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  •     Je comprends comment. Je ne comprends pas pourquoi.
        Il se demanda, comme il l’avait fait plusieurs fois déjà, s’il n’était pas lui-même fou. Peut-être un fou n’était-il qu’une minorité réduite à l’unité. À une certaine époque, c’était un signe de folie que de croire aux révolutions de la terre autour du soleil. Aujourd’hui, la folie était de croire que le passé était immuable. Peut-être était-il le seul à avoir cette croyance. S’il était le seul, il était donc fou. Mais la pensée d’être fou ne le troublait pas beaucoup. L’horreur était qu’il se pouvait qu’il se trompât.
        Il prit le livre d’Histoire élémentaire et regarda le portrait de Big Brother qui en formait le frontispice. Les yeux hypnotiseurs le regardaient dans les yeux. C’était comme si une force énorme exerçait sa pression sur vous. Cela pénétrait votre crâne, frappait contre votre cerveau, vous effrayait jusqu’à vous faire renier vos croyances, vous persuadant presque de nier le témoignage de vos sens.
        Le Parti finirait par annoncer que deux et deux font cinq et il faudrait le croire. Il était inéluctable que, tôt ou tard, il fasse cette déclaration. La logique de sa position l’exigeait. Ce n’était pas seulement la validité de l’expérience, mais l’existence même d’une réalité extérieure qui était tacitement niée par sa philosophie. L’hérésie des hérésies était le sens commun. Et le terrible n’était pas que le Parti tuait ceux qui pensaient autrement, mais qu’il se pourrait qu’il eût raison.
        Après tout, comment pouvons-nous savoir que deux et deux font quatre ?
    que la gravitation exerce une force ? Ou que le passé est immuable ? Si le passé et le monde extérieur n’existent que dans l’esprit et si l’esprit est susceptible de recevoir des directives ? Alors quoi ?

    George Orwell - 1984
    Première Partie, Chapitre VII


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  •     Être est faire, penser, dire. Quoi ? L'amour. Être c'est donc aimer. Cela ne change pas. Et cependant reconnaître cela c'est consentir à changer.

    Claire Lejeune, Mémoire de Rien, La geste, Scories
    Editions Labor - Espace Nord, p.129


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  •     A-t-on le temps d'y voir très clair en soi quand l'existence vous emporte ? L'homme a eu à peine le temps d'un éclair de réflexion sur lui, son aventure terrestre, et déjà, il est mort.

    Maxence Van der Meersch, Masque de chair
    Albin Michel, Paris, 1958 (p.11)


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  • Triptyque fermé :
    volet gauche Ipse dixit et facta sunt,
    volet droit Ipse mandavit et creata sunt
    – Autrement dit :
    Lui parle, ceci est.
    Lui commande, ceci existe.


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  •     Une heure ! Ils affluent de tous les points de la ville et de la Cité. Riches d'aujourd'hui, riches de demain et aussi riches de la veille, qui s'évertuent et luttent contre la débâcle, millionnaires dont l'herbe a fait du foin qu'ils engrangent dans leurs bottes, ou encore millionnaires dont le foin a flambé comme un simple feu de paille !
        Va, cours, vole – parfois dans les deux sens du verbe – misérable suppôt de la Fortune ! La roue tourne, accroche-toi à ses rais, essaie d'en régler le mouvement ! Voyez-les se bousculer, se passer sur le corps, pour agripper la roue fatale, pour s'y cramponner avec l'opiniâtreté des rapaces ; aujourd'hui au-dessus, demain en dessous ! La roue tourne et tourne, et l'essieu grince et craque… Et ses craquements ont de sinistres échos : Krach !
        Depuis le matin, boursiers, boursicotiers, vont et viennent, se croisent dans les rues, affairés, fiévreux, sans s'arrêter, échangeant à peine un bonjour sec comme le tic-tac de leur chronomètre : Time is money ! Avant la soirée les meilleurs amis ne se reconnaissent plus. To buy or not to buy ? That is the question ! monologue le sordide Hamlet du commerce. Il n'envisage plus l'univers qu'au point de vue de l'offre et de la demande. Produire ou consommer : tout est là !

    Georges Eekhoud, La Nouvelle Carthage (1888)
    Deuxième Partie : Freddy Béjard, Chapitre IX : La Bourse


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  •     Qui voit la fleur, doit voir le soleil.

    Honoré de Balzac, La Messe de l'athée (1836)
    source : Wikipedia


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  •     L'anecdote suivante souligne le manque de notoriété, ou pour certains, le manque d'intérêt de la ville : des étudiants de l'université de Kiel ont commencé à soupçonner en 1994 que la ville de Bielefeld n'existait pas. En effet, elle ne faisait pas beaucoup parler d'elle et ils étaient persuadés que pour diverses raisons, une grande conspiration avait été organisée pour faire croire à l'existence de la ville, en particulier la création d'un site web factice de la municipalité, et le recrutement d'acteurs pour constituer une équipe de football...

    Liens externes
        * Le premier post à ce sujet dans un newsgroup Google (en allemand)
        * Un article détaillé sur le sujet (en anglais)
        * L'article wikipedia en anglais

        On prétend aussi sur internet que la Belgique n'existe pas... (cf. l'article en anglais : http://zapatopi.net/belgium/)


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  • Reflète tout à fait le non-sens, expression qui se dit en yiddish a nakhtiger tog (un jour nocturne).


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  • Marcel Moreau - Monstre

    Je me souviens d'immolations grossières

        "Ma sensibilité à l'état brut, aidés de noires énergies mystiques, moins promptes à parler de l'éternel qu'à éterniser le Verbe, c'est par elle que je fis œuvre inactuelle, en ce monde si français, du divorcé d'avec lui-même. Oeuvre rythmée de magies, de fascination, de transes, de remous biologiques aussi ardents que la foi des anciens, créatrice d'une seule idole en ses métamorphoses : l'écriture comme un défi aux idoles d'aujourd'hui, tout ce que vous aimez, gens sans âme, excréments du passé et déjà de l'avenir."

    source : http://membres.lycos.fr/arachnid/monstre.html


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  • Presque en toutes choses,
    les préceptes valent moins que l’expérience.

    Quintilien


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  •     Il se montre alors de plus près qu'autrefois, car suivant sa promesse il écrira sa loi dans notre coeur, et nous donnera sa crainte et son esprit au dedans de nous. Dès lors les signes, les images et les emblêmes disparurent ; la lumière qui commençait à lui, ayant fait voir leur peu d'efficacité à purifier la conscience, puisqu'ils ne pouvaient atteindre à l'intérieur du vase, et toutes cérémonies extérieures finirent en lui et par lui qui était la réalité même.

    William Penn, Histoire abrégée de l'origine et de la formation de la société dite des Quakers (1839), p.7
    source : Google Books


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  •     La première [lettre] me vient d’une femme qui, si j’en juge par les sentiments qu’elle exprime, est un grand coeur. Elle administre une des crèches municipales de Paris, « non par vanité, dit-elle, non pour voir mon nom imprimé dans les rapports et les journaux, non par désoeuvrement, comme tant d’autres, mais poussée par le très grand amour que j’ai pour les petits, et par les soucis de mes devoirs de solidarité humaine » – car elle croit à la solidarité humaine, cette rêveuse !... Dans la mission difficile qu’elle a acceptée, elle fait ce qu’elle peut, tout ce qu’elle peut, plus qu’elle ne peut. Et, bien que les ressources dont elle dispose soient très maigres, bien qu’elle se trouve, sans cesse, arrêtée par des règlements barbares autant qu’idiots, contre lesquels se brisent souvent son intelligence et son énergie, elle s’en tire à peu près... Grâce à des soins persistants, à une surveillance de toutes les minutes, à une ingéniosité, une initiative, qui savent quelquefois suppléer aux étranges lacunes du règlement, et tourner les obstacles administratifs, les petits s’élèvent, grandissent. On va peut-être les sauver... Eh bien, non !... Toute cette bonne volonté, tout ce mal, toute cette abnégation tout ce génie de la tendresse et de l’amour deviennent inutiles devant une épidémie de rougeole, par exemple. Et Paris voit revenir cette épidémie, périodiquement, dans le premier trimestre de chaque année. Or ce n’est pas de l’épidémie qu’ils meurent, les pauvres enfants, mais de quelque chose de bien plus mortel que les plus mortelles maladies du règlement !
        Chaque semaine, M. Bertillon, statisticien précis et illusoire, nous apprend le nombre des décès causés par le fièvre typhoïde, la tuberculose, la scarlatine, la diphtérie, la rougeole, la variole etc. De l’administration qui dépeuple et du règlement qui tue, il ne nous dit jamais un mot... Et pourtant, il n’est pas de choléra, de peste, de fièvre infectieuse, qui fassent autant de victimes, surtout parmi les tout jeunes. Aussitôt que l’épidémie de rougeole, avec une régularité en quelque sorte mathématique, se produit à Paris, ordre est donné de fermer les crèches, soi-disant pour préserver les enfants d’une contagion immédiate. Les mères sont invitées à aller chercher leurs enfants et à les conduire à l’hôpital. Car la société est admirable : elle a de tout, des crèches, des asiles, des hôpitaux... Mais, à l’hôpital, le nombre de lits est toujours insuffisant, et puis un enfant, guéri d’une maladie, risque d’en attraper une autre. Au bout de huit à dix jours, vite, on le renvoie, alors que trois semaines de soins attentifs et de surveillance sévère seraient indispensable pour assurer une guérison complète, et surtout pour éviter les rechutes, qui sont presque toujours mortelles... On le renvoie donc. Où peut-il aller ? La crèche est fermée. Force est bien à la mère de ramener le petit de l’hôpital chez elle... Et comme elle doit travailler pour vivre – car le plus souvent le père manque, ou il boit – elle donne son enfant en garde, soit à la concierge, soit à une voisine; ou bien elle le laisse aux soins capricieux d’un enfant plus âgé. Alors le pauvre petit être, mal couvert, mal nourri, exposé aux courants d’air d’une chambre mal close et sans feu, succombe en quelques jours aux inévitables atteintes de la pneumonie. C’est ainsi qu’en 1899, sur trente-deux enfants, cette crèche dont je parle et qui, par exception, est une crèche admirablement tenue, n’en a vu revenir que quinze à la réouverture. Dix-sept étaient morts !...

     

    Extrait d’un article d’Octave Mirbeau,
    dans Le Journal, du 2 décembre 1900
    (source : www.scribd.com)


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  •     Je pense, donc je suis. Toutes les autres choses que la pensée, tout le reste de l'univers, existent sans moi et je ne puis savoir si leur existence est réalité, illusion ou rêve. Mais je sais qu'une chose est certaine parce que je lui donne moi-même une existence certaine : ma pensée.

    Rudolf Steiner, La Philosophie de la liberté, 1918 (p.48-49)
    source : Gallica


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  • source : wikipedia


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  • de Stéphane Goldman
    une chanson écrire
    sur la seule partie de l'homme
    soluble dans l'alcool :
    La Conscience


    Dans une pièce, sur une table, attendait
    Une bouteille, une bouteille
    Dans une pièce, sur une table, attendait
    Une bouteille pleine de beaujolais

    Un homme entra, que l'alcool séduisait
    Et sa langue, et sa langue
    Un homme entra, que l'alcool séduisait
    Et sa langue sur le côté pendait

    Pendé penda pendi pendi pendé
    Sa conscience, sa conscience
    Pendé penda pendi pendi pendé
    Sa conscience alors lui a parlé

    "Soit plus fort que la tentation"
    Lui dit-elle, lui dit-elle
    "Soit plus fort que la tentation
    "Vas boire de l'eau, crois-moi c'est aussi beau"

    Hallelujah, car le vice a perdu
    Et notre homme, et notre homme
    Hallelujah, car le vice a perdu
    Et notre homme, pour ce coup, n'a pas bu

    En titubant, à son tour, disparaît,
    La conscience, la conscience
    En titubant, à son tour, disparaît,
    La conscience pleine de beaujolais

    Dans la pièce, sur la table, n'attend plus
    La bouteille, la bouteille,
    Dans la pièce, sur la table, n'attend plus
    La bouteille que la conscience a bu.


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