• Guérisons

    31.- Le fluide universel est, comme on l'a vu, l'élément primitif du corps charnel et du périsprit, qui n'en sont que des transformations. Par l'identité de sa nature, ce fluide, condensé dans le périsprit, peut fournir au corps les principes réparateurs ; l'agent propulseur est l'Esprit, incarné ou désincarné, qui infiltre dans un corps détérioré une partie de la substance de son enveloppe fluidique. La guérison s'opère par la substitution d'une molécule saine à une molécule malsaine. La puissance guérissante sera donc en raison de la pureté de la substance inoculée ; elle dépend encore de l'énergie de la volonté, qui provoque une émission fluidique plus abondante et donne au fluide une plus grande force de pénétration ; enfin, des intentions qui animent celui qui veut guérir, qu'il soit homme ou Esprit. Les fluides qui émanent d'une source impure sont comme des substances médicales altérées.
    32.- Les effets de l'action fluidique sur les malades sont extrêmement variés, selon les circonstances ; cette action est quelquefois lente et réclame un traitement suivi, comme dans le magnétisme ordinaire ; d'autres fois, elle est rapide comme un courant électrique. Il est des personnes douées d'une puissance telle, qu'elles opèrent sur certains malades des guérisons instantanées par la seule imposition des mains, ou même par un seul acte de la volonté. Entre les deux pôles extrêmes de cette faculté, il y a des nuances à l'infini. Toutes les guérisons de ce genre sont des variétés du magnétisme et ne diffèrent que par la puissance et la rapidité de l'action. Le principe est toujours le même : c'est le fluide qui joue le rôle d'agent thérapeutique, et dont l'effet est subordonné à sa qualité et à des circonstances spéciales.
    33.- L'action magnétique peut se produire de plusieurs manières :
    1° Par le fluide même du magnétiseur ; c'est le magnétisme proprement dit, ou magnétisme humain, dont l'action est subordonnée à la puissance et surtout à la qualité du fluide ;
    2° Par le fluide des Esprits agissant directement et sans intermédiaire sur un incarné, soit pour guérir ou calmer une souffrance, soit pour provoquer le sommeil somnambulique spontané, soit pour exercer sur l'individu une influence physique ou morale quelconque. C'est le magnétisme spirituel, dont la qualité est en raison des qualités de l'Esprit ;
    3° Par le fluide que les Esprits déversent sur le magnétiseur et auquel celui-ci sert de conducteur. C'est le magnétisme mixte, semi-spirituel ou, si l'on veut, humano-spirituel. Le fluide spirituel, combiné avec le fluide humain, donne à ce dernier les qualités qui lui manquent. Le concours des Esprits, en pareille circonstance, est parfois spontané, mais le plus souvent il est provoqué par l'appel du magnétiseur.
    34.- La faculté de guérir par l'influence fluidique est très commune, et peut se développer par l'exercice ; mais celle de guérir instantanément par l'imposition des mains est plus rare, et son apogée peut être considéré comme exceptionnel. Cependant on a vu à diverses époques, et presque chez tous les peuples, des individus qui la possédaient à un degré éminent. En ces derniers temps, on en a vu plusieurs exemples remarquables, dont l'authenticité ne peut être contestée. Puisque ces sortes de guérisons reposent sur un principe naturel, et que le pouvoir de les opérer n'est pas un privilège, c'est qu'elles ne sortent pas de la nature et qu'elles n'ont de miraculeux que l'apparence.

    Allan Kardec, La Genèse selon le spiritisme (1868)
    CHAPITRE XIV - Les Fluides
    source : http://spirite.free.fr/ouvrages/genese/genese15.htm#lien9


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  •     Lorsque Dieu créa l'homme, ce fut par un rétrécissement. Sa volonté infinie se replia en un être fini. C'est par une contraction de lui-même en lui-même qu'il laissa place à la créature. Tsimtsoum. Je ramène mon moi au néant, je rabaisse ma subjectivité, pour apercevoir en sa vérité la sagesse initiale, celle du commencement, avec tous les possibles, les changements et les évolutions incessantes de la volonté pure. Par là, je découvre tout ce que je n'avais pu soupçonner dans mon état conscient. Je fais une place à l'autre en tant qu'autre, celui qu'englué en moi-même je n'avais pas vu. Je suis le créateur sur le point de créer par l'ébauche ineffable du premier geste. Je découvre le monde divin - l'altérité totale, la transcendance absolue - en action en moi.
        Mais il faut pour cela pratiquer une longue ascèse ; renoncer aux valeurs de ce monde, se désintéresser de soi-même, se débarrasser de l'amour-propre, de l'orgueil, de l'intérêt personnel - et de la tristesse aussi, car les pleurs font oublier Dieu. Il faut faire le vide en soi, pour pouvoir déchiffrer tout ce qui était déjà là, à l'état latent, sans qu'on le sache, dans les pensées, les paroles, les désirs et les souvenirs. Ils faut délivrer la volonté captive pour lui rendre toute sa force.
        Alors seulement on peut parvenir à la véritable connaissance des choses. A l'inverse de la raison qui réduit les objets qu'elle appréhende à elle-même, par une répétition tautologique du même, la deveqout fait abstraction du moi pour envisager l'autre - c'est-à-dire le prendre avec soi.
        C'est pourquoi la deveqout était notre intelligence en même temps que notre éthique. Elle était le centre de notre vie, le noyau de la Rédemption. Car c'est par elle que se pressent et s'accomplit le Messie. Comme Dieu, il ne se révélera pas dans sa totalité, mais sur le mode d'une rétraction. Et lorsqu'il nous délivrera, il réunira en chaque pensée, chaque parole et chaque acte les étincelles divines qui en nous sont dispersées.

    Eliette Abécassis, Qumran, p.80-81
    Le Livre de Poche, Paris, 1996


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  •     « Que faites-vous de la prière ? Croire au karma, c'est nier le pouvoir de la prière. »
        Pourquoi ?... Si la prière est un besoin, une source de force, si elle nous rafraîchit et nous fortifie il faut prier... Prier, c'est ouvrir son âme toute grande aux influences divines, c'est se baigner dans une atmosphère spirituelle.
        Mais il s'agit de bien s'entendre sur le terme de
    prière.
        Prier — comme il faut prier — est-ce demander les biens de la terre, les consolations faciles, la santé de ceux que nous aimons, est-ce demander le bonheur, ce mirage éternel provoqué par l'ignorance
    humaine ?
        Non !.., pour nous, théosophes, prier, c'est donner autant que recevoir. Prier, c'est une aspiration intense vers Dieu... qu'il s'agisse du Dieu en nous ou hors de nous, c'est le don de soi-même à la Volonté divine, c'est la contemplation d'un Idéal suprême, c'est l'action de grâce qui surgit d'un coeur reconnaissant. Prier, cela peut être encore l'appel à une aide spirituelle dans les jours d'épreuve.
        Il y a loin de cette prière à la prière inférieure, à celle qui demande des biens matériels et n'est ni utile, ni bienfaisante. Elle n'est pas bienfaisante, car elle est égoïste en soi ; elle n'est pas utile, car elle ne sera exaucée qu'avec la permission de la loi, et, en pareil cas, un désir ardent pourrait avoir le même résultat. Car une prière-demande de biens matériels ne peut monter dans les hautes sphères : elle vient de la terre, aussi reste-t-elle dans notre atmosphère, en quête de quelque argent ou de quelque circonstance favorable à sa réalisation.
        A quoi bon demander, du reste ? Le Christ n'a-t-il pas dit : « Votre Père céleste sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez... »
        Ignorants que nous sommes de la loi, ignorants que nous sommes de notre destinée, de notre avenir, sommes-nous bien sûrs que nos demandes, exaucées, n'iraient pas à l'encontre de notre bien, de notre
    développement moral ?
        Le moi personnel est si peureux de la souffrance qu'il opterait volontiers pour une existence calme et douce, exemple de troubles, alors que le Moi véritable, l'Ego sait bien, de par son expérience, que c'est dans une vie douloureuse, dans la tourmente sauvage ou dans les combats intérieurs si poignants, que le progrès le plus rapide est réalisé.
        Ici j'entends une découragée qui soupire.
        — Comment! nous n'aurions même pas le droit de demander à Dieu de nous enlever une épreuve ?
        — Il ne s'agit pas de droit, ma soeur. Vous pouvez prendre ce droit, si voulez. Mais peut-être ne le ferez-vous plus, si vous m'avez comprise, et vous contenterez-vous de prier afin que la force de supporter l'épreuve vous soit donnée. Car vous saurez que cette épreuve — celle-là même — est l'acquittement d'une dette et une précieuse occasion de progrès.
        Pour le théosophe, la prière la plus belle, la plus conforme à ses idées est celle-ci : Fiat voluntas lua.
        Dans ces trois mots, héritage du Christ, réside une force bienfaisante et calme que seuls auront sentie ceux qui les ont prononcés avec foi, ou avec une confiance profonde.
        Avec une jeune huguenote des temps passés vous pouvez encore répéter : « Mon Dieu !... ce que tu veux, comme tu le veux, quand tu le veux. » Car dans les sphères suprêmes Dieu et la Loi c'est un.
        Le Karma n'est-il pas l'expression de la Volonté divine ?
        Nouvelle question de mon interlocutrice :
        — Mais ne peut-on prier pour les autres ?
        Certainement, vous pouvez prier pour les autres. Demandez l'aide nécessaire à ceux qui souffrent, le secours spirituel, la bénédiction qui réconforte... ; mais ne retombez pas dans la prière inférieure, même s'il s'agit de vos frères.
        Un grand nombre de théosophes ne prient pas. Mais ils donnent chaque jour, à heure fixe, si cela est possible, un temps donné à la méditation. Cette méthode est plus difficile, plus abstraite que la prière,... car c'est une méthode ; — mais elle mène à un résultat plus précis, à un développement plus rapide et plus harmonieux. Pendant ce quart d'heure ou cette demi-heure de méditation la concentration de la pensée est pratiquée avec plus ou moins de persévérance et selon que cette concentration mentale se porte sur tel objet, sur telle pensée ou sur telle qualité, elle développe en nous des facultés intellectuelles, réceptives ou morales. Enfin si elle se porte sur l'Ame divine, elle fait appel à la Source de toute vie, de toute force et de toute paix — elle fait appel au « Dieu en nous »,

    Aimée Blech, A ceux qui souffrent... Quelques points de l'enseignement théosophique (1917), p.56
    source : gallica


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  •     Il n’y avait pas grand monde dans l’église. Antoine et Catherine se prosternèrent en bon paroissien puis regagnèrent leur rangée respective, les femmes d’un côté, les hommes de l’autre. Antoine trempa ses doigts dans le bénitier de l’entrée principale et se signa. Il y avait deux confessionnaux néogothiques le long d’un mur, non loin de la chaire de vérité. Quelques femmes agenouillées récitaient leur chapelet et des prières avec dévotion. Cette forme de religiosité persistait dans les faubourgs comme si l’épreuve renforçait la ferveur des pauvres gens. Le curé célébra la messe en latin, le dos tourné aux fidèles qui n’y comprenaient rien mais qu’importe quand la foi est ardente. Dans son homélie, le curé vilipendait contre les cabaretiers et les usines qui ne respectaient pas le jour du Seigneur – ce qui ne remplissait pas les églises – ouvrant plutôt la porte aux comportements socialistes qu’il haïssait tant.
        La messe terminée, les femmes se levèrent dans un bruissement d’étoffe et de bruits de chaises que l’on traîne. Catherine s’attarda devant l’église. Il était de coutume d’échanger quelques potins et de prendre des nouvelles de ceux que l’on n’avait pas vu depuis longtemps ou que l’on ne voyait pas assez souvent.
        A l’intérieur, Antoine sentit le doute l’envahir en apercevant un grand jeune homme sanglé dans une soutane noire qui tombait jusqu’aux pieds. Ce vicaire du christ aux propos emphatiques dissimulait mal son inexpérience de la vie. Un visage imberbe et tout en longueur dévoilait un esprit romantique comme celui des poètes ou les rêveurs qui vivent dans leur propre monde.
        Antoine le vit s’approcher, les mains croisées, la tête penchée de côté avec affectation.
        L’apparition surnaturelle semblait glisser sur le sol.
        - Monsieur le vicaire, dit-il avec embarras, pourrais-je vous parler ? [...]
        - Alors, expliquez-moi.
        Antoine hésitait.
        - Croyez-vous… qu’il y a… une… euh… vie après la mort ?
        Le curé fit un bond en arrière.
        - Que racontez-vous là ? Seul Notre Seigneur Jésus Christ est ressuscité d’entre les morts !
    Antoine insista. Le sourire du curé se transforma en un rictus et ses paupières se mirent à clignoter sous l’emprise d’une très vive émotion.
        - Voilà que vous parlez comme ces spirites, maintenant ?
        L’ombre du curé se détachait à contre-jour.
        - Est-ce vraiment un péché, monsieur le vicaire ?
        Le curé s’empara brusquement d’une petite bible qu’il se mit à feuilleter d’une main fébrile puis son doigt s’arrêta en haut d’une page. Il reprit alors d’une voix haut perchée :
        - Si un homme a un esprit de divination, qu’il soit puni de mort et que son sang retombe sur sa tête. Lévitique, chapitre XX, verset 27. Croyez-moi, mon ami, c’est bel et bien un péché !

    [...]

        La messe dominicale avait beau être un acte religieux pour les paroissiens, peu en fait s’approchaient de la sainte table pour y consommer le pain bénit. Déjà que les vêpres étaient boudées… Bref, on fréquentait de plus en plus rarement le temple de Dieu. Et puisque les tabernacles avaient été forcés, le curé refusait de confier la clé du clocher tout neuf au sonneur ainsi qu’à l’horloger chargé par la municipalité de remonter l’hor-loge rien que parce qu’il voyait en eux des ivrognes.
        A Jemeppe comme partout ailleurs, les coups de langues allaient bon train, remplaçant les coups de fusils ou de couteaux dans le dos. Si la presse figurait au rang des ennemis du curé, il fallait tout de même bien admettre que la plume anticléricale se trempait dans l’encrier de la médisance pour parler de ces vestibules de l’enfer qu’étaient devenues les églises.
        Le curé montait donc à l’autel comme à l’accoutumée, tournant le dos à deux ou trois fidèles. Sa voix résonnait de façon toujours aussi lugubre, du haut de sa chaire où il tentait désespérément de réveiller leur foi.
    Roland A E Collignon, La Vie tourmentée de Louis Antoine

        L'air du dehors lui rafraîchit le visage. Il se dirigeait vers l'Eglise de Jemeppe. [...]
        La grille grinça. Deux femmes en noir, le livre de messe à la main, pénétrèrent dans le cimetière. Tout proche, impressionnante, la cloche de l'église se mot à sonner pour l'office du soir. Antoine vit arriver le vicaire, puis d'autres personnes. Il entra derrière elles dans l'église assombrie.
        Ecouterr le salut ne lui apporta pas le soulagement. Plusieurs fois il se surpris à être distrait. En sortant, il fut secoué d'un grand frisson entre les épaules, comme s'il avait pris froid. [...]
        Ainsi songeait-il, et il attendait à la grille. Enfin un pas fit crier le gravier et monsieur le vicaire apparut, long et pâle dans sa soutane noire, et d'aspect si jeune, tout d'un coup, qu'Antoine regretta de l'avoir attendu. [...]
        - Monsieur le vicaire, fit Antoine, excusez e dérangement. Pourrais-je vous parler quelques instants ? [...]
        - Vous qui êtes instruits, monsieur le vicaire... Et puis, vous connaissez les choses de la religion... Voilà, vous alleé vous moquer de moi, sûrement. Mais je ne dors plus, monsieur le vicaire. Ma prière n'est pas bonne, je crois... [...]
        - Je ne comprends pas bien, murmura-t-il enfin. Je ne comprends pas bien vos scrupules. Vous pratiquez, vous priez... [...]
        - Avez-vous fait vos Pâques, mon ami ? [...]
        Le vicaire donnait des conseils
        - Vous devriez faire des aumônes.
        - Hé ! j'en fais, monsieur le vicaire. Mais ne croyez-vous pas qu'une neuvaine...
        La main blanche monta et s'abaissa, évasive.
        - Sans doute. Une neuvaine...
        Il se leva, et, posant les deux mains sur les épaules d'Antoine, dit d'un ton changé, où il y avait une sorte de camaraderie très légèrement paternelle :
        - Surtout, ne pensez pas tant, cher monsieur Antoine. Cela ne fait pas de bien, croyez-moi. Pratiquez, et vivez en paix. [...]
        - Méfiez-vous, mon ami. Il est très dangereux de penser, quand on n'a pas assez d'instruction pour le faire. Laissez penser pour vous ceux qui savent, et n'oubliez pas que Dieu punit les orgueilleux.
    Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.138-144

        Le pays de Liège semblait particulièrement ouvert à cette inspiration. Pays où le peuple a abandonné l'église parce qu'elle ne lui semblait plus sa maison, parce que dans sa vie trop dure il sentait le prêtre trop loin de lui, parce que le prêtre lui est apparu comme l'hôte du château et l'ami du directeur d'usine, mais où il a gardé des mains prêtes à se joindre, et son ancien coeur.
    Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.226-227

    Liste des curés de Jemeppe du temps de Louis Antoine :
     Jean Hubert Schoofs, de 1858 à 1867
     Guillaume Gryz, 1 mois de février à mars 1867
     Jean Hubert Wynands, 9 mois de mars 67 à décembre 1867
     Henri van Roey, de 1867 à 1872
     Joseph Claes, de 1872 à 1873
     Emile Grieten, de 1873 à 1881
     Joseph Deckers, de 1881 à 1889
     Hubert Spirlet, de 1890 à 1891
     Johannes Gyr, de 1891 à 1892
     Joseph Collinet, de 1892 à 1895
     Louis Hendrix, de 1895 à 1898
     Hubert Hauseux, de 1898 à 1901
     Arsenius Dogne, de 1901 à 1912
     Joseph Jacob, de 1912 à 1918
    Marcel Peters, Il était une fois Jemeppe-sur-Meuse, p.79

        Pierre Debouxhtay évoque Henri Van Roey (p.281) :
        Dès les débuts du Guérisseur, le curé de Jemeppe, feu l'abbé Van Roey, avait mis ses paroissiens en garde contre l'enseignement et es pratiques des Vignerons ; dans les conférences qui réunissent périodiquement les curés de chaque doyenné, il documentait ses confères sur le péril antoiniste, qu'il signala aussi à l'Evêché où l'on n'y attacha guère d'importance. Les notes que M. Van Roye recueillit serviront plus tard à M. Crowley (Kervyn), aumônier du travail, pour écrire sa brochure sur ou plutôt contre Antoine [Révélations sur Antoine le Guérisseur, Bruxelles, 1911, 31 p.].
        Pour se documenter, M. Van Roey avait prié un de ses paroissiens, en relation d'affaires très fréquentes avec les antoinistes, de se renseigner soigneusement sur les pratiques des Vignerons. Ce paroissien est devenu antoiniste.


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  • Culte Antoiniste. Révélation, par Antoine le Guérisseur. S.l.n.d., 8/, 10 f.-196-
    LXXIVp.-4 f., rel. perc. noire de l’éd.
    20 i
    Louis Antoine, dit le Guérisseur, est né à Mons-Crotteux (Liège) en 1846 et mort en
    1912. Le premier temple antoiniste fut érigé à Jemeppe-sur-Meuse le 15 août 1910. On
    en compte aujourd’hui 58 en Belgique et 36 dans le Nord de la France. Cette religion
    de guérison est, depuis 1995, classée parmi les sectes alors qu’elle n’en présente
    aucune caractéristique.

    catalogue de vente de la librairie : La Sirène
    Librairie ancienne & moderne
    Rue du Pont 14
    4000 LIÈGE (Belgique)
    Ce catalogue est consultable sur notre site
    http://www.sirene.easynet.be
    source : http://www.lasirene.be/cat/catarchives/cat-2003-05.pdf


         Le Père. - Je rappelle à ce propos combien l'oeuvre que nous poursuivons est diversement jugée, digne d'éloges suivant les uns, très répréhensible aux yeux des autres, c'est ce qui démontre encore la non-existence du mal. Mais je dois ajouter que si le mal n'existe pas, la souffrance existe proportionnément à l'imagination qui nous y fait voir une réalité.
    La Révélation, L'amour & la solidarité, p.61


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  • En revanche, j'ai eu l'occasion d'un contact émouvant avec une religion typiquement belge, que je n'avais guère de chances de rencontrer ailleurs - elle n'est pas du tout présente dans mon pays - et que je connaissais à travers l'ouvrage que Régis Dericquebourg lui a consacré dans la collection Fils d'Abraham. Dans une petite localité de la province de Liège, j'ai en effet eu le temps de discuter avec un desservant antoiniste émouvant de sincérité et, comme je pouvais m'y attendre, issu du milieu ouvrier de la région. L'antoinisme, religion des ouvriers de la métallurgie et destiné à disparaître avec eux ? Bien sûr, tout ceci me saignait le coeur en pensant à ce monde dont je suis quand même aussi issu et que l'on s'emploie maintenant à faire disparaître dans une Europe occidentale livrée à tous les vents et destinée par ses maîtres à finir en vaste zone de "services " et en ventre mou désindustrialisé. J'ai été particulièrement intéressé lorsque le desservant antoiniste m'a expliqué qu'un des principes de leur culte était de refuser toute subvention de l'Etat et qu'il était d'autant plus convaincu de la justesse de ce précepte qu'il voyait les lieux de culte des religions subventionnées (il disait "subsidiées") fonctionner comme salles de concert.
    [...]
    Comme, au contraire, le raisonnement du desservant antoiniste me rappelait celui d'un canoniste grec qui me disait un jour, peut-être avec un peu d'exagération, "pour un chrétien, l'Etat, c'est l'ennemi"...

    Message par Claude le Liseur » Lun 10 Mars 2008 13:00
    source : http://www.forum-orthodoxe.com/~forum/viewtopic.php?p=15152&highlight=&sid=10ff8eb81af13f273e2e1bddf0a181d5


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  •    La théorie de Wahdat al-Wujûd (Unicité de l'Être) a été systématisée pour la première fois par son disciple et beau-fils Sadr al-Dîn al-Qûnawî.
        Ibn 'Arabi n'a pas dit expressément cette formule, mais il a laissé entendre dans plusieurs textes de son œuvre, notamment "Futûhât" et "Fusûs al-Hikam" que "la réalité de l'Être est unique" (Haqîqat al-Wujûd wâhida), et que Dieu est l'Être au sens absolu, le véritable Être, l'Être nécessaire (chez les philosophes) qui conditionne tous les êtres subordonnés et contingents, et n'est conditionné par aucun autre être. La notion de "Wahdat al-Wujûd" chez Ibn 'Arabi n'est que l'interprétation emphatique et hyperbolique de l'unicité (tawhîd), un pilier de l'islam.
        En disant que Dieu est Unique (Wâhid) et qu'il n'est autre chose que l'Être dans son aspect inconditionné, on a voulu, à tort ou à raison, rapprocher cette théorie du Panthéisme de Spinoza. Or, la conception de ce dernier s'éloigne notablement de celle d'Ibn 'Arabi, dans la mesure où le panthéisme suppose l'unité de Dieu et de la Nature (Dieu est la Nature), alors que chez Ibn 'Arabi, Dieu n'est pas connu dans sa Réalité essentielle (Huwa, Allah), mais connu par le biais de Ses noms [divins], multiples et opposés, qui gèrent l'univers depuis sa création et jusqu'à sa déchéance. D'autre part, les noms divins se reflètent dans la création, ils ne s'y incorporent pas. La thématique du miroir de la création dans lequel Dieu se reflète par l'intermédiaire de Ses noms divins n'est pas le fruit du hasard, elle intervient pour interdire toute assimilation de l'essence divine avec la substance de la création. Henry Corbin parle à ce propos de théomonisme. On pourrait dire que, contrairement au panthéisme qui naturalise Dieu et l'absorbe dans l'immanence, le théomonisme d'Ibn Arabi divinise la nature tout en préservant la transcendance de Dieu et son unicité.

    source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ibn_Arab%C3%AE


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  • ... Prodige ! Une jeune gazelle voilée
    Montrant de son doigt pourpré et faisant signe de ses paupières!
    Son champ est entre côtes et entrailles,
    O merveille, un jardin parmi les flammes !
    Mon coeur devient capable de toute image:
    Il est prairie pour les gazelles, couvent pour les moines,
    Temple pour les idoles, Mecque pour les pèlerins,
    Tablettes de la Torah et livre du Coran.
    Je suis la religion de l'amour, partout où se dirigent ses montures,
    L'amour est ma religion et ma foi.

    Ibn 'Arabi, L'interprète des désirs [extraits]
    source : http://www.archipress.org/batin/ashwaq6.htm


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  • C'est exactement ce qui s'est produit lorsque la philosophie est née et tout au long de sa tumultueuse histoire. Les différents systèmes métaphysiques ont remis en question les croyances de leurs époques, puis furent ensuite eux-mêmes contestés. Les vérités fondamentales des systèmes métaphysiques sont adoptées moins parce qu'elles sont conformes aux faits que parce qu'elles plaisent à la raison. Platon est un bon exemple de cela, lorsqu'il affirme que les sphères célestes (les astres et les planètes) doivent être distancées proportionnellement à la longueur des cordes des harmonies musicales. Les idées métaphysiques ne reposent que très peu sur des observations, mais paraissent vraisemblables d'un certain point de vue. On les décrète alors vraies, car possibles! Cette méthode est très inventive et elle a donné naissance à de nombreuses philosophies très intéressantes, mais douteuses.Par conséquent, cette méthode consiste à s'attacher aux théories qui paraissent les "plus agréables à la raison".

    source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fixation_de_la_croyance_selon_Peirce > La méthode « a priori »


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  • Une des origines de la pensée magique dans le New Age est la croyance que ni la nature, ni Dieu ne sont créateurs du monde, que nous en serions les créateurs mais que nous nous serions perdus dans notre propre création, oubliant notre statut originel (sans pour autant perdre le pouvoir de « créer sa propre réalité »). Nous aurions choisi les circonstances de notre « incarnation » et évoluerions donc dans un univers qui est parfois considéré comme un rêve dont nous serions les rêveurs. Le New Age, où cette conception de l'esprit en relation avec le monde est très prégnante, peut utiliser des principes scientifiques, comme le principe holographique, pour illustrer ses thèses.
    [...]
    La pensée magique est une expression qui désigne la croyance que certaines pensées pourraient, d'une manière paranormale, provoquer l'accomplissement des désirs ou empêcher des événements ou des problèmes. Ce type de pensée est traité par la médecine comme un symptôme d'immaturité (ce type de pensées existe dans l'enfance) ou de déséquilibre psychologique. La pensée magique est souvent associée aux croyances religieuses et très présente dans le courant du New Age.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Pens%C3%A9e_magique


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  • Les fondements de la pensée libertarienne
    Par MyMihtra
    1- Personnalité
    Une personne est un être qui revendique sa propre volonté ou conscience.

    2- Universalité des droits
    L'ensemble des droits doit être consistant.

    3- Droits
    Tous les droits sont des droits de propriété d'une personne sur une ressource aliénable.
    3-1- Chaque personne détient les droits de propriété sur ce qui est sous le contrôle direct et exclusif de sa conscience.
    3-2- Tout autre droit de propriété naît du premier usage conscient de ressources aliénables sur lesquelles aucun droit de propriété n'existe.

    4- Liberté
    La liberté est la souveraineté sur la propriété dont on possède les droits, ce qui implique le droit de s'en séparer et le droit de la défendre.

    5- Morale
    La morale est la tentative de réaliser ses propres valeurs dans le cadre de ses droits de propriété.

    Notes :
    2- c'est-à-dire qu'aucun droit ne doit entrer en contradiction avec un autre.
    La violation d'un droit détruit partiellement la consistance des droits et ne peut donc être réparée dans le respect des droits de l'agresseur.
    3- Ceci découle du point (2-)
    3-1 Ce qui inclut la plupart du temps son propre corps.
    La volonté étant inaliénable, tout contrat d'esclavage consenti est impossible. Le corps étant en revanche une propriété aliénable, cela implique le droit de la personne d'exploiter son corps comme bon lui semble.
    3-2 Les concepts sont inaliénables (on ne peut pas les détruire et ils sont universellement consommables). Notamment, les droits de "propriété intellectuelle" n'existent pas.
    4- Toute autre définition de la liberté viole le principe (2-) ou (3-).
    4- la souveraineté sur sa propriété implique le droit de la transmettre si celle-ci est aliénable. Il suffit pour cela de l'abandonner à quelqu'un qui en vertu de (3-2-) en devient à son tour propriétaire. Celui-ci peut faire de même en faveur du premier, ce qui constitue alors un échange.
    La souveraineté exclut toute utilisation par des tiers non autorisés par le propriétaire.
    5- Sans liberté, aucune personne ne peut, par définition, chercher à réaliser ses valeurs morales. La liberté est donc la condition nécessaire et suffisante à l'existence de la morale.

    source : http://heresie.org/


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  •    Tandis que mes compagnons entretiennent la « soeur » aux yeux noirs, au visage amaigri, qui a « couru le monde » et qui « connaît la vie », je parcours la brochure contenant l'enseignement du Père et les confessions de quelques adeptes notoires, je constate que tous ceux-ci sont venus ici pour y chercher d'abord la guérison de leurs diverses maladies.
       Et c'est la maladie qui semble avoir aidé l'apôtre lui même à découvrir sa voie :
       — La maladie, a-t-il raconté, m'avait tellement affaibli que, par moments, je ne savais plus si j'avais un corps ; mon esprit était devenu d'une sensibilité incroyable ; alors je palpais tous les fluides dans lesquels je puisais les pensées me diriger.
       — Vos convertis, dis-je à la « soeur », sont tous d'anciens malades !
       Ou des malades actuels. Une religion de malades, tel est l'effet assez juste que produit l'Antoinisme à notre confrère.

        Voilà comment se termine un article de L'Écho du merveilleux du 15-05-1913.

        Et voilà comment se termine un article d'Ivan Illich :


        J'en appelle à l'expérience personnelle de chacun, à la sensibilité des gens ordinaires, par opposition au diagnostic et aux décisions des professionnels. J'en appelle à la mémoire populaire, par opposition aux illusions du progrès. Prenons en considération les conditions de vie dans notre cercle familial et dans notre communauté, et non pas la qualité des prestations de «soins de santé»; la santé n'est pas une marchandise qu'on distribue, et les soins ne peuvent être prodigués par un système.
        Oui, nous avons mal, nous tombons malade, nous mourons, mais également nous espérons, nous rions, nous célébrons; nous connaissons les joies de prendre soin les uns des autres; souvent nous sommes rétablis et guéris par divers moyens. Nous n'avons pas à suivre un chemin uniformisé et banalisé de notre vécu.
        J'invite chacun à détourner son regard, ses pensées, de la poursuite de la santé, et à cultiver l'art de vivre. Et, tout aussi importants aujourd'hui, l'art de souffrir, l'art de mourir.

    Ivan Illich
    L'Agora, Juillet/Août 1994.

        Oui, l'Antoinisme est une religion de malade.


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  • Simplicité volontaire

    Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

    La simplicité volontaire ou sobriété heureuse est un mode de vie consistant à réduire volontairement sa consommation, ainsi que les impacts de cette dernière, en vue de mener une vie davantage centrée sur des valeurs "essentielles".
    Cet engagement personnel et/ou associatif découle de multiples motivations (voir section : Motivations) qui vont habituellement accorder la priorité aux valeurs familiales, communautaires et/ou écologiques.

    On peut trouver la trace de son origine en Europe dans les écrits de Léon Tolstoï et de John Ruskin (Unto This Last), et en Amérique du Nord dans les écrits de Henry David Thoreau (Walden).

    Il est représenté, par exemple, par le mouvement des Compagnons de Saint François ou encore les Communautés de l’Arche de Lanza del Vasto, inspiré par Gandhi, lui-même inspiré par Thoreau et Ruskin. On le retrouve aussi au Québec, province du Canada, sous l'influence de penseurs comme Serge Mongeau et des éditions Écosociété.

     

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    Histoire

    Les précurseurs

    Si on peut trouver l'origine de la simplicité volontaire chez les différentes formes d'ascétisme grecques et orientales, ces dernières étaient surtout motivées par une philosophie mystique, et c'est dont plutôt chez les stoïciens, les cyniques, et surtout chez Épicure qu'ont peut voir la réelle apparition du concept de simplicité volontaire.

    En effet, Épicure, dont Bergson se réclame d'ailleurs explicitement, procède à une critique approfondie des besoins, qui ressemble fort à celle proposée par la simplicité volontaire. Sa pensée, ainsi que celle des cyniques, nous invite à discerner le nécessaire du superflu, le naturel de l'artificiel, et à un retour vers la simplicité.

    En Occident, les communautés monastiques furent les premières organisations de vie à choisir volontairement la frugalité et à pratiquer l'autosuffisance et même avant la secte des esséniens (adepte de l'alimentation crue). Saint François d'Assise, « l'unique parfait chrétien depuis Jésus » selon Ernest Renan, est aussi considéré comme un modèle de simplicité volontaire.

    En Orient, on trouve également de nombreux modes de vie (hindouisme, bouddhisme) prônant la simplicité volontaire. La vie de Gandhi est un exemple de simplicité.

    Au XXe siècle

    Ivan Illich et son ami Jacques Ellul sont considérés comme deux des pères de l'idée de décroissance et de simplicité volontaire.

    En 1936, on trouve pour la première fois l'expression « simplicité volontaire » (« simple living ») dans un article de Richard Gregg, un disciple de Gandhi, qui reprend les idées principales de celui-ci. Cet article passa inaperçu lors de sa première parution et n'eut d'impact que lors de sa réédition en 1974.

    Dans les années 1960 et 1970, un « mouvement de retour à la terre » touche les États-Unis, inspiré notamment par les écrits et les travaux de Helen et Scott Nearing (en particulier leur livre publié pour la première fois en 1954 intitulé Living the Good Life: How to Live Simply and Sanely in a Troubled World).

    L'expression « simplicité volontaire » est connue depuis le livre du même nom publié en 1973 par Duane Elgin[1]. Ce courant se développe depuis les années 1980 dans plusieurs pays industrialisés.

    La critique de la société de consommation développée par Hannah Arendt peut aussi être considérée comme une source d'inspiration de la simplicité : dans Condition de l'homme moderne elle invite ainsi à laisser le travail dans le domaine privé pour laisser de la place à l'action politique dans l'espace public.

    On peut ajouter parmi les voix actuelles de cette pensée, Pierre Rabhi, agroécologiste et écrivain.

    Motivations

    La simplicité volontaire consiste à rechercher le bonheur dans l'appréciation pour améliorer la véritable « qualité de vie ». Elle s'oppose donc au discours économique et social dominant au XXIe siècle qui tend à considérer tout progrès technique et développement de la consommation comme des améliorations de la qualité de la vie. La philosophie de vie est née de l'opinion que la consommation n'apporte pas le bonheur et accroît l'aliénation.

    Plus précisément, plusieurs motivations sont possibles.

    Éthique

    Certains tenants de la simplicité volontaire prônent un retour à de « vraies richesses », opposées aux richesses matérielles. Ces vraies richesses peuvent être en particulier la vie sociale et familiale, l'épanouissement personnel, la vie spirituelle, l'osmose avec la nature, etc.

    Dans certains cas, la simplicité volontaire consiste donc en un sacrifice.

    Dans d'autres cas, elle offre une autre voie vers le bonheur. Précurseur du concept[réf. nécessaire], Henri Bergson a écrit « Ce qui est beau, ce n'est pas d'être privé, ni même de se priver, c'est de ne pas sentir la privation ». D'ailleurs, le philosophe français a écrit dans le dernier chapitre de son dernier livre Les Deux Sources de la morale et de la religion un diagnostic de la surconsommation : « Jamais, en effet, les satisfactions que des inventions nouvelles apportent à d'anciens besoins ne déterminent l'humanité à en rester là ; des besoins nouveaux surgissent, aussi impérieux, de plus en plus nombreux. On a vu la course au bien-être aller en s'accélérant, sur une piste où des foules de plus en plus compactes se précipitaient. Aujourd'hui, c'est une ruée » (1932). La simplicité volontaire se veut justement comme une solution à cet engouement pour les produits de consommation que prévoit Bergson. En précurseur de ce courant, il précise les conditions de réalisation de cet idéal comme suit : « l'avenir de l'humanité reste indéterminé, parce qu'il dépend d'elle ». Il faudrait donc miser, selon Bergson, sur une éducation qui permette à la fois de comprendre l'impact de notre consommation grâce aux connaissances scientifiques et de développer notre goût pour des objets qui favorisent véritablement notre accomplissement personnel.

    Économique

    • Une consommation toujours accrue conduit à des besoins financiers également accrus et donc à un surcroît de travail pour se les procurer, ce qui peut générer, à l'inverse, du déplaisir chez certaines personnes (manque de temps pour soi, stress, mauvaise santé, dépendance à l'argent, etc.). Dans cette optique, la philosophie de simplicité volontaire peut s'appuyer sur la théorie du consommateur en microéconomie, les courbes d'indifférence marquant les différents arbitrages entre surplus de travail et surplus de consommation, ou entre le plaisir induit par la consommation et celui induit par le temps libre (vie de famille, activités physiques, divertissements, etc.).
    • Certains tenants de la simplicité volontaire estiment que, dans la société de consommation, on consacre son temps à gagner toujours plus d'argent pour satisfaire des besoins matériels de plus en plus nombreux qui pourtant ne seront jamais satisfaits en raison de leur renouvellement incessant, d'autant que ces besoins sont incités par la publicité notamment. Dans cette perspective, la quête du bonheur par la consommation est donc une course sans fin dont ils préfèrent sortir.

    Écologique

    La simplicité volontaire constate que la consommation et la croissance ont des impacts négatifs sur l'environnement et ils craignent l'imminence de la crise écologique. Elle prône donc la limitation de la consommation de biens matériels afin de ralentir la destruction des ressources naturelles.

    En reprenant l'exemple typique du refus de posséder une voiture, l'argent économisé peut être réinvesti dans un vélo électrique, des billets de trains ou la location de véhicules quand cela est indispensable. Et ainsi avoir les mêmes avantages qu'avec la possession personnelle d'un véhicule de tourisme à un prix finalement identique et avec un impact écologique globalement moindre.

    Autres motivations

    • Dans certains cas, la simplicité « volontaire » serait en fait subie, mais ensuite assumée et considérée comme une manière de raisonner ses envies consuméristes.
    • Elle peut aussi être considérée comme une posture prise pour se fabriquer une image de marque, à l'instar de l'intellectuel qui refuse la télévision et affiche son mépris de la publicité et de la consommation.

    Quoi qu'il en soit, au-delà de ces jugements moraux, le résultat est le même : une certaine modération profitable au bien-être commun (comme la "foi à la Pascal" : "on n'a rien à perdre".)

    Pratique

    La simplicité volontaire est une des composantes de la décroissance mais se situe avant tout dans le cadre de l'initiative individuelle et non des mesures collectives prises par la puissance publique.

    Une appréhension globale de la consommation

    La mise en œuvre est quotidienne, amenant à repenser son travail, sa consommation (voir le concept de consom'action), son alimentation, son habitat, sa santé, ses déplacements, ses vacances, ses loisirs, ses relations sociales, etc.

    Les conséquences de chaque acte sont ainsi appréhendées de manière globale :

    • quel a été le coût de la fabrication (pour la planète, pour les droits de l'homme) ?
    • quel est l'intérêt pour moi, ai-je fondamentalement besoin de ce bien/service ?
    • à quel point cela me rend-il dépendant de l'argent (devrais-je travailler plus ? avoir moins de loisirs ?)

    Une réappropriation individuelle de l'action politique

    La simplicité volontaire est un modus vivendi développé dans des sociétés post-industrielles, pour la plupart occidentales à démocratie représentative. Lorsque l'individu a le sentiment que le pouvoir lui échappe ou que ses idées ne pourront parvenir au pouvoir, la mise en œuvre de la simplicité volontaire permet une action directe du citoyen sur son cadre de vie et l'espace public.

    Critiques

    La simplicité volontaire est critiquée par des penseurs qui soulignent les avantages en termes de qualité de vie apportés par le progrès matériel et l'impossibilité de « revenir en arrière » sauf à vouloir dégrader fortement le niveau de vie des populations. Ainsi, Bjorn Lomborg soutient que le progrès a permis de libérer dans les pays occidentaux une quantité extraordinaire de main d'œuvre, qui peut désormais servir à chaque homme pour s'accomplir : « Si nous devions revenir en arrière, il nous faudrait pour produire une énergie équivalente, pour chaque citoyen, en Europe occidentale, 150 "actifs de service", 300 aux États-Unis. »[2]

    Drieu Godefridi du think tank libéral Institut Hayek estime que l'homme a combattu la faim dans le monde grâce à la mondialisation des échanges, pourtant concomitante d'une hausse jamais vue de la population mondiale : « Les rapports successifs de l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en attestent : jamais autant d’êtres humains n’ont habité la planète ; jamais la proportion d’hommes souffrant de faim n’a été aussi faible »[3]

    La simplicité volontaire est également critiquée par des penseurs de gauche qui considèrent qu'il est impossible de revenir à un mode de vie antérieure. Les marxistes, par exemple, répondent que c'est par l'organisation des masses de ceux qui profitent le moins de la société actuelle qu'une nouvelle société plus humaine peut être construite. Ils ne suivent pas les penseurs de la simplicité volontaire, car ils ne veulent pas échapper à la société, mais la transformer. Ils reprochent à la simplicité volontaire d'attirer avant tout ses adhérents des couches moyennes ou supérieures de la société.

    A l'inverse, d'autres économistes, de tendance libérale, organisent des conférences en milieu universitaire pour promouvoir ce mode de vie. (cf p. ex. Emeline Bouvier à l'UCL en Belgique : http://www.uclouvain.be/8323.html)

    Voir aussi

    Liens internes

    Bibliographie

    • La Simplicité volontaire, ou comment harmoniser nos relations entre humains et avec notre environnement. Serge Mongeau, Éditions Québec Amérique. Montréal (1985)
    • La simplicité volontaire, plus que jamais…. Serge Mongeau. Éditions Écosociété. Montréal (1998)
    • L'ABC de la simplicité volontaire. Dominique Boisvert. Éditions Écosociété. Montréal (2005)
    • Découvrir les vraies richesses. Pistes pour vivre plus simplement. Pierre Pradervand. Éditions Jouvence. Genève (1996)
    • La Vie simple. Guide pratique. Pierre Pradervand. Éditions Jouvence. Genève (1999)
    • Comment atteindre la simplicité volontaire : une nouvelle façon de vivre sans artifices : se recentrer sur les choses vraiment importantes. Robert Dumoulin. Édimag. Montréal (2003)
    • Simplicité volontaire. Peut-on sauver la planète ?. Guy Samson. Editions Québécor. Montréal (2004)
    • La Simplicité volontaire. Malie Montagutelli (1986)
    • Éloge de la simplicité volontaire. Hervé-René Martin. Flammarion (mars 2007)
    • Quand la misère chasse la pauvreté. Majid Rahnema. Fayard/Actes Sud (2003)
    • De Bouver, Emeline, Moins de biens, plus de liens: La simplicité volontaire, un nouvel engagement social, Charleroi, Couleur livres, 2008.

    Filmographie

    Liens externes

    Notes et références

    1. Elgin, Duane. Voluntary simplicity : toward a way of life that is outwardly simple, inwardly rich / Duane Elgin. Rev. ed. New York : Quill, c1993. 240 p.
    2. Bjorn Lomborg, L'écologiste sceptique
    3. Drieu Godefridi, Remarques sur la théorie de la décroissance, Institut Hayek, mars 2007.

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  • The Epstein Brothers Orchestra - T'Khies ha-Meysim (Resurrection of the Dead)

    T'Khies ha-Meysim est une danse pantomime hassidique moderne en trois scènes, qui commence avec deux jeunes gens se disputant pour de l'argent ou une bouteille de bière et culmine dans la mort de l'un d'entre eux. Dans la seconde partie, le meurtrier se repente et ressuscite le mort, ce qui est ensuite suivie d'une danse de réjouissance et de réconciliation.


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  •     Si l'on suit le raisonnement de Charles Sanders Peirce sur sa réflexion sur la fixation de la croyance (cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Fixation_de_la_croyance_selon_Peirce), on se rend compte que l'Antoinisme est une philosophie.
        L'un comme l'autre utilise la méthode "à priori".

        Si la méthode scientifique est si bonne, on peut se surprendre qu'elle soit si peu populaire. C'est qu'elle n'est supérieure que d'un point de vue logique ou intellectuel, non d'un point de vue humain ! La méthode « a priori » flatte l'orgueil du penseur qui se trouve forcément d'accord avec ses propres tendances. La méthode d'autorité permet d'organiser de grandes masses de gens et les dispense de l'effort pénible de la réflexion et du doute. Elle sanctionne cruellement les dissidents et introduit une forme subtile d'autocensure morale : elle assure ainsi l'ordre social. La méthode de ténacité est le propre des caractères les plus décidés et des personnes d'action ! On ne perd pas de temps à peser le pour et le contre, on agit par instinct. Elle est donc très efficace, du moins à court terme.

    source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fixation_de_la_croyance_selon_Peirce


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  • La difficulté à expliquer la conscience dans un contexte matérialiste conduit à l’hypothèse que la conscience est, peut-être, la caractéristique de quelque chose qui n'est pas matériel.

    Cette nouvelle conception permet d’éviter certaines des difficultés rencontrées dans le contexte matérialiste, mais pose d'autres problèmes théoriques car elle implique qu’il existe une partie de l’existentiel qui n’a pas encore été abordée par la physique.

    L’avantage d’une telle conception est de se dire que si la conscience n’appartient pas au corps physique, elle peut ainsi survivre au renouvellement matériel évoqué plus haut. Et si la conscience survit au renouvellement matériel du corps, il y a des chances qu’elle survive à la destruction finale de celui-ci qu’est la mort physique. On peut aussi supposer que la conscience après la mort réintègre un autre corps puisque certains hypnotiseurs prétendent avoir amené certaines personnes à se rappeler leurs vies précédentes sous hypnose. Le gros point d’interrogation dans ce cas consiste à se demander pourquoi un doute subsiste sur la réincarnation alors qu’il suffit grâce à l’hypnose de faire une étude sérieuse sur un grand nombre de cas pour pouvoir déterminer scientifiquement la réalité du phénomène.

    Un des problèmes soulevés par une conception spirituelle de la conscience est de savoir comment celle-ci communique avec le corps physique. Comment la volonté peut-elle agir sur le corps en induisant des influx nerveux dans les nerfs. Sir John Eccles, prix Nobel de physiologie en 1963, invoque la mécanique quantique en postulant l’hypothèse selon laquelle l’esprit interviendrait en modifiant la probabilité d’émission du transmetteur chimique. Le champ de probabilité en physique quantique par l’indétermination qu’il génère au niveau physique permettrait au monde spirituel de contrôler le monde physique.

    source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Science_et_conscience


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  • La croyance semble être un mécanisme étroitement lié à la conservation des mécanismes de survie, s'il n'en est pas la pierre angulaire.
    (Origine(s) de la croyance de l'article Croyance de Wikipedia)
    D'après le darwinisme, l’être humain est le produit d'un processus d’évolution par sélection naturelle. On peut donc supposer que la conscience est un caractère ayant été acquis car il apportait un avantage sélectif. Au cours de l'évolution Elle serait devenue nécessaire pour assurer la survie en milieu hostile.
    (Contexte matérialiste de l'article Science et conscience de Wikipedia)


        D'après Louis Antoine, "La croyance a été imaginée par l'intelligence qui a toujours cru que Dieu existe en dehors de nous" (Couronnement de l'OEuvre Révélée, La croyance & la foi, p.XXXXII). On a donc ici toujours le même schéma : la croyance (donc l'intelligence) et la conscience ont toutes deux été nécessaires pour notre survie dans notre milieu. Milieu que nous avons imaginé et créé pour Louis Antoine, afin de progresser oubliant que, faisant partie de l'Unité de l'Ensemble, nous étions Dieu nous-même. Le doute nous a fait imaginer la matière et l'intelligence et la conscience se sont battu pour nous permettre de survivre dans cette matière.
         "Adam est le moi conscient, Ève le moi apparent ressortant de l'imagination d'Adam qui le fait douter pour croire à un serpent, prenant de cette façon le bon pour le mauvais et le mauvais pour le bon" (Couronnement de l'OEuvre Révélée, Nous n'acquérons la vérité que par notre erreur, p.LIV).

         Mais si la conscience nous avait guidée dès le départ, la progression aurait plus rapide.
        "J'ai déjà dit que, aussi longtemps que nous n'aurons pas acquis la vrai foi, nous n'aurons toujours qu'une croyance de parti pris ; qu'elle ait pour objet le serpent ou tout autre aimal, quelque fétiche ou bien un pur esprit, ce ne sont là que des figures" (Couronnement de l'OEuvre Révélée, Le vrai bonheur ne résulte que du malheur, p.LIV).


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  • Plusieurs stratégies existent pour paraitre scientifique. L'utilisation du suffixe -logie permet de se hausser au rang de la biologie, la pharmacologie, la géologie, etc., elle est utilisée par des domaines comme la graphologie, la réflexologie, la futurologie, etc. Le détournement de titres universitaires comme « docteur », « professeur » et surtout « chercheur » est également fréquent. Germaine Hanselmann, plus connue sous le nom d’Élizabeth Teissier, a obtenu avec la note minimale un doctorat de sociologie pour son travail très controversé sur L'épistémologie de l'astrologie à travers l'ambivalence fascination/rejet dans les sociétés modernes ; ceci a créé une polémique, la docteur étant accusée d'avoir publié sa thèse afin d'appuyer, auprès du grand public, le caractère scientifique de l'astrologie.

    La création de centres aux noms explicites et impressionnants (Institut de Recherche sur..., Centre de Recherche, etc.) ne prouve en rien le caractère scientifique des activités qui s'y déroulent. La création d'une association sous le nom de Centre européen de recherche scientifique et d'observation sur... n'est soumise à aucun contrôle. Dans le même ordre d'idées, l'emploi d'un discours emphatique et d'un vocabulaire scientifique est une pratique pour impressionner le lecteur et masquer l'absence de sens d'un texte. Alan Sokal et Jean Bricmont dressent une liste d'auteurs qu'ils accusent de ce procédé dans leur livre Impostures intellectuelles. Parmi les mots souvent utilisés, issus du domaine scientifique, avec un sens détourné, citons le fluide, l'énergie, la force, le cristal, la pyramide, l'onde, l'éther, la résonance, le champ, le champ de forme en particulier.

    source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pseudo-science


        On sait que nous ne sommes pas d'accord sur quel nom générique donné à l'antoinisme, les dictionnaires eux-mêmes s'embrouillent : philosophie, religion, secte, mouvement, cult, culte... (nous y reviendrons)
        Pour certains ce n'est pas une religion, pour d'autres cela devait devenir une religion, pour d'aucuns cela ne devait jamais réussir à devenir... quoi que ce soit.
        Bref, d'un point de vue purement "scientifique", l'antoinisme est certainement une pseudo-science...


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  •     Aux salaires infimes, à l'insalubrité de la profession, viennent s'ajouter d'autres facteurs de misère. Le chômage, l'intrusion des ouvriers étrangers (Belges), une domination patronale qui s'exerce même en dehors de l'usine et qui aboutit à l'asservissement religieux le plus tyrannique. [...]
        Une discipline de fer règne sous l'égide de Notre-Dame de l'Usine. A Tourcoing, dans nombre d'établissements, ouvriers et ouvrières, avant de commencer leur travail, font la prière, par ordre. L'un d'eux récite à haute voix et tous murmurent les litanies. Des surveillantes qui sont des « soeurs laïcisées » passent, et malheur à l'ouvrier dont les lèvres restent immobiles durant le pieux exercice. Il sera d'abord averti, puis impitoyablement congédié. La fréquentation régulière de l'église est obligatoire, le dimanche. Certains industriels accordent même à leurs ouvrières l'autorisation hebdomadaire d'aller au confessionnal durant les heures de travail. [...]
        Dans d'autres usines, les ouvriers sont tenus d'acheter les journaux catholiques qui sont portés à l'usine et placés à côté de chaque métier. La main mise patronale est complète et l'on peut dire sans exagération que les droits du patron sur l'ouvrier du Nord sont plus lourds que ne l'étaient au Moyen Age ceux du seigneur féodal sur le manant.

    M. & L. Bonneff - Vie tragique des travailleurs - L'Enfer des Tisseurs (1908), p.27-29
    source : gallica


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  • La vraie lutte commence là

    par

    François MAURIAC

    27 novembre 1938

     

    La menace qui pèse sur les Églises et dont nous avons si peu conscience, nul ne l’a mieux exprimée que M. Denis de Rougemont dans ces quelques lignes cruelles de son Journal d’Allemagne : « Chrétiens, retournez aux Catacombes. Votre « religion » est vaincue, vos cérémonies modestes, vos petites assemblées, vos chants traînants, tout cela sera balayé. Il ne vous restera que la Foi. Mais la vraie lutte commence là. »

    Ce n’est pas que nous tenions pour assurée la ruine de cette façade auguste dressée par l’Église au-dessus du monde. Les cultes, les liturgies correspondent à une exigence qu’aucune révolution n’a pu tout à fait réduire : elles ont toujours fini par rouvrir les temples. La messe d’un prêtre réfractaire, dans un grenier ou dans une cave, cette bougie, ce livre éclairé, ces chuchotements, ce petit troupeau qui risque sa vie tandis qu’un homme fait le guet et que les paroles sacrées, se détachant du silence, livrent une fois de plus l’Agneau de Dieu à ceux qui l’aiment, ce drame dépouillé de tout ornement et réduit à quelques mots, à quelques gestes, garde sur les cœurs une séduction moins visible mais autrement puissante que le spectacle machiné qui fait se lever à la fois des milliers de poings fermés ou de mains ouvertes.

    On l’a souvent noté : les grandes manifestations collectives conviennent à un âge de la vie, l’adolescence, une certaine adolescence et qui a la passion d’admirer, de servir et de ne penser à rien ensemble. Au delà de vingt-cinq ans, les garçons d’outre-Rhin n’éprouvent-ils quelque lassitude à crier et à acclamer en mesure ? Et, puis l’humanité entière ne tient pas dans sa jeunesse virile. Les peuples de demi-dieux n’existent pas. Dans chaque pays souffre une foule immense de créatures blessées, traquées par la maladie, par la faim, par les exigences féroces de l’État, par la misère secrète de toute vie, par le remords ; et beaucoup d’autres qui ne sont ni blessées ni traquées ont simplement le désir de Dieu et le cherchent : « J’ai faim de Vous, ô joie sans ombre, faim de Dieu... » C’est un vers de notre Jammes.

    Il ne faut point s’étonner de ce que l’effort des chefs, en pays totalitaire, qu’ils l’avouent ou non, porte sur ce dernier retrait où la Grâce pénètre seule. La substitution de la Race au Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob exige le don de l’homme intérieur à l’idole ; et le dialogue muet entre la créature et son Créateur devient criminel parce qu’il échappe à la police.

    Le dictateur, pour atteindre au secret des cœurs, s’attaque donc d’abord à l’armature visible, aux œuvres sociales, aux groupes de jeunesse, à la hiérarchie. Dans cette première bataille, comment ne serait-il le plus fort ? Lorsque le sort du monde dépend de quelques affranchis, d’une bande qui campe par delà le bien et le mal et qui a partie liée avec des millions de petits hommes jaunes pour lesquels notre foi et notre espérance sont comme si elles n’avaient jamais été, la ruine matérielle des Églises s’insère alors dans un avenir prévisible et une parole que le Christ s’adressait à lui-même, brille soudain d’un éclat tragique – une de ces paroles qu’à ma connaissance, aucun prédicateur ne commente jamais : « Quand le Fils de l’Homme reviendra, trouvera-t-il encore de la foi sur la terre ? »

    Qu’est-ce donc que croire ? De quoi parlons-nous quand nous parlons de notre foi ? Rougemont nous aide à poser la question dans le concret : la question de savoir combien d’hommes seraient prêts à mourir pour une vérité abattue, dépouillée de son apparence auguste. Que subsisterait-il de notre fidélité à des rites abolis, de nos habitudes chrétiennes, le jour où leur objet n’apparaîtrait plus ? Et pourtant la vraie lutte commence là, en effet, au pied de trois gibets dressés à la porte d’une ville où trois condamnés de droit commun, trois Juifs agonisent, et lorsque tout est consommé et que tout semble fini de l’aventure chrétienne. La vraie lutte commence à ce néant. Le sort du christianisme est suspendu, peut-être, à la foi de quelques fidèles des diverses Églises qui, dans la ruine de tout ce qui, en les séparant les uns des autres, leur avait été occasion d’hérésie ou de schisme, croiront d’un même cœur, d’un même esprit, à une vérité écrasée et comme effacée du monde visible et, les yeux levés, attendront qu’apparaisse au zénith le signe du Fils de l’Homme.

     

    François MAURIAC.

    Paru dans Le Figaro du 27 novembre 1938
    et recueilli dans Suites françaises
    (New York, Brentano’s, 1945)
    par Léon Cotnareanu.

    source : www.biblisem.net


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