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Par antoiniste le 15 Octobre 2009 à 18:40
On ne vit pas d'après ce qu'on a cru. On croit d'après ce qu'on a vécu. Et c'est pourquoi un coeur corompu est fatalement triste. Et comment n'aurais-je pas douté de l'existence ? Je l'avais affrontée. Et voilà ce qu'elle avait fait de moi ! Un prisonnier, un esclave de la chair.
Maxence Van der Meersch, Masque de chair
Albin Michel, Paris, 1958 (p.45)
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Par antoiniste le 15 Octobre 2009 à 18:39
Je suis trés émue de vous dire que j'ai
bien compris l'autre soir que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
là une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à vous montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir aussi
vous dévoiler sans artifice mon âme
toute nue, venez me faire une visite.
Nous causerons en amis, franchement.
Je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l'affection
la plus profonde comme la plus étroite
en amitié, en un mot la meilleure preuve
que vous puissiez rêver, puisque votre
âme est libre. Pensez que la solitude oú j'ha-
bite est bien longue, bien dure et souvent
difficile. Ainsi en y songeant j'ai l'âme
grosse. Accourrez donc vite et venez me la
faire oublier par l'amour où je veux me
mettre.
George SandPS : vous connaissez le truc ? Lire une ligne sur deux !
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Par antoiniste le 15 Octobre 2009 à 18:36
Depuis, j’ai souvent pensé à ces choses, souvent, j’ai réfléchi aux presque insurmontables difficultés qu’un jeune homme trouve, dans la vie, à exercer ses facultés, selon leur naturelle impulsion. Elles sont effroyablement logiques, ces difficultés, elles tiennent, comme le mensonge, à cette harmonie universelle du mal qu’on appelle : la société. La société s’édifie toute sur ce fait : l’écrasement de l’individu. Ses institutions, ses lois, ses simples coutumes, elle ne les accumule autant, elle ne les rend aussi formidables que pour cette tâche criminelle : tuer l’individu dans l’homme, substituer à l’individu, c’est-à-dire à la liberté et à la révolte, une chose inerte, passive, improductive. Et j’admire qu’il y ait eu, et qu’il y ait encore des êtres assez forts, pour avoir résisté à cette lourde pesée! Quelle énergie! Quelle volonté! quelle ténacité puissante, ou quelle inconcevable chance, afin de pouvoir ainsi survivre à la mort, et de montrer au monde consterné la face miraculeuse et vivante du génie!
Octave Mirbeau, Dans le ciel (p.82)
source : www.scribd.com
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Par antoiniste le 15 Octobre 2009 à 18:36
Comment peut-on être double à ce point ? J'ai peine dix-huit ans. Et je peux dire que je suis allé jusqu'au bout de la science du mal. J'en suis venu à accepter sans révolte, sans dégoût, presque avec plaisir, le cortège des misères sordides dont s'accompagne un vice comme le mien. J'en suis venu presque à les aimer. Un gibier avancé donne la nausée un enfant. Mais il vient un temps où l'on parvient à tolérer et finalement à rechercher la puanteur de la charogne...
Maxence Van der Meersch, Masque de chair
Albin Michel, Paris, 1958 (p.44)
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Par antoiniste le 15 Octobre 2009 à 18:34
D'une manière générale, la tentation la plus difficile à repousser, dans une pareille vie, c'est celle de renoncer tout à fait à penser : on sent si bien que c'est l'unique moyen de ne plus souffrir !
Simone Weil, La condition ouvrière (1951), p.14
source : classiques.uqac.ca
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Par antoiniste le 15 Octobre 2009 à 18:33
On va dans un pré, et là, comme Nicole faisait avec le Bourgeois Gentilhomme, on essaye de tirer carte lorsqu'il pare tierce; et, pour que la vengeance soit sûre et complète, on lui présente sa poitrine découverte, et on court risque de se faire tuer par son ennemi pour se venger de lui. — On voit que rien n'est plus conséquent, et toutefois on trouve des gens qui désapprouvent cette louable coutume ! Mais ce qui est aussi conséquent que tout le reste, c'est que ces mêmes personnes qui la désapprouvent et qui veulent qu'on la regarde comme une faute grave, traiteraient encore plus mal celui qui refuserait de la commettre. Plus d'un malheureux, pour se conformer à leur avis, a perdu sa réputation et son emploi; en sorte que lorsqu'on a le malheur d'avoir ce qu'on appelle une affaire, on ne ferait pas mal de tirer au sort pour savoir si on doit la finir suivant les lois ou suivant l'usage, et comme les lois et l'usage sont contradictoires, les juges pourraient aussi jouer leur sentence aux dés.
XAVIER DE MAISTRE - Voyage autour de ma chambre (Chap. III)
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Par antoiniste le 15 Octobre 2009 à 18:32
Le rôle du Monstre n'est pas de dessaisir l'individu de son pouvoir d'agir invinciblement. Il est tout le contraire d'un manière d'exorcisme, ou d'exutoire. Les forces qui roulent et rugissent en lui sont fidèles à leur nature profonde, porte ouverte, souvent battante, sur l'irrépressible. La connaissance ni n'abolit la possibilité de l'acte ni ne la confisque à son seul profit. Les forces qui roulent et rugissent ne relèvent que de loin en loin de la morale. Elles participent d'un amour de la vérité et de la beauté qui, la plupart du temps, surmonte la question du bien et du mal.
Marcel Moreau, Monstre (p.96)
Luneau Ascot Editeurs, Paris, 1986
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Par antoiniste le 15 Octobre 2009 à 18:31
Si le sujet pense, ce n'est pas pour la raison qu'il est un sujet ; au contraire c'est parce qu'il est capable de penser qu'il peut s'apparaître sous l'aspect d'un sujet. Par conséquent, l'activité que l'homme exerce en qualité d'être pensant n'est pas une activité seulement subjective ; elle n'est à vrai dire ni subjective ni objective ; elle plane au-dessus de ces deux concepts. Je n'ai aucunement le droit de dire que mon sujet individuel pense, mais bien plutôt qu'il existe grâce à la pensée. Celle-ci est, pour ainsi dire, un élément qui m'entraîne au-delà de mon moi et qui me relie aux objets. Et elle m'a séparé du même coup, en m'opposant à eux sous l'aspect de sujet.
C'est là-dessus que se fonde la double nature de l'homme : par la pensée il s'embrasse lui-même ainsi que tout l'univers. Mais, en même temps, l'acte de penser le détermine lui-même en face de cet univers, dans son rôle d'individu.
Rudolf Steiner, La Philosophie de la liberté, 1918 (p.62)
source : Gallica
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Par antoiniste le 15 Octobre 2009 à 18:26
Si nous pouvions mieux nous connaître ! Quelle ignorance de nous-mêmes, dans notre dureté envers les autres. Le Christ n'aimait pas l'homme content de soi. Comme je le comprends !
Maxence Van der Meersch, Masque de chair
Albin Michel, Paris, 1958 (p.24)
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Par antoiniste le 15 Octobre 2009 à 18:25
Le Verbe, qui a créé la lumière, dit sans cesse : que la lumière soit ! et la lumière est.
Le premier soupir du repentir d'Adam fut, pour ainsi dire, le premier rayon de cette lumière renaissante, qui avait brillé dans lui ; il devint la première pierre sur laquelle est bâtie l'église intérieure de Dieu sur la terre.
IVAN VLADIMIROVICH LOPUKHIN, QUELQUES TRAITS DE L'ÉGLISE INTÉRIEURE,
CHAPITRE I, De l'origine et de la durée de l'Eglise intérieure
source : http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Textes/index.html
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Par antoiniste le 15 Octobre 2009 à 18:22
Ce besoin de perfection était tel d'ailleurs qu'il l'a empêchée d'entrer dans l'Église qui, étant l'oeuvre des hommes, porte les stigmates de l'imperfection.
Albertine Thévenon, p.12
in Simone Weil, La condition ouvrière (1951)
source : classiques.uqac.ca
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Par antoiniste le 15 Octobre 2009 à 18:21
D'où naît la nécessité d'une énergie spéciale ou d'une nouvelle propriété qui opère par son efficace cette union infinie ; et cette énergie, cette propriété qu'implique la substance, c'est l'amour.
F. Lamennais, Esquisse d'une philosophie t.1, p.49
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Par antoiniste le 15 Octobre 2009 à 18:19
Un court poème persan nous dit :
- la nuit dernière une voix a murmuré à mon oreille : "Une voix qui la nuit murmure à votre oreille, ça n'existe pas."
Jean-Claude Carrière, Le cercle des menteurs, Contes philosophiques du monde entier
France Loisirs, Paris, 1998 (p.89)
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Par antoiniste le 15 Octobre 2009 à 18:17
L’amour est si fort, que même inintelligent, même médiocre, il ouvre à l’âme tout un horizon de beautés morales.
Octave Mirbeau, Dans le ciel (p.61)
source : www.scribd.com
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Par antoiniste le 15 Octobre 2009 à 18:16
Deux statues dans un jardin de la ville, l'une masculine et l'autre féminine se font face depuis plusieurs siècles lorsqu'un jour un ange descend du ciel et leur murmure :
- « Vous avez été exemplaires pendant toutes ces années et je vais vous faire un cadeau : je vous donne la vie, mais pour une demi-heure seulement. »
Aussitôt les deux statues s'animent et se rapprochent l'une de l'autre.
D'un même élan, elles se lancent dans un buisson ... On entend quelques bruits d'agitation, des branches qui cassent, des rires, des cris étouffés. Au bout d'un quart d'heure, les deux statues ressortent du buisson, le sourire aux lèvres.
Il vous reste encore du temps, leur dit l'ange. Vous devriez en profiter… La statue féminine se tourne vers son partenaire et lui dit :
- « D'accord, mais cette fois, c'est toi qui maintient le pigeon par terre et c'est moi qui lui chie dessus ! »
source : http://ma.planete.qc.ca/blagues/main/
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Par antoiniste le 15 Octobre 2009 à 18:13
Même la mort de ma grand-mère, dois-je la regretter ? Humainement, pour moi, elle a été à l'origine d'un immense naufrage. Mais où en serais-je, si je n'avais pas connu cette aventure, avec ses souffrances et son enrichissement ? Tel que je suis, rompu et sans force, épave, j'ai l'impression tout de même d'avoir, à travers ce désastre, accédé à un peu plus de lumière, de tenir entre mes mains un peu plus de vérité...
Maxence Van der Meersch, Masque de chair
Albin Michel, Paris, 1958 (p.23)
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