeur de Perse, le prince Riza Mirza Khan.


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  • André Thérive, Sans âme (Candide, 23 février 1928)

    La Chronique des Livres

    André THÉRIVE : SANS AME

        On comprendrait mal ce livre, et on ne le placerait pas à son rang, si l'on y cherchait seulement la peinture réaliste des tristes et grouillantes régions de la Glacière ou de la Butte-aux-Cailles, et l'étude de cette population tapie dans sa misère, d'où les fillettes s'évadent, lorsqu'elles le peuvent, vers les studios de cinéma ou les coulisses des cafés-concerts. Ce n'est pas là, pourtant, un simple décor, et je ne prétends pas en diminuer la portée. L'atmosphère de ce quartier parisien forme comme le climat de l'œuvre, et les êtres qui se développent dans cette sombre lumière en conservent dans l'âme les teintes blêmes et douloureuses. Toute cette partie descriptive est donc fort importante, avec ses prolongements dans tous les milieux où les personnages nous font pénétrer à leur suite. L'auteur se fût-il borné à tracer ces tableaux que son livre eût encore, je crois, charmé Huysmans par l'âpreté avec laquelle il nous dépeint cette frange lépreuse de la ville éclatante, cette zone maudite qui n'est ni campagne ni cité, cette hideur si atroce qu'elle atteint à la grandeur et à la poésie à force d'abjection et d'inhumanité.
        J'ajouterai qu'un des éléments du talent de Thérive est précisément ce don d'observation concrète qui lui permet de placer ses héros, avec une exactitude évocatrice, dans l'ensemble des formes extérieures parmi lesquelles ils se meuvent ; non pas à la façon de Zola, qui, procédant par accumulation et énumération, exige de ses lecteurs qu'ils construisent eux-mêmes, avec les matériaux qu'il leur fournit, le tableau qu'il n'a pas composé ; mais en réaliste classique, pour qui l'expression de la vérité, si stricte soit-elle, ne va pas sans interprétation, et qui nous la fait voir moins par des traits matériels qu'en éveillant en nous les émotions et les impressions que son spectacle a suscitées en lui. Il y a là une forme d'imagination à la fois réceptive et créatrice, une sorte de plaque sensible consciente de sa sensibilité, une tendresse et une pitié secrètes qui, sans s'exprimer, communiquent leur frémissement à la peinture et la rendent plus émouvante pour nous que ne serait la réalité.
        Notons aussi, dans cette œuvre, une science des âmes sur laquelle, pourtant, j'insisterai moins, car elle n'est pas, selon moi, la qualité la plus rare d'un romancier : quiconque fait métier de nous étaler notre cour doit évidemment le connaître, et, pour lui en faire un compliment, il faut vivre en ce temps singulier où l'on voit des écrivains dépourvus, tout à la fois, d'imagination, de sensibilité, de psychologie, et de syntaxe.
        Ces qualités, Thérive les possède éminemment, et il y joint une anxiété métaphysique qui en augmente infiniment la puissance et la portée. La véritable beauté de son livre, et ce qui, à mon avis, le place si haut dans la production moderne, c'est qu'il est un des cris les plus désespérés qu'ait poussés l'angoisse humaine.
        Julien Lepers – le principal personnage – est un bourgeois évadé de la bourgeoisie, un intellectuel indolent, attiré par la bohème, un contemplateur pour qui comptent peu les nécessités de la vie quotidienne, un solitaire que la solitude épouvante. Livré à ses instincts, à ses impulsions, à cette fatalité interne par laquelle nous avons remplacé l'antique ananké, il joue son existence plus qu'il ne la vit ; elle est pour lui une expérience à laquelle il assiste sans avoir le pouvoir, ni le désir de la conduire et de la modifier ; et, parce qu'il y a en lui deux tendances, il oscille, instable, attiré tantôt dans un sens, tantôt dans un autre, incapable de choisir, impuissant à se fixer.
        Un certain type de femme exerce sur lui une emprise tyrannique. Il ne lui demande pas la beauté, mais quelque chose de plus mystérieux ; ce signe sexuel auquel il reconnaît que sa chair a besoin d'elle. Lucette, une humble ouvrière qui a quitté son gagne-pain pour un métier plus facile, pénètre ainsi dans sa destinée ; et, sans amour véritable, c'est pour lui, tout aussitôt, cet asservissement sensuel contre lequel, parfois, il se révolte, auquel pourtant il se soumet avez une fureur désespérée. Mais, obscurs, indéfinissables, ardents aussi, subsistent en lui d'inconscients besoins d'union spirituelle et de pureté. Une figurante de music-hall lui révélera les régions de l'âme autour desquelles il rôde, et qu'il entrevoit sans en trouver l'accès : Lydia, petit être étrange et violent, que la souffrance a bien armée, qui sait cacher sa pensée profonde, sa sensibilité, sa faiblesse, d'autant plus dure envers l'homme, qu'elle se sent plus près d'aimer.
        Un jour, pourtant, elle cède à Julien, parce qu'elle est à bout de forces, qu'elle ne peut plus lutter - et qu'elle l'aime silencieusement. Et lui, qui ne sait pas, qui ne comprend pas, que son âme seule tend à la possession de cette âme, lui qui s'abandonne à un illusoire désir charnel, par habitude, par orgueil, par aveuglement, il accepte la condition que Lydia lui impose :
        « – Aussi vrai que nous sommes ici, je vous jure que si je vous cède je ne vous reverrai plus jamais ensuite.
        « C'était un marché bizarre, mais sincère. Il l'accepta cruellement. Il chercha cette bouche glacée. Elle avait les yeux pleins de larmes...
        « Au matin, elle ne lui adressa pas la parole ; la rue Saint-André-des-Arts frémissait, jusque dans l'escalier pavé de briques. Elle se laissa embrasser sur la joue, et dit enfin :
        « – Adieu ; c'était convenu. Pas au revoir ; adieu.
        « Et c'est alors que, resté seul, il se réveilla tout à fait. Hélas ! il n'avait pas le don des larmes ! »
        Lydia tient parole : Julien ne la voit plus. Lorsqu'il est privé d'elle, il est désemparé, détaché de tout, errant et vide : la perdu ce qui l'arrachait à la terre. Il ne reverra plus Lydia que mourante – assassinée par lui – puisqu'il l'a rendue mère et qu'elle expire en se délivrant, (la scène est atroce, et d'une déchirante beauté), et il apprend alors qu'il était aimé.
        Qu'a-t-elle donc fait sur terre, cette petite créature au cœur craintif, au visage fermé ? Pourquoi ces élans vers un ciel muet, ces souffrances sans merci, ce destin sans lumière ?... Et tous les pauvres gens qui peuplent ce quartier d'infortune, ceux que connaît Lydia, ceux que connaît Lucette, tous ces vieux dont l'existence au fond des bouges est une ténébreuse agonie, qu'attendent-ils au cours de leur vie ? Comment en supportent-ils le poids ? Rien ne leur est concédé, ni les joies de l'esprit, ni les plaisirs du corps. A quelles illusions vont-ils s'accrocher ? Un obscur mysticisme fermente dans ces pensées confuses. A ceux qui n'ont rien sur terre, il faut une certitude plus haute, il faut un Dieu, mais un Dieu à leur mesure, à leur portée, immédiat, saisissable, presque visible. En marge du catholicisme, des sectes se forment donc, qui sont les étranges fleurs spirituelles de la zone et des impasses maudites ; l'antoinisme, avec ses affirmations massives, sa complaisance pour toutes les crédulités, son culte facile, ses miracles, se propage de ruelle en ruelle. Idolâtrie, superstition, mensonge, qu'importe ?... Toute cette humanité déchue, ces vieillards infirmes, ces femmes épuisées, ces frêles fillettes qui passent du ruisseau aux splendeurs du music-hall, et dont le cœur corrompu garde ses candeurs d'enfance, toute cette chair humaine, chair à supplices, chair à plaisir, toute cette chair sans âme est travaillée d'un désir, ardent : elle veut savoir, elle veut croire ; elle demande à connaître les raisons de sa présence sur terre ; elle exige la rançon de ses douleurs ; et elle tend vers un Dieu des mains tâtonnantes.
        Il y a là un pessimisme si profond, et d'un accent si sincère, si frémissant, que la lecture de cet ouvrage, à laquelle on ne peut s'arracher, laisse une impression d'écrasante tristesse. Car cette misère, non pas seulement physique, mais métaphysique, cette ignorance de nos origines et de nos fins, cette universelle tyrannie de la souffrance, cette épouvante du néant qui nous attend peut-être, et dont nous avons la terreur malgré les cruautés d'une vie que nous n'avons pas souhaitée, ce sentiment que nous, les hommes, tous a les hommes, poursuivis pour un crime inconnu, nous sommes des condamnés à mort, ce n'est pas la torture des plus déshérités, c'est la torture de tous ; et qui sait si elle n'est pas plus tragique lorsqu'elle devient plus consciente ? Je crois, pour ma part, que la culture et la pratique de la pensée lui communiquent une incomparable acuité. Je n'en veux d'autre témoignage que ce livre même. Ce n'est pas seulement le roman de quelques déshérités, c'est aussi, (j'outrepasse peut-être les droits de la critique en le notant, mais rien n'ébranlera en moi cette certitude), c'est une confession. Et c'est bien ce qui le rend si violemment dramatique, et ce qui lui donne ce ton de vérité vivante. Pour apercevoir, dans ces larves humaines grouillantes au fond des bouges, dans cette population « sans âme », tout ce qui se dissimule d'appétits spirituels, pour être poursuivi, devant toute créature, par cette hantise de la souffrance, de la vieillesse, de la mort, il faut un peu plus que l'observation et l'interprétation du monde extérieur : il faut une pensée travaillée sans cesse de ces obscurs et terribles problèmes, et qui, en s'exprimant, tente de se délivrer. Y parvient-elle, en prêtant à la souffrance une valeur de rachat, ou n'est-ce pas la dernière illusion à laquelle elle s'attache pour ne pas s'abîmer dans un désespoir sans retour ?
        « Jamais il ne s'était senti moins seul : une présence universelle l'entourait, la conscience d'une souffrance humble et nécessaire, qui rachetait l'ignominie et l'aveuglement des gens heureux. Cette conscience ne prenait pas de voix ni de nom. Elle ramenait peut-être à l'existence des foules innombrables de femmes, avilies, opprimées, des légions de pauvres gens que la mort a vengés de la vie, et à qui elle a restitué leur âme... Vilenies, illusions, esclavage qui ressemble à la liberté, combien de temps vous subir encore avant de voir ce que voient les yeux fermés sous l'océan de la terre, de regarder face à face une âme clémente et joyeuse qui lui aura pardonné ?... »
        Hélas ! ce cri d'espoir n'est encore qu'un cri de désir : mais nulle réponse ne lui est donnée ! D'un bout à l'autre du livre, c'est la même angoisse, la même interrogation jetée au ciel muet. Ainsi nous sommes emportés sur un plan de pensée auquel le roman n'a pas coutume de s'élever. Celui-ci y parvient, et s'y maintient, sans perdre jamais son étroit contact avec la vie ; il extrait de la plus humble réalité toute sa signification spirituelle : c'est assez dire sa puissance et son originalité.

                                               Auguste BAILLY.

    Candide, 23 février 1928


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  • Antoinisme - a new sect (Fortnightly review)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

                    Antoinisme – A New Sect

        M. Louis Timmermans contributes to the Belgian Catholic review, La Cité Chrétienne (No. 124) an article on “Antoinisme,” which he calls “une religion burlesque.”
        Antoinism is a new sect, established by Louis Antoine, a metal worker, born at Flémalle-Grande in 1846, and later a resident of Jemeppe. After frequenting Spiritistic séances, he finally became president of a sect and a healer, who at first prescribed a certain liqueur Coune, but, after being tried for illegally practicing medicine, substituted plain water, to which, as he asserted, he had communicated a magnetic fluid. Later he used magnetized paper in working his alleged cures. His fame grew and he soon posed as a prophet and religious founder. From 1905 to 1910 he wrote and published four books, which are even more obscure and incomprehensible than our own Mrs. Mary Baker Eddy’s Science and Health.
        Louis Antoine, whom his followers fondly called “Le Bon Père,” died in 1912, at the age of 66. Before his death he communicated his powers to his wife, Jeanne Catherine Collon.
        M. Timmermans deals in two separate sections of his paper with the philosophy and the theology of Antoine, who seems to have many followers, especially in Belgium and Holland. The author shows from Le Couronnement de l’Oeuvre Révélée, the most important of Antoine’s books, published in 1910, that the new system, if so it may be called, is based on three fundamental ideas, namely, a pantheistic conception of God, the unreality of the material world, and the existence of two egos in every man, a “moi conscient” and a “moi intelligent,” which pass through a series of reincarnations.
        Antoine’s religious system is based upon “an absolute and unshakable certainty”, which is that Louis Antoine is God and entitled to divine honors. He arrived at this conviction gradually by means of private revelations, which he did not, however, impose as dogmas upon his followers, for, as M. Timmermans remarks, “Le Bon Père knew how to be tolerant and prudent” where the promotion of his pet schemes was concerned. He denied the existence of moral evil and advised his adherents to follow their natural inclinations. “Sequere naturam,” was one of his chief ethical maxims.
        Since Antoine’s death his cult has become accentuated and a “liturgy" has been built up in conformity with his teachings. At their meetings the Antoinists wear special costumes, which are said to have been revealed by “Le Bon Père.” Their leading emblem is the “tree of the view of evil,” which is to remind the adepts that their main task is to cleanse themselves from evil, the existence of which Antoine so strenuously denied. There are many such flagrant contradictions in the system of “Le Bon Père.”
        As to motives of credibility, Antoinisme has absolutely none whatever; every feature of it is “grotesque, vulgar, absurd, odious.” The spread of unbelief is the principal reason for the growth of this burlesque religion, which can be successfully combatted only by the inculcation of the Christian truths and principles of life.
        Those interested in the tenets and activities of this new sect are referred to M. Timmermans’ article, from which we have derived the above-quoted data, and to the following brochures: Het Antoinisme, zijn ontstaan, eijn ziekenbehandeling, zijn godsdienst en zijn eeredienst, by Pastoor Verlinden, Antwerp, 1929; Antoine le guerisseur, sa thérapeutique, sa philosophie, by Canon Leroux, Bruxelles, 1924; and Révélations sur Antoine le guerisseur, by Kervijn, Bruxelles, 1911.

    Fortnightly review, April 1932,
    Vol. XXXIX, N°. 4, pp.86-87
    St. Louis, Missouri

    Source : https://archive.org/details/fortnightlyrevie3839unse/page/86

     

                     Antoinisme - Une nouvelle secte

        M. Louis Timmermans publie dans la revue catholique belge La Cité Chrétienne (n° 124) un article sur l'"Antoinisme", qu'il appelle "une religion burlesque".
        L'Antoinisme est une nouvelle secte, créée par Louis Antoine, ouvrier métallurgiste, né à Flémalle-Grande en 1846, puis habitant de Jemeppe. Après avoir fréquenté les séances spirites, il devint enfin président d'une secte et guérisseur, prescrivant d'abord une certaine liqueur Coune, mais, après avoir été jugé pour exercice illégal de la médecine, il lui substitua de l'eau ordinaire, à laquelle, disait-il, il avait communiqué un fluide magnétique. Plus tard, il utilisa du papier magnétisé pour effectuer ses prétendues cures. Sa renommée grandit et il se présente bientôt comme un prophète et un fondateur religieux. De 1905 à 1910, il écrivit et publia quatre livres, qui sont encore plus obscurs et incompréhensibles que Science and Health de notre propre Mary Baker Eddy.
        Louis Antoine, que ses disciples appelaient affectueusement "Le Bon Père", est mort en 1912, à l'âge de 66 ans. Avant de mourir, il communiqua ses pouvoirs à sa femme, Jeanne Catherine Collon.
        M. Timmermans traite dans deux sections distinctes de la philosophie et de la théologie d'Antoine, qui semble avoir eu de nombreux adeptes, surtout en Belgique et en Hollande. L'auteur montre à partir du Couronnement de l'Œuvre Révélée, le plus important des livres d'Antoine, publié en 1910, que le nouveau système, si on peut l'appeler ainsi, est basé sur trois idées fondamentales, à savoir une conception panthéiste de Dieu, l'irréalité du monde matériel et l'existence de deux moi en chaque homme, un "moi conscient" et un "moi intelligent", qui passent par une série de réincarnations.
        Le système religieux d'Antoine repose sur "une certitude absolue et inébranlable", à savoir que Louis Antoine est Dieu et a droit aux honneurs divins. Il est parvenu progressivement à cette conviction par des révélations privées, qu'il n'a cependant pas imposées comme des dogmes à ses disciples, car, comme le remarque M. Timmermans, "Le Bon Père savait être tolérant et prudent" lorsqu'il s'agissait de promouvoir ses projets favoris. Il nie l'existence du mal moral et conseille à ses adeptes de suivre leurs penchants naturels. "Sequere naturam" était l'une de ses principales maximes éthiques.
        Depuis la mort d'Antoine, son culte s'est accentué et une "liturgie" a été élaborée conformément à ses enseignements. Lors de leurs réunions, les Antoinistes portent des costumes spéciaux qui auraient été révélés par "Le Bon Père". Leur emblème principal est "l'arbre de la vue du mal", qui rappelle aux adeptes que leur tâche principale est de se purifier du mal, dont Antoine a si vigoureusement nié l'existence. Il y a beaucoup de contradictions flagrantes de ce genre dans le système du "Bon Père".
        Quant aux motifs de crédibilité, l'Antoinisme n'en a absolument aucun ; tout en lui est "grotesque, vulgaire, absurde, odieux". L'extension de l'incrédulité est la raison principale de la croissance de cette religion burlesque, qui ne peut être combattue avec succès que par l'inculcation des vérités chrétiennes et des principes de vie.
        Les personnes intéressées par les principes et les activités de cette nouvelle secte sont invitées à consulter l'article de M. Timmermans, dont nous avons tiré les données citées ci-dessus, ainsi que les brochures suivantes : Het Antoinisme, zijn ontstaan, eijn ziekenbehandeling, zijn godsdienst en zijn eeredienst, par Pastoor Verlinden, Anvers, 1929 ; Antoine le guérisseur, sa thérapeutique, sa philosophie, par le chanoine Leroux, Bruxelles, 1924 ; et Révélations sur Antoine le guérisseur, par Kervijn, Bruxelles, 1911.


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  • Roux-Hainaut (Belgique) - Le Père dans son jardin avec la Mère


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  • Roux-pittoresque (province du Hainaut, Belgique) - L'Ecole Morale et l'habitation du Père


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  • Roux-Hainaut (Belgique) - L'Habitation du Père

    Roux-Hainaut (Belgique) - L'Habitation du Père, professeur de l'Ecole Morale, surnommé Le Grand Docteur sans Médicament


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  • Père Dor - Discours (1913)(Bibliographie de Belgique)

    Discours prononcée le jour de la Toussaint à l'École morale, à Roux (Hainaut-Belgique). 1913


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  • Père Dor - Christ parle à nouveau (1913)(Bibliographie de Belgique)

    Christ parle à nouveau, par le Père Dor.


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  • Père Dor - Catéchisme (1912)(Bibliographie de Belgique)

    Catéchisme de la restauration de l'âme, par le Père Dor, simulateur des vertus. surnommé aussi docteur sans médicament. Un seul rem`de pour guérir l'humanité : l'amour du bien (C#est-à-dire désintéressement).


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  • Le Père - Professeur de l'Ecole Morale - Roux-Hainaut (Belgique)

    Information

    Name : Pierre DorJPG

    Type : Family picture

    Date : 07-14-2017

    Private picture : No

    Permalink : https://www.geneanet.org/media/public/pierre-dorjpg-9288075

     

     

    15 mai 1862 :

    Naissance - Mons (Liège)

    --- :

    Premier mariage avec Elisabeth Marie Box (née le 16 mars 1865 - Liège et décédée le 23 juin 1896 rue du Bois-de-Mont à Jemeppe-sur-Meuse à l'âge de 31 ans).

    Profession guérisseur, initiateur du dorisme, un schisme de l'Antoinisme créé par son oncle le Père Antoine Il a été actif surtout dans la région de Charleroi qu'il a dû quitter pour continuer son oeuvre à Uccle; Le Dorisme est mort en même temps que lui.

    24 déc. 1896 :

    Mariage (avec Josèphe (Joséphine) MONET) - Mons (Liège)

    5 mars 1947 :

    Décès - Uccle

    Notes individuelles

    Il a habité à Uccle Vieille rue du Moulin 344 de 1923 à 1947 où il est mort (quartier Fort Jaco) Almanach de la ville de Bruxelles

     

    Notes concernant l'union

    Union avec Josèphe ( Josèphine ) MONET, deux enfants :

    1.Louis Léon, Né à Jemeppe sur Meuse (rue des Tombales 1 au café à côté du temple antoiniste) le 7/10/1897 - pas de descendance connue, décédé à Uccle après 1958.

    2.Pierre Joseph Napoléon, né à Jemeppe sur Meuse le 25/3/1901. Lui-même a eu un fils unique : Pierre Jean Louis, né à Etterbeek en 1926 et décédé à Uccle en 2017, et qui a été Docteur en Médecine, chirurgien à l'Institut Bordet et professeur à l'ULB.

     

    Arbre généalogique de Henri PAULISSEN 

     

    source : https://gw.geneanet.org/dryedani?lang=fr&n=dor&nz=paulissen&oc=0&p=pierre+joseph&pz=henri+jose+pierre&type=fiche


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  • Signature de Louis Antoine

    Signature d'Antoine (janvier 1907)
    in Signature de Louis Antoine Pierre Debouxhtay, Antoine le Guérisseur et l'Antoinisme (1934), p.143


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  • Encart d'annonce pour la sortie du Tome II de Debouxhtay

    Annonce de la publication du Tome II d'Antoine le Guérisseur et l'Antoinisme
    par Pierre Debouxhtay à la fin du Tome I (publié en 1934).

        La note 17 (de la page 141) du tome I dit : "Dans le tome II de ce travail nous analyserons les doctrines contenues dans les livres sacrés, et nous aurons l'occasion de revenir sur les corrections faites au texte primitif".

    Malheureusement la publication de ce deuxième tome n'a jamais eu lieu sans qu'on en sache la raison.
    Par contre, en 1945, il publie un petit livre sur le Culte Antoiniste.


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  • Temple Antoiniste de Verviers (sans animation)


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  • Temple Antoiniste de Saint-Étienne - rue Caussidière


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