• Éric Vuillard - L'Ordre du jour - La littérature peut tout

        La littérature permet tout, dit-on. Je pourrais donc les faire tourner à l'infini dans l'escalier de Penrose, jamais ils ne pourraient plus descendre ni monter, ils feraient toujours en même temps l'un et l'autre. Et en réalité, c'est un peu l'effet que nous font les livres. Le temps des mots, compact ou liquide, impénétrable ou touffu, dense, étiré, granuleux, pétrifie les mouvements, méduse. Nos personnages sont dans le palais pour toujours, comme dans un château ensorcelé. Les voici foudroyés dès l'entrée, lapidifiés, transis. Les portes sont en même temps ouvertes et fermées, les impostes usées, arrachées, détruites ou repeintes. La cage d'escalier brille, mais elle est vide, le lustre scintille, mais il est mort. Nous sommes à la fois partout dans le temps.

    Éric Vuillard, L'Ordre du jour, p.12


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  • Édouard Saby - La véracité de l'homme (p.110)

        Autant l'homme est véridique, autant il est divin : l'invincibilité, l'immortalité, la grandeur de la divinité entrent en l'homme avec sa véracité.

    Édouard Saby, Fin et résurrection d'un monde, p.110


        À rapprocher de ce que le Père nous convient à agir naturellement.


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  • L'Antoinisme (Journal de Charleroi, 7 décembre 1910)(Belgicapress)L'Actualité

    L'ANTOINISME

        – Cent soixante mille signatures ! Pas vrai ?
        – C'est comme je vous le dis. Les sectateurs de la religion « antoiniste » ont apporté à la Chambre un ballot de papier inondé de paraphes. Plus de cent mille ouvriers de la région industrielle, hommes, femmes, enfants majeurs, ont signé la pétition.
        – Et qu'est cet Antoine-le-Guérisseur, dont le culte s'inaugure ?
        – Voici :
        Antoine est un ancien ouvrier mineur. A la suite d'un héritage, il quitta la mine et put se livrer entièrement à sa passion pour les recherches spirites.
        Depuis son enfance, le spiritisme le tourmentait. Il organisait des réunions avec ses camarades, et il s'y révéla bientôt comme médium à incarnations. Les esprits, dit-on, guidaient sa main sur le papier et communiquaient au groupe de longs messages sur l'au-delà.
        Le groupe d'Antoine prospéra. Antoine lui-même vit ses « facultés » se développer progressivement. Des révélations lui furent départies par les esprits. Un jour ceux-ci lui ordonnèrent de cesser ses séances spirites, et de se consacrer à l'exercice d'un don nouveau dont ils lui faisaient cadeau en considération de ses vertus : le don de guérir.
        C'est du moins ce que racontent les disciples du maître.
        Voilà Antoine proclamé guérisseur. Il se met à soigner les malades. Il va les trouver, leur impose les mains, et obtient, paraît-il, des guérisons.
        Sa renommée grandit. Inutile bientôt de sortir de chez lui. Les malades se pressent à sa porte. Sa maison est connue de toute la population de Jemeppe et des communes voisines. Le nom d'Antoine devient populaire le long de la Meuse et de l'Ourthe.
        Les esprits donnent ensuite au guérisseur une mission supplémentaire il doit enseigner. Qu'enseignera-t-il ? La doctrine des esprits, doctrine physique, doctrine morale. Antoine devient chef de religion !
        A cette religion il faut un temple. Les disciples sont nombreux. Les fonds sont réunis, et à Jemeppe-sur-Meuse un local de style moderne, voire même art nouveau, s'élève à proximité des houillères et des terrils.
        La petite maison d'Antoine est située contre le temple. La foule des malades – des centaines chaque jour – remplit ce dernier. Un à un, les gens qui souffrent et qui attendent passent dans le cabinet du guérisseur. Pas d'argent à donner. Le guérisseur leur pose main sur le corps, et leur dit : « Pensez à moi »
        Et l'on pense à Antoine.

    LA DOCTRINE DE L'EGLISE

        La nouvelle église a donc une doctrine, fort rapprochée des théories spirites. Le bien doit gouverner le monde. Le mal a été produit par la chute d'Adam et Eve qui, de purs esprits qu'ils étaient, ont été précipités dans la matière et revêtus d'un corps physique. Dès lors, ils ont souffert. Pour échapper au mal, il faut aimer son prochain. Le bien c'est l'amour. Les esprits épris de Dieu vont évoluer dans des mondes supérieurs. Voilà la doctrine morale.
        Passons à la doctrine physique. Le chef de l'école prétend à des connaissances particulières, et spécialement à celle des fluides.
        Pour lui, tout est fluide. Dans l'espace, ces fluides s'entre-croisent. Tous les objets émettent des fluides. Le corps humain est régi par les fluides. Il y a de bons et de mauvais fluides. Voulez-vous du fluide ? Antoine en a.
        Le fluide d'Antoine n'est pas le même que celui du commun des mortels. Ce sont les esprits qui le lui fournissent, qui le chargent comme une pile électrique. Ce bon fluide, Antoine le dispense aux malades par le phénomène de la Foi.
        La foi provoque, en effet, la communication de pensée entre Antoine et le malade. Ainsi les fluides se communiquent à tout moment du jour et de la nuit. Pensez à Antoine, répète l'apôtre. Plus vous y pensez, et plus mon fluide entre en vous !
        C'est là la partie essentielle de la doctrine physique de l'Eglise. Antoine a bien d'autres enseignements sur les végétaux, sur les animaux, sur les astres, sur tout. Il est parfois nébuleux, mais il croit ce qu'il dit : ceci ne fait pas l'ombre d'un doute.

    LE CULTE « ANTOINISTE »

        La pétition présentée à la Chambre demande la reconnaissance du nouveau culte non pour recevoir des subsides de l'Etat, mais pour pouvoir posséder d'autres temples que celui de Jemeppe, qui est la propriété d'Antoine. Dans ces temples le culte sera organisé.
        En quoi consiste-t-il ?
        En réunions hebdomadaires. Tous les dimanches, et plus souvent si c'est nécessaire, Antoine monte dans sa chaire, située au fond du temple. Il invite l'assemblée à se recueillir par la concentration de la pensée. Lui-même se concentre et paraît souffrir. Il se met en communication avec l'assemblée, il en examine les fluides, puis il fait savoir si ceux-ci sont bons ou mauvais.
        S'ils sont mauvais, une plus profonde concentration s'impose et le prophète ne sera pas en possession de tous ses moyens. Il prie les esprits présents qui l'assistent et qui veillent sur l'assemblée de purifier l'atmosphère, en union avec les auditeurs qui formulent mentalement le même désir.
        Puis l'inspiration vient, Antoine parle, il enseigne. Nous avons eu des aperçus de sa doctrine. Il insiste surtout sur l'enseignement moral, prétexte à d'interminables développements sur l'amour, la bonté et leur rôle pour la libération des mortels.
        Puis les auditeurs posent des questions. Antoine répond. Enfin, il demande à nouveau le recueillement. Les âmes doivent être joyeuses, avoir des sentiments d'amour et d'abandon, de confiance et de foi. Et puis l'on part, en emportant un petit peu de fluide.

    ANTOINE EST UN DIEU

        Le prestige d'Antoine est complet sur ses disciples. Ils se feraient tuer pour lui. Leur dévouement est sans bornes, et c'est ce qui leur a permis de réunir ce nombre énorme de signatures.
        Les plus exaltés font d'Antoine leur dieu. Ils pensent tout le temps à Antoine et le prient.
        – Jésus-Christ c'était bien, disait un jour un des principaux signataires de la pétition, mais M. Antoine c'est bien mieux !
        – M. Antoine est dieu, s'écriait un autre, en sollicitant une signature. Je ne connais que lui ; c'est lui que je prie et que j'adore.
        Pour les moins convaincus, si Antoine n'est pas dieu, il est tout au moins un être extraordinaire, le plus grand de ceux qui ont paru sur terre.
        Au physique, le dieu nouveau est un homme de taille assez haute, mais au dos voûté. Il a les cheveux gris coupés ras. Il porte une redingote fermée jusqu'au cou par une seule rangée de boutons. Il mâche continuellement de la gomme.
        Son attitude est simple et franche. Pas de pose, pas de bluff. Il est modeste et convaincu.
                     JEAN DE BRUXELLES.

    Journal de Charleroi, 7 décembre 1910 (source : Belgicapress)


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  • Henry Soumagne - Madame Marie (Les Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques, 28 avril 1928)

        Les trois actes de Madame Marie ne sont religieux que par leur sujet, mais assez peu par leur facture d'ailleurs intéressante. Stylisation dans le sens contemporain. La Vierge est représentée comme une mère et le Christ comme un fils, rien de plus, et l'apôtre Matthieu comme l'inventeur d'une religion nouvelle, une figure dans le genre du fondateur des Antoinistes dont André Thérive nous parle dans son curieux roman Sans Ame, conçu à la manière de Huysmans avec une note de parisianisme et de religiosité étrangement confondus. Quant à Judas, c'est un intellectuel rongé, martyr de lui-même. L'apôtre Matthieu veut précipiter le Christ vers la prodigieuse aventure de son apostolat. Matthieu a tout inventé : la salutation angélique, l'immaculée conception, la suggestion des miracles, les paraboles qu'il souffle au Christ, etc..., et Marie, épouvantée par les dangers que court son cher fils à se transformer ainsi, en précurseur, cherche à le retenir auprès d'elle où il doit rester ce qu'il est, un brave charpentier. Et Matthieu et Marie, jusqu'à l'heure du Golgotha, se disputent la destinée du Sauveur.

    Les Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques, 28 avril 1928

     

        Dans le Dictionnaire mondial des littératures, on lit : Henri Wagener, dit Henry Soumagne, « Son théâtre, hanté par la mort (Terminus, 1927), interroge la religion d'un point de vue hétérodoxe : l'Autre Messie, monté à Paris en 1923, fit scandale dans toute l'Europe par son évocation du problème de l'existence de Dieu, débattu par des ivrognes dans un bouge de Varsovie ; Madame Marie (1928) met en scène un Jésus-Christ à qui l'on fait croire qu'il est un prophète. Dans la préface à son œuvre, il écrit : « Il s’est fait que dans son impiété fondamentale, mon œuvre est toute pleine de respect mystique. Et la rencontre fortuite de ces deux sentiments contradictoires me fut un bonheur. » (source aesm)

        Henry Soumagne est né à Liège en 1891 et mort en 1951 des suites d’un accident. Son théâtre est influencé par l'expressionnisme et les questions existentielles. Il connait la célébrité à la suite de l'écriture d'une de ses œuvres majeures, L'Autre Messie en 1923, qui sera mise en scène au Théâtre de l'Œuvre par Lugné-Poe. Il épouse en 1929 Georgette Ciselet, femme politique belge libérale, associée à « la lutte féministe pour l’égalité professionnelle et intellectuelle. »


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  • Un guérisseur à Jemeppe (Le journal de Bruxelles, 3 août 1901)(Belgicapress)    ~~~ Un guérisseur à Jemeppe. – On ne parle à Liége que d'une descente du parquet faite chez un empirique dont le nom est très répandu non seulement dans la localité, mais encore dans les villages voisins et peut-être même, pourrions-nous dire à plusieurs centaines de kilomètres à la ronde. Ce citoyen exerce l'art de guérir, mais il diffère des charlatans connus par sa façon de procéder pour lui, pas de drogues, ni de produits quelconques. Il prétend posséder un pouvoir magnétique qu'il exerce efficacement, selon lui, sur tous ceux qui viennent le consulter.
        Que l'on souffre d'une maladie quelconque, que l'on soit boiteux ou scrofuleux, ce charlatan, émule d'un autre genre de Séquah, de joyeuse mémoire, prétend tout guérir. Tout Jemeppe et les environs sont, paraît-il, en révolution à la suite des succès obtenus par cet empirique.
        Le parquet, ayant eu vent de l'affaire, s'est rendu à Jemeppe et a assisté aux expériences du susdit guérisseur. Nos graves et austères magistrats, qui étaient accompagnés de deux médecins-légistes, ont vu défiler 67 clients, auxquels l'empirique a fait des centaines de « passes ».
        Après avoir assisté pendant trois heures aux exercices du citoyen, qui fait l'étonnement de toute la population jemeppienne, les représentants du parquet se sont retirés. A ce moment, 130 personnes devaient encore passer à la visite. Il se trouvait parmi celles-ci un habitant de Gand. C'est dire que la renommée du guérisseur s'étendra bientôt aux quatre coins de la Belgique et passera même la frontière.
        Il paraît, d'ailleurs, qu'il y a chaque jour affluence. Des gens arrivent la nuit, dès 1 ou 2 heures du matin, pour être certains d'être reçus. Le traitement est gratuit, mais il y a évidemment l'obole obligée.
        Hier, une dame a laissé tomber un louis dans la cassette où chacun verse ce que bon lui semble.

    Le journal de Bruxelles, 3 août 1901 (source : Belgicapress)

        Séquah était un guérisseur spirite de la ville de Groningue aux Pays-Bas qui se fit connaître fin du siècle précédent.


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  • www.bordeaux-da-scoprire.it

    Escursione a Bordeaux : l'Antoinismo.
    Ecco un argomento che si situa realmente tra il metafisico e lo spiritico.
    Louis Antoine nasce in una famiglia modesta nel 1846 in Belgio. Diventa minatore, ma legge Allan Kardec e si interessa allo spiritismo.
    Con gli anni, avrà un grande successo popolare quale guaritore e taumaturgo. Fonda quindi il suo movimento spirituale. I suoi seguaci lo chiamano il Padre. Movimento che crede alla reincarnazione, agli spiriti, al karma alla fratellanza, l'Antoinismo é anche pacifico ed ecumenico.
    Secondo alcuni, Antoine, Guru strampalato, in realtà fu una persona molto vicina ai poveri. Vegetariano, predicava una fratellanza universale ed aveva un grande rispetto per tutte le religioni.
    Oggi l'Antoinismo é una delle rare sette "non pericolose" secondo la Miviludes, l'attentissima autorità francese di studio delle sette. Infatti gli Antoinisti non chiedono soldi o servizi e non praticano alcun indottrinamento. Senza Bordeaux da scoprire e le nostre visite di Bordeaux avreste mai conosciuto gli Antoinistes?

    Traduction :
    Excursion à Bordeaux : Antoinisme.
    Voici un sujet qui se situe vraiment entre le métaphysique et le spirituel.
    Louis Antoine est né dans une famille modeste en Belgique en 1846. Il devient mineur, mais lit Allan Kardec et s'intéresse au spiritisme.
    Au fil des ans, il est devenu très populaire en tant que guérisseur et thaumaturge. Il a ensuite fondé son propre mouvement spirituel. Ses disciples l'appelaient le Père. Mouvement qui croit à la réincarnation, aux esprits, au karma et à la fraternité, l'antoinisme est également pacifique et œcuménique.
    Selon certains, Antoine, gourou farfelu, était en fait une personne très proche des pauvres. Végétarien, il prêchait la fraternité universelle et avait un grand respect pour toutes les religions.
    Aujourd'hui, l'antoinisme est l'une des rares sectes "non dangereuses" selon la Miviludes, l'autorité française très attentive à l'étude des sectes. En fait, les antoinistes ne demandent ni argent ni services et ne pratiquent aucun endoctrinement. Sans Bordeaux à découvrir et nos visites à Bordeaux, auriez-vous jamais fait la connaissance des Antoinistes ?

    source : www.bordeaux-da-scoprire.it/insolite.php


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  • Een heilige Antonius II. (Dragtster courant, 25 Februari 1911)Van den Wachttoren.
    Een heilige Antonius II.

        Wij vertelden eenige weken geleden van een Belgischen wonderdokter, Anton van Jemeppes, om wiens persoon zich een nieuwe eeredienst gevormd heeft. Tot de Belgische Regeering hebben 100.000 Belgen zich gewend met het verzoek om dezen nieuwen eeredienst wettig te erkennen. In Het Toekomstig Leven, dat aan allerlei occulte (geheimzinnige) verschijnselen gewijd is, lezen wij nu nadere bizonderheden over dezen Anton.
        Antoine le Guérisseur (de Genezer) is de zoon van een mijnwerker. Hij zelf werd metaalbewerker, en werkte behalve in België ook in Duitschland en Polen. Reeds gedurende twintig jaar houdt hij zich met genezen bezig. Vier dagen in de week zijn daarvoor bestemd. Dan verschijnt Anton in den tempel, door zijn geloovigen voor hem gebouwd, en staande op den katheder strekt hij enkele oogenblikken de handen uit over de menigte. Deze eenvoudige behandeling maakt alle apotheken en operatiezalen overbodig; daardoor alleen wordt toch de genezing bewerkstelligd. Een bezoeker vertelt in Het Toekomstig Leven het volgende:
        Vanaf het oogenblik van het binnentreden van Antoine in den tempel, wordt er, in de haast tastbare stilte, die plotseling invalt, een gevoel in ieders gemoed geschapen, dat als een weldadige gloed door heel het lichaam trekt en het geloof in de wonderbaarlijke kracht van Antoine's Liefde wordt zekerheid tijdens zijn schrijden naar het spreekgestoelte. Als de prachtige oude man boven de menigte staat, blijft hij eenige oogenblikken onbeweeglijk, als in gebed verzonken, en strekt dan beide handen over de hoofden der menschen uit, om na enkele seconden te zeggen: „c'est fini!” (het is afgeloopen).
        Men merkt, dat de bezoeker bekeerling is geworden. Hij verzekert, dat Antoine wel niet allen, doch wel alle kwalen geneest. Noodig is een vast geloof van den zieke in Antoine. Wij hebben hier dus te doen met, wat men in Amerika noemt, mind cure (geestelijke genezing). Een gebied vol van de voetangels en klemmen van charletannerie (marktschreeuwerij) en zelfbedrog. De waarheid op dit gebied, die de wetenschap nu nog niet recht erkennen wil, is de beteekenis van geestelijken invloed van hoogstaande menschen ook op den lichaamstoestand van hen, die tegen hen opzien.
        Antoine is een ongeleerd man. Hij kan nauwelijks lezen en schrijven. Zijn toespraken zijn door een ander te boek gesteld. Daarin zijn zeker treffende en diepe gedachten. Het is geen gewoon man, die deze waarheden uitsprak:
        „Wij komen slechts door onze dwalingen tot de waarheid.”
        „God spreekt: Ik ben in het gebod: Ken uzelven.”
        „Wij zwemmen in het leven en de levensstroomingen als een visch in het water.”
        Een gewone bedrieger is deze man zeker niet, veeleer een mysticus (een mensch, die doorvoelt de verborgene dingen) en 't is wel merkwaardig, dat het mysticisme in onzen tijd, nu wij al zoowat meenden door de natuurwetenschap het wereldraadsel als een sommetje te kunnen oplossen, weer zoo krachtig opleeft. Wij hadden het oude woord haast vergeten, maar het geldt nog altijd ook voor ons: Wij kennen ten deele.

    Dragtster courant, 25 Februari 1911

     

    Traduction :

    De la Tour de Garde.
    Un Saint Antoine IIe

        Nous vous avons parlé il y a quelques semaines d'un docteur miracle belge, Antoine de Jemeppe, autour duquel une nouvelle vénération s'est formée. Le gouvernement belge a été contacté par 100 000 Belges demandant la reconnaissance légale de ce nouvel honneur. Dans Het Toekomstig Leven, qui est consacré à toutes sortes de phénomènes occultes (mystérieux), nous avons maintenant plus de détails sur cet Antoine.
        Antoine le Guérisseur est le fils d'un mineur. Il est lui-même devenu métallurgiste et a travaillé en Belgique, en Allemagne et en Pologne. Il guérit depuis vingt ans. Quatre jours par semaine y sont consacrés. Puis Antoine apparaît dans le temple, construit pour lui par ses fidèles, et debout sur le lutrin, il tend les mains sur la foule pendant quelques instants. Ce traitement simple rend superflues toutes les pharmacies et les salles d'opération ; lui seul apporte encore la guérison. Un visiteur raconte ce qui suit dans Het Toekomstig Leven :
        Dès l'entrée d'Antoine dans le temple, dans le silence presque palpable qui s'installe soudain, un sentiment se crée dans l'esprit de chacun, qui passe dans tout le corps comme une lueur bienveillante, et la foi dans la puissance miraculeuse de l'Amour d'Antoine devient certitude au fur et à mesure qu'il s'avance vers la chaire. Lorsque le bel homme âgé se tient au-dessus de la foule, il reste immobile pendant quelques instants, comme s'il était en prière, puis il tend les deux mains au-dessus de la tête des gens, pour dire après quelques secondes : "c'est fini !".
        On constate que le visiteur est devenu un converti. Il assure qu'Antoine ne guérit pas tout le monde, mais tous les maux. Ce qu'il faut, c'est que le patient croie fermement en Antoine. Donc ici nous avons ce qu'on appelle en Amérique une mind cure (guérison par l'esprit). Une zone pleine d'embûches et d'accrocs à la charlatanerie et à l'auto-illusion. La vérité dans ce domaine, que la science ne veut pas encore reconnaître franchement, est l'importance de l'influence spirituelle des personnes de haut niveau sur la condition physique de ceux qui les admirent.
        Antoine est un homme sans éducation. Il sait à peine lire et écrire. Ses discours ont été écrits par quelqu'un d'autre. On y trouve certainement des pensées marquantes et profondes. Ce n'est pas un homme ordinaire qui a prononcé ces vérités :
        "Nous ne parvenons à la vérité qu'à travers nos erreurs."
        "Dieu parle : je suis dans le commandement : Connais-toi toi-même."
        "Nous nageons dans la vie et les courants de la vie comme un poisson dans l'eau."
        Cet homme n'est certainement pas un imposteur ordinaire, mais plutôt un mystique (une personne qui ressent les choses cachées) et il est étrange qu'à notre époque, alors que nous pensions pouvoir résoudre l'énigme du monde comme une somme grâce à la science naturelle, le mysticisme soit ravivé avec tant de force. Nous avions presque oublié ce vieux mot, mais il s'applique toujours à nous aussi : Nous n'en connaissons qu'une partie.

    Gazette de Drachten, 25 février 1911


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  • De wereld wil bedrogen worden (Dragtster courant, 7 Januari 1911)

        De wereld wil bedrogen worden.

        Vooral de wereld der zieken en de kwakzalverij maakt daarvan handig gebruik. Zelfs met het plompste bedrog op dit gebied worden schatten verdiend. De mogelijkheid, dat er genezende middelen en krachten zijn, door de officieele geneeskunde niet gekend en toegepast, moet worden erkend. Maar juist hierdoor vindt nog zoo menige kwakzalver geloof, want de zieke gaat licht denken: „Men kan het nooit weten!”
        In België maakt thans grooten opgang een zekere Anton van Jemeppes. Een adres geteekend door 100.000 meerderjarige Belgen is aan de Kamer gericht met verzoek om den eeredienst, die om de persoon van dezen wonderdokter ontstaan is, wettig te erkennen. De aanhangers van Anton willen hun eigendomsrechten kunnen doen gelden op den tempel te Jemeppes en andere tempels, die zij elders zullen stichten om de leeringen van Anton te verbreiden. Bijgeloof en kwakzalverij gaan dus hand aan hand. Onder de volgelingen van Anton behooren ook menschen van ontwikkeling, leeraren en officieren, die in hem een der grootste weldoeners van dezen tijd zien. De bladen, die Anton uitgeeft „Maandblad der Openbaring” en „Stralenkrans van het Geweten” schijnen in echte kwakzalverstaal geschreven te zijn. De verbeelding is erger dan de derdedaagsche koorts; maar de verbeelding is soms ook beter dan de beste medicijn. De suggestie, gewekt door een vast geloof in 's mans wondermacht, zal zeker wel sommigen gebaat hebben.

    Dragtster courant, 7 Januari 1911

     

    Traduction :

        Le monde veut être trompé.

        Le monde des malades et du charlatanisme en fait particulièrement bon usage. Même la plus grossière des tromperies dans ce domaine rapporte des trésors. La possibilité qu'il existe des agents et des pouvoirs de guérison inconnus de la médecine officielle et appliqués par elle doit être reconnue. Mais c'est précisément à cause de cela qu’on a foi en tant de charlatans, parce que le malade commence légèrement à penser : "On ne peut jamais savoir !".
        En Belgique, un certain Antoine de Jemeppe jouit actuellement d'une grande popularité. Une adresse signée par 100 000 Belges adultes a été envoyée à la Chambre pour demander la reconnaissance légale du culte créé autour de ce docteur miracle. Les adeptes d'Antoine veulent faire valoir leurs droits de propriété sur le temple de Jemeppe et sur d'autres temples qu'ils établiront ailleurs pour diffuser les enseignements d'Antoine. Superstition et charlatanisme vont donc de pair. Parmi les disciples d'Antoine, on compte des personnes éduquées, des enseignants et des officiers, qui voient en lui l'un des plus grands bienfaiteurs de notre époque. Les magazines qu'Antoine publie, "Bulletin mensuel de la Révélation " et "Auréole de la Conscience", semblent être écrits dans un véritable langage de charlatan. L'imagination est pire que la fièvre du troisième jour ; mais l'imagination est aussi parfois meilleure que le meilleur médicament. Cette suggestion, suscitée par une ferme croyance dans le pouvoir miraculeux de l'homme, a certainement profité à certains.

    Gazette de Drachten, 7 janvier 1911

     

        Le même journal reviendra sur le sujet le mois suivant.


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  • Nécrologie Marie-Charlotte Piron (Le Messager, 15 mai 1891)

    Nécrologie.

        Le mardi 28 avril dernier a eu lieu, à Jemeppe, l'enterrement spirite de Mme Marie-Charlotte Piron.
        Le cortège, nombreux et imposant, était précédé de la musique et du drapeau de l'Union spirite de Seraing, dont la défunte était membre. A la maison mortuaire, Mlle Guillemine Gaye a prononcé un discours de condoléance.
        Au bord de la tombe, devant l'assistance silencieuse et attentive, M. Gustave Gony a rendu hommage aux convictions et qualités de la défunte.

    Le Messager, 15 mai 1891


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  • Octave Houart, spirite à Seraing

        0ctave Constant Houart (ca. 1845-1927) a été président de l'Union Spirite de Seraing. Il prononcera à ce titre le discours funéraire pour le fils du Père et de la Mère.
        Il faisait également partie des Vignerons du Seigneur d'après Robert Vivier. Mais à notre connaissance, il ne suivra pas le Père dans la fondation du culte antoiniste.
        Marié à Adèle Daloze (née vers 1848), une nécrologie paraît dans Le Messager du 15 avril 1876 pour leur fille, Octavie-Adèle Houart, décédée en bas âge (18 mois, née à Seraing le 29 septembre 1874), au domicile, rue des Houilleurs (à sa naissance, ils habitent rue Saint-Eloi). L'article indique simplement que les spirites de Seraing procèderont à l'enterrement (L'Union spirite de Seraing sera constituée en association deux ans plus tard). C'est Auguste Dor qui se chargea du discours lors des funérailles. On ne connaît pas son degré de parenté avec le Père Dor.
        0ctave C. Houart meurt vers le 31 mars 1927. On le dit ancien chef de bureau des Charbonnages Cockerill, à Seraing. Il est enterré au cimetière des Biens Communaux, à Lize-Seraing. Adèle Houart, née Daloze, meurt le 27 décembre 1906, à 69 ans.
     
        Ils ont un fils, Octave Adelin Houart (1872-1929), qui sera industriel.
        D'après un article de 1903, où il est mentionné comme président du Cercle d'arboriculture et de culture maraîchère de Seraing, on sait qu'il habite rue de la Baume, 146, à Lize. Il faisait également partie de l'Œuvre du vestiaire (sorte de bourse aux vêtements).
        Il possédait la Manufacture de caoutchouc Octave Houart (fondée en 1889), à Sclessin, Quai François Timmermans (quai de l'industrie avant 1886), et dont François Tinlot (architectes de plusieurs temples antoinistes) fit les plans en 1925.
        Ils ont encore un autre fils, Marcel qui reprendra la direction de l'entreprise industrielle familiale, qui est alors devenue les Etablissements Octave Houart, spécialisée dans les isolants électriques. L'entreprise existe toujours sous le nom Doedijns Fluid Industry (pneumatique et instrumentation). Marcel se marie religieusement avec Denyse Gérard, d'une famille de meuniers, brasseurs et bourgmestres de père en fils à Ocquier. Il reçoit en 1946 de la Croix Rouge la médaille de première classe avec barrette or pour sa "belle conduite pendant la guerre 1940-45". On évoque également un Jacques Houart dans un article de 1947 sur la reconstruction des locaux détruits par la guerre. Ce dernier, administrateur-directeur, meurt accidentellement le 9 août 1966 à 44 ans seulement.
        Né en 1872, Octave Adelin Houart meurt à 56 ans le 26 mars 1929. On le dit alors industriel et ancien conseiller communal.  
        Le caveau de famille dès lors est situé au cimetière d'Ocquier (commune de Clavier, entre Huy et Durbuy), mais Le Messager décrit également la sépulture de la famille O.C. Houart, au cimetière de Seraing.


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  • Antoinismus - Lietuviškoji enciklopedija. T. 1- A - Atskalūnas (Spaudos fondas, Kaunas, 1933)

    Antoinismus (sk. Antuanizmas), belgų darbininko Antoine prieš did[esnę]. karą įkurta sekta, krikščionybės, spiritizmo, okultizmo ir panteizmo mišinys, turinti savo sekėjų daugiausia belgų ir prancūzų darbininkų bei miestiečių tarpe; narių skaičius laikomas paslapty.

    Traduction du lituanien :
    Antoinismus (ou Antuanizm), une secte fondée par l'ouvrier belge Antoine avant la Grande Guerre, un mélange de christianisme, de spiritisme, d'occultisme et de panthéisme, qui a ses adeptes principalement parmi les ouvriers et les citadins belges et français; le nombre de membres est gardé secret.

    Lietuviškoji enciklopedija. T. 1: A - Atskalūnas
    Spaudos fondas, Kaunas, 1933


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  •               LA VRAIE RELIGION

    La Sincérité.
        La Religion est plus dans le cœur qu'elle ne paraît au dehors ; Dieu regarde au cœur, duquel procèdent les sources de la vie. Le Dieu de vérité reconnaît pour siennes toutes les âmes sincères. Aussi, les pratiques religieuses sont-elles moins dans les formules que dans l'action et les élans du cœur ; la Prière n'est pas une litanie, mais une expansion de l'âme ; ce qui est agréable à Dieu, ce ne sont pas les rites bien ordonnés, mais la sincérité la plus grande sanctionnée par une foi pure. « L'Eternel, a-t-il été dit, changera aux peuples leurs lèvres en des lèvres pures, afin qu'ils évoquent tous le nom de l'Eternel pour le servir d'un même esprit ».
     
    Édouard Saby, Fin et Résurrection d'un monde (1948), p.127


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  • Danielle Hemmert & Alex Roudène - L'étrange pouvoir des guérisseurs (1994)

    Auteurs : Danielle Hemmert et Alex Roudène
    Titre : L'étrange pouvoir des guérisseurs
    Éditions : Famot, Genève, 1980 (254 pages)

    4e de couverture :
        Le miracle de la guérison est aussi vieux que le monde. Mais c’est seulement à notre époque qu’il nous est donné d’approcher ses lois. Connaissez-vous votre « éthérique", avec ses lignes de force et son réseau d’énergie ? Connaissez-vous ces forces cosmiques qui circulent comme le sang dans les artères ? Par ces voies passent des guérisons incroyables défiant toute logique, mais seuls peu d’hommes sont capables de les manier. On les nomme les guérisseurs.

     

        On peut lire, aux pages p.164-166, sur l’antoinisme les lignes suivantes :

    Sous la barbe du Père Antoine...

        Il y avait jadis un enfant de douze ans, fils de pauvres mineurs. Il était né dans la province de Liège le 7 juin 1848. Et tous les jours, depuis ses douze ans, il descendait dans la mine avec son père et son frère. La misère le mena jusqu'en Allemagne, puis en Russie. Elle le ramena en Belgique, et, las de voyager, il se maria. Il s'installa aussitôt comme ouvrier métallurgiste à Jemeppe-sur-Meuse. Cet homme se nommait Antoine. C'était son nom de famille. Il était d'un naturel doux et charitable. Mais il était triste : une maladie de l'estomac l'épuisait. Un jour, on lui prête Le Livre des Esprits d'Allan Kardec, et, bien que sachant à peine lire et écrire, il en entreprend laborieusement la lecture : c'est l'illumination !
        Maintenant, Antoine, grâce à une petite table, s'entretient avec le docteur Carita, et, de l'Au-Delà, on lui enseigne que les maux physiques n'existent pas : il n'y a que le péché qui existe ! Aussitôt, Antoine, par la vertu de la prière et des fluides, efface ses péchés, et, miracle ! ses maux d'estomac disparaissent à jamais ! Ne pensant alors qu'à guérir les autres, sa renommée s'étend. On vient à lui de tous côtés. Il rend la vue aux aveugles, empêche les boiteux de boiter : c'est une pluie de miracles ! Les médecins s'agitent. On traîne Antoine devant les tribunaux pour exercice illégal de la médecine. Mais comme il ne prescrit aucun remède, il est acquitté. On ne va pas le chicaner pour une prière ! Et sitôt après le procès, il devient Antoine-le-Guérisseur.
        On l'appelle « le Père ». Sa femme devient « la Mère ».
        Puis, en 1912, le Père Antoine se « désincarne ». Mais la Mère prend la direction de ce nouveau spiritualisme, et les adeptes se multiplient. Un clergé se constitue : ce sont les « Frères habillés » et les « Sœurs habillées ». A leur tour, ils opèrent des guérisons.
        Au 34 de la rue Vergniaud, à Paris, on voit l'église antoiniste, et sa flèche dépourvue de croix. Mais ailleurs, 49 rue du Pré-Saint-Gervais, voici une église plus moderne, avec ses bancs de bois clair et sa tribune à mi-hauteur qui court tout le long de l'église. Le mur de face, devant les fidèles agenouillés, est couvert de cette inscription en lettres monumentales : « Culte antoiniste, tous les dimanches, à 10 heures. »
        L'enseignement du Père, c'est l'enseignement du Christ révélé à cette époque par la foi.

    L'auréole de la conscience

        « Un seul remède peut guérir l'humanité : la foi. C'est de la foi que naît l'amour : l'amour qui nous montre dans nos ennemis Dieu lui-même. Ne pas aimer ses ennemis, c'est ne pas aimer Dieu, car c'est l'amour que nous avons pour nos ennemis qui nous rend digne de le servir. C'est le seul amour qui nous a fait vraiment aimer, parce qu'il est pur et de vérité. »
        Une table élevée remplace l'autel. Derrière, une très haute chaire avec escalier. Faisant retable, un triptyque : au milieu, le Père, un vieillard avec la barbe en fleuve, vêtu d'une soutanelle noire, les yeux fermés, la main droite en avant, comme pour l'imposition. C'est le Père « faisant l'opération ». A gauche, la Mère, une femme âgée, simple. A droite, un arbre : c'est l'Arbre de la science de la vue du mal. Un Frère, en soutanelle noire, boutonnée jusque sous le menton, prie à haute voix, et chacun s'associe à sa prière. Ensuite, il lit un chapitre de l'enseignement du Père.
        Les fidèles trouvent dans sa doctrine un réconfort profond.
        « Le Père a changé ma vie ! » entend-on fréquemment.
        Dans chaque temple, le Père « fait l'opération », à dix heures précises, les cinq premiers jours de la semaine. Cette ponctualité a un sens : il faut que dans tous les temples du monde les Frères fassent la prière à la même heure, pendant que le Père agit dans l'autre vie. Car le pouvoir de guérir les maux physiques et moraux appartient au Père seul. Les Frères ne sont que ses intermédiaires.
        Mais tous les temples sont ouverts aux personnes souffrantes pour des opérations particulières. Un Frère ou une Sœur de service chasse alors gratuitement le mal. Sur la table du vestibule du temple du Pré-Saint-Gervais, il y a des numéros d'ordre qui seront distribués aux malades. Le Frère ou la Sœur de service les reçoit successivement dans une petite salle sous le portrait du Père.
        Où avez-vous mal ? demande le Frère.
        La réponse donnée, il lève les mains vers le Père et prie. Les mains, comme par de grandes passes magnétiques, chassent le mal.
        Père, guéris cet homme de son mal !...
        Et le malade, soudain guéri, demeure ahuri. Des dizaines et des dizaines de milliers de gens sont passés là. Tous ont été guéris. J'en ai eu de multiples preuves...


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  • Culte Antoiniste - Villers-le-Bouillet (Le Pays Belge, 1er octobre 1919, Vol.03, p.23)

    ÉCHOS DE PARTOUT

    Le Culte Antoiniste

        Au hasard d'une promenade en Hesbaye, nous voici au milieu d'un site assez enchanteur : la route est bordée de collines boisées ; au centre d'une agglomération pittoresque un bâtiment neuf ressemblant assez bien aux églises de la région. Sur le fronton on peut lire : « Temple Antoiniste ». Nous entrons. L'édifice a un aspect à la fois familier et austère. Point d'ornements religieux, mais des pancartes couvertes de devises et de recommandations morales. Une dame survient. C'est une des adeptes. Nous apprenons d'elle que le culte antoiniste a fait de grands progrès. Il possède actuellement 17 temples dont un à Paris et un à Monaco. Les autres sont disséminés surtout dans les provinces de Liége et de Hainaut, à Verviers, à Liége, à Jupille, à Herstal, aux Ecaussines, etc., à Villers-le-Bouillet où nous voici et à Jemeppe où naquit la doctrine.
        C'est là en effet que le guérisseur commença de prêcher sa propre révélation entre les années 1906-1909. En 1912, exactement le 25 juillet, le père Antoine mourut et ce fut sa femme qui continua son enseignement aidée de nombreux adeptes, hommes et femmes.
        Les antoinistes ont un costume de cérémonie. Les hommes portent un chapeau haut de forme en cachemire, à bords plats et un vêtement noir assez semblable à ceux des clergymen anglais ; les femmes, un costume sombre et un voile noir.
        Le culte réprouve les pratiques spirites inférieures comme « les manifestations physiques des tables tournantes », etc. ; mais il ne se préoccupe pas davantage des transcendances mystiques du plan astral et de la Joga des théosophes.
        Voici un de ses préceptes :

    Vous ne pouvez faire de la morale à personne
    Ce serait prouver
    Que vous ne faites pas bien
    Parce qu'elle ne s'enseigne pas par les paroles.
    Mais par l'exemple
    Et à ne voir le mal en rien.

        L'antoinisme a eu surtout de la vogue parmi les populations ouvrières industrielles. Avant la guerre, on créait parfois à Flémalle-Haute des trains spéciaux pour les visiteurs se rendant du pays de Charleroi surtout, au temple de Jemeppe.
        Avant la guerre, les antoinistes avaient sollicité de l'Etat la reconnaissance de leur culte. Ils vont renouveler cette demande. Ils remettront une pétition signée de tous leurs prosélytes et prieront les administrations communales des localités où ils ont érigé leur temple de les appuyer.

    Le Pays Belge, 1er octobre 1919 (Vol.03, p.23)


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  • Une circulaire spirite '1 (Le Messager, 15 nov. 1898)

    Une circulaire spirite #2 (Le Messager, 15 nov. 1898)

    Une circulaire spirite

    Société spirite "Les Vignerons du Seigneur" de Jemeppe-sur-Meuse lez Liége

                                Vers Dieu par la science et la charité.

            FRÈRES ET SŒURS EN HUMANITÉ,

        Vous êtes invités aux séances publiques qui ont lieu le premier et le troisième dimanche de chaque mois à 10 heures du matin, chez M. Louis Antoine à Jemeppe sur Meuse.
        Heureux donc celui qui peut chaque soir s'endormir en disant : je n'ai rien contre mon prochain.
                           L'Esprit de Vérité.
        On peut se procurer les livres des Esprits chez M. Louis ANTOINE.

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        Vous y serez reçus fraternellement, vous participerez aux séances et vous pourrez – si les conditions le permettent – vous entretenir avec vos chers disparus de ce monde.
        Le spiritisme vous donne les preuves de l'existence de Dieu, de la survivance de l'âme, et, en le pratiquant sincèrement, il vous conduit au Bonheur Eternel. – Dieu vous donne le don de soulager vos frères dans toutes les maladies, afflictions morales ou physiques.
        Le spiritisme est une philosophie consolante, base des enseignements du Christ et s'appuyant sur les lois qui régissent l'univers.
                                           INSTRUCTION DES ESPRITS
        9. La vraie propriété. – L'homme ne possède en propre que ce qu'il peut emporter de ce monde.
        Ce qu'il trouve en arrivant et ce qu'il laisse en partant, il en jouit pendant son séjour ; mais, puisqu'il est forcé de l'abandonner, il n'en a que la jouissance et non la possession réelle. Que possède-t-il donc ? Rien de ce qui est à l'usage du corps, tout ce qui est à l'usage de l'âme : l'intelligence, les connaissances, les qualités morales, voilà ce qu'il apporte et ce qu'il emporte, ce qu'il n'est au pouvoir de personne de lui enlever, ce qui lui servira plus encore dans l'autre monde que dans celui-ci ; de lui dépend d'être plus riche à son départ qu'à son arrivée, car, de ce qu'il aura acquis en bien dépend sa position future. Quand un homme va dans un pays lointain, il compose sa pacotille d'objets qui ont cours dans ce pays ; mais il ne se charge pas de ceux qui seraient inutiles. Faites donc de même pour la vie future, et faites provision de tout ce qui pourra vous y servir.
        Au voyageur qui arrive dans une auberge, on donne un beau logement s'il peut le payer, à celui qui a peu de chose, on en donne un moins agréable, quant à celui qui n'a rien, il couche sur la paille. Ainsi en est-il de l'homme à son arrivée dans le monde des esprits.
        Sa place y est subordonnée à son avoir ; mais ce n'est pas avec de l'or qu'il la paye. On ne lui demandera point : combien aviez-vous sur la terre ? quel rang y occupiez-vous ? étiez-vous prince ou artisan ? mais on lui demandera : qu'en rapportez-vous ? on ne supputera point la valeur de ses biens ni de ses titres, mais la somme de ses vertus ; or, à ce compte, l'artisan peut être plus riche que le prince. En vain, alléguera-t-il qu'avant son départ, il a payé son entrée avec de l'or, on lui répondra : Les places ne s'achètent point ici, elles se gagnent par le bien que l'on a fait ; avec la monnaie terrestre, vous avez pu acheter des champs, des maisons, des palais, ici, tout se paye avec les qualités du cœur. Etes- vous riche de ces qualités ? soyez le bienvenu et allez à la première place où toutes les félicités vous attendent ; êtes-vous pauvre, allez à la dernière où vous serez traité en raison de votre avoir.
        14. Pardon des offenses. – Combien de fois pardonnerai-je à mon frère ? Vous lui pardonnerez non pas sept fois, mais septante fois sept fois. Voilà une de ces paroles de Jésus qui doivent frapper le plus votre intelligence et parler le plus haut à votre cœur. Rapprochez ces paroles de miséricorde de l'oraison si simple, si remuée et si grande dans ses aspirations que Jésus donne à ses disciples, et vous trouverez toujours la même pensée ; Jésus le juste par excellence répond à Pierre : Tu pardonneras, mais sans limites ; tu pardonneras chaque offense, aussi souvent que l'offense te sera faite ; tu enseigneras à tes frères cet oubli de soi-même qui rend invulnérable contre l'attaque, les mauvais procédés et les injures ; tu seras doux et humble de cœur, ne mesurant jamais ta mansuétude ; tu feras enfin ce que tu désires que le père céleste fasse pour toi ; n'a-t-il pas à te pardonner souvent, et compte-t-il le nombre de fois que son pardon descend effacer tes fautes.
        Ecoutez donc cette réponse de Jésus, et comme Pierre, appliquez-la à vous-même. Pardonnez, usez d'indulgence, soyez charitables, généreux, prodigues même de votre amour. Donnez, car le Seigneur vous rendra ; pardonnez, car le Seigneur vous pardonnera ; abaissez-vous, car le Seigneur vous relèvera ; humiliez-vous, car le Seigneur vous fera asseoir à sa droite.
        Allez mes bien-aimés, étudiez et commentez ces paroles que je vous adresse de la part de celui qui du haut des splendeurs célestes, regarde toujours vers vous et continue avec amour la tâche ingrate qu'il a commencée il y a dix-huit siècles. Pardonnez donc à vos frères comme vous avez besoin qu'on vous pardonne à vous-mêmes. Si leurs actes vous ont été personnellement préjudiciables, c'est un motif de plus pour être indulgents, car le mérite du pardon est proportionné à la gravité du mal ; il n'y en aurait aucun à passer sur les torts de vos frères s'ils ne vous avaient fait que des blessures légères.
        Spirites, n'oubliez jamais qu'en paroles comme en actions, le pardon des injures ne doit pas être un vain mot. Si vous vous dites spirites, soyez-le-donc, oubliez le mal qu'on a pu vous faire et ne pensez qu'à une chose : le bien que vous pouvez rendre. Celui qui est entré dans cette voie ne s'en doit point écarter, même par la pensée, car vous êtes responsables de vos pensées que Dieu connaît. Faites donc qu'elles soient dépouillées de tout sentiment de rancune. Dieu sait ce qui demeure au fond du cœur de chacun.

    Le Messager, 15 nov. 1898


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  • Un nouveau temple - Huy (La Wallonie, 29 septembre 1923)(Belgicapress)

        UN NOUVEAU TEMPLE. – On annonce l'inauguration à Huy, dimanche prochain, à 10 heures, d'un nouveau temple antoiniste. Il est érigé rue de France.
        On s'attend à une grande affluence. Les Français arriveront par trains spéciaux, de même que les fidèles du pays de Charleroi et de Bruxelles.
        Les antoinistes deviennent nombreux, paraît-il, en France et en Belgique et mettent nos curés dans une sainte colère. Dame ! le premier de leurs principes est la séparation des églises et de l'Etat. Il y a pas mal de gens qui pensent comme les antoinistes sur ce chapitre-là.

    La Wallonie, 29 septembre 1923 (Belgicapress)


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  • Un cycliste happé par une auto (La Cité Nouvelle, 26 octobre 1938)(Belgicapress)

        LIEGE-VILLE. – Un cycliste happé par une auto est grièvement blessé. M. Etienne Mathieu, 50 ans, réviseur aux Conduites d'Eau, demeurant rue Vallée, 118, à Vaux-sous-Chèvremont, qui sortait du Temple Antoiniste, au quai des Ardennes, enfourcha son vélo pour traverser la chaussée du quai des Ardennes. En accomplissant cette dangereuse manœuvre, il fut happé par l'auto conduite par M. Armand Del. sous-officier au 3e Régiment d'Artillerie, domicilié boulevard de la Constitution, 61.
        Projeté à dix mètres de distance, le cycliste porte de graves blessures au front et au cuir chevelu et fêlure du bassin.

    La Cité Nouvelle, 26 octobre 1938 (Belgicapress)


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  • Toutes-boîtes (Journal de Charleroi, 9 juin 1913)(Belgicapress)

    Le culte Antoiniste

        La mort d'Antoine le Guérisseur, prophète à Jemeppe, n'a pas arrêté la propagande de sa religion, l'antoinisme, bien au contraire. Nos mœurs se sont adoucies : il n'est plus nécessaire à un prophète de se faire crucifier pour prouver la vérité de sa doctrine. Les antoinistes continuent donc paisiblement leurs prédications. Mais ils lui donnent une forme bien moderne.
        Ces jours derniers, on a déposé dans la boite aux lettres d'un grand nombre de maisons bruxelloises, un petit papier d'apologétique, « Révélations par le Père ». On nous y apprend que l'enseignement du Père a pour base l'amour, qu'il révèle la loi morale, la conscience de l'humanité.
        « Ne croyez pas, dit le saint Paul de l'antoinisme, que le père demande l'établissement d'une religion qui restreigne ses adeptes dans un cercle, les oblige à pratiquer sa doctrine, à observer certain rite, à respecter certaine forme, une opinion quelconque, à quitter leur religion pour venir à « lui ». Non, il n'en est pas ainsi : nous instruisons ceux qui s'adressent à nous de ce que nous avons compris dans l'Enseignement du « père » et les exhortations à la pratique sincère de la religion dans laquelle ils ont foi, afin qu'ils puissent acquérir les éléments moraux en rapport avec leur compréhension. »
        Dans ces conditions, l'antoinisme ne paraît vraiment pas redoutable ; le cléricalisme antoiniste est encore loin de nous. Mais qui sait ? Les religions qui commencent sont généralement tolérantes.

    Journal de Charleroi, 9 juin 1913 (Belgicapress)


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  • A la Grande Loge de Fraternité universelle (L'Œuvre, 21 mai 1933)

     A la Grande Loge de Fraternité universelle

        La réunion ouverte, sur invitations, organisée par la Grande Loge, de Fraternité Universelle, a été une grandiose manifestation en faveur de la fraternité et de l'œuvre de paix.
        MM. Théodore Valensi, député de la Haute-Saône ; Thalamas, ancien député ; Bodin, orateur antoiniste ; Pierre Mendelssohn, secrétaire du parti républicain-socialiste ; Breton, du parti socialiste, Robert Bernard et Mario Chicurel ont, dans de brillantes interventions, magnifié le noble programme que s'est tracé cette association.
        De réputés artistes : Mme Bauer-Thérond, Aldoni, Varisa, ont gracieusement apporté leur concours et ont été très longuement applaudis.

    L'Œuvre, 21 mai 1933


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  • Du travail dans les temples antoinistes (Unitif, années 20-30)

    Du travail dans les temples antoinistes.

        Au temple de Jemeppe-sur-Meuse, Mère Antoine fait une opération générale au nom du Père, les quatre premiers jours de la semaine à 10 heures, sur toutes les personnes réunies dans le temple. Cette opération est suivie de la lecture des dix principes de Dieu révélés par le Père.
        Le temple est ouvert jour et nuit aux personnes souffrantes. Tout le monde est reçu gratuitement.
        La lecture de l'Enseignement du Père Antoine se fait le dimanche à 10 heures et tous les jours à 7 1/2 h. du soir, excepté le samedi.

        Dans tous les temples antoinistes, il y a recueillement suivi de la lecture des dix principes de Dieu révélés par le Père, les quatre premiers jours de la semaine à 10 heures. De cette façon, tous les assistants s'unissent en pensée à l'opération générale qui a lieu à Jemeppe.
        Comme à Jemeppe, les temples sont ouverts jour et nuit aux personnes souffrantes. Tout le monde est reçu gratuitement.
        Mère reçoit en particulier pour les mariages et les baptêmes (s'adresser à un adepte de service.)

    Unitif, années 20-30


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