• État particulier dans lequel une personne, se trouvant comme transportée hors d'elle-même, est soustraite aux modalités du monde sensible en découvrant par une sorte d'illumination certaines révélations du monde intelligible, ou en participant à l'expérience d'une identification, d'une union avec une réalité transcendante, essentielle. Les ravissements de l'extase; être plongé dans la béatitude de l'extase. Rien de ce qui se passe autour d'eux ne les frappe, tant est grande leur absorption, leur extase (Balzac, Physiol. mar., 1826, p. 91). Au retour de l'extase, le rêveur solitaire est « ramené à soi-même » (Béguin, Âme romant., 1939, p. 335) :

    1. L'extase indique précisément ce mouvement du destin qui rend intérieur ce qui était extérieur et libre ce qui était nécessaire (...). [Elle] réalise donc l'unité de la conscience de soi et de la conscience de l'objet. (...) elle indique l'humanité dans la nature, l'intériorité dans l'extériorité.
    J. Vuillemin, Essai signif. mort, 1949, p. 16 et 23.
    P. hyperb. Ravir en extase. En une heure nous y vîmes de quoi ravir en extase tous les « Hellénistes » du monde (Courier, Lettres à M. Renouard, 1810, p. 262).
    En partic., RELIG. État particulier d'une personne en union intime avec la divinité; élan religieux, transport mystique. Extase béatifique; un moine, un saint en extase; avoir des extases. Là, tombant à genoux dans une sainte extase, Elle pria longtemps (A. Dumas père, Caligula, 1837, I, 2, p. 41) :
    2. ... l'âme cesse de tourner sur elle-même (...). Elle s'arrête, comme si elle écoutait une voix qui l'appelle. (...) Vient alors une immensité de joie, extase où elle s'absorbe ou ravissement qu'elle subit : Dieu est là, et elle est en lui. Plus de mystère. Les problèmes s'évanouissent, les obscurités se dissipent; c'est une illumination.
    Bergson, Deux sources, 1932, p. 243.

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  •     J'allais tomber à ses pieds !... délire effréné !... fatal égarement ! - Mais que de charmes !... O Galathée !... Vénus même est moins belle que vous... Vanité... faiblesse humaine... je ne puis me lasser d'admirer mon ouvrage... je m'enivre d'amour propre... je m'adore dans ce que j'ai fait... non... rien de si beau ne partu dans la nature - Quoi ! tant de beautés sortent de mes mains !... Quoi !... Pygmalion... tes mains heureuses... - je vois un défaut... ce vêtement jaloux dérobe trop aux regards le soupçon des charmes qu'il recèle... ils doivent être mieux annoncés.

    Il prend son maillet a son ciseau, puis s'avançant lentement, il monte, en hésitant, les gradins de la statue qu'il semble n'oser toucher : enfin, le ciseau déjà levé, il s'arrête.

        Quel tremblement...! Quel trouble... ! Je tiens le ciseau d'un main mal assurée... je ne puis... je n'ose... je gâterai tout...

    Il s'encourage et enfin présentant son ciseau, il en donne un coup : saisi d'effroi, il le laisse tomber, en poussant un grand cri.

        Dieux !... Je sens la chair palpitante... et repousser le ciseau.

    Il descend, tremblant et confus.

        Vaine terreur !... Fol aveuglement ! - non... Je n'y toucherais point... non... cette puissance inconnue... cet effroi respectueux...

    Il s'interrompt et considère de nouveau la statue.

        Eh !... que veux-tu changer ?... regarde... quels nouveaux charmes veux-tu lui donner ?... ah ! c'est sa perfection qui fait son défaut... Divine Galathée... moins parfaire, il ne te manquerait rien - rien !

    Tendrement, après un instant de silence.

        Il te manque une âme... ta figure ne peut s'en passer.

    Il se fait un moment et reprend avec plus d'attendrissement encore.

        Que l'âme faite pour animer un tel corps doit être belle !

    Jean-Jacques Rousseau - Pygmalion, scène lyrique (1878)
    source : archive.org


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  •     "La vie, dit V. Jankélévitch, s'affirme malgré la mort et contre la mort et en dépit de la mort, mais en même temps et au même point de vue, la vie n'est vitale que parce que voué à la mort ; la mort est l'organe-obstacle de la vie". De même que la formule "credo quia absurdum" constate l'indicibilité de la mort par similitude métaphysique (la croyance n'est pas un credo quamvis absurdum), de même la mort joue sur l'équivoque infinie d'une "organe-obstacle" : l'esprit est toujours ramené à des successions de contradictions qui ne se résolvent jamais en "ruses d'ingénieur" car "si l'obstacle seul nous permet dérisoirement de vivre, l'organe continue tragiquement à nous en empêcher. En somme le vivant a besoin du poison dont il meurt". Le vieillissement, en particulier, s'explique par ces ballottements de la pensée entre obstacle et organe qui correspondent à la temporalité vécue. L'être se déploie en niant le non-être de la mort, mais le temps qu'il recrée à son image est celui d'une mort progressive.
        L'ambiguïté de "l'organe-obstacle" amène sans cesse aux rapports de la pensée au corps, cet "organe-obstacle de l'âme". L'âme représente une déviation du fonctionnement des organes mais aussi le "principe d'animation sans lequel la chair inerte ne serait que charogne". Réciproquement, "la chair alourdit, défigure et dément l'esprit". La vie et la pensée entretiennent une parenté profonde alors que le corps possède une inertie qui le rapporte de manière préférentielle à la mort. L'idéalisme de Jankélévitch, son "vitalisme spiritualiste" se découvre là. "Généralement, dit-il, l'organe-obstacle est surtout un organe, un organe contrarié et compliqué : ainsi le cerveau est l'organe-obstacle de la pensée, l'oeil, l'organe-obstacle de la vision, le langage l'organe-obstacle du sens".

    Jean-Claude Beaune, Les spectres mécaniques (1988)
    L'erreur de Semmelweis, p.141
    source : GoogleBooks


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  •     Alors il compris enfin que rien de tout ce que l'ange avait dit n'était vrai, que ce n'était même pas un ange, mais un simple menteur avec des ailes.

    Etgar Keret, Crise d'asthme, p.43
    Babel, Actes Sud, 2002


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  • De toutes les choses auxquelles on ne croit pas,
    l'expérience est celle à laquelle on croit le moins.

    F. Lamennais


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  • ARTE 01/06/09-23h00

    Regardez l'émission entière ici.


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  • La scène : Un poulet au bord d'une route. Il la traverse.

    La question : Pourquoi le poulet a-t-il traversé la route ?

    ------------

    René Descartes : Pour aller de l'autre côté.
    Platon : Pour son bien, de l'autre côté est le Vrai.
    Aristote : C'est la nature du poulet de traverser les routes.
    Karl Marx : C'était historiquement inévitable.
    Capitaine Kirk : Pour aller là où aucun autre poulet n'était allé auparavant.
    Hippocrate : En raison d'un excès de sécrétion de son pancréas.
    Martin Luther King : J'ai la vision d'un monde où tous les poulets seraient libres de traverser la route sans avoir à justifier leur acte.
    Moïse : Et Dieu descendit du paradis et Il dit au poulet : "Tu dois traverser la route". Et le poulet traversa la route et Dieu vit que cela était bon.
    Richard Nixon : Le poulet n'a pas traversé la route, je répète, le poulet n'a JAMAIS traversé la route.
    Machiavel : La fin en soi de traverser la route justifie tout moyen quel qu'il soit.
    Sigmund Freud : Le fait que vous vous préoccupiez de ce que le poulet ait traversé la route révèle votre fort sentiment d'insécurité sexuelle latente.
    Bill Gates : Nous venons justement de mettre au point le nouveau "Chicken Office 2003", qui ne se contentera pas seulement de traverser les routes, mais couvera aussi les oeufs, dessinera les plans du nid, etc.
    Bouddha : Poser cette question renie votre propre nature de poulet.
    Galilée : Et pourtant, il traverse.
    Eric Cantona : Le poulet, il est libre le poulet. Les routes, quand il veut il les traverse.
    Charles de Gaulle : Le poulet a peut-être traversé la route, mais il n'a pas encore traversé l'autoroute !
    Jacques Chirac : Parce que je n'ai pas encore dissous la route.
    L'église de Scientologie : La raison est en vous, mais vous ne le savez pas encore. Moyennant la modique somme de 10.000€ par séance, plus la location d'un détecteur de mensonges, une analyse psychologique nous permettra de la découvrir.
    Bill Clinton : Je jure sur la Constitution qu'il ne s'est rien passé entre ce poulet et moi.
    Albert Einstein : Le fait que ce soit le poulet qui traverse la route ou que ce soit la route qui se meuve sous le poulet dépend uniquement de votre référentiel.
    Zen : La poulet peut vainement traverser la route, seul le Maître connaît le bruit de son ombre derrière le mur.
    Le premier ministre : Le poulet n'a pas encore traversé la route, mais le gouvernement y travaille.
    Jean Alesi : Je ne comprends pas, théoriquement, le poulet il avait le temps de passer.
    Nelson Montfort : J'ai à côté de moi l'extraordinaire poulet qui a réussi le formidable exploit de traverser cette superbe route :
        - "Why did you cross the road ?"
        - "Cot cot !"
        - "Eh bien, il dit qu'il est extrêmement fier d'avoir réussi ce challenge, ce défi, cet exploit. C'était une traversée très dure, mais il s'est accroché, et..."
    Richard Virenque : C'était pas un lapin ?
    Ken le Survivant : Peu importe, il ne le sait pas mais il est déjà mort.
    Jean-Claude Vandamme : Le poulet, la road il la traverse parce qu'il sait qu'il la traverse, tu vois la route c'est sa vie et sa mort, la route c'est Dieu c'est tout le potentiel de sa vie, et moi, quand je me couche dans Timecop quand le truck arrive, je pense à la poule et à Dieu et je fusionne avec tout le potentiel de la life de la rooad ! Et ça c'est beau !
    Forrest Gump : Cours, poulet, cours !!!


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  •    Le mysticisme où prédomine l'imagination, mysticisme théorique.

       Il aspire à une union sensible avec l'objet de son amour, qu'à une intuition immédiate, à une contemplation réelle de l'invisible. Il se crée donc des types et des symboles, pour se représenter l'Être dont il est dit : Tu ne t'en feras point d'image. Il rentre également en lui-même, ou plutôt il prétend sortir de lui-même, puisque les distractions du monde offusquent sa vue ; il ferme les yeux du corps, afin que ses yeux intellectuels puissent voir plus clairement, et comme l'âme n'arrive qu'avec peine à cet état de simplicité et de silence, où rien ne la remplit plus que l'image de Dieu, il cherche des moyens artificiels pour les transporter à ce degré de ravissement, où Dieu se montre dans toute la nudité de son essence. C'est là secret des intuitions des solitaires Hindous et des anciens Hésychiastes du mont Athos. Quand l'âme mystique a réussi à se dégager de tout ce qui n'était pas Dieu en elle, celui-ci lui apparaît ; et nous entrons dans le domaine si fantastique des visions. Si nous demandons aux mystiques comment l'Être infini s'est montré à leur vue intérieure, ils nous répondront qu'il leur est apparu d'une manière ineffable, comme une lumière éblouissante, ou bien comme la nuit la plus obscure. Cependant ils entendent sa voix, ils lui parlent, et le Verbe intérieur leur découvre les secrets de l'avenir. Mais bientôt l'illumination surnaturelle cesse, et l'âme est remplie de ténèbres qui l'effraient et l'attristent. Ces illusions psychologiques sont une source de bonheur et de joie pour certaines âmes, qui, trompées par une ardente imagination, peuvent être convaincues de la réalité de leurs visions ; mais quelques lucides qu'aient été ces dernières, elles ne sont toujours que des faits individuels, et la lumière qui a jailli dans l'âme ravie, est incapable d'en éclairer d'autres.

    Charles Schmidt, Introduction sur l'origine et la nature du scepticisme (1836)
    source : gallica


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  • Non, épaule masculine !


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  •       Au cours d'un voyage, un juif, un musulman et un chrétien se lièrent d'amitié. De même que la raison se lie d'amitié avec l'ego de Satan, de même un fidèle peut devenir l'ami de deux égarés. Le corbeau, le hibou et le faucon sont tombés dans la même cage. Un Oriental et un Occidental qui passent la nuit en un même lieu deviennent amis. Mais quand les barreaux de la cage se brisent, chaque oiseau s'envole dans une direction différente.
          Comme ces trois compagnons arrivaient à la fin d'une étape, quelqu'un vint leur apporter du halva et ce présent rendit joyeux nos trois solitaires. Les gens de la ville sont des savants raffinés dans leur comportement. Mais le paysan est un maître de générosité.
          Ce jour-là, le juif et le chrétien n'avaient pas faim alors que le musulman, lui, avait jeûné. C'était pour lui l'heure de rompre le jeûne et sa faim était grande. Mais les deux autres lui dirent :
          “Laissons cela ici. Nous le mangerons demain !
          - Mangeons-le ce soir ! répliqua le musulman. Pourquoi patienter jusqu'à demain ?
          - Aurais-tu donc l'intention de le manger à toi tout seul ? demandèrent les autres.
          - Nous sommes trois, dit le musulman. Divisons ce halva en trois parties égales et que chacun mange sa part à sa guise !
          - Il mérite l'enfer celui qui divise ! Toi, tu es le bien de Dieu et toutes les parts de halva lui appartiennent. Comment oserais-tu faire ce partage ?”
          Le musulman se résigna et dit : “Ô amis ! Qu'il en soit selon vos désirs !” Et ils allèrent se coucher. Au matin, chacun se mit à prier selon sa religion. Après la prière, l'un d'eux proposa que chacun raconte son rêve de la nuit. Et que celui qui avait fait le rêve le plus beau reçoive la part de halva de celui qui avait fait le rêve le moins beau… Le juif raconta son rêve :
          “Sur mon chemin, j'ai croisé Moïse. Je l'ai suivi sur la montagne du Sinaï. Là-haut, nous avons été entourés de lumière. Puis, j'ai vu que, par la volonté divine, la montagne se divisait en trois. Un morceau de la montagne tomba dans la mer. Et l'eau de la mer s'adoucit sur-le-champ. Un autre morceau tomba sur la terre et des ruisseaux jaillirent, comme autant de remèdes pour les affligés. Le troisième morceau s'envola vers la Kabbah pour devenir la montagne d'Arafat. Lorsque mon étonnement fut passé, je constatai que la montagne du Sinaï était toujours en place mais que son sol, comme de la glace, fondait sous les pieds de Moïse. Elle fondit tant et si bien qu'elle finit par s'aplanir. Quand ce nouveau sujet d'étonnement fut pour moi épuisé, je vis de nouveau Moïse et le Sinaï à sa place. J'aperçus une foule dans le désert qui entoure la montagne. Chacun portait une canne et un manteau et tous se dirigeaient vers la montagne. Ils levèrent les mains pour la prière et souhaitèrent voir le visage de Dieu. Quand mon étonnement fut passé, je vis que chacun de ces hommes était un prophète de Dieu. Je vis aussi des anges magnifiques. Leurs corps étaient faits de neige immaculée. Plus loin, je vis un autre groupe d'anges, mais faits de feu cette fois-ci…”
          Le juif continua ainsi à raconter son rêve :
          Ô toi ! As-tu une certitude pour ce qui te concerne ? Ou pour ce qui concerne ton existence ? Comment te permets-tu de te moquer ainsi d'autrui ? Qui sait qui aura la chance de mourir comme un musulman ?
          À son tour, le chrétien raconta son rêve :
          “C'est le Messie qui m'est apparu. Avec lui, je suis monté aussi haut que le soleil. C'était étrange. Je ne peux pas comparer ce que j'ai vu avec les choses de ce monde et ne puis donc vous raconter ce rêve.”
          Le musulman dit alors :
          “Ô mes amis ! Mon sultan Mustapha m'est apparu. Il m'a dit : “L'un de tes amis s'est rendu au Sinaï. Il s'y promène avec la parole de Dieu, comblé d'amour et de lumière. Jésus a emmené ton autre ami au ciel. Lève-toi ! Profite au moins du halva ! Tes amis ont été favorisés. Ils profitent de la compagnie des anges et de la connaissance. Pauvre idiot ! Ne perds pas de temps ! Mange le halva !”"
          À ces mots, le juif et le chrétien s'écrièrent :
          “As-tu vraiment mangé tout le halva ?
          - Comment aurais-je pu désobéir à un ordre du prophète ? Toi qui es juif, ne ferais-tu pas de même pour un ordre venant de Moïse ? Et toi, qui es chrétien, oserais-tu désobéir à Jésus ?”
          Les deux autres lui dirent :
          “Il est certain que ton rêve est plus juste que le nôtre. Ton sommeil consiste à être réveillé dans ton rêve. Quel beau rêve !”

         Laisse de côté toutes les prétentions concernant la connaissance et le mysticisme. La plus belle des choses est de se comporter avec respect et de servir autrui.

    source : http://unpeudetao.unblog.fr/contes-soufis/eveille-dans-le-reve/


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    Daria cherche dans ses souvenirs d'enfance pourquoi ses parents se sont disputés quand elle avait 6 ans.


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  • Illustration : Abattoir, La Villette, 1908, 19e arrdt, abattage d'un bovidé [photographie de presse][Agence Rol](gallica)

        En revenant vers la ville, nous avons entendu sortir de dessous le toit d'ardoises d'un bâtiment carré des gémissements et des bêlements plaintifs. C'était l'abattoir.
        Sur le seuil, un grand chien lapait dans une mare de sang et tirait lentement du bout des dents le cordon bleu des intestins d'un boeuf qu'on venait de lui jeter. La porte des cabines était ouverte. Les bouchers besognaient, les bras retroussés. Suspendu, la tête en bas et les pieds passés par un tenon dans un bâton tombant du plafond, un boeuf, soufflé et gonflé comme une outre, avait la peau du ventre fendue en deux lambeaux. On voyait s'écarter doucement avec elle la couche de graisse qui la doublait, et successivement apparaître dans l'intérieur, au tranchant du couteau, un tas de choses vertes, rouges et noires, qui avaient des couleurs superbes. Les entrailles fumaient ; la vie s'en échappait dans une fumée tiède et nauséabonde. Près de là, un veau couché par terre fixait sur la rigole de sang ses gros yeux ronds épouvantés, et tremblait convulsivement malgré les liens qui lui serraient les pattes. Ses flancs battaient, ses narines s'ouvraient. Les autres loges étaient remplies de râles prolongés, de bêlements chevrotants, de beuglements rauques. On distinguait la voix de ceux qu'on tuait, celle de ceux qui se mourraient, celle de ceux qui allaient mourir. Il y avait des cris singuliers, des intonations d'une détresse profonde qui semblaient dire des mots qu'on aurait presque pu comprendre. En ce moment j'ai eu l'idée d'une ville terrible, de quelque ville épouvantable et démesurés, comme serait une Babylone ou une Babel de cannibales où il y aurait des abattoirs d'hommes ; et j'ai cherché à retrouver quelque chose des agonies humaines, dans ces égorgements qui bramaient et sanglotaient. J'ai songé à des troupeaux, pour nourrir des maîtres qui les mangeaient sur des tables d'ivoire, en s'essuyant les lèvres à des nappes de pourpre. Auraient-ils des poses plus abattues, des regards plus tristes, des prières plus déchirantes ?...

        Gustave Flaubert, Par les Champs et par les Grèves
        in Contes et récits du XIXe siècle (gallica)


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  •     Les motivations à l'époque était les mêmes que l'ont peut avoir maintenant. La différence est que peut-être on peut avoir d'autant plus de raison maintenant qu'à l'époque de Louis Antoine. En effet, le quête de profit dans ce secteur n'a fait qu'empirer les conditions d'élevage pour survenir aux besoins de plus en plus grandissant de la population et surtout des occidentaux, ne désirant que le bancs de poulet, le flanc du boeuf, et la graisse du cochon. Sans parler des tests médicamenteux, les corridas et autres.

        Voir le documentaire Earthlings [Terriens] (2005) de Shaun Monson.

        Dans L'Avenir du Luxembourg (un quotidien catholique) du jeudi 30 avril 1914, on lit qu'un ouvrier de Couillet se plaint du départ de sa femme pour Roux, où les antoinistes lui propose un vie pure, faite de végétarisme et d'adoration du seigneur. Cependant, cela nous fait penser que cette femme était plutôt sous l'influence du Père Dor que du Père Antoine. Ce premier, en effet, préconisait une régime à ses adeptes. Le Père Antoine ne le fait pas.

        Il répond à une question sur ce sujet dans le Développement : "Il y a six à sept ans que j'ai commencé moi-même à suivre [le régime végétarien] et je l'ai fait non par inspiration mais parce que je l'avais entendu recommander par des personnes sérieuses qui en avaient été satisfaites. Je suis maintenant raisonner par expérience cette question de l'alimentation". (p.223) "Quant aux personnes qui ont plus ou moins le dégoût de la nourriture animale, elles peuvent tout aussi bien entretenir leur santé par le végétal si la préparation en est naturelle." (p.224-25)
        Dans le même chapitre, et à la fin du Développement, on apprend qu'il repris de la viande pour reprendre des forces : "Toute viande préparée avec du beurre pur et du sel, l'oeuf, le lait sont une nourriture saine et fortifiante à moins qu'on ne les falsifie par des épices ou des mélanges comme on le fait généralement pour les rendre plus excitants." (p.224). Cependant cela ne fit pas plus d'effet, le Père ayant "accompli tout [son] progrès ici-bas".
        On pense au sel dont les quantités industrielles ont dépassés de loin les recommandations médicales. Mais on peut aussi penser au ketchup, au fromage qui n'en ai plus... Et à côté de cela au alicaments, ces compléments vitamineux inutiles mais qui sont incontestablement un bon coup marketing.

        Cependant qu'est-ce qui a pu pousser le Père à suivre un régime végétarien ? Tout ces nouveautés de l'industrie alimentaire n'existaient pas à cette époque, même si on pouvait certainement en sentir les prémisses.
        Deux extraits de l'enseignements peuvent nous mettre sur la voie :
    "Les règnes minéral, végétal et animal ne sont que son reflet, qu'ils émanent de son imperfection." (Le Couronnement de l'OEuvre Révélée, Cause, développement & perfectionnement de l'être, p.LXVIII)
    "Ces fluides que nous saisissons à travers la matière sont des lois qui nous dirigent à notre insu dans le milieu même où nous les avons puisés, soit dans les ténèbres ou ailleurs" (Le Développement de l'OEuvre Révélée, Les lois se réduisent toutes à l'unité, p.249)

        Ainsi se nourrir de son imperfection n'est rien d'autre que rester dans l'imperfection. Reconnaissant à l'animal une évolution plus avancée (puisqu'Adam se laissera duper par le serpent), et ne pouvant se nourrir du règne minéral, Louis Antoine préféra subvenir à ses besoins, sur les conseils de personnes avisés, au règne végétal uniquement.


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  • Bertrand Belin - Le colosse

    J'ai perdu contre le colosse
    Pas assez de masse, pas assez d'os
    Tout contre lui, j'ai plié
    Je t'ai perdu en sus

    Acculé que j'étais sous la marmulle
    Sous son poids, sous sa masse
    Sous le sirocco de son râle
    Résigné devant le mal

    Sous le sirocco de son râle
    Patient bien que las
    Je dévale une pente au bord de l'eau
    De rire l'écho, de cerise le goût

    J'ai perdu contre le colosse
    Pas d'arme, pas d'armée
    Pas de quoi étouffé sa démence
    Pas de goutte, ni de danse

    Suppliant que j'étais sur les rotules
    Sur la fin, dans l'impasse
    Sous le sirocco de son râle
    Résigné devant le mal

    Sous le sirocco de son râle
    Patient bien que las
    Je dévale une pente au bord de l'eau
    De rire l'écho, de cerise le goût

    Du sang pointe à mes lèvres
    On appelle mon nom, mais non
    Je reste jouer dehors
    Tes cheveux, c'est de l'or
    Ou alors j'avais cru

     


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  • année 1596 : « fait de se gouverner d'après ses propres lois ».

    Emprunt au grec αὐτονομία : « droit de se régir par ses propres lois, indépendance, autonomie (en parlant d'un État) » (Thucydide 3, 46 ds Bailly).


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  •     Éduquer, étymologiquement, c'est "conduire hors de", c'est donc rendre l'enfant autonome, le préparer à la liberté et, en premier lieu, à la libre disposition de lui-même. C'est éveiller son intelligence, développer son sens critique, assurer sa créativité, "tout en lui donnant ses propres limites pour qu'il se sente libre de penser, de sentir et de juger autrement que nous-mêmes, tout en nous aimant" (Françoise Dolto, Les Étapes majeures de l'enfance, Paris, Gallimard, Folio/essais, 1998, n°315, p.10). Il n'y pas antinomie entre la liberté et la règle mais celle-ci n'a de sens que dans le service qu'elle rend à celle-là, à savoir la sécurité de l'enfant. L'éducation, en résumé, n'a qu'une finalité : la liberté de "l'éduqué" ; l'éducateur n'a qu'un seul devoir : réveiller la richesse endormie de l'enfant, faire éclore ses capacités, lui permettre d'exprimer sa pensée propre.

    Michel Fize, A mort la famille !, Playdoyer pour l'enfant, p.143
    Editions érès, 2000


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  •     Au pied du figuier, un enfant : Entre dans mon corps !
        Dans le ventre de l'enfant, un ruisseau, les arbre des troupeaux, des femmes qui portaient de l'eau, un ville. La terre entière, l'humanité, l'océan...

        Le Mahâbhârata, Le voyage de Markandeya.


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