•     Il est donc vrai qu'un monstre semblable existe ! Je ne peux en douter ; et, pourtant, je suis éperdu de surprise et d'admiration. J'ai parfois essayé de savoir de Frankenstein les détails mêmes de sa création ; mais il est, sur ce point, resté impénétrable.
        " Êtes-vous donc fou ? mon ami, me disai-til ; à quoi donc vous pousse votre suriosité irraisonnée ? Voudriez-vous aussi créer au monde et à vous-même un ennemi démoniaque ? Paix, paix ! apprenez mes malheurs, et ne cherchez pas à accroître les vôtres. "

    Mary Shelley, Frankenstein (p.304)
    Flammarion, Paris


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  •     Le bourreau et la victime procèdent de la même barbarie.

    Marcel Moreau, Monstre (1986), p.9
    Luneau Ascot Editeurs, Paris


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  •     On ne peut ni prévenir, ni guérir les maux de la société, tout comme les maladies du corps, à moins d'en parler ouvertement.
                                                    John Stuart MILL.

    in Dr Georges DRYSDALE
    LA PAUVRETÉ : Sa seule cause, son seul remède avec des vues sur la question sexuelle, l'amour libre, la suppression du mariage, du célibat, de la prostitution, de la guerre.
    source : archive.org


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  •     Dieu, c’est le pouvoir. Mais actuellement, le pouvoir, pour autant qu’il vous concerne, n’est pour vous qu’un mot. Il est temps que vous ayez une idée de ce que signifie ce mot pouvoir. Vous devez premièrement réaliser que le pouvoir est collectif. L’individu n’a de pouvoir qu’autant qu’il cesse d’être un individu. Vous connaissez le slogan du Parti : « La liberté, c’est l’esclavage. » Vous êtes-vous jamais rendu compte qu’il était réversible ? « L’esclavage, c’est la liberté. » Seul, libre, l’être humain est toujours vaincu. Il doit en être ainsi, puisque le destin de tout être humain est de mourir, ce qui est le plus grand de tous les échecs. Mais s’il peut se soumettre complètement et entièrement, s’il peut échapper à son identité, s’il peut plonger dans le parti jusqu’à être le Parti, il est alors tout-puissant et immortel.

    George Orwell, 1984
    Troisième partie, chapitre II


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  •     Devant la loi se dresse le gardien de la porte. Un homme de la campagne se présente et demande à entrer dans la loi. Mais le gardien dit que pour l'instant il ne peut pas lui accorder l'entrée. L'homme réfléchit, puis demande s'il lui sera permis d'entrer plus tard. «C'est possible», dit le gardien, «mais pas maintenant». Le gardien s'efface devant la porte, ouverte comme toujours, et l'homme se baisse pour regarder à l'intérieur. Le gardien s'en aperçoit, et rit. «Si cela t'attire tellement», dit-il, «essaie donc d'entrer malgré ma défense. Mais retiens ceci: je suis puissant. Et je ne suis que le dernier des gardiens. Devant chaque salle il y a des gardiens de plus en plus puissants, je ne puis même pas supporter l'aspect du troisième après moi.» L'homme de la campagne ne s'attendait pas à de telles difficultés; la loi ne doit-elle pas être accessible à tous et toujours, mais comme il regarde maintenant de plus près le gardien dans son manteau de fourrure, avec son nez pointu, sa barbe de Tartare longue et maigre et noire, il en arrive à préférer d'attendre, jusqu'à ce qu'on lui accorde la permission d'entrer. Le gardien lui donne un tabouret et le fait asseoir auprès de la porte, un peu à l'écart. Là, il reste assis des jours, des années. Il fait de nombreuses tentatives pour être admis à l'intérieur, et fatigue le gardien de ses prières. Parfois, le gardien fait subir à l'homme de petits interrogatoires, il le questionne sur sa patrie et sur beaucoup d'autres choses, mais ce sont là questions posées avec indifférence à la manière des grands seigneurs. Et il finit par lui répéter qu'il ne peut pas encore le faire entrer. L'homme, qui s'était bien équipé pour le voyage, emploie tous les moyens, si coûteux soient-ils, afin de corrompre le gardien. Celui-ci accepte tout, c'est vrai, mais il ajoute: «J'accepte seulement afin que tu sois bien persuadé que tu n'as rien omis». Des années et des années durant, l'homme observe le gardien presque sans interruption. Il oublie les autres gardiens. Le premier lui semble être le seul obstacle. Les premières années, il maudit sa malchance sans égard et à haute voix. Plus tard, se faisant vieux, il se borne à grommeler entre les dents. Il tombe en enfance et comme, à force d'examiner le gardien pendant des années, il a fini par connaître jusqu'aux puces de sa fourrure, il prie les puces de lui venir en aide et de changer l'humeur du gardien; enfin sa vue faiblit et il ne sait vraiment pas s'il fait plus sombre autour de lui ou si ses yeux le trompent. Mais il reconnaît bien maintenant dans l'obscurité une glorieuse lueur qui jaillit éternellement de la porte de la loi. À présent, il n'a plus longtemps à vivre. Avant sa mort toutes les expériences de tant d'années, accumulées dans sa tête, vont aboutir à une question que jusqu'alors il n'a pas encore posée au gardien. Il lui fait signe, parce qu'il ne peut plus redresser son corps roidi. Le gardien de la porte doit se pencher bien bas, car la différence de taille s'est modifiée à l'entier désavantage de l'homme de la campagne. «Que veux-tu donc savoir encore?» demande le gardien. «Tu es insatiable.» «Si chacun aspire à la loi», dit l'homme, «comment se fait-il que durant toutes ces années personne autre que moi n'ait demandé à entrer?» Le gardien de la porte, sentant venir la fin de l'homme, lui rugit à l'oreille pour mieux atteindre son tympan presque inerte: «Ici nul autre que toi ne pouvait pénétrer, car cette entrée n'était faite que pour toi. Maintenant, je m'en vais et je ferme la porte.»


    source : http://www.lyber-eclat.net/kafka.html


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  • source : wikipedia


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  •     Jouissez du printemps, humez l'air et le soleil (s'il y en a), lisez de belles choses.

    Simone Weil, La condition ouvrière (1951), p.23
    source : classiques.uqac.ca


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  •     Et puisque, désormais libre, je ne veux plus rien posséder, désormais tout m'appartient et ma richesse intérieure est immense.

    Etty Hillesum, Une vie bouleversée, coll. Points, Paris, 1995, p. 23
    source : wikipedia - article Etty Hillesum


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  • Et pourtant ils tournent !


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  •     Croire que Dieu est bon, croire que l'homme est bon, croire que la forme sociale est vicieuse, croire qu'il faut corriger la société et non pas la nature de l'homme.

    Auguste Pinloche, Fourier et le socialisme (1933), p.30
    source : gallica


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  •     Mais, en celui qui la réfléchit, l'Idée-vive de Dieu n'apparaît qu'au degré seul où la foi du voyant peut l'évoquer. Dieu, comme toute pensée, n'est dans l'Homme que selon l'individu. Nul ne sait où commence l'Illusion, ni en quoi consiste la Réalité. Or, Dieu étant la plus sublime conception possible et toute conception n'ayant sa réalité que selon le vouloir et les yeux intellectuels particuliers à chaque vivant, il s'ensuit qu'écarter de ses pensées l'idée d'un Dieu ne signifie pas autre chose que se décapiter gratuitement l'esprit.

    Auguste Villiers de l'Isle-Adam, L'Eve future (1886)
    Livre I, Chapitre IX
    source : http://www.gutenberg.org/files/26681/26681-h/26681-h.htm


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  •     C'est pour avoir séparé l'intelligence des instincts, et avoir permis à la première, seule, de se dévolopper jusqu'à l'invention des instruments de sa propre mort que s'est produite l'irréparable rupture : la rupture de l'homme d'avec lui-même.

    Marcel Moreau, Monstre (p.85)
    Luneau Ascot Editeurs, Paris, 1986


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  •     Tout être à peu près bien constitué naît avec des facultés dominantes, des forces individuelles, qui correspondent exactement à un besoin ou à un agrément de la vie. Au lieu de veiller à leur développement, dans un sens normal, la famille a bien vite fait de les déprimer et de les anéantir. Elle ne produit que des déclassés, des révoltés, des déséquilibrés, des malheureux, en les rejetant, avec un merveilleux instinct, hors de leur moi ; en leur imposant, de par son autorité légale, des goûts, des fonctions, des actions qui ne sont pas les leurs, et qui deviennent non plus une joie, ce qu’ils devraient être, mais un intolérable supplice. Combien rencontrez-vous dans la vie de gens adéquats à eux-mêmes ?

    Octave Mirbeau, Dans le ciel (p.58)
    source : www.scribd.com


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  •     Jeudi 10. – (Éveillée à 3 h 1/2 du matin par une vive douleur à l'oreille, avec frissons, sentiment de fièvre ...)

        7 h-10 h 40 : continué – rythme rapide, malgré malaise. Effort, mais aussi après quelque temps sorte de bonheur machinal, plutôt avilissant – une pièce loupée (pas d'engueulade). Vers la fin, incident bureaucratique : 10 rondelles manquantes.

    Simone Weil, La condition ouvrière (1951), p.41
    source : classiques.uqac.ca


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  •     En France, quand les moeurs sont en avance, ce sont les lois qui résistent. Et quand les lois précèdent les moeurs, elles ne sont tout simplement pas appliquées ! Deux siècles après la Déclaration des droits de l'homme, il faut encore lutter pour qu'elle s'applique à l'espèce humaine tout entière.

    Benoîte Groult, Ainsi soit-elle (p.130)
    Le Livre de Poche, Paris, 1975


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  •     Je n’existe ni en moi, ni dans les autres, ni dans le rythme le plus infime de l’universelle harmonie. Je suis cette chose inconcevable et peut-être unique : rien ! J’ai des bras, l’apparence d’un cerveau, les insignes d’un sexe ; et rien n’est sorti de cela, rien, pas même la mort. Et si la nature m’est si persécutrice, c’est que je tarde trop longtemps, sans doute, à lui restituer ce petit tas de fumier, cette menue pincée de pourriture qui est mon corps, et où tant de formes, charmantes, qui sait ? tant d’organismes curieux, attendent de naître, pour perpétuer la vie, dont réellement je ne fais rien et que, lâchement, j’interromps. Qu’importe donc si j’ai pleuré, si, parfois, j’ai labouré, du soc de mes ongles, ma sanglante poitrine ? Au milieu de l’universelle souffrance, que sont mes pleurs ? Que signifie ma voix, déchirée de sanglots ou de rires, parmi ce grand lamento, qui secoue les mondes, affolés par l’impénétrable énigme de la matière ou de la divinité ?

    Octave Mirbeau, Dans le ciel (p.56-57)
    source : www.scribd.com


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  •     « Dans l'épreuve quotidienne qui est la nôtre, la révolte joue le même rôle que le cogito dans l'ordre de la pensée: elle est la première évidence. Mais cette évidence tire l'individu de sa solitude. Elle est un lien commun qui fonde sur tous les hommes la première valeur. Je me révolte, donc nous sommes. »

    Albert Camus, L'Homme révolté, 1951
    source : wikipedia


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  • On ne saurait dire de quel premier mal
    sont venus vous encercler tous les autres
    les membres ne se dénouent plus dans le sommeil
    l’estomac devient le repaire des ombres
    soudain le corps est un bloc de déception
    timide et pressé qui passe sous les auvents
    et va disputer ses misères à la multitude
    la tête est un oiseau pris de vertige
    penchée sur des mains grises et désolées
    un regret poli s’étirant sous le chapeau

    © Rachel Leclerc
    Extrait de: Je ne vous attendais pas
    Le Noroît, Montréal 1998
    Production du son: Union des écrivains et des écrivaines québécois

    source : www.lyrikline.org


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