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Avant de devenir la chapelle catholique Gallicane Notre Dame de Liesse de Tergnier dans l'Aisne, notre Chapelle était un temple du culte Antoiniste, voici une photo de l'époque avec arrivé des fidèles Antoinistes dans le temple de Tergnier qui allait devenir des années plus tard la chapelle Catholique Gallicane de Tergnier.
source : https://www.facebook.com/photo/?fbid=945822898781321&set=a.137079446322341
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Antoine le guérisseur
Sous ce titre, le Journal de Liége a fait part dernièrement encore à ses lecteurs de plusieurs déplacements d'un groupe de graves messieurs venus à Jemeppe-sur-Meuse pour s'assurer sur place de l'invraisemblable pèlerinage journalier qui offusque la Faculté médicale et surtout la Faculté théologique – soyons respectueux – dont le siège épiscopal est à Malines.
Louis Antoine n'a qu'à bien se tenir. C'est là l'expression ordinaire dans la bouche de ceux qui peuvent s'effarer à la vue du déploiement des forces judiciaires appelées à la rescousse pour faire cesser un scandale ! qui met en péril la majesté de certaines confréries.
Mais Louis Antoine ne s'émeut pas pour si peu. Du lundi matin au vendredi soir, malgré certaine condamnation conditionnelle, il reçoit des malades de toutes conditions sociales et ne croit pas devoir cesser d'exercer librement, en sa demeure, les belles facultés dues à sa science occulte acquise par l'intervention des Esprits bienfaisants. L'opinion publique souveraine l'a classé parmi ces êtres privilégiés qu'une force très active du monde spirituel – supérieure à tout autre – protège contre des hostilités que nous voudrions croire inconscientes.
Aimons-nous les uns les autres. Cette maxime est pratiquée par le médium-guérisseur dont la charité inépuisable, bien entendue, doit être citée – dut sa modestie en souffrir. Que ses actes, ses sentiments soient surtout l'objet des méditations des médecins dits catholiques-chrétiens, qui persistent à le poursuivre.
Qu'à leur adresse, une bonne pensée de nos frères en croyance soit émise, pour les détourner d'une persécution si peu raisonnée et qui ne peut que leur nuire.
Nous reproduisons du Journal de Liége du 19 août l'article qui suit :
« On sait qu'une instruction est ouverte à charge d'un nommé Louis Antoine pour exercice illégal de l'art de guérir. Cette instruction est près d'aboutir mais ne donnera très probablement pas lieu à des poursuites, aucun fait délictueux n'ayant été relevé à charge du guérisseur.
En effet, tous les témoignages recueillis jusqu'ici démontrent plutôt que la clientèle du sieur Antoine se compose généralement de gens faibles d'esprit (!!!).
Un ouvrier d'usine souffrait d'un dérangement d'estomac. Il alla donc trouver Antoine et il dut faire le pied de grue pendant plus de deux heures. Notez donc, il avait le n° 220 !! Le médium plaça la main sur la tête du patient, ne lui prescrivit aucun remède, aucun régime et lui recommanda seulement de dire des prières.
Et le brave ouvrier est parti avec la conviction qu'il allait guérir, si bien qu'aujourd'hui, il affirme avoir une telle confiance en cet homme que s'il se trouvait encore malade il n'hésiterait pas à aller encore le voir.
Une enquête interminable a eu lieu. Toutes les personnes qui ont été entendues – et elles sont légion – ont déclaré unanimement que Louis Antoine ne leur a jamais rien demandé, ni salaire, ni gratification, ni aumône. Il y a bien dans un coin de la pièce où a lieu la réception des malades un tronc portant : « Pour les pauvres ». Seulement, c'est laissé à la générosité des visiteurs dont le grand nombre oublie souvent de récompenser d'une simple pièce de monnaie l'affirmation de la guérison prochaine.
Que conclure ? nous laissons ce soin à la justice.
En attendant, Antoine continue à recevoir des centaines de visiteurs au grand dam des membres de la Faculté qui y perdent leur latin et le produit d'une clientèle qui leur échappe. »Le Messager, 1er septembre 1903
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– Sous le titre « Une religion spirituelle » et la signature de M. Largeris, nous lisons dans le Théosophe, 1er décembre 1913 :
Je suis allé il y a quelques jours visiter le gentil temple antoiniste de la rue Vergniaud et j'ai été frappé par la simplicité de l'aménagement intérieur. Une dame m'a remis un numéro gratuit du Bulletin mensuel qui a pour titre l'Unitif et m'a fourni quelques renseignements sur cette nouvelle religion. Ayant posé quelques questions, il n'a été répondu : 1° Sur Dieu : Les antoinistes ne donnent pas au mot Dieu le même sens que les chrétiens. Pour eux Dieu est présent dans tous les êtres et en aimant tous les êtres, nous aimons Dieu. Il me semble que cette conception est tout à fait théosophique et laisse entendre que l'idée d'un Dieu personnel ne fait pas partie de l'enseignement du Père ainsi que disent les antoinistes. 2° Sur la prière : Pour eux la prière est inutile, l'Amour seul compte. 3° Sur la vie future : Les antoinistes croient à la réincarnation, mais il ne m'a pas été possible de savoir s'ils admettent la réincarnation immédiate ou différée. Le Père Antoine établit une distinction entre la croyance et la Foi. Je crois comprendre que pour lui croyance est synonyme de crédulité, tandis que la Foi est une force spirituelle intérieure qui, prenant son appui sur l'amour, est capable de produire des guérisons. C'est en somme la Christian-Science. Il n'existe aucune cérémonie, aucun ritualisme. Tout le culte consiste dans la lecture de l'enseignement du « Père » et rien d'autre. M'étant étonné que le portrait du « Père » ne figurât pas dans le temple dont les murs sont entièrement nus, il m'a été répondu que ceci serait du matérialisme car pour les antoinistes la Matière et la Forme n'ont aucune espèce de valeur : l'Esprit seul est tout.
La Théosophie ayant une portée à la fois morale, métaphysique, scientifique et ésotérique, il n'est pas permis de dire que les enseignements théosophiques et antoinistes sont identiques ; mais on peut affirmer que la morale antoiniste et la morale théosophique présentent entre elles de très nombreux points de contact. Le « Père », d'ailleurs, ne prétend que rénover l'enseignement de Jésus de Nazareth trop matérialisé à notre époque par les religions qui se réclament de ce grand Etre.On voit combien nous avons raison de ne pas limiter nos études à la seule Franc-Maçonnerie, mais de démasquer toutes ces sectes qui, sous les formes les plus diverses, ont le même but commun la destruction de l'Eglise de Jésus-Christ.
Article du Théosophe
(in Revue internationale des sociétés secrètes, v7 n°1, 5 janvier 1914)
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La merveilleuse histoire du guérisseur Christophe Ozanne,
à qui Louis XIV ne craignit pas d'avoir recoursCHRONIQUE INEDITE
Entre mille soucis fort graves, les journaux de ces derniers temps ont été occupés par l'aventure d'un guérisseur populaire nommé Béziat et condamné pour exercice illégal de la médecine. Quantité de gens qu'il avait guéris étaient venus l'assister à son procès et lui avaient apporté, dans le prétoire de Toulouse, quantité de fleurs.
Le délit d'exercice illégal de la médecine ne réside pas dans le fait que l'on guérit sans diplôme, mais que l'on guérit en se faisant payer. Or, Béziat, qui avait longtemps pratiqué son art en apôtre désintéressé, avait été imposé par le fisc pour son métier de guérisseur. Comme les temps sont changes !) Il jugea donc normal et nécessaire de réclamer une redevance de ses malades. D'où le procès.
La dévotion publique s'est toujours exercée à l'endroit de ces hommes bienfaisants. Et il est à peine besoin de rappeler ici la noble figure du père Antoine, de Jemeppe-sur-Meuse, si noble qu'elle est devenue le centre d'un culte véritable, ayant ses temples de Liège à Monaco, en passant par Paris, ayant son catéchisme et jusqu'à ses uniformes.***
Ces guérisseurs n'ont jamais manqué. Et le fisc n'empêchera point qu'on n'en voie de nouveaux. Mais combien dure leur vogue ? Combien durera le culte de Béziat ?
Voici une figure, celle d'un homme simple et fervent, qui attira, au XVIIme siècle, les multitudes sur les collines de Mantes-la-Jolie. Il s'appelait Christophe Ozanne. Il ne savait ni lire ni écrire. Tout enfant, il vagabonda dans les forêts, il étudia le royaume des plantes ; il fut, de seize à vingt ans, berger d'une châtelaine qui aimait soigner et qui l'associa à ses bienfaisantes pratiques.
Il devint ensuite « facteur de meules », dans la forêt d'Arthies. De tous les cantons voisins, on s'en venait lui montrer des plaies, et on l'appela « le médecin ». Après dix ans de ce séjour sylvestre, il rentra dans sa maison natale de Chaudray. Et, durant une trentaine d'années, il soigna les pauvres gens.
Son renom atteignit Paris. Un duc, se moquant des moqueries, vint le voir et revint guéri. Après le duc, un financier millionnaire. Celui-ci lui envoya, en signe, de reconnaissance, cent écus, ce qui équivaudrait à 6.000 francs au moins de notre monnaie actuelle. Les cent écus furent renvoyés sans un mot au financier.
Dès lors, un enthousiasme délirant souleva les Parisiens, qui voulurent que Christophe s'installât à Paris. Christophe refusa. Et ce fut Paris qui se rua vers Mantes et Chaudray. Ce fut, à la lettre, « un torrent ». Il fallut organiser un service spécial de diligences entre Paris et la cabane du paysan. Il fallut pourvoir au logement des malades. On organisa des jeux de paume. On appela des chanteurs de l'Opéra. Chaudray devint une sorte de Deauville.
Jusqu'au fond de sa Hollande, Pierre Bayle, et jusqu'au fond de son Allemagne, Leibnitz, furent occupés par la prodigieuse réputation de Christophe. On fit des épigrammes, des chansons, des livres de trois cents pages, une comédie ! Un peintre se transporta à Chaudray pour fixer les traits de Christophe. On lança des « vues » de sa cabane.
De hautes dames, religieuses dans les couvents aristocratiques, voulurent aller le voir. Bossuet fut mêlé à cette affaire. Il se fâcha. Il alla à Mantes. Mais il se calma, quand il eut appris la piété et la charité de Christophe. Il voulut prendre une consultation pour le compte de ses religieuses. Christophe refusa de le recevoir s'il ne venait pas pour lui-même. Et Bossuet dut accorder à ses « filles » l'autorisation de quitter leur « clôture », qu'il leur avait d'abord refusée.
Mais il y eut mieux que le duc de Grammont, que le financier Turmenies, que Bossuet. Le roi Louis XIV enjoignit à Christophe Ozanne (l'ordre en est conservé aux archives nationales) de se transporter à l'abbaye de Maubuisson, pour y soigner, non plus une simple religieuse, mais l'abbesse elle-même, et quelle abbesse ! C'était la fille de Frédéric IV, roi de Bavière, et d'Elisabeth Stuart, donc la petite-fille du roi Jacques Ier d'Angleterre. Cette fois, Christophe dut quitter sa cabane.
Ce « torrent » dura cinq ou six ans, malgré les médecins. Christophe recevait quotidiennement deux cents malades, dont le monôme enveloppait les clôtures de son maigre domaine, sans lui permettre d'en sortir de toute la journée.
Mais tant de succès n'avait pu entamer la modestie de Christophe. Il gardait son même costume de droguet montrant la corde, et son chapeau noir à larges bords, tout difforme, dont il ne se départait jamais. Il avait une barbe blanche. Ses yeux étaient petits. Sa figure s'ornait de poireaux aux belles dimensions. Bref, une tête de patriarche, et de patriarche presque silencieux. On lui avait construit, comme au père Antoine, une manière de temple à côté de sa cabane. Il ne consentit jamais à y transporter ses bienfaisants miracles. Il voulait finir comme il avait commencé, au sein de la misère et parmi les seuls misérables. Et, quand le « torrent » se fut écoulé, il n'en fut pas plus marri qu'il ne s'était réjoui de le voir déferler sur sa colline. II était indifférent à sa mission qu'on l'eût d'abord raillé, puis encensé, et qu'on l'oubliât, du moins à Paris.
Il mourut à quatre-vingts ans, en 1713. Son neveu prit sa succession. Puis d'autres Ozanne, ses collatéraux. Il y eut même, au cours du XVIIIme siècle, un « contrefacteur », grâce à une homonymie.
A la Révolution de 1789, le culte Christophore mourut. Et, en 1796, le successeur du nom précieux devint, le plus simplement du monde, officier de santé.
Je suis allé à Chaudray. J'ai interrogé. Mais la colline n'a gardé aucun souvenir de son enfant merveilleux, ni des foules bigarrées qui l'escaladèrent à l'époque du grand Roi.
GERARD-GAILLY.La Meuse, 2 août 1925 (source : belgicapress.be)
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ROUX
Deux excursions. Pour le 15 août, s'organisent deux excursions pleines d'attraits.
« Les Amis de la Maison du Peuple », conduits par leur président, M. Nicolas Souplit, se rendront en breack à Landelies et Aulnes. Départ à 6 heures du matin. Tenue, obligatoire, sarreau bleu et casquette de soie.
« Les adeptes de l'Ecole Morale », pilotés par le Père Dor, prendront pour but Mons-Crotteux (Liége) où un train spécial les conduira.
Le soir, à leur retour, les uns et les autres pourront continuer à se divertir, les fêtes communales leur réservant des attractions de choix.Gazette de Charleroi, 17 juillet 1914 (source : Belgicapress)
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À droite du temple, le domicile de frère Émile Duret, fils de Louis Duret, premier desservant du temple
Temple Antoiniste d'Écaussinnes (avant 1922)
https://www.facebook.com/groups/1408183709417320/permalink/2395995160636165Marguerite Leysens (1905-1971)
et son époux Fernand Druet (1903-1971)la maison du desservant est au numéro 8, à droite du temple
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Libération du quartier Belle-Tête (Écaussinnes)
en 1945 (avec le temple en arrière-plan)
https://www.facebook.com/groups/1408183709417320/permalink/2395963817305966/
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UNE RELIGION ETRANGE QUI EST NEE
D'UNE EXPERIENCE DE SPIRITISMEL'Antoinisme serait le résultat d'une révélation faite à
un mineur, "le père Antoine", sur la réincarnation de son fils.NOMBREUX ADEPTES
On n'a pas encore proclamé, par voie de concours, le paysage le plus triste au monde. Il parait qu'on pourrait choisir la pointe du Raz au temps de l'équinoxe, ou bien Whitechapel un jour de brume, ou certaines landes de notre plateau de Millevaches... Moi, je voterais pour un coin de la banlieue de Liège, où se trouve Jemeppe-sur-Meuse, la petite Rome de la religion "antoiniste".
Les lieux où souffle l'Esprit ne sont pas, d'habitude, les lieux gais, mais celui-ci, qu'une révélation a, dit-on, favorisé, semble tout à fait en deuil. La boue y est à peine plus noire que les maisons basses, dont les briques ont le ton de la suie, et où les boutiques cachent leurs étalages dans de pauvres fenêtres bornes. Le ciel pèse sur des amas de fumées à peine plus opaques que lui. Toutes les enseignes de la ville sont en blanc et noir, funéraires... et la première qu'on lit au sortir de la petite gare offre ces mots : "Meubles et cercueils en tout genre..."
Jemeppe-sur-Meuse n'est qu'un alvéole dans la grande ruche du pays noire dans la grande ruche du minier. Les amateurs d'artificiel peuvent s'y plaire, car ici l'homme a tout fabriqué, jusqu'aux montagnes. En d'autres pays de plaine, les côtes de détritus, issus du charbonnage, ne font guère plus d'illusion que des taupinières. Ici, ils imitent à merveille une chaîne de volcans. La pluie a raviné ces "crassiers", la géologie les a tassés et modelés selon ses lois ; on y voit des failles, des strates, des couloirs d'avalanches. Une herbe jaunâtre les colore, quelques arbres ont poussé dessus, et une erreur de perspective les unit à quelques collines véritables qui se trouvent là sur la rive droite de la Meuse, pour en former un système gigantesque.
Sept collines, peut-être ? En tout cas voici un faubourg dans ce faubourg, un hameau dans ce grand village, le quartier Bois-de-Mont. Tous les indigènes vous indiqueront le temple antoiniste, avec sympathie ou avec fierté. On ne le trouverait pas tout seul dans ces petites rues désertes, où quelques épiciers arborent simplement des cartes postales aux effigies sacrées.Pas de boutiques de plein vent, aucun attirail de pèlerinage : l'antoinisme est une religion austère. Mais le vagabond en casquette, aux yeux pâles, qui traine sur le trottoir, vous dis "La Mère : elle habite ici devant !"
C'est une petite communauté, à un coin de rues, cernant une chapelle modeste à deux entrées. On pourrait croire à un couvent si le clocher portait une croix, mais il n'y a plus de croix, à peine une girouette.
Vous voici dans le vestibule. Il est d'une propreté belge. On dirait d'un couloir d'école : des espèces de tableaux d'honneur, des préceptes et avis sous vitrine, la liste des temples antoinistes dispersés par le monde : il y en a plus de cent du Canada à Monaco. Justement, dans un coin, une petite maquette en carton : la réduction du second temple qu'on élève à Paris, rue du Pré-Saint-Gervais. L'adepte de service est un jeune homme discret, propret, moustache noire, soutanelle impeccable. Il parle à mi-voix, il joint les mains. Il vous introduit dans la chapelle bien cirée, où deux tribunes superposées attendent, l'une, le lecteur de l'enseignement du Père Antoine, l'autre, la Mère, quand, les mains chargées de fluides, elle procède à l'"opération"...
Deux icônes : l'emblème de l'antoinisme, un arbre en noir peinturluré sur verre dépoli : l'Arbre de la Science la Vue du Mal. Car l'essentiel de la doctrine enseigne que le mal ni la matière ne sont réels. Il suffit de s'en persuader pour être guéri des maux du corps et de l'esprit, et se lancer dans un cycle d'évolutions spirituelles, à la suite du Père, dont voici le portrait. Son image ne préside aux temples que depuis trois ans, bien qu'il ait été désincarné en 1912, le 25 juin, à l'âge de 65 ans, ce qui est jeune pour un guérisseur. Mistress Eddy, qui fonda en Amérique la "Christian Science", devint, elle, nonagénaire. Mais quoi, le Père Antoine, ancien mineur, ancien concierge aux tôleries, survit assez : il a la barbe et cheveu blanc comme feu le zouave Jacob, la prestance d'un moujik vénérable, l'œil flambant, le geste bénisseur. Son portrait est un agrandissement photographique au fusain, à vingt-quatre franc quatre-vingt- quinze, et dans un coin, l'artiste a signé de son paraphe superbe. A l'entrée de la chapelle, là où l'on attend bénitier, une vasque et un robinet de cuivre avec gobelet. L'inscription spécifie que la source n'est là que pour désaltérer les fidèles. Jemeppe n'est point Lourdes et l'eau miraculeuse a été abandonnée par l'antoinisme dès l'an 1901, époque où les médecins du lieu firent condamner M. Antoine pour usurpation de leur art, magnétisme incongru et concurrence fluidique.
L'antoinisme est une religion en train de s'épurer sans cesse. A l'origine, il était spirite. Un adepte m'a appris que tel saint Jean-Baptiste annonçant Jésus, Allan Kardec avait été l'avant-coureur du Père Antoine. Aujourd'hui, il suffit de croire aux fluides. Ils sont excellents, surtout pour guérir les aphtes de la bouche. La foi les attire seule, et à leur tour ils nourrissent la foi, telle la grâce suffisante des jansénistes. Il y a en Belgique 300,000 personnes accessibles aux fluides et qui ont signé une pétition pour faire reconnaitre l'antoinisme par l'Etat. A Paris, on compte quatre ou cinq lieux du culte ; et vous en trouverez dans toutes les villes où le travail est dur, où la maladie abonde, à Saint- Etienne ou à Vichy. A Tours aussi et à Lyon, parbleu, qu'on s'attendait à voir en cette affaire, car Lyon est la grande ville des hérésies et Tours la capitale française du spiritisme (le saviez-vous ?) Une dure hiérarchie et centralisation pèsent sur l'antoinisme. J'en ai vu les statuts, ils sont draconiens et tout adepte, gérant d'un temple, peut être remercié après un trimestre de préavis. La forme des églises, l'heure des offices obéissent à un règlement unique, pour que le fluide opère plus aisément. Comme en T. S. F, il faut de l'exactitude à émettre et à recevoir. Les rites, mariage, baptême, sont prévus à merveille. Meurt-on, on vous enterre sous un drap vert, à la fosse commune. Enfin le costume des antoinistes initiés a été ordonné par une révélation spéciale : les femmes, sortes de novices en deuil, ont droit à un bonnet ruche de 22 centimètres et des manches [mot illisible] de 70. Les hommes ont un chapeau noir, une "buse" solennelle, fort rare dans les magasins des gentils.
Mais pour tout cela, il faut une volonté, une régente, nous y voici... La Mère, à qui son mari en mourant a transmis le don des fluides et l'autorité, vit à Jemeppe. Elle a soixante-dix-sept ans. C'est cette petite vieille vêtue de noir qui glisse dans le corridor et rejoint dans sa cuisine d'autres adeptes préposées au fricot. Sa figure maigre, ses yeux doux et puissants, on les retrouve sur toutes les cartes postales. Après elle, que deviendra l'antoinisme ? Il n'y a plus d'héritier direct. Les schismes, les querelles, les conciles, la théologie vont-ils diviser cette heureuse religion ?
Mais ne comptez pas qu'elle s'éteigne si vite. Le ciel pèse plus bas que jamais sur Jemeppe. Le soir tombe. Des coulées de hauts fourneaux flambent par instants sous les nuages et dans le silence accablé de ce faubourg lugubre, deux petites filles en haillons cabotent sur le trottoir : ce sont deux manœuvres de mine, la face barbouillée de charbon, une loque sur la tête et le dos courbé sous des sacs, comme porteuses de la misère humaine.Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 19 mars 1928 (source : numerique.banq.qc.ca)
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Si l’on me demandait quelle est ma religion, je serais bien embarrassée ! Je ne suis pas catholique (pas même baptisée), ni athée. J’ai été élevée par une mère antoiniste pratiquante (il s’agit d’un enseignement moral, révélé par le père Louis Antoine, ouvrier belge, et connaissant un rayonnement finalement peu étendu). Mais même si cet enseignement m’a beaucoup apporté, que j’ai été pratiquante et même porté la robe, je ne me définirais plus comme antoiniste aujourd’hui.
En réalité c’est l’enseignement d’Arnaud Desjardins qui nourrit mes interrogations et ma démarche spirituelle. [...]
Quand tout ce qui constituait le quotidien rassurant et indestructible semble s’être effondré, il ne reste plus que soi, et ce soi lui-même qu’est-il ? Donc il ne reste plus qu’à se laisser guider par ce qui se présente et dire « oui », y compris au fait qu’il n’y ait presque plus rien… « Oui » quand on pleure toutes les larmes de son cœur, « oui » à la peur, « oui » à la culpabilité ! Voyage initiatique s’il en est ! Mais en retour une énergie incroyable m’a été donnée, et des portes se sont peu à peu ouvertes les unes après les autres sans même que je les pousse (Dans l’enseignement antoiniste un des 10 principes, le neuvième, dit (c’est Dieu qui parle) : « cultivez vous, vous vous rappellerez le passé, vous aurez le souvenir qu’il vous a été dit « frappez, je vous ouvrirai, je suis dans le connais-toi. Tout ce qui vous est utile, pour le présent comme pour l’avenir, vous sera donné par surcroît ») C’est le sentiment que j’ai eu, je travaillais à dire oui, et certaines choses m’ont été donnée par surcroît.
Une anecdote pour illustrer cela : il me fallait trouver une chambre car mon petit salaire ne me permettait pas de louer un studio. Je suis donc allée passer une petite annonce dans une agence de journaux gratuits. Il y en a deux dans ma ville. Un jeune adulte souffrant d’un handicap mental est alors entré dans l’agence, a réclamé des bonbons que l’hôtesse lui a donnés : il avait visiblement ses habitudes dans les lieux. Quand je suis sortie, le jeune homme m’attendait sur le trottoir, un journal à la main. Je lui ai montré que j’en avais déjà un exemplaire, mais il m’a fait comprendre qu’il s’agissait de l’autre journal et que je devais le prendre. Ce jeune homme innocent sur fond de ciel bleu tout ensoleillé m’a donné une sorte de bouffée d’espoir et de confiance et j’ai eu le sentiment que ce journal allait m’apporter quelque chose. Je me suis empressée de lire les pages de location, et effectivement, une annonce offrait une chambre, destinée à une femme seule, dans mon propre village. C’était inespéré !! J’ai appelé tout de suite et obtenu la location, ce qui m’a vraiment aidée pendant deux mois (surtout, j’étais tout près de chez mes enfants). Mon annonce quant à elle, n’a jamais rien donné ! [...]
Elevée entre une mère qui n’avais jamais vu de médecin jusqu’au jour de sa mort à la suite d’un cancer, et une grand-mère hypocondriaque qui voyait des microbes partout et me mettait en garde constamment, j’avais intégré de façon un peu « synthétique » qu’il valait mieux ne pas être malade, pour éviter d’avoir à rencontrer le médecin ! Même si ma mère était très tolérante et ne nous a jamais imposé ses choix, j’étais souvent angoissée (notamment avant les visites médicales scolaires !). Même adulte, ces angoisses perduraient ! [...]
Je me propose donc de noter au fils des méditations, plus ou moins réussies, mes remarques, en espérant peut-être avoir quelques commentaires, suggestions, expériences que vous voudriez partager. Sinon, le fait de m’exprimer restera une expérience agréable, que (selon les termes de Boileau) « j’énoncerai d’autant mieux que je la concevrai clairement » ! Alors j’espère que « les mots pour le dire me viendront aisément »…
source : https://vivreicietmaintenant.wordpress.com/
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tampon d'un cachet du Temple antoiniste d'Orange
étant une des rares constructions de la rue, il ne porte pas encore de numéro
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Avis Mortuaires - Antoine Delrez (Journal de Verviers, 28 septembre 1940)(source : Belgicapress)
Un certain Jean-Pierre Montulet a écrit un article sur l'installation de l'antoinisme à Spa. Impossible de dire s'il existe un lien de parenté entre ces personnes.
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Auteur : Stefan Zweig
Titre : Emile Verhaeren
Éditions : S. Fischer Verlag, 2009 (330 pages)
Ce texte de Stefan Zweig a été traduit en français dans le recueil "Souvenirs et rencontres" (Grasset). Les souvenirs de l'auteur concernant Emile Verhaeren évoque sa visite en compagnie d'Albert Mockel à Antoine le Guérisseur.
Albert et Marie Mockel avaient perdu leur fils unique Robert à la fin de la guerre de 1914-1918. Adonnés au spiritisme, ils sont entrés en communication avec le mort.
Stefan Zweig, écrivain autrichien écrira "La guérison par l'esprit", trois biographies de figures historiques qui pratiquèrent le faith healing : le magnétiseur Anton Mesmer, Mary Baker-Eddy (fondatrice de la Science chrétienne) et Sigmund Freud, l'inventeur de la psychanalyse.
Dans le recueil "Emile Verhaeren", on peut donc lire :
Erinnerungen, Erinnerungen, ihr mächtig anströmenden, wie euch dämmen? Städte, wo seid ihr, ihr gemeinsam durchwanderten? Lüttich, heute eine erstürmte Festung und damals eine friedliche Stadt, als wir mit Albert Mockel und den Freunden den Fluß hinauffuhren an einem hellen Sommertag, um den wunderlichsten aller Heiligen, Saint Antoine le Guérisseur, zu besuchen! O Gelächter und Ehrfurcht und Gespräche in der kleinen Klause, Gefühl der Gesundheit inmitten der Pilgerschar der Kranken!
Traduction :
Souvenirs, souvenirs, comment endiguer votre flot puissant ? Villes que nous avons parcourues ensemble, où êtes-vous ? Liège, naguère paisible cité, lorsque nous remontions la Meuse en bateau par un clair jour d'été avec Albert Mockel et des amis pour aller voir le plus miraculeux de tous les saints, saint Antoine le Guérisseur ! Quelle dévotion dans l'étroite cellule, quel propos, quels rires aussi, quelle sensation de santé au milieu de la troupe des pèlerins malades !
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Mme Hélène Dort… Maître Gallioz semble protéger le médium
des influences terrestres et le disciple est prêt à recueillir les
paroles de l’au-delà.CHEZ LES SPIRITES GRENOBLOIS
JULES MICHELET
vient faire tous les jours, aux
fidèles bouleversés, son cours
d'histoire de France.C'est près de la place Notre-Dame, 3, rue Frédéric-Taulier, dans l'une de ces confortables demeures aux vastes appartements Louis philippards que se donnent, à Grenoble, rendez-vous les Esprits.
Nous avons passé, hier, un excellent cinq-à-sept avec eux.
Rien n'était plus facile un petit coup de sonnette à la porte où est discrètement marqué : « Société d'Etudes Psychiques », et M. et Mme Gallioz, les hôtes qui entretiennent de si cordiales relations avec les morts, nous firent signe de prendre place.
Il nous sembla même – c'est vraiment étonnant !... – qu'ils furent enchantés de ma visite et de celle de mon complice, le reporter photographe Albert Ramus.
Après avoir nourri son bon nez d'une pincée de tabac cueillie prestement dans une tabatière d'une autre ère, maître Gallioz – qui est aussi, je crois, prêtre des Antoinistes – nous mit en confiance.
– Ah ! cher Monsieur, il se passe ici des choses merveilleuses qui nous bouleversent... Asseyez-vous donc ! Vous allez assister, sans façon, à nos expériences...
– Comme cela ! Au grand jour, avec le bruit du tram et de la radio du voisin, et devant tout le monde ?
– Pourquoi pas !... Nous ne cherchons à impressionner personne. Tout se passe ici sur le ton familier et nos chers morts nous parlent simplement tandis que nous recevons leurs messages avec une allégresse pleine de lumière et de reconnaissance...MADAME HELENE,
ETES-VOUS PRETE ?...
Parmi l'assistance – assez restreinte aujourd'hui – une femme de lettres, un couple dont le mari est hypnotiseur et sa femme, extrêmement belle, un sujet d'élite pour spirites ; un docteur en pharmacie, une jeune artiste qui me paraît assez impressionnée, un professeur, une femme de ménage pâle comme un ectoplasme, deux ou trois adeptes incolores aux yeux brillants, et Mme Gallioz qui, prosaïquement, dans la cuisine voisine, moud le café et vient voir de temps, en temps où, « ça en est... ».
– Madame Hélène, êtes-vous prête ?
Mme Hélène est le médium « maison ». Son visage est gracieux et semble incapable de la moindre imposture ; le battement des longs cils sur le velours de ses yeux n'est pas sans charme, disons... fluidique.
Chut !... Le beaux yeux se ferment. Mme Hélène se concentre, les mains n'ont plus qu'un léger tressaillement, des lèvres entr'ouvertes glisse un tiède halètement ; chut !... le sujet dort.
Ah !... je sais bien que tous les sceptiques se mettent à sourire.
Eh bien non !... Ne souriez pas : écoutez !ESPRIT, ES-TU LA ?
M. Gallioz, manifestement très ému, donne subrepticement double ration à sa narine battant de l'aile, puis, gravement, questionne :
– Etes-vous là, mon bon ami ?...
– Oui, cher enfant.
– Qui êtes-vous, aujourd'hui ?
– Mais votre protecteur, comme toujours, votre Jules !
A ce moment, l'assistance tressaille d'aise et sourit d'un air entendu :
– C'est lui !...
C'est Michelet l'historien, le sévère censeur des faits et gestes nationaux des siècles derniers ; Michelet lui-même qui parle d'une grosse voix en roulant les r et se fâche tout rouge lorsque les questionneurs, maltraitent l'Histoire.
Et, cette grosse voix a l'air de sortir de la gorge d'un phonographe à pavillon alors qu'elle s'exhale de la bouche sans vie de la prêtresse, Mme Hélène endormie.
Très impressionnant !...
M. Gallioz et ses disciples s'épongent.
– Hein ? Vous avez entendu ? Vous avez reconnu, « sa » voix ?
J'avoue, pour ma part, n'avoir jamais eu de relations avec l'excellent M. Michelet, je n'ai pas l'âge, Dieu merci, de Mlle Mistinguett. Mais je dois dire que je me le représente assez parrrrlant comme ça !CHER ONCLE !...
La séance n'est pas finie. J'apprends, tour à tour, que si Mme Hélène est un médium parlant, il y a encore les médiums auditifs et les médiums qui… sous la puissance de l'incarnation, transmettent, par l'écriture, de bouleversants, messages et rétablissent, entre les morts et les vivants toutes les relations rompues.
Ainsi, telle jeune fille de la Société des Spirites Grenoblois, dont la culture intellectuelle est en friche, vous pond à toute vitesse dans les transes de son sommeil, des vers et des vers que pourraient signer sans rougir de leur inspiration, MM., Lamartine ou Musset.
Je n'ai pas assisté à cette vertigineuse éclosion de rimes. C'est dommage.
Mais j'ai eu, par contre, d'excellentes nouvelles de mon vieil oncle qui me déshérita jadis en défuntant.
Il va bien, je vous remercie.
Et je suis bien aise d'avoir appris qu'il se promène, en tenue d'ectoplasme, du côté de la place Notre-Dame, lui qui ne quittait jamais son gilet de flanelle et qui détestait ce quartier !R-L. LACHAT.
Dauphiné libéré, 4 septembre 1946
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Voyage moral d'une 50aine d'adeptes français, sam.1 oct.2022 (billet FaceBook de Stéphane Knockaert)