• Et si la vie n'était qu'un songe ? et si les nuages, les oiseaux, la terre et les autres hommes n'étaient que visions de notre esprit ?

    Un chercheur découvre par hasard l'existence d'un excentrique, Gaspard Languenhaert, qui soutint cette philosophie "égoïste" dans les salons du XVIIIe siècle, puis fonda une école à Montmartre où ses disciples répétaient avec lui qu'eux seuls existaient et que le monde n'était que leur fantasme. Intrigué, il abandonne ses travaux et part à la recherche de ce philosophe singulier dont une sorte de conspiration fait apparaître et disparaître les traces.

    Cette enquête va l'entraîner de Paris à Amsterdam mais surtout au fond de lui-même, là où la raison se fait déraisonnable et les vertiges hallucinants.
    Car si l'univers n'est qu'un rêve, chacun de nous en est l'auteur, donc Dieu. La logique devient folle et, pour s'y mesurer, il fallait le talent, l'audace et l'intelligence de Eric Emmanuel Schmitt, homme de théâtre dont la pièce, le visiteur, qui a triomphé aux "Molière", est en train de faire le tour du monde.

    Avec ce premier roman, il signe une œuvre d'une rare modernité qui tout à la fois surprend, dérange et fascine.


    source : www.eric-emmanuel-schmitt.com


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  • Berkeley définit les idées de manière semblable à Locke : « tout ce qui est donné immédiatement par les sens ou par l'entendement. » Et il reprend également la thèse de Locke suivant laquelle les idées des sens et les idées de la réflexion sont distinguées :

        «  Il est visible à quiconque porte sa vue sur les objets de la connaissance humaine, qu'ils sont ou des idées véritablement imprimées sur les sens, ou des idées perçues quand l'attention s'applique aux passions et aux opérations de l'esprit, ou enfin des idées formées à l'aide de la mémoire et de l'imagination, en composant et divisant, ou ne faisant simplement que représenter celles qui ont été perçues originellement suivant les manières qu'on vient de dire. »

    Berkeley en déduit alors ce qui sera le principe de sa philosophie : les idées n'existent pas en dehors d'un esprit qui les perçoit. C'est là une vérité intuitive : quand je dis qu'un objet existe, je dis que je le sens, que je le vois, ou qu'il est perçu par un autre esprit. Mais quant à concevoir une existence absolue, c'est impossible ; l'esse de l'objet consiste dans son percipi. « Esse est percipi » (être, c'est être perçu). Nous ne parlons donc des choses qu'autant qu'elles ont du rapport à notre esprit :

        « [...] considérons les qualités sensibles que sont la couleur, la forme, le mouvement, l'odeur, le goût, etc, c'est-à-dire les idées perçues par les sens. Il est manifestement contradictoire qu'une idée puisse exister dans une chose non-percevante; car c'est tout un que d'avoir une idée ou de la percevoir. Par conséquent, pour exister, une couleur, une forme, etc. doit être perçue. Il suit de là clairement qu'il ne peut y avoir de substance ou de substrat non pensant de ces idées. »

    Il n'y a donc pas de matière : quand on dit que la matière existe en dehors de soi, on commet un abus de langage. Nous ne percevons que des idées, et nous ne pouvons rien concevoir hormis elles. À quoi, dès lors, la matière pourrait-elle ressembler ? Il suit donc de là que les qualités premières, tenues pour objectives par Descartes et Locke, ne le sont en réalité pas plus que les qualités secondes.

    Nous ne pouvons donc par aucun moyen affirmer l'existence du monde extérieur. Le monde extérieur n'est cependant pas illusoire : son existence, en tant que phénomène est réel, mais il n'a pas de substance, en ce sens qu'il n'existe pas en soi.

    Berkeley se rapproche en cela d'un passage du Discours de la méthode où René Descartes envisage lui aussi que le monde réel pourrait ne pas exister et ne constituer que des impressions envoyées par quelque esprit trompeur.Il soutenait que nous ne connaissons que nos propres idées, que les corps extérieurs n'existent pas, et que c'est par une illusion mensongère que nous leur accordons de la réalité : c'est dans les Principes de la connaissance humaine et dans les Trois dialogues entre Hylas (le matérialiste) et Philonous (le spiritualiste) qu'il a exposé ce système d'idéalisme.

    source : wikipedia


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  •     L'approche psycho-neurophysiologique de la croyance montre que celle-ci constitue un mécanisme de défense archaïque face aux peurs et aux incertitudes ancestrales. Il semble qu'au cours de l'évolution le "cerveau émotionnel" (limbique), débordé par les angoisses, ait favorisé un nouveau mécanisme de défense du "cerveau rationnel" (néocortex), qui perturbe l'acquisition du sens critique : l'imagination d'un dieu protecteur... en particulier si cette option a été inculquée dès la plus tendre enfance.
    Voir le livre de Patrick Jean-Baptiste : "La Biologie de Dieu : Comment les sciences du cerveau expliquent la religion et la foi"

    Agnès Viénot Editions, 2003

    source : http://atheisme.free.fr/Religion/Pourquoi_croire.htm


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  • We passed upon the stair, we spoke in was and when
    Although I wasn't there, he said I was his friend
    Which came as a surprise, I spoke into his eyes
    I thought you died alone, a long long time ago

    Oh no, not me
    We never lost control
    You're face to face
    With The Man Who Sold The World

    I laughed and shook his hand, and made my way back home
    I searched for a foreign land, for years and years I roamed
    I gazed a gazeless stair, we walked a million hills
    I must have died alone, a long long time ago

    Who knows? Not me
    I never lost control
    You're face to face
    With the Man who Sold the World

    Who knows? not me
    We never lost control
    You're face to face
    With the Man who Sold the World

    Year: 1971
    Label: RCA BOW502


    L'Homme Qui A Vendu Le Monde
     

    Nous passions sur les escaliers
    Nous parlions de quand et d'où
    Bien que je n'étais pas là-bas
    Il disait que j'étais son ami
    Ce qui vint comme une surprise
    Je lui parlais droit dans les yeux
    Je pensais que tu étais mort seul
    Il y a très très longtemps
     
    Oh non, pas moi
    Nous n'avons jamais perdu le contrôle
    Tu es face à face
    Avec l'homme qui a vendu le monde
     
    Je riais et serrais sa main,
    Et reprenais le chemin de chez moi
    Je cherchais au loin une forme et une terre,
    Pendant des années et des années j'errais
    Je contemplais d'un regard fixe
    Tous les millions ici
    J'ai dû mourir seul
    Il y a très très longtemps
     
    Qui sait ? Pas moi
    Je n'ai jamais perdu le contrôle
    Tu es face à face
    Avec l'homme qui a vendu le monde (x2)
     
    Qui sait ? Pas moi
    Nous n'avons jamais perdu le contrôle
    Tu es face à face
    Avec l'homme qui a vendu le monde (x2)


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  •     L'avenir est comme un nuage.

    Louis Scutenaire, Mes Inscriptions
    Ed. Labor - Espace Nord, 1990

     

    Illustration : René Magritte, La Malédiction, 1960


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  •     L'amitié est incompatible avec la vérité, seul est fécond le dialogue muet avec nos ennemis.

    E.M. Cioran, Ebauches de vertige
    Folio - 2E, p.14


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  •     "Das ist ein Ruhm für dich."
        "Ich weiß nicht, was Sie unter 'Ruhm' verstehen," sagte Alice.
        Plumpsti Bumsti lächelte geringschältzig.
        "Natürlich weißt du das nicht, solange ich es dir nich gesagt habe. Ich meine, jetzt bist du geschlagen."
        "Aber 'Ruhm' bedeutet doch nicht, daß man geschlagen ist." wendete Alice ein.
        "Wenn ich ein Wort gebrauche," sagte Plumpsti Bumpsti ziemlich höhnisch, "dann bedeutet es gerade das, was ich es bedeuten lassen will - nicht mehr und nicht weniger."
        "Die Frage ist nur," wendete Alice ein, "ob Sie Wörter so viele verschiedene Dinge bedeuten lassen können."
        "Die Frage ist nur," erwiderte Plumpsti Bumsti, "wer der herr ist - nur das."
        Alice war viel zu erstaunt, um etwas zu sagen ; so begann Plumpstu Bumsti nach einer Weile wieder : "Manche Wörter sind sehr eigensinnig - besonders Zeitwörter. Sie sind die stolzesten. Mit Eigenschaftswörter kann man alles machen, mit Zeitwörtern nicht. Ich kann aber mit der ganzen Gesellschaft fertig werden; Undurchdringlichkeit! das sage ich!"
        "Wollen Sir mir nicht sagen, bitte, was das bedeutet?" fragte Alice.
        "Jetzt sprichst du wie ein vernünftiges Kind," sagte Plumsti Bumsti und sah sehr befriedigt aus.
        "Unter 'Undurchdringlichkeit' verstehe ich, daß wir über die Sache genug gesprochen haben und daß du jetzt lieber sagen solltest, was du vorhast. Denn ich glaube, du wirst ja nicht dein ganzes übriges Leben lang hier stehen bleiben wollen!"
        "Eine solche Menge kann man einem einzigen Wort zu bedeutet geben?" fragte Alice nachdenklich.
        "Wenn ich einem Wort soviel Arbeit aufbürde," sagte Plumpsti Bumsti, "dann zahle ich ihm immer extra dafür."
        "Aha," sagte Alice. Sie war viel zu verwirrt, um etwas anderes zu sagen.
        "Ja, du sollst nur sehen, wie sie sich Samstag Abend um mich drängen," fuhr Plumpsti Bumsti fort und legte den Kopf von einer Seite auf die andere, "um ihren Wochenlohn zu kriegen."
        (Alice wagte nicht, ihn zu fragen, womit er sir bezahle; so kann ich es dir, lieber Leser, auch nicht mitteilen.)

    Lewis Carroll, Alice im Spiegelland
    Deutsch von Helene Scheu-Riesz
    Ausstattung von Uriel Birnbaum
    Sesam-Verlag, 1923 (archive.org)

        Voilà de la gloire pour toi !
        - Je ne sais pas ce que vous voulez dire par là.
        Le Gros Coco sourit d'un air méprisant :
        - Naturellement. Tu ne le sauras que lorsque je te l'aurais expliqué. Je voulais dire : « Voilà un bel argument sans réplique !» - Mais : « gloire », ne signifie pas : « un bel argument sans réplique ! » - Quand, moi, j'emploie un mot, déclara le Gros Coco d'un ton assez dédaigneux, il veut dire exactement ce qu'il me plaît qu'il veuille dire... ni plus ni moins.
        - La question est de savoir si vous pouvez obliger les mots à vouloir dire des choses différentes.
        - La question est de savoir qui sera le maître, un point c'est tout.
        Alice fut beaucoup trop déconcertée pour ajouter quoi que ce fût.
        Aussi, au bout d'un moment, le Gros Coco reprit :
        - Il y en a certains qui ont un caractère impossible... surtout les verbes, ce sont les plus orgueilleux... Les adjectifs, on en fait tout ce qu'on veut, mais pas les verbes... Néanmoins je m'arrange pour les dresser tous tant qu'ils sont, moi ! Impénétrabilité ! Voilà ce que je dis, moi !
        - Voudriez-vous m'apprendre, je vous prie, ce que cela signifie ? demanda Alice.
        - Voilà qui est parler en enfant raisonnable, dit le Gros Coco d'un air très satisfait. Par «impénétrabilité », je veux dire que nous avons assez parlé sur ce sujet, et qu'il vaudrait mieux que tu m'apprennes ce que tu as l'intention de faire maintenant, car je suppose que tu ne tiens pas à rester ici jusqu'à la fin de tes jours.
        - C'est vraiment beaucoup de choses que vous faites dire à un seul mot, fit observer Alice d'un ton pensif.
        - Quand je fais beaucoup travailler un mot, comme cette fois-ci, déclara le Gros Coco, je le paie toujours beaucoup plus.
        - Oh ! s'exclama Alice, qui était beaucoup trop stupéfaite pour ajouter autre chose.
        - Ah ! faudrait que tu les voies venir autour de moi le samedi soir, continua le Gros Coco en balançant gravement la tête de gauche à droite et de droite à gauche ; pour qu'y touchent leur paye, vois-tu.
        (Alice n'osa pas lui demander avec quoi il les payait ; c'est pourquoi je suis incapable de vous l'apprendre.)

    Traduction de Jacques Papy (wikisource.org)

        `There's glory for you!'
        `I don't know what you mean by "glory",' Alice said.
        Humpty Dumpty smiled contemptuously. `Of course you don't -- till I tell you. I meant "there's a nice knock-down argument for you!"'
        `But "glory" doesn't mean "a nice knock-down argument",' Alice objected.
        `When I use a word,' Humpty Dumpty said, in rather a scornful tone, `it means just what I choose it to mean -- neither more nor less.'
        `The question is,' said Alice, `whether you can make words mean so many different things.'
        `The question is,' said Humpty Dumpty, `which is to be master -- that's all.'
        Alice was too much puzzled to say anything; so after a minute Humpty Dumpty began again. `They've a temper, some of them -- particularly verbs: they're the proudest -- adjectives you can do anything with, but not verbs -- however, I can manage the whole lot of them! Impenetrability! That's what I say!'
        `Would you tell me please,' said Alice, `what that means?'
        `Now you talk like a reasonable child,' said Humpty Dumpty, looking very much pleased. `I meant by "impenetrability" that we've had enough of that subject, and it would be just as well if you'd mention what you mean to do next, as I suppose you don't mean to stop here all the rest of your life.'
        `That's a great deal to make one word mean,' Alice said in a thoughtful tone.
        `When I make a word do a lot of work like that,' said Humpty Dumpty, `I always pay it extra.'
        `Oh!' said Alice. She was too much puzzled to make any other remark.
        `Ah, you should see 'em come round me of a Saturday night,' Humpty Dumpty went on, wagging his head gravely from side to side, `for to get their wages, you know.'
        (Alice didn't venture to ask what he paid them with; and so you see I can't tell you.)

    version originale par Lewis Carroll en 1871 (gutenberg.org)

     


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  •     Un opuscule imprimé à l'occasion de la consécration du temple parisien de la rue Vergniaud qui eu lieu le 23 octobre 1913 relate comment la compagne de Louis Antoine avait procédé. Arrivée à Paris, la veille, la Mère avait dormi dans le futur cabinet de consultation avec un de ses filles adoptives, elle s'y était recueillie avant l'opération générale de dix heures. L'assistance était si nombreuse qu'il fallut répéter quatre fois l'office. A onze heures, la consécration était terminée. Il est relaté qu'en cette occasion, une adepte paralysée depuis neuf ans, venue de Vichy pour assister à la cérémonie, a retrouvé l'usage de ses membres. L'auteur, anonyme, insiste beaucoup sur le 'fluide éthéré' transmis par la Mère. La guérison obtenue ce jour-là en témoigne. C'est par la victoire telle qu'on en voit à Lourdes sur une maladie particulièrement dramatique que le temple commençait sa carrière. En la mentionnant, le rédacteur indique la visée du nouveau lieu de culte : d'abord soulager ceux qui souffrent en même temps qu'il articule la pratique inaugurée ce jour-là au charisme du fondateur.

    Régis Dericquebourg, Les Antoinistes
    Editions Brepols, p.102-103

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  •  Opopoï! s'écrient ils en ouvrant les yeux. Opopoï! quel songe avons-nous enfanté là! Mauvais présage, dit le premier. Oui-da, dit le second, c'est bien vrai, me voilà triste. Ne vous troublez pas ainsi, dit le troisième qui était le plus futé, il ne s'agit pas de s'émouvoir, mais de comprendre, bref, je m'en vais vous analyser ça.

     


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  •  Se raconter son propre conte ici. Ce genre sera ensuite développé par les Livres dont vous êtes le héros (ou LDVELH ou LDVH).


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  •  l'histoire originale sur gutenberg.org


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  • Le Culte Antoiniste (La Liberté, 27 octobre 1913)    Le culte Antoiniste.

    Le "Père" Antoine était un "guérisseur" dans le genre du zouave Jacob. Il opérait des cures prodigieuses. Il mourut l'an dernier à Jemmapes-lez-Liége, en Belgique.
        De ses cendres est née une religion. Le culte "Antoiniste" a ses desservants et ses adeptes, de plus en plus nombreux. La "Mère", veuve du "Père" Antoine, a hérité des vertus curatives de son mari et continue son commerce, secondée par un homme chevelu et barbu qui s'est fait une tête de prophète. C'est le père. Il est chargé d'évangéliser les masses, car la "Mère" se contente de faire des gestes.
        Les Antoinistes ont construit à Paris, à l'angle des rues Vergniaud et Wurtz, quartier de la Maison-Blanche, un petit temple. Les vitraux y sont remplacés par des carreaux blancs. Il n'y a ni croix, ni statues, ni tableaux, ni symboles religieux d'aucune sorte. À l'extérieur comme à l'intérieur, les murs sont nus, On y lit des inscriptions comme celles-ci. Sur la façade : "1913. Culte Antoiniste". Dans le temple, à l'entrée, et mise là comme une enseigne, cette autre : "Le père Antoine, le grand guérisseur de l'humanité, pour celui qui a la foi". Dans le fond, cette pensée philosophique : "Un seul remède peut guérir l'humanité : la foi. C'est de la foi que naît l'amour. L'amour qui nous montre dans nos ennemis Dieu lui-même. Ne pas aimer ses ennemis, c'est ne pas aimer Dieu, car c'est l'amour que nous avons pour nos ennemis qui nous rend dignes de le servir ; c'est le seul amour qui nous fait vraiment aimer, parce qu'il est pur et de vérité". Il n'y a point d'autels dans ce temple. Au fond, s'élève une chaire en bois très simple. Cloué au panneau de face, un cadre renferme sous vitrine, peint en blanc, un petit arbre semblable à un arbre japonais. Une inscription en lettres blanches avertit que c'est "l'arbre de la science de la vie et du mal", unique symbole du culte antoiniste. Cet arbre reparaît, découpé sur une plaque d'acier ajustée à une hampe que tient à deux mains un desservant, faisant office de bedeau. Les desservants ont un uniforme complètement noir : longue redingote austèrement boutonnée jusqu'au menton, chapeau demi haute-forme à bords plats : il a à peu près la forme de ce petit chapeau illustré par M. Alexandre Duval, avec le chic en moins.
        Ce matin, il y avait un grand nombre de curieux pour l'inauguration du temple, d'autant plus que la "Mère" devait opérer des guérisons. Une vieille femme, soutenue par deux de ses amies, se dirige vers la place destinée aux malades au pied de la chaire. Chaque pas qu'elle fait lui coûte un effort et lui arrache une plainte. Ses yeux brillent d'un éclat fiévreux. Elle marche le corps plié. On l'installe sur une chaise.
        Un desservant donne trois coups de sonnette espacés comme à la messe à l'élévation. Une porte s'ouvre et la "Mère" paraît, vieille dame toute vêtue de noir, propre et décente. À son chapeau est épinglé le voile des veuves. Elle monte, les mains jointes, l'escalier qui conduit à la chaire. Là, elle se raidit dans une pose extatique. Puis, lentement, ses bras se lèvent et s'écartent, tandis que ses lèvres murmurent des mots incompréhensibles. Elle joint les mains, les porte à droite puis à gauche ; enfin elle se prosterne. C'est fini. Reprenant sa figure normale, la Mère descend l'escalier de la chaire et sort. Suivie du père qui, pendant cette consultation mystique, s'était immobilisé auprès de la chaire dans une attitude inspirée, elle va s'enfermer dans une baraque en planches placée derrière le temple et pareille à ces baraques où les terrassiers de la Ville rangent leurs outils. La malade s'est levée dans un effort de toute sa volonté. Mais cette ardeur s'est éteinte aussitôt et elle part comme elle est venue, soutenue par ses compagnes. Une jeune femme prend sa place. Elle tient dans ses bras une fillette de 4 à 5 ans, d'une maigreur douloureuse. Toute la vie semble s'être réfugiée dans les yeux. Ses bras et ses jambes pendent inertes. Le corps, plié sur le bras gauche de la mère, a la souplesse d'une étoffe. Indifférente à ce qui se passe autour d'elle, elle tient ses regards fixés vers le cintre. Le trouble de la jeune femme apparaît à la pâleur cireuse du visage. À tout moment, elle essuie avec son mouchoir la sueur froide qui perle à son front. La même cérémonie se reproduit : coups de sonnette du desservant, apparition de la vieille dame, même jeu de scène sans la moindre modification. Il s'applique à tous les cas. La mère remporte son enfant qui a gardé son aspect de loque vivante. Dans l'assistance, pas la moindre manifestation. On regarde tout cela avec stupeur. L'impression d'angoisse qu'on éprouve de ce spectacle arrête l'ironie. Dehors, des groupes se forment. J'écoute un gros homme dont l'haleine fleure le rhum dire à un desservant : "Pourquoi qu'on n'irait pas, si on a la foi ?". Passant son bras sous le sien il ajoute : "Allons prendre un verre, ça nous remettra".

     La Liberté, 27 octobre 1913


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  • Le Culte Antoiniste compte trois Temples à PARIS: le plus ancien, Rue VERGNIAUD, 34 dans le 13° Arr.- les deux autres: Impasse ROUX, 10 dans le 17° et Rue PRE-ST-GERVAIS, 49 dans le 10°.

    Le Siège social du Culte Antoiniste, pour la FRANCE se trouve au Temple de la Rue du PRE-ST-GERVAIS.

    Le Centre Moral est logé au Temple Antoiniste de la Rue VERGNIAUD.

    Ce Temple date de 1913. Il fut consacré par la Mère ANTOINE, le 26 octobre 1913.

    Cette consécration eut lieu avec la participation d'un grand nombre d'adeptes belges. Un train spécial fut affrété au départ de LIEGE, le 25 octobre. Il s'est arrêté à JEMEPPE-sur-MEUSE pour recevoir Mère. A ce moment, le nombre de participants s'élevait à environ 400 !

    A CHARLEROI, vinrent se joindre des groupes en provenance de SOUVRET, FORCHIESZ, ROUX, JUMET.

    Le nombre était ainsi tellement imposant qu'il provoqua certains embarras pour prendre le métro à la Gatre du Nord de PARIS. Vu qu'un grand nombre d'adeptes français s'étaient déplacés pour attendre les adeptes belges.

    Le groupe entier se reforma à la station de métro "CORVISART". De là, un immense cortège d'antoinistes revêtus de l'habit du Culte se rendit à la Rue VERGNIAUD.

    Le Temple Antoiniste de la Rue  VERGNIAUD est placé à l'angle de deux rues. Il est construit en ciment armé conçu "à l'épreuve des siècles", selon ce qu'en dirent les participants. Son architecture est de type néo-roman. La grande porte d'entrée est faite d'un arc en plein cintre, doublé d'arcs en retrait et moulurés. Trois baies la surmontent. Elles s'élèvent parallèlement, étroites, allongées et cintrées. Sur les deux côtés de la façade, trois baies plus petites sont disposées dans un ordre différent, l'une étagée au-dessus des deux autres. La façade supérieure  porte, en grandes lettres:
    CULTE ANTOINISTE
    1913

    Un large perron de deux marches donne accès au porche.

    L'intérieur ressemble à tous les autres Temples Antoinistes, sauf, comme à JEMEPPE, la présence d'une galerie supportée par huit colonnes à base et chapiteaux romans.

    La consécration eut lieu le lendemain devant une foule encore plus considérable puisque des adeptes en provenance de BRUXELLES, du NORD, de l'AISNE, de TOURS, de VICHY, de GRENOBLE et de MONACO avaient fait le déplacement. Il y avait aussi quelques adeptes venus du CANADA.

    Mère dut répéter l'OPERATION quatre fois, 600 personnes avaient pu prendre place deans le Temple, au rez-de-chaussée et dans les galeries supérieures à chaque OPERATION.

    Les participants, après avoir assisté aux OPERATIONS se rassemblèrent devant le TEMPLE. Après les OPERATIONS GENERALES, on vint faire la lecture des "DIX PRINCIPES" en dehors du Temple. Il était plus de 11H00 lorsque la consécration fut terminée.

    P.B.

    source : http://antoinisme.20six.fr/


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  • André THERIVE: un temple Antoiniste dans le roman "SANS ÂME" (1927)

    Remarque: Il ne  m'a pas été possible de localiser le Temple selon les implantations actuelles. Peut-être s'agit-il d'un Temple dont l'existence a été éphémère ou un Temple imaginaire à l'image des autres Temples. Il faut aussi signaler que, dans ce passage, le desservant fait sa lecture en "picorant" des passages éparpillés dans l'ENSEIGNEMENT. Ce qui n'est pas dans les règles qui leur sont imposées.


    " A une fourche de rues presque sans maisons, une grille, un jardinet triangulaire, un perron de ciment, une façade en carreaux de plâtre, qui entrebâillait une  porte ronde, chargée d'écriteaux. Le petit temple érigeait au-dessus de son fronton à longues meurtrières, et un clocher svelte, un pignon grossier sans croix ni girouette.

        Personne dans la rue, ni le long des chantiers qui s'allongeaient çà et là, ni aux portes d'un gros pâté d'immeubles qui limitait la place déserte, sur le versant de la Maison-Blanche. Personne dans le vestibule. Une porte cria, les pas sonnèrent; et Julien vit la chapelle. Il s'assit sur un banc de bois... Dix fidèles en tout s'égrenaient des deux côtés d'une allée où un poêle torride lançait son tuyau vers la voûte; une seule lampe jaune abattait derrière les colonnes de fonte des ombres qui rampaient sur les murs, étayaient une galerie nue,recouvraient parfois une femme affalée dans un coin et dont le recueillement simulait le sommeil.

       Au fond, dans une chaire d'instituteur, un homme lisait quelque chose, d'une voix lente et rauque d'écolier appliqué. Sa diction était si monotone qu'elle semblait respecter le silence: un bois craquait soudain, un fidèle reniflait, puis tout tremblait sous le grondement d'un tram qui emplissait la rue entière.

    ........

       Derrière (le récitant) le gaz éclairait une plaque en verre dépoli, ornement d'une tribune plus haute. Il y avait un arbre en pot peinturluré sur le verre. Et, plus haut encore, la paroi offrait comme un immense tableau noir, où un texte redisait: Culte Antoiniste. L'Auréole de la Conscience. Un seul remède peut guérir l'humanité: la FOI. C'est de la FOI que naît l'l'amour....L'Enseignement du Père Antoine, c'est l'Enseignement du  Christ révélé à cette époque par la Foi...

       L'arbre peint s'ornait d'une banderole: Arbre de la Science de la vue du mal. "

    source : http://antoinisme.20six.fr/


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  •     Heureux tous ceux qui, nés avant la Science, avaient le privilège de mourir dès leur première maladie !

        Avoir introduit le soupir dans l'économie de l'intellect.

         Mes fatigues, mes troubles, mon intérêt forcé pour la physiologie m'ont amené très tôt au mépris de toute spéculation comme telle. Et si, durant tant d'années, je n'ai fait aucun progrès en rien, du moins aurai-je appris à fond ce que c'est qu'un corps.

    E.M. Cioran, Ebauches de vertige
    Folio - 2E, p.13


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  •     Réflexion sur la connaissance :
        Connais-toi !

    Camille Goemans, Ecrits, Aphorismes
    Editions Labor - Espace Nord, p.135


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  • Les mots comme monnaie pour l'espace et le temps,
    Les mots passeurs au ras des eaux,
    Dites l'indigence des mots !

    Mais dires aussi le luxe et la fécondité
    Des mots tous feux éteints
    Plongeant aux gouffres du silence
    Et qui affleurent à l'aube sur nos lèvres
    Tout gorgés d'âme.

    Claire Lejeune, Mémoire de Rien, La gange et le feu,
    Editions Labor - Espace Nord, p.12


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  • Seigneur, ayez pitié des hommes d'aujourd'hui.
    Ils ont déplacé les frontières de l'esprit
    Il y a beaucoup de poètes, en ce moment, à Paris
    Leur esprit est orné comme un arbre de Noël.
    L'âme de l'homme flotte comme du liège
    l'âme de l'homme brille comme du sel.
    Seigneur, ayez pitié des hommes d'aujourd'hui.
    Le bruit des voix a remplacé le sens des mots.
    Le samovar bout dans l'isba du moujik.
    Les jeunes ne vivront plus selon les vieilles lois
    Ils peignent des formes neuves avec des couleurs fraîches
    Ils étaient las d'attendre et si las d'espérer,
    et de regarder la vie à travers un vitrail décoloré.

    Paul Neuhuys, On a beau dire
    Seigneur, Editions Labor - Espace Nord, p.20


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  •     "Comment surtout se rendre compte de la marche de la Grâce dans une âme si l'on supprime les traces de son passages, si l'on effaces les premières empreintes qu'elle a laissées ?" (p.XIV)

        K.J. Huysmans se tourna de plus en plus vers le catholicisme après être passé par le spiritisme. Il évoque ici les critiques des catholiques voulant lui faire détruire son oeuvre majeure A Rebours.

        "Je me détachais seulement, peu à peu, de ma coque d'impureté ; je commençais à me dégoûter de moi-même, mais je rebiffais quand même sur les articles de Foi. Les objections que je me posais me semblaient être irrésistible ; et un beau matin, en me réveillant, elle furent, sans que j'ai jamais su comment, résolues. Je priai pour la première fois et l'explosion se fit. (p.XVIII)

    source : gallica2


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