• Belgian Miner Founds a New Religion (Daily Mirror, Wednesday 14 December 1910)(britishnewspaperarchive.co.uk)

    Curious religious cult has been “discovered” in Belgium. It is called Antoinism and was founded by a coal miner named Louis Antoine, whose [seat?] at Jemeppe-lez-Liege. He is now known as “Antoine the Healer,” and his followers claim that they number 160,000. There are 300 “adepts,” including Mme. Antoine, who claim that they have the power to heal by faith. – (Daily Mirror photographs.)

    Un curieux culte religieux a été "découvert" en Belgique. Il s'appelle l'Antoinisme et a été fondé par un mineur de charbon nommé Louis Antoine, dont le siège se trouve à Jemeppe-lez-Liège. Il est maintenant connu sous le nom d'"Antoine le guérisseur", et ses adeptes affirment qu'ils sont 160 000. Il y a 300 "adeptes", dont Mme Antoine, qui prétendent avoir le pouvoir de guérir par la foi. – (Photographes du Daily Mirror.)

    Belgian Miner Founds a New Religion (Daily Mirror, Wednesday 14 December 1910)(britishnewspaperarchive.co.uk)

    CURED BY DEPUTY.

        The Good Mother, as Antoine's wife is called, or the housekeeper, or some other adept, stands in front of the applicant and, turning her eyes upwards, slowly waves her hand in the air, which means that she is invoking Antoine the Healer.
        The patient then goes off smiling, cured by deputy. There is nothing to pay.
        It is three years since Antoine walked in the street. His little house is hidden away in the midst of a block of similar houses, and the spire of his church, which adjoins his home, rises high above the roofs.
        Antoine lives on vegetables only, and prepares them himself. He is a veritable hermit. When it is necessary to speak to him a telephone is used. Subscriptions are made for the maintenance of the church, but it was built partly with £800 he had himself saved.
        The badge of the sect is “the tree of the knowledge of the sight of evil,” represented by a white tree on a black ground. (Photographs on page 8.)

    Daily Mirror, Wednesday 14 December 1910

     

    Traduction :

    GUÉRIR PAR TIERCE PERSONNE.

        La Bonne Mère, comme on appelle la femme d'Antoine, ou la gouvernante, ou quelque autre adepte, se place devant le demandeur et, tournant les yeux vers le haut, agite lentement la main en l'air, ce qui signifie qu'elle invoque Antoine le Guérisseur.
        Le patient s'en va alors en souriant, guéri par un tiers. Il n'y a rien à payer.
        Cela fait trois ans qu'Antoine n'a pas marché dans la rue. Sa petite maison est cachée au milieu d'un pâté de maisons semblables, et la flèche de son église, qui jouxte sa maison, s'élève au-dessus des toits.
        Antoine ne vit que de légumes, qu'il prépare lui-même. C'est un véritable ermite. Lorsqu'il est nécessaire de lui parler, on utilise un téléphone. Des souscriptions sont faites pour l'entretien de l'église, mais celle-ci a été construite en partie avec 800 £ qu'il avait lui-même économisées.
        L'insigne de la secte est "l'arbre de la science de la vue du mal", représenté par un arbre blanc sur un fond noir. (Photographies à la page 8.)

        cf. l'article du New York Times.


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  • A New Religious Sect in Belgium (Leeds Mercury, Wednesday 14 December 1910)(britishnewspaperarchive.co.uk)

        A new religious sect in Belgium
    A new religious sect has arisen around an ex-miner named Antoine the Healer, At Jemappes, near Liege.    Antoinism is apparently a blend of faith healing and spirititualism.    Some wonderful cures are reported to have been accomplished through its means.    Our first picture shows a member of the sect praying for an ailing child; the second depicts Antoine, the founder of the sect, in the pulpit; and the third a crowd of Antoinists outside the Temple.    (Central News.)

    A group of Antoinists, members of the new religious sect in Belgium.    In the chair is a cripple, who has come to seek healing.    The man in the centre is said to have been cured by Antoine of a disease of the bones.    The woman is explaining the cripple's case.    (C.N.)
    Leeds Mercury, Wednesday 14 December 1910


    Traduction :
       Une nouvelle secte religieuse en Belgique
    Une nouvelle secte religieuse est née autour d'un ancien mineur nommé Antoine le guérisseur, à Jemappes, près de Liège.    L'Antoinisme est apparemment un mélange de guérison par la foi et de spiritisme.    On rapporte que de merveilleuses guérisons ont été accomplies par son biais.    Notre première image montre un membre de la secte priant pour un enfant malade ; la seconde représente Antoine, le fondateur de la secte, en chaire ; et la troisième une foule d'Antoinistes à l'extérieur du Temple.

    Un groupe d'Antoinistes, membres de la nouvelle secte religieuse en Belgique.    Sur la chaise se trouve un infirme, venu chercher la guérison.    L'homme au centre raconte avoir été guéri par Antoine d'une maladie des os.    La femme explique le cas de l'infirme.

        cf. l'article du New York Times.


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  • Le Pélerin, nouvelle de Mme Breusing de Liège (Le Fraterniste, 6 mars 1914)

    Le Pèlerin

        Madame Breusing, de Liège, grande amie du « Fraterniste », nous a fait le plaisir de nous adresser la nouvelle suivante que nos lecteurs liront très certainement avec grand plaisir.
        Nous l'en remercions vivement.

    \-/

        Un homme avait à faire un voyage vers un but, dont il ignorait s'il était proche ou éloigné : c'était au pays promis de félicité qu'il voulait aller. Il n'en connaissait rien de précis ; il savait seulement qu'au terme du voyage, il aurait à rendre compte de tout ce qu'il aurait fait en cours de route.
        Dans l'incertitude, le chemin direct était difficile à trouver ; il en fut bientôt convaincu. Il rencontra beaucoup d'hommes qui tendaient au même but, mais chacun prenait une route différente.
        Après avoir causé à plusieurs d'entre eux, il entendit une si grande quantité d'opinions différentes, qu'il résolut de poursuivre la route qu'il s'était tracée. Mais bientôt voici de nouvelles bifurcations. A chaque chemin se trouve bien un poteau indicateur, mais ils portaient tous : « Au Pays de Félicité » et encore d'autres indications, mais rendues illisibles, ayant subi quantité de remaniements.
        Une route plus large, noire de monde, attire ses regards. Il s'avance et il lit « AU PAYS DE FELICITE PAR ROME. » Tiens, se dit-il, ne serait-ce pas le chemin sans détours que je cherche ? Et au même instant un vieillard majestueux, recouvert d'un long manteau brodé d'or, portant sur la tête une mitre à trois couronnes, surmontée d'une croix étincelante de diamants s'approcha de lui et lui dit : « Tu veux aller au pays de félicité ? » – « Оui », répondit le pèlerin. Et le vieillard, élevant sa crosse ornée de pierreries, lui indiqua le chemin de Rome en lui disant avec autorité : « Voilà le seul et vrai chemin qui conduit au pays de félicité. »
        Rendu méfiant par cette si grande assurance, ajoutée à toutes les divergences d'opinions entendues jusque-là, le pèlerin lui demanda : « Es-tu certain de ce que tu avances ? »
        – « Tu ne sais donc pas qui je suis », répliqua son interlocuteur irrité. « Je suis le délégué du Maître, du pays de félicité ; il m'a donné procuration et plein pouvoir sur tous les hommes de la terre. Moi seul peux en indiquer la voie. »
        – « Veux-tu me laisser voir ta procuration ? » lui dit le pèlerin.
        – « Tu ne peux pas la voir, répondit le vieillard, elle se trouve dans un livre qui a été écrit il y a 1900 ans et qui est tellement sacré, que seuls, moi et mes délégués ordonnés, peuvent en prendre connaissance, et peu sont aptes à l'interpréter. Il leva de nouveau sa crosse et lui indiquant les autres pèlerins sur la route, il lui dit sèchement : « Va les rejoindre et poursuis ta route avec eux. »
        Le pèlerin, un peu interdit, vit en effet une multitude d'hommes et beaucoup d'enfants qui tenaient en mains, les uns des bâtons à crois dorées, d'autres, des étendards aux couleurs vives et où on y distinguait des figures et des cœurs ; il les entendit psalmodier « Ave Maria ! Ave Maria !... »
        Au moment de les rejoindre, il fit cette réflexion : « Mais pourquoi s'adressent-ils à une femme et non directement au Maître du pays de félicité ? » et cela lui déplut. Il revint auprès du vieillard et lui dit encore : « Mais as-tu toi-même parcouru le chemin que tu indiques ? » — « Non, fut la réponse, je ne l'ai pas parcouru, mais bien mon prédécesseur, « Saint Pierre. » Il est depuis assis à la porte du pays de félicité, et il ne laisse entrer que ceux qui ont pris ce chemin. Comme symbole de ce que je suis bien son successeur, je porte cette clef, qui est celle du pays de félicité. Le pèlerin remarqua seulement alors qu'il tenait dans l'autre main une énorme clef, artificiellement forgée (ce qui lui sembla étrange) et il lui dit : « Puisque tu n'as pas fais toi-même ce trajet, je ne vois pas bien que tu puisses me certifier, sans autres preuves, que c'est le seul et vrai chemin et je préfère encore continuer ma route, qui me conduit sans doute au but poursuivi. »
        A cette réplique, l'homme à la triple couronne, s'emporta en s'écriant : « Puisque tu doutes de mes paroles tu n'es qu'un mécréant, tu n'es qu'un hérétique !!! » Et la foule, se retournant vers lui, ils s'écrièrent tous : « Anathema sit ! Anathema sit !! »
        A cette rumeur de haine, le pèlerin, saisi d'effroi, s'enfuit à grands pas, mais au premier chemin qu'il rencontra, un homme vêtu de noir, portant une barette noire sur la tête, le menton appuyé sur un petit collet blanc, vint à lui et il lut sur le poteau indicateur : « AU PAYS DE FELICITE PAR VITENBERG ». Cet homme austère lui dit : « Si tu cherches la voie qui conduit à ce pays, c'est celle-ci que tu dois prendre. »
        – Es-tu bien sûr de ce que tu avances ? » répliqua le pèlerin étonné.
        – Certainement, reprit l'homme noir, le Maître de ce pays m'a mis ici pour détourner et ramener les hommes qui s'égarent sur de faux chemins », — « Le Maître te l'a-t-il dit, lui-même ? » questionna le pèlerin. – Non, répondit l'homme grave, mais cela est écrit depuis 1900 ans dans la Biblia sacra, et nous seuls l'interprétons, comme le Maître l'a voulu ». Et disant cela il ouvrit un gros livre noir, à la première page, et il y lut, imprimé : « Das neue Testament… Unseres Herra und Heilands Jesu Christi. Durch Doctor Martin Luther verteuschet. Druckte und verlegte Johann Delleffsen. Minden 1719. » Le pèlerin, perplexe, se souvenant des paroles de l'homme au manteau brodé d'or, jeta un regard sur la route qu'il lui indiquait ; il y vit moins de monde que sur celle de Rome, la route était aussi moins belle et moins large, les pèlerins y étaient sombres et silencieux. Il dit alors à son interlocuteur : « Un homme richement vêtu, posté au bord du chemin précédent, m'a aussi dit que la voie qu'il indiquait était consignée dans un livre sacré, écrit il y a 1900 ans, ne serait-ce pas le même ? »
        – « Oui, c'est le même, mais nous seuls avons compris ce qu'y a enseigné le Maître, et si tu ne nous crois pas, tu n'es qu'un impie, tu n'es qu'un hérétique ! »
        Le pèlerin, interdit par ces imprécations déjà entendues, lui dit doucement : « Je ne veux pas douter des vérités que contiennent ce livre sacré, mais, pendant 1900 ans, que de fois n'a-t-il pas été traduits, interprété, copié et recopié, et la tradition est sujette à des erreurs qu'on reconnaît avec les années. Je sais très bien, par expérience, que de simples contes, qui ont passé de bouches en bouches depuis quelques années seulement, finissent par s'altérer et ne plus contenir l'enseignement pur qu'on y trouvait dans le principe. Il s'agit ici de 1900 ans, alors... »
        – « Je vous assure, reprit l'homme à la mine rébarbative, que notre interprétation est la bonne et la vraie ». Il s'animait en disant cela.
        – « Eh bien, reprit le pèlerin, l'homme à la crosse disait exactement la même chose. Je ne tiens nullement à me mêler à vos dissentions, et je vais encore poursuivre ma propre route. » A ces mots, son interlocuteur, se fâchant, lui jeta à la face :
        – « Si tu ne crois pas ce que je te dis, et qui est écrit dans le livre sacré, tu es damné et tu ne pourras jamais entrer dans le pays de félicité. Tu n'es qu'un impie, tu es un hérétique... et tous ceux qui passaient à l'instant sur cette route, s'écrièrent à l'unisson. « Voilà un impie ! voilà un impie ! »
        Le pauvre pèlerin, tout marri d'avoir indisposé et mis en colère deux hommes qui avaient voulu chacun le mettre sur le bon chemin, tomba dans de profondes et graves réflexions. Tout attristé, marchant la tête basse, ses pensées se portèrent vers DIEU, et il l'implorait dans son for intérieur. Il sortit de sa profonde méditation au son d'une voix douce et compatissante, qui lui disait : « Tu es affligé, mon frère. Pourquoi doutes-tu ? »
        Levant les yeux vers l'inconnu, à cette interpellation amicale, il se sentit attiré vers lui, et il remarqua alors qu'il venait de la direction du pays de félicité. Il était vêtu d'une longue draperie blanche, rejetée en plis souples sur l'épaule gauche ; il marchait tête nue, laissant voir de longs cheveux partagés sur le front, un sourire ineffable se jouait sur ses lèvres, entourées d'une belle barbe soyeuse. Il attirait par la bonté, rayonnant de tout son être. Il se sentit conquis, enveloppé de fluides bienfaisants, et plein de confiance, il se jeta à ses pieds en disant : « Qui que tu sois, tu as gagné mon cœur, je veux déverser mes peines dans le tien si compatissant. Oui, je suis triste et fatigué... les hommes qui m'arrêtent en chemin me remplissent de doutes et de tristesse ; je viens encore d'en indisposer deux, qui, pleins d'aigreur, me traitent d'impie, parce que je trouve raisonnable de ne pas suivre leurs conseils ni leur route. Le cher compagnon répondit : « Ta sensibilité, ton affliction, prouvent que tu es sur la voie qui conduit au pays de félicité. Ce n'est qu'un sentier étroit, plein d'écueils et de précipices où il est difficile de marcher. »
        Le pèlerin, rempli du plus ardent désir, plein de nouvelles forces et de courage, envahi d'un bien-être indicible, les yeux perdus dans le vague, comme transformé, illuminé, s'écria : « Je supporterai tout, je braverai tout, et j'arriverai au port avec toi. » Ensemble, ils poursuivirent la route. Ils étaient l'un et l'autre muets devant les spectacles grandioses, mais souvent effrayants, qu'offrait la nature à leurs yeux éblouis et terrifiés.
        Le jour baissait, point de lune au firmament, bientôt l'obscurité complète les enveloppa. Quel ne fut pas l'étonnement du pèlerin en voyant son compagnon la tête auréolée et le corps entouré d'une lueur suffisante pour éclairer leurs pas. Ils côtoyaient des précipices où s'abimaient avec fracas les morceaux de roches qui se détachaient sous leurs pieds.
        Des mugissements terrifiants sortaient de ces abîmes. Le frôlement d'ailes immenses le faisait chanceler au bord de trous béants ; il trébuchait sur des corps visqueux et de sourds gémissements s'élevaient vers lui qui le remplissaient d'effroi. L'air se raréfia, il devint étouffant, un sourd grondement, suivi d'éclairs éblouissants, lui découvrent toute l'horreur des lieux les environnant. Bientôt une pluie douce et bienfaisante tombe et il aperçoit au loin, bien loin, un point lumineux, brillant, et son regard ne sait plus s'en détacher ; il pressent que c'est le présage du terme de son voyage, et poussant un soupir de soulagement, il veut exprimer toute sa reconnaissance à son compagnon, mais il s'aperçoit qu'il n'est plus à ses côtés. En revanche, il voit un homme, tout semblable à lui, qui le dévisage, et il reconnaît bientôt, non un inconnu mais un homme de son pays. Comment le trouve-t-il ici, complètement transfiguré, lui qui était si misérable, si bafoué ? Il paraît tranquille et heureux, comment est-il arrivé en ces lieux, qui a guidé ses pas ? Il va vers lui et en même temps, spontanément, ils se tendent les mains, ils se donnent le doux nom de frère, ils vont se conter les péripéties de la route. Tous deux reconnaissent qu'ils ont eu le même guide. Ils ont été conquis par les effluves d'amour que dégageait cet Etre surnaturel. Pleins de confiance, ils l'ont suivi et suivent encore ses traces. Ils en parlent avec amour et reconnaissance.
        Le chemin s'élargit, ils parcourent de vastes plaines et des champs promettant une récolte abondante. De gais ruisseaux serpentent, en répandant autour d'eux la fraicheur et la fertilité ; ils peuvent sans crainte se désaltérer à ces eaux pures et limpides.
        A force de fouler une herbe douce et tiède, la rosée s'évaporant lentement sous les pâles rayons du matin, leurs pieds perdent toute trace de meurtrissures. Ils se sentent frais et dispos, animés d'un courage grandissant. Ils n'ont pas assez de toutes leurs facultés présentes pour admirer la nature dans son complet épanouissement. Ils sont muets, ne trouvant pas les mots nécessaires pour dépeindre leurs sensations multiples, leur ivresse débordante ; ils se serrent la main, ils se comprennent, ils partagent les mêmes sentiments, ils sont unis par l'esprit et par le cœur. Ils sentent et ils comprennent qu'ils doivent être dans le pays de félicité ; ils n'ont cependant pas franchi de frontières, on ne leur a ouvert aucune portes, on ne leur a rien demandé.
        Pas un nuage au firmament, le ciel paraît de cristal parsemé d'étoiles étincelantes, leurs regards se perdent dans l'Infini. Une sensation étrange les étreint et les ravit. Ils ont conscience qu'ils sont près du Père Eternel, ils le sentent mais ils ne le voyent pas. Ils n'ont plus conscience de leur corps charnel, et cependant ils ont conservé leur personnalité. Ils se souviennent de toutes leurs vies passées et elles ont été nombreuses. Ils sentent que la plus sainte des missions leur est désormais dévolue : ils ont la connaissance et ils vont rebrousser chemin, afin de guider et d'aider, comme ils l'ont été, ceux qui cherchent et qui sont de bonne volonté.
        Quand le dernier des mortels aura la connaissance, il règnera une félicité universelle.
        L'enfant prodigue sera rentré au bercail, ce sera l'ère du Père, son règne sera rétabli sur la terre comme au Ciel.
        Un règne de Beauté, de Paix et d'Amour universel !

    \-/

           Faites bien et vous trouverez bien.
        La morale tout entière repose sur la Charité, l'amour du prochain et le respect de soi-même, le reste n'est dû qu'à des différences d'usages et de dogmes.

                                                                                Le 7 Juillet 1911.

    Le Fraterniste, 6 mars 1914


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  • Le Nouveau Messie, Antoine-le-Guérisseur (Le Monde illustré, 7 janvier 1911)

    PAGES D’AUJOURD’HUI
    LE NOUVEAU MESSIE
    Antoine-le-Guérisseur
    Par R. CANUDO

        Pendant que les quelques centaines de millions de Chrétiens fêtaient le souvenir de la naissance du Rédempteur, trois cent mille âmes ont fêté l'avènement réel du nouveau Messie. Et ceci n'est pas un conte de Noël. Car le Messie existe, il vit au milieu de ses disciples, dans la campagne liégeoise, à Jemeppe.
        Il n'est pas, toutefois, le premier Messie des temps modernes.
        Il y a quelques années, un des plus remarquables penseurs italiens contemporains, M. Giacomo Barzellotti, de la Faculté de Rome, consacrait un important ouvrage au dernier prophète paru en Italie : David Lazzaretti. Celui-ci est mort dans la campagne siennoise, non loin de cette incomparable Ombrie, où dans la pâleur des couleurs, dans la plus exquise nuance des teintes et des lignes, au milieu des rosiers en fleurs, le divin saint François prêcha au moyen âge l'amour et la pauvreté, au nom du Christ et non plus au nom des Papes.
        On connaît l'histoire merveilleuse des disciples de saint François. On sait comment le « Poverello », le saint Très-Pauvre, put exercer autour de lui, et après lui, une si grande influence, que ses suivants devinrent bientôt phalange, et que cette phalange, d'où sortit même un Pape, poussa son évangélisation jusqu'à Paris, en Ecosse, en Orient, en Afrique. David Lazzaretti, revenant de France, prêchait aussi à ses compatriotes l'amour de la simplicité et la noblesse de la pauvreté, au nom du Christ. Des foules nombreuses venaient le voir, le consulter et l'adorer, de tous les pays voisins.
        Et ces foules étaient aussi les mêmes qui entouraient jadis le Poverello, qui remuaient, candides et menaçantes, évangéliques et farouches, tout L'Occident. Ce sont les foules des mécontents, des pauvres, des exclus, de tous ceux auxquels la société puissante refuse, sans le savoir, toutes les joies de la vie, pour ne leur laisser que le bonheur de mal vivre, d'aimer et de haïr. Elles furent si nombreuses, autour de David Lazzaretti, que le gouvernement italien y vit une menace sérieuse et immédiate de l'ordre établi.
        Hélas, l'histoire de David Lazzaretti est d'hier ! La société humaine a changé. L'esprit religieux a été miné. Et tandis que saint François eut affaire au Souverain Pontife, auquel il put répondre crânement : « Vous avez tort de me chasser, c'est le Christ qui parle par ma bouche et que vous chassez ainsi », le prophète moderne, le malheureux David Lazzaretti, n'eut affaire qu'à des savants, se heurtant à un pouvoir inébranlable d'aliénistes et de geôliers... C'est de l'histoire d'hier, de la pure et simple histoire contemporaine.
        L'histoire du Belge Antoine-le-Guérisseur est d'aujourd'hui. Elle n'est pas achevée. Mais la page la plus étonnante sans doute vient d'être écrite ! Car 160.000 Belges viennent de présenter à la Chambre des Représentants et au roi Albert, une pétition dont nous eussions cru incapable notre époque âpre, calculatrice et égoïste. Cent soixante mille « âmes » demandent à leur roi et à ses représentants de reconnaître comme officiel le culte nouveau institué par leur prophète et leur Messie, par leur idole nouvelle : Antoine-le-Guérisseur.
        Le jour où cette pétition a été déposée sur le bureau de la Chambre belge, dans ce pluvieux et triste mois de décembre, une date a été marquée tout de même dans les annales religieuses du monde.

    *
    *      *

        On a comparé la nature et la mission d'Antoine-le-Guérisseur à celle de Tolstoï. L'analogie est frappante, avec, toutefois, des différences essentielles. Tous les deux se sont éloignés des tentations, des bonheurs et des malheurs « du siècle », en jetant aux autres leurs biens, pour se consacrer à l'apostolat moral qui les attirait. Tous les deux, poussés par l'instinct évangélique chrétien, qui animait saintement le Poverello d'Assise, ont voulu opposer à l'énorme complexité de la vie sociale, trop souvent cruelle et implacable, la divine simplicité de l'humilité, en prêchant l'amour des hommes et de Dieu. Mais ce procédé d'extrême, d'intégrale simplification, est malgré tout loin de résoudre les grands problèmes créés par les souffrances du monde. C'est, à tout prendre, un calmant, et le bien qu'il peut faire n'est que très limité et assez éphémère.
        Tolstoï, qui était arrivé à « l'état de moujik » en venant des splendeurs de la vie militaire et de la richesse, s'est enfui, en se sentant mourir, hors du cercle de douloureuse hostilité dans lequel, au sein de sa famille, il se sentait enfermé. Et Antoine-le-Guérisseur, qui vient de la mine et des dures difficultés de la vie d'un ouvrier mineur authentique, ne sort pas du cercle de ses fervents disciples, où l'adoration le retient et l'exalte. Le bien qu'il fait est là, autour de lui, tassé autour de sa maigre et haute personne, comme l'ombre réfrigérante est tassée autour du palmier dans le désert.
        Le bonheur répandu par ces prophètes ne s'étend pas très loin, hélas ! Il les entoure, et c'est tout. Car leur prédication est surtout morale, immédiate, et ni dans la pensée de Tolstoï, ni dans la volonté de David Lazzaretti, ni dans l'action d'Antoine-le-Guérisseur, les esprits qui traînent leur inquiétude mystique par le monde ne retrouvent la vision vaste et harmonieuse de l'univers, qui serait à la base d'une véritable religion nouvelle.
        Au surplus, on peut objecter que toutes les religions sont nées après, longtemps après ceux qui en répandirent les germes. Et c'est vrai. Le Messie apporte son enseignement, simplement et humainement, et ce sont les disciples et les descendants des disciples qui élèvent sur ces enseignements les grands échafaudages d'où sortent les temples et les cathédrales.
        Ne parle-t-on pas, en effet, déjà, d'une religion nietzschéenne ? Ne prétend-on pas que Nietzsche simula la folie pour voir l'effet de ses idées dans le monde avant sa mort, et que c'est lui le Messie des temps nouveaux ? C'est ainsi que des admirateurs et des détracteurs, aussi fervents les uns que les autres, en arrivent à méconnaître et à rendre cahotique la superbe pensée du grand philosophe-poète mort il y a dix ans...

        Antoine-le-Guérisseur vit à Jemeppe-sur-Meuse.
        Sa popularité dans tous les environs est déjà si grande, que si l'on songeait à ennuyer de quelque manière que ce fut le Guérisseur, la guerre civile éclaterait dans ce département bienheureux de la laborieuse Belgique.
        Après être descendu, enfant, dans la mine, après avoir vécu une dizaine d'années entre l'Allemagne et la Pologne, cet ouvrier prédestiné a changé totalement l'ordre de sa vie, touché par sa vocation.
        Des savants l'étudieront, le discuteront. Il n'en est pas moins certain qu'Antoine opère de véritables miracles, et l'on sait que c'est par le miracle – où s'exaltent à la fois l'instinct humain du merveilleux et le sentiment non moins humain de l'utilité pratique – que les prophètes attirent à eux les foules. Antoine dispose de très grandes forces subtiles – occultes – qu'il serait vain de nier. On doit les constater. Elles ont jusqu'ici une puissance qui emprunte ses caractères au spiritisme et au magnétisme. Et Antoine est arrivé au miracle en développant admirablement ses forces psychiques réelles, pendant les séances de spiritisme où il fut le médium de plus en plus merveilleux.
        C'est en effet par l'imposition des mains sur le patient – et par la concentration et la soumission absolue de la volonté d'autrui, qu'il obtient par ces mots imposés au fidèle : « Pensez à Antoine ! » – qu'Antoine réalise ses guérisons.
        Le procédé est magnétique – ce qui ne dit rien ; et il témoigne d'une puissance intérieure, d'une maîtrise de soi-même et d'une énergie de volonté extraordinaires, ce qui dit beaucoup. L'ensemble des forces d'Antoine-le-Guérisseur est donc la manifestation d'un esprit si puissamment doué, qu'il peut rayonner de la force, et en faire bénéficier tous ceux qui l'entourent. C'est la force subtile, indéfinissable et immense, en un mot : divine, de tous les grands prophètes.
        Et ses disciples sont fort nombreux. Dans la pétition présentée à la Chambre belge, ils ne demandent rien, hors la reconnaissance légale de leur culte, du culte « antoiniste ». Ils s'expriment ainsi :
        « Si Antoine-le-Guérisseur et ses adeptes demandent la reconnaissance légale de leur culte, ce n'est pas pour obtenir des subsides, ou la rémunération des ministres de leur culte. La religion antoiniste est fondée sur le désintéressement le plus complet, et Antoine-le-Guérisseur et les membres de son culte ne peuvent recevoir ni subside ni rémunération, mais ils veulent assurer l'existence de leurs temples.
        « Le temple de Jemeppe-sur-Meuse a coûté 100.000 francs ; d'autres temples vont être érigés aux frais des adeptes.
        « La reconnaissance du culte aurait pour effet de transférer la propriété des temples aux fabriques ou consistoires, qui en auraient la gestion matérielle. Leur existence légale serait ainsi assurée. »
        Dans le village minier de Jemeppe-sur-Meuse, où vivent dix mille habitants au milieu d'un des plus actifs départements industriels, Louis Antoine, âgé maintenant de soixante-quatre ans, opère ses guérisons qu'aident sa force et la foi des adeptes. Mais à part cette action directe, physique et morale, ses enseignements ne présentent pas vraiment l'intérêt que les « assoifés de religion » en pouvaient attendre. Son langage est naïf et plein de confiance en Dieu, qui crée d'ailleurs la confiance en l'aide extérieure, prédispose les âmes et assouplit les corps.
        « L'enseignement d'Antoine-le-Guérisseur – écrivent dans une brochure ses disciples – a pour base l'amour, il révèle la loi morale, la conscience de l'humanité ; il rappelle à l'homme les devoirs qu'il a à remplir envers ses semblables ; fût-il arriéré même jusqu'à ne pouvoir le comprendre, il pourra, au contact de ceux qui le répandent, se pénétrer de l'amour qui en découle ; celui-ci lui inspirera de meilleures intentions et fera germer en lui des sentiments plus nobles.
        « La vraie religion, dit le Guérisseur, est l'expression de l'amour pur puisé au sein de Dieu, qui nous fait aimer tout le monde indistinctement.
        « Il est plutôt médecin de l'âme que du corps. Non, non, nous ne voulons pas faire d'Antoine-le-Guérisseur un grand seigneur, nous faisons de Lui notre Sauveur. Il est plutôt notre Dieu, parce qu'Il ne veut être que notre serviteur. »
        Le lyrisme d'Antoine est inspiré à ces principes. Voici de ses vers, publiés par un écrivain belge qui a vu le prophète, M. Louis Piérard.
        C'est Dieu qui parle :

    Ne croyez pas en celui qui vous parle de moi,
    Dont l'intention serait de nous convertir.
    Si vous respectez toute croyance
    Et celui qui n'en a pas,
    Vous savez, malgré votre ignorance,
     Plus qu'il ne pourrait vous dire.

        Et ceci :

    Vous ne pouvez faire de la morale à personne,
    Ce serait prouver
    Que vous ne faites pas bien
    Parce qu'elle ne s'enseigne pas par la parole
    Mais par l'exemple,
    Et à ne voir le mal en rien.

        La force de ce nouveau Messie, que certains de ses fidèles ne craignent donc pas de considérer comme Dieu lui-même, est dans la profonde pureté de son apostolat.
        Et sans doute Antoine-le-Guérisseur fait du bien, donne à des êtres chancelants, désorientés et malheureux, cette consistance de la volonté qui est la santé de l'esprit.
        Mais sa puissance n'est qu'avec lui et en lui. Le culte « antoiniste », comme tous les autres similaires, n'a pas malheureusement une doctrine, à répandre comme un grand baume spirituel sur les souffrances du monde.

                                                                                                           R. CANUDO.

    Le Monde illustré, 7 janvier 1911


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  • La Wallonie, le Pays et les Hommes - Tome 4 - Culture (2ème partie - La place du spirituel) - ill.(issuu.com)

    La Wallonie, le Pays et les Hommes - Tome 4 - Culture (2ème partie - La place du spirituel)
    - illustration J. Mordant - Jemeppe (issuu.com)


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  • Antoine de Genezer II. (Limburger koerier, 24 juillet 1912)

    ANTOINE DE GENEZER.

    II. (Slot).

        Onze Belgisch-Limburgsche briefschrijver meldt ons:

    In Jemeppe had M. Antoine eenen tempel gebouwd. Van uit zijn vertrekken kon hij op de tribuun komen, soort galerij waar hij zich aan zijn volgelingen vertoonde. In het midden hangt een zwart schild met zilveren boom. Tusschen de takken de woorden: „ Antoinistische godsdienst” en onder het schild de leuze : “De boom van de wetenschap van het zien van het kwaad”.

        Wij hebben reeds gezegd dat M. Antoine zijn loopbaan van genezer begon als spiriet. Met de dooden praten viel hem gauw te lastig, en in vlugschriften kondigde hij aan dat bij hem te vinden was genezing van alle ziekten, van het lichaam en van de ziel, en.... het volk kwam toegestroomd.
        Daar hij zag dat er wat meer noodig was om vertrouwen te winnen, begon hij een onschadelijk geneesmiddel voor de schrijven. Dit bracht hem in kennis met het gerecht: hij kreeg tweemaal 26 frs. boete.
        Hij liet zijn geneesmiddel varen en kondigde aan dat hij de macht bezat water, dat men hem bracht te magnetiseeren. Van alle kanten kwam men aandragen met flesschen en potten. M. Antoine met veel gebaren bracht er zijn magnetisme in, dat alle ziekten genezen moest.
        “Gij meent misschien dat de grenzen der lichtgeloovigheid bereikt waren? Bijlange niet! M. Antoine vond weldra dat gebaren maken te vermoeiend: hij deelde papiertjes uit. Die zoo'n papiertje kreeg, hoefde het slechts in een glas water te legger om dit te magnetiseeren en van alle mogelijke geneeskrachten te voorzien.
        Intusschen had de genezer een soort theorie uitgevonden van het geloof en de stroomingen. Er zijn slechte en goede stroomingen; M. Antoine kon die uiteen schakelen en gebruikte de goede om die personen te genezen die het geloof hadden in zijne leer. Hij gaf geen papiertjes meer hij legde de handen op aan de zieken.
        En ook dat vond de genezer weldra te afmattend. De tempel was opgebouwd en ziehier hoe een getuige de laatste werkmethode van M. Antoine afschildert.
        “Het is Zondag, 10 uren. De nieuwsgierigen en de vreemden zitten op de banken tegenover de tribuun. Voor de tribuun, zit aan een tafel, een volgeling van den meester. Hij staat op:
        – Onze goede Vader zal aanstonds komen. Alvorens te werken, begeeft hij zich in gebed. Eerbiedigt dit plechtig oogenblik. Sterk uw geloof, want allen die het geloof hebben zullen genezen of verlicht worden”.
        Een deur gaat open op de tribuun. M. Antoine komt uit zijn vertrekken: hij schijnt bezield; zijn oog staart in een onbekende wereld. Plechtig heft hij de handen op, steekt de armen uit, beweegt de vingers om over de aanwezigen al het magnetisme uit te storten dat hij verzameld heeft. Hij sluit de oogen en keert langzaam naar zijn vertrekken weer, zonder een woord gesproken te hebben. De volgeling staat weer recht:
        – De verrichting is afgeloopen. De personen die het geloof hebben, zijn genezen of verlicht”.
        De zitting is afgeloopen, andere toeschouwers worden binnengelaten en het spelletje begint weer van voren af.
        Hoe is het mogelijk zult gij weer vragen, dat daar duizenden om genezing kwamen? Och, de groote oorzaak is en blijft overal dezelfde. Is Parijs, de stad van het licht, niet de stad waar het stieltje van waarzegster het meest winstgevend is? Waar het geloof verzwakt, komt het bijgeloof in de plaats.
        Dan vindt men overal zieken die door de geneesheeren opgegeven zijn en die eene laatste poging willen doen.
        Van Jemeppe uit werd er drukke reklaam gemaakt heel de wereld door. De antigodsdienstige pers hielp mee naar best vermogen. Lourdes wordt dagelijks afgebroken, Lourdes waar iedereen vrijen toegang heeft en vrij de genezingen kan controleeren, Jemeppe wordt opgehemeld.
        Een Antoinist mag geen dokter aan zijn ziekbed dulden. Wie zal zeggen voor hoevelen dat voor schrift oorzaak was van den dood?
        Nu is de genezer dood, maar zijn vrouw volgt hem op. Hij heeft volgelingen in Brussel, Frankrijk, Duitschland, ja tot in Oostenrijk toe. Laat de tijd geworden: welhaast zal men van Antoine en zijn genezingen niet meer spreken. Alleen de waarheid tart den tijd.
                                                                        P. L.

    Limburger koerier, 24 juillet 1912

     

    Traduction :

    ANTOINE LE GUÉRISSEUR.

    II. (Conclusion).

        Notre correspondant du Limbourg belge nous rapporte :

    A Jemeppe, M. Antoine avait construit un temple. De ses appartements, il pouvait venir à la tribune, sorte de galerie où il se montrait à ses disciples. Au milieu se trouve un panneau noir avec un arbre argenté. Entre les branches, les mots : "Culte Antoiniste" et sous le panneau, la devise : "L'arbre de la science de la vue du mal".

        Nous avons déjà dit que M. Antoine a commencé sa carrière de guérisseur en tant que spirite. Parler aux morts le dérangeait bientôt trop, et dans des pamphlets il annonçait qu'il y avait un remède pour toutes les maladies, pour le corps et l'âme, et.... les gens sont venus.
        Voyant que quelque chose en plus était nécessaire pour gagner la confiance, il a commencé une médecine inoffensive avant de l'écrire. Cela l'a fait remarquer auprès du tribunal : il a été condamné à deux amendes de 26 Frs.
        Il renonce à ses médicaments et annonce qu'il a le pouvoir de magnétiser l'eau, qui lui est apportée. Les gens venaient de tous les côtés avec des bouteilles et des bocaux. M. Antoine, par de nombreux gestes, a apporté son magnétisme, qui devait guérir toutes les maladies.
        "Vous pensez peut-être que les limites de la crédulité ont été atteintes ? En aucun cas ! M. Antoine s'est vite rendu compte que faire des gestes était trop épuisant : il distribuait des morceaux de papier. Ceux qui recevaient un tel morceau de papier n'avaient qu'à le mettre dans un verre d'eau pour le magnétiser et lui donner tous les pouvoirs de guérison possibles.
        Entre-temps, le guérisseur avait inventé une sorte de théorie de la foi et des fluides. Il y a des bons et des mauvais fluides ; M. Antoine pouvait les déconnecter et utiliser les bons pour guérir ceux qui avaient foi en sa doctrine. Il n'a plus donné de papiers, il n'a mis la main sur les malades.
        Et bientôt, le guérisseur a trouvé cela trop épuisant. Le temple a été construit et voici comment un témoin décrit la dernière méthode de travail de M. Antoine.
        "Nous sommes dimanche, à 10 heures. Les curieux et les étrangers sont assis sur les bancs en face de la tribune. Devant la tribune, assis à une table, un disciple du maître. Il se lève :
        – Notre bon Père viendra bientôt. Avant de travailler, il se rend à la prière. Respectez ce moment solennel. Renforcez votre foi, car tous ceux qui ont la foi seront guéris ou éclairés."
        Une porte s'est ouverte sur la tribune. M. Antoine sortit de sa chambre : il brillait d'un air animé, son regard se portait sur un monde inconnu. Il a solennellement levé les mains, levé les bras et bougé les doigts pour déverser sur les personnes présentes tout le magnétisme qu'il avait recueilli. Il ferme les yeux et retourne lentement dans ses quartiers, sans avoir dit un mot. L'adepte se lève à nouveau :
        – L'opération est terminée. Ceux qui ont la foi sont guéris ou éclairés."
        La séance est terminée, d'autres spectateurs sont admis et le jeu reprend de plus belle.
        Comment est-il possible que vous demandiez à nouveau que des milliers de personnes soient venues pour être soignées ? Oh, la grande cause est et reste la même partout. Paris, la ville lumière, n'est-elle pas la ville où le voyant est le plus rentable ? Là où la foi s'affaiblit, la superstition prend sa place.
        Ensuite, il y a partout des malades qui ont été abandonnés par les médecins et qui veulent faire un dernier effort.
        De Jemeppe, il y a eu beaucoup d'acclamations dans le monde entier. La presse anti-religieuse a contribué au mieux de ses capacités. Lourdes est démolie quotidiennement, Lourdes où tout le monde peut avoir accès et contrôler librement les guérisons, Jemeppe est loué.
        Un Antoiniste n'est pas autorisé à avoir un médecin à son chevet. Qui peut dire par écrit pour combien de personnes cela a été la cause du décès ?
        Le guérisseur est maintenant mort, mais sa femme lui succède. Il a des adeptes à Bruxelles, en France, en Allemagne, oui, jusqu'en Autriche. Que le temps passe : on ne parlera presque plus d'Antoine et de ses guérisons. Seule la vérité défie le temps.

                                                                        P. L.


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  • Antoine de Genezer I. (Limburger koerier, 23 juillet 1912)

    ANTOINE DE GENEZER

    1.

        Onze Belgisch-Limburgsche briefschrijver meldt ons:

     De beheerraad van den Antoinistischen eeredienst brengt hiermede ter kennis dat de Vader zich vandaag, 25e Juni, gedesincarneerd heeft. Alvorens zijn lichaam te verlaten, heeft hij eraan gehouden eenen laatsten keer zijne volgelingen te zien om hen te zeggen dat Moeder hem in zijn zending zal vervangen. Er is dus niets veranderd, de Vader zal altijd met ons zijn, en Moeder zal de tribuun bestijgen voor de algemeene verrichtingen de vier eerste dagen der week om 10 uren.
        De begrafenis van den Vader zal plaats hebben Zondag aanst. 30e Juni om 3 uren.”

        Met die woorden werd de wereld kond gedaan dat de genezer Antoine gedesincarneerd” was, woord dat in de Antoinistische taal wil zeggen gestorven. Hij was 66 jaar oud.
        Louis Antoine was de jongste van 11 kinderen. Zijne ouders waren arme werklie van Mons-Crotteux. Toen Louis 12 jaren oud was, moest hij met zijn vader en een broeder in de mijn afdalen om zijn brood te verdienen. Het werk stond hem niet aan, en hij werd metaalbewerker.
        Op 24 jarigen ouderdom trok hij naar Duitschland, verbleef er 5 jaren, kwam intusschen terug om te trouwen, ging voor 5 jaren naar Rusland in de omstreken van Warschau en kwam zich eindelijk voor goed in Jemeppe vestigen. Het geld dat hij verdiend had, legde hij gedeeltelijk vast in onroerende goederen.
        Hij leefde eenvoudig, at vleesch noch eieren, noch boter, noch melk, noch wat ook van dieren komt. Zijn uiterlijke verschijning geleek die van eenen Russischen pope: lange haren, vollen baard en als kleeding een eng sluitende soutanelle.
        Tot 42 jaren was hij katholiek. Toen ging hij zich toeleggen op spiritisme tot in 1906. In dat Jaar begon hij zijne nieuwe leer te verkondigen: het nieuwe spiritualisme.
        M. Antoine kon nauwelijks schrijven en lezen. Geen wonder dus dat er in zijn leer geen enkel klaar begrip te vinden is. Zijn geschriften, Het Onderwijs”, De Aureool van ’t geweten”, De bekroning der openbaring” zijn duister en onverstaanbaar. De meest gewone woorden krijgen hun bijzondere beteekenis, die in geen woordenboeken te vinden is. Tegenspraak is gewone regel.
        Over de godheid worden onsamenhangende begrippen vooruitgezet, soms is God „een goede huisvader” elders zijn wij allen God of God aan 't worden. De God van Antoine heeft geen eeredienst: hij houdt er zooveel minder aan geloofd te worden, dat hij zoo groot is”.
        De duivel is het slecht genie, de oorzaak van ziekten, ongevallen, groote plagen die het menschdom teisteren” of ook onze moeder die ons voedsel verstrekt. Wij zijn eerder kinderen des duivels, dan kinderen Gods”!
        M. Antoine stelt zelfs voor den duivel, zoo gedienstig jegens ons, te aanbidden.... Wij vinden in hem den waren God weer, en in het verstand de scherpzinnigheid van het geweten”. Lezer, gij verstaat misschien niet meer al te goed? Dat is niet erg, wij ook niet. Houd moed. Het zien van het kwaad berooft ons van de liefde, die ons tot Ware goden zou maken, terwijl dat zien ons dwingt duivel te zijn”. Rijm dat eens samen met het vorige! Maar, alla, maar verder anders geraken wij nooit op het einde.
        Volgens onzen dokter bestaat het kwaad niet: het kwaad is een produkt onzer inbeelding. Al wat onder de zinnen valt is zinsbedrog. De mensch is vrij te handelen naar eigen goeddunken, als hij maar handelt volgens zijn instinkt.
        Het geloof is het universeel geneesmiddel. Eenen geneesheer raadplegen, is gebrek aan geloof toonen, en bij gevolg zich blootstellen aan ziek te blijven voor immer.
        In wijsbegeerte, houdt M. Antoine het er voor dat de stof eeuwig is en dat Adam de wereld geschapen heeft. Hij houdt niet van de dieren: Wij moeten weten dat het dier alleen in schijn bestaat. Het dier is slechts het uitwerpsel (excrément) van onze onvolmaaktheid.”
        Zoo luidt de godsdienst die tegenwoordig duizenden discipelen telt. 't Is ongeloofelijk. Men weet niet of men lachen of weenen moet om die verblindheid van 't menschelijk verstand. Hier kan men tastbaar voelen hoe diep de zielen vallen, die niet meer verlicht worden door de onsterfelijke leer van het christendom.
        Later nog een woord over de manier van werken van den genezer.
                                                                        P. L.

        (Bovenstaande bijzonderheden ontleenden wij aan artikels verschenen in Patriote”, XXe Siècle” en Gazette de Liége”.                            P. L.

                                                                (Slot volgt.)

    Limburger koerier, 23 juillet 1912

     

    Traduction :

    ANTOINE LE GUÉRISSEUR

    1.

        Notre correspondant du Limbourg belge nous rapporte :

        "Le Conseil directeur de l'Office antoiniste annonce par la présente que le Père s'est désincarné aujourd'hui, le 25 juin. Avant de quitter son corps, il s'est engagé à voir ses disciples la dernière fois pour leur dire que Mère le remplacerait dans sa mission. Rien n'a donc changé, le Père sera toujours avec nous, et la Mère montera à la tribune pour les opérations générales les quatre premiers jours de la semaine à 10 heures.
        Les funérailles du Père auront lieu dimanche, le 30 juin à 15 heures".

        Avec ces mots, le monde a été annoncé que le guérisseur Antoine était "désincarné", un mot qui signifie "mort" en langue antoiniste. Il avait 66 ans.
        Louis Antoine était le plus jeune de 11 enfants. Ses parents étaient de pauvres ouvriers de Mons-Crotteux. A l'âge de 12 ans, Louis a dû descendre dans la mine avec son père et un frère pour gagner sa vie. Il n'aimait pas ce travail et il est devenu métallurgiste.
        À l'âge de 24 ans, il est parti en Allemagne, y est resté 5 ans, est revenu entretemps pour se marier, alla en Russie pendant 5 ans et s'est finalement installé définitivement à Jemeppe. L'argent qu'il avait gagné était en partie investi dans l'immobilier.
        Il menait une vie simple, ne mangeant ni œufs, ni beurre, ni lait, ni rien provenant de l'animal. Son apparence extérieure ressemblait à celle d'un pope russe : cheveux longs, barbe fournie, et comme vêtement une soutanelle fermée de près.
        Jusqu'à 42 ans, il était catholique. Puis il se consacre au spiritisme jusqu'en 1906. Cette année-là, il commence à proclamer sa nouvelle doctrine : le nouveau spiritualisme.
        M. Antoine savait à peine lire et écrire. Il n'est donc pas étonnant que sa doctrine n'ait pas été bien comprise. Ses écrits, "L'Enseignement", "L'Auréole de la conscience", "Le Couronnement de la révélation" sont sombres et inintelligibles. Les mots les plus ordinaires se voient attribuer une signification particulière, que l'on ne trouve pas dans les dictionnaires. La contradiction est une règle courante.
        Des notions incohérentes sont mises en avant à propos de la divinité, parfois Dieu est "un bon père de famille" ; ailleurs, nous sommes tous Dieu ou devenons Dieu. Le Dieu d'Antoine n'est pas adoré : "Il veut moins qu'on croie en lui, tellement il est grand."
        Le diable est "le génie maléfique, la cause des maladies, des accidents, des grands fléaux qui affligent la race humaine", ou encore "notre mère qui nous nourrit". Nous sommes plus des enfants du diable que des enfants de Dieu" !
        M. Antoine suggère même "d'adorer le diable, si obligeant envers nous.... C'est en lui que nous retrouvons Dieu, et dans l'esprit l'acuité de la conscience." Lecteur, tu ne comprends pas, n'est-ce pas ? Ce n'est pas grave, nous non plus. Soyez courageux. "Voir le mal nous prive de l'amour qui ferait de nous de vrais dieux, alors que le voir nous oblige à être des diables." Faites rimer cela avec le précédent ! Mais, allons de l’avant, sinon nous n'arriverons jamais au bout.
        Selon notre médecin, le mal n'existe pas : le mal est un produit de notre imagination. Tout ce qui tombe sous les sens est illusion. L'homme est libre d'agir comme il l'entend, pour autant qu'il agisse selon ses instincts.
        La foi est le remède universel. Consulter un médecin, c'est faire preuve d'un manque de foi, et par conséquent s'exposer à rester malade à jamais.
        En philosophie, M. Antoine soutient que la substance est éternelle et qu'Adam a créé le monde. Il n'aime pas les animaux : "Nous devons savoir que l'animal n'existe qu'en apparence. L'animal n'est que l'excrément de notre imperfection".
        Voilà la religion qui compte aujourd'hui des milliers de disciples. C'est incroyable. Nous ne savons pas s'il faut rire ou pleurer face à l'aveuglement de l'esprit humain. C'est ici que l'on peut sentir de façon palpable la chute des âmes qui ne sont plus éclairées par la doctrine immortelle du christianisme.
        Plus tard, un mot sur le mode de fonctionnement du guérisseur.
                                                                        P. L.
        (Les détails ci-dessus sont tirés d'articles publiés dans "Patriote", "XXe Siècle" et "Gazette de Liége".                            P. L.
                                                                (Conclusion à suivre.)


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  • Etwas vom Antoinismus (Psychische Studien-Heft 7-Juli 1912)

    Etwas vom Antoinismus.

    Mitteilung von Dr. med. Franz Freudenberg, z. Z. in Brüssel.

        Unter dem Titel: „Belgien besitzt eine neue Religion“ bringt die Nummer vom 1. Januar 1911 des „Echo du merveilleux" einige Mitteilungen über die „Antoinismus“ genannte Bewegung in Belgien, über welche unsere Leser wohl schon Einiges aus der Tagespresse, z. T. auch vielleicht durch meinen Artikel im Februarheft der „Ubersinnlichen Welt“ etwas erfahren haben.
        Das „Echo“ bringt den Wortlaut der bei der belgischen Repräsentantenkammer eingereichten, mit der für dieses Land unerhörten Zahl von 160,000 Unterschriften bedeckten Adresse, worin die Anhänger des großen „Heilers“ um staatliche Anerkennung ihres besonderen Kultus und um das Recht, weitere Kirchen zu erbauen, nachsuchen. Eine Kirche in Jemappes-sur-Meuse, dem Wohnort des großen Heilers, besitzt der Antoinismus bereits. Fast alle Unterzeichner der Adresse und Anhänger des Kultus sind geachtete Leute; auch höher Gebildete in größerer Zahl befinden sich unter ihnen: Lehrer, Ärzte, Offiziere etc. Tausende von Heilungsattesten sind der Petition beigefügt, unterzeichnet von angesehenen Ärzten. Auch ein oder sogar zwei Abgeordnete sind Antoinisten. Da Belgien nur 20000 Israeliten und 15000 Protestanten zählt, so stellt der Antoinismus die zweitgrößte Kirchengemeinschaft des Staates vor. *)
        Die Erscheinung Antoine’s, des großen Heilers, nicht minder aber die Entwickelung des „Antoinismus“, ist in psychologischer Beziehung eine hochinteressante. Deshalb hat das „Echo“ denn auch kein Bedenken getragen, seinen Mitarbeiter, Herrn Jules Bois von Paris, nach Jemappes zu schicken, um den ehemaligen Bergmann und jetzigen Religionsstifter in aller Form zu interviewen. Die gleiche Nummer bringt nun unter dem Titel: „ Ein Besuch. Ein großer Heiler in Belgien“ den Bericht des genannten Gelehrten. Der Name  J u l e s  B o i s  ist allen Lesern, wenn nicht anderweitig, so doch durch jene Wette betreffend kontrollierte Bewegung von Gegenständen ohne Berührung bekannt. Ohne jede Frage ist Jules Bois ein feiner Kopf, ein scharfsichtiger Beobachter, ein logischer Denker. Er ist nebenbei auch noch ein gewandter Schriftsteller und anregender Erzähler. Ich würde daher die Leser dieser Zeitschrift tatsächlich um einen Hauptreiz des ganzen Berichtes bringen, wenn ich ihn nachstehend nicht in seinem vollen Wortlaute wiedergeben würde. Auch der Passus, in welchem er à la Molière die Ärzte aufs Korn nimmt, mag ruhig mit unterlaufen. Ja, noch mehr als das, er sei ihm verziehen. Ist es doch ein erhebendes Gefühl, sich großmütig zu zeigen, zumal es so wenig kostet, als ein klein bischen Selbstüberwindung. Nur wollen wir hoffen, daß Freund Bois nicht eines Tages durch ein gelegentliches Zusammentreffen mit einem Auto oder durch einen kleinen innerlichen Verdruß, wie sich solche bisweilen mit den Jahren einzustellen pflegen, veranlasst werden möchte, seine Ansicht einigermaßen zu revidieren. Man munkelt allerhand aus den letzten Tagen der verflossenen Miß  E d d y. Doch genug der Präambeln, zur Sache!
        »Im ganzen Condroz sagte man mir:    „Besuchen Sie Louis  A n t o i n e, er ist der größte Heiler Belgiens.     Er verrichtet Wunder wie die berühmtesten Thaumaturgen. Er besitzt kein Wissen, außer dem, welches seinem Instinkt entstammt, oder wie die Spiritisten sagen, von seinem Führer ausgeht.“    Ich persönlich habe eine gewisse Schwäche für die Heiler. Sie werden allgemein von den Ärzten, ihren Konkurrenten, verfolgt und tuen oft ebensoviel Gutes wie diese.    Wer hätte nicht den Zuaven  J a k o b  gekannt, der Zeiten epochaler Berühmtheit erlebte? In Lyon behandelte vor einiger Zeit  B o u v i e r  täglich mehrere Hunderte von Kranken, und vor einigen Jahren behauptete zu Paris ein bizarrer Amerikaner, der unter dem Pseudonym  S a n k t  P a u l  auftrat, daß aus seiner Hand, die nur aus 3 Fingern bestand, heilkräftige fluidische Ströme ausflössen.

    *                             *
    *

        Als ich, von Lüttich herkommend, auf der kleinen Station Jemappes-sur-Meuse ausstieg, fragte ich den Stationsvorsteher:    „Kennen Sie Louis  A n t o i n e?“    „Ob ich den kenne",    antwortete dieser, „man spricht von ihm in ganz Belgien.    Er wohnt 200 Meter von hier und heute Nachmittag treffen Sie ihn inmitten seiner Patienten.“ Hinter der Bahnsteigsperre sah ich Léon  F o c c r o u l e, den Vorsitzenden des Spiritisten vereins zu Poulseur. Ich brauchte mich also nicht weiter nach einem Cicerone umzuschauen. Seine rundlichen Augen unter den gefalteten Augdeckeln strahlten von Klugkeit und Wohlwollen. Für ihn ist Louis  A n t o i n e  eine Art Heiliger, ein Priester der Laienkunst, der mit vollkommener Uneigennützigkeit für das Wohl der Menschheit tätig ist.
        Wir schritten durch den Rauch der Fabriken über die Eisenbahngeleise, über geschwärzte Erde, bevölkerte Straßen entlang. Bisweilen zogen sich langsam bewegende Frauen an uns vorüber, mit einem Stecken auf der Schulter, von den bis zu den Hüften mächtige Eimer herabhingen. Die Sonne schien nur trübe; die Fabrikschlote erhöhten die traurige Stimmung und erfüllten alles mit Dunst. Mir kam das geistreiche Wort des belgischen Sozialisten  D e m b l o n  in den Sinn: „Der Mystizismus entwickelt sich meist in den Städten, wo es allzuviel Rauch gibt.“    Das wäre also der Grund, warum dieses so praktische, ziemlich sinnliche und feinschmeckerische Belgien seine Kohlenreviere von Phantomen befallen sieht. –
        An einer Kreuzwegecke zeigte sich ein Haus von offiziellem Anstrich, das etwa wie eine Klinik oder ein kleines Gemeindehaus ausschaute.    Die Türe steht offen.  F o c c r o u l e  spricht auf Wallonisch mit einigen Leuten, die vor einem benachbarten Wirtshaus an Tischen sitzen. Die Geuze-lambic **) gestattet den zahlreichen Pilgern behaglich den Augenblick abzuwarten, in welchem ein jeder der Reihe nach empfangen wird.    Im Warteraum eine Unmasse von Frauen. Die Klientinnen stellen die verschiedenartigsten Typen dar: von der Frau des Werkmeisters, schon gut bürgerlich ausschauend, im Hut und mit einem Korsett, das sich unter dem Kleid wie ein Panzer abhebt, bis zu den niedrigsten Arbeiterfrauen, mit ihren grobgewebten Shawltüchern, ihren Holzschuhen und den zerzausten Haaren, deren fehlender Glanz die seit lange versäumte Pflege beweist. Sie haben ihren durch Stillen erschlafften Brüsten Lumpen untergelegt, die sich bei den Erschütterungen durch die Atmung und den Herzschlag auf und nieder bewegen. Die Stille wird nicht einmal durch Kindergeschrei gestört. Einige Greisinnen sind auf ihren Regenschirm gelehnt eingenickt und schrecken jählings auf, wenn sich im Hintergrund die Türe öffnet, um einen Wundergeheilten heraus und einen andern Leidenden eintreten zu lassen.
        Ich erlangte Zutritt durch die Kulissen der magnetischen Offizin, nämlich einen engen Hausflur, in welchem als einziger Schmuck ein offenes Faß mit Kehricht steht. Dieser Gang führt nach dem Häuschen, welches Louis  A n t o i n e  bewohnt. Nur eine Stube, ärmlich und nackt, worin seine Frau selbst kocht.

    *                             *
    *

        Ich habe erraten, daß mich  F o c c r o u l e  als einen Quasi-Adepten vorgestellt hatte. Louis Antoine empfing mich mit Sympathie. Er ist mikrozephal, die Haare kurz geschoren, der Bart meliert, und etwas Gräuliches, wie soll ich sagen, umfließt seine ganze Person. Ohne Zweifel rührt es von Alter her, welches seinem Haare die Farbe und seinen Blick den Glanz genommen hat, vom Rauch, der ganz Jemappes erfüllt und Menschen und Gegenstände einhüllt. Er spricht mit einer gewissen Schwierigkeit, sei es, daß er mit dem Französischen nicht recht vertraut ist, sei es, daß seine Nervosität, die immer hervorzutreten droht, seinen Worten den zittrigen Charakter verleiht.
        „Entschuldigen Sie“, sagte er zu mir, „ich kann Ihnen nichts antworten, ehe ich ,Ihn‘ konsultiert habe. Ich tue nichts ohne ,Ihn‘.“     Louis  A n t o i n e  sprach solcher Gestalt geheimnisvoll von seinem geistigen „Führer“, den er nicht recht zu benennen weiß; bald ist es für ihn die Seele des Pastors von Ars, bald die des Dr.  D e m e u r e, deren Kreidebilder im Wartezimmer an der Wand hangen, neben Plakaten gegen den Alkoholismus.    Dieser „Geist“ war mir offenbar nicht feindlich gesinnt, denn der Heiler, welcher wußte, daß ich mit dem nächsten Zuge wieder zurückfahren mußte, empfing mich fast sofort im Wunderzimmer.
        „ ,Er‘ erscheint mir“, sagte er, „wie eine leuchtende Wolke, wenn meine Kur gelingen soll; aber wenn diejenigen, welche zu mir kommen, keinen Glauben haben, so verläßt nich mein Führer. Ich stehe dann allein da, und aus mir vermag ich wenig.“    Sie sind also kein Magnetiseur?“ „Oh doch, aber zum wahren Louis  A n t o i n e  bin ich erst geworden, seit ich den Glauben habe. Der Glaube ist es, der uns heilt.    Wenn wir glauben, daß wir nicht mehr krank sind, so verschwindet die Krankheit. Wir sind geheilt kraft unseres Glaubens. Je mehr Erfolg ich hatte, desto größer wurde mein Vertrauen und mithin um so stärker nein Erfolg.“
        Louis  A n t o i n e  erklärt mir, daß er Arbeiter in einem Walzwerk war. Das Feuer, worin die heidnischen Salamander tanzen, der Rauch, welcher Phantomen Körperanschein gibt, haben allmählich diese Seele beeindruckt, die unwissend war, aber im Zusammenhang mit der allgemeinen Natur stand. Und die Natur des Alls liebt es, den geistig Einfältigen ihre Geheimnisse ins Ohr zu raunen.
        Dies erzählte er mir mit seiner gleichfalls rauhen, verschleierten Stimme, unter plötzlichen Stockungen und Unterbrechungen.    Wenn man nach Hause kam und von dem Walzwerk träumte, dann hatte man manchmal das Erinnerungsbild aller dieser Funken in den Augen. Während der Nacht, beim Schlaf, schienen sie Sternen zu gleichen. Diese Sterne sagten mir: „Merke wohl auf, Louis Antoine, und fasse es. Das Hüttenfeuer macht das Eisen schmiedbar und der Mensch macht alsdann aus ihm, was er will. Deine Seele ist auch ein Feuer.    Wir verleihen dir die Macht, den Stoff geschmeidig zu machen, das Fleisch der Andern; und die Tauben werden hören und die Lahmen wandeln!“ –
        Eine Mutter tritt mit ihrem Kinde ein.    Der Kleine hat verbogene Beine und sein Leib ist mit roten Flecken überdeckt, das erbärmliche Produkt eines Daseins ohne Hygiene und entarteter Vorfahren.    Louis  A n t o i n e  legt auf diese entstellten Glieder seine erlösende Hand. Der Kleine zuckt von Zeit zu Zeit wie unter einer Versengung zusammen. Alsdann befiehlt ihm der Wundertäter zu gehen, ja selbst zu laufen. Er geht, er läuft in der Tat mit seinen elenden krummen Beinen. Es geht wahrhaftig besser, er lacht, er springt in die Arme Antoine’s mit jener Art instinktiver Erkenntlichkeit, welche die Kinder [wie schon die Tiere – Red.] dem bezeigen, der ihnen Gutes tut. Er ist freilich nicht geheilt, aber elektrisiert. Die Mutter weint vor Freude. Die Luft ist günstig für das Wunder rund um diesen Thaumaturgen herum, der da erklärt: „Er wird gesund, wissen Sie wohl; er wird laufen wie ein Häschen.“ Die Frau in Tränen und das Kind galvanisiert durch den Willen des Operateurs und den unklaren Glauben der ganz Kleinen, welche die Schwere ihres Leidens nicht kennen. Es schließt sich eine Befragung über die Ernährungsweise an.  A n t o i n e  verbietet Schweinefleisch und gestattet nur eine Kartoffel mit Butter, aber ohne Schmalz. Diese kulinarischen Details werden mit einer Andacht angehört, als ob sie aus dem Munde eines Gottes kämen.
        Jetzt ist die Reihe an einer Alten. Louis  A n t o i n e  berührt sie an der Stirne.    Eine der Gaben, deren sich der Wundertäter rühmt, ist, durch Intuition die Krankheiten im Körper abzulesen. Diese Patientin ist ganz und gar gläubig.    Unter ihrer schwarzen Haube belebt sich ihr Gesicht, starr und gelehrig, voll Vertrauen.    Nach Verlauf einer Minute trägt  A n t o i n e  seine Diagnose vor.    Er hat mit hinlänglicher Genauigkeit die Leiden dieser wackeren Frau und den Sitz des Übels entdeckt. Sie ist ganz aufgelöst. Jedesmal, wenn der Heiler ein Krankheitssymptom aufzählt, vergrößert sich ihre Begeisterung und schließlich ruft sie mit ihrer rauhen Bauernstimme:    „Ja, so ist es! Ja, so ist es!“    Aber Louis  A n t o i n e  dringt in sie: „Man muß die Wahrheit sagen! Ist es wirklich das, was Sie fühlen? Wir dürfen die Unwahrheit nicht verbreiten. Die Wahrheit hält uns oben.“ –
        Der Sekundärzug, der mich von Jemappes-sur-Meuse nach Lüttich zurückführen soll, pfeift schon in der Ferne; drum heißt es: Schluß machen! Ich frage  A n t o i n e, was er von den Ärzten hält, seinen großen Kollegen und Feinden. Er sagt nichts Übles. Dieser Magnetiseur hat ein christliches Herz.    „Jene behandeln bei den Krankheiten die Resultate, ich befasse mich mit ihren Ursachen“, sagt er mit einem gewissen Stolz.    Louis  A n t o i n e  ist ein Philosoph.    „Ihrer hundertundfünfzig haben eine Petition gegen mich unterzeichnet; meine Sendung stört sie. Ich bin nur zu einer Geldbuße von wenigen Francs verurteilt worden und noch dazu nur bedingungsweise. Man weiß, daß ich kein Geld verlange, und da ich keine Heilmittel verabreiche, was könnte man mir vorwerfen?“    Die Alte hat einige Sous in die Sparbüchse geworfen, die auf dem Kamin steht. Das ist alles, was dieser mystische Philanthrop annimmt. „Bevor Sie gehen, nehmen Sie noch mein Blatt.“
        Louis  A n t o i n e  hat sich in das niedrige und dunkle Zimmer begeben, worin seine Frau das Abendessen kocht. Ich stehe aufs neue in dem schmalen Gange, den das Kehrichtfaß verengt.    Der Wundertäter kommt mit einer Druckschrift zurück, welche den Titel trägt: Erkenne dich selbst! Ich werfe einen Blick auf dieses Blatt, angefüllt mit jenen weitschweifigen Phrasen, zu denen die spiritualistischen Doktrinäre das Rezept besitzen.    Es dürfte das keine Ausarbeitung von Louis  A n t o i n e  sein. Ich vermute, daß er schreibt, wie er spricht, d. h. schwerfällig. Sein Benehmen, seine Umgebung, seine Haltung, seine Worte, das ist's, was mir an ihm gefallen hat.    Eine große Einfalt, selbst Naivität und Illuminismus, aber ein braver Mann, ein wahrhaft braver Mann, der den doppelten Vorzug besitzt, zugleich unwissend und gläubig zu sein.    Und hierauf beruht vielleicht seine Wunderwirkung. – Ich mußte in weltferne belgische Dörfer gehen, um diesen Glauben zu finden. Ich sage mir, daß Louis  A n t o i n e  über eine unberechenbare Kraft verfügt.   C h a r c o t  begriff am Ende seines Lebens die weiten Grenzen dieses Hypnotismus, den er gewißermaßen zu seinem Eigentum gemacht hatte und der lediglich der vorläufige Ritus des metapsychischen Geheimnisses ist. Jenseits aber liegen Königreiche.
        C h a r c o t  verfaßte in einer englischen Zeitschrift eine berühmt gewordene Abhandlung, betitelt: „Die Glaubensheilung.“ Dieser geistvolle Beobachter schickte verzweifelte Krankheitsfälle nach Lourdes, wenn er bemerkte, daß die Betreffenden die Fähigkeit besaßen, zu „glauben“, worin wahrhaftig eine wirksame Gabe liegt, welche durch die religiösen Übungen, durch die Pilgerfahrt, die Berührung mit so vielen andern überzeugten Personen genährt und gesteigert wird. Sie hat ihren Sitz in unserem Unterbewußtsein. Der Glaube versetzt Berge, so sagt man. Er kann vor allem zur Gesundheit verhelfen, welche selbst eine geheime Quelle des Lebens ist.«

     

    *) Vergl. Febr.-Heft cr., K. Not. g), S. 127. - Red.

    **) Geuze-lambic ist ein kräftiges, sehr erfrischendes Bier, welches nur in Belgien, besonders gut nur in Brüssel hergestellt werden kann. Mit der Leipziger Gose hat es nur eine entfernte Aehnlichkeit. Es ist sehr reich an Milchsäure und wird gleich dem Burgunder aus in Körbchen liegenden Flaschen serviert. – Fr.

     

    Psychische Studien, Heft 7, Juli 1912

     

    Traduction :

    À propos de l'Antoinisme

    Message du Docteur en médecine Franz Freudenberg, actuellement à Bruxelles.

        Sous le titre : "La Belgique possède une nouvelle religion", le numéro du 1er janvier 1911 de l'"Echo du merveilleux" apporte quelques nouvelles sur le mouvement en Belgique appelé "Antoinisme", dont nos lecteurs ont probablement déjà appris quelque chose dans la presse quotidienne, en partie peut-être aussi par mon article dans le numéro de février du "Ubersinnliche Welt".
        L'"Echo" reprend le texte de l'allocution présentée à la Chambre des représentants de Belgique, couvert par 160 000 signatures, nombre sans précédent pour ce pays, dans laquelle les adeptes du grand "guérisseur" demandent la reconnaissance par l'Etat de leur culte particulier et le droit de construire davantage d'églises. L'antoinisme a déjà une église à Jemappes-sur-Meuse, la résidence du grand guérisseur. Presque tous les signataires de l'adresse et les adeptes de la secte sont des personnes respectées ; on trouve également parmi eux un grand nombre de personnes ayant fait des études supérieures : des enseignants, des médecins, des officiers, etc. Des milliers de certificats de guérison sont joints à la pétition, signés par des médecins respectés. Un, voire deux députés sont également antoinistes. Comme la Belgique ne compte que 20 000 Israélites et 15 000 Protestants, l'antoinisme représente la deuxième plus grande communauté religieuse de l'État. *)
        L'apparition d'Antoine, le grand guérisseur, mais non moins le développement de l'"antoinisme", est très intéressant sur le plan psychologique. C'est pourquoi l'"Echo" n'a pas hésité à envoyer son collaborateur, M. Jules Bois de Paris, à Jemappes pour interviewer de manière formelle l'ancien mineur et actuel fondateur de la religion. Le même numéro porte désormais le titre : "Une visite. Un grand guérisseur en Belgique" apporte le rapport de l'érudit susmentionné. Le nom de J u l e s  B o i s est connu de tous les lecteurs, sinon autrement, du moins grâce à ce pari concernant le mouvement contrôlé d'objets sans contact. Sans aucun doute, Jules Bois est un esprit fin, un observateur attentif, un penseur logique. Il est également un écrivain habile et un conteur stimulant. Par conséquent, je priverais effectivement les lecteurs de ce magazine de l'un des principaux attraits de l'ensemble du rapport si je ne le reproduisais pas dans son intégralité ci-dessous. Même le passage dans lequel, à la Molière, il vise les médecins, pourrait bien être attaqué. Oui, plus que cela, il lui est pardonné. C'est un sentiment d'élévation que de faire preuve de magnanimité, d'autant plus qu'il coûte si peu de se dépasser. Mais espérons que l'ami Bois ne voudra pas un jour être amené à revoir son opinion dans une certaine mesure par une rencontre occasionnelle avec une voiture ou par un petit mécontentement intérieur, comme ce mécontentement se développe parfois au fil des ans. Il y a des rumeurs de toutes sortes sur les derniers jours de la prédécesseur Miss E d d y. Mais assez de préambules, allons droit au but !

    [pour l’article en question, cf. Jules Bois - Le Guérisseur Louis Antoine (1901)  http://antoinisme.blogg.org/jules-bois-le-guerisseur-louis-antoine-1901-a148867618 ]

    *) Cf. Cahier de Février, Note g), p. 127. - Rédaction.


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  • Lettre de Belgique (L'Essor, Lausanne, 11 février 1911)

    Lettre de Belgique.

    ANTOINE LE GUÉRISSEUR

    DIEU PARLE

    Premier principe.
    Si vous m'aimez,
    Vous ne l'enseignerez à personne.
    Puisque vous savez que je ne réside
    Q'au sein de l'homme,
    Vous ne pouvez témoigner qu'il existe
    Une suprême bonté,
    Alors que du prochain vous m'isolez.

    Deuxième principe.
    Ne croyez pas en celui qui vous parle de moi
    Dans l'intention de vous convertir.
    Si vous respectez toute croyance et celui qui
                                                           [n'en a pas,
    Vous savez, malgré votre ignorance,
    Plus qu'il ne pourrait vous dire.

    ... et ainsi de suite ; il y a, pour le moment, dix principes, qui sont la dernière expression de la doctrine d'Antoine le Généreux (ou le Guérisseur). Et tout ce qu'on recueille pieusement de sa bouche est écrit de la même manière. On comprend bien les mots ; on saisit même parfois des phrases, mais impossible de savoir en somme ce qu'il veut dire. En lisant sa revue, l'Auréole de la conscience, on croit errer dans certains pâturages de nos Alpes, où il y a mille chemins qui ne conduisent nulle part. On les suit un instant ; et puis, ils se perdent, et vous perdent. C'est une espèce de bavardage, où les mots de foi, d'amour, reviennent à chaque instant, sans qu'on puisse toujours dire ce qu'ils signifient. De telle sorte qu'il est impossible de résumer cette doctrine du « Nouveau spiritualisme » : mixture à base de christianisme, où entrent du spiritisme, du scientisme, de la théosophie et du panthéisme. Tenez, voici encore, comme échantillon, les deux propositions qui sont en tête de sa dernière circulaire : « La croyance en Dieu est opposée à la foi. » « L'intelligence est seule l'imperfection de l'être. » ! !
        Il faut dire à la décharge de l'auteur qu'il est à peu près illettré. Né en 1846 dans la province de Liège, onzième et dernier venu d'une famille pauvre, il descendait à douze ans dans la mine. Puis il travailla comme ouvrier métallurgiste en Allemagne et en Pologne russe, d'où il rapporta une petite fortune, bientôt dépensée à faire du bien. Il se fixa alors à Jemeppe sur Meuse, près de Liège, avec sa femme et un fils qui leur fut enlevé à vingt ans. Catholique jusqu'à quarante-deux ans, puis spirite, il découvre enfin en 1906 le « Nouveau spiritualisme » et devient un Révélateur.
        Et voilà l'homme qui attire des foules. Certains jours, les trains qui arrivent à Jemeppe, de Liège et de Namur, sont bondés. On a compté jusqu'à un millier de visiteurs, et, le jour de l'Ascension, il y en avait 25 000. Des gens de toutes conditions viennent le consulter. Je me suis faufilé un jour dans le joli temple qui sert de salle d'attente pendant les consultations. Il était neuf heures et quart, et c'était la cent-quarantième personne qui passait. — Tous les dimanches, il y a un culte. Dans mainte localité belge, comme à Jemeppe, on lit des passages de la « Révélation d'Antoine » avant et après, on pense à Lui pendant un moment de silence ; et l'on s'en va. A Jemeppe, il apparaît lui-même un instant, monte en chaire, bénit l'assemblée, et se retire. Cela suffit à ses adeptes, qui lui prodiguent les épithètes que nous ne donnons qu'à Jésus-Christ. « Nous faisons de Lui notre Sauveur ; disons qu'il est notre Dieu ». C'est un disciple autorisé.
        Antoine le Guérisseur, très connu en Belgique, est devenu célèbre depuis la pétition de 160 000 signatures qui parvint peu avant le Nouvel An à la Chambre belge 1. Dès lors, tous les journaux ont parlé de lui. Le Matin, de Paris, a dépêché un envoyé spécial à Bruxelles. L'Excelsior, le nouveau quotidien français, a reproduit les traits d'Antoine (il ressemble à Tolstoï, en moins bien), et des reporters connus ont pris le train pour Jemeppe. Il ne faut pas se tromper à propos de 160 000 signataires. Un très grand nombre d'entre eux ne savent pas ce qu'ils ont signé. On a fait passer des listes partout dans les usines et les ateliers, et l'on a été de porte en porte. Mais il reste que ses adeptes se comptent par centaines.
        On peut expliquer dans une certaine mesure l'influence du dieu de Jemeppe. D'abord, il se pose en guérisseur ; et, en faisant le décompte des exagérations, il semble bien qu'il ait accompli quelques cures remarquables, par des procédés analogues à ceux des scientistes. Les 8/10 des gens qui vont le voir sont entourés par des maladies physiques ou morales. Dans ce pays, les « meiges » de plus ou moins grande envergure sont très estimés. On les préfère souvent aux médecins. La crédulité, en maint endroit, est sans bornes.
        Et puis Antoine doit avoir une puissance personnelle assez grande et dégager ce qu'il appelle des fluides bienfaisants. Il y a chez lui une spiritualité incontestable, par laquelle il s'impose. C'est d'ailleurs un très honnête homme, qui paraît vraiment pénétré du désir de faire du bien.
        Enfin, il ne demande rien à ceux qui viennent le voir. Ses guérisons sont gratuites. Si elles ne l'étaient pas, il serait poursuivi. Mais naturellement, il n'est pas défendu de mettre quelque chose dans le tronc du temple. Comment aurait-on pu bâtir cette maison, qui a coûté 100 000 fr. ? De plus, les « Antoinistes » ne sont soumis, que je sache, à aucun renoncement spécial dans leur vie de tous les jours.
        La grande vogue du Guérisseur n'en est pas moins extraordinaire ; elle déconcerte ceux qui prêchent l'Evangile en Belgique depuis tant d'années, non certes sans succès, mais au milieu de tant d'obstacles qui ralentissent la marche en avant. Car franchement, quand on compare l'Evangile, si simple, aux élucubrations mystiques de « l'Auréole de la conscience », quand on mesure la distance qui sépare Jemeppes de Golgotha, on sent monter de l'amertume, et presque de l'indignation.    E. F.

     1 On voudrait obtenir la personnalité civile pour assurer la propriété des temples aux fabriques ou consistoires de la nouvelle secte.

    L'Essor, Lausanne, 11 février 1911


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  • Kurze Notizen - Eine neue Religion (Psychische Studien, v38, Februar 1911)

    Kurze Notizen

        Eine neue Religion ist nach einer Mitteilung im „Schwäb. Merkur“ in Belgien gegründet worden: ein gewisser „Heilkünstler“, Antoine-le-Guerisseur sich nennend, soll, wie wir schon wiederholt berichteten, „Wunderkuren“ vollziehen. „Der Heilkünstler wird, so unglaublich dies klingt, von der Menge nicht als gewöhnlicher Sterblicher angesehen, sondern als neuer Heiland verehrt. Die Gläubigen errichteten ihm in Jemappes (seinem Wohnort) einen eigenen Tempel, dessen Bau 100 000 Franken gekostet hat, und seine Anhänger, etwa 200 000 an der Zahl, haben sich kürzlich in aller Form vom Katholizismus losgesagt und die neue „antoinische Religionsgenossenschaft“ gegründet. In einer mit nicht weniger als 160 000 Unterschriften versehenen Eingabe an das Brüsseler Parlament haben die „Antoinisten“ soeben die förmliche staatliche Anerkennung ihrer Religionsgenossenschaft verlangt, womit der Staat nach der belgischen Verfassung verpflichtet wäre, die Priester der neuen Religion zu besolden und zum Bau ihrer Gebethäuser beizutragen. Die Petition trägt nicht bloß die Unterschrift von Bauern, sondern auch von Vertretern gebildeter Stände, und diese Tatsache erhöht noch die Seltsamkeit dieser sonderbaren religiösen Bewegung.“ Näheres darüber, wie er heilen soll und was seine religiöse Stellungnahme betrifft, wird dabei nicht mitgeteilt.

    Psychische Studien, XXXVIII. Jahrg. 2. Heft (Februar 1911)

     

    Traduction :

        Une nouvelle religion a été fondée en Belgique, selon une annonce dans le "Mercure Souabe" : un certain "guérisseur", se faisant appeler Antoine-le-Guérisseur, aurait effectuer des "guérisons miraculeuses", comme nous l'avons signalé à plusieurs reprises. "Le guérisseur, aussi incroyable que cela puisse paraître, n'est pas considéré par la foule comme un mortel ordinaire, mais il est vénéré comme un nouveau sauveur. Les fidèles lui ont construit un propre temple à Jemappes (son lieu de résidence), dont la construction a coûté 100 000 francs, et ses adeptes, au nombre d'environ 200 000, ont récemment renoncé formellement au catholicisme et fondé la nouvelle "Communauté religieuse antoiniste". Dans une pétition adressée au Parlement bruxellois et signée par pas moins de 160 000 personnes, les "Antoinistes" viennent de demander la reconnaissance formelle de leur association religieuse par l'Etat, ce qui obligerait l'Etat, selon la constitution belge, à payer des salaires aux prêtres de la nouvelle religion et à contribuer à la construction de leurs lieux de prière. La pétition porte la signature non seulement de paysans, mais aussi de représentants des classes instruites, et ce fait ajoute à la particularité de cet étrange mouvement religieux". Aucun autre détail n'est donné sur la manière dont il devrait guérir ou sur ses opinions religieuses.

    Études psychologiques, 38e année. Volume 2 (février 1911)


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  • Unitif du Culte Antoiniste (Excelsior, 8 juillet 1911)

        Une lettre originale. - Nous recevons le curieux et inquiétant communiqué suivant :

                                  Cher confrère,
        Nous vous serions reconnaissants de bien vouloir annoncer dans votre journal la prochaine publication de l'Unitif, bulletin mensuel du culte antoiniste. Comme son nom l'indique, il a pour but de réunir les hommes en l'amour pur. Antoine le Généreux, par son abnégation et sa foi, a rassuré nos âmes torturées par le doute. Il nous a révélé dans son temple le mystère de la conscience universelle dont chacun de nous possède une parcelle voilée par la matière.
        En nous efforçant de nous améliorer et de nous aimer les uns les autres, nous surmonterons l'imagination qui nous divise et nous nous sentirons bercés dans l'harmonie divine. Heureux les cœurs qui ont pu approcher celui qu'un pieux entourage a honoré du nom de Père et qui se sont unis sous sa douce influence ! Touchés de l'amour qu'ils ont ressenti, ils voudraient faire connaître à tous les hommes, leurs frères, les sublimes révélations où ils ont puisé du réconfort et les appeler sans distinction de partis ni de cultes au travail moral qui peut nous régénérer. L'enseignement d'Antoine le Généreux qui est basé, nous ne dirons pas sur la croyance, mais bien sur la conscience, est une science fondée sur son expérience des êtres et intéressant le matérialiste comme le croyant. Il parle à la raison et au cœur. Aussi, nous ne doutons pas qu'il ne rencontre bon accueil et nous le souhaitons ardemment pour la paix sociale.
        Veuillez agréer, cher confrère, l'expression de nos bons sentiments.

                                                    LES ADEPTES D'ANTOINE LE GÉNÉREUX.

    Excelsior, 8 juillet 1911

     

        La même lettre a été envoyée à plusieurs journaux, notamment l'Univers et le Petit Champenois.

     


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  • Homiletic review, an international magazine of... v.61 1911

                         A New Cult in Belgium

        ANTOINISM is the appellation bestowed on a new religion which has been officially "discovered" in Belgium, one of the busiest industrial countries in Europe, but one abounding in superstition. The discovery has been made by the presentation of a petition to Parliament for the granting of a legal status for the so-called new religion. A few years ago a coal-miner, Louis Antoine, inaugurated the system which has brought him a host of disciples, who style him Antoine the Healer. His followers are said to number not fewer than 150,000, of whom 300 are adepts. They adulate their leader and ascribe to him the faculty of boundless knowledge and the power to work miraculous cures. He has built a church in which the daily services are among the simplest ever heard of. At nine in the morning one of the adepts takes his place on the platform and sits perfectly still for an hour, staring silently before him, the congregation waiting passively. At the stroke of ten he rises and remarks that every one whose faith is sufficiently strong must be cured, and the people silently depart. Antoine is a kind of hermit, for he speaks to no one, and there is nothing to pay for cures. Some Americans are among those who declare that they have been cured.

    Homiletic review; an international magazine of religion, theology and philosophy, v.61 (1911)

     

    Traduction :

                         Un nouveau culte en Belgique

        ANTOINISME est l'appellation d'une nouvelle religion qui a été officiellement "découverte" en Belgique, l'un des pays industriels les plus industrieux d'Europe, mais qui regorge de superstitions. On l'a découvert par la présentation d'une pétition au Parlement pour l'octroi d'un statut légal pour la soi-disant nouvelle religion. Il y a quelques années, un mineur de charbon, Louis Antoine, a inauguré le système qui lui a apporté une foule de disciples, qui l'appellent Antoine le Guérisseur. On dit que ses disciples ne sont pas moins de 150 000, dont 300 sont des adeptes. Ils adorent leur chef et lui attribuent la faculté d'une connaissance illimitée et le pouvoir de faire des guérisons miraculeuses. Il a construit une église dans laquelle les services quotidiens sont parmi les plus simples jamais entendus. A neuf heures du matin, l'un des adeptes prend place sur la plate-forme et reste parfaitement immobile pendant une heure, le regard silencieux devant lui, l'assemblée attendant passivement. A dix heures tapantes, il se lève et fait remarquer que tous ceux dont la foi est suffisamment forte doivent être guéris, et la foule s'en va en silence. Antoine est une sorte d'ermite, car il ne parle à personne, et il n'y a rien à payer pour guérir. Certains Américains font partie de ceux qui déclarent avoir été guéris.


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  • L'Unitif (La Liberté, 8 juillet 1911)

        Antoine surnommé « le Généreux », fondateur de l'église antoniste dont les fidèles se comptent en Belgique et dans le nord de la France par dizaine de milliers, Antoine crée un journal qui s'intitulera l'Unitif.
        Voici ce que dit de ce nouveau confrère le communiqué des adeptes d'Antoine :
        « En nous efforçant de nous améliorer et de nous aimer les uns les autres, nous surmonterons l'imagination qui nous divise et nous nous sentirons bercés dans l'harmonie divine. Heureux les cœurs qui ont pu approcher Celui qu'un pieux entourage a honoré du nom de Père et qui se sont unis sous sa douce influence ! Touchés de l'amour qu'ils ont ressenti, ils voudraient faire connaître à tous les hommes, leurs frères, les sublimes révélations où ils ont puisé du réconfort et les appeler sans distinction de partis ni de cultes au travail moral qui peut nous régénérer. L'enseignement d'Antoine le Généreux qui est basé, nous ne dirons pas sur la croyance, mais bien sur la conscience est une science fondée sur son expérience des êtres et intéressant le matérialiste comme le croyant. Il parle à la raison et au cœur. »
        Ce brave Antoine doit être un naïf... – ou un malin !

    La Liberté, 8 juillet 1911


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  • Le guérisseur (L'Univers, 10 juillet 1912)

                                                           Le « guérisseur »

        C'était une sorte d'illuminé ; il vient de mourir à Jemmapes, près de Liége ; on l'appelait Antoine le guérisseur.
        Sa réputation s'était répandue, dans le monde entier, et nombreux étaient les malades qui venaient le consulter dans sa petite maison wallonne... On assure qu'il obtint quelques résultats dans certaines maladies du système nerveux.
        Antoine, comme le fameux zouave Jacob, ne rédigeait jamais d'ordonnances. Il n'ordonnait ni potions ni remèdes pharmaceutiques. Il se contentait de recourir à l'imposition des mains sur ses clients. A sa profession de guérisseur, Antoine avait joint celle de... prophète. Très sérieusement, il croyait être inspiré, et cette croyance était partagée par une foule de gens qui se déclaraient ses adeptes et qui l'aidèrent à fonder un « temple » où le bonhomme enseignait une doctrine qu'il dénommait pompeusement l'antoinisme.
       
    Que vont devenir les antoinistes ?

                                                              MONVILLE.

    L'Univers, 10 juillet 1912


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  • Fatalisme hermétique (L'Express du Midi, 26 juillet 1912)

                                        SIMPLES NOTES

    « Fatalisme hermétique »

        On n'en finirait plus si l'on voulait relever toutes les sornettes que débitent journellement les feuilles radicales et maçonniques : il en est, cependant, qui dépassent la mesure.
        A propos d'un récent fait-divers – un père et une mère qui, disciples d’un « thaumaturge » (!!!) belge, Antoine le guérisseur, fondateur d'une « religion » (!!!) nouvelle, laissent deux enfants périr sans soins « parce qu'ils ne croient pas à la possibilité des secours terrestres » – la France de Bordeaux, part en guerre contre toutes les superstitions auxquelles elle assimile toules les religions, y compris, bien entendu, la religion catholique.
        Vous voyez d'ici la thèse :
        Sans doute, on ne fonde pas une religion avec autant de facilité qu'une maison de commerce et le « Père Antoine », avec sa « religion nouvelle », paraît au rédacteur de la France un peu prétentieux ; mais qu'est cette « religion » sinon la « vieille religion catholique tout court », un peu simplifié tout au plus ?
        La religion catholique n'enseigne-t-elle pas qu'il est nécessaire, sinon suffisant, « d'invoquer la bonté de Dieu pour obtenir la guérison des malades » ?
        La résignation de ces parents ne fait-elle pas songer à celle de Job « se laissant périr sur le fumier » ?
        Et l'Eglise ne proclame-t-elle pas la sainteté de la foi du charbonnier et de « l'état de grâce qui rend heureux les pauvres d'esprit » ?
        « Dieu la voulut, que sa volonté soit faite !... Notre esprit se rebelle, s'écrit la France contre un fatalisme aussi hermétique.
       Il s'agit bien de fatalisme ! le rédacteur de la France, qui prétend écrire sans arrière-pensée de polémique, confond volontairement la divine acceptation du sacrifice accompli et imposé par la volonté de Dieu, avec le fatalisme destructeur de toute énergie et de toute liberté humaine auquel ont pu obéir les disciples d'Antoine le guérisseur.
        L'Eglise enseigne la nécessite de la prière, mais elle enseigne en même temps l'existence du libre arbitre et l'utilité de l'action qui s'est exprimée en un dicton populaire : « Aide-toi, le ciel t'aidera ».
        Elle proclame bienheureux les pauvres d'esprit, mais elle s'efforce de les instruire.
        Je connais une religion dont la doctrine est basée sur le « fatalisme hermétique », mais celle-là n'est pas la religion catholique : celle-là, notre République en respecte les mosquées, les traditions et les muftis, alors qu'elle réserve ses persécutions pour les disciples du Christ.
        Les feuilles radicales et maçonniques n'ont à la bouche que le mot de progrès ; et tout progresse, en effet, autour d'elle ; seuls, leurs arguments ne progressent pas.
        C'est toujours la faute aux curés.
        C'est saint Alphonse de Liguori – H. Albert Bayet l'a écrit en toutes lettres – qui a instruit Bonnot et Garnier.
        Et ce sont les jésuites qui ont livré à l'Allemagne, le Congo que Caillaux avait conquis. – JEAN

    L'Express du Midi, 26 juillet 1912


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  • Gulfport Daily Herald (January 10, 1911, p5)

    SILENT HEALER AMAZES EUROPE

    Ex-Miner Antoine Has Following Numbering 160,000.

    CURES WITHOUT PAYMENT.

    Ceremony Consists of Long Periods of Quiet and a Lifting of Right Hand Over Congregation — “Good Father” Passes Hours In Electric Lighted Garden In Belgium. 

        Antoinism, the new religion founded in Belgium by an ex-miner named Antoine, is attracting considerable attention in Europe.
        Antoine, the “good father,” or the “parent one,” as his followers call him, is a man of sixty-five, with flowing white locks and a patriarchal beard. His followers now number 160,000, of whom 300, including his wife, “the good mother,” are adepts. Antoine's home is at Temeppe-lez-Liege (sic). Hidden in a block of similar small houses, the prophet's dwelling is only conspicuous by the spire of his church, which adjoins its. The door of the church is also the door of the house and bears a notice, “Ring bell at night for M. Antoine.”
        For three years Antoine has not left his house or garden. He lives entirely on vegetables, which he prepares himself. He sleeps little, resting only for two hours during the night, the greater part of which he spends walking in his little garden, which has electric lamps fitted up all around the walls. He never reads anything, he will not see newspaper men and only holds communication with the outside world by, means of the telephone.

                Ceremonies Are Simple.
        He confines his healing to ceremonies in the church, where the services are of the simplest description. They take place at 10 o'clock a. m. on Monday, Tuesday, Wednesday and Thursday.
        At 9 o'clock a. m. the congregation assembles, and an adept, M. Deregnancourt (sic), the publisher of the sect's literature, takes his place at a desk under a raised platform. There is complete silence for half an hour; then M. Deregnancourt announces that operations will take place at certain hours on certain days and that all who wish to be cured must have perfect faith.
        He then continues sitting perfectly still, not a muscle moving and his eyes fixed in an unblinking stare straight before him. At the stroke of 10 every one rises, and the “parent one” enters by a side door and slowly walks up the steps to the rostrum.
        Wearing a black cassock and with his gray hair falling around his shoulders, Antoine faces the congregation for a full minute without moving or uttering a sound. He then lifts his right hand toward them, and holds it thus extended for another minute. That is all. Those two minutes make the service.
        The “good father” walks slowly out, the adept remarks, “Every one whose faith is strong enough must be cured,” and the church empties silently. No collection is made, but subscriptions are taken for the maintenance of the church, which Antoine built himself with a legacy of $4,000.

                Silent For Six Months.
        For six months Antoine has not spoken a word to any one. People come at all hours with all sorts of ailments and appeals. Antoine effects his cures now by deputy. His wife or some other adept stands in front of the applicant, and, turning her eyes upward, slowly waves her hand in the air, which means that she is Invoking Antoine “the healer.”
        The patient or the patient's deputy then departs. The cure is effected, or if it is not then there has been a lack of faith. There is nothing to pay. The badge of the sect is “the tree of the knowledge of the sight of evil,” represented by a white tree on a black background.
        One of Antoine's chief disciples is an American woman, Mrs. Guillaume, who came over to be treated by him for chalky rheumatism, which compelled her to walk on crutches. She says she is now practically cured and has herself become an adept with power to heal by faith.

    Gulfport Daily Herald, January 10, 1911, p.5/8

     

    Traduction :

    UN GUÉRISSEUR SILENCIEUX STUPÉFIE L'EUROPE

    L'ex-mineur Antoine est soutenu par 160 000 personnes.

    GUÉRISONS SANS RÉTRIBUTION.

    La cérémonie consiste en de longues périodes de silence et la levée de la main droite sur la congrégation – le "bon père" passe des heures dans un jardin éclairé à l'électricité en Belgique.

        L'antoinisme, la nouvelle religion fondée en Belgique par un ex-mineur nommé Antoine, attire beaucoup l'attention en Europe.
        Antoine, le "bon père", ou le "père", comme l'appellent ses disciples, est un homme de soixante-cinq ans, aux cheveux blancs et à la barbe patriarcale. Il compte aujourd'hui 160 000 partisans, dont 300, incluant sa femme, "la bonne mère", sont des adeptes. La maison d'Antoine est à Temeppe-lez-Liège (sic). Cachée dans un bloc de petites maisons similaires, la demeure du prophète n'est visible que par la flèche de son église, qui jouxte la sienne. La porte de l'église est aussi la porte de la maison et porte l'inscription "Sonnez la cloche la nuit pour M. Antoine".
        Depuis trois ans, Antoine n'a pas quitté sa maison ou son jardin. Il vit entièrement de légumes qu'il prépare lui-même. Il dort peu, ne se repose que deux heures pendant la nuit, dont la plus grande partie est consacrée à la promenade dans son petit jardin, qui est équipé de lampes électriques tout autour des murs. Il ne lit jamais rien, il ne voit pas les journalistes et ne communique avec le monde extérieur que par téléphone.

                Les cérémonies sont simples.
        Il limite ses séances de guérison aux cérémonies dans l'église, où les services sont des plus simples. Elles ont lieu à 10 heures le lundi, le mardi, le mercredi et le jeudi.
        A 9 heures du matin, l'assemblée se réunit et un adepte, M. Deregnancourt (sic), l'éditeur de la littérature de la secte, prend place à un bureau sous une plate-forme élevée. Il y a un silence complet pendant une demi-heure, puis M. Deregnancourt annonce que les opérations auront lieu à certaines heures certains jours et que tous ceux qui veulent être guéris doivent avoir une foi parfaite.
        Il continue alors à rester assis parfaitement immobile, sans qu'un muscle ne bouge et ses yeux se fixent dans un regard droit devant lui sans cligner. A 10 heures, tout le monde se lève, et le "père" entre par une porte latérale et monte lentement les marches jusqu'à la tribune.
        Vêtu d'une soutane noire et les cheveux gris tombant sur ses épaules, Antoine fait face à l'assemblée pendant une minute entière, sans bouger ni faire de bruit. Il lève ensuite la main droite vers eux et la tient ainsi tendue pendant une autre minute. C'est tout. Ces deux minutes font le service.
        Le "bon père" s'en va lentement, l'adepte remarque : "Quiconque a une foi assez forte doit être guéri", et l'église se vide en silence. Aucune quête n'est faite, mais des souscriptions sont acceptées pour l'entretien de l'église, qu'Antoine a construite lui-même avec un legs de 4 000 $.

                Silencieux pendant six mois.
        Depuis six mois, Antoine n'a dit un mot à personne. Les gens viennent à toute heure avec toutes sortes de maux et d'appels. Antoine effectue ses cures maintenant par adjoint. Sa femme ou un autre adepte se tient devant le demandeur, et, levant les yeux vers le haut, agite lentement la main en l'air, ce qui signifie qu'elle invoque Antoine "le guérisseur".
        Le patient ou son adjoint s'en va ensuite. La guérison est effectuée, ou si elle ne l'est pas, il y a eu un manque de foi. Il n'y a rien à payer. L'insigne de la secte est "l'arbre de la connaissance de la vue du mal", représenté par un arbre blanc sur fond noir.
        L'un des principaux disciples d'Antoine est une Américaine, Mme Guillaume, qui est venue se faire soigner par lui pour des rhumatismes calcaires qui l'ont contrainte à marcher avec des béquilles. Elle dit qu'elle est maintenant pratiquement guérie et qu'elle est elle-même devenue une adepte avec le pouvoir de guérir par la foi.


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  • New Orleans Christian Advocate, February 9, 1911

        A new religion called Antoinism is reported to have sprung up in Belgium. The leader of it is said not to have spoken to any one for six months, but it is contended that he is in "fluidic communion" with his followers. If the rule of silence applies to members also, how would it do to set the disciples of this cult to work on tattlers and backbiters?

    New Orleans Christian Advocate, February 9, 1911

    Traduction :

        Une nouvelle religion, l'antoinisme, aurait vu le jour en Belgique. On dit que son chef n'a parlé à personne depuis six mois, mais on prétend qu'il est en "communion fluidique" avec ses disciples. Si la règle du silence s'applique également aux membres, comment fera-t-elle pour que les disciples de cette secte œuvrent contre les médisants et les diffamateurs ?


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  • Prosélitisme antoiniste (L'Univers 10 juillet 1911)

    LA PRESSE

    LE MOUVEMENT
                      RELIGIEUX

       LE CULTE ANTOINISTE

        On inonde ces jours-ci les salles de rédaction de la circulaire suivante :

             Cher confrère,
        Nous vous serions reconnaissants de bien vouloir annoncer dans votre journal la prochaine publication de l'Unitif, bulletin mensuel du culte antoiniste. Comme son nom l'indique, il a pour but de réunir les hommes en l'amour pur. Antoine le Généreux, par son abnégation et sa foi, a rassuré nos âmes torturées par le doute ; il nous a révélé dans son temple le mystère de la conscience universelle dont chacun de nous possède une parcelle voilée par la matière.
        En nous efforçant de nous améliorer et de nous aimer les uns les autres, nous surmonterons l'imagination qui nous divise et nous nous sentirons bercés dans l'harmonie divine. Heureux les cœurs qui ont pu approcher Celui qu'un pieux entourage a honoré du nom de Père et qui se sont unis sous sa douce influence ! Touchés de l'amour qu'ils ont ressenti, ils voudraient faire connaître à tous les hommes, leurs frères, les sublimes révélations où ils ont puisé du réconfort et les appeler sans distinction de partis ni de cultes au travail moral qui peut nous régénérer. L'enseignement d'Antoine le Généreux qui est basé, nous ne dirons pas sur la croyance, mais bien sur la conscience, est une science fondée sur son expérience des êtres et intéressant le matérialiste comme le croyant. Il parle à la raison et au cœur. Aussi nous ne doutons pas qu'il ne rencontre bon accueil et nous le souhaitons ardemment pour la paix sociale.
        Veuillez agréer, cher confrère, l'expression de nos bons sentiments.

                                        Les adeptes d'Antoine le Généreux.

        Vraiment cette invite mi-partie aux « matérialistes » comme aux « croyants » est tout à fait alléchante. C'est le digne pendant de la propagande occultiste, théosophique, etc., qui travaille tous les jours, parmi nous, les âmes décadentes.

    L'Univers, 10 juillet 1911

        La même lettre a été envoyée à plusieurs journaux, notamment l'Excelsior et le Petit Champenois.


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  • De gereformeerde kerk, jrg XXIV, 1911-1912, no 1208, 30-11-1911

        België. Te Jemeppe, midden in het kolengebied, is een geestelijke beweging gaande van weer geheel anderen aard. Ze concentreert zich in den persoon van een zekeren Antonius, bijgenaamd den Genezer, die een wonderdadige kracht heet uit te oefenen. Deze Antonius, thans 65 jaar oud, moet, blijkens een onpartijdig ingesteld onderzoek, een gansch ongeletterd man zijn. Vroeger mijnwerker, uit een arm gezin, heeft hij veel gezworven, tot in Polen toe. Allerlei ambachten heeft hij uitgeoefend. Op 36 jarigen leeftijd vestigde hij zich met zijn vrouw te Jemeppe. Zes jaar daarna verliet hij de Roomsche kerk en werd spiritist, om later een soort eigengemaakten godsdienst te stichten, onder den naam van „nieuw spiritualisme.” Sinds vijf jaren predikt hij dien. Daarbij laat hij zichzelf noemen „Antonius den Grootmoedige.” Van toen af voerde voerde hij een streng vegetarische leefwijze, waarbij hij zooveel mogelijk zich van de wereld afzondert.
        Deze „nieuw spiritualisten” houden er ook een eenvoudig kerkgebouw op na. Hun geloofsbelijdenis, genoemd „openbaring van den stralenkrans van het geweten” is aan een der muren geschreven. Zij luidt: „Slechts één geneesmiddel kan de menschheid genezen: het geloof; uit het geloof wordt de liefde geboren, de liefde, die ons in onze vijanden Godzelf toont; zijn vijanden niet beminnen is God niet beminnen, want het is de liefde, die wij voor onze vijanden hebben, welke ons waardig maakt Hem te dienen; het is de eenige liefde, die ons waarachtig doet liefhebben, aangezien zij rein en waar is.”
        In dezen tempel geneest Antonius de zieken, vroeger geschiedde dit één voor één, tegenwoordig gezamenlijk. Eerst verschijnt hij op ‘t gestoelte, dan bidt hij afzonderlijk en strekt vervolgens de handen over de kranken uit ter genezing.
        Propaganda maakt het Antonisme niet. Het leert: Wij ontvangen de menschen gaarne, maar wij hebben het recht niet tot hen te gaan. Het orgaan der aanhangers is het maandblad L’ Unitif, mede gelezen door de voorstanders, die ook elders al een kerk vormen :] acht in België en onderscheiden in Frankrijk. Sommige trekken van het Antonisme doen, ook ondanks alle verschil, in de verte denken aan de leer van Tolstoï en aan de „christian science.” Vijandsliefde is het groote beginsel. Volgens Antonius is „God liefde. Hij kan het kwaad niet geschapen hebben. Indien het kwaad bestond, zou het een werk Gods zijn, aangezien Hij de Schepper van alles is; maar op het oogenblik, dat Hij het kwaad schept, houdt hij op God te zijn, omdat Hij ophoudt goed te zijn.” „Wanneer wij het kwaad niet meer zien zullen, zullen wij met God zijn, maar al zien wij het nog maar zoo weinig, dan zijn wij niet met Hem.” „Het beste gebed is de arbeid.” Uit zulke voorstellingen blijkt al genoeg dat men hier heeft te doen met een abnormaal onschriftuurlijk verschijnsel, dat onmiskenbaar gevaar meebrengt. Ook kenmerkt het zich door lichtschuwheid. Voor al wat naar wetenschap en boeken zweemt, is het Antonisme op zijn hoede. Men komt daarvoor openlijk uit. Moge dit onbijbelsch, den mensch verheerlijkend verschijnsel spoedig tot het verleden behooren! Het nog veelszins zoo donkere België heeft behoefte aan ander licht dan het dwaallicht in het Antonisme opgegaan.

    De gereformeerde kerk, jrg XXIV, 1911-1912, no 1208, 30-11-1911

     

    Traduction :

        Belgique. A Jemeppe, au milieu du bassin minier, il y a un mouvement spirituel d'une nature complètement différente. Elle se concentre sur la personne d'un certain Antoine, surnommé le Guérisseur, qui exerce un pouvoir miraculeux. Cet Antoine, aujourd'hui âgé de 65 ans, doit, selon une enquête impartiale, être un homme complètement illettré. Ancien mineur, issu d'une famille pauvre, il a souvent déménagé, jusqu’en Pologne. Il a pratiqué toutes sortes d'artisanat. A 36 ans, il s'installe avec sa femme à Jemeppe. Six ans plus tard, il quitta l'église romaine et devint spirite, pour fonder plus tard une sorte de religion autodidacte, sous le nom de "nouveau spiritisme". Depuis cinq ans, il prêche. Il se laisse depuis appeler "Antoine le Généreux". Dès lors, il mène une vie strictement végétarienne, s'isolant le plus possible du monde.
        Ces "nouveaux spiritualistes" possèdent également une simple église. Leur credo, appelé "révélation de l'auréole de la conscience" est écrit sur l'un des murs. On peut y lire : "Un seul remède peut guérir l’humanité : la foi ; C'est de la foi naît l’amour, l'amour qui nous montre dans nos ennemis Dieu Lui-même ; ne pas aimer ses ennemis, ce n'est pas aimer Dieu, car c'est l'amour que nous avons pour nos ennemis qui nous rend dignes de Le servir ; c'est le seul amour qui nous fait vraiment aimer, parce qu'il est pur et de vérité."
        Dans ce temple, Antoine guérit les malades, auparavant cela avait lieu l’un après l’autre, de nos jours ensemble. Il apparaît d'abord sur la tribune, puis il prie séparément et étend ensuite ses mains sur les malades pour la guérison.
        L'Antoinisme ne fait pas de propagande. Il enseigne : "Nous aimons recevoir les hommes, mais nous n'avons pas le droit d'aller vers eux. L'organe des sympathisants est le mensuel L'Unitif, lu ensemble par les sympathisants, qui forment également une église ailleurs :] huit en Belgique et plusieurs en France. Certains traits de l'Antoinisme, malgré toutes les différences, rappellent de loin en loin la doctrine de Tolstoï et de la "science chrétienne". L'amour de l'ennemi est le grand principe. Selon Antoine, "Dieu est amour. Il ne peut pas avoir créé le mal. Si le mal existait, ce serait une œuvre de Dieu, puisqu'Il est le Créateur de toutes choses ; mais au moment où Il crée le mal, Il cesse d'être Dieu, car Il cesse d'être bon." "Quand nous ne verrons plus le mal, nous serons avec Dieu, mais si nous le voyons si peu, nous ne sommes pas avec Lui." "La meilleure prière est le travail." Il ressort clairement de cette présentation qu'il s'agit d'un phénomène anormalement contraire aux Écritures, qui est indéniablement dangereux. Elle se caractérise aussi par une légère timidité. L'Antoinisme se méfie de tout ce qui est la science et les livres. Ils admettent ouvertement que c'est le cas. Que ce phénomène glorifiant, non biblique et viril, appartienne bientôt au passé ! La Belgique, qui est encore plus sombre, a besoin d'une lumière différente de celle de l'erreur qui s'est abattue sur l'Antoinisme.

    De gereformeerde kerk, jrg XXIV, 1911-1912, no 1208, 30-11-1911


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  • De gereformeerde kerk, jrg XXIV, 1911-1912, no 1244, 08-08-1912

        België. Antoine de Genezer overleden. Over dezen veelbesproken persoon is in dit blad eenige maanden geleden een en ander meegedeeld. Père Antoine le Guérisseur, zooals hij in de wandeling heette is nu onlangs, naar gemeld wordt, te Jemeppe overleden, en heeft zijn vrouw aangewezen als zijn opvolgster. Geboren in 1846, uit arme ouders, als jongste van elf kinderen, ging hij, twaalf jaren oud, met zijn vader en een broer in de mijnen werken; werd daarna groentenhandelaar, werkte in Duitschland, werd bediende in een Belgische fabriek te Warschau, daarna in België assurantie-agent; concierge in een ijzerfabriek; kassier; deed daarna pogingen in Rusland en later te Jemeppe om de maatschappij te hervormen door goedheid; beoefende ook het spiritisme, waarin hij echter geen bevrediging vond; legde zich toe op zoogen, geloofsgenezing, kreeg naam door wonderbare genezingen en verwierf zich een aanhang, die een godsdienstige secte vormde, thans reeds bestaande uit duizenden — verspreid over tal van plaatsen, terwijl naar men zegt zelfs uit andere werelddeelen kranken kwamen om bij Perè Antoine genezing te zoeken.
        Te Jemeppe bevindt zich een soort van kapel, gewijd aan den „Antoinistiselien eeredienst”, een net gebouw met galerijen, spreektribune en zitbanken voor ongeveer 500 menschen. Boven het spreekgestoelte zijn spreuken aangebracht; men leest er: „Eén enkel geneesmiddel kan de menschheid genezen Het Geloof. Uit het geloof wordt de liefde geboren: de liefde, die ons in onze vijanden God zelf doet zien. Zijn vijanden niet liefhebben, is God niet liefhebben; want de liefde, die we voor onze vijanden hebben, maakt ons waardig Hem te dienen; dat is de eenige liefde, die ons waarlijk doet liefhebben, omdat zij rein en waar is”.
        Zijn aanhangers weten te verhalen hoe door Père Antoine blinden ziende werden, lammen huppelden enz. Dit alles wordt toegeschreven aan het geloof in den Vader, met wien niet God, maar Père Antoine bedoeld wordt.
        Wat hun Christusbelijdenis aangaat — de Heere Jezus is voor hen „iemand als Père Antoine”. Op de vraag wat hun na het sterven wacht, antwoorden zij: „Wie goed doet, zal goed vinden.”
        Deze Antoinisten dragen lange, toegeknoopte jassen; ook de vrouwen zijn gekenmerkt door bijzondere, vrij stemmige kleederdracht. In hun blik is iets vreemds. Ze hebben een eigen drukkerij, waar hun boeken en bladen gedrukt worden.
        Een leeraar van het Athenaeum (gymnasium) te Luik stond Père Antoine bij in zijn werk. Een ooggetuige verhaalt, dat bij den dienst in de kapel vele zieken en lijdenden vooraan zaten; verscheidenen, die binnenkwamen, dronken water, dat uit kraantjes te verkrijgen was; boven die kraantjes staat-te lezen: „Deze fontein heeft geen andere bestemming dan den dorst te lesschen van hen, die in dezen tempel komen. Er een ander gebruik van maken is een gebrek aan geloof, dat eer een beletsel tot genezing zou zijn. Alleen uw geloof in den Vader (Antoine) zal u genezen. Het Bestuur.”
        Nadat de dienst door de verschijning van zijn vrouw was geopend, trad door een zijdeur op het platform Père Antoine op automatische wijze zelf binnen, volmaakte type van een kluizenaar. Hij bleef staan, recht boven zijn biddende vrouw, in stilzwijgende houding, draaide toen de hand naar rechts, en verdween weer statig door de deur, straks gevolgd door zijn vrouw. Dat was de gansche, weinig indrukmakende dienst. Alleen ‘s Zondags wordt er voorgelezen uit het zonderlinge boek, door Père Antoine samengesteld.
        Onlangs nu is deze laatste tengevolge van een beroerte gestorven. Van heinde er ver, ook van over de grenzen stroomde een menigte, geschat op 25000 menschen, saam om ‘s mans begrafenis bij te wonen. Boven de lijkkist, zonder eenig sieraad, was aangebracht een vernikkelde plaat in schildvorm; een boom was erop afgebeeld met dit onderschrift: „De boom van de Wetenschap, van het Gezicht, van het Goede en het Kwade.” De geweldige stoet trok er langs. Op het kerkhof werden alleen toegelaten de Antoinistische aanhangers, die de bekende eigenaarde kleeding droegen. Een der volgelingen las wat voor van de beginselen der vereeniging; daarna werd de kist neergelaten in de groeve zonder eenige ceremonie.
        Nog maar kort geleden hebben zijn volgelingen, ten getale van meer dan honderdduizend een verzoekschrift gericht aan den Koning en de Kamer ; maar vergeefs. Onder de volgelingen telt men ook leeraars aan gymnasiums en Roomsche geestelijken. Zelfs in het wufte Parijs en in de Protestantsche landen kan men een Antoinistischen tempel vinden.
        In den tempel van Jemeppe was de volgende verklaring aangeplakt: „Het Bestuur van den Antoinistischen eeredienst brengt ter uwer kennis dat de Vader zich ontlichaamd heeft (gedesincarneerd), Dinsdagmorgen 25 Juni. Alvorens zijn lichaam te verlaten heeft hij voor een laatste maal Zijn volgelingen willen zien, om hun te zeggen, dat Moeder Hem zal vervangen in Zijn zending, dat Zij altijd Zijn voorbeeld zal volgen. Er is dus niets veranderd. Vader Antoine zal altoos met ons zijn. Moeder zal het spreekgestoelte beklimmen voor de algemeene operaties de vier eerste dagen der week, om 10 uur.”
        Dat de Antoinisten zoovele volgelingen tellen uit den gegoeden stand, doet denken aan een crisis in de Roomsche kerk. Te betreuren is dat die in zulke banen geleid wordt; van een Godsopenbaring volgens de Schrift toch is hier geen sprake ; met de diepste nooden der ziel wordt . niet gerekend en voor den Christus is er geen plaats.

        ‘s Gr.                                                     d. B. 

    De gereformeerde kerk, jrg XXIV, 1911-1912, no 1244, 08-08-1912

     

    Traduction :

        Belgique. Antoine le Guérisseur est décédé. Quelques informations ont été rapportées, il y a quelques mois de là, à propos de cette personne très discutée. Le père Antoine le Guérisseur, comme on l'appelait communément, serait récemment décédé à Jemeppe et aurait nommé son épouse comme son successeur. Né en 1846, de parents pauvres, le plus jeune de onze enfants, il alla, âgé de douze ans, travailler avec son père et son frère dans les mines ; il est ensuite devenu marchand de légumes, a travaillé en Allemagne, est devenu commis dans une usine belge à Varsovie, puis en Belgique en tant qu’agent d’assurance, concierge dans une forge ; caissier ; ensuite, en Russie et plus tard à Jemeppe, des tentatives de réforme de la société par le bien; il pratiquait aussi le spiritualisme, dans lequel il ne trouvait aucune satisfaction. Il se consacra aux soins et à la guérison par la foi, se fit un nom grâce à des guérisons miraculeuses et acquit un entourage qui formait une secte religieuse de plusieurs milliers de personnes – réparties dans de nombreux endroits, alors qu'il est dit que même des personnes malades venaient de très loin cherche un remède auprès du Père Antoine.
        A Jemeppe, il existe une sorte de chapelle, dédiée au "Culte Antoiniste", un bâtiment avec des galeries, une tribune et des bancs pour environ 500 personnes. Des sentences ont été placés au-dessus de la tribune de prêche, on lit : "Un médicament peut guérir l’humanité : La Foi. La foi est née de l'amour : l'amour qui nous fait voir Dieu lui-même chez nos ennemis. Ne pas aimer ses ennemis, ce n'est pas aimer Dieu ; car l'amour que nous avons pour nos ennemis nous rend dignes de le servir ; c'est le seul amour qui nous fait vraiment aimer, parce qu'il est pur et vrai."
        Ses disciples sont capables de raconter comment le père Antoine a rendu la vue à l'aveugle, la marche au boiteux, etc. Tout cela est attribué à la foi au Père, il faut comprendre pas en Dieu, mais au père Antoine.
        Quant à leur confession au Christ – le Seigneur Jésus est pour eux "quelqu'un comme le Père Antoine". Quand on leur demande ce qui les attend après la mort, ils répondent : "Celui qui fait le bien trouvera le bien."
        Ces Antoinistes portent de longs manteaux boutonnés ; les femmes se caractérisent aussi par des vêtements spéciaux, plutôt disparates. Dans leur regard, il y a quelque chose d'étrange. Ils ont leur propre imprimerie, où sont imprimés leurs livres et leurs magazines.
        Un professeur de l'Athénée (lycée) de Liège a assisté le père Antoine dans son travail. Un témoin oculaire raconte que de nombreux malades et souffrants étaient assis devant le service dans la chapelle ; plusieurs qui venaient buvaient de l'eau pouvant être obtenue à partir de bandes magnétiques ; au-dessus des robinets se lit comme suit : " Cette fontaine n'a d'autre but que de désaltérer ceux qui viennent dans ce temple. En faire un autre usage est un manque de foi qui porterait plutôt obstacle à la guérison. Seule votre foi en le Père (Antoine) vous guérira. Le Conseil."
        Après l’ouverture du service par l’apparition de sa femme, le père Antoine arriva de manière automatique par une porte latérale sur la plate-forme, un parfait type d’ermite. Il s'arrêta, juste au-dessus de sa femme en prière, gardant le silence, puis tourna la main vers la droite et disparut à nouveau par la porte, bientôt suivi de sa femme. C'était tout le service peu impressionnant. Le dimanche, on lit seulement des extraits de l'étrange livre composé par le père Antoine.
        Récemment, ce dernier est décédé des suites d'un accident vasculaire cérébral. De loin, même de l’autre côté des frontières, une foule estimée à 25 000 personnes s’est réunie pour assister aux funérailles de l’homme. Au-dessus du cercueil, sans aucun ornement, se trouvait une plaque nickelée en forme de bouclier ; un arbre était représenté avec cette légende : "L'arbre de la science, de la vue, du bien et du mal." La grande procession passa. Au cimetière, seuls les partisans antoinistes, qui portaient les vêtements bien connus, ont été admis. L'un des adeptes lit certains des principes à l'assistance ; puis le cercueil a été descendu dans la tombe sans aucune cérémonie.
        Il y a encore peu de temps, ses disciples, au nombre de plus de cent mille, adressèrent une pétition au Roi et à la Chambre ; mais en vain. Parmi les adeptes, il y a aussi des professeurs de lycée et du clergé romain. Même dans la frivole Paris et dans les pays protestants, on peut trouver un temple antoiniste.
        La déclaration suivante avait été affichée dans le temple de Jemeppe : "Le Conseil du Culte Antoiniste vous fait savoir que le Père est décédé (désincarné), mardi matin 25 juin. Avant de quitter son corps, il a voulu voir ses disciples pour la dernière fois, leur dire que Mère le remplacera dans sa mission, qu'elle suivra toujours son exemple. Rien n'est donc changé. Le père Antoine sera toujours parmi nous. La mère montera à la tribune pour les opérations générales les quatre premiers jours de la semaine, à 10 heures."
        Le fait que les antoinistes comptent autant de disciples de la classe aisée fait penser à une crise dans l’Église romaine. Il est regrettable qu'il soit conduite dans de tels chemins ; il n'est pas question ici de la révélation de Dieu selon les Écritures ; il n'est pas question des besoins les plus profonds de l'âme ; sans compter qu'il n'y a pas de place pour le Christ.

        ‘s Gr.                                                     d. B.

    De gereformeerde kerk, jrg XXIV, 1911-1912, no 1244, 08-08-1912


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