• Le Procès de Nicolas Wagner

     

    Le procès de l’antoiniste
                guérisseur
                                   Metz, 29 juin

        Le tribunal correctionnel de Metz a été saisi hier du procès intenté à M. Nicolas Wagner, desservant du culte antoiniste, demeurant Esch-sur-Alzette (Luxembourg), inculpé d’exercice illégal de la médecine.
        M. Menjaud, qui préside l’audience, fait expliquer par M. Wagner, qui a guéri un certain nombre de personnes appartenant au culte antoiniste, ou qui y adhéraient moyennant la cotisation de 20 francs. Ces cotisations tombaient dans la caisse commune des antoinistes et servaient des œuvres de bienfaisance. Le trésorier du culte justifie ce dire. Des témoins déclarent avoir été guéris par M. Wagner de maladies déclarées incurables.
        M. Wagner les guérissait en disant des prières et en invitant les malades à en dire en même temps que lui ; il a même guéri des malades qu’il ne voyait pas.
        M. le substitut Guernion déclare avoir le plus grand respect pour les convictions religieuses, mais le cas de Wagner tombe sous le coup des articles de la loi de 1882 qui réprime l’exercice illégal de la médecine.
        Me Henry Ferrette défend l’accusé. Il rappelle les organes du culte antoiniste dont la fondateur, le Père Antoine, un ancien ouvrier serrurier n’a pas voulu créer une nouvelle religion Il se contenta de grouper un certain nombre de personnes auxquelles il enseigna le culte du bien et la pratique des vertus. Selon lui, la prière à Dieu consola de toutes les infortunes et aboutit à la guérison des malades. Il obtint même de nombreuses guérisons. Aujourd’hui on compte en Europe 100.000 antoinistes.
        Le Père Antoine fut poursuivi une fois devant les tribunaux belges pour exercice illégal de la médecine : il fut acquitté.
        M. Nicolas Wagner, un de ses disciples, fut une fois condamné dans le Luxembourg, puis, une seconde fois, un jugement très motivé l’acquitta.
        Me Ferrette explique ensuite que M. Nicolas Wagner soigne ses malades sans leur procurer de médicaments. Il ne suit pas leur traitement. Il ne les voit même qu’une seule fois. Quelquefois, il ne les voit pas et les soigne en leur ordonnant des prières.
        Les articles de loi qui punissent l’exercice illégal de la médecine ne s’appliquent pas à lui.
        La Cour de cassation et les cours d’appel ont toujours considéré que ceux qui prétendent guérir en vertu d’un pouvoir supérieur ou d’une mission divine, ne commettaient pas l’exercice illégal de la médecine.
        Il faut d’ailleurs retenir que jamais la moindre plainte n’a été formulée par des malades mécontents de M. Nicolas Wagner.
        Me Ferrette demande l’acquittement. Le jugement sera rendu à huitaine.

    L’Est Républicain, 23 juin 1927


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  • Le cas de Vagner

         LE CAS DE VAGNER
       aubergiste et guérisseur

        Metz, 4 avril. – M. Nicolas Vagner est un homme d’une cinquantaine d’années, exerçant, à Esch-sur-Alzette (Luxembourg), la démocratique profession d’aubergiste et jouissant dans le Grand-Duché d’une véritable célébrité. A la vérité, cette célébrité n’a rien de commun avec la vente des spiritueux à laquelle se livre Vagner depuis de nombreuses années. Elle lui vient du fait qu’il est guérisseur et il est devenu guérisseur parce qu’il est antoiniste.
        L’antoinisme, vous le savez, est une petite religion nouvelle, née en Belgique croyons-nous, assez répandue dans le nord de la France et ayant conquis des adeptes dans les régions industrielles et minières du Luxembourg. De ces adeptes, le débitant Vagner fut un des premiers. Il est un des plus zélés et ces deux qualités lui ont fait attribuer le titre de président de l’association antoiniste d’Est, ce qui, d’après lui, est quelque chose comme archiprêtre ou évêque.
        L’antoinisme est une religion pour personnes pratiques, puisqu’elle prétend guérir les corps de leurs maux en même temps qu’elle expurge les âmes de leurs péchés et débarrasse les hommes, et aussi les femmes, de leurs vices.
        Le père Vagner, comme on l’appelle familièrement à Esch, digne émule du père Antoine, fondateur de la secte, a soif de dévouement et s’attache à faire des prosélytes. Il y mit tant d’ardeur que les autorités judiciaires luxembourgeoises lui cherchèrent querelle a un moment donné et le trainèrent devant le tribunal qui lui infligea une amende pour exercice illégal de la médecine sous prétexte que pour guérir les corps il prescrivait à ses fidèles l’usage de remèdes bénins.
        Mais depuis longtemps les autorités luxembourgeoises se sont rendues compte que le pontife guérisseur n’est pas bien dangereux pour les malades et elles se désintéressent de lui.
        Cependant, le père Vagner pensa que les Lorrains étaient, autant que les Luxembourgeois, dignes de ses soins spirituels et matériels et il vint dans la région de Thionville prêcher la religion nouvelle. Ce n’est pas un missionnaire comme les autres que l’aubergiste antoiniste. Il commença par donner des soins à quelques malades qui, sans doute, ne s’en trouvèrent pas mal puisque sa réputation de science s’étendit vite sur Hayange, Knutange, Algrange, Nilvange et environs.
        Le père Vagner établit son cabinet da consultations et son confessionnal chez un nommé Trost, 103, rue de Casatelnau, à Nilvange, et les visites affluèrent. Elles affluèrent si bien que la gendarmerie voulut connaitre le nouveau médecin et eut l’indiscrétion de lui demander des diplômes qu’il ne put montrer pour l’excellente raison qu’il n’a jamais usé ses pantalons sur les bancs d’une quelconque école de médecine.
        Sans se soucier des protestations des clients de l’apôtre, sans craindre la colère du Dieu dont se réclame le père Vagner, les gendarmes l’arrêtèrent et l’amenèrent à Metz, où il fut confié aux bons soins de M. le juge d’instruction Pagniez.
        En même temps que le guérisseur, les représentants de la loi amenaient ses registres, car l’aubergiste antoiniste guérisseur a de l’ordre et tient une comptabilité que pourraient lui envier bon nombre de commerçants. Sur son livre-journal figurent les noms et adresses de 450 personnes ayant reçu une carte d’antoiniste, moyennant 20 francs, et des soins médicaux par dessus le marché.
        Car M. Nicolas Vagner affirme qu’il ne se fait pas payer pour soigner les corps. Lorsqu’une personne, attirée par sa réelle réputation de guérisseur, vient solliciter ses services, il lui fait d’abord une petite causerie sur l’antoinisme. Si la grâce opère en elle, elle reçoit, en échange de 20 francs, une belle carte bleue lui donnant la qualité d’antoiniste et le droit de recourir aux bons offices du guérisseur pendant un an. Etant ainsi en règle, le visiteur expose son cas, fait connaitre le siège des douleurs dont il se plaint. Comme remèdes, le père Vagner prescrit la foi et l’amour de Dieu. Il prescrit aussi, car il faut bien, comme il le dit, frapper l’imagination, quelques médicaments inoffensifs rentrant dans la catégorie des remèdes de bonne femme, dont au surplus, personne n’eut jamais à se plaindre. Quant à ceux qui ne veulent pas entrer dans le giron de la nouvelle Eglise, le guérisseur les renvoie tout bonnement aux médecins ordinaires, à ceux qui ont fait des études.
        Mais les 20 francs, qu’en fait-il ? allez-vous demander, car vous êtes curieux comme des juges d’instruction. Ce faisant, vous ne gênerez pas du tout l’aubergiste pontife qui vous répondra : une partie des sommes ainsi recueillies sert à l’entretien de notre chapelle (qui se trouve, je crois bien, dans son arrière-boutique) et à l’exercice de notre culte. Le reste est, par nous, employé en bonnes œuvres. Et cette déclaration vous sera confirmée par les antoinistes d’Esch, si la fantaisie vous prend d’aller leur demander ce qu’ils pensent de leur président, dont l’arrestation a provoqué une vive émotion dans la cité industrielle luxembourgeoise.
        Cette émotion est telle que lundi matin une délégation d’antoinistes, composée du trésorier et de quatre membres du groupe d’Esch est arrivée à Metz en automobile, dans le seul but de demander Ia mise en liberté provisoire de Nicolas Vagner, dont l’absence prolongée causerait, disent-ils, les plus grands malheurs, plusieurs dizaines de malades, privés des soins du guérisseur, se trouvant en danger de mort.
        Ces considérations, appuyées par un fort cautionnement et l’argumentation Serrée de Me Joseph, défenseur de Vagner, décideront sans doute M. Pagniez à rendre le guérisseur-pontife bistro à ses malades, à ses clients, et à ses fidèles, ce qui n’empêchera pas de le renvoyer devant le tribunal correctionnel, s’il y a lieu.
        En tout cas, il y a gros à parier que les antoinistes d’Hayange et environs seront dorénavant contraints d’aller à Esch pour remplir leurs obligations spirituelles car Vagner paraît bien décidé à ne pas revenir dans un pays aussi peu hospitalier aux prêtres des religions nouvelles et aux guérisseurs amateurs.                    H. D.

    L'Est Républicain, 5 avril 1927


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  • La doctrine antoiniste    La doctrine „Antoiniste”

        L’ «antoiniste » Leclerc est poursuivi pour avoir laissé mourir son enfant malade faute de lui donner les soins nécessaires. Au juge d’instruction, M. Kastler, qui l’interrogeait hier, Leclerc a fait une profession de foi avant de répondre à toute autre question. Il s’est écrié :
        « Il faut croire au père Antoine. La foi en ce messie est seule capable de guérir les malades, et si l’on veut périr, il ne faut jamais appeler de médecin ni prendre de remèdes. Il faut seulement prier Dieu et le père Antoine le Généreux. »
        M. Kastler lui a demandé alors comment il était devenu antoiniste.
        – C’est en lisant un article de journal hostile au père Antoine que je me suis senti converti à cette religion, et à partir de ce jour, j’ai regardé comme l’apôtre française de ce culte la sœur Marie Camus demeurant A Paris, rue Esquirol, 7.
        – Vous avez eu cependant devant le cadavre de l’enfant une lueur de bon sens, car vous avez spontanément adressé au procureur de la République une plainte contre les gens qui vous avaient initié à cette doctrine.
        – Mais je relire cette plainte, répond Leclerc. Dieu le veut ! Ma fille est morte ; j’avais pourtant composé de belles prières.

    Le Messin, 31 juillet 1912


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  • La foi d'un Antoiniste     La foi d'un Antoiniste”

        Nous avons conté comment, sous prétexte d'« antoinisme », Leclercq et sa compagne avaient laissé mourir faute de soins leur petite fille. Voici la lettre trouvée par le commissaire de police dans le logis des deux prévenus. Elle fut écrite quelques heures avant son arrestation par Leclercq pour être adressée au successeur du père Antoine :
                 « Bon père,
        Le commissaire va venir dans quelques instants au sujet de la mort de ma petite fille, que le Très Haut, malgré nos prières, a voulu rappeler auprès de lui. L'on me reproche de ne pas avoir appelé le médecin. Ces ignorants ne savent pas que seule la foi peut sauver les malades quand Dieu le permet.
        Unissons nos prières pour que je sorte victorieux de l'épreuve à laquelle je vais être soumis.
        Que la volonté du Tout-Puissant soit faite ! »

    Le Messin, 25 juillet 1912


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  • Une victime d'Antoine le Guérisseur

     

    Une victime d’Antoine
                                  le guérisseur

        Un petit enfant vient de mourir à Paris dont on a envoyé le père et la mère au Dépôt. C’étaient des adeptes d’Antoine le Guérisseur, cet illuminé belge qui, lui-même, illuminait son temple avec des vessies que ses fidèles étaient priés de prendre pour des lanternes. L’enfant était malade. Que faire ? Dans la religion antoiniste, on ne fait rien. Quand on est malade, on pense à Antoine et on attend la guérison. Cent mille adeptes, dans une pétition fameuse adressée au Parlement belge, et demandant la reconnaissance officielle du culte antoiniste, ont proclamé que c’était efficace ; mais voilà un petit enfant qui leur donne un démenti. Il était malade et quoique les siens fussent antoinistes, ce n’est pas la guérison qui est venue, mais la mort. Une mort affreuse, lente, la mort faute des soins les plus élémentaires, la mort par les souffrances physiques et par la faim.
        Les parents n’en reviennent pas. « Mais Monsieur, disaient-ils au commissaire de police, nous avons tout fait pour le sauver ». Et ils expliquaient que par là ils voulaient dire qu’ils n’avaient rien fait ; car ne rien faire, c’est ce qu’il y a à faire quand on est antoiniste.
        Le créateur de cette doctrine, qui vient de mourir en passant sa succession à sa femme, la Mère Antoine, ne savait ni a ni ; il était ouvrier lamineur et spirite quand il découvrit qu’il était venu sur la terre pour apprendre aux hommes cette merveille : que pour voir cesser son mal, il suffisait de croire qu’il avait cessé. Il ne savait pas pourquoi, mais c’était comme ça. Il ne demandait rien pour la consultation – on donnait ce qu’on voulait. Et il y eut une foule de gens pour se presser sur les pas de cette contrefaçon belge du Zouave Jacob et le proclamer prophète.
        Bien longtemps avant Antoine, « Aide-toi, le Ciel t’aidera », disait la sagesse chrétienne des nations. Et Ambroise Paré, avec une humilité admirable : «Je le pansai, Dieu le guérit ». L’antoinisme ne s’aide ni ne panse. Je ne sais ce que ce mysticisme charlatanesque vaut pour les grandes personnes ; mais les pères de famille feront bien de se rappeler qu’il ne vaut rien du tout pour les petits enfants. – (L’« Eclair».)

    Le Messin, 24 juillet 1912


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  • Affaire Leclercq - Le Petit Parisien (21 juillet 1912)

     

    IGNORANCE ET SUPERSTITION

    Un couple d’« antoinistes »
       laisse mourir son enfant

        M. Melin, commissaire du quartier de la Sorbonne, s’occupe d’une affaire qui sort de la banalité. Il vient de découvrir deux « antoinistes » qui, disciples rigoureux de leur dogme, ont préféré laisser mourir leur jeune enfant, âgé de quatre mois, plutôt que de le confier aux soins d’un médecin.
        La mort récente d’Antoine le Guérisseur avait déjà révélé au grand public les étrangetés de cette religion nouvelle.
        On n’aurait cependant pas cru que l’orthodoxie de ses adeptes put aller jusqu’au crime. Le cas qui s’est présente, hier, en plein Paris, peut ne pas demeurer unique. Rien qu’à ce point de vue, il mérite d’attirer l’attention des pouvoirs publics.
        C’est dans la rue de la Parcheminerie qu’habitait le couple d’« antoinistes ». Ils occupaient, au numéro 4, une sorte de baraque en planches, au-dessus de laquelle on pouvait lire cette enseigne : « Sacs et bâches, Jules Leclercq. »
        L’homme était âgé de quarante-deux ans. Sa compagne, avec qui il vivait maritalement, une femme Mathilde Sautel, âgée de trente-sept ans, le secondait dans son industrie. Ils étaient venus là, il y a environ un mois, en sortant de la rue Saint-Julien-le-Pauvre, où, dans la maison portant le n° 8, ils avaient demeuré pendant près d’un an.
        Quoiqu’ils fussent renfermés, Leclercq et sa compagne n’avaient pas manqué, par leurs allures mystérieuses et leur mine austère, de piquer la curiosité de leurs voisins.
        Des gens qui avaient pu pénétrer chez eux avaient remarqué que les murs de leur chambre étaient tapissés de gravures et d’emblèmes religieux. On les croyait dévots : mais dans ce milieu de travailleurs parisiens on ne supposait pas qu’ils fussent les adeptes d’une croyance bizarre.
        Dimanche dernier, leur petite Antoinette, une fillette de quatre mois, tombait malade. On le sut vaguement dans le voisinage ; mais comme les Leclercq n’étaient pas d’humeur sociable, on s’abstint de leur venir en aide.
        Hier matin, l’enfant succombait. Force fut à Leclercq d’aller au bureau de l’état civil déclarer le décès. Quelques heures plus tard, le médecin de la mairie venait, dans la bicoque de la rue de la Parcheminerie, examiner le corps du bébé. Frappé de certaines circonstances, le praticien interrogea le fabricant de sacs et lui demanda quel médecin avait soigné la petite Antoinette.
        – Je n’ai pas appelé de médecin, lui répondit Leclercq. Ma femme et moi nous avons prié sur elle. Dieu n’a pas voulu la guérir. Nous acceptons sa volonté.
        Surpris, comme on le pense, par cette réponse, le médecin avisa aussitôt le commissaire de police. Celui-ci se rendit à son tour auprès de Leclercq et de la femme Sautel.
        Les deux « antoinistes » lui répétèrent que c’était délibérément qu’ils avaient négligé de procurer à la fillette les soins d’un homme de science. Ils étaient « antoinistes », c’est dire qu’ils n’admettaient aucune autre intervention que celle de la Providence pour la guérison des maux du corps.
        Comme la loi pénale française ne reconnait pas encore aux parents le droit de priver leurs enfants des soins médicaux, M. Melin ne put faire autrement que d’inculper Leclercq et la femme Sautel et de les envoyer au dépôt.
        Ajoutons qu’au cours de son enquête, le magistrat a appris qu’alors qu’ils habitaient rue Saint-Julien-le-Pauvre, les deux « antoinistes » avaient déjà perdu un premier enfant, âgé de vingt-six mois. Bien que le permis d’inhumer leur eût été alors accordé, M. Melin n’est pas éloigné de croire que le pauvre petit dut succomber dans les mêmes circonstances que la petite Antoinette.

    Le Petit Parisien, 21 juillet 1912


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  • Germaine Lievens, portrait de profil de la pianiste

    source : aml-cfwb.be


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  • Visite du couple Paul ALLEMAN chez André BAILLON, Germaine et Eve-Marie LIEVENS

    source : aml-cfwb.be


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  • Germaine LIEVENS à Marly-le-Roi en 1926 - détail (aml-cfwb.be)

    Visite du couple Paul ALLEMAN chez André BAILLON, Germaine et Eve-Marie LIEVENS à Marly-le-Roi

    source : aml-cfwb.be


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  • Albert Jeannin

    Albert Jeannin

     

    Né le 15 juin 1894 à MANTES (Yvelines) - Décédé le 4 juin 1970 à PARIS XIXe

    Entre dans la Marine en 1911

    Enseigne de vaisseau de 2ème classe le 5 octobre 1914, port ROCHEFORT.

    Enseigne de vaisseau de 1ère classe le 26 avril 1916.

    Affecté au Bataillon de Fusiliers Marins, il est cité à l'ordre de l'Armée navale en février 1919 : "Officier particulièrement brave ; le 14 septembre 1918, a entraîné superbement sa troupe à l'attaque. Bien que blessé une première fois, a continué à diriger énergiquement son unité jusqu'au moment où un éclat d'obus lui fracturant gravement la jambe l'obligea à abandonner le commandement. A donné à tous un superbe exemple de courage et d'énergie.".

     

    Lieutenant de vaisseau le 25 février 1919.

    Il est à nouveau cité en mars 1919 : "Etant enseigne de vaisseau, lieutenant de la 2e compagnie de bataillon de fusiliers-marins, est parti à l'attaque le 14 septembre 1918, au moulin de Laffaux, à son poste derrière le barrage roulant. Blessé une première fois, il continua sa progression, mais il fut peu après atteint une seconde fois ; il remit le commandement de sa troupe au chef de demi-section, fut pansé sur le terrain et évacué. Sa conduite au feu, pleine de bravoure, fut un exemple rempli d'encouragement pour ses subordonnés. Trois citations.".

    Chevalier de la Légion d'Honneur.

    Croix de Guerre.

    Au 1er janvier 1921, port ROCHEFORT.

     

    source : http://ecole.nav.traditions.free.fr/officiers_jeannin.htm


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  • Albert Jeannin évoque Robert Vivier

     

    LES LIVRES LUS PAR...

    « Délivrez-nous du mal »
         de Robert Vivier
    vu par un Antoiniste.

        M. Robert Vivier, auteur de deux romans populistes : Non et Folle qui s’ennuie (prix Albert-Ier), vient de consacrer un gros livre de 370 pages à Antoine le Guérisseur et à la religion qu’il a fondée. Celui qui, pour ses adeptes, est devenu le Père, s’appelait de son vrai nom Louis Antoine. Né dans une humble famille de paysans belges, il fut lui-même mineur, puis ouvrier métallurgiste et concierge aux tôleries de Jemappe. Ayant amassé un petit pécule — 80.000 francs, ce qui était coquet avant 1900 – il s’adonna au spiritisme, puis fonda le « nouveau spiritualisme » qui devait devenir, par la suite, l’Antoinisme. Sa renommée se répandit promptement en Belgique. Quand il mourut, en 1912, il laissait deux temples. Le culte Antoiniste en compte aujourd’hui 44 (dont 28 en Belgique), et 140 salles de lecture. Le chef actuel de la nouvelle religion est la propre femme du guérisseur, que les adeptes saluent du nom de Mère.
        Nous sommes allé demander au desservant d’un des deux temples antoinistes de Paris ce qu’il pensait du livre de M. Robert Vivier. Ce desservant est un ancien lieutenant de vaisseau, grand blessé de guerre, commandeur de la Légion d’honneur. Il a passé huit années à Jemappe-sur-Meuse, près du Père Antoine. Il est vêtu de la robe noire des Antoinistes, une courte soutane.
         – M. Robert Vivier, nous dit-il, est impartial et il montre même, m’a-t-il semblé, une certaine sympathie à l’égard du Père. Mais son livre est malheureusement incomplet. C’est ainsi qu’on n’y voit pas suffisamment les difficultés que notre chef spirituel eut à surmonter avant de faire triompher sa doctrine. Le Père Antoine fut un homme de foi et de sacrifice. Songez qu’il recevait jusqu’à 1.400 malades par jour, et que chacun, après l’avoir vu, partait soulagé. Songez aussi que, pendant dix ans, il voulut vivre seul, privé de toute satisfaction, de toute joie. Cette solitude lui était d’ailleurs nécessaire pour recevoir la révélation, qu’il nous a léguée en trois livres intitulés : La révélation, par Antoine le Guérisseur ; Le couronnement de l’œuvre révélée et Le développement de l’enseignement du Père.
        – Pouvez-vous me dire comment le Père Antoine rédigea ces livres ?
        – C’est précisément ce que M. Vivier n’a pas suffisamment mis en valeur. Voilà : le Père obéissait aux fluides. Ses dix principes furent reçus en deux nuits.
        Dès qu’il sentait le fluide venir en lui, il convoquait sa sténographe et prenait soin que son message fût fidèlement transcrit. Il arrivait parfois que la sténographe corrigeât des phrases boiteuses, mais le Père, aussitôt, rétablissait son texte. « Je préfère ma pensée à votre correction grammaticale », disait-il. Car le Père était un prophète, un instrument de Dieu.

                                                         Yves GANDON.

    L’Intransigeant, 22 février 1936


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  • achat du terrain du temple de Monaco

    Achat du terrain à la Condamine, quartier des Révoires. 

    Contenante superficielle de 350,46 m² pour un prix de 26 284,50 francs.

     


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  • Journal de Monaco  n°2940 du 21 juillet 1914

     

    Etude de Me Alexandre Eymin,
    docteur en droit, notaire,
    2, rue du Tribunal, Monaco.

    CESSION DE FONDS DE COMMERCE
    Publiée en conformité de l’Ordonnance Souveraine
    du 23 juin 1907.
    (Deuxième Insertion.)

        Suivant acte reçu par Me Alexandre Eymin, docteur en droit, notaire à Monaco, soussigné, le onze juillet mil neuf cent quatorze, M. Eugène-Henri-Léon Blaringhem et Mme Mathilde-Sophie Künz, son épouse, négociants en instruments de musique, demeurant à la Condamine, ont acquis :
        De Mme Marie-Louise Vittart, veuve de M. Alexandre-Ferdinand-Charles-Marius Künz, commerçante en instruments de musique, demeurant à la Condamine, rue Louis, n° 15 ;
        Tous les droits de communauté qu’elle possédait sur :
        1° Un fonds de commerce de location de pianos, instruments de musique et partitions, exploité à la Condamine, rue Louis, n° 15. villa Canis, avec succursale à Monte-Carlo, boulevard des Moulins, villa Hélène, et entrepôt à la Condamine, rue Antoinette, no 1, villa Marcel ;
        2° Un fonds d’appartements et chambres meubles exploité à la Condamine, villa Canis, rue Louis, n° 15, et villa Edouard, rue Antoinette.
        Les dits fonds comprenant la clientèle ou achalandage, le nom commercial ou enseigne, les meubles meublants, objets mobiliers, les marchandises, le droit aux baux des locaux ou les dits fonds sont exploités, et, en général, tous accessoires y attachés.
        Les créanciers, tant de Mme Künz-Vittart que de m. Alexandre-Ferdinand-Charles-Marius Künz, son défunt mari, s’il en existe, sont invités, sous peine de ne pouvoir critiquer le paiement qui serait effectué en dehors d’eux, à faire opposition sur le prix de cette cession au domicile à cet effet élu à Monaco, en l’étude de Me Eymin, notaire soussigné, avant l’expiration d’un délai de dix jours à dater de la présente insertion.
        Monaco, le 21 juillet 1914.                      Alex. Eymin.


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  • Journal de Monaco n°2939 du 14 juillet 1914

     

    Marie-Louise Vittart, soeur de Juliette vend à ses beaux-parents Künz ses biens à la Condamine et Monte-Carlo.

     

     

    Etude de Me Alexandre Eymin,
    docteur en droit, notaire,
    2, rue du Tribunal, Monaco.

    CESSION DE FONDS DE COMMERCE
    Publiée en conformité de l’Ordonnance Souveraine
    du 23 juin 1907.
    (Première Insertion.)

       Suivant acte reçu par Me Alexandre Eymin, docteur en droit, notaire à Monaco, soussigné, le onze juillet mil neuf cent quatorze, M. Eugène-Henri-Léon Blaringhem et Mme Mathilde-Sophie Künz, son épouse, négociants en instruments de musique, demeurant à la Condamine, ont acquis :
        De Mme Marie-Louise Vittart, veuve de M. Alexandre-Ferdinand-Charles-Marius Künz, commerçante en instruments de musique, demeurant à la Condamine, rue Louis, n° 15 ;
        Tous les droits de communauté qu’elle possédait sur :
        1° Un fonds de commerce de location de pianos, instruments de musique et partitions, exploité a la Condamine, rue Louis, n° 15, villa Canis, avec succursale à Monte-Carlo, boulevard des Moulins, villa Hélène, et entrepôt à la Condamine, rue Antoinette, n° 1, villa Marcel ;
        2° Un fonds d’appartements et chambres meubles exploité à la Condamine, villa Canis, rue Louis, n° 15, et villa Edouard, rue Antoinette.
        Les dits fonds comprenant la clientèle ou achalandage, le nom commercial ou enseigne, les meubles meublants, objets mobiliers, les marchandises, le droit aux baux des locaux ou les dits fonds sont exploités, et, en général, tous accessoires y attachés.
        Les créanciers, tant de Mme Künz-Vittart que de m. Alexandre-Ferdinand-Charles-Marius Künz, son défunt mari, s’il en existe, sont invités, sous peine de ne pouvoir critiquer le paiement qui serait effectué en dehors d’eux, à faire opposition sur le prix de cette cession au domicile à cet effet élu à Monaco, en l’étude de Me Eymin, notaire soussigné, avant l’expiration d’un délai de dix jours å dater de l’insertion qui fera suite à la présente.
        Monaco, le 14 juillet 1914.                      Alex. Eymin.

     


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  • Journal de Monaco n°2864 du 18 février 1913

     

    achat du terrain pour le temple de Monaco par Juliette Vittard

     

    Etude de Me Alexandre EYMIN,
    docteur en droit, notaire,
    2, rue du Tribunal, Monaco.

    PURGE D’HYPOTHÈQUES LÉGALES

        Aux termes d’un contrat reçu par Me Alexandre Eymin, docteur en droit, notaire à Monaco, soussigné, le trente janvier mil neuf cent treize, dont expédition transcrite au bureau des hypothèques de Monaco le dix février mil neuf cent treize, volume 125, numéro 5, a été déposée ce jourd’hui même au Greffe du Tribunal civil de première instance de la Principauté ;
        Mlle Juliette VITTART, célibataire, majeure, rentière, demeurant à Jemeppes-les-Lièges (Belgique), a acquis :
        De Mme Jeanne-Dévote LAURENTI, épouse de M. fortuné SALADINI, employé au Casino de Monte Carlo, demeurant à la Condamine, quartier des Révoires ;
        Une parcelle de terrain située sur la commune de la Condamine (Principauté de Monaco), quartier des Révoires, d’une contenance superficielle de trois cent cinquante mètres carrés quarante-six décimètres carrés, portée au plan cadastral sous partie du n°412 de la section B, confinant : vers le midi, sur une longueur de quinze mètres, à la propriété Olivié ; vers le couchant, sur une longueur de vingt-trois mètres cinquante centimètres, au surplus de la propriété de Mme Saladini ; vers le nord, sur une longueur de quinze mètres, au boulevard de l’Observatoire, et vers l’est, sur une longueur de vingt-deux mètres soixante-cinq centimètres, à la propriété Bresani.
        Cette acquisition a eu lieu, à raison de soixante-quinze francs le mètre carré, moyennant le prix global de vingt six mille deux cent quatre-vingt-quatre francs cinquante centimes, ci .................................... 26.284 frs. 50
        Pour l’exécution de ce contrat, domicile a été élu, par les parties, à Monaco, en l’étude de Me Eymin, notaire soussigné.
        Avertissement est donné aux personnes ayant le droit de prendre, sur l’immeuble vendu, des inscriptions pour cause d’hypothèques légales, qu’elles devront requérir ces inscriptions dans le délai d’un mois de ce jour, à peine d’être déchues de tous droits. Monaco, le dix-huit février mil neuf cent treize.
                                                         Pour extrait :
                                                     (Signé) Alex. Eymin.


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  • Journal de Moncao n°2536 du 12 février 1907

    Juliette Vittart, en 1907, avant son départ pour Jemeppe, loueuse en garni à Monte Carlo.

     

    AVIS

        Par acte sous seing privé en date, à Monaco, du 15 octobre 1906, enregistré, la demoiselle Juliette Vittart, loueuse en garni, demeurant à Monaco, a cédé à monsieur Auguste-Joseph Bernard, maître d’hôtel, demeurant ci-devant à Beausoleil, le fonds de commerce de « Maison meublée » qu’elle exploitait à Monte Carlo, maison Torelli, boulevard des Moulins.
        Les créanciers, s’il en existe, sont invités à former opposition entre les mains de l’acquéreur dans la huitaine de ce jour, à peine de forclusion.
       
    Monaco, le 12 février 1907.


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  • Nicolas Wagner

           LETTRE DE LUXEMBOURG

     Le thaumaturge d’Esch-sur-Alzette

    Une nouvelle vague de mysticisme :
                le culte antoiniste ?
     

                       Luxembourg, le 21 octobre.
        Le Luxembourg semble appelé à de hautes destinées. Déjà il lui est né un thaumaturge. Le bruit du ses miracles prend un retentissement toujours grandissant et fait rentrer dans l’ombre toutes les autres questions d’actualité dont, en chroniqueur consciencieux, je devrais entretenir mes lecteurs : les résultats de nos élections communales et les modifications d’ailleurs peu sensibles qu’ils ont pu apporter dans la constellation politique du pays; la question – enfin résolue – de la nationalisation de nos chemins de fer avec le consentement assez inexplicable du gouvernement français, détachera pour la première fois et pour toujours le réseau luxembourgeois du réseau d’Alsace-Lorraine et fera passer l’administration de nos voies ferrées entre les mains de la Société belgo-luxembourgeoise du « Prince-Henri » ; la question, enfin, des traités commerciaux à conclure avec l’Allemagne ainsi que du nouveau traité à conclure avec la France.
        Il est vrai que les guérisons miraculeuses accomplies par notre thaumaturge n’auraient pas absorbé ce point l’attention publique, si les tribunaux ne s’étaient pas avisés de le ceindre de la couronne du martyr. Les gendarmes n’admettent plus qu’on opère des miracles de nos jours, surtout lorsque, comme le commun des mortels, on s’appelle Nicolas Wagner et que dans la moins mystique de nos villes – car la métropole de notre bassin manier : Esch-sur-Alzette jamais rien eu d’une sainte Mecque – exerce la profession de cabaretier. A l’hostilité des gendarmes est venue se joindre celle des gens d’Eglise qui soupçonnent le cabaretier thaumaturge de vouloir fonder dans le pays une nouvelle communauté religieuse.
        Condamné en première instance, pour exercice illégal de l’art de guérir, à une amande de deux cents francs, l’aubergiste Nicolas Wagner, autrefois chef de gare sur la ligne du « Prince-Henri », a vu porter son amende à mille francs par la cour d’appel. Les considérants du jugement rappellent que la loi considère comme exerçant illégalement l’art de guérir « toute personne non munie du diplôme luxembourgeois et traitant des malades en prenant part à ce traitement, sauf le cas d’urgence avérée ». Beaucoup de personnes s’imaginent qu’un profane qui exerce l’art de guérir ne devient passible d’une peine que s’il se fait rétribuer pour les services qu’il rend à l’humanité souffrante et s’il administre à ses maladies des médicamente et de prétendues panacées. Or, l’instruction n’a pu retenir aucun fait probant qui puisse confirmer une accusation de ce genre. Une des clientes, qui se disait miraculeusement guérie d’une sorte de lupus que les médecins auraient désespéré de guérir, a bien déclaré que dans sa gratitude elle était prête à céder à son sauveur toute sa fortune. Mais on ne guère y voir qu’une de ces hyperboles qui échappent à un cœur débordant de joie et de reconnaissance.
        Aussi la cour d’appel, pour venir au devant de l’opinion erronée selon laquelle il n’y a délit pour un guérisseur que s’il y a rémunération, rappelle-t-elle expressément dans son jugement que la loi ne « subordonne l’existence de l’infraction qu’elle réprime ni au mode de traitement employé ni à l’administration d’un médicament même à titre gratuit ». Ce qui suffit au juge, c’est de constater que le but des pratiques auxquelles se livrait M. Vagner était de guérir les malades ; c’est de fournir la prouve irrécusable que cet illuminé avait pris au pied de la lettre l’enseignement du catéchisme qui fait précisément de cette pratique charitable la vertu chrétienne par excellence.
        En quoi consistait la pratique du guérisseur ? « Pour faire impression sur les malades, dit un des considérants du jugement, il les introduit dans une chambre et, les plaçant devant le portrait du père Antoine de Jemeppe dont il est un adepte fervent, il leur impose les mains pour faire passer dans leur corps le fluide guérisseur qu’il prétend posséder. Il leur recommande avoir une foi inébranlable en lui et en leur guérison, de prier avec ferveur pendant qu’il récite quelques principes de l’unitif, code des Antoinistes, dont il endosse parfois le costume.
        C’est en effet, le culte du père Antoine que M. Wagner semble avoir pris à tâche de répandre dans le grand-duché. On sait l’immense popularité dont jouissait le père Antoine en Belgique aux environs de 1910, époque où cet ancien ouvrier mineur, qui se croyait appelé par le ciel à soulager les misères physiques et morales de ses semblables recevait par jour 500 à 1.200 malades et où des milliers de personnes déclaraient avoir été guéries par lui. Mais si cette popularité valut aux adeptes du nouveau culte un décret d’utilité publique en Belgique, ils furent énergiquement combattus par l’Eglise qui s’inquiétait d’autant plus des progrès de cette religion nouvelle que les zélateurs de l’Antoinisme opposaient triomphalement le nombre de leurs guérisons aux miracles de Lourdes. Il faut ajouter d’ailleurs que les incrédules furent aussi étonnés que les catholiques du succès obtenu par les prédications du guérisseur, qui semblait avoir pris pour devise le mot du Christ : « C’est la foi seule qui sauve », devise qui est devenue en Amérique celle des initiés de la « Christian Science ». Eh quoi, entendait-on dire, est-ce donc un siècle de scepticisme que celui où l’on voit surgir aussi inopinément une foi nouvelle ?
        Avec une rapidité qui tient du prodige l’Antoinisme a, depuis la mort de son fondateur étendu son influence spirituelle. La mère Antoine, comme les fidèles appellent la veuve de celui qu’ils vénèrent comme un saint, sans compter les temples consacrés au culte du « Père » en Belgique, a inauguré en France plus de six temples antoinistes : à Vervins, à Tours, à Lyon, à Caudry, à Monaco, à Aix-les-Bains, à Paris. Tous les journaux de Paris ont parlé, l’an dernier, de la commémoration solennelle à Paris de la « désincarnation », c’est-à-dire de la mort de Père Antoine. La cérémonie, qui fut pour les Parisiens un spectacle inaccoutumé, se déroula, dans le temple antoiniste de la rue Vergniaud, devant une foule compacte de frères et sœurs en robe révélé et débordant jusque sur les deux trottoirs de la rue.
        Poussé par la curiosité, j’ai voulu assister à un des offices que le cabaretier thaumaturge organise tous les matins à dix heures dans une arrière-boutique attenant à son débit de boissons et transformée en une sorte de sanctuaire. Avais-je mal choisi ma journée ! Je ne sais. Mais aucune guérison ne s’est accomplie ce jour-là. Le guérisseur lui-même en était navré. « Que n’êtes-vous venu la semaine dernière ? me dit-il. Vous auriez vu des miracles stupéfiants ». L’ineffable candeur qui s’exprimait dans ces paroles se retrouvait dans tous ses gestes et dans toute sa physionomie. Comment cet homme lourd et trapu, taillé à grands coups de serpe, peut-il exercer une si étonnante fascination sur la foule recueillie qui se presse au pied de la chaire ornée de dessins symboliques et écoute avec avidité la lecture des enseignements – libellés en français à la fois fruste et amphigourique – du Père Antoine ? Ce qui en impose au nombre sans cesse accru de ses clients et surtout de ses clientes – il y avait parmi elles ce jour-là beaucoup de Lorraines venues des villages voisins de la frontière – c’est sa sincérité absolue et la naïveté de sa foi d’illuminé, de cette foi qui transporte des montagnes et qui lui fait espérer l’accomplissement du plus urgent des miracles : la guérison de sa propre femme, atteinte depuis près de vingt ans de cécité complète.
        « Ce miracle, nous l’attendons avec une ferme confiance, me disait un des apôtres les plus actifs et les plus remuants du thaumaturge, un robuste boulanger, avec lequel je vidais une chope servie gracieusement par une des trois filles du cabaretier. Et ce miracle, nous le fêterons dans le temple antoiniste qui s’élèvera bientôt dans notre ville ». Je crains bien, décidément que l’arrêt de la cour d’appel ne soit impuissant à arrêter à notre frontière cette nouvelle vague de mysticisme.

                                             Jean de CRECY.

    L'Est Républicain, 24 octobre 1924


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  • Funérailles d'un dignitaire du culte antoiniste

        LES FUNÉRAILLES  D’UN DIGNITAIRE
    DU CULTE ANTOINISTE A CAUDRY

        C’est un événement qui sort de la banalité, que les funérailles d’un adepte du culte antoiniste et il prend de plus amples proportions quand il s’agit, comme en l’occurrence, d’un dignitaire de cette religion nouvelle fondée en 1906 par le Père Antoine, ouvrier mineur à Jemeppe (Belgique), qui acquit, par la suite, une véritable renommée par ses guérisons de malades.

    LES TEMPLES DE NOTRE REGION

        Le Père Antoine est mort depuis quelque dix ans, ou plutôt matériellement désincarné, selon le vocable employé, et c’est sa femme, la Mère Antoine, comme les adeptes l’appellent, qui lui a succédé.
        Ce changement n’a pas ralenti le prosélitisme des premiers initiés, car outre les temples d’HautmontHellemmes et Caudry et celui en construction à Valenciennes, il existe particulièrement dans de nombreuses villes ou bourgades du Cambrésis et du Vermandois, des salles de lecture où s’assemblent les fidèles.
        Les salles de lecture les plus en vogue sont celles de Cambrai et Bohain, qui ouvrent leurs portes le jeudi et le dimanche ; mais pour les solennités, tout le monde se rend à Caudry.
        Quant au Temple de la Cité de la dentelle, une construction d’un style bizarre, n’est jamais fermé : à toute heure du jour et de la nuit, le frère Goffin qui y réside, reçoit les personnes qui veulent s’initier au rite antoiniste et plutôt celles – et elles sont nombreuses – qui recherchent la guérison de leurs maux.

    DES OBSEQUES PEU BANALES

        Donc, jeudi 15 heures, avaient lieu les funérailles de M. Gaston Michies, ancien fabricant de tulles à Caudry, homme doux et placide, mort de froid dans la rue, alors qu’il venait d’officier au Temple de la rue de Denain et comme un vulgaire mortel regagnait son domicile.
        Pour cette circonstance, de nombreux adeptes étaient venus des divers points du département, les hommes revêtus de longues lévites, le chef coiffé d’un haut de forme à large bord, les femmes tout de noir habillées, voiles flottants, avec sur la tête un gentil petit bonnet également noir.
        Le cercueil exposé devant la maison mortuaire, le frère Goffin donna lecture des dix principes du Père Antoine, puis de cortège composé de deux cents personnes environ suivant le char funèbre, précédé du porteur de l’emblème du culte « L’arbre de la Science », s’achemina lentement vers le cimetière de la ville au milieu d’une double haie de curieux.

    « LA VIE EST ETERNELLE »

        Avant l’inhumation, le père Goffin, qui officiait toujours, récita sept fois le chapitre de la réincarnation selon la méthode du Père Antoine, où il est dit notamment : « La mort n’est qu’apparente, puisque dans le sommeil nous conversons avec les chers disparus. Il existe dans chaque humain deux parties : l’une matérielle qui est le corps, l’autre intelligente qui est l’homme ou le fluide. Celle-ci ne s’échappe pas, comme on dit dans mainte religion à travers l’espace, elle se concentre, au contraire, pour rechercher un autre corps et continuer à vivre. Cette nouvelle vie sera bonne si le défunt a fait preuve de vertus et, naturellement, remplie de tribulations s’il a été un mauvais sujet. La vie est éternelle. Il n’y a jamais eu de commencement et il n’y aura jamais de fin, par le jeu des réincarnations répétées ».
        La cérémonie achevée, après le défilé traditionnel devant le cercueil simplement orné d’une croix en bois, sans autre attribut, l’assistance se retira lentement, des profanes commentant avec force les données de cette étrange secte religieuse.

    L’Egalité de Roubaix-Tourcoing, 4 Mars 1932


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  • grand-prêtre des antoinistes

                  LE GRAND-PRETRE
    DES ANTOINISTES MEURT DE FROID

        A Caudry (Nord), M. Gaston Mirchies, cinquante-quatre ans, grand-prêtre de la secte des Antoinistes, est mort de froid dans la rue.

    L'Est Républicain, 3 mars 1932


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  • belle invetion d'un caudrésien 

    La belle invention
     d’un Caudrésien

    Pour souder l’aluminium

       Les ustensiles en aluminium tiennent une place de plus en plus grande, dans le ménage et remplacent avantageusement ceux en émail qui comportent certains dangers pour l’organisme humain. Mais s’ils ne sont pas plus répandus encore c’est que ces ustensiles une fois percée, ne peuvent être réparés, la soudure de l’aluminium à l’étain et plomb n’ayant jamais pu être pratiquement réalisée.
        Dans le même ordre d’idées, lorsqu’une pièce importante en aluminium et cassée, tel par exemple un carter de moteur, il faut recourir à la soudure autogène au chalumeau qui, comme on sait, coûte très cher.
        Grâce aux patientes recherche d’un Caudrésien, ces lacunes vont maintenant être comblées
        M. Gaston Michies est un ancien fabricant de tulles qui habite rue Jean Jacques Rousseau, n° 40, à Caudry.
        Depuis longtemps déjà, il avait conçu l’idée de rechercher la solution de ce problème, la soudure de l’aluminium, considérée jusqu’à présent comme insoluble. Il s’attela résolument à la besogne et après de multiples expériences, le patient chercheur vient de voir des efforts couronnée par le succès. Il a trouvé, en effet, un procédé de soudure pratique qu’il vient de mettre complètement au point.
        M Michies a bien voulu nous faire passe assister à quelques-unes de ses expériences.
        Disons de suite qu’elles furent concluantes. Un plat cuire les œufs, préalablement percé à différents endroits fut remis en état en quelques secondes, de même quelques autres ustensiles de ménage.
        Les soudures ainsi pratiquées résistèrent victorieusement à la flamme ardente d’un réchaud à gaz. Grattées à l’aide d’un couteau, elles ne purent même être entamées.
        Une autre expérience faite sur un morceau de fuselage d’aéroplane fut aussi concluante.
        M Michies, qui est originaire de Fourmies mais habite Caudry depuis de nombreuses années est persuadé que son invention est appelée à rendre les plus grands services. C’est aussi notre avis.

    L’Egalité de Roubaix-Tourcoing, 29 octobre 1925


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