• SCHAEREBEKE, village, départ. de la Dyle, joignant les remparts de Bruxelles. Sa population est de 11 à 1200 habitans. C'est dans cet endroit que se termine la longue suite d'étangs qui se trouvent sur les territoires d'Ixelles, Etterbeke et St.-Josse-Ten-Noode.


    Dictionnaire géographique et topographique des treize départements de la Belgique et de la rive gauche du Rhin (Charles Oudiette) - 1804


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  •     La poussée des maisons avait crevé es antérieures délimitations. L'humus fermenté des glèbes maraîchères s'était reculé derrière des horizons de maçonneries. De l'humide terre à choux et à navets, on avait cuit les briques qui servaient à bâtir les faubourgs. Ceux-ci, à travers les banlieues refoulées, étaient devenus à leur tour d'importantes cellules pour la grande ruche bruxelloise. La bâtisse sans trêve empiétant sur la campagne, le mortier, les plâtras et les moellons eurent raison de la séveuse rusticité qu'engraissait le labeur du paysan. Il fallait maintenant arpenter des kilomètres de pavé entre des tétragones compacts de quartiers, pour se saturer des bromes végétaux et atteindre les champs. La zone verte alors s'apercevait : c'était le déroulement de cet agricole territoire brabançon, ourlé de mamelons, vallonneux, bucolique, avec ses damiers de céréales, ses lignes de peupliers, ses boquillons, ses herbages, ses hameaux lavés au lait de chaux et capuchonnés de toits rouges, comme une cueillette de fraises dans un bol de crème.

        La transition, du reste, n'était pas attristée par l'ennui d'un cheminement à travers les voiries dévastées, les latitudes lépreuses et putrides, les gravats et les caillasses des saharas pétrés qui ailleurs amertument les abords des villes. L'habituelle ignominie suburbaine aux terrains faméliques et raclés, aux mont d'escarbilles et de grésils, les sinistres cimetières des détritus, les patibulaires arènes obstruées de décombres et battues d'errance d'escarpes et de galvats, épargnèrent le citadin qui s'évade vers les champs. Tout de suite, les dernières maisons franchies, on foulait les sentes rurales, on aspirait les arômes des foins et des purots, on intégrait des paysages d'arbres et d'eaux.

        On eut dans la banlieue, pour des loyers médiocres, le confort relatif d'une maison où une famille pouvait habiter à l'aise. Avec six à huit chambres s'échelonnant aux paliers, une pousse de gazon s'étiolant entre quatre murs et l'inévitable véranda prolongeant le rez-de-chaussée, c'était le chacun chez soi, les marmailles débridées et juteusement mûrissantes, la femme joyeusement vaquant à ses charges ménagères, le mari bêchant ses liserés de pensées, de pétunias et de résédas, gorgeant ses lapins, dressant ses canaris. Un bonheur matériel en résultat, une somme de petites joies satisfaites qui aida au renom bienveillant de la Capoue brabançonne.
        Actuellement ce type de la maison bruxelloise, plus ou moins festonnée, aux plâtras diversement somptueux, s'est développé au point que, même avec un budget précaire, toute famille occupe sa case, monte son escalier, vit entre ses papiers à quatre sous le rouleau, et ineffablement hume les arômes d'un jardinet sans partage. C'est une des particularité de la vie bruxelloise. Des étages, la vue plonge sur des géométries d'exigus rectangles arborés et verdoyants, des tulipages bariolés de floriculture, de découpages de petits clos où, un sécateur à la main, perambule le maître en vareuse de nankin. Une senteur de feuillées, un guilleri de moinailles, une fraîcheur tonique et apaisante sous des pans de ciel à découvert, vivifient l'existence. Des afflux croissants allèrent combler les faubourgs et les banlieues ; on se dépêchait de fuir ce Bruxelles qui intronisait le concierge, bâtissait des vieilles maisons comme des casernes substituait à la vieille coutume de la maison libre un agglomérat de ménages dans une vie d'appartement.

    Camille Lemonnier, La Vie belge, 1905 (p.93)
    La Belgique fin de siècle
    Romans - Nouvelles - Théâtre

    Editions Complexe, Bruxelles, 1997


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  • FORÊT, village départem. de la Dyle, arrond. de Bruxelles, ci-dev. duché de Brabant. Pop. env. 500 habitans. Il y avait une abbaye de dames nobles de l'ordre de St.-Benoît, fondée l'an 1090, à trois quarts de lieue de Bruxelles.

    Dictionnaire géographique et topographique des treize départements de la Belgique et de la rive gauche du Rhin (Charles Oudiette) - 1804


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  • Stembert - vue aérienne de la façade de la rue Brondé

    Stembert - vue aérienne de la façade de la rue Brondé

    Stembert - vue aérienne de la façade de la rue Brondé

    source : bing.com


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  • Salle de lecture antoiniste de Lille (archive Jean-Luc Passerel)

    Salle de lecture antoiniste de Lille ou Houplines dont l'adresse n'est pas connue (archive Jean-Luc Passerel)

    Souvenirs de Sœur Sylviane Hélène Buchet Auque et Sœur Betty Lux

    beaucoup d’adeptes venaient [au temple d'Hellemmes] de Roubaix-Tourcoing par le tramway F et de Lille aussi, c’est toujours ma mère qui me l’a raconté. Maintenant il y a trois temples qui sont à proximité les uns des autres Lille Croix et Tourcoing.


    Sœur Betty Lux
    Dans les tomes en France, nous lisons des témoignages de Sr Lovinfosse et son mari desservants du temple d'Hellemes en 1939 et dans d'autres pages il est question "d'un desservant et sa fille" quelques années plus tôt. Ce desservant était-il le père de Sr Lovinfosse ?


    Sœur Sylviane Hélène Buchet Auque
    Je pense qu’elle a pris la suite de son père à Hellemmes elle a porté la robe très jeune. Sœur Nelly, desservante de Tourcoing, doit avoir plus de souvenirs que moi, car elle a 90 ans.

    Pour moi qui ai connu le temple du ventre de ma mère j’ai connu Sœur et Frère Lovinfosse toute petite. Mais c’est ma mère qui m’a raconté beaucoup de choses. Et aussi Sœur Francine Lemesre qui a pris la suite de Sœur Jeanne Lovinfosse . Sr Lemesre m’a permis de lire les tomes (je ne l’ai pas tous lus) lorsque j’ai pris la robe.

    Sœur Lemesre est la 1 Sr à gauche Fr Lemesre le 2 fr sur la ligne derrière elle. Je suis la première à droite, à côté de moi il y a fr Gery (ancien desservant de Croix). Il y a aussi le Frère Marcel le plus grand tout en haut.

    Je connais les autres mais je ne me souviens pas de tous les noms et beaucoup sont désincarnés. Sur la photo, je dois avoir 22 ou 23 ans ça date.

     

        Frère Pierre Dock se rappelle également du Frère Bruno desservant de La Louviere est à droite (de Sœur Sylviane)

    Salle de lecture dans le Nord (Lille ou Houplines)(Archives Temple de Retinne) #1

    Salle de lecture dans le Nord (Lille ou Houplines)(Archives Temple de Retinne) #1

    Salle de lecture dans le Nord (Lille ou Houplines)(Archives Temple de Retinne) #2

    Salle de lecture dans le Nord (Lille ou Houplines) (Archives Temple de Retinne) #2


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  •     La vallée du Clain s'approfondit, des rochers grisâtres se dressent contre ses bords ; elle forme brusquement un angle avec la petite vallée de la Boivre, et dans cet angle, sur un promontoire aux pentes abruptes, élevé de quarante mètres au-dessus du niveau des deux rivières, Poitiers s'asseoit, sombre et rude, serré et figé, il semble, depuis les temps les plus lointains, entre des falaises calcaires et ses berges escarpées de Rochereuil. De hautes tours et des clochers le dominent, au pied desquels il sommeille, à n'en pas douter. Pas de chef-lieu de département plus tranquille. Il est loin, le temps où des milliers d'étudiants y fréquentaient les cours de l'Université, fondée au XVe siècle par le pape Eugène IV et le roi Charles VII.
        A peine aujourd'hui si deux ou trois cents légistes se font inscrire à son école de droit, et cette jeunesse ne vit certes pas plus follement que l'ancêtre
    Dorante, du Menteur, dont les aventures et les exploits mirifiques n'étaient que sujet de comédie. On peut donc, sans crainte d'être troublé dans ses
    contemplations archéologiques, s'engager dans le chemin de ronde de l'ancienne enceinte et se faufiler dans le mystérieux labyrinthe des rues muettes, que bordent souvent de chaque côté des murs nus cachant des jardins invisibles. Promenade intéressante, s'il en est.

    Louis Barron, Le nouveau voyage de France (1899)
    souce : gallica


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  • Protestants à Lille-Roubaix-TourcoingProtestants à Lille-Roubaix-Tourcoing

     

     

    Lille - Le  Temple Protestant

     

     

    Lille, Place de la Gare pendant la démolition en 1870 (signature manuscrite Le Blondel)(wikipedia)

        Les protestants de Lille-Roubaix-Tourcoing sont au début, comme dans la région de Liège, des ouvriers anglais. Une présence protestante encadrée par des méthodistes britanniques existe a Roubaix, auprès des ouvriers des filatures depuis les années 1840. Un lieu de culte protestant est construit en 1867 à Croix par l'Anglais Isaac Holden qui y possédait une usine de peignage.
        Le premier lieu de culte protestant lillois était l'ancienne église des Bons-Fils. Vers 1860, le département du Nord comptait près de 2500 protestants. Le percement de la rue Faidherbe entraina l'expropriation du temple qui fut démoli vers 1868. La ville accorda au Consistoire un terrain au sud-ouest afin de construire un nouveau temple avec un presbytère, une salle d'asile et une école. Le positionnement du temple lui confère un rôle structurant, confirmé par la mise en chantier de plusieurs bâtiments universitaires à partir de 1876. Le projet de l'architecte Edouard Roederer est retenu et finalement établi en juillet 1868. L'inauguration eut lieu le 1er novembre 1871.
        La région de Lille a accueilli des résidents anglais dès la première moitié du XIXe siècle. Ils étaient ouvriers ou hommes d'affaires, et étaient surtout engagés dans le commerce ou la fabrication, en particulier dans les domaines liés à l'industrie textile très active de l'époque. Les services se tiennent dans différentes salles non seulement à Lille mais aussi à Croix et à Armentières, mais dès 1860, il y a une première proposition pour un lieu de culte permanent. L'église Christ Church, dans la Rue Lydéric, a été construite dans un style gothique moderne, mais basé sur le gothique français du XIIIe siècle.
        Arrivé à Fives en 1898, le pasteur Henry Nick (Juste parmi les Nations) y crée le Foyer du Peuple pour des réunions d'évangélisation, d'information et de formations. Il a consacré sa ve au service de tous et des plus pauvres. L'Eglise protestante unie de Fives continue d'être un lieu chrétien de culte, de rencontre et d'échange ouvert sur le quartier.

    Protestants à Lille-Roubaix-TourcoingProtestants à Lille-Roubaix-Tourcoing

     

    Lille - Temple Anglican et Asile

     

     

    Croix - Temple Anglais

     


    Lille (1867) - rue de Tournai (place de la Gare, détruite par le percement de la Rue Faidherbe) 59000 Lille (couvent et de l’ancienne église des Bons-Fils, servi au traitement des aliénés, servit de prison aux émigrés et aux suspects pendant la Révolution, puis fut mise à la disposition des protestants en décembre 1803, détruit en 1870)
    Lille (1871) - 1 Place du Temple 59000 Lille (par l'architecte Alphonse Roederer, inscrit aux Monuments historiques en 2010, proche de la synagogue, dans un nouveau « quartier latin » lillois)
    Lille (1870) - 14 Rue Lyderic 59000 Lille (office en anglais régulier)
    Fives-Lille (1903) - 165 rue Pierre Legrand 59800 Lille (Paroisse protestante Lille-Fives, Foyer du peuple)
    Croix (1867) - Rue Isaac Holden ‎59163 Croix ("Temple Anglais" financé comme celui de Reims par l'Anglais Isaac Holden qui y possédait une usine de peignage, aujourd'hui détruit)
    Roubaix (1871) - 29 Rue des Arts 59100 Roubaix (par les architectes Jean-Jacques Schulthers et Auguste Dupire, inscrit aux Monuments historiques en 2011, rénové en 2020, temple pour les protestants de Roubaix, Tourcoing, Croix, Hem, Wattrelos, Villeneuve-d'Ascq et d'autres communes environnantes)
    Tourcoing (1907) - 21 Rue de la Malcense 59200 Tourcoing (cédé à la ville en 2002)

    Protestants à Lille-Roubaix-Tourcoing
    Lille-Fives - Foyer du peuple


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  • Cambrésis, terre de protestantsCambrésis, terre de protestants

    Quiévy - Le Temple (Protestant)

        Le Cambrésis avant de connaître l'arrivée de l'Antoiniste, dans la petite ville de Caudry dès 1914, a connu la prospection de protestants qui a fait découvrir le texte de la Bible aux habitants et commençait à faire vassiler l'église de son piédestal. La communauté protestante du Cambrésis s'agrandit à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, en pleine période du Réveil et de l'expansion de la région due au métiers du textile dans lesquels les protestants étaient très actifs.
        Bien qu'éloigné des communautés du Nord, les protestants de Reumont visitaient fréquemment ceux de Nomain. "Le Réveil eut aussi lieu à Saulzoir et à Quiévy, à Saint-Vaast (nord de Quiévy) par les passages fréquents des pasteurs, des évangélistes et des colporteurs alland et venant de Reumont à Nomain. (Jean-Baptiste Pruvot, Journal d'un pasteur protestant au XIXe siècle, 1996).


    Cambrai (1889) - 1 bis, rue du Marché aux Poissons 59400 Cambrai
    Le Cateau-Cambrésis (1858) - 29 bis, rue de la République 59360 Le Cateau Cambrésis (incendie crimimel dans la nuit du 31 octobre 1982)
    Quiévy (1859) - 11, rue de la Fontaine, 59214 Quiévy (le temple protestant le plus spacieux au nord de Paris)
    Caudry (1893) - 70, rue de la Paix 59540 Caudry (arch. Félix Paumier)
    Inchy (1810) - rues des Jésuites/du Docteur Paul Éloire (ancienne rue du Temple), abandonné pour le temple de la même rue (n°5) construit en 1857 (par l’entrepreneur Guyot Lacourte du Cateau Cambrésis sur les plans de l’architecte Devouge). Vendu en 2004
    Bertry (1866) - Rue du Temple, 59980 Bertry
    Elincourt (1837) - rue de Cambrai 59127 Élincourt (vendu en 1982, racheté en 1983 par une voisine protestante pour rénovation, puis détruit à cause du développement d'un champignon)
    Walincourt (1823) - 11 Rue Gambetta, 59127 Walincourt-Selvigny
    Caullery (1840) - occupaient principalement la rue d'en bas, aujourd'hui rue Charles Gide, et rue du temple, devenue en 1937 la rue Pasteur
    Montigny-en-Cambrésis (ca. 1900) - 19 rue Voltaire 59225 Montigny-en-Cambrésis (vendu en 1996 à la commune, devenu une salle de spectacle)
    Reumont (1870) - Rue du Temple 59980 Reumont (sur le modèle de Nomain, temple réformé puis baptiste et enfin irvingien, transformé en grange)
    Rieux-en-Cambrésis (1878) - 2 Rue Maximilien Robespierre 59277 Rieux-en-Cambresis (désaffecté)
    source : http://huguenotsinfo.free.fr/temples/departements/dep59.htm

    Cambrésis, terre de protestants
    Temple protestant de Caudry (tourisme-cambresis.fr)

        Temple désigne le lieu de réunions des Protestants tant pour rappeler le Temple de Jérusalem que pour se démarquer de l'église catholique.
        On relève la trace de fidèles de la religion dite "réformée" dans le Cambrésis dès le milieu du XVIème siécle.
        Au temps des persécutions, l'Eglise primitive tenait ses assemblées de prière au "désert", dans les endroits les plus reculés de la campagne. La Boîte à Cailloux, sur la commune d'Hesbécourt, près de Vermand, fut un de ces lieux de rassemblement nocturne. Le musée Calvin de Noyon possède une chaire démontable naguère entreposée au Temple d'Elincourt. Quand vint le moment de la Tolérance, les fidèles se réunissaient, sous la conduite de pasteurs itinérants, chez des particuliers.
        Ce fut le cas à Caudry dans une maison rue de Saint-Quentin. Dans la première moitié du XIXème siècle, se dressent les premiers temples de nos contrées : Quiévy (1788), Inchy (1806), Walincourt (1822), Le Cateau (1858) et Cambrai (1888).

        L'extraordinaire croissance démographique de Caudry engendrée par le développement de la dentellerie depuis 1880 avait "rendu nécessaire l'usage d'un local plus convenable à l'exercice du culte". Les fidèles au nombre de quatre-vingts s'assemblent chez des particuliers sous la conduite de pasteurs itinérants.
        Le conseil presbytéral d'Inchy, l'Eglise-mère, choisit l'architecte parisien Félix Paumier et accepte ses plans sur le modèle du temple de Raon l'Etape avec la réserve de "consentir un rabais sur ses honoraires et d'apporter quelques modifications eu égard aux faibles moyens de la communauté." Le style néo-gothique s'affirme ici sobrement comme dans la plupart des réalisations de Félix Paumier.
        La façade en briques de sable s'éclaire de baies en triplet inscrites dans une arcade en tiers-ponit : symbole de la Trinité dans son Unité.
    La croix surmonte un modeste clocher mural.
        Dans la nuit du 21 au 22 janvier 1992, un incendie criminel ruine la chaire et l'estrade, brise les vitraux et calcine l'orgue de Holden. Les travaux de rénovation et de dégagement des abords avec la participation de la ville, mettent en valeur l'édifice. "Dans un esprit d'ouverture, la communauté a renoncé au rempart d'une grille (...) comptant sur le concours de tous pour assurer la protection de ce patrimoine".
        L'Eglise réformée de France unie en 2012 à l'Eglise Evangélique Luthérienne de France, forment l'Eglise Protestante Unie de France. Le temple est aujourd'hui encore un lieu de culte, de rencontre et de manifestations culturelles.
    source : https://www.caudry.fr/fr/visiter-caudry/la-basilique.html

    Cambrésis, terre de protestantsCambrésis, terre de protestants

    Temple Protestant d'Inchy (caue-nord.com)                     intérieur (facebook.com_Inchy.Histoire.Heritage)


        À quelques kilomètres à l'est de Caudry se trouve Inchy qui se signale par une importante communauté protestante qui, très liée aux métiers du textile, se développe particulièrement au XIXe siècle. Dès avant 1810, elle se réunit dans un bâtiment, qui existe toujours, de la rue Eloire, à l’angle de la rue des Jésuites. Comme celui-ci devient trop petit, il est décidé de construire un temple à quelques dizaines de mètres de l’ancien oratoire. Il est réalisé grâce au dynamisme du pasteur Brétegnies, et le nouveau temple est ouvert solennellement le 30 septembre 1857. Mais si ce temple de vastes dimensions, avec sa façade néo-classique, fait l’admiration de la communauté protestante, il lui coûte bien cher et occasionne beaucoup de tracas financiers jusqu’à la fin du XIXe siècle. L’argent manque et, tour à tour, la commune, l’Etat, les protestants riches, dont Auguste Seydoux, maire du Cateau-Cambrésis, sont sollicités. En 1906, une association cultuelle est créée, à qui revient la charge de l’entretien du temple. Le dernier pasteur résidant à Inchy, M. Millac, décède en 1943. Depuis, plus réduite, la section protestante d’Inchy est rattachée au Cateau-Cambrésis.
    Extrait du tome 1 "Le patrimoine des communes du Nord" aux éditions Le Flohic
    Source : facebook.com_Inchy.Histoire.Heritage (https://www.facebook.com/cambraitourisme/posts/624452107599680/)

     

        Les autres temples du Nord Pas-de-Calais sont :
    dans le Nord (hormis ceux proches de Tournai [http://antoinisme.blogg.org/protestants-a-tournai-et-environs-a199331934])
    Quiévrechain (1925) - Place Roger Salengro 59920 Quiévrechain (ancien garage doté d'un petit clocher, agrandi sur un côté en 1932)
    Denain (1870) - 57 Rue Jules-Mousseron 59220 Denain (temple évangélique, le plus vieux du bassin minier, bâti par un ingénieur des mines, M. Chabaud-Latour, suivant les plans de la communauté, à l'architecture unique en France)
    Valenciennes (1879) - 66 Rue de Paris, 59300 Valenciennes et 75 Rue du Chauffour, 59300 Valenciennes (Valenciennes comme Tournai fut qualifiée de Genève du Nord, Rue de Paris avec école de filles et d’un presbytère, géant de Guy de Brès, réformateur des Pays-Bas, pendu sur la grand-place de Valenciennes le 11 mai 1567)
    Saint-Amand (1955) - 45-47 Rue Barbusse, 59300 Saint-Amand-les-Eaux
    Maubeuge (1877) - 7 Rue Arthur Bertreau/Quai Berteau 59600 Maubeuge (premier temple par l'architecte suédois Hansen de Paris détruit en 1987, reconstruit en 1989)
    Douai (1901) - 70 Rue de l'Hippodrome 59500 Douai (ancien atelier de peinture acheté en 1933, rénové en 2001)
    Lille (1871) - 1 Place du Temple 59000 Lille (inscrit aux Monuments historiques en 2010, proche de la synagogue, dans un nouveau « quartier latin » lillois)
    Fives-Lille (1903) - 165 rue Pierre Legrand 59800 Lille
    Croix (1867) - Rue Isaac Holden ‎59163 Croix ("Temple Anglais" financé comme celui de Reims par l'Anglais Isaac Holden qui y possédait une usine de peignage, aujourd'hui détruit)
    Roubaix (1871) - 29 Rue des Arts 59100 Roubaix (par les architectes Jean-Jacques Schulthers et Auguste Dupire, inscrit aux Monuments historiques en 2011, rénové en 2020, temple pour les protestants de Roubaix, Tourcoing, Croix, Hem, Wattrelos, Villeneuve-d'Ascq et d'autres communes environnantes)
    Tourcoing (1907) -  21 Rue de la Malcense 59200 Tourcoing (cédé à la ville en 2002)
    Dunkerque (1867) - 16 bis Quai au Bois 59640 Dunkerque (des concerts y ont lieu en plus du culte)
    Illies (1877) - Chemin Louisette, Hameau de Ligny le Grand 59480 Illies (ré-inauguré en 2010)
    Sin-le-Noble (avant 1924) - 280 rue Henri Lemette 59450 Sin le Noble (ancien temple de l'Église réformée de France, devenu Église protestante évangéliste baptiste du Douaisis en 1978 et rénové)
    Aniche (détruit)
    Fourmies (détruit vers 1960)
    Le Saulzoir (vendu entre 1960 et 1970)
    source : http://huguenotsinfo.free.fr/temples/departements/dep59.htm

    dans le Pas de Calais :
    Guînes (1598) - Rue du temple (mtn Rue Joffre) 62340 Guînes (Lorsque le Calaisis redevint français au départ des Anglais, de nombreuses familles huguenotes vinrent s’y installer, sachant trouver dans le Pays Reconquis un havre de paix où ils pourraient librement exercer leur religion. Temple construit de 1598 à 1602, avant un second édifice bien plus important en 1619 ; il pouvait accueillir, dit-on, jusqu’à 3000 personnes)
    Verdrel (1824) - 11 Rue Roger Salengro 62450 Fresnicourt-le-Dolmen (communauté protégé à l'époque par les Seigneurs d'Olhain Pierre de Berghes et son petit fils Jean de Berghes)
    Wanquetin (1822) - 4 Rue de Wetz 62123 Wanquetin (au début du siècle, la communauté de Wanquetin comptait près de trois cents membres soit la plus importante du département, pourtant l'idée des paroissiens d'ajouter en 1822 un clocher n'est pas du gout du maire du village qui cherche à contrevenir au projet, premier temple édifié dans le Pas-de-Calais, restauré au début du XXe siècle et 1983)
    Barly (1840) - 10 Rue de Sombrin 62810 Barly (proche du centre, mais à l'opposé de l'église du village)
    Achicourt (1829) - Achicourt (de style gothique, une école est ouverte en 1839 pour les enfants pauvres et les orphelins, transformé en bain douche)
    Arras (1863) - 15 Rue Victor-Hugo 62 Arras (par l'architecte arrageois Alcide Carré, reconstruit en 1923 inscrit aux Monuments historiques en 2010)
    Berck-sur-Mer (????) - 112 Rue de l'Impératrice 62600 Berck sur Mer
    Calais (1934) - 11 Rue du Temple 62100 Calais (ancien temple de 1868 Rue du Pont Lottin)
    Boulogne-sur-Mer (1852) - Rue Basse des Tintellerie 62200 Boulogne (premier temple Upper Town Church ouvert en 1819)
    Desvres (1903) - Rue Jean Jaurès 62240 Desvres
    Hénin-Beaumont (1952) - 301 Boulevard Gabriel Péri 62110 Hénin-Beaumont (premier temple construit en 1891 Rue Parmentier, détruit en 1940, terrain pour le nouveau temple acheté dès 1922)
    Lens (1898) - 82 Rue Victor Hugo 62300 Lens (détruit par deux fois pendant les deux Guerres mondiales
    Bruay-la-Buissière (avant 1948) - 125 Rue Henri Hermant 62700 Bruay-la-Buissière (vendu en 2000, devient salle de spectacle, avec bureaux d'accueil et un ensemble de studios permettant des résidences de création d'artistes, récompensée par « les Rubans du Patrimoine »)
    Bruay-la-Buissière (1886) - ​115 Rue Louis Dussart 62700 Bruay-la-Buissière (Temple baptiste, agrandi en 1925, rénové en 1985)
    Divion (1926) - cité « résidence Croix de Grés » 62460 Divion (chapelle en bois construite par l'église baptiste de Lens, repris quelques années plus tard par les Charbonnages de France)
    Liévin (1925) - 189 Rue Jean-Baptiste Defermez 62800 Liévin (par l'architecte suisse Georges Laude, premier temple de 1893 Rue du Temple, détruit pendant 14-18, cédé à la ville en 1994)
    Famechon (1852) - 12 Rue Principale (Place Notre Dame de Lorette) 62760 Famechon (désaffecté, vendu après 1927, transformé par la ville en en salle des fêtes vers 1990)
    Le Touquet (1964) - 163 Avenue du Général de Gaulle 62520 Le Touquet (ancien temple anglican de 1910 de la "Forêt du Touquet" devenue Avenue du Touquet, situé près de l'école hôtelière, Pavillon Witney, devenu réformé, désaffecté, actuellement salle de musculation de la ville ; premier temple de 1908 construit près de l'hôtel des Anglais)
    Auchel (1891) - 64 Rue Séraphin Cordier (anc. Rue du Temple, anc. Rue Cohet)/Rue du Général de Gaulle 62260 Auchel (désaffecté pendant un temps, fête ses 130 en 2019 avec une exposition photographique Le temple d'hier à aujourd'hui)
    Saint-Omer
    Annay (1865)
    Ohlain (????)
    source : http://huguenotsinfo.free.fr/temples/departements/dep62.htm


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  • Amay et son Temple protestant

    Amay et son Temple protestant

     

       

     

     

     

     

     

     

        Amay se trouve proche de la Meuse, à quelques kilomètres de Villers-le-Bouillet. Le temple protestant date de 1911, 3 ans avant la construction du temple de Villers-le-Bouillet. Le journal L'Avenirs a consacré plusieurs articles à ce temple aujourd'hui en vente, car la communauté a déménagé Rue waloppe 34 à Ampsin (commune d'Amay).
        Il s'agit d'un beau petit temple de style "chrétien" (comme le qualifie Laurence Druez dans un article sur Wallonica) construit par l'architecte Henri Sauveur, d'après les plans d'un projet de l'architecte Siméon Dupont, deux figures à l'origine de nombreux temples protestants dans la région de Liège et du Borinage. Il n'est pas sans rappeler le temple antoiniste de Huy ou même de Villers-le-Bouillet, tout deux très proches.


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  •     Depuis 1848, le temple de Liège prospectait dans la région. Le temple de la ville de Visé se trouve en fait dans la commune de Cheratte, et ce depuis 1906 (Rue Vieille Voie 18). Son architecte est Henri Sauveur de la ville d'Herstal, qui est à l'origine de nombreux autres temples protestants (Verviers, Herstal, Amay, Houtain près d'Oupeye, Seilles près d'Andenne).
        Mais l'événement déclencheur de l'arrivée du protestantisme dans la ville avait peut-être été, en 1843, un conflit qui avait surgi entre le curé de la paroisse, M. Mathieu, et son marguillier (chantre) du nom de Grégoire. En 1850, le père de Marie-Anne Gérard-Bertrand donna peu avant de mourir, à son fils aîné une Bible en tenant les propos suivants en wallon : « Volà li liv’ di voss’ vêye » (Voilà le livre de votre vie) ; il était protestant. (Julien Maquet, Le temple de Cheratte et de Hornu, in la Société royale Le Vieux-Liège).
        Louis-Joseph Grégoire, probablement déjà influencé par les idées du protestantisme, décide alors de quitter l'Eglise catholique et de rejoindre le protestantisme avec sa femme et ses enfants. Il ne sera pas suivi par ses frères et soeurs. D'autres familles le rejoignent, entre autres une famille Ernotte. Le curé Mathieu s’en prend violemment aux dissidents, et de nombreuses familles catholiques mettent la famille Grégoire en quarantaine, l'excluant de toute relation de voisinage. Cette famille doit quitter Cheratte et part se réfugier à Wandre. (Les Protestants à Cheratte, in www.cheratte.net)
        Le temple antoiniste comme le temple protestant se trouvent le long de la Meuse. Le temple protestant a été rénové en 2009.


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  • Seraing et ses Temples protestants

        La ville indissociable de la figure de l'industriel John Cockerill (il s'y installe en 1817) a un passé protestant important. John Cockerill se rattache à l'Église protestante de Liège qu'il soutient financièrement et il engage des ouvriers allemands. La communauté protestante de Seraing-Haut, dans le quartier Lize (à quelques mètres du Temple Antoiniste) vit le jour vers les années 1840. L'église est construite en 1852 avec une façade encore discrète.

    Seraing et ses Temples protestants

        Le temple du Centre (quartier en pleine reconversion) est construit en 1900, et est un témoignage du cheminement de l'architecte Paul Jaspar vers l'Art nouveau.


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  •     Liège, grande ville du Prince-Évêque, si proche du pays d'origine du protestantisme, a vite été conquise par les nouvelles idées. Elle compte, comme la région, plusieurs temples protestants. Citons tout d'abord le premier (depuis 1819) qui se situé, avant sa destruction en 1937, juste à côté du temple antoiniste dans la rue Hors-Château (et non Sous-le-Château comme l'indique cette carte postale erronément).

    Liège - les Temples protestants

        Il s'agissait alors de la chapelle des Ursulines. La commune demandait sa destruction pour faciliter l'accès des camions de la caserne de pompier qui se situe derrière. La commission royale d'art et d'archéologie envisageait plutôt la destruction du temple antoiniste ou le déménagement de la caserne, et voulait classer comme monument historique le temple protestant. Finalement il a été détruit, et l'emplacement est resté vide pendant de longues années. Maintenant un bâtiment qui déplairait encore plus que le temple antoiniste à la Commission remplit l'espace vide.

    Liège - les Temples protestants

        Le prochain temple protestant à avoir été construit est celui de la Rue Lambert-le-Bègue, n°6-8 en 1860 dans un style éclectique à dominante néo-romane, par l'architecte Alfred Guilleaume.

     

    Liège - les Temples protestantsLiège - les Temples protestants


     

     

     

     

     

     

     

     

       Puis deux suivront encore après l'établissement du culte antoiniste et la construction du temple antoiniste à Liège, la ville restant peu receptive au culte du Père Antoine : ce sont celui du Quai Godefroid Kurth 1, en 1930, dite église de la Rédemption, de style moderniste, art déco, par l'architecte et pasteur H. Havill Stanley, et celui du Quai Marcellis 22, en 1932 en art déco, par l'architecte Georges Appia (de Paris) et l'ingénieur John Soubre.
        On voit que le style art déco qui déplaisait tant à la Commission a également été choisi pour les temples protestants de la ville.

    Liège - les Temples protestantsLiège - les Temples protestants

     

     

     

     

     

     

     

        L'intérieur des temples du Quai Marcellis et de la rue Lambert-le-Bègue symbolise encore bien les similitudes entre les dépouillements antoinistes et protestants.


    Crédit photo : Fernand Antonioli
    Tous droits réservés - Groupe FaceBook EPUB Liège-Marcellis - Communauté protestante libérale de Liège
    et Eglise Protestante de Liège Lambert-le-Bègue


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  •     Dans la région de Liège, Verviers, grandes villes industrielles (de textiles principalement) possède plusieurs temples protestants, dont le plus ancien de Belgique, à quelques mètres du temple antoiniste, à Hodimont :

    Verviers - les Temples protestants

    Hodimont - Rue du Temple
    La vieille bâtisse avec le toit en appentis est le plus vieux temple protestant de Belgique (1711).

    Verviers - les Temples protestants

    Hodimont - Rue du Temple (aujourd'hui, Rue de Hodimont)
    La configuration des rues n'a pas changée. Le temple a été complétement reconstruit au début des années 80.

    Verviers - les Temples protestants

    Les Frères de Plymouth occuperont le temple de la rue Donckier, construit en 1878, puis occupé par des Allemands lorsque la communauté construit, non loin de là, le temple de la Rue Laoureux en 1912.

    Verviers - les Temples protestants

    Verviers - Temple Évangélique, rue Laoureux

    Endomagé par les bombardements en 1944, puis dégradé par le temps, il a été rénové en 2005. cf. Le Soir

    Verviers - les Temples protestantsVerviers - les Temples protestants

     

    extérieur actuellement
    http://verviers-ville-lainiere.blogspot.com/p/prtestentisme.html


    intérieur
    Les temples protestants les plus vieux sont à Verviers et Eupen
    lacapitale.be


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  •     Auprès de Laon, le sanctuaire  de Notre-Dame-de-Liesse  n'est pas oublié des pèlerins; au delà, vers le nord-est, commence la Thiérache, contrée d'aspect singulier, sans accidents très vifs. Le sol ondule sans cesse; ce sont partout bois taillis, buissons épineux, haies serrées limitant des champs de betteraves. Déjà le Nord se fait sentir, le Nord surtout industriel, le Nord aux longs hivers; on devine, à ses dehors, l'habitation nette et froide, la chambre carrelée, propre sans grâce, les meubles luisants et carrés, le frileux poêle de fonte ou de faïence, âme du logis, installé au milieu, et que l'on allume de si bonne heure en automne pour l'éteindre si tard au printemps.
        Guise, ancienne capitale  du pays,  berceau historique de l'illustre  famille princière, issue de la maison de Lorraine qui faillit donner à la France une nouvelle race royale, Guise fournit de ses poêles la Thiérache entière, les Flandres, la Belgique, la Hollande, Paris lui-même. De son immense usine d'appareils de chauffage dépend le célèbre familistère des « Associés du Travail et du Capital » institué par J.-B.-A. Godin, mort en 1888.
        L'Oise arrose Guise;  ce grand affluent de la  Seine double ici le canal  de la Sambre. Villes et bourgs manufacturiers se suivent : Ribemont, Tergnier aux nombreuses filatures; la Fère-en-Tardenois, citadelle toute hérissée d'artillerie, tout animée par des fabriques d'engins de destruction; Chauny, où se  fait le polissage des glaces fabriquées à Saint-Gobain Folembray, autrefois maison de plaisance royale et maintenant verrerie de premier ordre. Chauny, Saint-Gobain, Folembray, composent un groupe intéressant de cités laborieuses, vouées séculairement à une industrie si périlleuse et si difficile, que, pour encourager et honorer ceux qui s'y adonnaient, on leur accordait le titre de gentilhomme et le droit de porter l'épée. Qui ne connaît d'universelle réputation la manufacture de glaces de Saint-Gobain ? Qui ne sait qu'elle expédie sur tous les points du monde, où le luxe est répandu, d'incomparables glaces, à la fois de dimensions extraordinaires et du plus beau fini ?

    Louis Barron, Le nouveau voyage de France (1899)
    source : Gallica


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  •     Grande ville gallo-romaine, "que les ruines de ses monuments ont exhaussée d'un mètre", Orange, l'Arausio du peuple cavare, n'es plus que l'ombre de ce qu'elle parait avoir été. Mais qu'importe insignifiance de ses rues étroites ? Deux admirables monuments d'une civilisation disparue suffisent à captiver les regards : l'un fut un art de triomphe, l'autre un théâtre.
        Dressée au seuil de la cité antique, sous l'empereur Tibère, en commémoration de la défaite de Julius Florus et de l'Eduen Sacrovir soulevés contre Rome, la porte triomphale, isolée dans un libre espace, n'a rien perdu de son élégance et de sa majesté. Il faut approcher de bien près ses colonnes cannelées aux chapiteaux corinthiens, ses trois arcades, ses frontons, pour apercevoir ce qui lui manque. Une façade est entièrement dépouillée de sa décoration originale ; mais les trois autres offrent, en reliefs épiques, des combats de fantassins et de cavaliers d'une fureur impitoyable, d'horribles têtes de reptiles et de gorgones, des trophées de chlamyde, de tuniques, d'étendard, de pilums et de lances, des couronnes de laurier, des aigles, des proues de trirèmes. Mêlés aux sculptures, quelques mots se lisent, entre autres Mario, qui fit appeler l'art de Tibère arc de Marius, tandis que ce n'était que le nom d'un chef gaulois.
        Une imposante façade en grès vert cache les ruines intérieurs du théâtre, édifié à pareille époque, pour soixante-dix mille spectateurs. Des morceaux de sculptures, des fragments de marbres, de granits et de porphyres rouge, vert ou blanc, indices d'un luxe prodigieux, couvrent le postscenium ; mais le dessin général en est fort bien indiqué. D'un côté, les gradins de l'amphithéâtre réservé au public, et munis de ses couloirs, s'échelonnent, gazonnés ou fixés par des pierres de taille, jusqu'à la crête d'une hauteur où s'appuient les plus hauts ; de l'autre, deux colonnes de marbre superbes marquent la scène, et l'on distingue un foyer d'artistes, la loge du préteur ou du proconsul vis-à-vis de celle du grand pontife et des vestales, d'autres loges. L'écho, d'un sonorité profonde, a récemment été mis à l'épreuve par les comédiens du Théâtre-Français, qui lui firent répéter, après des siècles de silence, la grandiose tragédie de Sophocle.

    Louis Barron, Le nouveau voyage de France (1899)
    souce : gallica


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  •     Ville de rentiers, à en juger par ses dehors, Orléans a pourtant réputation de ville active, fabricante et commreçante; ses vinaigreries. ses bonneteries. ses poteries expédient partout leurs produits; sept lignes de chemin de fer, qui s'y croisent, et le canal d'Orléans, joignant la Loire au bassin de la Seine, assurent sa prospé'rité économique. Et pourtant, a la regarder des bords du fleuve, elle semble moins qu'autrefois riche par le négoce, moins animée de la vie que les échanges renouvellent incessamment. La Fontaine écrivait en 1663 : « De chaque cote du port on voit continuellement des barques qui vont a voiles fort amples, cela leur donne une majesté de navires, et je n'imaginais voir le port de Constantinople en petit, » n'est pas suspect d'exagération poétiqne, puisque, trois quarts de siècle après lui, un voyageur trace à son tour ce tableau : « La promenade du quai est la plus agréable de la ville; on y voit a toute heure arriver ou partir des cabanes ou bateaux qui viennent de toutes les villes par où la Loire passe, sur laquelle plusieurs bâtiments vont à la voile comme sur mer. Il en remonte aussi de Nantes et d'ailleurs, chargés de marchandises des lieux les plus éleignés. Ils prennent en echange des vins du païs, parmi lesquels le Gennetin, l'Auvennat, et celui du petit val de Loire sont ceux qu'on estime davantage. La partie du quay qui est au-dessus du pont sert aux bateaux qui viennent du côté de Moulins, de Nevers et de Roanne, où lon charge les marchandises de Lyon, pour les transporter à toutes celles qui sont sur la Loire, et par le moyen du canal de Briare, à celles qui sont sur la rivière de Seine. »
        La circulation des denrées utiles, des objets manifacturés, n'attendait donc pas notre âge ivre de progrès pour répandre en des villes aujourd'hui d'apparence morte l'aisance, le mouvement et je ne sais quoi de gaieté que l'on y chercherait en vain.

    Louis Barron, Le nouveau voyage de France (1899)
    souce : gallica


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  •     Vichy ! Une ville nette, agréable, brillante, riche infiniment des largesses intéressées de  la sensualité aux abois, de l'intempérance repentie, de l'avarice enfin châtiée. Dès la gare, un calme rayonnement de boulevards spacieux, d'ombreuses avenues. Partout des hôtels, des villas meublées, réservées aux élégants malades que travaille la vengeresse peur de la mort, laissent par leurs portes ouvertes entrevoir le luxe de leurs jardins fleuris. De porte en porte luisent les cuivres où des médecins publient leurs noms providentiels avec l'heure de leurs consultations. De place en place, de vaniteuses pharmacies exposent une multitude de panacées, sirops, pastilles, pâtes et emplâtres, illustrés de réclames tentatrices. D'un bout à l'autre, le sanatorium à la mode promet la santé, rassure, en demande le prix. La plupart des rues ont des noms de médecins distingués. Que de princes de la science, bon Dieu ! Et comme les pauvres malades, maigres, jaunes, plombés, voûtés, cassés, qui ne viennent pas à Vichy pour rire, - c'est vraiment le petit nombre, - s'en doivent réjouir... ou effrayer !
        Si les guérisons sont problématiques, certaines sont les distractions. Le casino, l'Eden-Théâtre, les concerts du Parc, le jeu, les excursions champêtres, amusent la douleur, s'ils ne la font pas oublier; surtout ils comblent les goûts de la foule opulente et oisive, qui n'est à Vichy que pour mener la vie frivole des villes thermales.
        [Après Montluçon], grande laborieuse, comme pour la soulager, Néris-lez-Bains lui réserve le repos et les soins d'une modeste et charmante station thermale ; c'est le Vichy des gens de moyennes fortunes éprouvés par les rhumatisme, la goutte, les névralgies sciatiques.

    Louis Barron, Le nouveau voyage de France (1899)
    souce : gallica


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  •     Tours en est la grande ville, et le chemin de fer vous y conduit, qui vous montre en passant les ruines du château fort de Montbazon, son gros donjon rectangulaire, ses remparts démantelés. De la gare au fleuve, la rue Royale, vraiment royale, partage la jolie capitale de la Touraine en deux parties de physionomies distinctes. A droite, le quartier de la cathédrale, calme infiniment, comprend les hôtels de la noblesse et de la vieille bourgeoisie tourangelles à gauche, les rues laborieuses et mouvantes des draperies, des fabriques de soie, des tanneries, du négoce, des vastes ateliers de l'imprimerie et célèbre maison d'édition Alfred Mame, s'entre-croisent entre les vieilles tours Charlemagne et Saint-Martin, les églises Notre-Dame-la-Riche et Saint-Saturnin.
        Ce dernier côté, le plus intéressant des deux, fut le noyau de la cité moderne, en grande partie formée en dehors de l'oppidum des Turones, du Césarodunum gallo-romain, étroitement comprise entre la Loire et l'archevêché, comme en, témoignent les debris de son enceinte.

    Louis Barron, Le nouveau voyage de France (1899)
    souce : gallica


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  •     Mais ces avenues et ces boulevards sont déserts. La journée finie, les ouvriers matineux se hâtent vers le repos bien gagné, et les fabricants, négociants et commis, fréquentent des cafés et des brasseries où l'on regrette de ne pas entendre chanter les jolies « pasquilles » de Desrousseaux. La place, dont le palais de la Bourse, lourd et noir édifice orné dans le goût espagnol, borde une face, reste animée longtemps. Personne ne songe a gagner la campagne : il n'y en a pas. Au delà des verts talus de l'enceinte, de l’héroïque enceinte de Vauban, défendue avec tant d'amour pour la patrie, avec tant de courage et de sacrifices, en octobre 1708 et en 1792, s'étendent, il est vrai, de grandes cultures maraîchères sans ombre; mais bientôt l'air s'épaissit, la fumée vous enveloppe, vos pieds foulent l'escarbille, l'industrie vous reprend les yeux et l'odorat. C'est Tourcoing, Roubaix, cités grandissantes, symétriques damiers d'usines et de maisons ouvrières, qu'une chaîne presque ininterrompue d'usines et de maisons pareilles joignent à la métropole, qui tôt ou tard peut-être en englobera l'autonomie.

    Louis Barron, Le nouveau voyage de France (1899)
    souce : gallica


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