• Une victime de l'antoinisme (L'Evénement, 28 juillet 1912)Une victime de l'antoinisme. -- M. Kastler, juge d'instruction, a procédé hier à l'interrogatoire des époux Leclercq, accusés d'avoir laissé mourir leur enfant, faute de soins.
        Leclercq, disciple d'un thaumaturge, « le père Antoine », ne croit pas à la science des médecins, aussi s'était-il contenté de suspendre au chevet de sa petite fille, malade, le portrait du père Antoine. Naturellement, l'enfant mourut et le médecin de l'état civil refusa le permis d'inhumer.
        Interrogé par le magistrat, Leclercq affirme hautement sa foi dans « l'antoinisme » qui, dit-il, prend à toutes les religions ce qu'elles ont de meilleur.
        – Vous n'en avez pas moins laissé mourir votre enfant, lui fait remarquer le juge.
        – C'est qu'elle devait mourir, répond l'antoiniste convaincu, d'ailleurs, je suis certain qu'un médecin ne l'aurait pas sauvée.
        Et l'inculpé se lance dans une longue dissertation sur l'incurie de la médecine à laquelle il oppose la resplendissante lumière de la doctrine du père Antoine.
        A noter que ledit père Antoine aurait été poursuivi dans cette affaire, mais par une simple coïncidence, il a rendu sa belle âme en même temps que l'infortunée petite victime.
        Ne pouvant rien tirer du fanatique Leclercq, M. Kastler a interrogé sa femme. Cette dernière n'a pas la foi robuste de son époux, elle se moque du père Antoine et de sa doctrine, mais elle a dû s'incliner devant la volonté de Leclercq qui ne voulut jamais qu'un médecin pénétrât chez lui.
        Leclercq et sa femme sont inculpés d'homicide volontaire, du fait d'avoir causé la mort de leur fille en la privant des soins qui pouvaient la sauver.
        Ils passeront en cour d'assises et pourront être condamnés à la réclusion ou aux travaux forcés à temps.
        Les époux Leclercq sont assistés de Mes Pierre Turpaud et Bigeard.

    L'Evénement, 28 juillet 1912


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  • Développement, Le mystère de la réincarnation, p.39-40

    Développement, Le mystère de la réincarnation, p.39-40

        Tout effet a une cause qui nous est ignorée pour autant que la foi nous fait défaut.

    Développement de l'Enseignement du Père, Le mystère de la réincarnation, p.39-40


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  • Développement, Le mystère de la réincarnation, p.38

        N'ignorez pas qu'aucun corps n'existe pour un esprit élevé au dessus de cette imagination, que le moindre obstacle ne peut subsister pour lui, c'est-à-dire que nous nous pénétrons de la foi au fur et à mesure que nous surmontons ce qui en est l'opposé, la matière.

    Développement de l'Enseignement du Père, Le mystère de la réincarnation, p.38


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  • Maurice Colinon - Le Phénomène des sectes au XXe siècle (1959)

    Auteur : Maurice Colinon
    Titre : Le Phénomène des sectes au XXe siècle
    Éditions : Fayard (Collection "Je Sais, Je Crois"), Paris, 1959

    Recension :
        Ce petit ouvrage allègrement écrit résume et synthétise pour le grand public catholique les résultats des travaux de l'auteur lui-même, du R. P. Chéry, du Chanoine Verrier, du R. P. Lavaud et du présent recenseur sur les « sectes » dans notre pays. Une bibliographie sommaire termine le livre et permet de pousser plus loin l'étude. Il faut remarquer et saluer ici un progrès certain dans la typologie de l'auteur. Certes le mot « secte » est employé un peu légèrement, d'une manière en tout cas qui étonne le sociologue. Ainsi lisons-nous, p. 11 : « Tous ces mouvements, toutes ces Eglises, toutes ces Sectes... ont en commun... quelques traits..., dont le principal parait étre celui-ci : aux Ecritures, elles ajoutent généralement une « révélation » due à quelque prophète inspiré qui est supposé éclairer ou compléter la Bible ». Dans ce cas-là, et nous doutons qu'il se vérifie dans la plupart des exemples dont M. Colinon nous entretient, il faut parler de religions nouvelles, et non indifféremment de mouvements, d'Eglises ou de Sectes. Ceci dit, notre auteur divise son monde en : 1) Sectes d'Origine Protestante, 2) Sectes Guérisseuses (non-protestantes, donc), et 3) « Dissidences » catholiques Modernes. Le refus initial d'une typologie est compensé par le groupement fait par l'auteur pour les besoins de sa rédaction. Nous nous félicitons de ce pas en avant vers une classification plus nettement scientifique, regrettant seulement qu'elle n'aille pas plus loin.
                      J. S.

    source : https://www.persee.fr/doc/assr_0003-9659_1959_num_8_1_2066_t1_0178_0000_2

     

        Évoque les Antoinistes de la page 73 à 81 :

    LE « PERE » ANTOINE ET L'ANTOINISME

        Il est parfois assez difficile de comprendre comment naît une secte. Quand il s'agit d'un mouvement d'origine protestante, le processus paraît bien établi. Mais que dire des « Petites Eglises » qui ont pris naissance chez nous (ou presque), à une date récente ?
        A ce titre, l'exemple de l'Antoinisme ne manque pas d'intérêt. Il s'agit, en effet, d'un mouvement numériquement important (un million d'adeptes, affirment ses dirigeants), d'origine proche (au début de ce siècle) et dont le fondateur est né et a vécu dans cette partie de la Belgique la plus voisine de la France : la région de Mons.
        Ce qui est arrivé à Jemeppe-sur-Meuse en 1906 ne pourrait-il pas se produire encore aujourd'hui ?
        Essayons donc de revivre cette extraordinaire aventure, et de comprendre de quelle manière un homme « comme les autres » peut devenir, par étapes, un guérisseur, un mystique, un prophète, un fondateur de religion et même – aux yeux de beaucoup de ses disciples – une sorte de Dieu.

    Un homme « comme les autres »

        Dans tous les temples antoinistes, un portrait domine la salle de culte : c'est celui d'un beau vieillard dont les longs cheveux blancs, la barbe en éventail et les moustaches d'ouate épaisse auréolent le visage extasié et doux. Ce vieillard, c'est le « Père » à la fin de sa vie terrestre.
        Les biographies du « Père » Antoine sont nombreuses, et souvent contradictoires sur les points importants. Nous suivrons plus volontiers celle que lui a consacrée M. Robert Vivier, auteur sympathique à l’Antoinisme et même probablement disciple du « Père ». Pour tout ce qui concerne l'homme, elle nous guidera avec objectivité.
        Louis Antoine est né le 7 juin 1846 à Mons-Crotteux, en Belgique. Il était le cadet d'une famille de onze enfants et son stimulé par l'exemple de ses parents, pieux et charitables, le petit Louis se passionnait pour l'histoire sainte. A douze ans, il fit sa première communion. Puis il quitta l'école et, à son tour, descendit dans la mine.
        Le métier de mineur lui déplaisait. Il obtint de ses parents la permission d'aller travailler à Seraing, dans une chaudronnerie. Il y resta jusqu'à l'âge de vingt ans. A cette époque, il avait une foi fort vive et s'écartait souvent de ses compagnons pour prier à son aise. En 1866, il partit faire son service militaire. Profitant de ses instants de loisir, il lisait tout ce qui lui tombait sous la main. L'aumônier du régiment, qui redoutait les effets de ces découvertes désordonnées et disparates sur un homme dénué de culture de base, lui dit un jour : « Antoine, mon ami, prenez garde aux lectures. Ce sera votre péché... » Il ne croyait pas si bien dire.
        Quand, quatre ans plus tard, la guerre éclata avec l'Allemagne, Louis Antoine fut de nouveau appelé sous les armes. Là se produisit un événement tragique, qui devait avoir sur son esprit la plus profonde influence : au cours d'un exercice, Louis tua, d'un coup de fusil, un de ses camarades. Il était si estimé de ses chefs que la sanction fut bénigne. Mais, des années durant, Louis Antoine allait se demander : « Pourquoi cette épreuve ? Pourquoi ? ».
        Démobilisé, il partit travailler en Allemagne, où les ouvriers qualifiés touchaient de hauts salaires. Au cours d'un congé, il épousa la sœur d’un de ses amis, Catherine Collon, qui attendait un enfant de lui. Le bébé naquit en Allemagne et reçut le prénom de Louis. Trois ans plus tard, le jeune ménage rentrait en Belgique et Antoine se mit à vendre des légumes avec une carriole. L'hiver, il continuait à lire beaucoup. Il s'intéressait particulièrement à la médecine, et aussi aux doctrines socialistes. Il réfléchissait, seul, durant des heures.
        Le jeune ménage était très pauvre ; presque dans la misère. Aussi Antoine décida-t-il de s'expatrier à nouveau. Cette fois, ce fut comme contremaître dans une usine de Varsovie. Le jeune ménage en revint cinq ans plus tard, avec un pécule qui le mettait à l'abri du besoin. Et Louis se contenta des modestes fonctions de concierge aux « Tôleries liégeoises », à Jemeppe-sur-Meuse.
        Son caractère avait changé. Les pensées obscures qu'il retournait dans sa tête l'avaient aigri. Il souffrait de l'estomac ; un jour même, il s'était battu et avait eu affaire à la police. Il ne pouvait même plus prier. Un prêtre, auquel il confia son désarroi, lui dit : « Méfiez-vous. Il est très dangereux de penser quand on n'a pas assez d'instruction... » Il refusa la leçon, et décida de chercher ailleurs.
        C'est alors qu'un camarade, Gustave Gony, l'introduisit dans un cercle spirite. Il lui prêta Le Livre des Esprits, d’Allan Kardec. Louis Antoine s'enthousiasma pour le spiritisme, et crut y trouver la réponse à toutes les questions qui l'obsédaient depuis si longtemps ? Bientôt, les évocations eurent lieu chez lui. Il se découvrit médium, fonda son propre groupe « spiritualiste », qui prit le nom de Vignerons du Seigneur. C'étaient ses premiers pas sur un chemin qui devait le mener très loin...

    Guérisseur, puis prophète

        En 1893, Louis Antoine eut la douleur de perdre son fils unique. Il choisit de lui faire des obsèques spirites. Un seuil décisif était franchi : Antoine quittait avec éclat le catholicisme.
        Sa foi spirite s'affermit avec l'espoir de communiquer avec son fils décédé. En même temps, il s'attache au problème de la maladie. Les « esprits » répondent à son attente. Deux d'entre eux, qui disent se nommer « docteur Carita » et « docteur Demeure » lui dictent des ordonnances. Antoine impose les mains aux malades, recommande certains remèdes, distribue des morceaux de tissu « magnétisé », édicte des régimes alimentaires. Le voici guérisseur. Et guérisseur spirite.
        Bientôt, il quitte ses fonctions à l'usine et se consacre tout entier à sa « mission ». Séances de guérison et évocations spirites vont de pair. Antoine compose un résumé des « enseignements » des « esprits » qu'il intitule Petit catéchisme spirite et que ses disciples répandent de porte en porte. On y lit notamment :
        « Les Vignerons du Seigneur guérissent les maladies, chassent les démons (mauvais esprits), ressuscitent les morts, s'entretiennent avec les disparus de ce monde, donnent gratuitement ce qui leur a été donné gratuitement. »
        Pour Antoine, le corps n'est rien. Pour le guérir, c'est à l'âme qu'il faut s'attaquer. Et lui-même n'y parvient encore qu'avec l'aide d'un guide de l'au-delà dont il donne cette description :
        « Il m'apparaît comme un nuage lumineux lorsque je dois réussir ma cure ; mais quand ceux qui viennent à moi n'ont pas la foi, mon guide s'en va, je deviens seul... C'est la foi qui nous guérit. Si nous croyons que nous allons cesser d'être malade, la maladie s'en va. »
        En 1900, les malades se pressent si nombreux qu'il faut construire une vaste salle pour les recevoir. On la décore des portraits d’Allan Kardec, du curé d'Ars et du « docteur Demeure », ainsi que d'une gravure représentant « le Christ guérissant les malades ».
        Le 19 février 1901, Antoine comparaît devant le tribunal correctionnel de Liége pour exercice illégal de la médecine. Ne fait-il pas des diagnostics, n'ordonne-t-il pas des remèdes ? Antoine est condamné, avec sursis. Comme l'écrivent ses disciples : « Un nouveau magistrat s'est levé, et du coup un mauvais fluide s'est répandu dans la salle. Il y a eu lutte de fluides et finalement Antoine a perdu. »
        Mais, comme il arrive toujours en ces sortes d'affaires, les journalistes rendent longuement compte du procès et Antoine en retire une énorme publicité. Cette condamnation le fait réfléchir. Ne pourrait-il abandonner les passes magnétiques et tout le reste pour ne s'en tenir qu'à la prière ? il le tente, et s'aperçoit très vite qu'il obtient les mêmes résultats. Son journal L’Unitif écrira : « Sans cette condamnation, il aurait continué à opérer matériellement... Ainsi les médecins et les juges lui avaient rendu le plus grand service en dissipant un doute et en lui démontrant d'une manière palpable que seules opéraient sa foi et notre confiance en lui. »
        L'affaire, peu à peu, se dégage des gestes matériels. Le Père, comme on commence à l'appeler, précise lentement sa doctrine. En 1905 paraît en librairie, sous le titre d'Enseignement, le recueil des entretiens qu'il a avec ses disciples. Les adeptes se mettent en campagne pour colporter la parole du Père.
        A cette époque, Antoine est encore un pur spirite. Il répète : « Je ne suis qu'un guérisseur, un médium comme les autres. » Et son disciple Hollange proclame, dans un hymne en vers :

                  Déjà le spiritisme se lève
                  Et conquerra le genre humain...

        Mais, un dimanche matin, Antoine réunit ses fidèles et leur dit de sa voix tranquille et douce : « J'ai reçu une inspiration, mes enfants. Nous devons abandonner les évocations et la médiumnité. Le vrai spiritisme n'est pas là. »
        Il brûle tous les exemplaires de sa doctrine et précise : « Bientôt, je vous révélerai un nouvel Enseignement. »
        Nous sommes en 1906. La salle de consultations est démolie et remplacée par un véritable Temple. Le Maître quitte ses habits ordinaires pour y paraître désormais vêtu d'une longue lévite noire, fermée du haut en bas. Chaque dimanche, pendant trois ans, il va prêcher sa nouvelle révélation qui sera imprimée aussitôt. Ce seront : « La Révélation de l’Auréole de la Conscience », suivie du « Couronnement de l'œuvre révélée » et du « Développement de l'Enseignement », les trois livres sacrés de l'Antoinisme.
        On ne parle plus des Vignerons du Seigneur. L'Antoinisme est né. Après trois années de prédication, Antoine fait retraite. Pendant six mois, il s'enfermera dans sa chambre. Même sa femme, collaboratrice de tous les instants, se verra condamner sa porte. Que faisait Antoine ? M. Robert Vivier nous le dit : « Il ajustait avec prudence les pièces d'un étrange appareil de précision, fait de mots et de pensées. Et cet appareil, qu'il montait et démontait sans trève dans le silence de sa petite chambre, sous le toit, ce n'était rien moins que l'univers »...
        A Pâques 1910, Antoine reprend sa place dans le Temple. Désormais, il renonce à recevoir individuellement ceux qui viennent le consulter. Il impose les mains à l'assemblée tout entière. Le 15 août, il consacre solennellement le Temple au nouveau culte. Le dernier pas est franchi : Antoine, le « Père », fonde sa propre religion.

     

        L'introduction également est disponible en ligne.


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  • Plus près de toi, Seigneur (L'Homme libre, 12 nov 1929)

    NOTE DU JOUR

      Plus près de toi,
          Seigneur ?

        Si le besoin d'une nouvelle religion ne se faisait pas sentir, la revendication mise à la mode dans le commerce par la cherté de la vie devait avoir sa répercussion dans les croyances : c'est, aussi, pour supprimer les intermédiaires que le Père Antoine, mineur à Jemmapes, a fondé une nouvelle Eglise dont la particularité est de n'avoir pas de prêtres et de mettre les fidèles directement en rapport avec la divinité.
        Aussi bien le Père Antoine fut-il, pour cela, inspiré de Dieu lui-même. Il vécut dans la plus noire atmosphère, mais illuminé d' « éclairs » et réconforté de « voix ». Ses mains eurent le pouvoir de guérir. Rebouteux ? Peut-être mais aussi, se prétendit-il, rebouteur des âmes. Et son succès fut tel dans la Belgique d'hier que la secte « Antoiniste » s'est révélée aussi forte, aussi nombreuse qu'une Eglise...
        Mais sans prêtres. Voilà toute la nouveauté. Mort, le Père Antoine a laissé son pouvoir à sa femme, la « Mère » Antoine qui préside si bien aux destins de la secte qu'hier elle a amené cinq cents de ses disciples de Belgique à Nantes pour y inaugurer un nouveau temple. Là, chacun officie à son tour et prie en commun. C'est le retour vrai à la tradition des premiers apôtres et le « bain de simplicité » du christianisme, éloigné de ses sources par ses profiteurs, les intermédiaires prêtres, évêques et papes...

                                        Jacques BARTY.

    L'Homme libre, 12 novembre 1929


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  • Paris-St-Germain des Prés - Samoanische Zeitung (21 Dec 1928, Page 6)    Antoinism, a religious cult that deals with mental and bodily ills, is to have a second church in Paris. The announcement caused Parisians to learn that this sect, only a generation old, has 100 churches throughout the world ruled from the little town of Jemeppe-sur-Meuse in Belgium where "The Mother," widow of Antoine, founder and "The Father," still presides over the services. It is a tenet of the cult that illness and matter are unreal.

    Samoanische Zeitung, 21 December 1928, Page 6

    Source : https://paperspast.natlib.govt.nz/newspapers/


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  • Almanach de Bruxelles - 1923 - 1930 - 1956

    Almanach de Bruxelles - 1923 

    Almanach de Bruxelles - 1923 - 1930 - 1956

    Almanach de Bruxelles - 1930 

    On sait qu'il cherchera à s'occuper de commerce

    Almanach de Bruxelles - 1923 - 1930 - 1956

    Almanach de Bruxelles - 1956


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  • Een slachtoffer van Père Dor (Het Vlaamsche nieuws, 16 mai 1917)

     

    Een slachtoffer van Père Dor? – Het Parket van Charleroi komt een nieuw onderzoek te beginnen ten laste van « Père Dor », naar aanleiding van den dod van een meisje uit Chapelle-lez-Herbaincourt, die de «doristische » metode volgde. De lijkschouwing zal de juiste doodsoorzaak vaststellen.

    Het Vlaamsche nieuws, 16 mai 1917

     

    Traduction :

    Une victime du Père Dor ? – Le Parquet de Charleroi est chargé sur le "Père Dor" d'ouvrir une nouvelle enquête sur le décès d'une fille de Chapelle-lez-Herbaincourt (sic), qui a suivi la méthode "doriste". L'autopsie déterminera la vraie cause du décès.

     

    Nota : doit-on lire Chapelle-lez-Herlaimont au lieu de Chapelle-lez-Herbaincourt.


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  • Nouvelles de province (L'écho de la presse intern., 31 déc 1916)

           Nouvelles de province

          La rentrée du Père Dor à Roux.

        On sait – ou on ne sait pas – que le Père Dor a repris ses « opérations » à son Ecole morale de Roux. Le Père Dor revient deux jours la semaine « arroser » de son fluide ceux et celles – celles surtout – qui ont besoin d'un « rafraichissement » moral.
        Le premier jour de nombreux curieux se trouvaient à l'arrivée du train de Bruxelles amenant le Père. Celui-ci descendit accompagné d'un groupe d'adeptes de la capitale. En route vers le Temple de la Vertu !!! Et voilà le Père escorté de la foule gouailleuse et souriant sous des quolibets.
        Pendant que la force armée refoule des antidoristes, à quelques centaines de mètres au-delà, le Père et ses apôtres pénètrent dans le temple où se trouvent massées 12 à 1500 personnes.
        Sans perdre une seconde, il escalade la chaire, d'où, autrefois, il procédait aux « opérations générales » et harangue l'assistance.
        Nous arrivons juste au moment où il dit :
       « Soyez sans crainte, le Père dort bien, le Père mange bien, le Père bois bien, le Père a la conscience nette, et s'il a été condamné à 16 mois de prison et au remboursement que vous savez, c'est pour avoir été trop honnête, c'est pour n'avoir pas satisfait certaines femmes dans des désirs que je n'ose pas dire.
        Un « gloussement » d'approbation se perçoit.
        Le Père annonce ensuite qu'il va recevoir « ses » malades un à un. Il les engage à être brefs, à ne pas entrer dans les détails de leurs souffrances, « vous devez, leur dit-il, savoir que je travaille jour et nuit à votre intention et que d'avance vous êtes exaucée dans ce que vous demandez ».
        Les dix premiers numéros – il y en a 800 distribués – sont appelés et leurs porteurs s'apprêtent à aller recueillir leur part de fluide, lorsque la police apparaît, son chef notifiant à la dame du petit comptoir l'interdiction de tenir une réunion publique.
        Protestation de la dame : « Ce n'est pas une réunion, c'est jour de consultation et ces personnes attendent leur tour d'être reçues ». – « Oui, oui, voici nos tickets », et 800 bras se lèvent brandissant le ticket sauveur... d'une situation équivoque.
        Le Père apparait et explique à son tour aux agents de l'autorité que la réunion de ce jour n'en est pas une. Le « fluide calmant » agit et pendant dix minutes les policiers se tiennent cois.
        A la fin, impatients et désireux d'en finir, ils prennent la décision de mettre tout le monde dehors, y compris le Père lui-même qui est prié d'aller s'expliquer au bureau, ce qu'il fait de la meilleure grâce en affirmant une dernière fois que « tout ce qui est arrivé est pour un bien ».

    L'écho de la presse internationale, 31 décembre 1916


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  • Père Dor - Plagiat (La Belgique, 24 novembre 1916)

    LES PLAGIATS DU PÈRE DOR

        On a été assez étonné d'entendre cette accusation dans la bouche de l'honorable magistrat occupant le fauteuil du ministère public dans le procès du Père Dor, que l'accusé se serait rendu coupable de plagiat pour la confection de son livre incriminé „Christ parle à nouveau”. Le Père aurait promené des ciseaux dans les œuvres d'Allan Kardec et autres théosophes de cet acabit.
        Comment peut-on encore parler de plagiat en ce siècle où tout a été dit sur toutes choses ! De tout temps, les écrivains et non de moindres, n'ont-ils pas fait des „emprunts” à leurs devanciers ! Virgile, qui savait si bien se plaindre lorsqu'on le volait – „sic vos non volis” – se gênait assez peu lui-même d'emprunter aux autres. Aecius et même le grand Lucrèce furent mis par lui à contribution. Virgile ne prenait-il pas de même des vers presque entiers dans le poème de Lucrèce ! Le Père Dor est vraiment en bonne compagnie : Hérodote, Sophocle, Ménandre, Euripide, Diodore de Sicile, Tite-Live et Salluste n'ont pas échappé au reproche de plagiat.
        On connait assez le cas de Molière, convaincu d'avoir reproduit presque textuellement une scène du „Pédant joué”, de Cyrano de Bergerac. Racine lui-même n'a pas dédaigné d'imiter. Un grand nombre de vers d'„Athalie” et de „Phèdre” ont eu des précurseurs, Shakespeare, lui, fut un terrible pillard. Un de ses contemporains l'appelle une „corneille parée des plumes d'autrui”. Sur 6,043 vers, le savant Malone découvrit que 1,771 avaient été écrits par des auteurs antérieurs ; 2,973 avaient été „habillés” par le grand poète, et le reste, soit 1,899 vers, appartenait à Shakespeare. C'est peu.
        Voltaire, le Boiardo, l'Arioste, Métastase, La Fontaine, André Chénier, Musset, d'Annonzio et combien d'autres, ont dû relever cette accusation.
        La Fontaine, lui, s'en glorifiait, on le sait ; il avouait emprunter aux autres leurs idées, leurs tours et leurs lois, et disait dans son épitre à l'évêque d'Avranches qu'un endroit plein d'excellence, rencontré chez les maîtres, pouvait entrer sans violence dans ses vers :

            Je l'y transporte et veux qu'il n'ait rien d'affecté,
            Tâchant de rendre mien cet air d'antiquité.

        Ajoutons qui peut être dangereux d'emprunter ou de dérober lorsqu'on n'est pas de taille à encadrer convenablement à habiller l'emprunt. C'est peut-être ce qu'a voulu dire à Charleroi l'honorable organe de la loi.

    La Belgique, 24 novembre 1916


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  • Chez le Christ (La Belgique, 10 novembre 1916)

         Chez le « Christ »

    Le Père Dor, Messie du XXe siècle.

        Trouvé, l'autre matin, dans mon courrier, le billet suivant :
        – Viendra devant le tribunal correctionnel de Charleroi, les 9, 10 et 11 novembre, l'affaire du Père Dor, surnommé le Nouveau Christ ou le guérisseur des âmes. Ce grand-prêtre de la nouvelle doctrine donnait à Roux des consultations quotidiennes suivies par plusieurs centaines d'auditeurs. Il eut quelque succès, mais des plaintes aussi surgirent. Le Parquet, après une laborieuse instruction, se décida à poursuivre. Des centaines de témoins sont cités. Il en est qui habitent Saint-Pétersbourg, car le Père officia en Russie également. La population de Charleroi est divisée en Doristes et Anti-Doristes. Cela nous promet des débats intéressants.

        Et cet autre avis :
        – Allez donc interviewer le Père Dor qui officie 344, rue du Moulin, Uccle-Saint-Job. Très intéressant !”
        Un nouveau guérisseur des âmes ? Voilà bien les effets de la guerre : on ne trouve plus de pommes de terre, mais les „sorciers” et les guérisseurs des âmes affluent... Les tireuses de cartes doivent avoir aussi une plus nombreuse clientèle : certains esprits sont si affaiblis, si désorientés !
        Le Père Dor ! Cet homme n'est pas un inconnu pour des journalistes qui, à diverses reprises, l'ont taquiné. Rien n'est sacré pour un sapeur, dit la chanson. Il y a des journalistes qui se conduisent comme des sapeurs. Quelle engeance !
        Le Père Dor ! Mais, vous le savez sans doute, c'est le neveu de feu Antoine-le-Guérisseur, qui enseignait un nouveau spiritualisme tous les dimanches à Jemeppe-lez-Liége, qui publiait l'„Unitif”, bulletin mensuel de l'antoinisme, et l'„Auréole de la Conscience”, où il affirmait qu'un seul remède pouvait guérir l'humanité : la foi, et que c'est de la foi que naît l'amour. Le neveu est un guérisseur comme l'oncle dont la puissance magnétique a guéri de nombreux malades. Le neveu guérit notamment les névralgies et la jaunisse, l'asthme et la constipation... Les Doristes seront bientôt 200,000, et, comme les Antoinistes, il y a six ans, ils pourront un jour envoyer au Parlement une pétition monstre pour obtenir la reconnaissance du culte doriste.
        Et le Messie du XXe siècle, comme il s'intitule, était attrait devant un tribunal correctionnel, lui qui se proclame, comme Victor Hugo, citoyen de l'Univers ! Quelle engeance aussi, les magistrats belges !
        Voilà pourquoi mercredi, au petit jour, par une pluie battante et crépitante, je faisais la dure ascension de la montagne de Saint-Job lez-Uccle. Et tout en escaladant les pentes abruptes, je songeais qu'un jour Gladstone composa une carte des courants religieux : chrétiens, universalistes, unitaires, théistes, sceptiques, athées, agnostiques, néo-païens, sécularistes, panthéistes, positivistes... Cette carte est à réviser ; elle contient trop de lacunes !
        Un petit bâtiment en briques rouges, propre, fort avenant : „Ecole morale”. C'est là qu’il habite... Une tête de femme derrière un judas... La porte s'ouvre... Me voici dans une sorte de chapelle laïque... Des bancs, des murs blanchis à la chaux. Une pancarte : „Christ parle à nouveau... Pour jouir de la véritable vie, un seul remède, l'amour de soi-même, c'est-à-dire l'amour de la perfection”. Au fond, un grand tableau : un homme, une sorte de moujik tout de noir vêtu, cheveux retombants, barbe étalée, donne une consultation à une femme qui porte dans ses bras un enfant souffreteux. Ce doit être „le Père” ; ce doit être Lui... C'est intitulé : „le Messie nouveau”.
        Une porte s'ouvre... Le moujik apparaît. Je pénètre dans une pièce grande comme une cellule de trappiste. Le „Père”, souriant, m'avance un siège... Il est habillé de noir ; des fils argent ourlent la barbe ; les cheveux ne retombent plus sur les épaules. Physionomie empreinte d'une grande douceur...
       – Je savais que vous alliez venir...” 
        Comment, Lui aussi ! Comme le „sorcier” de Woluwe, alors ? C'était vexant... !
        – On m'avait dit qu'un journaliste viendrait peut-être m'interviewer...” 
        Je le questionne :
        – Pourquoi, monsieur, devez-vous comparaître devant le tribunal correctionnel de Charleroi ?
        – Il y a trois ans, voyez-vous, il y a eu une descente du Parquet à Roux. On m'accusait, par lettre anonyme, de pratiquer, n'est-ce pas, l'art de guérir. Je ne donne pas de médicaments. Je vais à la cause du mal, voyez-vous. Pas d'effet sans cause. Je remonte à la cause. Celui qui ne veut pas se corriger ne peut pas être guéri.
        – Quels genres de maladies soignez-vous ?
        – Toutes les maladies physiques et morales.
        – Avec succès ?
        – Il y a énormément de guérisons.
        – Mais pourquoi donc poursuit-on ?
        – On m'accuse d'avoir commis une escroquerie. Ce n'est pas vrai. Je n'ai aucune instruction...
        – Comment faites-vous vos livres ?
        – Il me faut du temps... Je mets une phrase, puis une autre... Je cherche des mots pour entourer ma pensée. Il y a des mots qui ne sont pas de moi...
        – Vous êtes Belge...
        – Je suis né à Mons-Crotteux, près de Liége. En l'an VIII j'ai été en Russie. L'an IX je me suis établi à Roux-Wilbeauroux... En Russie, j'ai été poursuivi pour avoir guéri... J'aurais dû, voyez-vous, passer au tribunal... Je suis parti...
        – Vous voulez, si je ne me trompe, dématérialiser l'homme ?
        – Oui. Je détruis le mot Dieu... L'amour existe, elle se réincarne...
        – Etes-vous théosophe ?
        – Non, mais je dis qu'il y a, voyez-vous, des réincarnations. Tant que l'homme a une imperfection, il revient sur la terre.
        – Avez-vous beaucoup de visites ?
        – Environ quatre cents par jour. Avant la guerre, j'avais de 500 à 600 malades par jour. Ils achètent mon livre s'ils le veulent... Je vous le donnerai...
        – Je crois me rappeler que vous préconisez l'abstinence charnelle ?
        – Non, l'excès, le trop. Il y a des malades par excès.
        – Etes-vous malthusien ?... Néo-malthusien ?
        Le Père paraît ne pas comprendre…
        – Dites-vous aux ouvriers : „ Pas plus d'enfants que vous ne pouvez en nourrir” ?
        – Je ne dis pas cela !... Il faut laisser tout naturellement venir le fruit de la semence. Je combats l'avortement, voyez-vous... Si l'on m'écoutait, il y aurait dix fois plus d'enfants.
        – Quel est, en somme, votre système ?
        – Je recommande l'effort avant tout. Je démolis la foi, la prière... Je vais à la cause…
        – Laquelle ?
        – La colère, l'égoïsme... Il y a alors des excès. L'homme ne sait pas se contenter de ce qu'il a. Il faut être content de son sort. Tout ce qui arrive est un bien. Il faut voir le mal en autrui pour soi-même. Nous ne souffrons que de notre imperfection. On peut lire les mauvais livres, pour voir où est le vice. Ici, il n'y a pas de religion. Je démolis Dieu, la prière, la foi, Voyez-vous...
        – Eloignez-vous les catholiques de l'église ?
        – Non... Je guéris des personnes pour qu'elles aillent à la messe. Il y a des guérisons par la foi. J'ai les prêtres contre moi. Je suis poursuivi à l'instigation d'une dame et de prêtres. Me Lebeau, du barreau de Charleroi, me défendra, avec Me Morichar, de Bruxelles. Il y a des personnes achetées qui vont dire des choses atroces... C'est un complot, une vengeance... Il y a des femmes qui se sont amourachées de moi... J'ai refusé... Elles vont dire que j'ai commis des attentats à la pudeur...
        – Savez-vous ce que c'est que l'hypnotisme ?
        – Moi, ouvrier, j'ignore tout de l'hypnotisme, autant que ce poêle...”
        Le Nouveau Messie me reparle des devoirs des époux, des poursuites qu'on lui intente pour escroquerie.
        – Je vends mon livre fr. 2.50... Il me revient à fr. 0.80. Il y a une femme qui n'est pas contente... J'ai une liste de neuf cents personnes guéries dont je n'ai pas accepté un centime... L'homme doit trouver son bonheur en lui-même. Pas de religion. C'est un obstacle pour l'avancement moral. Je démolis l'antoinisme...”
        Sainte Vierge, que de démolitions !
        – L'homme ne doit pas s'adresser à Dieu, à aucun dieu. Dieu est une invention, l'homme existe de toute éternité... Je détruis l'athéisme...”
        Cette fois, je n'y suis plus du tout... Destructions et démolitions : démolition du théisme, destruction du „pole” opposé, l'athéisme... Venons-en à la pluralité des mondes...
        – Pensez-vous que d'autres mondes soient habités ?
        – Oui...
        – Mais, jusqu'à présent, malgré des primes alléchantes, aucune communication interplanétaire n'a été établie... Pourquoi ?
        – Il y a des mondes supérieurs et des mondes inférieurs... Nous ne pouvons pas communiquer avec des mondes qui ne sont pas égaux au nôtre. Les autres mondes, en communiquant avec nous, nous rendraient de mauvais services.”
        Nouvelle bifurcation :
        – Tout vient de nos imperfections... Je sens par une sensibilité que je ne sais pas expliquer. Il est inutile d'expliquer les choses incompréhensibles. A chacun selon ses œuvres... On dit : „Mon Dieu, aidez-moi !” C'est se remettre à d'autres du soin de se corriger soi-même.
        – On vous aime bien ?
        – Si on m'adore, c'est que je suis adorable.”
        Voilà qui est parler net. Comme il remarque que je jette les yeux sur une porte vitrée qui donne accès à ce que j'ai appelé une chapelle laïque, Il me dit :
        – Il y a, dans le bas, des vitres claires, afin que du dehors on puisse voir ce qui se passe ici... Il y a eu des femmes enragées...
        – De grandes amoureuses ?
        – ...qui se jetaient sur moi... J'ai dû une fois me barricader à l'aide de chaises et de mon bureau...”
        Quelle engeance aussi, les femmes !
        Sur ma demande, le Père, dont la bonhomie est infinie, laisse pénétrer des malades... Je m'assieds dans un fauteuil... Je regarde et j'écoute...
        Une femme entre dans la cellule...
        – Eh ! bien, ma fille...
        – Cela va un peu mieux, mon père...”
        Mais que fait donc le Père ? Planté droit sur un tapis en face de la malade, il se tourne de côté, étend le bras droit, ouvre la main... Il penche la tête... La malade est recueillie... Les pythies, dans l'Ancienne Grèce, s'asseyaient sur un trépied... Leurs cheveux se dressaient, elles rendaient, comme le raconte saint Basile, de l'écume par la bouche, elles proféraient des mots pleins d'ivresse et de folie. On sait pourquoi... Le Père est calme sur son tapis, la figure souriante... Cela dure une demi-minute...
        – Et maintenant, ma fille ?
        – Cela va mieux, mon père... Mon mari fume de trop... Je voudrais qu'il se modère...
        – Il doit venir me consulter...
        – Je le lui ai dit...
        – Ne le forcez pas... C'est bien. Allez, ma fille...”
        Ce bras droit étendu, cette main ouverte... J'y suis !... C'est le signal de l'opération, au moment pendant lequel Il répand sur les malades le baume salutaire... Ce n'est pas le fameux fluide magnétique de Mesmer, l'agent thérapeutique par excellence, à cette époque de barbarie.
        Une autre femme est introduite...
        – Il faut être sage... le plus possible ma fille... Ne pas douter... Le mal attire le mal, et la peur de mourir attire la mort. Il faut vous humilier le plus possible...
        – Je ne sais pas prendre d'œufs, mon père...
        – Suivez le régime végétarien... Allez, ma fille, bon courage...”
        Le Père, après ces consultations, me montre dans une pièce voisine des rayons charmés de piles de livres noirs... Ce sont des exemplaires du livre : „Christ parle à nouveau”.
        – J'en avais commandé 10,000 il y a cinq ans... Il m'en reste environ 5,000... Je n'ai donc pas gagné beaucoup d'argent à les vendre…”
        Quelques mots encore...
        – Viendrez-vous, demande-t-Il, à Charleroi ?
        – Oui…
        – Qu'allez-vous dire ?
        – Le pour et le contre, sans parti pris.”
        Dans la chapelle, devant le tableau...
        – Je suis le Messie pour ceux qui croient en moi...”
        Je serre la main au Messie, la main qui se lève, qui annonce la venue du baume guérisseur.
        Cet homme est un charmeur... Oui, j'irai à Charleroi, jeudi...

                                                                   Pierre GRIMBERGHS

    La Belgique, 10 novembre 1916


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  • Le Prophète en pays noir (Le bruxellois, 30 juillet 1916)

           TRIBUNE LIBRE

    Le Prophète du Pays Noir

        Un de nos collaborateurs nous envoie ces notes sur l'apostolat du Père Dor, dont on a lu récemment dans le Bruxellois une curieuse lettre que celui-ci nous adressa en réponse à une appréciation parue ici en « Tribune libre ».
        « En janvier 1913, Antoine le Guérisseur, de Jemeppe-sur-Meuse, venait de mourir, auréolé d'une popularité singulière de thaumaturge. Pierre Dor apparut comme une nouvelle incarnation du révélateur de religion nouvelle qui prétend guérir les maux physiques comme les peines morales par la seule vertu de sa parole. Ce personnage opère surtout au pays noir. Il correspond au rebouteux, au berger magicien de la campagne, qui est légion...
        Toujours, en Wallonie, se sont développées, en marge des religions ancestrales, du catholicisme et du protestantisme, de curieuses croyances qui se traduisent par des manifestations impressionnantes ou... baroques. Ne parlons pas des associations spirites du pays de Charleroi, des darbistes du Borinage, du Bon Dieu de Ressaix, ou de cette explosion de foi farouche qui précipite aux calvaires du pays de Mons, dans la nuit du Réveillon, des centaines de pauvres gens à des cérémonies au cours desquelles on « étrenne » le bon Dieu et d'où les prêtres sont bannis. (La même coutume se retrouve sur le littoral.) Mais l'étude qu'a faite George Eekhoud, pour la Flandre du passé, dans ses « Libertins d'Anvers », que l'on a faits aussi pour les stévenistes de l'ouest brabançon, mériterait d'être tentée à propos de certaines croyances et superstitions du pays noir.
        Rappelons, pour mémoire, le règne éphémère de Jules Buisseret, dit Baguette, le bon Dieu de Ressaix, dont la divinité se compromit dans les aventures amoureuses et en correctionnelle ; Antoine le Guérisseur, le Père Antoine, de Jemeppe-sur-Meuse, créa une religion, un culte organisés. L'Antoinisme n'est pas mort avec lui, l'influence de celui-ci persiste, son autorité morale, sa puissance de suggestion lui survivent. Mais son enseignement que professent encore la mère Antoine et quelques lieutenants, est concurrencé par celui du père Dor, qui opère à Roux.
        Nous avons vu l'opération générale suivie d'instruction à laquelle se livre chaque dimanche le thaumaturge du pays de Charleroi.
        Nous avons lu son journal mensuel : « Le Messager de l'Amour-Dieu », « directeur de la fraternité universelle ».
        Il y a là-dedans du charabia, des expressions fort divertissantes qu'expliquent une pensée confuse et une méconnaissance de la langue française. La doctrine du Père Dor est un mélange de tolstoïsme et de spiritisme, la croyance à la loi d'amour total, à la charité chrétienne poussée au suprême degré et aux fluides.
        Déjà en janvier 1913, un collaborateur du « Soir » constatait que les idées actuelles du nouveau prophète ont mis du temps à se préciser. Au début, dans les premiers numéros du « Messager », il est souvent question de l'enseignement du Christ, on cite des passages de l'Evangile. Aujourd'hui, il n'est plus question de cela. On trouve même dans les instructions du Père des opinions qui témoignent de l'influence qu'a exercée la propagande rationaliste au pays de Charleroi. Le Père Dor ne croit pas à un Dieu créateur. Dieu, pour lui, c'est un mot, une entité morale : « J'ai déjà dit et je répète que Dieu n'est qu'un mot. Je ne veux pas par la détruire la loi qui conduit à Lui. Mais au lieu de dire Dieu, je dis : Amour, Charité, Désintéressement ».
        Et ailleurs : « De tout ceci tâchez de vous convaincre que Dieu n'est qu'un mot et non le créateur de toutes choses. Ce problème est à résoudre, mais la solution ne se trouve que dans son amélioration. S'il ne dépendait que de Dieu pour notre bonheur, nous aurions le droit de le traiter de cruel, de laisser ainsi ses rejetons dans la souffrance malgré le grand désir qu'ils ont de ne plus souffrir.
        « On ne comprend pas le pourquoi de cette vie, parce qu'on ignore qu'une seule chose est nécessaire pour être sauvé : l'Amour du Bien, sentiment de Justice et de Progrès de l'être pensant. »
        En néospirite, le Père Dor croit aux « fluides » bons et mauvais. Il fait agir les bons pour guérir les maux et les peines morales. Dans son esprit, fluide est parfois synonyme « d'âme ». Et il croit non pas à l'immortalité, mais, comme les colinsiens, à l'éternité da l'âme. « J'ai déjà pu dire que l'homme existe depuis toujours et qu'il existera toujours. Quand je dis homme, comprenez-moi bien, je veux dire âme ou plutôt fluide-homme. »
        Cela c'est ce qu'on dit dans les instructions du Père Dor reproduites dans le « Messager », et l’on avouera qu'il y a là-dedans une certaine élévation de pensée.
        Mais il y a aussi ce que j'ai vu à Roux certain dimanche. Et cela est de la superstition en action… »

    Le bruxellois, 30 juillet 1916


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  •  

     

     

        La puissance de la foi prouve que Dieu est en nous par l'amour qui en découle.

    Développement de l'Enseignement du Père, Quelle est la conception qu'on peut se faire de Dieu, p.30


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  • Les cultes nouveaux (Paris-midi, 11 mars 1921)

                        LES CULTES NOUVEAUX

        M. André Arnyvelde écrit dans l'Avenir :

        J'assistai à l'inauguration du temple Antoiniste de Paris, rue Vergniaud, dans le XIIIe, il y a quelques années. Une foule énorme était là. Il y avait des malades, et des gens qui marchaient avec des béquilles, comme à Lourdes. La Mère était venue. Elle monta dans une chaire, joignit les mains et pria en silence. Tandis qu'elle priait, je voyais la foule des fidèles, les yeux étaient tendus vers elle avec une expression d'amour et de ferveur indicibles. Quand elle eut fini de prier, elle s'en alla. Elle n'avait pas dit un mot. La foule s'écoula. Des malades affirmèrent qu'ils étaient guéris. Un porteur de béquilles se redressa et envoya promener ses béquilles.
        Ces jours-ci, j'écrivis à un Antoiniste pour lui demander où en était le culte. Cet Antoiniste est un fort brave homme, coiffeur de son état, et dont j'avais fait la connaissance le jour de l'inauguration du temple de la rue Vergniaud. Il me répondit une lettre de quatre pages, m'enseignant que le culte n'avait fait que croître, qu'un temple nouveau avait été élevé et « consacré » l'automne dernier à Vichy ; qu'un autre se construisait actuellement à Tours. Il terminait sa lettre :
        « Frère – ou monsieur, comme vous préférerez, – je me tiens à votre disposition pour vous répondre sur chaque point que vous désirerez, etc... »
        Frère, ou monsieur, je ne désire aucun point. Je reste éperdu, pantelant, éberlué, du nombre des Dieux qu'on adore en 1921, de Swedenborg en qui, dans le XVe, on adore le Second Avènement de Jésus, au Père Antoine du XIIIe, de Martinis de Pasqually, dont le culte se pratique avenue de Suffren, dans le VIIe, du Christ hétérodoxe de Sédir, dans le VIe, au Christ bouddhique de la Société de l'avenue Rapp !

    Paris-midi, 11 mars 1921


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  • Les officiants (Le Grand écho du Nord de la France 26 juin 1933)

    Les officiants sur le seuil du temple pendant l'« opération » (Photos « Echo »).

    Il doit s'agir de frère Jean et sœur Jeanne Lovinfosse


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  • La procession (Le Grand écho du Nord de la France 26 juin 1933)

    La procession (Photos « Echo »).


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  • Procession à Hellemmes (Le Grand écho du Nord de la France 26 juin 1933)

    Une procession antoiniste à Hellemmes

        Le 25 juin est, pour les Antoinistes, la fête du Père. Le Père, Antoine-le-Guérisseur de Jemmeppe-sur-Meuse, fondateur du nouveau culte qui porte son nom, est « désincarné » depuis 1912 et ses fervents adeptes célèbrent chaque été sa mémoire dans le recueillement et la prière.
        C'est ainsi qu'hier matin, le petit Temple de la rue Jean-Bart, à Hellemmes-Lille ne pouvait contenir la foule de tous ceux qui, à cette occasion, étaient venus assister à la rituelle « opération ».
        Car la nouvelle religion gagne chaque année des nouveaux adeptes. En Belgique, où elle est née, elle a été reconnue d'utilité publique par décret royal. Elle y compte une trentaine de temples. Il y a huit ans qu'elle a franchi la frontière pour s'établir dans la banlieue lilloise. Valenciennes et Caudry ont également leur temple.

                 L'opération
        Parmi cette foule amassée devant la sobre façade de l'édifice antoiniste se distinguaient ses costumes que certains adeptes portent pour marquer leur adhésion totale au culte nouveau : la longue redingote noire, fermée comme une vareuse, et le gibus plat des hommes, les bonnets noirs à tuyautés de tuile et les amples robes de serge noire des femmes.
        Il y avait là des adeptes arrivés de divers points de la région de Belgique et même d'assez loin.
        La Mère, celle qui a été la fidèle compagne de l'ancien ouvrier métallurgiste et qui, depuis qu'Antoine n'est plus, a répandu la surprenante philosophie contenue dans la Révélation du guérisseur, vint à Lille l'an dernier pour la fête. Elle est très âgée et ne se déplace plus guère.
        Cette fois-ci, l'Opération a été faite, au nom du Père, par un frère, en l'espèce le desservant du Temple d'Hellemmes.
        Les malades, qui affluent chaque dimanche, étaient plus nombreux encore. Il y avait des estropiés, des eczémateux, une femme âgée atteinte de jaunisse, une petite paralytique et d'autres qui avaient confiance dans une amélioration de leur état.
        Sur le seuil du temple apparut alors le petit groupe des officiants, silencieux et simples. Deux femmes aux coiffes noires tenaient une pancarte : « Fête du Père, 25 juin ». Derrière elles, un adepte portait une figurine en bois découpé représente un arbre : l'arbre de la Science de la vue du mal. Et deux autres « frères » présentaient à l'assistance le portrait du Père Antoine sur lequel s'étale l'inscription : « Le grand guérisseur de l'humanité pour celui qui a la foi ».
        Après quelques minutes de recueillement, une adepte annonça l'Opération.
        Alors un homme âgé dont les mains, pieusement, s'étreignaient, fit monter vers le ciel une muette prière. Puis il tendit les bras. C'était tout.
        Un autre adepte se mit aussitôt à lire, d'une voix monotone, et en détachant chaque mot, les dix principes du Père. Principes de morale chrétienne qui font la plus large part à la conscience individuelle.

                 Recueillement
        Les visages des officiants restaient figés dans une expression mystique et la foule écoutait, absorbée.
        Y avait-il dix curieux sur ce millier de personnes ? Tous ceux qui étaient là avaient un air de famille. La conviction se lisait sur leurs figures aux yeux clos ou aux regards ardents.
        – Vous guérirez si vous avez la Foi. Le Père vous l'a dit...
        Il n'est pas sûr qu'ils ne viennent pas dans un but égoïste. Mais, au fond, là comme ailleurs, chacun pense surtout à soi et à son propre salut...
        L'officiant a fini sa lecture.
        – Au nom du Père, je vous remercie...
        Un cortège va maintenant se former. Dans le même silence, à la suite des officiants, la foule, docile, avance lentement en longue colonne dans la rue Jean-Bart.
        Les gens du quartier, sur le pas de leur porte, regardent passer ce défilé muet. A un bout de la rue, le cortège tourne, poursuit sa marche lentement jusqu'à l'autre bout, puis revient se disloquer devant le Temple.
        L'officiant remercie à nouveau, d'un mot, les adeptes. La cérémonie cette fois est terminée. On n'y ajoute aucune parole. On ne sollicite aucune offrande.
        Les malades tiennent toutefois à pénétrer encore dans le temple aux murs nus.
        Le desservant essaie de les convaincre doucement :
        – Vous n'en aurez rien de plus. L'opération a été faite. Si vous avez la foi vous guérirez. Allez ! nous penserons à vous. Nous ne sommes pas des guérisseurs, nous. C'est le Père qui fait tout...

                                                             Jean-Serge DEBUS.

    Le Grand écho du Nord de la France, 26 juin 1933


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  • Roux-Hainaut (Belgique) - Le Père dans son jardin avec la Mère

    Roux-Hainaut (Belgique) - Le Père dans son jardin avec la Mère

        Cette carte postale est intéressante à plus d'un titre. D'abord elle représente le Père Dor avec sa seconde femme. Mais aussi parce qu'elle est écrite et émouvante.

       Elle est adressée à une certaine Edith, fille d'un soldat anglais. On se souvient que le Père Dor était célèbre durant la Première Guerre mondiale. La carte porte un tampon qui semble être de 1918. L'adresse est 3 Pond Hill Cottages, Malden Road, Cheam, Surrey.

    Dear Edith,
      I hope you are quite a good girl now. I am glad you are now going to Sunday school & shall expect to are quite a big girl when I got home again.
      I will now say goodnight & remain your loving daddy.

    Traduction : 

    Chère Edith,
      J'espère que tu es une gentille fille maintenant. Je suis content que tu ailles maintenant à l'école du dimanche et je m'attends à ce que tu sois une grande fille quand je rentrerai à la maison.
      Je vais maintenant te dire bonne nuit et je reste ton papa bien-aimé.


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  • Point de Vue 25 sept 47 (n° 132)

    Auteur : Directeur de la publication : Maurice Penin
    Titre : Les Antoinistes
    Éditions : Point de vue, 3e année - N° 132 - 25 septembre 1947 - 24 pages

        On peut lire un article consacré à l'antoinisme dans la série "À la découvert des religions inconnues" du magazine Point de Vue.

        Sous une photographie de Germaine Krull, on lit la légende suivante : CETTE CURIEUSE PHOTOGRAPHIE a été prise par un reporter indiscret au cours d'une cérémonie antoiniste. L'objectif a fixé les fluides malsains s'échappant de ce corps douloureux.
        Sous la photographie de l'intérieur du temple de Jemeppe, avec le Père et la Mère, on lit : LE CULTE ANTOINISTE compte quarante-sept temples de ce genre, ouverts à tous, surtout à ceux qui souffrent.

        L'article est le suivant :
        LES ANTOINISTES offrent la guérison par la prière quotidienne
        C'EST peut-être parce qu'il était un simple ouvrier mineur des environs de Liége que Louis Antoine, fondateur d'une religion qui compte aujourd'hui des milliers d'adeptes en Europe, a compris qu'il fallait avant tout, pour réussir dans le métier de prophète, s'adresser à l'humanité souffrante. Les temples parisiens du culte antoiniste, rue du Pré-Saint-Gervais et rue Vergniaud, sont ouverts jour et nuit, à tous les déshérités, pour lesquels l'existence est d'abord un purgatoire.
        Les servants du culte refusent tout paiement en espèces. Ils offrent gratuitement des prières en guérison des maux du corps qui, disent-ils, ne sont que les conséquences de nos erreurs passées. Pour débarrasser l'être des fluides néfastes qui l'habitent, il faut s'adresser avec ferveur à la miséricorde divine. Ces cérémonies d'exorcisme sont publiques. Elles se déroulent devant les effigies photographiques grandeur nature du Père Antoine, de sa compagne, la Mère Antoine, et devant l'arbre de la Science.

    Point de Vue 25 sept 47 (n° 132)

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  • «La vita è eterna, essa è dappertutto. I fluidi esistono anch’essi all’infinito e dall’eternità. Noi siamo immersi nella vita e nei fluidi come il pesce nell’acqua. I fluidi si susseguono l’un l’altro e sono sempre più eterei; si distinguono in funzione dell’amore; dovunque questo esiste c’è vita, giacché senza vita l’amore perde la propria ragion d’essere. È sufficiente che due fluidi siano in contatto per mezzo di un certo grado di calore solare perché i loro due germi di vita si dispongano a entrare in rapporto. Così la vita si crea un’individualità e diventa operante».

    Issue de la traduction italienne de l’Erreur spirite
    (L’errore dello spiritismo, p.240-241) de René Guenon.


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