• Michelis di Rienzi - Les religions ignorées (1939)

    Auteur :     Michelis di Rienzi
    Titre :     Les religions ignorées
    Editions :    Paris, Librairie du Phare, 1939, 160 pages in-8

        L'auteur, dans cet opuscule qui fait suite à son livre Les petites églises de 1930, n'évoque cette fois-ci pas l'Antoinisme, mais on lira avec intérêt sa plume acerbée sur les Kardécistes (adeptes directs d'Allan-Kardec, les personnes "qui croient aux communications entre les morts et les vivants [étant] si nombreux et si divers") et les Weissenbergiens (à propos "d'un extraordinaire personnage qui a donné le nom à une secte comptant plus de cent mille adeptes" et dont l'histoire, en Allemagne, est proche de celle de Louis Antoine et de l'Amtoinisme), mais aussi les Doukhobors, cette secte russe qui aurait influencée Louis Antoine pendant son expatriation en Pologne russe ou encore les Caodaïstes, autre religion issue du spiritisme très présente au Vietnam.

    Lire des extraits sur :
    GoogleBooks   https://books.google.de/books?id=reFYDwAAQBAJ&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
    Gallica   https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3337502v

        L'auteur est également à l'origine d'un livre sur Les petites églises (1930).


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  • Fanny Cornuault - La France des sectes (1978)

    Titre : La France des sectes,
    Auteur : Fanny Cornuault
    Éditions : Tchou éd., 1978

     

        Jacques Cécius indique les erreurs de ce livre :

    Dans le chapitre "L'Association Culturelle (sic !) Antoiniste" (en fait il s'agit de l'Association Cultuelle, loi de 1905), Fanny Cornuault  écrit (pages 79 et 80) : "Il suffisait d'ailleurs que, (le Père Antoine) énonce les dix principes  de sa doctrine pour que le miracle se produise, sans autre forme de soins" ! Elle décrit le Père Antoine "la bedaine avantageuse", alors qu'en raison des privations qu'il s'imposait il ne pouvait en être ainsi, ce qui peut être constaté sur les photos qui se trouvent dans les temples français et quelques temples belges. La Mère Antoine n'est pas mieux lotie : "chignon en crotte de dindon sur le sommet du crâne, des pieds si grands qu'ils lui font comme un socle (…)". Voilà comment l'auteur exécute le Père et la Mère en quelques lignes. Il en va de même pour la doctrine antoiniste : "la science est la voie de l'échec : CQFD", ce qui ne figure nullement dans les ouvrages écrits par le révélateur wallon.

     Regis Dericquebourg, dans un petit ouvrage particulièrement bien documenté  écrit d'ailleurs au sujet du Père Antoine : "Il ne rejette pas la science par principe, il réprouve simplement sa tendance matérialiste, il n'est pas hostile à une science qui se conformerait à la loi de la conscience pour rechercher une vérité ultime." 

    Revenons à Fanny Cornuault qui décrit ainsi les desservantes : "Des fées guérisseuses style confiture qui n'ont fait aucun vœux et soignent à tour de rôle en prenant les pires maux – fût-ce le cancer ou les oreillons – (…). La desservante se tient en médium (re-sic !) les doigts étendus vers la photo du Père, face à l’assemblée vers laquelle elle projette le fluide actif (…). Les guérisons individuelles se déroulent derrière un paravent". Il faudrait que l'auteur explique comment la desservant se tient "les doigts étendus" (ce qui est faux), à la fois "devant la photo du "Père", et « face à l'assemblée", alors que c'est la dite photo qui est exposée face aux assistants…

    Mais elle n'en reste pas là dans l'énumération de contre-vérités qui démontrent qu'elle ne s'est pas donnée la peine de se rendre dans un temple lors des cérémonies : "le culte de recueillement à lieu chaque soir et consiste en simples récitations de prières". Primo, le "recueillement" a lieu les quatre premiers soirs de la semaine, et, secundo, le Culte antoiniste ne connaît pas la récitation de prières ! Et pour couronner le tout, elle remplace l'emblème antoiniste "l'Arbre de la Science de la Vue du Mal" par un jeune arbre fraîchement coupé", porté lors des enterrements.


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  • Encyclopédie des sectes dans le monde (1980)

    Titre : Encyclopédie des sectes dans le monde
    Auteurs : Christian Plume, Xavier Pasquini
    Éditions : A. Lefeuvre, 1980 - 485 pages
    Collection : Connaissance de l'étrange

        Jacques Cécius évoque les erreurs de cet ouvrage :
      Christian Plume et Xavier Pasquini  parlent aussi (page 37) d'imposition des mains. Pire, page 42, ils décrivent la "Cultuelle Antoiniste "49 rue du Pré-Saint Gervais, 75019 Paris. Comme étant l'une des nombreuses filiales discrètes de ce culte des "Antoinistes". Or, le temple mentionné est le plus connu des parisiens. Et il n’existe nullement de « filiale discrète ».

     


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  • L'appréhension des « sectes » par le système d'administration de la justice pénale belge
    Benjamin Mine, Direction Opérationnelle Criminologie, Institut National de Criminalistique et de Criminologie, benjaminmine@yahoo.fr

    Comment certaines pratiques ou certains groupements sont-ils appréhendés en tant que « sectes » par le système d'administration de la justice pénale belge ? Il s'agit plus particulièrement de rendre compte de la manière dont s'opère en Belgique le découpage de l'« objet-secte » au niveau judiciaire en s'appuyant sur l'analyse de 179 dossiers ouverts au sein de cinq parquets correctionnels entre 1991 et 2005. Ces développements conduisent à soutenir l'hypothèse selon laquelle la puissance des pouvoirs publics peut s'apprécier à un autre niveau, non dénué d'efficacité dans la régulation de la matière, que celui de la pénalité.


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  • Les nouveaux prophètes

    Aujourd'hui magazine - 11/04/1978 - 01h57min23s
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    Cette émission est consacrée aux différentes sectes qui se sont multipliées et pose plusieurs questions : quelle est la signification profonde de ce renouveau spirituel auquel nous assistons ? quels dangers présentent ces sectes ? Elle fait aussi un tour d'horizon sur les grands prophètes à travers les âges et sur les nouveaux prophètes et les formes de pouvoir qu'ils installent. Le débat, illustré de reportages et de chansons, réunit Alain WOODROW (chroniqueur religieux au journal "Le Monde", Alexandre JODOROWSKI (cinéaste, écrivain, homme de théâtre et musicien), Thierry BAFFOY (sociologue et vice-président de l'association pour la famille et l'individu), Didier DE PLAIGE (journaliste et écrivain), Léon Edouard HATEM, deux représentants de "l'association" des Enfants de Dieu.

    Production

    Antenne 2

     

    Générique

    Labourasse, Guy
    Woodrow, Alain ; Edel, Marie Jeanne ; Baffoy, Thierry ; Plaige, Didier de ; Jodorowsky, Alejandro
    Slotine, Henri


    On voit a début, après le générique, le Père apparaît comme illustration des nouveaux prophètes (le sujet de l'émission apparaît au même moment). Mais il sera peu parlé des Antoinistes, mais beaucoup plus des Enfants de Dieu, défrayant alors la chronique. Alain de Plaige évoque juste la "secte", mais il est peut-être utile de citer l'extrait entier (après 1h30 d'émission) :

    " [Henri Slotine:] Il convient de préciser que les Enfants de Dieu, que nous avons un peu mis sur la scelette aujourd'hui, est un peu notre bouc émissaire, il y en a d'autres, il y a Moon, il y a l'Eglise de Scientologie, il y a Krishna qui finalement ne valent pas mieux. Et je voudrais un peu que Didier de Plaige qui a fait tous les reportages de cette émission, nous dise ce que l'on peu penser de toutes les grandes sectes dont on parle aujourd'hui.
    [Didier de Plaige:] Oui, les Enfants de Dieu sont assez répandus mais pas tant qu'on pourrait le penser en leur consacrant cette émission : en fait ça représente peut-être 300 personnes en France.
    [Henri Slotine:] Et combien dans le monde ?
    [Didier de Plaige:] 7 000, je crois, 7 000 personnes dans le monde. Il y a aussi gourou Maharaji, je crois que le public l'a appelé le Petit Gourou, en fait il avait 15 ans lorsqu'on a entendu parlé de lui pour la première fois ; il semble qu'on ait perdu un peu sa trace aujourd'hui, et on ne sait pas lequel de ses frères va lui succéder, puisque lui s'est marié avec une Américaine, et il a un petit peu lâché la place que sa mère convoitée pour lui. Il y a d'autres personnages qui ont marqués le siècle, le Père Antoine, que l'on voit ici, qui a fondé ce qui s'appelle le Culte Antoiniste et qui est encore répandu, et là je m'engagerai pas à savoir qui sont les bons ou les moins bons, je mentionne leur nom ici au passage. Ici Malcolm X qui était le prophète de toute une Amérique, mort tragiquement il n'y a pas si longtemps. Enfin Taisen Deshimaru qui enseigne le Zen à Paris ; l'Ecole du Zen qui est une école de pensée qui se rattache au bouddhisme. Et Sukui Nushi Sama, autrement dit la Lumière des Miracles, une école charismatique issue du Japon qui enseigne la guérison. Voici Shree Rajneesh, Bhagwan Shree Rajneesh vit actuellement en Inde, il a assimilé, semble-t-il, toutes les techniques occidentales de psychothérapie, de psychanalyse et les ressort à la sauce hindou. Voici Baba Ram Dass, anciennement Richard Alpert, qui lui est un psychothérapeute occidentale qui connait toutes les techniques de méditations et qui les enseigne aux jeunes d'Amérique aujourd'hui, et peut-être même d'Europe bientôt. Enfin Baba Muktananda, qui est un sage hindou, qui vit dans son ashram en Inde et qui attire de nombreux disciples. Tous ces personnages, et il y en aurait bien d'autres à montrer, tous ces personnages répondent à une certaine pulsion, mais il y a des critères qui permettent de savoir s'ils nous conduisent à nous découvrir nous-mêmes, ou s'ils nous mènent à l'erreur. Cela on pourrait l'aborder, si vous voulez, tout à l'heure. "

        On passe ensuite à Léon Edouard HATEM. Puis à la méditation Zen, que Alexandre JODOROWSKI recommande comme la technique de méditation.


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  • Auteur :    Pierre Geyraud (également auteur de Les petites Eglises de Paris et de l'article Les Sociétés Secrètes de Paris)
    TItre :    Parmi les Sectes et les Rites : Les Religions Nouvelles de Paris
    Editeur :     Emile-Paul Frères, Paris, 1939, 188 Pages

    Pierre Geyraud - Les Religions Nouvelles de Paris (1939) Ce soir 24 juin 1939


    Sommaire :
    Des religions nouvelles à Paris ?
    L'Eglise apostolique : Les dons de prophétie, de langues et d'interprétation – Une orientation nouvelle : vers les « dons négligés ».
    Les Pentecôtistes : Baptême en piscine.
    Les Oxfordistes : Partage et témoignage.
    L'Eglise catholique orthodoxe occidentale : De l'Eglise Romaine à l'Eglise Anglicane, à l'Eglise Vieille-Catholique, à l'Eglise Catholique Libérale, à l'Eglise Libre Catholique et l'Eglise Catholique Evangélique – La conversion de toute une Eglise.
    Catholicisme d'Action Française : Action Française et Vatican – Gallicanisme ou schisme nouveau ?
    Les Coptes dissidents : Un couvent en révolte armée – Schismatiques en sous-schisme.
    La Théophanie : Le Docteur anagogiste – Sainte Alliance Christique.
    L'Eglise christique primitive : La Sainte Agape du Presbytéros – Christiques et Philadelphes.
    Les Paraclétistes : Le Mégangile de la Salette.
    Les Néo-Vintrasiens : Un Sacrifice de Gloire de Melchissédech.
    Le Résurrectoir : La Souveraine Pontife des Douze Vice-Dieux – Le Saint Sacrifice de la Divinisation.
    L'Eglise Laîque de Paris : Une religion de la Beauté.
    Les Universalistes : Au Forum Universel.
    L'Alliance bicosmique : Une religion de la Vie Universelle.
    Aspha : Hyménée asphaliste.
    Mazdaznan : De Zarathoustra au Dr Hanish – Le culte du Respir.
    Les Néo-Esséniens : Jeanne d'Arc, deuxième Messie – Jésus Essénien.
    La Nouvelle Eglise Gnostique Universelle : Le Credo des Pneumatiques.
    La Nouvelle Eglise Gnostique Universelle : Le Consolamentum d'une Parfaite.
    Les Isiaques : Une apparition d'Isis.
    Les Néo-Palladistes : Satan ou Lucifer ? - Initiation luciférienne.
    Qu'est-ce que la foi ?


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  • AJean Ancion - Les sectes (1993)uteur :     Jean Ancion (préface de Xavier Godts)
    Titre :     Les sectes. Changer le monde ou changer de monde ?
    Edieur :    Imprimerie Appeldoorn, Pro. Manuscripto (coll. Série de recherche pastorale, 12), Hollogne-aux-Pierres, 1991+1997 ; 134 p.

        L'auteur, prêtre au diocèse de Liège, faisait partie de l'A.D.C.A.M. (Association de Défense Contre les Agressions Mentales) à Liège. Il a travaillé de longue date à la problématique des dérives sectaires.
        Il consacre une petite partie à l'antoinisme parmis plus de 30 autres sectes, les causes de leur prolifération, les déficiences des Eglises ?, Sectes et Politique, patchwork de sectes. Que dire ? Que faire ? Les mouvements de protection contre les sectes...


        Encore un point de vue chrétien, et même si, en on chrétien, il demande pardon pour "leur présentation de tel ou tel mouvement sectaire [qui] peut sembler caricaturale" (p.10), force nous est de constater qu'on ne sait sur quel pied danser.
        En effet, il serait vain de chercher une définition de ce qu'est une "secte" ou un "mouvement sectaire" pour l'auteur, tout en citant ce qui pourrait faire penser que ce que l'on reproche aux sectes, pourrait tout autant être "reprocher aux Eglises traditionnelles, hier et aujourd'hui" (p.25-26) :
    - les pressions et les conditionnements tratiqués par des directeurs spirituels dans l'Opue Dei, mouvement ultraconservateur - des couvents, des internats et des séminaires étaient, autrefois, de véritables serres chaudes coupées de l'extérieur - il n'y a pas si longtemps, des carmélites ne pouvaient visiter leurs parents malades, elles portaient le voile (non islamique) et une soeur surveillante accompagnait au parloir celle qui recevait une visite derrière la grille !
    - Certains ne veulent-ils pas nous présenter le pape comme un homme providentiel, comme un guide infaillible qui rassemble des foules énormes ? L'évêque d'Ecône, dans le Valais suisse, Marcel Lefèbvre, chef de file des intégristes, n'a-t-il pas créé un mouvement sectaire ? En tout cas, il a repris à son compte l'incroyabe théorie : « hors de l'Eglise pas de salut ». Il est tout à fait hostile à l'oecuménisme, à toute tentative de réunion des Eglise.
    - Des techniques de financements contestables ont été longtemps pratiquées dans l'Eglise catholique. Il suffit de se rappeler le scandale de la Banco Ambrosiano, de la loge P2, de monseigneur Paul Marcinkus, le financier du Vatican.
    - Certains groupes charismatiques semblent considérer que le monde contemporain est en proie aux forces du mal et les groupes Ampère et Lumen, ces financiers de Dieu, prennent le pouvoir dans les moyens de communication : radio, presse, éditions, BD pour les jeunes, catéchèse, télévision par satellite. Le succès des cassettes enregistres par l'ex-secrétaire de l'épiscopat canadien, le charismatique et dissident monseigneur Charles Matthieu est assez révélateur. Il prédit la fin du monde pour l'an 2000 !
    - Les messages que Fatima, Medjugorje en Yougoslavie, les révélations de Marguerite qui sont à l'origine du mouvement traditionaliste des « Petites âmes », et bien d'autres... propagent, ne ressemblent-ils pas étrangement aux discours de certaines sectes ? Des chrétiens conservateurs ne continuent-ils pas à pratiquer une lecture simpliste de la Bible ? L'Eglise catholique ne reste-t-elle pas, sous certains aspects, aussi conservatrice que certaines sectes : lien obligatoire entre célibat et prêtrise, refus de l'accès au Sacerdoce aux femmes, interdiction de la contraception, etc. ?
    - N'oublions pas que plusieurs sectes sont issues de l'Eglise catholique, par exemple, la secte des Trois Saints Coeurs des frères Melchior, le voyant de Boisfort. La secte des Trois Saints Coeurs est liée au complexe industriel de Wincrange.

        On n'aura donc droit qu'à une liste (dont on ne sais pas si elle est relative ou absolue) de ce que sont "les caractéristiques essentielles propres à tout groupe sectaire" (p.12) :
    - l'adepte d'une secte suit aveuglément un chef qui pense pour lui,
    - il se coupe des autres,
    - il annonce une fin des temps imminente, il fait partie du petit reste des sauvés,
    - il est déçu et impatient, il veut tout, tout de suite,
    - le sectaire fait une lecture simpliste de la Bible,
    - il est volontiers puritain, sa morale est stricte,
    - il cultive la sinistrose,
    - il se veut apolitique mais il fait souvent le jeu des dominants et des exploiteurs
    - le prosélytisme et la méthode des sectes pour propager leur message est camouflée.
        Et l'auteur ajoute « un glissement inquétant du "rationnel" vers "l'irrationnel" ». On ne trouve un bémol pour "des pratiquent financières peu orthodoxe" : "ce n'est pas tojours le cas, il ne faut pas trop vite généraliser". On peut donc penser que pour le reste, toutes ces caractériques de façon absolue se retrouvent chez les sectes.
        Mais comme déjà dit, on a là aussi ce qui peut caractériser l'Eglise catholique (l'auteur va même jusqu'à viter les passages de la Bible dont se servent les sectes pour prouver qu'elles ont raisons, en précisant qu'ils "lus littéralement, tirés de leur contexte et souvent mal interprétés", p.37, note 5) et ce qui ne caractérise pas l'Antoinisme ! Pourtant jamais dans ce livre l'Eglise sera cataloguer comme secte et l'Antoinisme l'est de façon catégorique... C'est l'hôpital qui se moque de la charité, comme on dit...
        L'auteur est même pris à son propre piège : il précise par exemple que la secte refuse toute dialogue en prétextant détenir LA vérité (p.32) et nous lisons p.37, note 10 : "Des amis spirites lisent parfois la Bible, mais en s'attardant uniquement à des détails interprétés d'une manière fantaisiste, en passant à côté de l'essentiel du message des Evangiles. Ils réduisent Jésus à un rôle de guérisseur, voire de médium, ce qui évidemment ne correspond pas du tout au vrai portrait de Jésus"; "vrai portrait de Jésus" détenu et donné uniquement par l'Eglise certainement.

        On se demande donc, mais on sera les seuls, ce que pourra faire dans cette liste des "principales sectes", l'Antoinisme (et d'autres, comme les Baha'is qui sont dit "très sympathique, [et qu'ils ont collaboré], en janvier 1991, à une célébration oecuménique organisée par des chrétiens pacifistes à l'occasion de la guerre du Golfe", p.59). De fait, on évoque l'Antoinisme, hormis dans le chapitre le concernant (cf. supra), qu'à la page 18 : "les sectes existent depuis toujours" (mais on ne sait toujours pas ce qu'est une secte) ; quant l'auteur se risque à un classement (p.41) dans les sectes guérisseuses, avec les Spiritismes, Mahikari, le Christ de Montfavet (Georges Roux). "Ces groupes pratiquent trop souvent l'autosuggestion et même parfois la supercherie". On notera qu'on ne trouvera pas ici la Science Chrétienne, les Charismatiques ou la Congrégation Chrétienne en Belgique et en France (originaire de la Congregação Cristã no Brasil), lavés de tout soupçon par l'Etat français car ne figurant pas, sans explication, dans le rapport sur les sectes.
        On l'évoque encore donc dans le chapitre sur la "la Science Chrétienne, [qui] est un peu l'Antoinisme des classes aisées", et par la note 22 p.53 : "Le Père Antoine de Jemeppe (Liège) prêchait la même doctrine [le mal n'existe pas] qui peut paraître assez bizarre aux yeux de certains".
        Les sectes les plus développées (plus de 2 pages) sont : les disciples de Georges, le Christ de Montfavet, l'Antoinisme, et le Spiritisme, alors que l'auteur précise qu'ils sont en perte de vitesse (p.57, p.39) ; l'auteur a-t-il voulu un si long traitement pour la postérité ?
        On peut voir cependant la méconnaissance de l'auteur à propos de l'Antoinisme : concernant les "tas de faux Christ avant Georges Roux" (p.60, note 26), l'auteur ne cite pas le neveu de Louis Antoine, le Père Dor qui édita un livre : Christ parle à nouveau.

        Peu d'erreurs concernant le long développement sur l'Antoinisme : relevont les mauvais et les bons points :
    - aciérie de Praga et non de Prava,
    - la question n'est pas de savoir s'il a "rencontré des groupes spirites" en Allemagne et en Pologne, mais s'il a rencontré des mystiques,
    - il fit construire 20 maisons ouvrières aux quatre-ruelles et non "au Bois-de-Mont";
    - "il crut que son fils s'était réincarné dans un pharmacien de Paris. Debouxhtay dit : "il est certain que [les Antoinistes] y ont cru jadis" (p.59), mais il ne précise rien à propos de Louis Antoine même,
    - "il fonda sa propre religion et il condamna les médiums et la science", condamner est un peu dure comme verbe : il réprouva spirituellement,
    - "il refusa désormais de recourir à l'intelligence, à la sience et aux médecins", encore une fois le verbe est un peu fort : il refusa, en ce qui concerne le côté spirituel de l'homme de recourir...
    - la liqueur ferrugineuse Koene "devait être ajoutée à de l'eau pure à laquelle il prétendait communiquer un fluide mystique. Elle devait enrichir le sang". En fait, il recommandait d'un côté la liqueur Koene et de l'autre donné de l'eau pure à laquelle il prétendait communiquer un fluide mystique, il ne demandait pas de les mélanger (l'auteur confont ici la théorie homéopathique), ainsi la liqueur seule (d'après sa posologie) devait enrichir le sang,
    - "il subit l'influence de la Théosophie par M.F. Delacroix, professeur d'Athénée, qui cherchait à éliminer les séances d'expérimentation : la partie scientifique du spiritisme". Il s'agit de Ferdinand Delcroix, et ne sachant pas à qui se rapporte le "qui" de la subordonné, je préciserai que c'est Louis Antoine qui chercha à "liminer les séances d'expérimentation sous l'influence de la Théosophie, dont faisait peut-être partie M. F. Delcroix, professeur d'Athénée,
    - "Antoine avait encuite organisé sa propre religion avec des prêtres (la mère Antoine fut « prêtresse »), des livres sacrés, des règlements du temple, des vêtements spéciaux, des fêtes (Toussaint, Noël, Lundi de Pentecôte, le 25 juin fête d'Antoine), des simulacres de sacrements, des pèlerinages". Il faut ici différencier ce que Louis Antoine avait organisé et ce qui fut fait après sa mort. Dans la terminologie sociologique (cf. A.G.Vicente), de "secte avec profète charismatique", l'antoinisme est devenu religion institutionnalisée avec "prêtres", "livres sacrés", règlements du temple", vêtements spéciaux (le pluriel vaut pour 1 vêtement spécial pour les adeptes de sexe masculin et 1 vêtement spécial pour les adeptes de sexe féminin), des fêtes, des calques de sacrements, des pèlerinages.
    - "l'Antoinisme fut repris par sa femme, Jeanne Catherine Collon, et ensuite par ses neveux, dont le Père Dor qui avait fondé l'écle morale à Roux". Le fait de donner le nom de jeune fille de Jeanne Catherine Collon peut faire penser qu'ils n'étaient pas mariés ou qu'ils étaient divorcés. On dit d'ailleurs avant qu'il épousa Jeanne Collon. On peut alors même se démander si c'est bien la même femme... Ensuite l'antoinisme ne fut pas repris par ses neveux. Il n'y a, à notre connaissance, qu'un neveu qui s'inspira de l'Antoinisme pour former le Dorisme, le Père Dor, mais celui-ci critiqua fortement l'Antoinisme, en disant que Louis Antoine, ne voulant pas faire de religion, s'était fourvoyé en en faisant une, quand, lui, le Père Dor, se défenfait aussi de faire une religion...
    - "L'enseignement du Père, c'est l'enseignement du Christ pour aujourd'hui", formulation qui fut rejetée du côté belge.
    - "mais contrairement aux autres spirites, pour Antoine la matière n'est pas pure illusion" contredit la phrase précédente qui est cité : "le monde naturel n'est qu'apparence". Pour Antoine la matière est pure illusion !
    - "L'inauguration du temple antoiniste eut lieu le 25 décembre 1900. La salle est décorée des portraits d'A. Kardec et du curé d'Ars". C'est la salle d'évocation spirite est est inaugurée le 25 décembre 1900. Le 15 août 1910, le temple antoiniste de Jemeppe est consacrée et le culte est sanctifié.
    - "les 5 phases de la Thérapeutique d'Antoine" sont réfutées par Pierre Debouxhtay qui donne 3 phases p.95-98 : 1er : magnétisme et prescription de médicaments ; 2e : prières, bonnes paroles, inscription du nom du malade dans un registre, passes, impositions de mains ; 3e : imposition des mains à la foule, du haut d'une tribune, au cours de l'opération générale.
        Les bons points sont :
    + "il est passionnant d'étudier aujourd'hui l'Antoinisme comme une religion populaire qui a surgi dans notre région et de montrer comment le milieu ouvrier exploité, non reconnu, marginalisé par la culture dominante bourgeoise et par les Eglises officielles, a voulu se réapproprier maladroitement la religion et l'Evangile. L'histoire de l'Antoinisme est aussi le témoignage des milieux populaires restés « religieux », et qui expriment leurs souffrances" (p.60),
    + "il fut très marqué par la mort de son fils, employé au Nord Belge, qui décéda à l'âge de 20 ans. Ce décès n'est pas la cause principale de son passage au spiritisme, mais il renforce sa « croyance »,
    + "sa renommée se répandit dans les milieux ouvriers qu'un socialisme, forcément devenu anticlérical à cause de a collusion entre l'Eglise et les patrons capitalistes, avait détaché de l'Eglise. Mais ces gens restés religieux cherchaient espérance et consolation."

        En résumé : à côté de raccourci étrange, sensationnaliste et généralisant :
    - "les sectes guérisseuses. L'Antoinisme, les Spiritismes, Mahikari, le Christ de Montfavet (Georges Roux). Ces groupes pratiquent trop souvent l'autosuggestion et même parfois la supercherie" (p.41)
    - "il semblerait que des memebres de la Scientologie ont été liés à l'extrême droite et même aux tueries du Brabant Wallon" (p.54),
    -"crise de la Théosophie en Allemagne qui conduisit à la création de deux dissidences [dont] celle de l'aryanisme germanique d'où allait sortir le Nazisme" (p.88) & rapprochement entre le Nouvel Age (p.102) et "les racines historiques de l'ésotéro-occultisme nazi" p.107, note 28),
    - "prétention du Nouvel Age de vouloir construire une synthèse avec tous ces différents groupes en apparence hétéroclites" (p.100),
    - "le Nouvel Age, venu des Etats-Unis, est, en apparence, peu organisé. Vu du dehors, il ne se présente pas comme un mouvement bien structuré. Cependant, il a comme but, de relier toutes celles et tous ceux qui veulent contribuer à cette vaste consipration" (p.97),
    - "cette vague, ce raz de marée envahit tous les secteurs de la vie sociale en Occident" (p.106, note 13),
    - "certains affirment que le Nouvel Age est lié à l'idéologie de l'extrême droite (Julia Nyssens), mais il faudrait le prouver. Mais qui tient les ficelles ? Mystère !" (p.105, note 7),
    - "le dialogue avec les sectaires de tous bords est, la plupart du temps, tout à fait improbable et même souvent impossible" (p.109),
        et un parti-pris indéniable :
    - il regrette que les enquêtes d'organisme sérieux ne citent "concrètement aucune secte" (p.111),
    - "les chrétiens sont minoritaires dans une société pluraliste" (p.110),
    - "ceux et celles qui sont tentés par les sectes doivent se demander s'ils ne peuvent pas trouver une bonne réponse à leus questions dans les Eglises chrétiennes" (p.110),
    - "celui qui a une sensibilité Nouvel Age peut faire partie d'une Eglise, d'une religion, mais dans ce cas ce sera pour en extraire le noyau ésotérique. Comprenne qui pourra ! La double appartenance est évidemment impossible pour un vrai chrétien, car le Nouvel Age se présente comme la nouvelle religion supra mondiale " (p.100),
        on a quand même ici la posibilité de lire un opuscule bien fait et centré sur la Belgique.


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  • Histoire universelle des sectes et des societés secrètes, tome 2 : Les temps anciens (1968)
    (ISBN: 2905262761 / 2-905262-76-1 )
    Jean-Charles Pichon


    Description :
    - Sionisme, Kabbale, Témoins du Christ ou de Jéhovah, Antoinistes, Francs-Maçons, les sociétés secrètes groupent aujourd'hui des milliers de fidèles. Il n'en est pas une qui n'ait vu décupler le nombre de ses adhérents depuis 1940. Qui sont-elles? Que veulent-elles? D'où viennent-elles? Le caractère occulte de ces associations rend d'autant plus précieuses les réponses qu'on peut donner à ces interrogations. Fouillant l'ombre du passé et du présent, Jean-Charles Pichon remonte jusqu'aux sources, suit les courants à travers les sociétés où, depuis des siècles, des hommes se sont groupés pour se dépasser, sublimer ou faire progresser leur condition dans de grands rêves d'utopie. La naissance des sectes, leurs idéologies, leurs croyances, leurs rites sont enfin rassemblés ici dans une vaste synthèse.


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  • Antonisti (Le nuove sette religiose)Antonisti
        Per gli Antonisti, movimento diffuso in Belgio e in Francia, il male viene della mancanza di fede e dall'eccessiva fiducia nella scienza. Bisogna ritornare alla fede che dà il potere di guarire, tralasciando la scienza naturalistica. Sia nel loro giornale, l'Unità, sia negli opuscoli, si avverte che il «Culto no va sul terreno della scienza, ed in particolare non compie diagnosi, non consiglia né sconsiglia medicine e operazioni chirurgiche, non fa imposizioni di mani né predizioni del futuro».
        Il fondatore, Antonio, fu condannato nel 1901 per esercizio illegale della professione. Più cautamente i suoi discepoli di oggi non parlano di vera e propria cura anché se la cerimonia del culto ("operazione") si svolge, nel tempio, quattro volte la settimana, e si compone di tre momenti: guarigione collettiva, letture, guarigione individuale dietro un paravento, dove l'operatore riversa ancora fluido sul malato. Gli Antonisti parlano di guarigione spiritica, non per nulla la setta sorse nel periodo di grande diffusione dello spiritismo. Le idee religiose orientali si diffusero in Occidente proprio con la dottrina dello spiritismo che il Karnac e la Blavatski avevano appreso dai Disincarnati. Gli Spiritisti avevano e hanno questi princìpi base: esistenza di Dio, somma sapienza e bontà; immortalità dell'anima; gli spiriti hanno gradi diversi di evoluzione, sono ignoranti, ma perfettibili; anche se le bestie hanno un'anima che arriverà a reincarnarsi in un uomo, tutti gli spiriti seguono questa legge di reincarnazione; l'incarnazione è una prova per lo spirito, non il suo stato naturale; si possono vivere molte vite, che si dimenticano, ma ritornano alla memoria quando si è in stato spiritico; raggiunta la perfezione cessa la reincarnazione.
        Legge suprema è quella del Karma per la quale ci si reincarna secondo le opere compiute. Tutti i corpi celesti sono abitati da spiriti, in diverso stato di evoluzione. Oltre l'anima (lo "spirito", appunto) c'è il "doppio". Esso è un involucro fluidico che assomiglia al corpo e lo accompagna sempre (Pappalardo). V'è dunque un legame tra corpo, "doppio" e anima che rende possibile l'intervento taumaturgico dello spirito sul corpo. Nella stessa logica, i guaritori della Scienza Cristiana intervengono accanto al malato per aiutarlo a lottare contro «il magnetismo animale dannoso, cioè pensieri cattivi e falsi» che sono la vera causa della malattia. Poi si entra nel campo dei guaritori, numerosissimi, che non si riallacciano a sette religiose, che spesso sono persone dotate - almeno così affermano - di poteri parapsicologici scarsamente controllabili.

    Michele C. Del Re, Le nuove sette religiose, p.47-48
    Gremese Editore, 1997 - 256 pages
    source : GoogleBooks


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  • Albert Samuel - Para comprender las religiones de nuestro tiempo (1989)

        El Antonismo, o culto antonista, es sin duda la única secta de origen belga cuya notoriedad y éxito ha desbordado ampliamente nuestras fronteras, especialmente en Francia.
        Su fundador es Antoine Louis (1846-1912), obrero metalúrgico de Lieja, que abandono el catolicismo a los 42 años para interesarse por las asociaciones
    espiritistas, entonces florecientes. Habiendo descubierto sus dotes de curandero, que exploto sin exigir paga alguna, transformo su casa en despacho de consulta donde recibía cada día 50 o 60 personas en 1900 y de 500 a 1200 en 1910. Los medios utilizados eran ante todo la oración, la imposición de manos, el licor Koene, el papel y la tela magnetizados, etc
        Tras un proceso por ejercicio ilegal de la medicina, abandono sus practicas para conservar solo la oración y la imposición de manos.
        El culto se instituyo oficialmente en 1910 con la consagración del primer templo en Jemeppe-sur-Meuse. Al «desencarnar-se» el Padre, el culto fue dirigido por la Madre, su esposa, hasta que murio en 1940. Esta fecha marca el ocaso del Antonismo, acentuado por una guerra de sucesión entre el sobrino de Antoine, el padre Dor, y su oponente.
        El Antonismo tuvo un gran éxito a comienzos de siglo unos 150 000 adeptos, entre ellos 50 000 en Francia, según Woodrow. Se implanto especialmente en los ambientes obreros de Lieja y en algunas aldeas francesas. Hoy habría 31 templos en Bélgica, 28 en Francia y unas 150 salas de lectura (a menudo casas particulares) donde se procede solo a la lectura de la Enseñanza» (La
    Belgique et ses dieux, 360-361).

    Albert Samuel, Para comprender las religiones de nuestro tiempo
    source : scribd.com


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  • Auteur :     Louis Pauwels (Directeur), Hélène Renard (Rédactrice en chef)
    Titre :     Question de [spiritualité, tradition, littérature]
    Editeurs :    n°17 - bimestriel - mars-avril 1977, France
    Sommaire :
    But
    Origine
    Fondateur
    Impact
    Enseignement proposé
    Une pratique spirituelle
    Structure de l'organisation
    Bibliographie

        Evoque l'antoinisme aux pages 53-54 dans le Dossier : sectes, mouvements, écoles (les pages dans mon exemplaire son interverties, sa description se retrouve donc mélangée à l'Ordre Rose+Croix A.M.O.R.C.).

        Cette revue de spiritualité dirigé par le journaliste et écrivain français, né en Belgique, nous offre une description neutre du culte antoiniste. Mais encore une fois on ne peut que regretter les nombreuses erreurs habituelles. Le But est claire et dans le vrai :
        "L'éthique antoiniste s'offre comme une voie de libération fondée sur la foi et le désintéressement, en dehors de toute idée de religion et d'endoctrinement. Entraide, solidarité spirituelle et humaine, disponibilité et accueil, tels sont ses buts."
        Son Origine est bien décrite, étant très courte (3 lignes), par contre dans le Fondateur on lit :
    - "d'une santé fragile, il ne restera pas à la mine", raccourci qui élude la première expérience mystique de Louis Antoine bien décrite par Robert Vivier, sa lampe de mineur s'éteignant...
    - "sa compétence lui vaut d'être appelé en Prusse orientale (or s'est au Royaume de Prusse qu'il se rend en 1871) puis en Pologne. Il y restera avec son épouse près de treize ans (en fait environ 11-12 ans). De retour en Belgique en 1892 (en fait en 1884) avec d'importantes économies, ils s'installent à Jemmapes" (en fait Jemeppe[-sur-Meuse]).
        Dans l'Impact, on parle de temples en Suisse, en Italie, au Brésil, en Angleterre, or, même si on a vite fait d'appeler une salle de lecture un temple (comme au Brésil), il n'y eut jamais de consécration dans ses pays.
        L'Enseignement proposé décrit bien la doctrine : "C'est un code de morale universelle. Il figure dans deux ouvrage dictés par le Père Antoine. On peut le résumer ainsi :
    - Dieu est en l'homme, il faut le découvrir en soi-même ;
    - il faut respecter toute croyance et ne rien imposer ;
    - prêcher la morale est vain, il faut la vivre ;
    - la charité est un devoir ;
    - la solidarité est la loi de l'homme.
        L'homme est perverti par une fausse intelligence. Il ne voit que la matière, source de douleur, car illusion. Il faut se dégager de la matière pour connaître la paix intérieure."
        Dans Une pratique spirituelle, on lit ce qui est distribué dans les temples : "Les tempes sont ouverts à tous. Tout se fait par la prière. Toute liberté est laissée à chacun, on y vient aussi souvent et autant que l'on en ressent le besoin, soit pour demander assistance, soit pour s'instruire et vivre la morale du père."
        La Structure de l'organisation est bien décrite et n'évoque pas encore la dissension entre les temples avec et sans photos.
        Puis la Bibliographie donne à lire les sources habituelles : L'Enseignement du Père, Debouxhtay et Robert Vivier.

        Voilà donc une description qu'on aimerait à lire plus souvent, même si elle reste par trop neutre (on ne nous dit même pas si le culte fait partie des sectes, des mouvements ou des écoles), et on est lassé de lire toujours les mêmes erreurs dans la biographie (même si celles-ci ne compromettent pas la compréhension du reste).


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  • Karel van de Woestijne - Sekten (Antoinisten)(1925)Sekten
    Brussel, 6 Augustus.

    Dezer dagen hebben in het hart van het land, - meer bepaald: te Schaerbeek, Brusselsche voorstad en naar uitgebreidheid en bevolking de vijfde gemeente van België - de zoogenaamde Antoinisten hun hoofdtempel ingehuldigd. Heeren, waarvan de meesten Waalsche mijnwerkers zijn, doch waaronder men ook geestelijk-ontwikkelden kan tellen, en die niet allen Belgen zijn, want de Leer heeft ook in het buitenland aanhangers, - heeren in de lange jas met opstaande kraag der Angel-Saksische clergymen en den hoogen hoed met platte randen van den Zuid-Franschen wijnkoopman van vóór een kwarteeuw, vergezelden dames die er uitzagen als nogal kokette kloosterzusters, ik bedoel nonnen die niet al te strikt het opgelegde habijt eerbiedigen, maar nochtans schuw lijken voor te losse wereldschheid. Zij samen kwamen, in België's hoofdstad, of even daarbuiten, gewapend met een valies en eerbiedwekkende vroomheid, hun geloof bevestigen in den levensregel, die hun door wijlen Antoine-den-Genezer was opgelegd. Enkele jaren geleden hebben zij den Belgischen staat om erkenning gevraagd van wat zij hun godsdient noemen. Gij weet dat die staat drie officieele godsdiensten heeft aangenomen, het wil zeggen, dat hij de bedienaars ervan bezoldigt: het zijn de katholieke, de protestantsche en de Israëlietische. De Antoinisten houden het ervoor, dat zij evenveel recht hebben op het geld van den Belgische staatsburger. Ik weet niet goed of de toenmalige Belgische regeering op hunne wenschen en bevestigingen is ingegaan. Maar
       
    [p. 642]

    ik weet dat de Antoinisten dezer dagen te Schaerbeek een tempel hebben ingewijd, dien ze vermoedelijk met eigen centen hebben opgetrokken. Hetgeen bewijst dat zij eene macht uitmaken, misschien meer geestelijk nog dan geldelijk, want de meeste adepten zijn geen rijke lieden, en het is hun getal meer dan hunne persoonlijke pecuniaire draagkracht die het feit mogelijk heeft gemaakt. Hun getal te Brussel was dan ook niet gering: zij waren een tamelijk-vreemde versiering van het ledig-geloopen vacantie-Brussel.

    Ik kan u in gemoede verzekeren dat ik, met al mijn eerbied voor welke geestelijke overtuiging ook, geen Antoinist ben. Verwacht dan ook van mij geene inwijding in de gezindte dezer sekte. Ik weet dan ook, en dan nog slechts ongeveer, dat zij werd gesticht door een zeer eenvoudig man, die beweerde de macht te bezitten, de kranken te genezen bij eenvoudige oplegging der handen en zelfs alleen bij kracht van het gebed. Deze ‘Antoine le Guérisseur’, zooals men hem in Wallonië noemde, moet in aller daad wonderen hebben verricht, het is te zeggen dat hij eene wonderwekkende overtuigingskracht bezat, die natuurlijk uitging van een heilig geloof in zichzelf. Zijne actie was veelvuldig en verwekte buitengewone belangstelling, die in mystieke geestdrift ontaardde. De geestdrift leidde tot dogma, waar deze Antoine zich toe leende. Zijn thaumaturgie werd een godsdienst, eene liturgie, misschien minder door hem-zelf dan door zijne volgelingen vastgelegd. En toen hij, een vijftiental jaar geleden, stierf, liet hij eene kerk na, met vaste leerstelsels, een stevigen levensregel, en eene oude echtgenoote die na hem als opperpriesteres ging fungeeren. Deze kerk
       
    [p. 643]

    heeft hare tempels, ook in het buitenland, naar het heet. De laatste daarvan is komen te staan in Schaerbeek, eene voorstad die voorloopig alleen om hare krieken bekend stond, en om de koppigheid van hare inwoners die men daarom, cum reverentia, ezels pleegt te noemen.

    Feitelijk is het Antoinisme minder een godsdienstig dan een psychologisch verschijnsel. Gij weet dat de bevolking van België in hare meerderheid onwrikbaar-Roomsch is, zij het dan misschien ook minder in de praktijk dan uit overlevering. Het socialisme heeft echter, sedert de jaren tachtig reeds, aan die voorvaderlijkheid duchtig geknaagd, vooral onder de werklieden van het industriëele Walenland. Nochtans blijkt het wel, dat de behoefte aan een godsdienstig leven er warm is gebleven, warmer zelfs dan in het traditioneel-godvruchtig Vlaanderen van landbouwers. Herinnert u hoe Vincent van Gogh inzag, dat evangelisatie in de kolenstreek van het Borinage vruchtdragend kon worden. Zoo de menschen er de katholieke kerk verlaten, dan is het meermaals om aan spiritisme en occultisme te gaan doen. Geen wonder dan ook dat een Antoine le Guérisseur er gemakkelijk adepten vond, en in grooten getale. Waaruit zou kunnen blijken dat de Walen naar den aard nog meer godsdienstig zijn aangelegd dan de Vlamingen, denwelken men in deze zoo dikwijls hunne stompzinnigheid heeft verweten, omdat zij, met heel wat vrijheid trouwens, en zelfs met zeldzame bandeloosheid, der moederkerk getrouw bleven.

    Die getrouwheid is overigens betrekkelijk, en eene mededeeling op het historisch en archeologisch Congres dat op dit oogenblik te Brugge plaats heeft, komt het doorslaand bevestigen. Niet alleen hebben wij in Vlaanderen, niet ver van Oudenaerde, te Maria-Hoorebeke name-
       
    [p. 644]

    lijk, een dorp dat in zijn geheel, of nagenoeg, Evangelisch-protestantsch is en blijft (een misschien-eenig verschijnsel in België), maar in de Roomsch-katholieke kerk-zelve zou eene sekte bestaan die, zonder eigenlijk heterodoxe te zijn, nochtans, afgescheiden leeft: de sekte namelijk die zich noemt deze der Stevenisten.

    De leerstelling is eigenlijk uit Frankrijk over ons heen gekomen. En hij is tevens eene zoo goed als onbegrijpelijk anachronisme.

    Toen, in 1806, tusschen de paus Pius den Zevende en den eersten Consul Bonaparte het Concordaat gesloten werd, weigerden een aantal Fransche priesters aan de inschikkelijkheid van den Heiligen Vader toe te geven. Acht en dertig bisschoppen, die trouwens de wijk naar Engeland hadden genomen, kwamen tegen de nieuwe regeling op. Men noemde ze de ‘Anticoncordataires’. Hunne houding werd door sommigen in België gevolgd, dat anders over het algemeen vrij onverschillig bleef. Zekere Cornelius Stevens, waarschijnlijk in hoofdzaak gedreven door zijn haat tegen Napoleon en dezes godsdienstige politiek, wilde van het Concordaat niet hooren. Deze priester wist een groot aantal aanhangers te winnen, vooral in het Zuiden van Brabant. Zijne stelling werd tot in het aartsbisdom Mechelen aangenomen; zij verbreidde zich gemakkelijk in West-Brabant uit. Pastoors als Janssens, die te Pepinghen stond, en Winnepenninckx, te Leerbeek, waren zijne vurige aanhangers. En aldus werd eene echte sekte gevormd.

    De laatste Stevinistische priester stierf in 1842. Maar met hem stierf de sekte geenszins uit. Bij gebrek aan bedienaars verzaakten de aanhangers alle sakramenten. Zij kozen zich voortaan wereldlijke pastoors, en onder
       
    [p. 645]

    die pastoors zijn er zelfs vrouwen geweest.

    Het Stevinisme is niet uitgestorven. Talrijke, meestal welgestelde landbouwers uit Zuid-Brabant meer bepaald uit de omstreken van Halle, beroemde bedevaartplaats, blijven, in hunne stevinistische orthodoxie, van de andere geloovigen afgezonderd. Zij trouwen onder elkander, en staan elkander bij. Zij zijn eene kleine kerk in de groote, maar eene zeer geslotene, en die zich meestal afzijdig houdt. Zij heeft trouwens te Leerbeek haar afzonderlijken tempel.

    Ook in West-Vlaanderen vindt men Stevenisten. In 1819 werd Napoleon in den ban der kerk gezet: sommige West-Vlaamsche priesters vonden er het voorwendsel in, om te weigeren na de mis zijn naam in het openbaar gebed te noemen. Het bracht van lieverlede meê, dat tusschen de malcontenten van Brabant en West-Vlaanderen toenadering kwam, al gingen zij van een verschillend standpunt uit.

    En het bracht meê, dat er huwelijken werden gesloten ook tusschen Brabantsche en West-Vlaamsche Stevenisten.

    Wat wellicht van heel de geschiedenis de zuiverste uitslag is.

     
    N.R.C., 8 Augustus 1925.
    Nieuwe Rotterdamse Courant

    bron: Karel van de Woestijne, Verzameld journalistiek werk. Deel 13. Nieuwe Rotterdamsche Courant juli 1924 - augustus 1925 (ed. Ada Deprez). Cultureel Documentatiecentrum, Gent 1994

    source : http://www.dbnl.org/tekst/woes002verz24_01/woes002verz24_01_0080.php

     

    Traduction disponible dans un autre billet


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  • Auteurs :     Jean-Marie Leduc & Didier de Plaige
    Titre :     Les Nouveaux Prophètes
    Editions :     Buchet/Chastel, Paris, 1978, 365 p.

    Table des matières :
    Introduction (p.7-44)
        A la recherche du dieu perdu
        Dieu et les Dieux
        La tentation matérialiste
    Les nouveaux prophètes (p.47-340)
        des Aventistes du 7e jour et Mrs White à Zen
    Postface (p.341-342)
        « Ici et Maintenant »
    Annexe (p.343-356)
        La « Déprogrammation » professionnelle ou les sommets de l'intolérance
    Liste complémentaire (p.357-365)


        Les auteurs sont journalistes : Didier de Plaige à ce qui s'apellait alors Antenne 2, et Jean-Marie Leduc dans la presse musicale et producteur à la télévision. Didier de Plaige est également enseignant de yoga, et on imagine que c'est lui qui apporta la documentation. Cependant c'est peut-être Jean-Marie Leduc, qui par ces références musicales, apporte la petite chose qui fait de se livre quelque chose de différent (on le verra même dans l'antoinisme).
        Tout d'abord, on est en droit de se demander si c'est un livre sur les sectes ? En effet, le titre est Les nouveaux prophètes et les auteurs nous préviennent dans l'introduction : "Pour les sociologues, l'Eglise se distingue par ce qu'elle est « une communauté religieuse se donnant pour but de réunir l'humanité entière sous une seule règle de foi, un groupement comprenant aussi bien des pécheurs que des saints ». Cette définition ne lui seyant plus aujourd'hui, l'Eglise mérite bien désormais l'épithète de sectaire au sens propre comme au sens péjoratif". (p.29-30).
        Ensuite, on lit pour chaque mouvement une description neutre de la doctrine et des pratiques. Mais quand cela s'avère nécessaire, les auteur pointent les dérives sectaires qui ont été ou devraient être punis par la loi ou pour lesquelles le chercheur de voie devraient se méfier.
        Quelques exemples : pour la Méditation transcendantale et Maharishi Mahesh Yogi, on lit : 
        Pratique : « Vingt minutes de méditation matin et soir, à l'aide d'un mantra personnalisé, peuvent éclairer graduellement toutes les régions de l'esprit... La pratique s'effectue sans effort, tranquillement assis et les yeux fermés... » (hormis les yeux fermés, c'est ce que font les Antoinistes dans les temples).
        Le docteur Benson ajoute : « Des recherches et des tests effectués au Thorndike Memorial Laboratory de Harvard ont montré qu'il n'était pas nécessaire d'utiliser la méthode spécifique et le "secret" spécifique (le "son" personnel donné séparément à chaque élève) de la M.T., pour parvenir aux mêmes résultats ». (Question de, n°19, juillet-août 1977)".
        Cependant de nombreux observateurs s'interrogent sur la nécessité de réclamer un prix particulièrement élevé pour les nouveaux programmes de six mois... (environ 15 000 F pour le séminaire de développement des « Siddhis »).

        Concernant Georges Ivanovitch Gurdjieff, les auteurs citent Louis Pauwels (« C'est merveilleux d'avoir connu le démon... ») et Alexandre de Salzmann (« Je suis heureux de partir car je vaix enfin savoir, de l'autre côté, si c'était un Maître ou un démon ».).

        Ainsi, devant ce qui a été considéré comme une secte ou non, on constate deux caractéristiques dans la description : neutralité et pointage des dérives sectaires.
        C'est sur les Enfants de Dieu (The Children of God) et David Brandt Berg qu'on peut constater cette neutralité. Mais on lit aussi les dérives sectaires qui ne sont pas occultées (« Et pour tous, sans juger de l'engagement authentique de nombreux Enfants de Dieu qui cherchent une Nouvelle Compagnie de Jésus, l'idée que David Moïse se fait de ses "Bébés" actuels et futurs, et le climat dans lequel il les plonge, sont trop éloquents »).
        Concernant le Christ de Montfavet et l'Eglise Chrétienne Universelle de Georges Roux, on lit : « Le 21 juin 1968, à la suite de plaintes pour non-assistance à personne en danger et exercice illégal de la médecine, et devant l'attitude des journaux, Georges-Christ s'est volontairement retiré dans sa propriété près d'Avignon... ».
        Le traitement est le même pour tous, ainsi on peut lire, dans le chapitre concernant Moon et l'A.U.C.M. : «S'il est clair que les pouvoirs établis et les appareils politiques sont sur la défensive face à l'AUCM et aux Nouveaux Prophètes, et que la loi française n'a toujours pas prévu les cas de conditionnement psychique et les méthodes de lavage de cerveau, les particuliers touchés personnellement à travers leurs enfants, se sont rapidement organisés. [...] Il s'agit pour l'ADFI de "dénoncer les activités de certaines sectes dont le prétexte religieux ne sert que des finalités peu avouables". Il est à noter que plusieurs groupes de "défenses" contre les sectes émanent précisément de ces groupements politico-religieux qu'il s'agit ici de mettre en lumière, et qui ont trouvé là un excellent moyen de tromper leur monde. (Il convient par conséquent d'examiner avec beaucoup de soin leurs statuts et leurs actions, ainsi que l'identité de leurs responsables avant de s'en remettre à elles...) ». C'était en 1978, travaillant maintenant avec l'Etat, il est certainement clair que le cas ne se présente plus actuellement et l'on peut faire confiance à l'ADFI sans trop de crainte. Mais la mise en garde est valable pour tous. Concernant Moon : « Retenons enfin l'aspect temporel de la croisade de Moon qui, manifestement, ne partage pas l'idée répandue par le Christ pour qui le Royaume n'est pas de ce monde. [...] L'Unification mené par le Father Moon, en particulier dans les pays avancés depuis 1970, a le mérite d'introduire entre le matérialisme capitaliste et marxiste, une nouvelle voie. Mais elle cache mal, ou au contraire trop bien, son ambition temporelle. S'il est clair qu'ils veulent parfaire l'oeuvre commencée par le Christ, Moon et l'AUCM ont, de fait, une ambition puissante, en quête de richesse et de pouvoir. »

        Pour la Soka Gakkaï : « Les faits tendent à prouver que le climat instauré au sein de la S.G. est intolérant, xénophobe (anti-yankee surtout) et militant. [...] La Soka Gakkaï tira parti grâce à des méthodes para-totalitaires et avec une volonté d'hégémonie évidente, de la crise culturelle du Japon moderne. »

        Constatons qu'il aura fallu aux organismes français sur les sectes pas moins d'une dizaine de rapport et une trentaine d'années pour en arrivé au même point que les journalistes (Alain Woodrow en 1977, Jean-Marie Leduc & Didier de Plaige en 1978, Françoise d'Eaubonne en 1982), alors que la bonne méthode était déjà dans ce livre dès 1978 soit bien avant le premier rapport d'Alain Vivien de 1983.

        Venons-en maintenant à « Les Antoinistes et le Père Antoine ».
        Origine : Louis Antoine, né en 1846 près de Liège, en Belgique, accompagne son père et l'un de ses frères à la mine dès l'âge de douze ans. Puis il devient ouvrier métallurgiste. Il témoigne d'une ferveur religieuse exceptionnelle et précoce : quittant furtivement le travail pendant quelques instants, s'isolant dans quelque coin pour mieux prier...
        Après plusieurs séjours en Allemagne et en Pologne, il se fixe à Jemeppe sur Meuse. Il vient alors d'épouser Jeanne-Catherine Collon qui va devenir La Mère. Tous deux dispensent la Bonne Parole et viennent en aide aux pauvres, car ils ont déjà compris le sens de leur vie : « Leur conscience les sollicitait, sans trêve ni merci, d'aller de l'avant dans cette voie. »
        Le Père Antoine professe la religion catholique jusqu'à l'âge de quarante-deux ans, puis il s'applique à la pratique du spiritisme et développe ses qualités morales. Il fonde une première mission christique : Les Vignerons du Seigneur (1).
        C'est en 1906 que commence sa mission de Révélateur, de Prophète : Il crée le Nouveau Spiritisme (2), et obtient d'innombrables guérisons pour ses fidèles. Le Père Antoine est bientôt appelé le Régénérateur de l'Humanité. Ses fidèles introduisent une demande de reconnaissance de leur culte, considérant que le Père n'est en fait rien de moins que l'égal d'Adam, de Moïse et de Jésus.
        Les premiers Temples antoinistes sont déjàs apparus quand, le 25 juin 1912, le Père se désincarne... La Mère quittera ce monde en 1920 (3).

        Pratique et enseignement : Les Antoinistes pratiquent tous les matins l'Opération au nom du Père (sauf le samedi) et le dimanche, l'Enseignement du Père. Les Fêtes principales sont le 25 juin, la Fête du Père, et le 3 novembre, la Fête de la Mère (4).
        L'Enseignement du Père, « c'est l'enseignement du Christ révélé à cette époque par la Foi. Dans cet enseignement, le Père Antoine révèle le but de la vie, la Loi morale, les moyens d'arriver au Bonheur Suprême ; il raisonne l'âme, depuis son origine jusqu'au but qui lui est fixé ; il démontre l'incarnation et sa cause, l'intelligence et les fluides qui donnent la pensée ». Enfin sa révélation nous instruit sur l'histoire d'Adam et sur sa défaillance, sur la façon dont nous pouvons apprécier le rôle de Dieu, sa bonté, son amour.
        Le Culte est ouvert à TOUS : « On vient demander assistance en dehors de toute idée de religion... » L'Enseignement du Père est un modèle de tolérance, incorporant dans sa sagesse et de manière probablement non concertée, des éléments du christianisme et l'essence même du bouddhisme :
        « La moindre souffrance est due à votre intelligence, qui veut toujours plus posséder... On ne souffre pas à cause d'autrui ; nous sommes les seuls auteurs de nos souffrances... Souvenez-vous qu'il vous a été dit : je suis dans le Connais-Toi. »
        Le Père Antoine se réfère en permanence à une vision fluidique du monde et de notre fonctionnement psychique ; non seulement ce vocabulaire n'est pas contraire à nos connaissances scientifiques actuelles, mais il est proche de l'expérience vibratoire psychédélique, qui affirme : on perçoit le monde selon ce que l'on est..., ou encore à la manière de Cat Stevens : « La laideur est dans l'oeil... »

        Message : Voici selon le Père Antoine comment comprendre que le mal n'existe pas :
        « Telle est la pensée, tel est le fluide qui nous entoure. Ce fluide forme autour de nous une atmosphère par laquelle nous recevons toutes les sensations, qui diffère selon les actes que nous accomplissons. Les bonnes pensées l'éthérisent, les mauvaises l'épaississent. L'imagination du mal tente à accomplir de mauvais actes ; mais on ne peut toucher que ceux qui la possèdent également. Plus d'imagination avons-nous, plus voyons-nous le mal dans les autres et autant donne-t-il prise sur nous ; nous sommes autant insupportables que nous ne pouvons supporter les autres. Voilà la raison pour laquelle il y a des victimes... » (5)

        Implantation : Il y a actuellement de par le monde 59 temples antoinistes et 150 salles de lectures (les futurs temples) en France, Belgique, Hollande, Suisse, Italie, Algérie, Congo, Brésil, Guadeloupe, Etats-Unis, Grande-Bretagne, etc... Les Antoinistes sont près de 20 000, dont 2 000 frères et soeurs habillés de noir dans l'exercice de leur fonction.
        Chez les Antoinistes, nous est donné l'exemple d'un culte qui existe depuis trois quarts de siècle, à partir du message révélé en toute humilité par un homme pratiquement illettré : aujourd'hui encore, l'impulsion donnée par la Foi du « Grand Guérisseur de l'Humanité » permet à ses adeptes de faire quotidiennement l'Opération (prière et imposition des mains(6)) pour de nombreux malades.
        Autour des Antoinistes, cependant, gravitent quelques groupes certes moins recommandables...

        Bibliographie :
        L'Enseignement, par Antoine le Guérisseur (1905), Ed. Antoinistes.
        Révélation, par Antoine le Généreux (1910), Ed. Antoinistes.
        Le Couronnement de l'Oeuvre Révélée (1910), Ed. Antoinistes.

        Révélation des dix principes de Dieu par le Père [suivent les dix principes in extenso. Une image du Père est également présente en illustration].

    Adresses [suivent les adresses des temples et salles de lectures en France et en Belgique].


    (1) Je ne sais pas en quoi il qualifie les Vignerons du Seigneur comme une mission  christique.
    (2) Il s'agit du Nouveau Spiritualisme.
    (3) La Mère meurt en 1940, autre erreur dont je ne sais pas l'origine.
    (4) Les auteurs oublient le 15 août, Fête de sanctification du culte et de la Consécration du Temple de Jemeppe.
    (5) Ce texte diffère en quelques points du texte de la Révélation. Les auteurs n'ont-ils lus qu'une brochure ?
    (6) Il n'y a pas d'imposition des mains comme chez les Néo-Apostoliques, les Adventistes, les membres d'IVI ou de la Johannische Kirche de Joseph Weißenberg, ni du haut de la tribune, ni dans le cabinet de consultation.

        Didier de Plaige étant enseignant de yoga a réussi à faire ressortir les points communs avec le bouddhisme. Comme le disait Françoise d'Eaubonne, qui cite abondamment ce livre dans son Dossier S comme Secte : « Sans entrer dans les détails, Didier Deplaige, producteur à Antenne 2 et J.-M. Leduc, journaliste et musicien, qui respectent cet insolite mystique, affirment qu'aujourd'hui "autour des Antoinistes gravitent d'autres groupes certes moins recommandables". On peut en effet supposer qu'une secte si fort axée sur la guérison en dehors de la médecine peut s'ouvrir à toutes sortes de charlatans qui abusent de la crédulité et vivent de la pathologie des naïfs » (p.150).


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  • Auteur :     Gérard Dagon
    Titre :     Petites Églises et grandes sectes en France aujourd'hui
    Editions :     SCE, Paris, 1961, 127 p.

        Gérard Dagon (né à Strasbourg le 04 avril 1936) effectue des recherches sur les sectes depuis 55 ans. Auteur de nombreux ouvrages épuisés comme «Les sectes en France» ou «Les sectes à visage découvert», il enseigne également dans quatre écoles bibliques.
        Gérard Dagon a été pasteur pendant 25 ans dans l’Eglise Réformée d’Alsace et de Lorraine, pendant 17 ans dans l’Union des Eglises Chrétiennes Evangéliques (ex-Chrischona). Depuis 2001, il poursuit son ministère dans une église baptiste indépendante en Moselle. Il enseigne depuis plus de 30 ans à l’Institut Biblique et Missionnaire Emmaüs et a été président de la Société évangélique de France. Il préside aussi l'organisation Vigi-sectes depuis sa création en 1998.
        Autant le Père Chéry était le spécialiste des sectes du point de vue catholique, autant le pasteur Dagon en est le spécialiste du côté protestant. Son point de vue est donc intéressant, et c'est en tout cas une des rares personnes à pouvoir s'y retrouver dans le pullulement des dissidences et schismes de la réforme.

        Malheureusement, il n'a pas grand chose à dire sur l'antoinisme, secte qu'il classe parmi les principales en France (savoir celles qui ont fait le plus parler d'elles, ou celles qui sont les plus actives sur notre territoire). Son premier chapitre le concernant est la copie d'"un tract offert aux visiteurs". En effet, concernant les autres "sectes", ils se contentent en général de voir leurs erreurs commises par rapport à la seule Vérité, la Bible et Jésus.
        Explorons ensemble les chapitres : Le fondateur, le Résumé sommaire de la doctrine, le Culte et lieux de culte, enfin la Diffusion.
        Même si l'auteur nous épargne de tout jugement (ce qui est déjà un grand pas dans ce genres d'ouvrages sur les sectes), on trouve quand même des erreurs qui montre la non-neutralité de l'auteur : toujours cette histoire de "longs voyages en Allemagne, en Pologne et en Russie" (cette dernière destination n'est que supposition). On nous dit qu'il "sera ouvrier-métallurgiste en Allemagne et contremaître en Pologne", précisons que c'est là le seul but de ces voyages, y travailler. Un ouvrier comme Louis Antoine n'avait pas le loisir de voyager juste pour voir du pays... Il "épouse en 1873 un Jeanne-Catherine Collin. De ce mariage naîtra un fils anormal qui mourra en 1893". Il 'épouse en 1873 Jeanne-Catherine Collon, et de ce mariage naîtra un fils qui mourra en 1893' me semble plus correcte.
        "Malade de l'estomac, Antoine Louis lit le Livre des Esprits d'Allan Kardec, le grand réformateur français du Spiritisme. Cette lecture le guérit". A ma connaissance le Père n'a jamais vraiment connu de soulagement, hormis par l'adoption du régime végétarien.
        "Antoine Louis a écrit ses révélations en français, en dictant les 'Révélations de l'auréole de la conscience' à ses disciples Madame Desart et F. Deregnaucourt". Si quelqu'un comprend le sens de cette phrase qu'il veuille bien la corriger pour moi... Merci.
        "L'enseignement du Père est résumé dans les Dix principes de Dieu, écrit par le fondateur en vers libres, c'est un enseignement altruiste, moral et très sentimental". Les Dix principes ne résument pas vraiment l'Enseignement. Ils en font partis mais son aussi à part. 'Sentimental' est certainement à comprendre ici dans le sens qu'ils flattent les sentiments, comme cela se fait dans beaucoup de sectes. Cependant, je ne vois pas en quoi, les Dix principes le sont.
        "En 1910, on en [des disciples antoinistes] compte déjà 148.300." Je ne sais pas d'où sort ce chiffre.
        "La femme du fondateur, Mère Antoine, survit à son mari jusqu'au 3 novembre 1941. Elle dirigea la secte de 1910 à 1940." La Mère dirigea le culte jusqu'à sa mort le 3 novembre 1940.
        Concernant le sommaire de la doctrine, on lit que l'"antoinisme est un vaste mélange de spiritisme, d'occultisme, de théosophie, de végétarisme et de christianisme". Admettons. Cependant, l'auteur se contredira en disant pour finir que "ce moralisme mystique parle peu de Jésus-Christ et n'a aucune notion des doctrines fondamentales du péché, de la grâce et de la rédemption". Si ces notions sont fondamentales pour Gérard Dagon, elles ne l'étaient pas pour Louis Antoine. On voit bien que ce livre sur les sectes est écrit d'un point de vue protestant. On lit aussi dans ce chapitre que "Le Père Antoine est une sorte d'incarnation de Dieu sur la terre (c'est l'auteur qui le dit, ce n'est pas l'avis de tous les antoinistes). Les Révélations d'Antoine constituent la seule Vérité (c'est pour ça qu'on lit dans la Révélation que Gérard Dagon n'a pas lu que "Si nous voulons être dans la vérité, croyons toujours que nous n'y sommes pas, c'est ainsi que nous y serons réellement, car j'ai révélé, nous ne la possédons que lorsque nous ne prétendons pas l'avoir.", Le Développement de l'Oeuvre Révélée, Arbre de la science de la vue du mal, le bien, interprété l'opposé de la réalité, p.292). La secte exige la foi à la captation des fluides magnétiques émanant du Père (la secte n'exige rien du tout). Elle enseigne la négation du mal, de la matière, de la mort et de la maladie. La réincarnation bouddhiste joue un grand rôle, ainsi que la foi en Antoine."
        Dans le chapitre Culte et lieux de culte, on apprend que notre emblème est "l'Arbre de la Science et de la Vue du Mal", alors qu'il s'agit de l'Arbre de la Science de la vue du mal. "Les enterrements constituent un culte spécial mais les fêtes chrétiennes n'ont plus aucun sens." (N'en ont-elles jamais eu ?). "Les guérisons ont lieu dans les sacristies, derrière un paravent". (Il semblerait que l'auteur a pris comme source le Père Chéry qui écrivait également l'Arbre de la Science et de la vue du Mal et que les malades désirant la guérison se rendaient à la sacristie ou derrière un paravent.) "On compterait 50.000 guéris par an, dans certains temples !" (Là encore, d'où vient ce chiffre ?).
        "Ceux qui fréquentent les cultes antoinistes sont d'origine catholique ou même musulmane. On y compte quatre fois plus de femmes que d'hommes (encore une fois, sur quoi se base l'auteur pour avancer cette proportion, surtout qu'il dit plus loin qu'il "est impossible de connaître le nombre d'adeptes fréquentant les assemblées antoinistes"...). Les simples ouvriers, mineurs en particulier, aiment cette religion sans faste. Les adeptes, peu sectaires, larges d'esprit, recueillis, silencieux, ne font qu'une propagande discrète".
        "Vingt-trois temples rassemblent ces membres, ainsi qu'une centaine de salles de lecture, embryons de futurs temples, beaux édifices, lieux de culte en pleine activité. Le temple du 10, Impasse Roux à Paris 17e, belle construction qui date de 1955, montre, avec son presbytère, que la secte est loin de mourir, comme l'affirment certains".

        L'auteur aura l'occasion de s'intéresser aux sectes et notamment aux Antoinistes en 1995 et 1997 dans Les sectes à visage découvert (les Antoinistes sont dans le Tome 2).


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  • Titre        Faux prophètes et sectes d'aujourd'hui
    Auteur        Maurice Colinon
    Éditeur        Plon, Paris, 1953, 280 pages

        Après des années de recherche, il publie en 1953 son premier « vrai » livre, comme il l'appelait : « Faux prophètes et sectes d'aujourd'hui », chez Plon. Lui succèdent ensuite : « L'Eglise en face de la Franc-Maçonnerie » (1955, Fayard), « Esprit es-tu là ? », un essai sur le. spiritisme, en 1956, « Les Guérisseurs » (1957, Grasset), « Le phénomène des sectes au XXe siècle » (chez Fayard, en 1959, traduit en six langues) et « Pionniers en Soutane » (1960) qui fut couronné par le prix Juteau-Duvigneau de l'Académie Française.
    Nécrologie par Marie-Christine Colinon,
    Monde Gitan, 1979, p.4

     

    Recension dans Etudes d’octobre 1953 :

    Maurice Colinon - Faux prophètes et sectes d'aujourd'hui (1953)(Études oct.1953)

        Maurice COLINON. — Faux prophètes et Sectes d’aujourd’hui. Plon (Collection Présence), 1953, in-12, 280 pages.

        Voici un livre d’inspiration Catholique dont la nécessité se faisait sentir : Il présente une série d’études rapides et bien informées sur les sectes diverses, qui se propagent actuellement en France et, qu’on confond trop souvent avec le protestantisme auquel, en fait, elles sont étrangères ou dont elles sont une excroissance pathologique : Antoinisme, Christian Science, Adventisms (avec ses rejetons : Amis de l’Homme et Témoins de Jéhovah), etc... De ces sectes M. Colinon rapproche, avec raison, des phénomènes sociologiques analogues : le spiritisme qui est une véritable religion, la théosophie, et aussi l’inquiétante armée des voyantes, des fakirs, des industriels de l’horoscope qui pullulent aujourd’hui. 
        Toutes les sectes ont des traits communs. Elles naissent des fabulations extravagantes, sincères sans doute, de mythomanes. Ces élucubrations, qui prétendent généralement être des interprétations pu des prolongements de la révélation biblique, sont, à proprement parler, insensées ; il est humiliant de constater que, dans notre époque de pensée grégaire, elles séduisent des millions d’hommes. Elles consistent essentiellement en rêves de paradis sur terre, de triomphe immédiat du mal physique. Ces rêves sont une réaction contre le rationalisme mortel de notre temps, une réaction contre le désespoir que fait naître notre civilisation ; ils traduisent, de manière folle et aveugle, le refus de l’humanité au néant. Le succès des sectes est dû, enfin, comme le note Daniel-Rops dans une excellente préface, à ce que leurs assemblées de culte constituent de petits groupes à taille humaine où se pratique une réelle charité fraternelle.
        Le volume se termine par une utile bibliographie à laquelle on ajoutera le cahier de novembre 1952 de la Chronique Sociale et l'article du P. Chéry, Les Sectes, dans Lumière et Vie d'octobre 1952
                                              Robert ROUQUETTE. 

     

    Table des matières :
    Préface, par Daniel-Rops

    Première partie : Les sorciers et leurs pratiques
    I. - Les superstitions
    II. - Les voyantes
    III. - Les fakirs
    IV. - L'horoscope

    Deuxième partie : Les prophètes et leurs sectes
    I. - Allan Kardec et le spiritisme
    II. - Lê-Van-Trung et le Caodaïsme
    III. - « H. P. B., » Annie Besant et la théosophie
    IV. - Le « Père Antoine » et l'Antoinisme
    V. - Mary Baker-Eddy et la Science chrétienne
    VI. - William Miller et l'Adventisme
    VII. - Alexandre Freytag et les Amis de l'Homme
    VIII. - Charles Russell et les Témoins de Jéhovah
    IX. - Joseph Smith et les Mormons
    X. - George Fox et les Quakers

    Troisième partie : Documents annexes
    I. - Lexique des sectes et petites religions de France
    II. - Les superstitions les plus répandues
    III. - Quelques exemples de clairvoyance contrôlée
    IV. - Une séance d'hypnotisme décisive
    V. - L'Eglise catholique et le spiritisme
    VI. - Un exemple d'illusion spirite : Interim
    VII. - L'Eglise catholique et la théosophie
    VIII. - Les « Dix Principes » de l'Antoinisme
    IX. - « Articles de foi » de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (Mormons)
    X. - Bibliographie sommaire


        Dans la préface de Daniel-Rops, on peut lire :
        " Maurice Colinon, qui a pris la peine d'aller lui-même rendre visite à toutes les sectes dont il parle, ne cache pas qu'il a été impressionné par la sincérité évidente des adeptes de toutes ces « petites religions », et tout autant par leur touchante fraternité. Alors que les athées matérialistes ne nous proposent qu'un monde terrible, administratif et rigide, où le contact d'homme à homme est presque nul, alors que, il faut oser le dire, trop de chrétiens ont perdu le sens de la charité du Christ et vivent dans l'égoïsme de leur foi comme un bastion, des croyants « antoinistes », ou des « quakers » donnent l'exemple d'une vie religieuse infiniment fraternelle, et humaine. Cette aspiration de tant d'hommes à se fondre dans une âme collective, qui, détournée de son élan spirituel, aboutit à la néantisation de l'homme dans les systèmes totalitaires, cette aspiration que trop de chrétiens ne savent pas satisfaire dans le cœur de leurs frères, c'est à elle que répondent les « petites religions » et les sectes nouvelles. Cela n'est pas sans signification. " (p.III-IV)
        Un petit feuillé de propagande (appelons-le comme ça, car il promet à la fin de sa description que "nous avons là un livre extrêmement intéressant, auquel on peut prédire le plus grand succès"), nous rappelle encore que "l'ouvrage [est] parfaitement documenté".

        Étonnons-nous tout d'abord de voir le livre commencer par Les Sorciers et leurs pratiques. La réponse peut peut-être se trouver à la page 11 où on lit : il y a "un fait que nous devons avoir à l'esprit si nous voulons comprendre quelque chose au mysticisme élémentaire qui anime nos contemporains : il y a, en France, plus de 50 000 devins de toute espèce".  Nous voilà bien dans le ton du livre : hors Jésus-Christ et son Église, point de salut. Page 21 on lit par exemple : "il n'est pas sûr que l'auréole scientifique dont les devins modernes pourront bientôt se parer n'augmente pas encore leur emprise sur des millions d'êtres qui, après avoir quitté la foi de leurs pères, cherchent désespérément une mystique de remplacement qu'ils s'efforcent de concilier avec les progrès de la science."
        En effet, dans cette première partie, l'auteur déclare : "notre grand espoir est donc que la science, en en déterminant prochainement les lois, ôte l'attrait du merveilleux à des phénomènes parfaitement naturels" (p.18). Cependant Maurice Colinon ne pense pas à demander le même fondement scientifique afin de déterminer les lois régissant le prophétisme.
        Le chapitre concernant le « Père Antoine » et l'Antoinisme commence avec un extrait du huitième principe : "Ne vous laissez pas maîtriser par votre intelligence...". Bien sûr l'auteur ne citera pas la suite, notamment "elle foule aux pieds la conscience". Ce sont ces deux éléments (et uniquement ces deux l'un avec l'autre) qui constituent une partie de la morale antoiniste, mais l'auteur n'en a cure.
        Sa biographie n'est pas des plus neutres : "instable et perpétuellement insatisfait ; un fils (malheureusement anormal) ; de plus en plus inquiet, insatisfait et rêveur ; révélation qui va transformer sa vie : il se découvre médium. Sous ses doigts, les tables valsent éperdument ; vie obscure et terriblement quotidienne ; on nomme un conseil d'administration, on se distribue des titres honorifiques...". Ensuite signalons que l'auteur appelle Louis Antoine, "Antoine Louis" (p.112 et p.113). L'erreur vient certainement du fait que l'auteur "a pris la peine d'aller lui-même rendre visite à toutes les sectes dont il parle" et que l'ouvrage est "parfaitement documenté", ou plus sérieusement, selon l'habitude des moines de prendre un prénom de saint et de le faire précéder de Frère ou Père.

        Un point est intéressant : "il est difficile de savoir si c'est Antoine qui va lancer l'Antoinisme, ou l'inverse" (p.114). Mais ce n'est pas pour durer, on lit qu'à la mort de Mère, "des difficultés ont surgi. D'abord entre les temples qui prétendaient à peu près diviniser le Père et ceux qui s'y refusaient. Ensuite entre le propre neveu d'Antoine (le Père Dor), qui s'installa à son compte - si l'on ose dire - dans le Hainaut, et un nommé Jousselin, établi à Verviers. Enfin, entre les antoinistes belges, qui professent que les guérisons doivent se pratiquer collectivement lors du culte dominical et leurs collègues français, qui tiennent pour les « Opérations » strictement individuelles" (p.115).
        On sait donc maintenant d'où vient l'erreur du Père Chéry dans son Offensive des sectes qui sera publié l'année suivante en 1954. Signalons d'autres erreurs : la dissidence du neveu ne pouvait faire de l'ombre à l'antoinisme, car elle avait disparu pratiquement à la mort du Père Dor en 1947. Et concernant Jousselin, le fait qu'on ne sache rien de lui, semble indiquer clairement, qu'il ne réussit pas à faire école. Enfin, les dissensions entre la Belgique et la France ne sont pas si "graves". De plus, la compréhension du culte n'est pas le fort de Maurice Colinon, puisque, encore une fois, c'est pendant l'Opération que "ceux qui ont la foi seront guéris ou soulagés", la consultation est une intercession plus personnelle pour y parvenir.

        La doctrine est également écorchée : "la maladie n'existe pas, seul le péché rend infirme" (p.114) : hors, la maladie n'est pas imputée au péché, mais à la vue du mal.. De plus Régis Dericquebourg et Jacques Cécius précise que la notion de péché n'existe pas dans l'Antoinisme.
        "C'est la « foi qui sauve ». Mais la foi en qui ? En Antoine, dont l'enseignement est la seule, l'unique véritable Révélation. Ce qui justifierait, en bonne logique, les antoinistes « extrémistes » qui divinisèrent le concierge et portèrent son image sur leurs autels" (p.116). On peut dire que c'est la foi qui guérit, et non qui sauve. Ensuite, les choses ne sont plus aussi tranchées maintenant (et peut-être déjà en 1953), puisque le libre arbitre est laissé à chacun. Pour la même raison, la Révélation du Père n'est pas 'la seule', puisque "la vérité n'est que relative et ce qui est aujourd'hui la lumière sera demain l'obscurité".
        On continue dans la dentelle : "Les antoinistes professent ouvertement le plus souverain mépris pour l'intelligence [René Guénon dit presque mot pour mot la même chose, on sait donc maintenant qu'elle a été la source de Maurice Colinon]. (Comme on les comprend !). Parce que, selon Antoine, ce n'est jamais l'intelligence, mais l'intuition qui porte en elle la vérité". Encore une fois, c'est mal comprendre l'Enseignement, et même simplement ne pas l'avoir lu : "C'est la preuve que l'intelligence nous rend un grand service ; elle nous est donc indispensable dans notre incarnation, mais efforçons-nous de lui faire respecter la conscience au lieu de la dominer, car elle est si envieuse qu'elle voudrait empêcher les autres de faire le bien naturellement ; elle nous égarerait tout en croyant nous ramener dans le bon chemin." (p.192) et "J'ai révélé qu'on fat erreur en accusant Adam d'être la cause de nos souffrances, qu'il nous a montré plutôt le véritable chemin du bonheur, que nous devions au contraire lui rendre hommage et bénir sa défaillance. Nous devons considérer l'intelligence de la même façon et autant la revendiquer que j'ai paru l'incriminer dans mes révélations." (p.LIV). Maurice Colinon continue : "Et pour mieux communiquer avec le monde astral, vous magnétiserez vos organes, afin de « leur donner la même longueur d'ondes que celle d'un Esprit-guide »". On ne sait pas où l'auteur a été chercher cette phrase, mais elle n'est pas dans l'Enseignement. Puisqu'il parle du spiritisme kardéciste qui a été "revu par Antoine et les siens, et adapté convenablement à la pratique des guérisons", on peut penser que l'auteur est allé chercher des réponses à ses questions dans les œuvres de spirites. Comme si j'allais chercher des réponses à mes questions sur le christianisme en lisant les œuvres des Hassidiques.
         Et on continue d'écorcher l'Enseignement, en racontant n'importe quoi, histoire de bien faire rire le lecteur (et parfois ça fonctionne) : "Adam était une un grand spirite, doué de l'universelle connaissance par un fluide extraordinairement puissant. Séduit par Eve, il y perdit ses « dons » de médium et dut se contenter, en échange, de l'intelligence, source de tant de maux ! C'est depuis lors que l'homme s'imagine que le mal existe. Mais l'antoinisme, heureusement, vient lui prouver le contraire". Inutile de corriger quoi que ce soit : tout est faux !
        La suite est plus dans le vrai : "L'homme est donc bon naturellement". C'est presque ça : un homme ne peut être plus mauvais qu'il ne l'ait.

        L'auteur, "qui a pris la peine d'aller lui-même rendre visite à toutes les sectes dont il parle", rappelons-le (c'est la préface qui le dit) a du se tromper dans ses fiches, car d'après lui pendant l'Opération, "l'officiant commence par lever les bras vers le ciel en silence, et cette méditation collective dure quelques minutes" (p.119). Je n'ai jamais entendu cette façon de faire. Mère pendant les années 30 procédé de façon similaire. Mais il ne me semble pas que cela fut reproduit par les autres desservants de temple, ni en France, ni en Belgique. Cela dit, même si l'auteur a remarqué que "le rite de guérison avait déjà été l'occasion d'une scission entre antoinistes belges et français, les premiers ne tenant l'opération pour valable que si elle s'effectue au cours d'un culte collectif, les seconds s'étant spécialisés dans les guérisons individuelles", il avoue qu'il n'a "pas eu de contacts avec les adeptes étrangers" (p.120). Voilà qui est honnête. En même temps, vu que la plupart des choses qu'il raconte sur ce qu'il croit être l'antoiniste français est faux, il aurait été juste de raconter aussi n'importe quoi sur la pratique de l'antoinisme en Belgique.
        Pour l'auteur, "l'antoinisme n'existe et ne se propage que comme une vaste entreprise de guérison mystique, largement aidée dans son essor par la propagande extraordinaire faite actuellement par la presse et le livre à la gloire des guérisseurs de toute espèce" (p.120). L'auteur évoque-t-il Les Guérisons miraculeuses modernes de Noël Bayon édité en l'année précédente ? En tout cas, il pensait peut-être que la propagande s'était épuisé en 1957, car lui-même publiera chez Grasset Les Guérisseurs.
        Mais peut-être l'auteur pourrait nous apprendre quelques chose : "Il y a quelque années encore, il y avait des heures fixes pour la réception des malades et des jours entiers où le temple était rigoureusement fermé. Ces moments étaient en principe, ceux réservés aux « frères » et aux « sœurs » pour recharger leurs accus en fluides. Actuellement, toutes ces règles ont été abolies chez nous. On reçoit à toute heure et n'importe quel jour quiconque désire se faire soigner car (nous écrit une personne qui appartient à l'Antoinisme depuis vingt années) : « On s'agrandit ; il faut bien évoluer... »" (p.120). Est-ce encore une extrapolation de l'auteur, où vraiment un changement dans les horaires d'ouverture des temples ? Cela concerne-t-il tous les temples ou seulement celui de la personnes adeptes depuis vingt ans ?
        Concernant le nombre d'Antoinistes, l'auteur accorde le chiffre de 450 000 "comme proche de la réalité. En Belgique, ils possèdent 28 tempes, dont 2 à Bruxelles ; en France, 18, dont 2 à Paris (rue Vergniaud et rue des Grands-Augustins)." Hors, d'après les dates de consécrations, en 1953, il y avait, en Belgique 29 temples, et en France 22 temples. Mais on comprend, pourquoi maintenant il peut y avoir tant d'erreurs chez cet auteur, et mon hypothèse se vérifie : s'il s'est rendue dans la rue des Grands-Augustins (dans le 6e arrondissement), il n'a pas du assister à une Opération ou rencontrer des Antoinistes, le deuxième temple parisien étant dans la rue du Pré-Saint-Gervais. Le 3e temple ouvrira au Passage Roux dans le 17e arrondissement (ces deux temples sont distants de 5 kilomètres de la rue des Grands-Augustins). Est-ce à dire qu'il y avait une salle de lecture dans cette rue ? Possible ? Mais alors là, il ne pouvait y avoir d'Opération. A quoi à donc assisté l'auteur dans la rue des Grands-Augustins : Mystère !
        En tout s'il dit honnêtement ne pas avoir été en contact avec les adeptes étrangers (Belgique, mais d'après lui bon nombre de fidèles serait en Allemagne et dans les pays anglo-saxons), il n'a pas du aller ailleurs qu'à Paris, car d'après lui "la plupart des temples de provinces sont de simples maisons particulières" (p.121). Or, si ce ne sont pas des églises avec clocher, les temples de provinces sont bien des temples, et non de simples maisons.

        Mais laissons conclure l'auteur lui-même, et adoptons sa façon d'étudier le mouvement, à force de 'sic' et de remarques amusantes (j'utilise les crochets pour les signaler) :
        "Partout, ce sont les plus humbles, les plus déshérités [sic], les plus crédules [re-sic] qui se tournent vers cette religion sans fastes et « si utiles quand on a quelque chose qui ne va pas » (comme nous disait l'un d'eux) dont les formules grandiloquentes [on n'a pas peur de se contredire dans la même phrase : 'religion sans fastes avec des formules grandiloquentes'] leur paraissent merveilleuses, et qui leur impose aussi peu d'obligations que possible [notamment pas de quête, d'aumône, ou de récolte de fonds]. L'Antoinisme peut être considéré comme la religion qui, proportionnellement au nombre de fidèles, compte le plus grand nombre d'ouvriers, notamment métallurgistes et mineurs [et donc ? Qu'est-ce que c'est que ça pour une remarque]. Il n'est que juste de faire la part - dans ce succès - du dévouement des « frères » et des « sœurs » dont la sincérité ne paraît pas contestable, quelque jugement qu'on puisse porter sur les mobiles et les aspects douteux de leur action" (p.121-122).
        Nous voilà rassuré : ils sont bizarres, mais ils ne sont pas comme nous, faisons-nous une raison, en attendons qu'ils veuillent bien retourner dans la Vérité du Christ né d'une Vierge et d'un Charpentier, mort et ressuscité, etc., etc., etc.


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  • Auteur :     Michelis di Rienzi
    Titre :     Les petites églises
    Editions :    Paris, Librairie Universelle, 1930, 196 pages

        Pierre Debouxhtay nous renseigne que les pages 17 à 20 sont consacrées à l'Antoinisme.
        L'auteur écrit également plus tard : Les Religions ignorées (1939).

        A lire un extrait du livre sur les Gnotiques : http://www.gnostique.net/documents/gnostiques.pdf

    Recension :

    Michelis di Rienzi - Les petites églises (1930)

    Michelis di Rienzi, Les petites Eglises, Paris, 84, boulevard Saint-Michel, 194 p. in-8°, 15 francs.
        Sous vingt-cinq rubriques différentes, sont mélangés des gens dont les uns forment vraiment des Eglises (et non de petites Eglises toujours : catholiques grecs, vieux-catholiques), tandis que tels autres seraient fort surpris qu'on les assimile aux membres d'une Eglise, c'est-à-dire d'une société chrétienne : ainsi les Mithraïstes. D'autres, au contraire, ont des attaches certaines avec le protestantisme : Salutistes, Quakers, Vaudois. On ne saurait reprocher à l'auteur une documentation insuffisante, car dès la première page, il avertit qu'il a tracé ses « esquisses » avec « bienveillance et respect ».

    Bulletin de la société de l'histoire du protestantisme français (1928 (A77 = SER6,A1))


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  • Eugène Gascoin - Les religions inconnues (1928)

    Auteur :     Eugène Gascoin
    TItre :     Les religions inconnues
    Editions :    Paris, Gallimard, 1928, 224 pages
        118 x 185 mm. Collection Les documents bleus (No 41)

    Table des matières :
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        Les Sciences Maudites,
        Hérésiarques et Hérésies,
        Ceux qui Guérissent,
        Les Indépendants.

    Figaro, 10 août 1928


        Pierre Debouxhtay nous renseigne que les pages 155 à 161 se rapportent à l'Antoinisme.

        Le texte est disponible en lecture gratuite sur : http://www.bmlisieux.com/curiosa/gascoin.htm

    recensions :

    Eugène Gascoin - Les religions inconnues (1928)

        Si le mot d'amusant pouvait être accolé au mot grave et rébarbatif de religion, le livre de M. Gascoin, spirituel et anecdotique, est à coup sûr amusant. Inlassable pèlerin des temples inconnus, ou pas connus, ou en marge du connu, il n'a pas son pareil pour dépister les rites cocasses ou les prières invraisemblables qu'ils abritent. J'ai compté : cela fait vingt religions que M. Gascoin nous révèle. Où les a-t-il trouvées ? A notre porte.
        S'il faut dire toute la vérité, certaines de ces religions — et M. Gascoin le sait mieux que personne — sont beaucoup moins inconnues que le titre de son ouvrage ne le prétend. Mais il faut toujours pardonner quelque chose à un titre. Celui-ci au fond, dit parfaitement ce qu'il veut dire, même s'il s'agit de nous révéler le spiritisme, qui compte en France des millions d'adeptes, même s'il s'occupe de l'alchimie, qui tend de plus en plus à émigrer de la foi dans la science.
        Entre cette religion très répandue — si c'est une religion — et cette science naissante, il y a place pour une foule impressionnante d'hétérodoxies, depuis "la vraie religion chrétienne", fondée par Swedenbsy, dont Balzac a célébré les mystères dans Séraphites, jusqu'à l'antoinisme, auquel André Thérive vient de consacrer tout un roman, Sans Ame. Sans doute nous avons tous entendu plus ou moins parler de la théosophie et de sa fondatrice, Mme Blavatsley, laquelle remuait subtilement de petites clochettes épinglées à ses jupes pour simuler la réponse des ésprits familiers ; de l'astrologie, qui est une variété de la voyance, région volontiers soumise au docteur Osty, de l'Eglise libre catholique, de l'Eglise catholique gallicane, qui fit parler d'elle aux jours héroïques de la séparation et qui depuis semble avoir regagné certaines catacombes administratives, du salutisme, — ô miss Helyett ! — de la Christian Science, laïcisée par M. Coué, voire du culte
    de l'Humanité, qui est la religion comtiste.
        Mais, et voilà où j'admire M. Gascoin, voilà où je le suis, où je l'écoute, c'est quand il nous dévoile les arcanes du soufisme, de l'Eglise universelle d'Aquarius, du millénarisme, de Mazdanan, enfin de la religion du légume cru.
        Ne riez pas et surtout ne vous hâtez pas d'interpréter. Ne vous imaginez pas que les sectateurs du légume cru soient des âmes simples qu'attirent les forces de la nature dissimulées sous l'écorce du poireau ou dans le coeur odorant de l'échalote. Non. Il ne s'agit nullement de se transporter à proximité des terrains d'épandage, et là de se prosterner dévotement devant des carrés d'oignon blanc ou des rangées de persil frisé. Pas davantage il n'est question d'utiliser les propriétés occultes des simples. Non. Les légumes on les mange, et on les mange crux, tout est là et ce n'est pas rien.
        Allez plutôt, hommes ou femmes de peu de foi, allez rue Mathis, sur les traces expertes de M. Gascoin, entrez derrière lui dans cette vaste maison d'un bleu agressif, où les végétaliens (attention à l'l) ont établi leurs assises. Vous y verrez fonctionner les mâchoires et la religion que vous ignorez encore. Il y a là des employés peu fortunés, des exotiques, des intellectuels communistes, de vieille demoiselles, bref tout ce qu'il doit y avoir dans une salle consacrée à la eligion du légume cru, y compris le légume lui-même.
        Tous les choix de carottes, de pommes de terre, d'ail, d'oignon, de radis (noirs et rouges), de céleri, de cresson, de scarole, toutes les variétés de laitues et de romaines, et l'armée des choux, et les bataillons de betteraves s'offrent à vous, à vos dents, à votre estomac. A notre discrétion aussi des râpes et des scies pour en faire des copeaux variés, plus faciles à ingurgiter. Et même, pour les néophytes, pour les timides, pour les amateurs, il y a — je ne l'avoue qu'en tremblant — des approvisionnements considérables de légumes cuits, lentilles, riz, haricots et divers potages maigres. Tout lemonde peut se dire adepte du légume cru, fréquenter la maison bleue et pourtant n'être qu'un imposteur. Il est simplement interdit de consommer de l'alcool, même sous les espèces du vinaigre. Le citron est toléré. Un grand avantage de cette religion consiste dans les économies qu'elle fait faire : le repas, fixé d'abord à deux francs, ne coûte malgré tout aujourd'hui que deux francs soixante-quinze. C'est pour rien.
        Une autre religion très curieuse, c'est le Mazdanan, fondée en Amérique par le docteur Hanisch, d'après certaines données iraniennes (vous en retrouverez des traces dans l'ouvrage récent, si curieux, de Mme David Neel : Voyage d'une Parisienne au Thibet)(Plon), et dont le grand secret consiste plus à mâcher des crudités, mais à respirer avec méthode : « Faute de savoir respirer, non seulement nous nous laissons empoisonner par les acides dérivés du carbone, mais àla longue, il se forme dans le corps un organisme étranger, qui peu à peu l'envahit complètement et qui influence et domine tout le système nervo-cellulaire, à tel point
    que celui-ci en devient incapable de fonctionner normalement. Ainsi, l'individualité
    est refoulée, et, au lieu d'être maître de soi, on devient l'esclave d'une influence étrangère, qui s'oppose au progrès individuel. »
        Cela est grave. Il importe de pratiquer la respir, dnas toute son intégralité, pour chasser ces influences, ces intelligences mauvaises, ces esprits du Mal en un mot. En apprenant à respirer, on devient véritablement maître de sa destinée, on connaît Dieu. Bien entendu, la culture du respir proscrit la viande, l'alcool. En revanche, il est recommandé, après le bain, d'avaler un peu du savon dont on vient de se servir. Le porto à l'ail est toléré à midi et le soir on recommande alternativement un petit verre de pétrole, ou, plus bourgeoisement, d'huile de paraffine de haute viscosité, comme tous les pharmaciens (y compris M. Castille) peuvent nous en servir. En assaisonnant ses légumes d'un peu de cendre de bois, laquelle contient du sulfate de soude, on jouira d'un bien-être physiologique et moral sans pareil.
        Vous vous doutez peut-être que M. Gascoin est un humoriste ? C'est un humoriste. Il excelle à raconter plaisamment, sans jamais forcer la plaisanterie, ces petites excursions en terrain bizarre. Rarement est-il sarcastique. Même lorsqu'il tombe sur un numéro sensationnel comme le pasteur swedenborgien, il sait graduer ses effets et mesurer ses coups de griffe. Il y a du mérite car c'est un gibier de choix que ce pasteur d'une religion où les anges portent des chapeaux haut de forme, vivent dans des maisons d'or, — ombragées par des arbres d'argent, tandis que les damnés habitent de formidables dents dans un chaos infernal de cavernes et de ruines.
        Tout cela est excellent, et l'on sort du livre de M. Gascoin plein de mansuétude pour tous ces essais manqués, dans la course de l'homme après le divin.
    Henriette Charasson, La Semaine Littéraire
    La Femme de France - 24-06-1928, p.20
    source : gallica


        En effet, l'auteur sait être drôle. Lisons l'histoire de l'Eglise Catholique Apostolique. Citons par exemple, concernant la Christian Science : "Vous entendez bien qu'il s'agit ici de suggestion. Par cette même persuasion, M. Coué qui raisonnait son pouvoir, et les antoinistes qui ne raisonnent rien, sauvent ou ont sauvé autant de malades que les disciples de cette dame américaine" (p.173).
        Mais il sait aussi être franc, quand par exemple il parle de la Théosophie "dont les adeptes ont un goût un peu pervers pour les spéculations de pensée les plus osées" (p.45).
        Et aussi honnête, quand il parle de la secte : "grande par la flamme spirituelle, mais durement têtue et bornée en ses affirmations" (p.113). C'est d'ailleurs par là qu'il est le plus facile de la reconnaître : quand la doctrine se resserre de plus en plus en un dogme inchangé et inchangeable, ce qui ne peut que manquer de la mener à sa perte, contrairement à un Mouvement religieux, qui saura évoluer dans la société.
        Il sait aussi être fin dans son raisonnement. Lisons ce qu'il dit des Prophètes : "Bien qu'ils aient toujours la prétention d'apporter au monde une révélation personnelle, les fondateurs de religions de qui la culture philosophique est trop souvent indigente, subissent plus que quiconque les influences extérieures. La vérité qu'ils proclament n'est, le plus souvent, qu'une synthèse grossière des idées et des sentiments en vogue dans le pays et à l'époque où ils se sont manifestés" (p.136).
        Il sait aussi être circonspect : "Enfin l'Union libérale (israélite) estime que l'on peut transformer la société 'dans le sens d'un mieux-être économique moral, esthétique et fraternel toujours croissant.' De telles aspirations, pour être pleines de générosité, ne laissent pas que d'être dangereuses, car on peut sur cette pente aller bien loin et justifier, au nom de ces principes, bien des interventions étrangères à la religion et à son esprit. Tout le monde est d'accord sur la nécessité de faire régner la justice parmi les hommes et la paix parmi les peuples ; on ne diffère que sur les moyens à employer pour y parvenir et là commence précisément la politique. Combien plus sage, plus haute, apparaît, même à l'incroyant, la parole sereine du Christ, déclarant qu'il faut rendre à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu" (p.149). Finalement ce n'est pas du judaïsme que viendra le mal (comme on pouvait le penser souvent à l'époque), mais bien de certaines sectes, ce que l'auteur n'imaginait certainement pas à l'époque.

        Concernant l'Antoinisme, qui est bien sûr classé parmi "Ceux qui guérissent", l'auteur ne fait en somme que se moquer du fait que les antoinistes ont pour l'intelligence des réserves à prononcer. Malgré cela, on trouve peu d'erreur, si pas aucune erreur, dans ce long chapitre. C'est assez rare pour le signaler.
        On peut lire le début du chapitre le concernant dans le thème Les adeptes de la première heure, avec frère Baptistin Pastorelli.


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  • Auteur :     Bryan Wilson
    Titre :     Les sectes religieuses,
    Editions :     Paris, Hachette, 1970

        Evoque l'antoinisme à la page 174.
        La Science Chrétienne est qualifiée, par cet auteur, de secte « manipulatrice » (techniques d'accès à la réussite), et l'Antoinisme de secte « thaumaturgique » (interventions miraculeuses de Dieu).
    source : recension de Wilson Bryan - Religious Sects. A Sociological Study - Les Sectes religieuses (persee.fr)

        Ses catégories sont fondamentalement basées sur le rapport du groupe religieux à la société, sur l'éventuel rejet ou intégration des objectifs et des moyens de cette dernière.
        Typologie des sectes : ou comment les sectes réagissent au monde :
    1. conversionnistse (conversion intérieure)
    2. révolutionnaires (Dieu transformera le monde)
    3. introversionnistes (rupture d'avec le monde corrompu)
    4. manipulatrices (techniques d'accès à la réussite)
    5. thaumaturgiques (interventions miraculeuses de Dieu)
    6. réformistes (réforme volontaire de la conscience)
    7. utopistes (reconstruction sociale à partir de la religion)

        1. Les hommes peuvent soutenir que le monde et ses institutions (y compris le plus souvent la religion orthodoxe) sont mauvais et qu'on ne peut gagner le salut que par un profond changement intérieur. Un homme ne se sauvera qu'en acquérant une nouvelle conception de lui-même, en naissant de nouveau. Cette idée a été notamment adoptée par le protestantisme évangélique. La conversion s'oppose de façon radicale aux procédures et aux rituels établis. Elle doit produire à un moment déterminé et elle doit être une expérience vécue. Après quoi l'individu peut se croire touché par Dieu, inspiré par le Saint-Esprit, racheté par le Sauveur. Il sera bon de se remémorer souvent cette expérience et les émotions qui l'accompagnaient pourront être ravivées lorsque les convertis se réuniront pour louer Dieu et lui rendre grâce. Le converti croit que cette expérience et ces actions de grâce sont essentielles au salut ; que les hommes ne seront sauvés par aucun autre moyen, ni par les prières ou offices des prêtres, ni par les tentatives des réformateurs sociaux ou des révolutionnaires pour améliorer l'état de la société. Toutes ces activités sont vaines. Ce dont les hommes ont besoin est une « expérience du coeur », et ce n'est qu'après avoir eu cette expérience du salut que la société pourra escompter un progrès. On parle ici de réaction de conversion.
        Les sectes de conversions qui prétendent changer le coeur de l'homme se vouent au prosélytisme (1), en employant de préférence des techniques de revivalistes. La propagande leur est un moyen d 'occuper leurs membres, de leur proposer des buts positifs, d'entretenir les émotions et d'apporter des résultats concrets comme « preuve de foi ». Ces sectes ont un caractère éminemment émotionnel. Elles insistent sur les sentiments, particulièrement dans leur conception des relation du pécheur avec son Sauveur, Jésus, et elles expriment des émotions intenses au cours de leurs réunions. Le revivalisme renforce ces dispositions. L'on insiste très vivement sur la culpabilité de l'homme, mais moins sur les péchés réellement commis que sur la condition héritée du péché originel. En tant que fondamentalistes ces sectes concentrent leur attention sur les simples vérités de la Bible et sur la « foi ressentie » qu'elles opposent au ritualisme mort des Eglises hiérarchiques, notamment l'Eglise romaine, à l'égard desquelles elles éprouvent une forte antipathie. Bien que les « conversionnistes » s'intéressent beaucoup au recrutement, ce recrutement ne doit pas être identifié à la conversion elle-même. La conversion est une « expérience du coeur » au cours de laquelle l'individu accepte le Christ comme Sauveur. Ces sectes admettent d'habitude qu'il y a des sauvés dans les autres mouvements, en particulier dans des mouvements analogues aux leurs.
    [...]
        4. Quatrième façon de réagir : l'on cherchera le salut dans le monde mais en utilisant essentiellement des moyens peu connus de ce monde. Le salut, dans cette hypothèses, est beaucoup plus proche ; il s'identifie à des idéaux qui sont aussi généralement ceux du monde mais qui, étant donné la nature de l'homme, sont trompeurs et éphémères. La force physique et les dons intellectuels sont peut-être les plus universels de ces idéaux ; mais certaines cultures y associeront le statut social, le pouvoir, ou le contrôle des ressources économiques. Les buts qu'on se propose sont beaucoup plus terrestres que ce n'est le cas chez certains sectaires, mais on ne regarde pas toujours le salut comme appartenant à l'autre monde. Le caractère religieux de cette réaction tient à la croyance que ce sont des moyens surnaturels, joints à une révélation religieuse qui permettront le mieux de parvenir à ces fins. C'est grâce à l'emploi de ces moyens surnaturels, ou de techniques, et souvent ésotériques ou occultes, que le monde sera modifié dans le bon sens. Ainsi les hommes seront-ils sauvés. On parle ici de réaction de manoeuvre, ou de réaction manipulatrice.
        Les sectes « manipulatrices » ont fleuri à différentes époques de l'histoire du christianisme ; elles prétendaient détenir seules un savoir spécial et parfois secret qui leur assurerait le salut. Elles soutiennent que leur enseignement est neuf, masqué ou secret, mais ces principes sont universels et peuvent être appris par n'importe qui. Leur divinité n'est pas un rédempteur, c'est un grand pouvoir abstrait que les hommes peuvent apprendre à utiliser à leur avantage en ce monde. Les membres de ces sectes ne se retirent pas du monde, il y demeurent, ils en jouissent et tirent tout le bénéfice possible de l'usage de leurs connaissances spéciales. Il réinterprètent les Ecritures et s'écartent progressivement de leur sens littéral pour mettre l'accent sur les méthodes de guérison et sur la domination du mal par l'intelligence divine. Les sectes telles que la Science chrétienne et ses dérivés attirent surtout un public plus ou moins sophistiqué. Elles fleurissent dans des milieux urbains, habituellement chez des membres de la classes moyennes, à qui le style de la pensée abstraite n'est pas étranger et que l'éducation et le progrès impressionnent. Les réunions religieuses de ces sectes sont sans grande émotion et, de fait, les adhérents ont peu d'occasions de s'assembler, sauf pour rendre grâce, se faire instruire, passer des examens et se féliciter de leur succès au sein de « la vérité ». L'adoration n'est qu'accessoire ; le rituel et la Bible sont regardés comme symboliques, bien qu'ils assurent une liaison continue avec le christianisme traditionnel (2), lequel passe pour être moins mauvais qu'aveugle, insuffisant et arriéré.

        5. La cinquième sorte de réaction implique une notion étroitement particulière du salut. Ce que désire l'individu est d'être soulagé de ses maux présents, physiques ou mentaux ; le salut résultera de l'intervention quasi magique d'agents surnaturels qui soustrairont l'homme aux lois normales de la causalité. Il n'est pas question ici de sauver le monde mais de réduire les tensions ou de résoudre des difficultés dans l'immédiat et d'y substituer un vague sentiment de béatitude. Cette réaction diffère de la quatrième en raison de la nature très particulière de la notion du salut et de l'absence de toute idée claire sur les avantages que l'on peut attendre. L'action du salut est personnelle et locale ; on ne peut disposer partout des moyens de se l'assurer ni le définir en termes universels. Cette réaction revient en fait à exiger des miracles et non pas à croire que l'on découvrira des principes qui assureront le salut des initiés. On peut la qualifier de thaumaturgique.
        Les sectes « thaumaturgiques » cultivent la croyance aux oracles et aux miracles qui s'est atrophiée dans le christianisme. L'invocation des esprits pour échapper aux maux immédiats est une pratique commune dans toutes les autres cultures, bien que les religions les plus pures l'aient rejetée. Jésus était un thaumaturge, et le mythe chrétien attribue des miracles aux Apôtres et aux saints quoique l'Eglise romaine ait tenté plus tard d'institutionaliser cette thaumaturgie. Le protestantisme a eu beau répudier les pratiques magiques, les mouvements qui professaient la guérison par la foi ont persisté à en demander, avant que le spiritisme moderne donne un nouvel élan à cette quête. Les sectes spirites n'ont généralement aucune doctrine eschatologique cohérente, mais elles insistent sur la vie dans l'au-delà et sur les communications avec les morts. A mesure qu'elles évoluent, les sectes spirites plus avancées s'approprient des idées métaphysiques ressemblant à celles qu'on professe dans les sectes « manipulatrices » ; mais les spirites recherchent un salut beaucoup plus personnel, et comptent sur des médiums et des esprits particuliers ; ces besoins particuliers contrastent de la façon la plus vive avec les principes généraux des « manipulateurs ». Il importe moins aux « thaumaturges » de pratiquer la morale que de se laisser guider par les esprits. De même que les sectes protestantes extrémistes abandonnent les rites en faveur des mots (la Bible, les sermons, les hymnes, les « langues », et les « tracts »), les spirites abandonnent les mots au profit des « communications », des coups frappés, des impulsions, transfiguration et manifestations. Ce qui est communiqué n'est pas un récit ni une objurgation, mais un message rassurant venu d'une source surnaturelle. La relation ne s'établit pas du Sauveur au pécheur par l'intermédiaire des prédicants, comme les « conversionnistes », mais de l'esprit au client, présentés l'un à l'autre par un médium.
    [...]
        7. En dernier lieu, on peut rechercher le salut sans quitter le monde ni le bouleverser mais en tentant de le reconstruire entièrement sur un fondement de principes religieux. Le monde est mauvais parce que les hommes l'on fait tel. L'on se sauvera qu'en revenant aux principes de base promitivement assignés aux hommes par le Créateur. L'on pourra tenir ces principes de la révélation ou les retrouver dans les Ecritures, et c'est sur cette base que le monde pourrait redevenir un endroit où les hommes vivraient en paix. Les moyens de reconstruire la cosiété pourraient être, en eux-mêmes, rationnels : mais le choix des fins (et peut-être même à certains égards le choix des moyens) résulterait d'un contact avec le surnaturel. Nous qualifierons cette dernière réaction d'utopique.
        Les sectes « utopiques » croient à la possibilité du salut au sein de la société ; mais à cet effet la société doit être refaite entièrement, moins par un acte de Dieu que par des hommes travaillant selon des principes divins. Ces sectes s'écartent de la société non pour cultiver la sainteté mais pour s'organiser socialement en vue du salut. Leur conception de la moralité est fortement conditionnée par les besoins des membres de la nouvelle société qu'elles essaient de former, souvent en fondant des colonies dans des contrées désertes ou incultes. Elles se distinguent des utopistes séculiers en ce qu'elles recherchent une foi religieuse commune, habituellement basée sur la Bible, et parfois, plus explicitement, sur l'Eglise de Jérusalem que décrivent les Actes des Apôtres. Elles propagent volontiers leurs idées, mais elles n'accueillent pas de candidats nouveaux sans les examiner sérieusement ; et en pratique elles se referment souvent un peu plus que leur conception initiale ne semblait le demander. Les communautés des sectes « utopiques » se distinguent de celles que fondent parfois les « introvensionnistes » en ce qu'elles se vouent en principe à redécouvrir le mode de vie universel qui a été corrompu par la société. Les communautés « introversionnistes », de leur côté, n'obéissent souvent qu'à un mécanisme de défense visant à sauvegarder la forme de poété qui leur est propre.

    (1) Dans le cas de l'antoinisme, on parle de « prosélytisme de proposition ».
    (2) C'est la raison pour laquelle Anne-Cécile Bégot classe cette secte parmi les dénominations, le groupe tendrait « vers un type d’organisation religieuse intermédiaire entre la secte et l’Église » (article wikipedia Science chrétienne).

    Prof. André Gounelle - Les sectes, Approche sociologique et typologie, caractéristiques et mécanismes des dérives sectaires
    source : http://www.marcelin.ch/doc/gymnase/aumonerie/sectes.pdf

        A mon sens, l'antoinisme n'est plus tellement une secte thaumaturgique (elle le fut du vivant du Père), mais oscillent entre les sectes conversionnistes et les sectes utopistes.
        A la différence des sectes conversionnistes, l'antoinisme a une conception du péché originel différent de celui de la Bible, puisque le Père le réinterprète comme l'imagination de la matière. Et bien sûr, ce n'est pas tant le Christ qui apparaît comme Sauveur, mais soit le Père, soit la propre Conscience de l'adepte, ou n'importe quelle autre divinité, ou même rien.
        A la différence des sectes utopistes, l'antoinisme n'a pas de repli sur soi pour former une société nouvelle, mais espère arriver à réformer la société en vue d'atteindre l'Unité de l'Ensemble.
        On voit donc la difficulté de classifier les sectes. Régis Dericquebourg décrivaient l'antoinisme, selon la typologie de Weber, de 'cult' (parfois traduit par confession, comme le fait le Père Chéry dans son Offensive des sectes, mais ce dernier classé l'antoinisme comme secte guérisseuse).


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  • Titre :     La France aux cent sectes
    Auteur :     Jean-Pierre Van Geirt
    Édition :     Vauvenargues, 1997
    Format :     384 pages

    Résumé :
        A l'heure où vous lisez ces lignes, un homme, une femme, un enfant sont en danger de secte .
        La vie difficile, le chômage, la foi perdue, la famille éclatée... Une triste fin de siècle, un sale tunnel pour les enfants du troisième millénaire...
        Désemparés par un monde qui leur échappe, des milliers de nos compatriotes sont tombés dans le piège des sectes et de leur quincaillerie ésotérico-philosophico-religieux. En France, elles sont plus d'une centaine à régner sur des êtres en voie de perdition.
        Qui et que sont-elles ? C'est la question à laquelle ce livre s'efforce d'apporter une réponse.

    Critiques :
        La France aux cent sectes, J.P.Van Geirt, Vauvenargues (une simple liste sans développements)
    source : http://www.antisectes.net/biblio.htm
        Mais il est dommage de voir apparaître des encadrés " humoristiques " qui nuisent à la crédibilité de l'auteur. D'autre part, l'ADFI a précisé dans une note interne qu'elle ne cautionne pas ce livre.
    source : http://www.prevensectes.com/cent.htm

        Les petits encadrés "humoristiques" sont critiqués. Il y a de quoi en effet : non seulement ils n'apportent rien (cela ne vole d'ailleurs pas très haut, p.59 : "Les gens de chez Subud n'ont pas la foi ni de morale, je veux dire que Subud ne propose rien de tout cela. Les gens de chez Subud ne connaissent qu'un chose : "la force", la force qui est en toi. Luke Skywalker et son pote le Jedi auraient-il fait un séjour dans la secte avant de s'embarquer pour la guerre des étoiles ?"). Mais en plus il critique ce que même les Rapports ministériels sur les sectes se défendaient de faire : critiquer la pensée des groupes (ces encadrés sont même parfois de très mauvais goûts, p.82 : "Le 19 juillet 1999 : l'Apocalypse. Les "surhommes" embarqueront dans leur Arche de Noé-Ovni, probablement pour rejoindre leurs modèles extraterrestres. Et dire qu'il nous faudra attendre l'été 1999 pour les voir partir ! Que les années passent lentement...". Quand on sait que le suicide de Heaven's Gate ou les Portes du Paradis/du Ciel en 1997 a justement pour origine la croyance en l'espoir que leur âme rejoigne un vaisseau spatial supposé caché derrière la comète Hale-Bopp et convoyer Jésus, on s'inquiète du professionnalisme du journaliste. Ce fait, l'auteur doit le connaître puisqu'il en parle dans son introduction, nous le verrons).
        L'auteur pensait certainement une petite critique humoristique manquée au débat. Il a pu donc trouvé un éditeur pour combler ce "manque". Certaines Maisons d'édition ne seraient-elles pas également sectaires dans leur avidité à publier des livres dont le sujet provoquera la ruée ?

        Dans son avertissement, l'auteur nous précise pourquoi 100 sectes, alors même que le rapport (décidé caduque par le rapport de 2003) établi une liste de 200. 100 sectes car :
    - une secte peut avoir plusieurs noms,
    - telle ou telle sectes passe son temps en procès (!),
    - certaines sectes ne durent pas assez longtemps pour être recensées,
    - pour ne pas leur faire de publicité.
        Or l'auteur ne signale jamais les différents noms des sectes (Les Amis de l'Homme, Ecoovie), de même il retient des mouvements qu'il ne considère pas lui-même comme étant des sectes (Amway, Herbalife, Foi Baha'ie, Reiyukai). Il relate aussi des mouvements ne regroupant que quelques personnes (l'Arbre au Milieu, Ecole de l'essentialisme-Sundari), ou étant à peine présent en France (Ghagwan / Osho, Eglise catholique apostolique, Eglise universelle et triomphante), ou même n'existant plus (Château de Magnet, Ordre du Temple Solaire).
        Dans l'introduction une phrase choque : "Tous [les adhérents de sectes] sont à la recherche d'un mieux être qu'ils ne trouveront pas. Sinon pourquoi le "suicide" collectif de Jonestown en Guyane faisant 923 morts en 1978 ou tout près de nous, en mars 1997, les 39 "suicides" de la Porte du Ciel, à Rancho Santa Fé ? Entre ces deux chiffres de désespoir, les sectes sont responsables d'au moins 214 autres suicides recensés." (p.10). L'auteur parle de 200.000 personnes faisant partie d'une secte. A cela il compare (sans aucune réserve) les 923+39+214 = 1176 suicides. Sur 200.000 adeptes cela donne = 0,00588% de mortalité. C'est peu, et même si c'est trop, cela reste peu.
        Remarquons encore quelques chose, notamment pour l'antoinisme : quand ce mouvement guérit, ce ne peut être grâce au Père ou au guérisseur antoiniste : c'est la suggestion, ce n'était pas un "vrai" malade, c'est psychosomatique, c'était neurologique... Bref la guérison n'est pas possible dans ce mouvement. Mais ce même mouvement est accusé de faire des morts (sans qu'aucun tribunal n'ai prononcé de sanction pour dérive sectaire contre ce mouvement).

        Voyons maintenant la fiche que consacre Jean-Pierre Van Geirt à l'antoinisme (p.43-46). On verra qu'il n'y a pas que les encadrés qui nuisent à la crédibilité de l'auteur. Des corrections sont encore et toujours nécessaires. "Rapidité, Rigueur et Recoupement de l'information" nous dit sa biographie wikipedia. Je ne vois là aucun de ces adjectifs à caractériser ce livre.
    L'HISTOIRE
        Après avoir exercé une kyriele de professions (1) en Belgique, en Pologne et en Prusse, le Belge Louis Antoine (1846-1912) se trouve un jour confronté à un drame dont il sortira profondément perturbé : la mort de son fils décédé à l'âge de vingt ans (2). Bien que né dans une famille très catholique, Louis Antoine ne trouve plus de réconfort dans l'Eglise traditionnelle. Il se lance alors dans le spiritisme pour tenter de communiquer avec son défunt fils (3).
        Soudain, c'est la révélation. Louis Antoine se découvre des dons de guérisseur et de médium d'origine divine. Rapidement, il crée donc un groupe spirite, Les Vignerons du Seigneur, et se détache définitivement du catholicisme (4). Parallèlement à ses pratiques d'exorciste, son travail de guérisseur et ses exercices de communications avec les morts, Louis Antoine publie son seul et unique ouvrage intitulé La Révélation de l'auréole de la conscience (5).
        Après son installation à Jemeppe-sur-Meuse en 1888, Louis Antoine se consacre quasi-essentiellement à ses activités de guérison à l'aide de potions magiques, d'impositions des mains, de régimes alimentaires. Mais, en 1901, il est condamné pour "exercice illégal de l'acte de guérir" (6). Loin de se décourager, il s'oriente alors vers la guérison magnétique qui ne repose que sur la bonne foi du guérisseur et des esprits qui l'accompagnent (7).
        1906 marque une rupture pour Louis Antoine qui abandonne le spiritisme et érige un temple dans sa propriété de Jemeppe-sur-Meuse. C'est à cette période qu'il s'autoproclame le "Père" (8), prophétise et guérit ses adeptes baptisés "antoinistes". En toute logique, c'est en 1910 que Louis Antoine institue le culte antoiniste. A sa mort en 1912, c'est sa femme, Catherine Collon, la "Mère", qui prend la tête du mouvement (9). Sous son impulsion, l'antoinisme va connaître un certain essor.
        En 1922, l'antoinisme trouve sa consécration en Belgique grâce au décret royal qui lui confère le statut d'association reconnue d'utilité publique. C'est le point de départ du développement des structures du mouvement aussi bien en Belgique qu'en France. Les salles de lecture antoinistes se multiplient tout comme les temples (10). En 1940, à la mort de Catherine Collon, on ne recense pas moins de vingt-cinq temples en Belgique (11).
        A ce jour, on compte encore un soixantaine de temples antoinistes, répartis entre France et Belgique. A cela, il faut rajouter les nombreuses salles de lectures au nombre de quatre-vingt-dix en France et d'une centaine en Belgique (12). Le mouvement revendique cinquante mille adeptes (13) à travers le monde, notamment au Congo, en Australie, au Brésil et bien sûr, en Europe. En France, on en recense environ deux mille cinq cents sans compter les consultants. La direction du mouvement est assurée de façon collégiale, sans qu'aucun des dirigeants ne soit investi du rôle de représentant du "Père" (14). Il est à noter que le développement de l'antoinisme s'est nettement ralenti ces dernières années.

    LA DOCTRINE
        Pour l'antoinisme, le mal, la matière et la mort n'existent pas, tout comme Dieu qui est en tout. La vie corporelle est considérée comme une illusion. Toute désincarnation appelle une réincarnation. Douleurs et souffrances ne sont dues qu'à l'avidité de notre intelligence. Il ne faut donc que compter sur la foi en soi-même. Cependant, malgré la contradiction, les malades antoinistes se regroupent dans des séances collectives, les "opérations", pour combattre les forces néfastes. Le thaumaturges guérit avec l'aide d'un représentant de l'au-delà. (15)
        Dix principes (16) :
        - Jésus était un médium guérisseur. (17)
        - La père Antoine révèle son enseignement. (18)
        - La réincarnation existe. (19)
        - L'homme est naturellement bon.
        - L'unique péché est la croyance dans le mal. (20)
        - L'homme est le seul responsable de ses souffrances.
        - Tout est Dieu et Dieu est en tout.
        - La vie du corps n'est qu'illusion.
        - Le père Antoine ne veut que soulager les souffrances de l'humanité.
        - Le but du père Antoine est de consoler et de guérir par la foi. (21)

    Le CULTE
        Ouvert à tous, le culte antoiniste est des plus rudimentaires. Le dimanche, on ne s'y adonne à aucun sacrement ; en revanche, on pratique "l'opération" pour combattre les fluides négatifs. Au cours de ces réunions, les adeptes lisent les écrits du "Père", Louis Antoine, prient et sollicitent les témoignages de guérison. (22)

    LA PROPAGANDE ET LE RECRUTEMENT
        L'objectif des antoinistes n'est pas directement de convertir. Il s'agit avant tout de guérir et de consoler par la foi. A ce titre, jamais les antoinistes ne font appel aux médecins ou à la pharmacologie, à une exception près, les décoctions de plantes (23). Il est d'ailleurs nécessaire d'être végétarien pour espérer accéder à la guérison. (24) Toutes les croyances sont respectées et on ne cherche pas à embrigader de nouvelles personnes.

    STATUT ET ORGANISATION
        En France, "L'Association culturelle antoiniste du Collège des Desservants de France" (25) est une association déclarée conformément à la loi de 1901. (26) Le siège mondial du mouvement se situe à Jemeppe-sur-Meuse.
        Les desservants des temples et des salles de lecture ne sont pas rémunérés et ils publient un journal, L'Unitif.

     

       Insolites, ces antoiniste, qui nient en bloc   l'existence de Dieu, du mal, de la matière.   Bah, le père Antoine peut bien l'affirmer,  personne n'est obligé de le croire. (27) Mais   quand il veut nous persuader que les dou-   leurs physiques viennent de l'intelligence, là,  on est en droit de se demander : il nous   prend pour des c... le père Antoine! (28) "Point du tout", me murmure un antoiniste, "c'est    un test, comme un examen médical : si vous   croyez ce qu'il dit, le père Antoine, vous êtes  en bonne santé, sinon il faut vous faire soi-   gner" (29).


    (1) Cela a été le sujet d'un de mes billets : il aura exercé 6 métiers. Quand on connaît l'époque bouleversée durant laquelle Louis Antoine vécu, cela n'est pas étonnant. Il ne connaître cependant que 4 employeurs.
    (2) Plutôt que la mort de son fils (la biographie de Soeur Desart et Frère Deregnaucourt dit "mais grâce à leur grande foi, aucun des deux époux n'en fut découragé ; au contraire, ils se dévouèrent davantage."), c'est surtout l'accident dont il est la cause provoquant la mort d'une camarade de régiment.
    (3) Encore la même erreur : Louis Antoine devient spirite en 1884, et son fils meurt en 1893.
    (4) Le temps entre lequel Louis Antoine découvre le spiritisme et que se fonde les Vignerons du Seigneur dure environ 6 ans.
    (5) Ce n'est pas le seul et unique ouvrage publié par Louis Antoine, hormis le PETIT CATÉCHISME SPIRITE, LE DEVOIR et L'ENSEIGNEMENT D'ANTOINE LE GUÉRISSEUR, l'Enseignement se compose de la Révélation par le Père Antoine, Le Couronnement de l’Oeuvre Révélée et le Développement de l’Enseignement du Père. L'AURÉOLE DE LA CONSCIENCE, parut pendant deux ans est la Revue mensuelle du Nouveau Spiritualisme.
    (6) Louis Antoine revient en Belgique et s'installe à Jemeppe-sur-Meuse en 1884. En 1901, il est condamné à  60 francs d'amende, avec sursis de deux ans, et aux dépenses du procès 78,25 francs pour exercice illégal de l'art de guérir.
    (7) Le magnétisme animal, aussi appelé mesmérisme, est un ensemble d'anciennes théories et pratiques thérapeutiques qui se développèrent de la fin du XVIIIe siècle à la fin du XIXe siècle en Occident  et qui eurent un impact important sur le développement de la médecine, de la psychologie et de la parapsychologie (source : wikipedia). Il postule l'existence d'un fluide magnétique. Certains spiritualistes prétendent agir directement sur le patient, sans l'influence d'un fluide, par la volonté et la prière. D'autres considèrent que les magnétisés entrent en contact avec des entités supra-humaines. Louis Antoine passa par les deux phases.
    (8) C'est n'est pas Louis Antoine qui se nomma lui-même le Père, mais il avait l'habitude de nommé les gens proches de lui, mes enfants (rappelons qu'on ne nomme frère et soeur dans le spiritisme). De là vient certainement la dénomination de Père et Mère.
    (9) Elle prend la tête du mouvement, par la dénomination de Père. Régis Dericquebourg rappelle que Mère disait : "Quand le Père est parti, il ne m'avait fait aucune recommandation que celle de suivre ses inspirations et j'ai eu beaucoup de tourments après son départ". Dans ce cas, je ne parlerais pas de son impulsion. C'est plutôt sous l'impulsion des adeptes dirigés spirituellement par Mère que l'antoinisme va connaître un certain essor.
    (10) Pour la France, on peut le dire pour les temples (2 temples en 1913, puis il faut attendre 1920 (Vichy), 1921 (Tours) puis 1922 (Villeurbanne et Caudry)). Par contre, en Belgique, il y a eu une voir deux ou trois ouverture de temples chaque année de 1910 à 1919. Il n'y en eu plus en 1920, 1921, et 1922. La plupart des ouvertures de salles de lecture eurent cependant lieu en 1912, 1913 et 1914.
    (11) Je compte pour ma part 29 temples en Belgique en 1940.
    (12) En 1993, Régis Dericquebourg n'en compte plus en France que 44 salles de lecture. En Belgique, Mère décide qu'il n'y aura plus de salle de lecture, à partir de 1932.
    (13) Le mouvement ne revendique aucun nombre d'adepte. Il n'y a pas de baptême ou de registre, donc impossible de revendiquer quoi que ce soit.
    (14) Le rôle de Représentant du Père a réapparu en France en 1988. En Belgique, il y en eu un à partir de 1985.
    (15) Bon, je ne vais pas m'évertuer à expliquer à quelqu'un qui ne veut pas comprendre la doctrine antoiniste. Mais pour l'antoinisme Dieu existe puisqu'il est en tout (le transcendantalisme ne prétend pas le contraire). Toute désincarnation appelle une réincarnation jusqu'à atteindre l'Unité de l'ensemble par son travail moral. Pour vaincre douleurs et souffrances, il ne faut que compter sur la foi en soi-même, par l'intermédiaire d'un guérisseur (c'est ce que les psychanalystes appellent le transfer). Les antoinistes se regroupent dans des séances collectives, les "opérations" dans un temple pour méditer et se régénérer. Le thaumaturge guérit avec l'aide d'un seul représentant de l'au-delà, le Père Antoine (qu'en tant qu'antoiniste, on ne dit pas être dans l'au-delà).
    (16) Euh, je ne sais pas d'où Jean-Pierre Van Geirt a pris ses dix principes... Cela ne correspond en rien aux dis principes révélés par le Père et encore moins à voir avec la doctrine antoiniste.
    (17) Ce n'est même pas complètement vrai pour les antoinistes français, une partie des adeptes peut-être (c'est le libre-arbitre de pouvoir le penser), mais cela ne fait pas partie de la doctrine. La seule référence au Christ, présente uniquement dans les temples en France, dit que l'Enseignement du Christ et celui du Père sont les mêmes.
    (18) Qu'est-ce que c'est que ça pour un principe ?
    (19) La doctrine antoiniste est basée sur un principe de réincarnation. Le Père le démontre. Donc elle existe. Si on est pas d'accord avec ça, alors elle n'existe pas. Je suis antoiniste et je ne suis pas sûr de croire en la réincarnation.
    (20) La croyance que le mal existe est une illusion. Mais il n'y a pas de notion de péché dans l'antoinisme.
    (21) C'est deux derniers "principes" (qui n'en sont pas rappelons-le) semble être tiré de "Un adepte du Père Antoine", au début de la Révélation.
    (22) Il n'y a qu'un adepte qui puissent lire les écrits du Père, c'est le lecteur, qui doit être costumé (il peut être différent d'un jour à l'autre selon l'organisation du temple, mais cela ne sera pas n'importe quel adepte, comme l'auteur semble le laisse croire). Et on ne sollicitent aucun témoignage de guérison dans l'antoinisme (au contraire de la Science chrétienne). Ensuite la prière sera intérieure, et nullement imposée par le culte. Par exemple, je ne prie personnellement pas dans un temple.
    (23) Encore une fois la même idée subjectif et partial. Il n'y a que le Père qui soigna pendant un temps en distribuant entre autre des décoctions de plantes. Il abandonna lui-même tout remède matériel. Et il avérait maintenant (et depuis au moins 1949, on le lit dans Antoine, l'Antoinisme, les Antoiniste de Jacques Michel). D'après le sondage sur mon site (au 14 mai 2010), on voit que la grande majorité des antoinistes n'ont rien changés à leur position vis-à-vis de la médecine : 71% (17 votes) n'ont rien changé par rapport à la médecine et les médicaments. Et 25% (6 votes) évitent les médicaments mais consultent toujours leur médecin. 4% (1 vote) évitent de consulter un médecin et se soigne par médicaments homéopathiques. On est loin du "jamais" de l'auteur.
    (24) Autre préjugé, qui fera l'objet d'un prochain sondage sur mon site. Il n'est pas nécessaire d'être végétarien pour être antoiniste. Le Père l'était parce que cela lui convenait, Mère ne le fut pas à ma connaissance.
    (25) Il s'agit de l'Association Cultuelle Antoiniste du Collège des Desservants de France" (en abrégé "Cultuelle Antoiniste de France") datant de 1962. En 1988, la Cultuelle Antoiniste de France change de titre par modification de ses statuts, et devient Culte Antoiniste.
    (26) En France, le Culte Antoiniste est une association Cultuelle, régie par la Loi de 1905 sur les cultes.
    (27) En effet, personne n'est obligé de le croire, mais il y a cependant des gens pour le croire. C'est leur liberté, n'en déplaise à l'auteur, de partager les vues d'un des plus grand philosophe du XVIIIe siècle, George Berkeley, et avec lui de tout les immatérialistes.
    (28) Comme Mary Baker Eddy prend pour des c... ses quelques centaines de milliers de croyants. La Science chrétienne n'est pas retenu par l'auteur pour sa liste de la France aux cent sectes. Ensuite, on sait qu'en matière de croyance, la c..erie est légion : que penser d'une femme qui enfante en étant vierge et de quelqu'un qui ressuscite 3 jours après sa mort ?
    (29) Je ne commenterai pas cette phrase sortie de son contexte. De plus si c'est le même antoiniste qui lui a donné ces renseignements qui m'ont valu la peine de faire une trentaine de correction, je ne donne pas cher de cet antoiniste.


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  • Titre :     Les nouvelles sectes
    Auteur :     Alain Woodrow
    Édition :     Éditions du Seuil, Points actuels, 1977
    Format :     187 pages

        Le livre est cité en référence dans le dernière édition (Labor - Espace Nord) du livre de Robert Vivier, Délivrez-nous du mal.
     
    Dos de la couverture
        En notre siècle rationaliste, la profusion des sectes constitue un phénomène étonnant de Alain Woodrow cherche à percer le phénomène.
        D'un côté, des organismes puissants, riches, habiles à recruter. De l'autre, des individus - souvent très jeune - épris d'idéal, qui abandonnent famille, études, carrière pour suivre ce qu'ils croient être leur voir spirituelle.
        Comment expliquer le succès foudroyant des unes, la fascination et la soumission des autres? Pourquoi des êtres, avides de liberté et de vérité, gobent-ils en dévots? Que cherchent les sectes? Le pouvoir personnel? L'argent? La domination politique? Surtout comment arrivent-elles à leurs fins? Drogue? Viol psychologique? Lavage de cerveau?
        Une enquête sur les principales sectes. Un dossier qui démonte leur mécanisme.
        Alain Woodrow, spécialiste des affaires religieuses. Chroniqueur au Monde.

        Resencion :
        A.W., journaliste au Monde, met ici sa plume au service de la dénonciation des sectes actuelles. Mormons, moonistes, maharajistes, Amis de l'homme, membre de la Science chrétienne, disciples du Christ de Montfavet, adeptes de la scientologie, enfants de Dieu, antoinistes, baha'istes, sectateurs du Soka Gakkai, adventistes, dévots des Trois Saints Coeurs, Témoins de Jéhovah, et peut-être quelques autres encore, retiennent l'attention de l'A.
        L'information véhiculée par cet ouvrage est de celle qui afflues dans les salles de rédaction. Le Monde, Le Nouvel Observateur, L'Express, Paris-Match, Les Informations Catholiques Internationales figurent parmi les sources les plus fréquemment citées. A.W. n'a consulté aucun des travaux scientifiques, pourtant peu nombreux, traitant des questions qu'il débat.
        Pour l'A., les sectes variées actuellement à l'oeuvre en France meublent le vide créé par "l'immense branle-bas culturel qui secoue notre vieille civilisation occidentale et postchrétienne". Elles constituent un "révélateur de l'état de notre société". A.W. constate que les sectes actuelles (mais toutes celles qu'il évoque n'appartiennent pas à la même vague) se recrutent principalement parmi les jeunes. "Après avoir contesté toutes les formes d'autorité en 1968, voici une jeunesse qui accepte la discipline la plus rigide, l'ascèse la plus totale, l'abandon de sa volonté et de son jugement entre les mains d'autrui... Abandon du sens critique, abdication de liberté : ce sont deux caractéristiques inquiétantes d'une certaine jeunesse, qui entraînent non seulement un reflux du politique mais une remontée de la droite. Et, sans un minimum de discernement, la voie est ouverte à toutes les récupérations, les manipulations, voire les fascismes. Le rapprochement des méthodes de Moon avec celles de Hitler est plus qu'une clause de style." L.A. reproche aux mouvements dont il parle de pratiquer le "viol psychique", de se livrer au racket, etc. Pas une des accusations généralement portées contre les actuelles sectes ne manque à l'appel. Mais c'est surtout l'apolitisme de ces groupements qui tracasse A.W. : "l'apolitisme qui ouvre la porte à toutes les manipulations", écrit-il, page 24.
        Pour lui, les sectes connaissent le succès auprès de beaucoup parce qu'elles apportent des réponses simples aux problèmes de notre époque, font voir "Dieu au bout d'un microscope", fournissent - pour certaines d'entre elles - des "mirages rousseauistes", répondent, enfin, à un "besoin d'ésotérisme et de dépaysement".
        On n'accorderait pas attention à cet ouvrage, s'il ne présentait, par rapport à d'autres, un élément intéressant et nouveau, A.W. se demande par quels moyens mettre fin à l'influence des sectes et décrit les positions et tentatives de certains groupes antisectaires. Il a du mal à se ranger pleinement à leurs côtés. Il s'aperçoit en effet que, au-delà de ses préférences personnelles en la matière, la question posée par l'existence des sectes rejoint, en dernière analyse, celle de notre droit à l'erreur et à la liberté d'opinion. Car, constate-t-il, la plupart des membres de ces groupes sont consentants à la "manipulation" dont ils seraient victimes (p.169). Ceci le mène à affirmer que "la chasse aux sorcières déclenchée par certains milieux, familiaux, politiques ou ecclésiastiques, contre toutes les sectes sans discrimination est tout aussi sujette à caution et ambiguë finalement que le phénomène qu'elle entend combattre" (ibid.).
        La lecture de ce livre fait regretter une fois de plus l'absence de travaux scientifiques sur ces "nouvelles sectes" en France (ceux qui existent sont principalement anglo-saxons). Il faudrait d'ailleurs étudier aussi la polémique qui se développe autour de ces groupements. Leur succès statistiquemet très réduit justifie-t-il tant de hargne à leur égard ? A quoi correspond l'âpreté et l'intensité de la dénonciation dont elles sont l'objet de la part de milieux variés ?
         Jean Séguy.
    Archives des sciences sociales des religions, Année 1978, Volume 46, pp. 317-318
    source : persee.fr

    Table :
    Introduction : Sectes et sectarisme
    1. Un terrain de choix
    2. Des besoins satisfaits
    3. Les méthodes employées
    4. Les buts recherchés
    Conclusion : Le prix de la liberté
    Postface à la nouvelle édition
    Table-répertoire

        L'auteur fait la différence entre l'antoinisme et ce qu'il appelle les sectes à prétention à une doctrine scientifique. La Science Chrétienne en fait partie. On sait maintenant pourquoi Paul Ariès rangeait l'antoinisme à part de la Science chrétienne. Les sectes scientifiques, nous dit Alain Woodrow, citant le théologien Jean Chevalier, ont des prétentions scientifiques "légères, voire grotesques, souvent retardataires et même périmées" (p.24).

        Sur l'antoinisme, on lit dans la table-répertoire :
    Fondateur : Louis Antoine (1846-1912), Belge.
    Enseignement : Antoine impose les mains aux malades, recommande certains remèdes, distribue des morceaux de tissu "magnétisé", prescrit des régimes alimentaires. Par la suite, ses disciples prétendent "chasser les démons, ressusciter les morts, s'entretenir avec les disparus de ce monde et donner gratuitement ce qui leur a été donné gratuitement". (1)
    But : La propagation de cette doctrine et faire reconnaître Antoine comme "prophète". (2)
    Nombre d'adeptes : 150 000 en 1959 dans 55 temples (30 en Belgique, 25 en France).
    Adresse : 49, rue du Pré-Saint-Gervais, 75019 Paris
     (voir pages 52-53 ; 124).

        Le mal est illusoire (p.52-53)
        [après plusieurs paragraphes sur la Science chrétienne]. Louis Antoine, un mineur belge, né en 1846, prétendait détenir un "fluide magnétique" qui pouvait guérir les maladies, triompher du mal et même de la mort. Comme chez les adeptes de la Science chrétienne, pour Antoine le corps n'est rien. Si l'on veut guérir celui-ci, c'est à l'âme qu'il faut s'attaquer.
        L'enseignement des antoinistes, comme s'appelleront les disciples de Louis Antoine, est spiritualiste et occulte. Le thaumaturge opère ses guérisons avec l'aide d'un guide de l'Au-delà, dont il donne cette description : "Il m'apparaît comme un nuage lumineux" - ce qui rappelle l'ectoplasme suscité par le médium lors des séances de spiritisme. (3) Pour favoriser les guérisons, le mouvement recommande de suivre certains régimes alimentaires, et notamment d'être végétarien. (4) On a estimé à 150 000 le nombre d'antoinistes, dont 50 000 Français, au début du siècle, mais il semble que ces derniers ne seraient plus que 5 000 actuellement (5).
        [suit le description du mouvement de Georges Roux, dit le Christ de Montfavet].
        Ces guérisseurs illuminés, du reste, s'apparentent plus aux courants d'occultisme, de sorcellerie et de magie qu'aux mouvements scientistes tels que la Science chrétienne et l'Église de scientologie. (6)
       
        La mégalomanie (p.124)
        Tentation du pouvoir personnel. Il est difficile, en fondant une secte, de ne pas se laisser progressivement "diviniser" par ses disciples. Sans parler de déséquilibrés, comme Georges Roux qui se croit la réincarnation du Christ, nombre de dirigeants de mouvements spirituels - le Père Antoine pour les Antoinistes, la "chère maman" des Amis de l'homme, Mary Baker-Eddy de la Science chrétienne - sont montés petit à petit sur leur piédestal, bercés par le péan qui montait, toujours plus flatteur, de leurs disciples. (7)

    (1) L'auteur ne fait de différence entre les différentes étapes de la pratique de Louis Antoine : après 1901, il arrête toutes formes de remèdes autres que la prière par la foi. Ensuite l'auteur ne citant pas ses sources, on ne sait pas d'où vient que ses adeptes chassent les démons, ressuscitent les morts, etc. Mais je vais vous le dire, c'est ce qu'on trouve sur la dernière page de la couverture verte du Petit catéchisme spirite, édité en... 1896 et plus jamais depuis. On est donc là très loin de l'enseignement antoiniste.
    (2) D'accord pour la propagation de l'enseignement (et non de la doctrine décrite plus haut), par contre on se garderait bien d'imposer la reconnaissance de Louis Antoine comme prophète quand dans son enseignement même qu'on veut porpager il est dit qu'il ne faut pas s'attacher à la figure du prophète.
    (3) Encore un fois, l'auteur n'est pas au courant de l'évolution et confond le spiritisme et l'antoinisme.
    (4) Pas plus le "mouvement" que Louis Antoine ne recommandent d'être végétarien, et encore moins pour guérir. Louis Antoine était lui-même végétarien, certains adeptes l'ont suivis d'autres pas.
    (5) L'auteur s'embrouille dans les chiffres et nous avec : étions-nous 150 000 en 1959 ou au début du siècle ? ou 5 000 ? En tout, ou seulement en France ?
    (6) Quand on pense qu'en 2000, Paul Ariès écrira ses Sectes à l'assaut de la santé en s'appuyant sur ce livre, on ne s'étonne plus du résultat. Désinformation, aucune source fiable citée. Et voilà la raison pour laquelle ce dernier classe les antoinistes à part de la Science chrétienne. Alors que ces deux mouvements sont réunis par Régis Dericquebourg ou Anne-Cécile Begot.
    (7) On verra que l'avis de Françoise d'Eaubonne est tout autre concernant Louis Antoine.



        L'auteur pose cependant certaines bonnes questions. Notamment il préconisait "pas de chasse aux sorcières tous azimuts, ni de 'délit d'envoûtement', mais un examen clair et lucide de tous les aspects avec dénonciation, là où cela s'avère nécessaire, de faits et de pratiques inacceptables, avec poursuites judiciaires éventuelles lorsqu'il y a infraction aux lois existantes" (p.171). Signalons cependant qu'on a vu que l'auteur ne le faisait pas lui même, en mélangeant toutes les époques de l'antoinisme : Antoine spirite, Antoine guérisseur, Antoine prophète.
        Il précise que "objectivement, l'Église chrétienne n'est qu'une secte qui a réussi. Grâce en partie, du reste, à l'utilisation au cours de sa longue histoire mouvementée de bien des pratiques que nous dénonçons aujourd'hui chez les sectes : 'conversions' forcées, endoctrinement abusif, séquestration, intimidation allant jusqu'à la torture et l'assassinat, machinations politiques et recherche de gains personnels sous une couverture religieuse..." (p.171). Il continue le tableau dans la postface à la nouvelle édition : "Au cours de sa longue histoire, du reste l'Église chrétienne - catholique, orthodoxe et protestante - a été l'objet des mêmes griefs, souvent justifiés, que ceux qui sont faits actuellement aux sectes. L'Église a profité de son pouvoir politique, et de la fiction du bras séculier, pour baptiser de force des peuples entiers ; elle a utilisé ses collèges et petits séminaires pour imposer un endoctrinement parfois excessif ; prompte à tendre la main en toute occasion, l'Église l'est moins pour publier ses comptes ; en matière de discipline, enfin, la notion de "liberté religieuse" réclamée à cor et à cri, est comprise davantage comme la liberté de l'Église dans un milieu hostile que la liberté à l'intérieur de l'Église pour ses fidèles ou théologiens..." (p.200).
        Parmis les questions de fond de cette même postface, l'auteur évoque l'ambiguïté du mot 'secte'. "Il faut donc distinguer nettement entre les sectes au sens sociologique du mot - mouvements religieux, philosophiques et politiques qui ont existé de tout temps - et les nouvelles sectes dangereuses, pieuses escroqueries et pièges à crédules.
        "La distinction n'est pas aisée, toutefois, dans la mesure où rares sont les mouvements qui sont totalement bons ou mauvais. C'est pourquoi il faut définir des critères objectifs et précis, qui serviront à juger de la bienfaisance ou la malfaisance de n'importe quel mouvement : secte ou Église (p.197).
        On voit clairement que cela ne fut pas fait par le gouvernement pour établir sa liste. Sans réparation possible.


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