•     La liberté ne se demande pas, Madame, elle se prend... Il n'y faut que de l'audace et de la solidarité. Or, ce sont justement les deux qualités qui vous manquent le plus. Vous n'osez pas oser. Vous avez peur, peur de ne pas pouvoir, peur d'être empêcher, peur d'échouer, peur d'être punie, peur de manquer, peur d'être seule, peur d'être ridicule, peur du qu'en-dira-t-on, peur de tout.

    Françoise Parturier, Lettre ouverte aux femmes,
    in Benoîte Groult, Ainsi soit-elle (p.68)
    Le Livre de Poche, Paris, 1975


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  • La mer n'existe pas
    Parfois nous la rêvons
    Mais elle n'existe pas
    Ce n'est qu'une intuition

    La mer n'existe pas
    Parfois nous la croyons
    Mais elle n'existe pas
    Ce n'est qu'une illusion

    La mer n'existe pas
    Elle va sur nos croyances
    De l'aube jusqu'à l'errance
    Comme un vaisseau sans mât

    La mer n'est plus ici
    La mer n'est plus là-bas
    On dit qu'elle est partie
    Mais elle n'existait pas

    Elle mène les pas du voyageur
    Entre ici et ailleurs
    Entre ciel et là-bas
    Mais elle n'existe pas

    La mer n'existe pas
    Parfois nous la rêvons
    Mais elle n'existe pas
    Ce n'est qu'une intuition

    La mer n'existe pas
    Parfois elle nous attire
    Dans cette certitude
    Qu'elle mène comme elle respire

    La mer n'existe pas


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  • Regardez cette image et demandez-vous ce que vous y voyez. Selon la théorie de Robert Laws, missionnaire au Malawi au XIXe siècle, notre culture et notre environnement influencent ce que nous voyons. En d’autres termes, ce qu’on voit dans l’image ci-dessus dépend de là où on vit.

    Qu’y a-t-il au dessus de la tête de la femme? Quand des chercheurs ont posé cette question à des personnes d’Afrique orientale, la plupart ont répondu qu’elle portait une boite (ou une boite de conserve) sur sa tête. Pareil quand ils ont demandé où se passe la scène. Dans une culture avec peu d’angles, on perçoit la famille comme étant assise sous un arbre. Et nous occidentaux, habitués à nos cages à lapins, on avait vu la scène se passant dans une pièce avec une fenêtre donnant sur l’extérieur…

    Merci eyes-and-vision.com

    source : http://www.lilela.net/tagegories/illusion/


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  •     Il faut enfin guérir d'être femme. Non pas d'être née femme, mais d'avoir été élevée femme dans un univers d'hommes, d'avoir vécu chaque étape et chaque acte de notre vie avec les yeux des hommes, selon les critères des hommes. Et ce n'est pas en continuant à lire les livres des hommes, à écouter ce qu'ils disent en notre nom ou pour notre bien depuis tant de siècles que nous pourrons guérir.

    Benoîte Groult, Ainsi soit-elle (p.34)
    Le Livre de Poche, Paris, 1975


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  •     Personne ne peut fuir son coeur. C'est pourquoi il vaut mieux écouter ce qu'il dit.

    Paulo Coelho, L'Alchimiste, p.152
    Le Livre de Poche, Paris, 2001


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  • Illustration sonore : Nina Simone - I Loves You Porgy (Rare Live Footage) 1960


        La personne dans la langue
    "Je" et le reste - Rapports entre les personnes/
    a) Thèse de la "non-personne". - Dans les grammaires classiques, on regroupe au sein de paradigmes les unités qui, en chaque langue, signifient "je", "tu" et "il" ; "il" est même donné d'abord comme 1er personne, par les anciens grammairiens hébreux et indiens. Le Grec Denys de Thrace (IIe-Ier siècles avant J.-C.) ne fait que renverser l'ordre en parlant des "trois personnes, la 1er, dont part le discours, la 2e, à qui il s'adresse et la 3e, sur qui il est tenu" (Teknê, 13). Cette tradition a été critiquée dans divers travaux et surtout dans un article qui cite des langues où la troisième personne, l'"absent" des grammairiens arabes, est soit zéro, soit marquée par des formes hétéroclites ; il pose deux personne "il", et une subjectivité : "je" / "tu"; Divers fits confirment cette thèse :
     - relation d'inversion (sauf substitution ludique) entre "je", désignation du locuteur par lui-même, et "tu", nom qu'il donne à l'auditeur, qui à son tour se désigne par "je" et lui répond par "tu" ; mais "il" ne peut être appelé "je", sauf à citer son discours, et il peut référer à n'importe quoi (cas extrême, "ils" en sierra popoluka (Mexique) a la marque du pluriel inanimé, même pour des humains) ;
     - usage de la 3e, dans les langues à affixes personnels, quand il n'y a pas de rticipant 'structure justement dite impersonnelle).
     - la 3e n'a de forme propre que dans 24% des langues (ex. germaniques, slaves) ; dans 76% il s'agit en fait de classificateurs, d'anaphoriques (ex. latin, langues altaïques) ou d'ostenseurs (ex. stade roman des langues néo-latines, ou aléoute (I. de la mer de Béring), qui possède plus de vingt termes selon la position vis-à-vis d'ego) ;
     - fréquente divergences, dans des langues apparentes qui ont pour "je" des mots de même racine ainsi que pour "tu", entre les divers équivalents de "il" ;
     - "tu" est souvent utilisé pour un ensemble vague, c'est-à-dire au sens de l'indifini "on", lequel est attesté, à côté de "il", dans 12% des langues (ex. tuburi (Tchad), guiliak (Sibérie orient.), français, ù l'on trouve en outre un réducteur de personnalité, le 'ça' de 'ça pense trop'). Ainsi, l'emploi de "je" semblerait lié au seul locuteur, et la diversité des "il" dans nombre de langues s'expliquerait par le fait que contrairement aux participants du dialogue, dont les noms de discours sont "je" et "tu", un tiers a bien des désignations possibles.
    b) "Je", "tu" et "il". - i) La notion de personne. - Il existe cependant des langues où les noms de discours ne suffisent pas : "je" et/ou "tu" distinguent formellement un masculin et un féminin en sémitique, khasi (Inde), thaï, koasati (Louisiane), biloxi (langue sioux éteinte où même l'âge était marqué aux deux premières personnes), certaines langues d'Australie. D'autre part, bien qu'il existe universellement des personnels ou expressions équivalentes, les coutumes restreignent souvent l'usage direct des 1er et 2e personnes : en Asie orientale, beaucoup de langues les ont tirées de noms supposant une hiérarchie (ex. "prince", "seigneur", "oncle" -> "tu" ; "serviteur" -> "je"), et leur préfèrent généralement, dans le dialogue, d'autres procédés, comme en japonais l'intonation, les formes verbales de politesse 'impliquant "tu") ou le choix même du verbe de modestie (impliquant "je"), tous procédés qui rendent ego omniprésent alors même qu'il n'y dit pas couramment "je". Au surplus, "je" et "tu" peuvent eux-mêmes, en français par exemple, renvoyer à des absents (ex. dialogue épistolaire), ou, à l'inverse, ne pas désigner des interlocuteurs (ex. 'je' didactique dans 'si je dis "non", 'je nie' ou 'je' littéraire, non adressé à un 'tu' précis (de là peut-être l'étrangeté du 'vous' par lequel, tout au long de son roman 'La Modification', l'écrivain Michel Butor apostrophe le lecteur comme acteur), etc.), ou être remplacés par autre chose : formules d'occultations comme 'on, l'auteur de ces lignes', etc., 'nous' de majesté ou 'exposé savant, au sens de "je", ou 'nous' familier (ex. 'comment allons-nous'), au sens de "tu". Enfin, il existe des emplois de "tu" ou "il" valant "je" (ex. russe parlé), et, dans certaines langues des "il" de politesse valant "tu". En appelant donc "non-personne", la 3e, on semble suggérer tout ensemble, à tort, que son référent est absent et qu'il 'est pas une personne. Tout cela montre, en fait, que "personne" est un terme ambigu, morphosyntaxique dans une acception, sémantico-référentiel dans l'autre. Or de ces deux points de vue, la 3e est bien intégrée : d'une part les personnels se comportent, tous trois au même titre, comme des noms pour l'accord) ; d'autre part, "personne" signifie aussi soit "individu bien attesté", soit "être humain ou non-chose", et en ce sens encore, "il", bien que seul à être, en même temps que 'pronom' ou indice, un 'substitut', car seul il peut, comme certains ostenseurs, 'tenir lieu' d'un nom, s'intègre bien, en tant que "ni je ni tu", à une structure qu'il y ait ou non une forme propre de 3e personne. Le locuteur peut même objectiver son discours : ex. anglais familier 'I says', où "je" est accordé à la 3e personne (-s) pour ponctuer une autocitation.

    Claude Hagège, La Structure des langues, p.95-98
    Que sais-je ? n°2006, Paris, 1995


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  •     - Oui, oui, tout s'efface, en effet ! reprit-il ; - même les reflets sur le collodion, même les pointillés sur les feuilles d'étain. Vanité des vanités ! tout est, bien décidément, vanité. Ce serait à se briser l'objectif, à se faire sauter le phonographe, à se demander - les yeux aux voûtes (purement apparentes, d'ailleurs, du ciel), - si la location de ce pan de l'Univers nous est gratuite et qui en solde le luminaire ? - qui, en un mot, nous avance les frais de cette Salle si peu solide où se joue le vieux logogriphe - et, enfin, d'où l'on s'est procuré tout ces lourds décors de Temps et d'Espace, si usés, si rapiécés, auxquels personne ne croit plus.

    Auguste Villiers de l'Isle-Adam, L'Eve future (1886)
    Livre I, Chapitre IX
    source : http://www.gutenberg.org/files/26681/26681-h/26681-h.htm


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  •     Cette lucidité tardive, comment m'est-elle venue ? Je ne sais. Comment l'ai-je méritée ? Comment en donner aux autres la formule, l'indispensable formule, inaccessible et refusée à tant d'êtres qui vivront et mourront aveugle sur eux-mêmes ? Je ne sais. Il me semble que c'est à force d'humiliation et, surtout, d'humilité. Le jour où j'ai reconnu et surtout accepté mon impuissance, peut-être ? Oui. Il me semble. Le jour où j'ai compris que je ne pouvais plus rien contre moi-même, mais que cela ne me dispensait pas de la lutte, ce jour-là j'ai senti que j'avais fait un grand pas dans la connaissance de mon propre coeur. Il a fallu abdiquer, renoncer à toute espérance et tout orgueil. Alors j'ai vu clair en moi, j'ai cessé de me mentir.

    Maxence Van der Meersch, Masque de chair
    Albin Michel, Paris, 1958 (p.22)


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  •     Que si, contemplant l'Être infini, nous essayons de découvrir ses propriétés nécessaires, nous trouvons que l'idée de l'Être renferme premièrement celle de force ou de puissance : car, pour être, il faut pouvoir être, et l'existence implique la notion d'une énergie par laquelle elle est perpétuellement réalisée.

    Lamennais, Esquisse d'une philosophie t.1. p.48


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  •     Il pensa avec une sorte d'étonnement à l'inutilité biologique de la souffrance et de la frayeur, à la perfidie du corps humain qui toujours se fige et devient inerte à l'instant précis où un effort spécial est nécessaire. Il aurait pu réduire au silence la fille aux cheveux noirs si seulement il avait agi assez vite. Mais c'était précisément l'imminence du danger qui lui avait fait perdre le pouvoir d'agir. Il pensa qu'aux moments de crise, ce n'est pas contre un ennemi extérieur qu'on lutte, mais toujours contre son propre corps.

    George Orwell, 1984
    Première Partie, Chapitre VIII


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  •     Une fois, c'est un Hitler, une autre fois un Ivan le Terrible, par exemple, une fois, c'est la résignation, une autre fois, les guerres, la peste, les tremblements de terre, la famine. Les instruments de la souffrance importent peu, ce qui compte, c'est la façon de porter, de supporter, d'assumer une souffrance consubstantielle à la vie et de conserver intact à travers les épreuves un morceau de son âme.

    Etty Hillesum, Une vie bouleversée,
    Traduit du néérlandais par Philippe Noble,
    Edition du Seuil, 1985. p. 155
    source : http://users.swing.be/paul-malvaux/hillesum.html


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  •     D'ailleurs, qu'avons-nous besoin de nous créer des mirages de mondes illusoires ? En avons-nous envie ?... Nous allons les chercher et nous les découvrons en réalité, — témoins les deux Amériques, l'Australie et les centaines de mondes de l'Océanie.

    Auguste Villiers de l'Isle-Adam, Isis
    Chapitre VII - La bibliothèque inconnue


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  •     I try, and I try, but I can't get satisfied.


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