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  • La matière ordinaire qui nous entoure est formée de baryons et constitue la matière baryonique.
    Le terme « matière baryonique » désigne la matière composée principalement de baryons (en pourcentage de la masse totale). Cela inclut les atomes et donc à peu près la totalité de la matière ordinaire.
    source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Baryon#Mati.C3.A8re_baryonique


    Dans ce modèle, les électrons ne sont plus des billes localisées en orbite, mais des nuages de probabilité de présence. Ce point de vue, révolutionnaire, peut choquer en première approche. Cependant la représentation que l'on pouvait se faire d'un électron — une petite bille ? — était dictée par les formes observées dans le monde macroscopique, transposées sans preuves dans le monde microscopique. Il faut bien se pénétrer du fait que ce que l'on connaît de l'électron ne repose que sur des manifestations indirectes : courant électrique, tube cathodique (télévision)…
    Depuis les années 1930, on modélise ainsi l'électron par une « fonction d'onde » dont le carré de la « norme représente la densité de probabilité de présence ». Pour représenter fidèlement les propriétés de l'électron, on ne dispose que des fonctions mathématiques compliquées. Cette abstraction rebute encore bien des physiciens. Nous allons essayer de donner une image de cette notion de fonction d'onde, image nécessairement imparfaite.
    source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Atome#Sur_Terre


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  •     Je regardai le alambics, les fioles, les machines immobiles. J'appliquai ma main contre une plaque de verre ; elle était là, tranquille sous mes doigts, un morceau de verre pareil à tous ceux que j'avais vus et touchés pendant cinq cents ans, tous les objets autour de moi étaient silencieux, inerte, comme ils l'avaient toujours été ; et cependant il suffisait de frotter ce morceau de matière pour faire effleurer à sa surface des forces inconnues ; sous cette calme apparence, des puissances obscures se déchaînaient ; au fond de l'air que je respirais, de la terre que je foulais, un mystère palpitait ; tout un monde invisible, plus neuf, plus imprévu que les images de mes rêves se cachait derrière le vieil univers dont j'étais las. Entre ces quatre murs qui m'enfermaient, je me sentais plus libre que dans les rues sans aventure, que dans les plaines infinies de l'Amérique. Un jour, ces formes, ces couleurs usées qui m'emprisonnaient allaient éclater, un jour je crèverais ce ciel immuable où se reflétaient immuablement les saisons ; un jour je contemplerais l'envers de ce décor illusoire qui leurrait les yeux humains. Je ne pouvais pas même imaginer ce que je verrais alors : il me suffisait de savoir que ce serait autre chose ; peut-être cela ne se laisserait saisir ni par les yeux, ni par les oreilles, ni par les mains ; peut-être pourrais-je alors oublier que j'avais à jamais ces yeux, ces oreilles, ces mains ; peut-être enfin deviendrais-je pour moi-même un autre.

    Simone de Beauvoir, Tous les hommes sont mortels
    Folio n°533, Paris, 1992 (p.377-78)


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  • En 1964, Robert Ettinger publie son livre L’homme est-il immortel ?.

    Ce livre contient quatorze expériences de pensée sur le thème de l’identité. Sa préoccupation est de cerner quelles sont les transformations d’un individu qui nous paraissent acceptables (cryogénisation comprise) pour considérer qu’il est toujours lui-même. La question se pose avec une acuité plus grande encore si on crée (expérience de pensée) une copie à distance d’un individu : peut-on alors sans problème de conscience détruire l’original et considérer que l’individu a simplement été téléporté ?

    Les idées d'Ettinger ont donné naissance à des sociétés assurant la conservation d'organismes - parfois de simples cerveaux - humains par la cryogénie. Un article de 1986 des professeurs Goldanskii et Vitalii, laisse craindre toutefois que même à la température de l'azote liquide des réactions chimiques par effet tunnel continuent à se produire au fil des mois, endommageant de plus en plus les organismes concernés.

    source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Immortalit%C3%A9


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  • Le prix Nobel de médecine 1912 Alexis Carrel réussit à maintenir vivant in vitro un cœur de poulet pendant une durée dont les estimations varient, selon les sources, de 28 ans à 37 ans. Or la durée de vie typique d'une poule est de 5 ans. Cette expérience a amené à se demander si la longévité d'un organisme n'était vraiment limitée que par celle de ses composants ou s'il fallait rechercher une autre cause, interne, au processus de mortalité.

    source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Immortalit%C3%A9


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  •     Assurée de se savoir inconditionnellement aimée par la Mère-nature, légitimée par la Vie elle-même, la différence du Fils en quête de sa langue à soi, se souciera, comme d'une guigne, de la caution, de la bénédiction et du pardon de Dieu le Père. Désormais inutile, Dieu mourra de sa belle mort. Refermée, la parenthèse patriarcale où l'humain s'initie à la connaissance du lien transfini qu'il incarne entre le fini et l'infini, s'enfouira dans sa mémoire, à la juste place qui lui revient.
        Déplacement catastrophique de Dieu dans la mentalité. De Créateur de la nature, il est devenu sa créature. Fin devenue le grand moyen. Au lieu d'être l'Impensable penseur du commencement et de la fin des temps, l'UN transcendantal se retrouve Objet d'expérience intérieure, Objet de connaissance, Objet pensé dans sa duplicité: à la fois bénéfique et maléfique, lieu commun du bien et du mal; advenu en ce lieu précis de la mémoire où s'ouvre la faille entre l'orient et l'occident, à l'instant même de notre chute dans la béance historique. Dieu très exactement cerné, repéré par la pensée à la charnière sanglante de la nature et de la culture, sur les lieux du meurtre de la Mère et de l'Enfant solaires, meurtre qui fonde en même temps la civilisation du Livre et la fatalité de la guerre. Localisé dans l'espace et dans le temps, Dieu perd le mystère qui perpétuait son règne et celui de l'Histoire. Par sa destitution, l'utopique communauté des enfants du soleil devient imaginable et réalisable.

    Claire Lejeune, Des mots pour franchir l'abîme entre dire et sentir
    source : Balises, Archives & Musée de la littérature asbl


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  • Depuis la fin des années 60, les installations de James Turrell, appelées aussi « environnements perceptuels », sont réalisées à partir d'un seul matériau : la lumière, naturelle ou artificielle. Mis à part les dessins et les plans qui accompagnent ses œuvres de plus grande envergure, sa production ne comporte ainsi aucun objet en tant que tel.

    Ses interventions, ses installations « en chambre » ou à ciel ouvert, procèdent toutes d’une quête artistique qui déstabilise nos relations au réel.

    En manipulant la lumière, James Turrell sollicite les sens, il se joue de la perception du spectateur, il la bouscule, la trompe... Entre ses mains la lumière prend une extraordinaire matérialité. création d'espaces fictifs... troublant puis fascinant...

    source : wikipedia


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  •     En mon âme et conscience, Sur mon âme, Forme de serment, d'affirmation, Sur mon honneur, sur ma vie. On dit de même: Jurer, affirmer, décider en son âme et conscience.

    En néerlandais : naar eer en geweten
    En allemand : auf Ehre und Gewissen
    En anglais : in her/his soul and conscience


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  •     Les seuls mots qui font acte, qui opèrent sur le corps de la mémoire ; les mots qui guérissent le mal par leur connaissance intime du mal, sont ceux qui parlent sa langue, ceux qui disent les fleurs et les fruits vénéneux du mal, non pas tel qu'on en parle à tort et à travers, mais tel qu'il se sent et se ressent. Tel qu'il s'éprouve. Tel qu'il s'épouse. Tel qu'il s'incarne : Je suis le mal que j'ai. Je suis l'âme du mal que j'ai. Il s'écrie par ma bouche. S'écrit par ma main.
    [...]
        Où trouverions-nous les mots qui disent la vérité du mal, si ce n'est dans l'expérience que nous faisons des tourments à la fois charnels et psychiques de l'enfer ? Et comment saurions-nous ce qu'est l'enfer si nous n'avions pas connu le paradis? Si nous n'avions jamais goûté au fruit défendu ?

    Claire Lejeune, Des mots pour franchir l'abîme entre dire et sentir
    source : Balises, Archives & Musée de la littérature asbl


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  •     Notre hôte improvisé habitait un simple lieu-dit ; sa demeure avait l'aspect d'une cave voûté, derrière une espèce de treille où pendait un bidon d'essence troué qui servait aux ablutions rituelles, et aussi à la toilette des mécréants. Il n'y  avait rien à manger, que des oeufs et un peu de fromage rance, rien à boire qu'une eau-de-vie fort âpre et un café délicieux. Les murs étaient curieusement ornés de vieilles affiches grecques, italiennes, françaises même, dont seule l'enluminure comptait ; et parmi elles s'étalait un étonnant placard donnant l'horaire d'autocars américains dans je ne sais quel Etat de l'Ouest. Quelque démarcheur de Chevrolet avait dû l'apposer là en souvenir de son passage.
        On pouvait, à la rigueur, coucher sur la terre battue ou sur un grabat de peaux de bique ; mais dès trois heures du matin le patron, devenu muezzin, montait sur son balcon de bois branlant et criait la vérité d'Allah au bétail qui paissait dans les prairie voisines. Les deux soldats, en piteuses tuniques réformées de l'armée italienne, se levaient à ce signal et saluaient Dieu avec le jour. Je songeais au Père de Foucault, seul dans son coin d'Afrique, qui tenait à sonner la cloche six fois par jour pour des fidèles absents. Je songeais à la mission de Sabatier, dans les marais du Bahr-el-Ghazal, où l'on obligeait un clairon sénégalais à toutes les sonneries de la caserne française Je songeais à ces ingénieurs norvégiens du Spitzberg qui passent un smoking le dimanche soir pour dîner dans leur baraque sous la neige. Il n'est rien de plus beau que ces observances héroïques.

    ANDRÉ THÉRIVE, Visite aux Musulmans d'Europe
    La Revue de Paris 15 décembre 1937, p.892-93
    source : gallica


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  •     On m'a montré à Tiranë une villa fort banale, encadrée de figuiers. C'est, paraît-il, celle d'un M. Bétiseg, bourgeois des plus honorables, qui s'est donné la mort, ce printemps, parce qu'un décret du Roi interdisait aux femmes le port du voile. Il aurait pu supporter une jalousie de mari, mais non pas un scandale de croyant... Non loin du lieu où j'avais repassé la frontière serbe, se trouvait le village où un gendarme, un petit soldat gris-vert, analogue à mon convoyeur, eut mission naguère de faire dévoiler les dames sur la place, en exécution des règlements nouveaux. Un fermier du lieu assassina le gendarme, et cela fit une petite émeute dans la contrée.

    ANDRÉ THÉRIVE, Visite aux Musulmans d'Europe
    La Revue de Paris 15 décembre 1937, p.894
    source : gallica


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    Destruction de l'église de La Bassée.Charlet/AFP

    Destruction de l'église de La Bassée.
    Charlet/AFP

    Pas moins de 2.800 des 15.000 églises rurales sont en péril selon un rapport rédigé par le Sénat.

    De moins en moins fréquentées, les églises coûtent cher à entretenir et les maires s'interrogent. Faut-il les préserver ou doit-on les démolir ? Pas de doute, de gros nuages noirs surplombent désormais les petits clochers ruraux. Comme si le tabou de leur destruction commençait à se lever. Béatrice de Andia, à la tête du nouvel Observatoire du patrimoine religieux, affirme que, sur la base d'un rapport du Sénat, « 2 800 des 15 000 églises rurales protégées » seraient « en situation de péril ». « Ce qui laisse augurer, explique cette ancienne responsable de l'action artistique de la Ville de Paris, que les bâtiments non classés, qui ne sont pas une priorité pour l'État, ont un sombre avenir devant eux. » Christian Prunier, créateur en 2003 du site clochers.org, destiné aux gé­néalogistes, reconnaît, lui, que « pour se débarrasser d'un bâtiment, il suffit de le laisser pourrir 20 ans, de l'entourer ensuite de bandes rouges pour signifier son danger puis de faire établir un arrêté de péril. La démolition n'est alors plus une honte. Elle est conseillée ». Les Français sont pourtant « viscéralement attachés » à leurs églises, dit Alain Guinberteau, créateur de 40000clochers.com, qui a lancé un concours photos couronnant le meilleur chasseur de clochers.

     

    Dans la région historique des guerres de Vendée, où les chapelles ont fleuri au XIXe siècle, de plus en plus d'édiles ont franchi le pas et commencent à détruire leur clocher faute de moyens pour les entretenir.

     

    DE L'HERBE folle a poussé entre les tas de pierres, de vieux carrelages et d'ardoises brisées. Un angle de mur est encore vaguement debout et des tiges de fer rouillées pointent vers le ciel. En cet endroit désolé, il y a moins d'un an, se dressait encore une église dominant toute cette région, théâtre des guerres de Vendée. Bâtie en 1870 sur un point culminant du Maine-et-Loire, à 200 mètres d'altitude, l'église paroissiale du village de Saint-Georges-des-Gardes a été démolie en août dernier. « Déconstruite », précise le maire, Gabriel Lahaye, qui, sans être un adepte du philosophe Jacques Derrida, a choisi ce terme pour son image moins violente, « plus respectueuse ».

     

    La commune de 1 500 habitants possède une autre église et, ne pouvait pas supporter les charges d'une réhabilitation : bien au-delà du million d'euros. Les églises construites avant 1905 sont, en effet, à la charge des collectivités locales. « On m'a­vait dit : tu le regretteras ! Mais il n'y a rien à regretter », assure Gabriel Lahaye. Un habitant, Gérald Eloire, a bien tenté de s'opposer à la démolition avec une lettre ouverte au maire, la création d'une association, la mobilisation des médias. En vain. Cet athée convaincu, qui avait choisi de s'installer dans ce village justement pour le charme de son église, n'a entraîné qu'une poignée d'habitants derrière lui. Et récolté beaucoup d'hostilité.

     

    Le maire, qui va faire construire un petit oratoire de style contemporain sur le site de l'ancienne église, assure que « d'au­tres communes s'apprêtent à franchir ce pas ». La région est en effet pleine d'églises construites au XIXe siècle pour accueillir une population très pratiquante et en pleine croissance, en « réparation » aussi de la Révolution, quitte alors à détruire des églises trop petites ou trop abîmées qui avaient pourtant, elles, une réelle valeur architecturale. À 18 km de cette colline des Gardes, en effet, Bernard Briodeau, maire « plutôt centriste » de Valanjou, affirme avoir tourné les plans, les expertises, les aides régionales ou départementales et les comptes communaux dans tous les sens avant de se rendre à l'évidence : l'église Saint-Martin de son village est aussi vouée à la disparition. À terme, il espère ne conserver qu'une tour défensive du XVe siècle contre laquelle avait été édifié le bâtiment au XIXe.

     

    « Acte sacrilège »

     

    Pour l'instant, la démolition ne concerne que le clocher et la chambre des cloches. Comme à Saint-Georges-des-Gardes, le clergé, affectataire des lieux, n'a pas bronché. La messe est célébrée dans une autre église de cette petite commune blottie dans les chemins creux et qui ne compte pas moins d'une cinquantaine de chapelles, oratoires ou calvaires. « La pratique a nettement chuté ces dix dernières années, souligne le maire, et les catholiques pratiquants acceptent la décision. Ils savent leur foi plus forte que des vieilles pierres sans valeur. La priorité de l'Église, aujourd'hui, ce sont les pierres vivantes ! » En revanche, Bernard Briodeau a reçu des lettres de personnes parfois extérieures à la commune, anonymes ou non, lui promettant « le feu de l'enfer » s'il commettait « cet acte sacrilège ». « Je sais, admet-il, que dans cette région, on ne touche pas à une église, même si la messe est un lointain souvenir. C'est historique et viscéral. Mais que puis-je faire ? »

     

    Maire de Gesté, à 45 km de là, Michel Baron dit lui aussi avoir cherché d'autres solutions. D'au­tant que l'église, très vaste, dont le conseil municipal vient de voter la démolition, est la seule de la commune de 2 500 habitants. La messe y est encore célébrée. À la place, le maire promet de construire « une salle de 500 places, susceptible d'être divisée en deux, moderne, facile à chauffer, attirante pour les jeunes... » Le curé de la paroisse, Pierre Pouplart, reste sur la réserve. « Ce sont les affaires de la commune, esquisse-t-il, je comprends qu'elle s'interroge sur le coût de l'entretien. » Responsable de l'art sacré pour ce diocèse d'Angers, le père André Boudier observe : « Les églises de qualité doivent être sauvegardées. Pour les autres, il faudra accepter de les détruire et de construire à la place des édifices mieux adaptés aux besoins d'aujourd'hui... »

     

     


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  •     Marcel Thiry (Charleroi, le 13 mars 1897 - Vaux-sous-Chèvremont, le 5 septembre 1977) est un écrivain belge d'expression française et un militant wallon.

        Le vers célèbre Toi qui pâlis au nom de Vancouver donne le titre de son plus célèbre recueil de poèmes. On lui doit également La Mer de la Tranquillité (1938) et Nondum jam non (1966).

        Ici réunis, sous le titre Nouvelles du grand possible (1960), ce sont des sept récits oscillant entre fantastique et science-fiction.

        Dans la collection Espace Nord des Editions Labor, la préface est de Robert Vivier (1960), l'auteur de Délivrez-nous du mal, mais aussi de poèmes, comme Marcel Thiry. L'auteur, que chaque Antoiniste connaît bien, analyse l'oeuvre en prose de son compatriote de cette façon : "interrogation des objets et des êtres dans leur particularité la plus fine, allusions aux affaires, à la technique, et cette cueillette avide du concret, et cette auscultation passionnée et inquiète de l'histoire humaine en train de vivre." [...] "Un autre thème thiryen vient ici sensibiliser le problème du temps et de l'espace et le faire éclater en pathétique."

        Dans son analyse, Pascal Durand, alors assistant à l'Université de liège (en 1989) finit par ses mots : "Tour de force, chaque fois tenté et remporté par Thiry : dire la comédie du monde en rendant sensible sa charge de tragédie ; dire la dérive de l'instant et l'irréversible fatalité de la mort en conservant cette distance ironique qui rend acceptable le message et cependant en accuse l'urgence. Peut-être est-ce là, dans ce contrepoint incessant du dérisoire et du tragique, que gît en définitive toute la saveur des Nouvelles du Grand possible".
        Marcel Thiry finit ce corpus par la nouvelle La pièce dans la pièce, où, dit Robert Vivier, c'est "ni un vivant ni un mort, mais la vie de bonheur amoureux que fut ce mort" qui raconte l'histoire. "Pièce gigogne qui, de la réalité truquée qu'elle figure, retient à la fois la dimension duelle, en se disposant comme un emboîtement multiple de scènes, et le caractère duplice, en tant qu'elle est ruse du mari trompé, stratagème mis au point afin de contraindre le coule adultérin à se trahir. [...] Mise en abyme s'auto-désignant, La Pièce dans la pièce établit ainsi la clôture du recueil en un point où celui-ci fait retour sur lui-même, et abandonne le lecteur, clés en main, aux portes du vertige."

        Il ne vous reste plus qu'à lire ces nouvelles qui vous convaincront que : "nous ne devons pas ignorer que le temps et la distance n'existent que matériellement, tout ce qui est réel, est éternel, c'est-à-dire que le passé et l'avenir sont le présent. Rien ne tient de place dans l'univers ; l'amour n'y diminue pas, la vie qui en est la conséquence, pas davantage, rien ne s'agrandit ni ne s'amoindrit." (Le Développement de l'OEuvre Révélée, Nous sommes tous des Dieux, p.93).


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  • CHANSON DE FOU

    Celui qui n'a rien dit
    Est mort, le coeur muet,
    lorsque la nuit
    Sonnait
    Ses douze coups
    Au coeur des minuits fous.

    — Serrez-le vite en un linceul de paille.
    Les poings noués, et qu'il s'en aille.

    Celui qui n'a rien dit
    M'a pris mon âme et mon esprit.

    Il a sculpté mon crâne
    En navet creux, dont les chandelles
    Sont mes prunelles.

    — Nouez-le donc, nouez le mort,
    Rageusement, en son linceul de paille.

    Celui qui n'a rien dit
    Dormait, sous le rameau bénit,
    Avec sa femme, en un grand lit,
    Quand j'ai tapé comme une bête
    Avec une pierre, contre sa tête.

    Derrière le mur de son front
    Battait mon cerveau noir,
    Matin et soir, je l'entendais
    Et le voyais qui m'invoquait
    D'un rythme lourd comme un hoquet ;
    Il se plaignait de tant souffrir
    Et d'être là, hors de moi-même, et d'y pourrir
    Comme les loques d'une viande
    Pendue au clou, au fond d'un trou.

    Celui qui n'a rien dit, même des yeux.
    Qu'on lui coupe le coeur en deux,
    Et qu'il s'en aille
    En son linceul de paille.

    Que sa femme qui le réclame
    Et hurle après son âme,
    Ainsi qu'une chienne, la nuit,
    Se taise ou bien s'en aille aussi
    Comme servante ou bien vassale.
    Moi je veux être
    Le maître
    D'une cervelle colossale.

    — Nouez le mort en de la paille
    Comme un paquet de ronces;
    Et qu'on piétine et qu'on travaille
    La terre où il s'enfonce.
    Je suis le fou des longues plaines
    Infiniment, que bat le vent
    A grands coups d'ailes,
    Comme les peines éternelles ;
    Le fou qui veut rester debout,
    Avec sa tête jusqu'au bout
    Des temps futurs, où Jésus-Christ
    Viendra juger l'âme et l'esprit.
    Comme il est dit.
    Ainsi soit-il.

    Emile Verhaeren, Les villes tentaculaires,
    précédées des Campagnes hallucinées
    (1920)(p.49)
    source : archive.org


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  • La fièvre,
    Elle est celle qui marche,
    Sournoisement, courbée en arche,
    Et personne n'entend son pas.
    Si la poterne des fermes ne s'ouvre pas,
    Si la fenêtre est close,
    Elle pénètre quand même et se repose,
    Sur la chaise des vieux que les ans ploient.
    Dans les berceaux où les petits larmoient
    El quelquefois elle se couche
    Aux lits profonds où Ton fait souche.
    Avec ses vieilles mains dans l'âtre encor rougeâtre.
    Elle attise les maladies
    Non éteintes, quoique engourdies;
    Elle se mêle au pain qu'on mange
    A l'eau morne changée en fange ;
    Elle monte jusqu'aux greniers,
    Dort dans les sacs et les paniers
    Et, comme une impalpable cendre.
    Sans rien voir, on sent d'elle la mort descendra.

    Emile Verhaeren, Les villes tentaculaires,
    précédées des Campagnes hallucinées
    (1920)(p.45)
    source : archive.org


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  •     Ceux qui souffrent ne peuvent pas se plaindre, dans cette vie-là. Seraient incompris des autres, moqués peut-être de ceux qui ne souffrent pas, considérés comme des ennuyeux par ceux qui, souffrant, ont bien assez de leur propre souffrance. Partout la même dureté que de la part des chefs, à de rares exceptions près.

    Simone Weil, La condition ouvrière (p.75)


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