•     "Je crois que le problème est résolu !" dit-il.
        Il tapota le bras nu du malade.
        "Nous te rendrons la conscience, paure diable ! Drôle de cadeau, au fond ! Si tu avais voix au chapitre, peut-être nous demanderais-tu de te laisser à ton sort...
        - Oh ! fit Regnoult
        - Ce n'est pas votre vais, Regnoult ? Votre néant, vous tenez tant que ça à en avoir conscience ?
        - Ma foi, oui...
        - Vous avez peut-être tort. J'ai souvent pensé que la conscience, la notion du moi, ça doit être simplement un accident malheureux.
        - Malheureux ? fit Groix
        - Imaginez une fourmi, Groix. Elle it, elle travaille, elle souffre. Supposez que tout à coup, par miracle, vous lui donniez la notion d'elle-même, la conscience. Elle sait qu'elle vit, qu'elle est fourmi, elle comprend tout à coup son destin épouventable, qui est de peiner deux ou trois saisons et de disparaître. Lui auriez-vous fait un cadeau précieux, Groix ? Et l'homme n'étant qu'une fourmi à mémoire très développée, capable de se suivre dans le temps, de se revoir dans les diverses circonstances de sa vie, ce qui constitue tout simplement la conscience, trouvez-vous singulier que j'hésite, quelque fois, que j'éprouve une espèce de... de remords, presque, au moment de rendre à mon semblable cette lucidité, cette conscience ?
        - Vous n'êtes pas gai, monsieur ! dit Groix
        Doutreval sourit.
        "Je ne croix pas que l'intelligence puisse aller sans une certaine mélancolie, a dit quelqu'un. Allons ! vos notes Regnoult. - Groix, je compte sur vous pour surveiller ce petit, me fournir une observation complète. Je repasserai demain matin.

    Maxence van der Meersch, Corps et âmes, p.161-62
    Le Livre de Poche, Paris, 1943


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  •     Le retard pris par la nature humaine sur l'ordre naturel est proprement effarant. Le corps fait ce qu'il peut : de moins en moins, mais l'esprit ne fait pas ce qu'il pourrait. L'esprit de l'homme s'est séparé des folies enfouies. Il n'est plus qu'apparence de bontés, de violences. Il semble condamné à nourrir la seule démensure à laquelle l'autorise ce monde fini : celle de l'avoir, et ses gigantismes factices. Il est perdu pour la démesure de l'être, et ses chefs-d'oeuvre incorruptibles. Rationalité et science ont coupé court à l'unique démesure qui vaille. Nous sommes faits comme des rats. Nous sommes des rats et devons être traités comme tels, par raticides.

    Marcel Moreau, Monstre, p.229
    Luneau Ascot Editeurs, Paris, 1986


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  •     La résistance au changement, c'est dans toutes ces salles de réunion impersonnelles qu'elle se pratique de la façon la plus violente. Le coeur de l'immobilisme réside dans cet immeuble, entre ces petits cadres à pellicules et talonnettes. On leur a confié les clés du pouvoir, personne ne sait pourquoi. Ils sont le centre du monde ! Les hommes politiques ne contrôlent plus rien ; c'est l'économie qui gouverne. Le marketing est une perversion de la démocratie : c'est l'orchestre qui gouverne le chef. Ce sont les sondages qui font la politique, les tests qui font la publicité, les panels qui choisissent les disques diffusés à la radio, les "sneak previeuws" qui déterminent la fi des films de cinéma, les audimats qui font la télévision, toutes ces études manipulées par tous les Alfreds Dulers de la terre. Plus personne n'est responsable, sauf les Alfreds Dulers. Les Alfreds Dulers tiennent les rênes, mais ne vont nulle part. Big Brother is not watching you, Big Brother is testing you. Mais le sondagisme est un conservatisme. C'est une abdication. On ne veut plus vous proposer quoi que ce soit qui puisse RISQUER de vous déplaire. C'est ainsi qu'on tue l'innovation, l'originalité, la création, la rébellion. Tout le reste en découle. Nos existences clonées... Notre hébétude somnambule... L'isolement des êtres... La laideur universelle anesthésiée... Non, ce n'est pas une petite réunion. C'est la fin du monde en marche. On ne peut pas à la fois obéir au monde et le transformer. Un jour, on étudiera à l'école commet la démocratie s'est autodétruite.

    Frédéric Beigbeder, 99 francs, p.42-43
    Folio, Paris, 2000


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  • Une lune bleue est une pleine lune qui n'est pas chronométrée à la tendance mensuelle régulière. La plupart des années ont douze pleines lunes qui se produisent environ tous les mois, mais en plus de ces douze cycles complets lunaire, chaque année du calendrier solaire contient un excès d'environ onze jours par rapport à l'année lunaire. Les jours supplémentaires s'accumulent, de sorte que tous les deux ou trois ans (en moyenne environ tous 2,7154 années), il ya une pleine lune d'appoint. La lune supplémentaire est appelée une «lune bleue».


    A blue moon is a full moon that is not timed to the regular monthly pattern. Most years have twelve full moons which occur approximately monthly, but in addition to those twelve full lunar cycles, each solar calendar year contains an excess of roughly eleven days compared to the lunar year. The extra days accumulate, so that every two or three years (on average about every 2.7154 years), there is an extra full moon. The extra moon is called a "blue moon."

    source : wikipedia/en


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  •     Mais comme il advient surtout, le grief imaginaire l'emportait sur l'imputation précise : ah ! que la vie serait belle et notre misère supportable, si nous nous contentions des maux réels sans prêter l'oreille aux fantômes et aux monstres de notre esprit...

    André Gide, La symphonie pastorale, Premier cahier, 8 mars
    Le Livre de Poche, 1952, p.68


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  • Bowman Frank. Une lecture politique de la folie religieuse ou théomanie. In: Romantisme, 1979, n°24. Écriture et folie. pp. 75-87.

    doi : 10.3406/roman.1979.5298
    url : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_1979_num_9_24_5298
    Consulté le 24 décembre 2009


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  •     Le volume de l'atome est constitué à 99,9999999999999% de vide : si l'on pouvait enlever le vide des atomes constituant la Terre, toute la matière serait contenue dans une sphère de 150 m de rayon.

    source : http://phys.free.fr/atomefla.htm


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  •     L'évolution des croyances et pratiques thérapeutiques des adeptes antoinistes.

        Contrairement aux propos de Louis Antoine et aux témoignages de guérison donnés à cette époque par ses adeptes, les antoinistes d'aujourd'hui recourent à la médecine allopathique, et pour certains d'entre eux, de manière régulière, notamment lorsqu'il s'agit d'une maladie chronique.
        Toutefois, il faut apporter des nuances à cette assertion :
    - tout d'abord parce que les adeptes continuent à croire que les médicaments ne soignent pas la cause réelle de la maladie, à savoir l'âme, mais ses effets : le corps. Les adeptes justifient alors leur recours à la médication par leurs croyance en la réincarnation ; ils estiment qu'ils ont encore besoin d'un traitement médical parce que leur évolution spirituelle n'est pas suffisante et qu'elle ne leur permet pas de se dégager de ce qu'ils appellent la "matière" ;
    - ensuite, il faut souligner que le recourt à un traitement médicamenteux peut s'accompagner d'un traitement spirituel ; les fidèles ne jugent pas ces pratiques incompatibles mais complémentaires ;
    - enfin, il faut mentionner que le recours à la médecine allopathique est un cas de figure parmi d'autres. En effet, certains adeptes peuvent utiliser ce que F. Laplantine appelle les "médecines parallèles" (homéopathie, acupuncture, chiropraxie, etc.), d'autres recourront à l'automédication et quelques-uns, ceux que l'on peut désigner comme des "puristes", envisageront la prière comme le seul et unique recours thérapeutique efficace.
        Comment interpréter cette évolution des pratiques de guérison ? Nous pensons qu'elle constitue une critique de l'institution médicale, certes euphémisée, mais qui souligne les excès (cf. la surmédicalisation, et, pour reprendre les termes de E. Zarifian, "la médicalisation de l'existentiel"), et les limites de l'institution médicale tel le maintien des inégalités sociales devant l'accès aux soins de santé, et ce malgré la création de la sécurité sociale et le principe du droit pour tous à être malade, ce qui pour la population antoiniste, issue avant tout des classes populaire et moyenne, est important.

    Anne-Cécile Begot (École pratique des Hautes Études - Paris), La guérison spirituelle, son évolution face aux changements sociaux et culturels - Études comparée de la science chrétienne et de l'antoinisme
    in Croyances et sociétés (1998)
    source : Google Books


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  •     Ils marchaient ; ils marchaient vers la Bastille, vers la Révolution, vers l'Avenir ; la tyrannie allait être vaincue et bientôt il n'y aurait plus de misère, plus de classes, plus de frontières, plus de guerres, plus de meurtres : ce serait la justice, la fraternité, la liberté, bientôt la raison gouvernera le monde, ma raison, une voile blanche s'engloutissait à l'horizon, les hommes allaient conquérir le loisir, la prospérité, ils arrachaient à la terre ses richesses, ils construiraient de grandes villes claires, j'arrachais les forêts, je défrichais les brousses, des routes sillonnaient le globe tacheté de bleu, de jaune et de vert que je tenais entre mes mains, le soleil inondait la Jérusalem nouvelle où les hommes en robes blanches échangeaient le baiser de paix, ils dansaient autour des feux de joie, ils trépignaient dans les sombres arrière-boutiques, assis dans les boudoirs parfumés, ils parlaient, ils parlaient du haut de leurs chaires à voix mesurée, à vois basse, à voix haute, ils criaient : "Vengeance !" Là-bas au fond des boulevards noirs s'ouvraient un paradis rouge et or où le bonheur avait l'éclat cuivré de la colère ; c'est vers ce paradis, qu'ils marchaient, chaque pas les en rapprochait.

    Simone de Beauvoir, Tous les hommes sont mortels
    Folio n°533, Paris, 1992 (p.515)


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  • Tu sais que le jour détruit la nuit
    La nuit divise le jour
    J'ai essayé de courir
    J'ai essayé de me cacher
    Evade-toi (passe de l'autre côté)(x2)
    Evade-toi (passe de l'autre côté) ouais
     
    Nous avons pourchassé nos plaisirs ici
    Fait des fouilles pour trouver nos trésors là-bas
    Mais te rappelles-tu encore
    L'époque où nous pleurions
    Evade-toi (passe de l'autre côté) (x2)
     
    Ouais !
    Allez viens, ouais
     
    Tout le monde aime ma chérie (x2)
    Elle (x3)
    Elle plane
     
    J'ai trouvé une île entre tes bras
    Un pays dans tes yeux
    Des bras qui nous enchainent
    Des yeux qui mentent
    Evade-toi (passe de l'autre côté)(x2)
    Evade-toi, oww !
    Oh, ouais !
     
    J'ai planté le décor
    Semaine après semaine
    Jour après jour
    Heure par heure
    La porte est droite
    Profonde et large
    Evade-toi (passe de l'autre côté)(x2)
    Evade-toi (x4)


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  •     - Je ne crois pas à l'avenir.
        - Il y aura un avenir.
        - Mais vous en parlez tous comme d'un paradis. Il n'y aura pas de paradis.
        - Bien sûr.
        Il m'examinait. Il semblait chercher sur mon visages les mots qu'il devait me dire.
        - Ce que nous décrivons comme un paradis, c'est le moment où les rêves que nous formons aujourd'hui seront réalisés. Nous savons bien qu'à partir de là d'autres hommes auront des exigences neuves...
        - Comment pouvez-vous désirer quoi que ce soit, sachant que les hommes ne seront jamais comblés?
        Il y eut un de ses durs sourires :
        - Ne savez-vous pas ce que c'est qu'un désir ?
        - Oui. J'ai eu des désirs, dis-je. Je sais.
        J'hésitai.
        Mais ce n'est pas simplement de désir qu'il s'agit : vous luttez pour les autres, vous voulez leur bonheur...
        - Nous luttons ensemble, pour nous, dit-il.

    Simone de Beauvoir, Tous les hommes sont mortels
    Folio n°533, Paris, 1992 (p.502)


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  •  2. Dispositions psycho-physiologiques dominantes qui déterminent la personnalité d'un individu. Synon. complexion, nature (v. ce mot II B), personnalité, tempérament. Avoir un bon naturel. Il lui échappait parfois des sourires qui trahissaient en elle un naturel rieur enseveli sous le maintien exigé par sa vie (Balzac, Lys, 1836, p.43). Ça partait d'un bon naturel... Seulement rien qu'à la pensée, il me remontait déjà du fiel (Céline, Mort à crédit, 1936, p.468). Faible, et d'un naturel craintif, Alphonsine, malgré sa bonne volonté, ne parvenait pas à donner à la maison cet accent de sécurité et de chaude joie (Guèvremont, Survenant, 1945, p.21):
    8. Quel monstre! [Tolstoï] Sans cesse cabré, en révolte contre son naturel, forçant de douter sans cesse de sa sincérité, étant tour à tour tout et tous et jamais plus personnel que lorsqu'il cesse d'être lui-même...
    Gide, Journal, 1941, p.96.
    - Proverbe. Chassez le naturel, il revient au galop. [Exprime l'idée qu'une personnalité n'est pas modifiable] On a eu tort de dire «chassez le naturel, il revient au galop», car le naturel ne se laisse pas chasser. Il est toujours là (Bergson, Deux sources, 1932, p.289).
    source : http://www.cnrtl.fr/definition/naturel

    L’expression “chassez le naturel, il revient au galop”, trouve son origine française dans la littérature. Elle est, en effet, tirée de la pièce  “Le Glorieux” (1732) de Philippe Néricault dit Destouches. Mais il faut noter que Destouches s’est inspiré de l’idée du poète latin Horace qui a vécu vers 50 avant J.-C.
        “Naturam expelles furca, tamen usque recurret”
        Horace, “Épîtres I”(Livre I, Épître X, v.24)
    Ce vers, traduit en français et passé en proverbe, ne nécessite pas grandes explications: on imagine aisément une personne qui essaye de corriger ses défauts depuis longtemps et qui se retrouve sous leur emprise à la moindre occasion et sans préavis … ce qui fait dire à l’entourage, en général avec le sourire: “chassez le naturel, il revient au galop”.
    source : http://www.mon-expression.info/chassez-le-naturel-il-revient-au-galop


    Traductions et équivalents :

    allemand : Ein Bauer bleibt immer ein Bauer (un paysan restera toujours un paysan)
               Die Katze lässt das Mausen nicht (un chat ne laisse pas en paix la souris)
               Man kann die Natur nicht ändern (on ne peut pas changer la nature)

    néerlandais : Iemands ware aard verloochent zich niet (Personne ne peut renier sa nature)

    anglais : The leopard can't change its spots (un léopard ne change pas les taches de sa fourrure)
              What is bred in the bone will come out in the blood (ce qui se fait dans l'os, ne se fait pas dans le sang)

    espagnol : Genio y figura hasta la sepultura (même caractère et même visage jusqu’à la tombe)
               Pierde el pelo pero no las mañas (on perdrait les cheveux qu'on ne changerait pas de manière)

    italien : Vizio per natura fino alla fossa dura (un vice de nature ne se change pas)

    latin : Quod natura dedit, tollere nemo potest (ce que la nature veut, personne ne peut changer)

    russe : Гони природу в дверь, она войдет в окно (chassez le naturel par la porte, il revient par la fenêtre)


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  • J’avoue que, plus qu’un autre soir, Samedi, j’aurais aimé être à l’épreuve des Balles.

    J’ai quitté cette boîte après ce tir sans sommation. Et j’ai mis un trajet Paris/Banlieue en bus de nuit à extraire la Balle. La Plaie s’est refermée aujourd’hui. Je n’ai pas envie de me demander pour combien de temps. Tout ce que je veux, c’est que les futures balles ne m’atteignent pas.

    Plus qu’un gilet par balle, cette nuit, il m’a manqué mon Rêve. Mes écouteurs d’iphone. Une écharpe de trois kilomètres pour me protéger du froid et un petit ami qui ne soit pas sur une plage australienne pendant que je saigne sur Paris.

    Je souhaite juste être à l’épreuve des balles pour pouvoir m’amuser avec mes amis sans avoir besoin de fermer les yeux.

    Je souhaite juste être à l’épreuve des balles pour ne pas ressentir ces douleurs qui naissent de jalousies ou d’envies.

    Je souhaite être invincible ou aimé.

    source : http://www.beur-boy.fr/


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  •     Je m'assis sous le tilleul, à sa place. Je regardai les ombres violentes, les blancs crus, je respirai l'odeur des magnolias ; mais les lumières et les parfums ne me parlaient pas ; cette journée n'était pas pour moi ; elle restait en suspens, elle réclamait d'être vécue par Marianne. Marianne ne la vivait pas et je ne pouvais pas me substituer à elle. En même temps que Marianne un monde avait sombré, un monde qui n'émergerait plus jamais à la lumière. Maintenant toutes les fleurs s'étaient mises à se ressembler, les nuances du ciel s'étaient confondues, et les journées n'auraient plus qu'une seule couleur : la couleur de l'indifférence.

    Simone de Beauvoir, Tous les hommes sont mortels
    Folio n°533, Paris, 1992 (p.439)


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  • Anticlérical virulent, Godin pratique cependant un déisme très personnel, évoquant un Être suprême bienveillant ; il croit de façon ardente que le Travail, toute activité ayant pour but de transformer la matière afin de vivre mieux, est la raison profonde de l'existence de l'Homme, et par conséquent d'atteindre l'essence humaine, une certaine part de divin. S'opposant aux principes mêmes du capitalisme, il estime que l'ouvrier devrait posséder le statut social le plus élevé, puisque c'est lui qui travaille, que c'est lui qui produit les richesses. Au-delà des aspects matériels de l'œuvre, le Familistère doit amener à une élévation morale et intellectuelle du travailleur, lui permettre de retrouver l'estime de soi et son indépendance vis-à-vis de la société bourgeoise.

    L'éducation à l'économie sociale va dans ce sens, mais également l'architecture même des bâtiments : à l'intérieur des cours, les balcons qui donnent accès aux appartements sont créés pour être des lieux de rencontre permanents entre ouvriers, quelle que soit leur position dans l'usine, manœuvre, employé de bureau ou cadre, afin de donner naissance à une réelle fraternité entre Familistériens. Les fenêtres intérieures, la promiscuité, sont pensées comme des éléments d'émulation : la vue d'un intérieur bien tenu doit vous pousser à vous-même entretenir votre logement, d'autant plus que le regard de l'autre, et sa désapprobation, sont considérés comme la meilleure des sanctions. Cette architecture particulière, décrite par ses détracteurs comme « carcérale », est donc voulue, afin de permettre une auto-discipline et une responsabilisation des habitants qui rendent inutile toute forme de police.

    Cette notion de responsabilisation n'est pas anecdotique : elle est à la base de l'œuvre de Godin, pour qui l'amélioration des conditions de vie n'est qu'une première étape. Il s'agit, à terme, de permettre aux ouvriers de se libérer de toute dépendance vis-à-vis du patronat, d'abolir le salariat et de lui substituer l'Association.

    source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Familist%C3%A8re


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  •     Bien entendu, et avant tout, il y a des "Je". Le "Je" de Bèche, le "Je" de Bornet, le "Je" de Martin, les autres. Ils diffèrent peu des "Je" qui portent chapeau ou casquette dans le monde. Peut-être sont-ils plus forts, ce qui m'a fait dire à Claire :
        - Tu ne sais pas ? Notre maboulisme, c'est l'hypertrophie du "Je".
        Et Claire n'a pas dit non.
        Quelque fois, le "Je" s'efface et le "Nous" se révèle. Un "Nous" composé de nos "Je" avec un ciment en plus qui les transforme et les agglomère en bloc : le "Nous" de Voisin*.
        Le pain arrive en retard. Chaque "Je" trouverait sans peine une croûte pour sa faim. Le "Nous" veut avoir son pain ; il proteste ; il réclame :
        - On nous oublie ! Où est notre pain ?
        Mélange de ce que nous pensons, craignons, voulons, "Nous" n'a qu'une tête. "Nous" se rebelle et trousse, quand le poêle fume. "Nous" a mal, si un de ses "Je" se détache de lui, dans la petite voiture. "Nous" est nerveux. "Nous" s'amuse. Il se forme, sans qu'on sache pourquoi, tout à coup. Il se désagrège sans qu'on le sache davantage. Il a vécu une heure, une minute, une seconde. Revoici le "Je" de Bèche, le "Je" de Bornet, les autres...

    * Voisin est le nom de la section de la Salpétrière où se trouve Jean Martin.

    André Baillon, Chalet 1, p.209
    Cambourakis, Paris, 2009


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  • ...interdisez les coucous chez vous !

        Ces choses affreuses, bruyante et kitsch.


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  • On est là pour ça

    Nous sommes les agneaux
    La graine d'échafaud
    Ne vous gênez pas
    On est là pour ça

    Nos cous sont fait pour vos couteaux
    On est là pour ça
    Notre viande est fait pour vos crocs
    On est là pour ça

    Faites saigner le burnous
    Graine de ragoût
    Ne vous gênez pas,
    On est là pour ça

    Allumez vos fourneaux
    Quand ils seront bien chauds
    Ne seront à point
    Vous irez trop loin

    Viendra le jour de la colère
    Vous irez trop loin
    Notre lait deviendra du fer
    Vous irez trop loin

    Plus vous en ferez
    Plus vous nous aiderez
    Ne vous gênez pas
    Vous êtes là pour ça

    Aiguisez vos couteaux
    Juste une fois de trop
    Ils seront pour vous
    Nous deviendrons loup

    Notre lait deviendra du fer
    Nous deviendrons loup
    Une pluie de lune et d'orfèvre
    Nous deviendrons loup

    Faites saigner le burnous
    Faites chauffer le ragoût
    Car de ce ragoût
    Surgiront des loups

    On se gêra pas
    On est là pour ça


    Musique de Jacques Higelin
    Paroles de Brigitte Fontaine


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