• Charleroi - La seconde journée du Congrès spirite (Le Petit bleu du matin, 5 juin 1906)(Belgicapress)                                              CHARLEROI
    La seconde journée du Congrès spirite.
    (Service spécial du « Petit Bleu ».)

        Les congressistes spirites se sont occupés lundi matin de l'organisation des groupements, notamment des fédérations locales de Liége, Charleroi et Bruxelles.
        Nombre de discours ont été lus et il faut rendre cette justice aux spirites qu'ils possèdent parmi eux passablement de causeurs et discoureurs de talent.
        Mais les contradicteurs n'avaient pas, non plus, leur langue en poche, et on a blagué ferme les pratiques que certains groupes emploient et qui peuvent faire ressembler leurs séances à des scènes bizarres et souvent comiques.
        On a aussi „bêché” consciencieusement les médiums guérisseurs, qui font trafic de leurs pouvoirs, et plusieurs délégués liégeois ont critiqué véhémentement le rapport élogieux qu'un instituteur, M. Delcroix, avait fait du médium Antoine, un guérisseur renommé dans toute la province de Liége.
        En thème général, on a réprouvé toutes les méthodes, toutes les pratiques qui étaient de nature à assimiler le spiritisme à une religion.
        „Ce que nous voulons, a dit très nettement un congressiste, c'est rechercher la vérité, étudier la cause des phénomènes que nous observons et, pour cela, il faut que nous exercions un contrôle sérieux et minutieux sur toutes nos séances afin d'en écarter tous ceux qui, volontairement, par supercherie, ou involontairement, par auto-suggestion, nous induiraient en erreur.”
        Cette séance fort intéressante a été levée à midi et demi, pour être reprise à 2 h. 1/2, pour la séance de clôture.
        De nouveaux rapports ont été lus sur les moyens de propagande et de diffusion des théories spirites. Un professeur d'école moyenne, M. Demoulin, de Liége, a fait un exposé troublant des phénomènes enregistrés par lui. Le rapporteur est un médium visionnaire et tous les faits qu'il a observés ont été vérifiés et contrôlés avec minutie. Ils ont fait une profonde impression sur l'assistance. Ces faits, dont la réalité dans ces conditions ne saurait être contestée, ont éveillé la curiosité des plus profanes, tant ils sont de nature à provoquer l'étude des phénomènes spirites.
        Après une deuxième […] d’un insigne spécial, le Congrès a élu plusieurs commissaires au comité fédéral, MM. Quinet, Honart, Piérard et Fritz ; et l'assemblée a désigné, à l'unanimité, la ville d'Anvers comme siège du Congrès de 1907.
        M. le chevalier Le Clément de Saint-Marcq, en clôturant les débats, a déclaré que les spirites pouvaient se réjouir à bon droit des travaux du Congrès de 1906, et il a émis l'espoir que les congressistes trouveraient à Anvers un accueil aussi aimable que celui rencontré à Charleroi.

    Le Petit bleu du matin, 5 juin 1906 (source : Belgicapress)


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  • Messie du XIXe siècle, déclaration de M.H.[ollange?] (L'Enseignement, p.84 ,1905)

    L'Enseignement, p.84 ,1905

        Déclaration de M.H.

        Peut-être s'agit-il du frère Hollange. Précisons qu'au contraire de son neveu, le Père Dor, le Père Antoine ne s'est jamais revendiqué lui-même être un "messie". Jules Leclerc, qui fut déclaré instable, l'aurait appelé dans sa déclaration au juge de son procès "Notre Messie".
        Mère fut inspirée en 1935, de placer dans les temples, sur la tribune, une pancarte : "Le Père est le Christ des Antoinistes, il est le deuxième messie". Puis il fut retiré. C'est ainsi que le nomme Vital Coutin dans son livre. C'est également la presse qui emploie souvent ce terme (Gazette de Charleroi, La Croix, Le Monde illustré, Le Temps...).


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  • Mort d'Adolphe Regnier sur la voie publique (La Meuse, 4 février 1903)(Belgicapress)

    JEMEPPE

        MORT SUR LA VOIE PUBLIQUE. – Mardi, vers 8 heures du matin, Alphonse Regnier, secrétaire communal, à Neuville-en-Condroz, est tombé mort rue Hulos, à Jemeppe.
        M. Regnier est décédé tandis qu'il se rendait chez le "guérisseur" de Jemeppe.
        M. le docteur Delville, mandé immédiatement, n'a pu que constater la mort. M. Regnier était âgé de 66.

    La Meuse, 4 février 1903 – numéro du matin (source : Belgicapress)

    Mort d'Alphonse Regnier (La Meuse, 4 février 1903)(Belgicapress)

        Nous apprenons la mort de M. Alphonse REGNIER, instituteur pensionné, échevin et secrétaire communal de Neuville-en-Condroz.
        Nommé instituteur de cette commune en 1855, il remplit ces fonctions jusqu'en 1892 avec un zèle, une abnégation rares.
        Travailleur infatigable, fonctionnaire d'élite, d'une serviabilité à toute épreuve, il était parvenu à se concilier l'estime et l'affection de tous ceux qui l'ont connu. M. Regnier était âgé de 66 ans et décoré de la croix civique de Ire classe.

    La Meuse, 4 février 1903 – numéro du soir (source : Belgicapress)

    Mort d'Adolphe Regnier - Nécrologie (La Meuse, 4 février 1903)(Belgicapress)

    NECROLOGIE

        – Les funérailles de M. Alphonse REGNIER, instituteur communal pensionné, échevin et secrétaire communal de la Neuville-en-Condroz, ont eu lieu samedi, au milieu d'une affluence véritablement extraordinaire. Le train spécial du Val-Saint-Lambert a pu contenir à peine les assistants venus de Liége et du bassin de Seraing. La place Communale était littéralement noire de monde.
        Nous y avons remarqué une foule de notabilités.
        Le deuil était conduit par les deux fils du défunt, MM. Gust. Regnier, instituteur à la Neuville-en-Condroz, M. Em. Regnier, professeur à Liége.
        Trois discours ont été prononcés par M. Olivier, au nom de l'Administration ; par M. Georges, inspecteur cantonal, et par un ancien élève. M. Regnier était le cousin de M. Célestin Demblon, représentant.

    La Meuse, 9 février 1903 (source : Belgicapress)

     

        Cette mort regrettable est utilisée par André Kervyn pour discréditer le Père. En effet, d’après lui, Antoine-le-guérisseur aurait en vain tenté de le ressusciter.


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  • Over 't geloof der ongeloovigen (Gazet van Antwerpen, 24 octobre 1933)(Belgicapress)Van Dag tot Dag

    OVER 'T GELOOF DER
    ONGELOOVIGEN

        Het is een feit dat de wereld ten prooi ligt aan verwildering en opstand. Tot zelfs de natuurkrachten schijnen er deel te willen aan nemen. Als ge nagaat wat de bladen vertellen over de ongelukken, de rampen die veroorzaakt worden door de weergesteltenis of toe te schrijven zijn aan aardbevingen, vuurspuwende bergen en andere verschijnselen, waartegen de mensch en al zijne wetenschap niets vermogen, zou men geneigd zijn gelijk te geven aan de oudjes, die hoofdschuddend verklaren, dat dit alles niet natuurlijk mag geheeten, en God gedaan wil maken met de aarde die Zijne onmetelijke goedheid blijft sarren en uitdagen.
        Zooverre zal het wel niet gekomen zijn, maar dat er redenen bestaan voor zorg en angst is een feit. Afschuwelijke moorden en zelfmoorden zijn nooit zoo wreed en zoo talrijk voorgekomen.
        Als wij den buitennatuurlijken kant van onze eigen streek nagaan, doen zich hier ook geen zonderlinge zaken voor?
        Die verschijningen die zich eerst in het Walenland veropenbaarden, of toch zoo betiteld worden, en nu ook in het Vlaamsch gedeelte worden gesignaleerd, is dat ook geene ongewoonheid die angst doet ontstaan?
        De Kerk deed nog geene uitspraak, maar als onderdanige kinderen van Godes vertegenwoordigers op aarde, wachten wij geduldig op Hare beslissing en staan zoo verre af van die enkele katholieke geschoolden, die al wat er in ons land in dien aard gebeurde voor leugen, valschheid en misleiding brandmerkten, als van die geloofsgenooten die wijzer dan de godgeleerden meenen te zijn, en onze geestelijke overheid laken, omdat zij niet heelemaal medegaat, met al die uitingen van Themelsche tusschenkomst, die zich, zoogezegd, op tien verschillige plaatsen van ons land voordeden.
        Laat God handelen en betrouwen wij volkomen dat hetgeen waarin zijn vinger werkzaam is, strekt tot ons goed.
        Liberalen en socialisten, hadden zich daarover op den zelfden oogenblik een gedacht gemaakt. Zij wisten het eens 200 goed als Elias zelf, die zijn doorzicht verleden jaar op al de schouwburgen van het heele Vlaamsche land ten toon spreidde.
        Nochtans, indien er menschen zijn die een buitengewoon groot vertrouwen in het bijgeloof stellen zijn het wel dezulken die nooit eene kerk van binnen zien en inzonderheid de socialisten. Herinneren wij hier enkel dat zij ten eigen gerieve een persoon als ziender proclameerden, namelijk Antoine le guérisseur, die nog steeds een sterk kliënteel bezit onder Waalsche koolgravers en zelfs te Hoboken vele getrouwen telt.
        Overigens er verloopen geen weken, of er worden personen voor den rechter gebracht die de volgelingen van Emiel Vandervelde, met allerhande aardige practijken goeden raad en zoogeheeten genezingen bezorgden, moyennant finances, voor boter bij de visch.
        Deze week nog werd zoo eene geneesster van Haine St Paul, de 60-jarige vrouw Lanckmans, door het gerecht ondervraagd, nopens hare broodwinning, die hierin bestond dat zij hare getrouwen, die in haar blindelings geloofden, de zotste verplichtingen oplei, en ze deed afdokken, niet naar den graad hunner krankheid maar naar den graad hunner lompheid.
        Waarom ketteren de roode bladen op deze ongelukkigen niet, die bij duizenden dergelijke schepselen aan een gemakkelijk leventje en warme voeten e helpen?                             Wannes

    Gazet van Antwerpen, 24 oktober 1933 (source : Belgicapress)

     

    Traduction :

    Au jour le jour
    SUR LA FOI DE
    CROYANTS

        C'est un fait que le monde est en proie à la sauvagerie et à la rébellion. Même les forces de la nature semblent vouloir y prendre part. Si vous regardez ce que disent les journaux sur les accidents, les désastres causés par le temps ou par les tremblements de terre, les montagnes crachant du feu et autres phénomènes, contre lesquels l'homme et toute sa science sont impuissants, vous seriez enclins à être d'accord avec les vieux, qui secouent la tête et déclarent que tout cela ne peut pas être appelé naturel, et que Dieu veut en finir avec la terre qui continue à tourmenter et à défier son immense bonté.
        On n'en est peut-être pas là, mais il est certain qu'il y a des raisons de s'inquiéter et de craindre. Jamais les meurtres et les suicides n'ont été aussi cruels et aussi nombreux.
        Si nous regardons le côté surnaturel de notre propre région, des choses étranges n'arrivent-elles pas ici aussi ?
        Ces apparitions qui se sont d'abord manifestées en région wallonne, ou du moins c'est ainsi qu'on les appelle, et qui sont maintenant également signalées dans la partie flamande, n'est-ce pas là aussi un fait rare qui suscite la peur ?
        L'Église ne s'est pas encore prononcée, mais en tant qu'enfants soumis des représentants de Dieu sur terre, nous attendons patiemment sa décision et sommes très éloignés de ces quelques érudits catholiques, qui brandissent tout ce qui s'est passé dans notre pays pour des mensonges, des faussetés et des tromperies, et de ces coreligionnaires qui se croient plus sages que les théologiens, et qui dénoncent notre ecclésiastique parce qu'il n'est pas entièrement d'accord avec toutes ces manifestations d'intervention thémélienne, qui ont eu lieu, pour ainsi dire, en dix endroits différents de notre pays.
        Laissons Dieu agir et nous avons une confiance totale dans le fait que ce sur quoi son doigt travaille, est pour notre bien.
        Les libéraux et les socialistes avaient pris leur décision au même moment. Ils le savaient aussi bien qu'Elias lui-même, qui l'année dernière a montré sa perspicacité dans tous les théâtres de tout le pays flamand.
        Cependant, s'il y a des gens qui mettent leur foi dans la superstition, ce sont ceux qui ne voient jamais l'intérieur d'une église, notamment les socialistes. Il suffit de se rappeler qu'ils ont proclamé un personnage comme devin à leur profit, à savoir Antoine le guérisseur, qui a encore une forte clientèle parmi les mineurs wallons et qui compte même à Hoboken de nombreux fidèles.
        D'ailleurs, il ne se passe pas de semaines sans que soient traduits en justice des gens qui ont donné aux disciples d'Emile Vandervelde de bons conseils et de prétendus remèdes par toutes sortes de pratiques sympathiques, en échange d'argent.
        Cette semaine même, un guérisseur de Haine St Paul, Mme Lanckmans, âgée de 60 ans, a été interrogée par le tribunal sur son gagne-pain, qui consistait à apprendre à ses fidèles, qui croyaient aveuglément en elle, les obligations les plus folles et à les faire payer, non pas selon le degré de leur maladie, mais selon le degré de leur grossièreté.
        Pourquoi les lames rouges ne crépitent-elles pas sur ces malheureux, qui aident par milliers ces créatures à avoir une vie facile et des pieds chauds ?                             Wannes

    Gazet van Antwerpen, 24 octobre 1933 (source : Belgicapress)


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  • Congrès Spirite de Liège (1905)

        Le site spiritisme.net met plusieurs comptes-rendus de congrès spirites notamment celui tenu à Liège les 11 & 12 juin 1905.
    adresse du site : https://sites.google.com/spiritisme.net/encyclopedie-spirite/livres/congrès-et-conférences
    Adresse du document PDF direct : https://drive.google.com/file/d/1Dc8OaWzPS73J6w6dHGCJsOy7BbC7Ucd5/view
    ou encore ici :
    https://www.autoresespiritasclassicos.com/Gabriel%20Delanne/Congresso%20Espirita%20de%20Liege-Belgica%20(1905)/Congr%C3%A8s%20Spirite%20Li%C3%A8ge%20(1905).pdf


        On lit que la date du dernier Congrès tenu à Liège remonte à trente ans. Donc en 1875, Louis Antoine était en Prusse et ne s'intéressait pas encore au spiritisme. C'est donc certainement en 1905 qu'il rencontra Léon Denis. Le congrès suivant à Liège sera en 1923 (cf. le site L'ésothentique.
        Dans ce compte rendu, on lit la recommandation suivante (p.5) : "Permettez-moi de vous recommander les livres qui sont en vente ici, à l'entrée de la salle, livres de M. Antoine, livres de M. Léon Denis et livre des prières. Chaque spirite voudra posséder ces ouvrages qui doivent figurer dans la bibliothèque de tous ceux qui veulent sincèrement pratiquer et encourager le spiritisme. (Applaudissements.)
        Mais lors de la réunion du 11 Juin après-midi (p.22), "un léger incident est soulevé par MM. Delcroix et Hollange qui expliquent l'abstention de M. Antoine et de son groupe. Cet incident menaçant de faire perdre un temps précieux, M. le Président déclare ne pouvoir continuer la parole aux interrupteurs et l'ordre du jour est repris."
        Une note de bas de page précise que "Le Comité Fédéral a reçu depuis du Groupe Antoine une lettre qui donne une excellente solution à la difficulté soulevée".
        Enfin une large part est faite aux guérisons obtenues par les Médiums guérisseurs. Ce chapitre (p.81) commence par les mots suivants : "Outre les certificats dont nous donnons la reproduction, nous en avons reçu une quantité d'autres délivrés aux mêmes médiums. L’exiguïté des ressources financières dont nous disposons ne nous permettant pas de les publier, nous en donnons ici le résumé succinct avec un mot sur chacun des guérisseurs de notre pays, parmi lesquels M. Antoine, de Jemeppe-sur-Meuse, occupe le premier rang, par le nombre de malades qu'il reçoit chaque jour et celui des guérisons qu'il obtient." Suivent la liste des médiums et attestations de guérisons, la plupart de la région de Charleroi et quelques-uns de Liège.

        Dans le compte rendu du Congrès spirite de Liège en 1908, alors que le Père s'est séparé du spiritisme, le témoignage du médium guérisseur Jean Dumoulin (qui reçoit avec sa fille à Liège, rue de Waremme) qui nomme le Père "notre frère Antoine de Jemeppe". L'animosité des spirites envers l'antoinisme n'a donc pas toujours été aussi tranchée.
        Cependant le Rapport de la F. S. de Liége, donné dans le compte rendu du Congrès spirite de Namur en 1912 (p.30), annonce les raisons de la périclitation des groupes spirites : "L'autoritarisme ou l'ignorance du chef de groupe, l'orgueil et la rivalité des médiums, l'influence de l'antoinisme, l'irrégularité des profanes à nos séances, profanes insuffisamment préparés, l'éloignement ou la mauvaise situation du local des réunions, et surtout le manque d'organisation (défaut de règlement, de comité, de bibliothèque, etc."
        C'est au cours du Congrès de 1913 à Namur que le Président M. Fraikin dénonce les causes de l'affaiblissement du spiritisme qui sont en premier lieu "l'antoinisme qui, pour des raisons
    peu avouables, refusa toujours de marcher avec nous".
        Pourtant une communication de M. Debie cite en exemple l'antoinisme et l'Institut des Forces Psychosiques et pose la question :
        "Que faut-il pour rallier les nombreux malades qui passent par les mains de nos guérisseurs.
        "Un bel exemple nous est donné par les Antoinistes d'une part et par l'Institut psychosique de Douai, d'autre part ; nous serait-il si difficile de suivre ces exemples ?"
       


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  •     "Nous sommes arrivés chez Antoine vers 9 1/2 heures du matin. Un nombre considérable de personnes se trouvait déjà dans l'antichambre. Celle-ci est une vaste pièce, récemment construite, dont les murailles sont décorées du portrait du curé d'Ars, du portrait d'un vieux Monsieur [peut-être Allan Kardec pour Pierre Debouxhtay] et d'une peinture de Carolus Leclercq, représentant le Christ imposant les mains à un enfant tenu par sa mère. Par places aussi des recommandations imprimées invitant le public au recueillement, à la compassion et à la propreté, indiquant les heures auxquelles on peut être reçu. Des tableaux de la Ligue contre l'Alcoolisme complètent cette décoration.
        "Le cabinet où se trouve Antoine est séparé de cette antichambre par une porte vitrée. Au moment de notre arrivé, Antoine est en train d'examiner et de traiter un enfant tenu sur les genoux de sa mère".

    déposition des médecins G.Corin et Lenger, le 19 décembre 1900

    Pierre Debouxhtay, p.78-79


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  • Tribunaux - Un spirite guérisseur (Le Petit bleu du matin, 21 février 1901)(Belgicapress)

    TRIBUNAUX

    TRIBUNAL CORRECTIONNEL de LIÈGE

    UN SPIRITE GUÉRISSEUR.

        Le tribunal correctionnel de Liége vient de condamner à une amende conditionnelle de 60 francs, pour exercice illégal de l'art de guérir, M. A..., de Jemeppe, un spirite qui donnait chez lui, gratuitement, d'ailleurs, des consultations.
        Il recevait jusqu'à 80 malades par jour, leur imposait les mains, et leur remettait des papiers magnétisés par lui, que le patient devait placer sur le siège du mal, ou, encore, faire tremper dans un verre d'eau qu'il avalait ensuite.
        Il a été établi à l'audience que M. A. obtenait, par suggestion évidemment, de très nombreux succès. Parmi les témoins, citons un homme qui avait à la jambe une plaie purulente. Chaque année, celle-ci se rouvrait, et il était obligé de garder le lit durant un mois. En trois jours, il a été totalement guéri par M. A..., qui n'a même pas regardé la jambe.
        M. le docteur Corin a fait observer au tribunal, que ce cas n'a rien d'invraisemblable. Les gens qui vont en pèlerinage à Lourdes sont de même très souvent guéris de plaies et d'ulcères, l'autosuggestion opérant fortement en eux.

    Le Petit bleu du matin, 21 février 1901 (source : Belgicapress)


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  • Conférence sur Maître Antoine le Guérisseur (Gazette de Charleroi, 5 et 9 septembre 1906)(Belgicapress)

        La Gazette de Charleroi, annonce les 5 et 9 septembre 1906 à Liège la prochaine conférence "spirite" que le sujet "Qu'est-ce que le spiritisme et Maître Antoine le Guérisseur", organisée par les frère Hollange et Delcroix.

    (source : Belgicapress)

    Liège - Rue de la Station - Hôtel de l'Espérance (1905)

    Liège - Rue de la Station - Hôtel de l'Espérance (1905)


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  • Guérisseurs et charlatans (Le Mémorial de Lombez, 7 juillet 1912)GUÉRISSEURS ET CHARLATANS

        Le 30 juin dernier, avaient lieu, en pays walon, à Jemmapes-lès-Liège, au milieu d'une foule énorme de fidèles que les trains amenaient de tous les points de la Belgique, les obsèques d'un thaumaturge vraiment extraordinaire, Antoine-le-Guérisseur, qui n'avait fait rien de moins que de fonder une religion, variété de christianisme mélangé de théosophie. Il guérissait par la prière et l'imposition des mains à la manière des christian scientists d'Angleterre et d'Amérique.
        Peu à peu les malades de l'âme comme les malades du corps, les incurables, les déséquilibrés, les névropathes, tous ceux que les médecins avaient abandonnés, avaient appris le chemin du petit pays de Jemmapes où Antoine avait son temple et tenait ses assises de médecine religieuse. Depuis plusieurs années il y avait les foules de Jemmapes comme les foules de Lourdes et les « antoinistes » formaient une communauté éparse en divers lieux, même hors de Belgique, et fort nombreuse.
        Ce n'est que fort tard, déjà un vieillard, qu'Antoine se révéla le « prophète » et « l'homme de Dieu ». Pendant nombre d'années, petit bourgeois, presque du peuple, il était un homme comme un autre, un simple employé à la division des forges et martelage de la Société Cockerill. Il fut ensuite encaisseur à la société anonyme des tôleries liégeoises. Puis il s'occupa d'assurances. Enfin vinrent la grâce, l'action et la prédication publiques.
        Bien que les fonds affluassent à son culte, Antoine-le-Guérisseur a toujours vécu modestement et exemplairement. Ses ressources, il les employa à la construction de son temple et des maisons ouvrières qui l'entourent ; il avait aussi organisé une imprimerie où se publiait chaque semaine un journal qui tirait à plus de 20.000 exemplaires et répandait la doctrine.
        Il y a quelques mois les « antoinistes » de Belgique avaient adressé aux Chambres une pétition recouverte de cent mille signatures et demandant que la religion nouvelle fut reconnue par l'Etat.
        Le corps du prophète défunt, qui avait été exposé plusieurs jours dans le « sanctuaire », ainsi qu'il le nommait, où il prêchait et imposait les mains aux malades, a été porte par douze hommes de la communauté. L'un des plus qualifiés adeptes du maître, M. Delcroix, professeur à l'athénée de Liège précédait, élevant à bout de bras une tige d'arbuste figurant l'arbre de la science du bien et du mal. Ainsi qu'Antoine l'avait prescrit, ses restes ont été enterrés dans la fosse commune.
        C'est pendant un prêche que « l'homme de Dieu » – aujourd'hui le « désincarné » – fut terrassé par une attaque d'apoplexie. Il put néanmoins avant de mourir proférer ses paroles : « Je désire que ma femme me succède dans mon enseignement religieux ». Aux colonnes du temple, encore en deuil, l'affiche suivante a été apposée pendant l'exposition du cercueil : « Frère, le conseil d'administration du culte antoiniste porte à votre connaissance que le Père vient de se désincarner aujourd'hui mardi matin 25 juin. Avant de quitter son corps, il a tenu à revoir une dernière fois ses adeptes pour leur dire que Mère le remplacera dans sa mission, qu'elle suivra toujours son exemple. Il n'y a donc rien de changé, le Père sera toujours avec nous. Mère montera à la tribune pour les opérations générales les quatre premiers jours de la semaine à dix heures ».
        Il semble bien que devant ce personnage singulier que se révéla sur le tard Antoine-le-Guérisseur, on se trouve plutôt en face d'un illuminé que d'un vulgaire charlatan ; dans tous les cas, ce serait un charlatan d'une jolie force et qui n'aurait plus rien d'un guérisseur ordinaire. La légende du zouave Jacob s'efface elle-même devant celle-ci, car le prestige religieux du mystagogue du pays walon s'est exercé non seulement sur des foules, mais aussi sur des gens de l'élite sociale, et il est destiné à durer, semble-t-il.
        Au fond, du reste, n'y a-t-il pas une sorte de religion, un acte quasi-religieux dans la visite que le malade, comme il s'en pressaient tant au temple de Jemmapes, rend au sorcier, au guérisseur non patenté ? Le premier médecin fut le prêtre, comme l'a dit Spencer ; et longtemps la médecine a été retardée dans son essor par cette notion que la maladie est un maléfice, une œuvre de mauvais esprit que seul le prêtre peut chasser. Si le populaire ne croit plus la plupart des maladies dues à de mauvais esprits, il a en tout cas retenu la notion du pouvoir magique du prêtre, ou de quiconque doit posséder une influence particulière : de là le succès persistant des guérisseurs.
        Il y a toujours des charlatans, en médecine, en politique et même en littérature, mais des sorciers de l'envergure d'Antoine-le-Guérisseur, l'espèce devient rare. Il est vrai que le moyen âge en brûla beaucoup... Le père de l'Antoinisme, s'il eut vécu de ce temps-là, était destiné au bûcher. Il y a, de nos temps, plus d'avenir pour la sorcellerie.

                                                                                 Robert DELYS.

    Le Mémorial de Lombez, 7 juillet 1912


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  • Christ guérissant les malades (Église de Mauriac, Auvergne)

    Dit aussi Esprit consolateur


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  • Thé Chambard (Journal de Charleroi, 6 février 1920)(Belgicapress).jpg

    Le plus agréable des purgatifs. Thé Chambard, le meilleur remède de la constipation.

    Journal de Charleroi, 6 février 1920 (source : Belgicapress)

        Cette simple thérapeutique faisait partie des moyens usés par le Père avant d'abandonner toute utilisation de prescription.


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  •     On a beaucoup écrit dans les dernières années sur le pouvoir de la pensée, et on a même expérimenté avec ce pouvoir pour guérir à distance. Il y a des milliers de cas, contrôlés, qui attestent le succès de la pensée projetée. Le Père Antoine, par exemple, de Jemmapes, en Belgique, employait cette méthode avec des résultats frappants. Il n'employait ni la médecine, ni les passes magnétiques, mais travaillait seulement par la pensée. Je lui fis une visite un jour avec une amie. Il nous affirma qu'il recevait beaucoup de lettres chaque jour et qu'il consacrait plusieurs heures de bon matin à y répondre, non par écrit. mais mentalement. Prenant une lettre entre ses mains, il envoie avec force une onde de pensée guérissante au malade.

    Les éléments artificiels blancs,
    in L'Astrosophie, Revue d'astrologie ésotérique et exotique, 21 mai 1929


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  •  Une reproduction de cette image (d'un auteur anonyme ou, selon Pierre Debouxhtay, de Carolus Leclercq, et wikipedia donne comme auteur Gabriel von Max) fut offerte par Allan Kardec (1) à Louis Antoine. Régis Dericquebourg dit que "c'est une des images les plus populaires dans l'antoinisme". Elle est reproduite dans un feuillet d'Antoine le Guérisseur
    Une reproduction agrandie se trouve dans la salle du Conseil d'Administration du Temple de Jemeppe (en fait depuis 1895 au moins) et était portée en procession pour les fêtes antoinistes.

    Frère Emile Scuflaire du Temple de Retinne indique lui qu'il fut offert au Père par Hector Denis. Hormis l'erreur du prénom, il semble bien que le Père le doit à Léon Denis.

    (1) Allan Kardec est mort en 1869, quand Louis Antoine finissait sa période comme soldat à la frontière. Il n'avait alors eut aucun contact avec le spiritisme. Régis Dericquebourg reprend l'information de l'origine de l'image d'une série de cartes postales éditée en France qui indique faussement dans un texte typographié cette histoire.

    Frère Robert Pierrefeu précise que l'image a été offerte au Père par Léon Denis, ce qui est possible puisque ce dernier fit plusieurs conférences en Belgique, dont encore en 1905 (conférence durant laquelle il annonce avoir été à Liège dès 1889, et encore en 1897).

    L'esprit consolateur

    La Meuse, 6 novembre 1889

        Le neveu du Père, le Père Dor, reproduit ce geste sur une photo reproduite par un article de l'Excelsior, du 13 janvier 1913.


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  • Guide pratique du médium guérisseur (1888)

    Auteur : Sous l'égide de MUMS et Groupes de Chênée (Medium : M. Laurent)
    Titre : Guide pratique du médium guérisseur
    Éditions : Librairie des Sciences Psychologiques, Paris, 1888

        Marijke De Sadeleer, dans son travail de mémoire sur De Kracht Van Genezing (2013) évoque également un autre Guide Pratique du médium guérisseur, édité à Liège en 1873. Le célèbre spirite José Lhomme est également l'auteur d'un Livre du Médium Guérisseur. On a déjà évoqué cet auteur pour son livre L'Au-delà à la portée de tous, cité en référence par Pierre Debouxhtay.

         Quelques extraits de pratiques du médium guérisseur peuvent nous donner des éléments pour savoir comment opérait le Maître Antoine alors qu'il était encore spirite.

     

    METHODE EXPERIMENTALE

        Lorsque le patient peut s'asseoir, nous le mettons sur un siège et nous nous plaçons en face de lui, sans le toucher : plus tard on saura pourquoi.
        Nous restons debout, et si nous nous asseyons, nous tâchons toujours d'être sur un siège plus élevé que le sien, de manière à ce que les mouvements des bras que nous avons à faire, ne deviennent pas trop fatiguants.
        Lorsque le malade est couché, nous nous tenons debout près de son lit et l'engageons à s'approcher de nous le plus possible. Ces conditions remplies, nous nous recueillons un instant et nous regardons le malade.
        Lorsque nous jugeons que nous avons la tranquillité, le calme d'esprit désirables, nous dirigeons une de nos mains, ou les deux à la fois, les doigts légèrement écartés, sans être tendus ni raides, vers les parties malades, en suivant les instructions que l'on trouvera plus loin ; on répète les passes (1) d'une manière identique, pendant un quart-d'heure environ, en inspectant, avec soin, les phénomènes qui se développent sous l'action de ces passes.
        Notre pensée doit être active et n'avoir qu'un but: celui de pénétrer les parties sur lesquelles nous promenons les extrémités de nos doigts, par l'émission d'un fluide que nous supposons concentré dans nos centres nerveux ; ces fluides suivent le trajet de conducteurs naturels, tels que nos bras, et par suite, nos doigts.
        Nous avons dit supposons, quoique pour nous ce ne soit point une hypothèse, notre volonté met bien évidemment en mouvement un fluide qui se dirige et descend en suivant la direction des cordons nerveux jusqu'à l'extrémité des mains, pour franchir cette limite, et frapper les corps sur lesquels on le dirige.
        Lorsque la volonté ne sait pas le régler, il se porte, par irradiation, d'un objet sur un autre qui lui conviendra mieux ; dans le cas contraire, obéissant à la direction qui lui est imprimée, il produit ce que nous exigeons de lui, lorsque, toutefois, ce que nous voulons est dans le domaine du possible et de la raison.
        Les effets dont le développement suit d'ordinaire toute magnétisation, apparaissent en raison de l'énergie de notre volonté, de la substance émise et de la durée de notre action sur le sujet.
        Il faut toujours avoir l'intention que les émissions du principe fluidique soient régulières, et que, jamais, nos bras et nos mains ne soient en état de contraction ; ils doivent avoir toute leur souplesse, pour accomplir sans fatigue leur fonction de conducteur de l'agent.
        Lorsque nous nous sentons fatigués et supposons que l'émission fluidique n'est point suffisante, nous prenons cinq à dix minutes de repos ; puis nous recommençons le mouvement de nos mains (passes), comme précédemment, pendant un nouveau quart d'heure et nous cessons tout à fait quand nous pensons que le corps du sujet, ou du malade, est saturé du fluide que nous avons émis. »
        […]
        « L'Esprit peut agir directement, sans intermédiaire, sur un individu, ainsi qu'on a pu le constater en maintes occasions, soit pour le soulager, le guérir si cela se peut, ou pour produire le sommeil somnambulique. Lorsqu'il agit par intermédiaire, c'est le cas de la médiumnité guérissante.
        « Le médium guérisseur reçoit l'influx fluidique de l'Esprit, tandis que le magnétiseur puise tout en lui-même. Mais les médiums guérisseurs, dans la stricte acception du mot, c'est-à-dire ceux dont la personnalité s'efface complètement devant l'action spirituelle, sont extrêmement rares, parce que cette faculté, élevée au plus haut degré, requiert un ensemble de qualités morales que l'on trouve rarement sur la terre ; ceux-là seulement peuvent obtenir, par l'imposition des mains, ces guérisons instantanées qui nous semblent prodigieuses ; bien peu de personnes peuvent prétendre à cette puissance.

     (1) On appelle passes, un mouvement ambulatoire des bras ; ces passes sont dites : longitudinales, transversales, à grand courant, selon leur direction ou l'étendue que le magnétiseur juge à propos de leur donner ; selon les effets produits, et par leur étude suivie sur le sujet malade, le magnétiseur se fait une méthode appropriée à la nature, à la qualité du fluide guérisseur qu'il émet à l'aide de ses passes.

    p.59-61

     

    INFLUENCE DU MÉDIUM
    DANS LES OPÉRATIONS

    Groupes de Chênée.                                                           Médium : M. Laurent.

        Evitez de manger avant les opérations ; n'opérez qu'une heure au moins après vos repas. Pendant la première digestion l'opération est difficile et donne peu ou point de résultats.
        La distraction, voici le grand ennemi des opérateurs ; occupez-vous toujours de votre malade et ne vous inquiétez pas de ce qui se passe autour de vous ; agissez comme si vous étiez seul.
        Dans l'opération magnétique le médium est tout, c'est lui qui doit attirer les fluides et les diriger par sa volonté. Le désir du souffrant ou plutôt son intention, doit-être de les attirer sur les parties malades.
        Tant que le médium se trouvera dans de bonnes conditions voulues, celles du désir, de la volonté, de l'attention, nous pourrons l'aider, le charger du fluide qui aura les qualités substantielles propres au mal qu'il veut guérir.

    p.62

     

        Ayant demandé l'avis du docteur Demeure sur l'opinion du baron Du Potet, en ce qui concerne les phthisies arrivées au 3e degré, voici sa réponse :
        « Certes, le baron Du Potet a raison pour des malades arrivés au point de ne pouvoir supporter aucune médication, mais tous les malades de la 3° période ne sont pas à ce point.
        « Il y a différents degrés encore, dans cette période, et je dis qu'on peut les guérir au moyen d'une influence douce et sympathique, si on sait s'y prendre à temps, et si on y met de la persévérance et une sage et tenace volonté. »

     

        Quelques remèdes magnétiques :

    Vomissements.

        Donnez d'abord à boire de l'eau magnétisée, puis vous opérez la tête, descendez sur l'estomac et tenez la main légèrement, pendant une minute ; dégagez le mauvais fluide par les jambes.
        Souvent l'eau magnétisée suffit pour guérir cette misère.

    DANSE DE SAINT GUY

        Magnétisez très légèrement la tête, avec la bonne intention de guérir ; puis, deux ou trois passes à grand courant. Eau magnétisée à boire.

    Magnétisation de l'eau.

        Les procédés les plus simples que nous employons pour magnétiser l'eau consistent à introduire le fluide par l'orifice du vase en y pénétrant le bout des doigts, et à faire des passes du haut en bas ; ou bien à tenir le vase entre les deux mains, à établir des courants fluidiques, et à diriger sur le liquide de longues insufflations ; cette dernière méthode, qui parait être la plus active, nous oblige cependant, pour des raisons de convenance, à recourir aux passes et aux courants.
        Suivant Deleuze (1) : on magnétisera une carafe d'eau en deux ou trois minutes, et un verre d'eau en une minute. Nous pensons que le temps nécessaire, pour ce genre de magnétisation, doit être subordonné aux effets qu'on veut réaliser, au tempérament du sujet ou aux forces du médium.

    (1) « Instr. pratique », p. 73. (à lire en ligne Instruction pratique sur le magnétisme animal par J.-P.-F. Deleuze, Paris, 1846)


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  •     Il est intéressant de retrouver ici le motif cher à la Christian Science et aux pentecôtistes, qu'il faut s'abstenir de prendre des médicaments, la prière suffisant à délivrer le malade de son mal.
        Mais, dans la pensée de Manduzio, il s'agit de quelque chose d'un peu différent : en réalité, il craint que si le malade absorbe des médicaments, on attribue à ceux-ci plutôt qu'à Dieu le mérite de la guérison. En lui, ce qui domine, c'est ce soucis que l'expérience dont le malade est l'objet se déroule dans des conditions telles que rien ne puisse mettre en doute le succès, ou hypothèse invraisemblable, l'échec de son intervention. Car, pour Manduzio, ce qui compte dans cette action religieuse, ce n'est pas tant la guérison du malade que le témoignage qu'elle porte de la vérité de Dieu. En ce sens, Donato se rattache étroitement et, pourrait-on dire, presque d'instinct, à la pensée religieuse de l'Ancien Testament, où maints exemples — il nous suffira de citer l'épisode du bûcher d'Élie (I Rois, 21-40) — illustrent un état d'esprit que l'on pourrait qualifier d'ordalique. L'ancien magicien-guérisseur est devenu l'intercesseur de Dieu, et son souci dominant est d'en prouver la grandeur.
        Pour les adeptes de la Science Chrétienne, l'homme doit s'en remettre à Dieu seul pour obtenir la guérison ; toute médication est inutile car c'est seulement par l'esprit que la guérison peut intervenir.
        Pour les pentecôtistes, la maladie est une possession devant laquelle la médecine est inefficace.
        Pour Donato, le mal est la conséquence d'une attitude qui déplaît à Dieu, d'un comportement qui n'est pas conforme à la Loi ; la maladie est, en quelque sorte, une émanation directe de la divinité. Il s'agit donc de rétablir l'intégrité du malade par un repentir sincère et surtout par la promesse de ne plus transgresser la Loi à l'avenir. 

    Elena Cassin, San Nicandro, Histoire d'une conversion, p.69-70
    Quai Voltaire, Paris, 1993 (cf. Recension de la première édition de 1957)

        Cette posture de Donato Manduzio se rapproche également de ce que l'on peut déduire du Livre de Job.


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  •     En 1892, le monopole de la médecine se voit définitivement entériné aux dépens de celui des guérisseurs. La médicalisation de toute la vie sera alors inéluctable.
       Avec l'avénement de la Sécurité sociale en 1945, tout le champ social est médicalisé. Se soigner (ne pas mourir ?) a pris une valeur normative. La mort prend place dans la grande mutation technique, rapide et spectaculaire de ces quartante dernières années, et son image actuelle est « médicalement appareillée ». La mort se réfère aux critères de la médecine moderne. 

    Nicole Léry, L'Heure de la mort, p.173-74
    in La mort à vivre, approches du silence et de la souffrance
    Autrement, série Mutations N°87 - Février 1987


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  • Louis Antoine et Jeanne Collon, sortant de la gare

    après le procès de 1907, d'où le Père ressort sans condamnation

    Louis Antoine et Jeanne Collon, sortant de la gare

    Le Père sortant de la gare, verso (archives Bec-fin Line)


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  • L'Antoinisme (Le Journal, 11 juillet 1912)

    L’“ANTOINISME”

        Antoine vient de mourir !
        Qui cela, Antoine ? En Belgique, on ne se risquerait pas à poser la question, car Antoine était plus connu chez les compatriotes de Léopold que le roi lui-même.
        Voilà bien vingt ans et plus qu'Antoine opérait des cures, et il faut croire avec quelque succès, puisque son commerce prospérait. Peut-être sommes-nous bien irrévérencieux, car c'est une véritable religion, dont il était à la fois le Dieu et le prophète, que feu Antoine avait fondée, et l' « Antoinisme » avait, parait-il, plus d'adeptes que le culte du saint de même nom. Quelles panacées merveilleuses, quels remèdes extraordinaires employait-il donc ?
        « Allez et priez », se contentait-il de dire à ses fidèles.
        Ces idées sur la guérison des maladies par la prière ne sont pas, à vrai dire, nouvelles. On les retrouve plus ou moins modifiées en Italie, en Espagne, en Allemagne et dans notre propre pays. Il existe un livre populaire allemand, correspondant à notre Médecine des pauvres. « Ce livre, dit un de ceux qui l'ont parcouru, mériterait d'attirer l'attention de la police, si elle ne préférait laisser au temps le soin d'en faire justice. » Mais le temps ne se hâte pas...
        Quant à l'Espagne, les érudits nous ont depuis longtemps appris que la science des ensalmos, ou oraisons, était jadis une science importante, dans laquelle prenaient des degrés toutes les duègnes, tous les mendiants, et en grand nombre – le croirait-on ? les aveugles ! Il y en avait pour tous les maux, pour toutes les infirmités, et leur succès était infaillible si elles étaient récitées avec componction, d'une voix grave et posée.
        Ce genre d'invocations se rédigeait, le plus souvent, en latin de cuisine, ou se mettait en rimes, afin que l'expression exacte s'en gravât mieux dans les mémoires.

        Les nombreux opuscules de piété réédités au commencement du seizième siècle par Guillaume Merlin renferment quelques-unes de ces formules, rimées sous le règne de Charles VII, et que son fils, le terrible Louis XI, dut porter dans son bonnet de feutre, à côté de ses petites idoles de plomb.
        La plupart sont vraiment curieuses.
        Voici, par exemple, la « piteuse oraison de saincte Syre », qui avait la spécialité de guérir la gravelle et le mal de reins. Le poète de couvent qui a rimé cette pieuse requête commence par saluer « la glorieuse dame et pucelle » ; puis il formule ainsi ses vœux :
        Dévotement je te requiers
        Qu'il te plaise de nettoyer
        Mon corps de toute maladie.
        ……………………………………………
        Par tes vertus et sainctetes
        Des reins pierres grosses et dures
        Sont boutes hors et degettez
        De toutes pôvres créatures ;
        Et gravelles pareillement,
        Doulce dame, tu fais yssir
        De maintes gens incontinent.

        Une autre prière, postérieure comme date, et en prose vulgaire, avait pour but principal d'arrêter les hémorragies provenant de coupures. Elle est ainsi libellée :
        « Dieu est né la nuit de Noël, à minuit ! Dieu a commandé que le sang s'arrête, que la plaie se ferme et que ça n'entre ni en matière, ni en senteur, ni en chair pourrie, comme ont fait les cinq plaies de N.-S. Jésus-Christ. Natus est Christus, mortuus est, resurrexit Christus ! On répète trois fois ces mots latins et, à chaque fois, on souffle, en forme de croix, sur la plaie, prononçant le nom de la personne en disant : Dieu t'a guéri, ainsi soit-il ! »
        Il y avait des prières différentes pour les maladies des yeux, pour les boutons et les furoncles, pour la transpiration des enfants, pour la teigne, etc.
        « Les paysans poitevins, écrivait naguère le docteur Tiffaud, appellent le furoncle ver de taupe ou vertaupe. Pour s'en débarrasser, on va chez le guérisseur trois matins consécutifs, et avant le lever du soleil. La personne qui touche, le toucheur, applique la paume de sa main droite sur le ver de taupe ; puis, elle récite à voix basse une prière, précédée et suivie d'un signe de croix.
        Cela fait, le sujet retourne chez lui ; mais, précaution essentielle, il ne faut pas qu'il ait de cours d'eau à traverser, car le bénéfice de l'attouchement et de la prière serait perdu. »
        Il n'y a pas encore un quart de siècle, on rencontrait dans les foires et les « assemblées » du centre de la France des marchands ambulants qui promenaient dans des boîtes, sortes de reliquaires, des images de saint Hubert, auxquelles ils faisaient toucher des bagues, des chapelets bénits, qui, à ce contact, acquéraient de grandes vertus préservatrices.
        Lorsque vous étiez munis d'un pareil talisman, et que vous saviez par cœur la fameuse oraison de saint Hubert, vous étiez à l'abri de la morsure des serpents venimeux comme de celle des chiens enragés.
        « Que de fois, nous écrit un de nos confrères belges, n'avons-nous pas vu des enfants, atteints de convulsions, dont les parents se contentaient, pour tout traitement, de lire, en tenant la main sur la tête du bébé, le premier chapitre de l'Evangile de saint Jean !... »
        Ces croyances sont de tous les temps et de tous les pays. Un médecin nous rapportait, il y a peu d'années, le cas d'un professeur de Moscou atteint de sycosis parasitaire, affection de la peau particulièrement rebelle, qui, fut guéri en trois jours, grâce aux prières d'une commère. Chose incroyable, on avait constaté la présence de staphylocoques dans le pus, et la maladie avait résisté, pendant neuf mois, à toutes les médications mises en usage contre elle.
        Un autre médecin raconte avoir vu, en Perse et en Kurdistan, la diminution du foie et de la rate se produire après, cinq ou six séances de la cérémonie suivante : avec un sabre courbe, on frappait perpendiculairement, et sans le blesser, le ventre du patient, en récitant, des versets du Coran. Sous l'influence de la peur, de la foi ou de la suggestion de l'entourage, il se produisait une vaso-constriction (resserrement des vaisseaux) et, par suite, une diminution de la rate hypertrophiée.
        Toutes les railleries, tous les scepticismes doivent tomber devant un fait.
        N'est-ce pas Charcot qui l'a déclaré : la foi guérit ?
        Il n'est pas, en effet, pour le médecin, et plus spécialement pour le psychothérapeute, d'auxiliaire plus puissant.
                                                             Docteur CABANÈS.

    Le Journal, 11 juillet 1912


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  • Antoine le Guérisseur (Le Rappel 19 février 1909)

    CARNET DU LIBRE PENSEUR

    On a perdu la dent
                  de Sainte Appoline

        Il existe toute une collection de saints qui se sont fait chacun une spécialité dans l’art de guérir les maux dont notre pauvre humanité est affligée ; et, plus sages que les médecins de la terre, leurs confrères, les morticoles du Paradis évitent soigneusement de se faire concurrence. C’est ainsi que saint Roch guérit les maux de jambes, que saint Mayol rend la raison aux fous. Il en est même que les femmes qui ont perdu tout espoir de connaître les joies de la maternité n’invoquent pas en vain, surtout si leur culte est célébré par quelque curé de campagne bien portant et solide au poste.
        Plus modestes sont les vertus de sainte Apolline, dont c’était la fête il y a quelques jours. La spécialité de cette sainte est de guérir les maux de dents, et il fut un temps où les bourgeois de Bruxelles en Brabant, qui avaient les molaires douloureuses, ou qui avaient des canines un peu longues contre leurs belles-mères, se rendaient en foule à l’église des Augustins, où l’on conservait pieusement une dent authentique – oh ! combien – de cette sainte ignorée mais bienfaitrice de l’humanité.
        Ils s’agenouillaient devant l’autel, raconte notre confrère la Gazette de Bruxelles, ouvraient une large bouche, et le prêtre de service au prix d’une légère offrande – naturellement ! – leur frottait à la file la bienfaisante relique sur les gencives, les perles et les chicots avariés. Ils rentraient chez eux guéris de toute douleur pour le moment et préservés pour l’année entière.
        L’église des Augustins a disparu, et l’on se demande, dans les milieux bien pensants, ce qu’est devenue la précieuse dent ! Supposer que les dentistes bruxellois l’aient fait disparaitre, ce serait outrager leur piété... On redemande la dent de sainte Apolline pour le soulagement public, n’en déplaise aux gens dégoûtés.
        On la retrouvera certainement un de ces jours, car les gens d’église ne laissent jamais disparaître les reliques dont ils tirent profit. J’ai récemment cité des exemples qui prouvent qu’ils savent au contraire les multiplier outre mesure.
        On retrouvera la dent de Sainte Apolline, et tout comme cet Antoine qui assure la guérison aux pèlerins qui le viennent visiter en sa chapelle de Jemmeppes-sur-Meuse, ainsi que le raconte un de nos confrères, elle opèrera des guérisons comme par le passé. La foi, qui engendre la crédulité, a un avantage sur notre scepticisme, c’est de rester toujours jeune et naïve, ce qui a fait dire avec raison du Christ qui s’y connaissait : « Bienheureux les pauvres d’esprit ! » P. G.

    Le Rappel, 19 février 1909


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  • L'AU-DELA
    ET LES FORCES INCONNUES
    III. LE GUÉRISSEUR LOUIS ANTOINE 

        Dans tout le Condroz, on me disait : « Allez voir Louis Antoine, c'est le plus grand guérisseur de la Belgique. Il fait des miracles comme les thaumaturges les plus fameux. Il n'a aucune science, sauf celle qui vient de son instinct ou, comme, disent les spirites, de son guide. » J'ai, pour ma part, une certaine faiblesse pour les guérisseurs. Ils sont généralement persécutés par les médecins, leurs rivaux, font souvent autant de bien qu'eux et, n'ayant pas de diplôme, sont moins pédants et plus pittoresques. J'ai beaucoup connu le zouave Jacob, qui eut des moments de gloire étourdissante. J'ai récemment assisté, à Lyon, aux exercices magnétiques de M. Bouvier, à qui il arrive de soigner des centaines de malades par jour, et, il y a deux ans, à Paris, je me faisais initier à l'art d'un bizarre Américain portant le pseudonyme de Saint-Paul et dont la main, réduite à trois doigts, laissait couler des torrents fluidiques. 
       Je me rappelle un discours de William Crooks, le grand chimiste, à l'Académie royale de Londres : « Quels que soient les mérites, disait-il, de la médecine actuelle, tout ce qu'elle peut faire, c'est de réveiller dans le malade, ce que j'appellerais le vis medicatrix, c'est-à-dire la force de se guérir, ou mieux, la volonté de vivre. Personne donc ne guérit personne, mais le malade se guérit lui-même et le médecin n'a été qu'un aide, celui qui a réveillé le vis medicatrix assoupi. » 
       Cette théorie, due à un savant remarquable, me paraît la bonne ; elle réhabilite en plus ces prétendus charlatans qui, renonçant à la pharmacie et à la chimie, s'adressent directement à la force vitale, l'appellent, l'exaltent et, en influençant l'élément psychique, commandent à la matière et à ses infirmités.
        Quand je descendis à la petite station de Jemeppes-sur-Meuse, je demandai au chef de gare : « Connaissez-vous Louis Antoine ? -  Si je le connais ! dit-il, on parle de lui dans toute la Belgique : il habite à deux cents mètres d'ici et cet après-midi vous le trouverez au milieu de ses consultants. » 
        Derrière la barrière j'aperçus Léon Foccroule, le président des spirites de Poulseur. Je n'avais donc plus à chercher un cicerone. Foccroule est un ami de Louis Antoine. Ses yeux ronds, sous ses paupières plissées, brillaient de finesse et de bienveillance. Louis Antoine est pour lui une sorte de saint, un curé d'Ars laïque qui travaille avec un désintéressement absolu pour le bonheur de l'humanité. Je compris aussitôt que Foccroule espérait que je serais non seulement étonné mais converti à leur évangile. C'est que les spirites sont, là-bas, des apôtres et que conquérir une âme leur donne certainement .autant de joie que de gagner le gros lot. J'étais ce jour-là le gros lot. Nous marchâmes dans la fumée des fabriques, au milieu des rails de trams à vapeur, sur une terre noire, le long de rues populeuses parfois passaient des femmes lentes avec, sur leurs épaules, une gaule d'où pendent contre leurs hanches de grands seaux. Le soleil s'était voilé, les cheminées d'usine augmentaient la tristesse et le brouillard. La spirituelle parole du socialiste belge, M. Demblon, me revint à l'esprit : « Le mysticisme, m'avait-il dit, naît la plupart du temps dans les villes où il y a trop de fumée. » Voilà pourquoi cette Belgique si pratique, passablement sensuelle, voit son borinage infecté de fantômes. 

    Jules Bois - Le Guérisseur Louis Antoine (1901)

        Au coin d'une traverse, une maison d'aspect presque officiel rappelant une clinique ou une petite mairie. La porte est ouverte. Foccroule cause en wallon avec quelques hommes attablés à un estaminet adjacent. La gueuze-lambic permet aux nombreux pèlerins d'attendre paisiblement l'heure où chacun, à son tour, ils seront reçus. Dans la salle d'attente, une multitude de femmes. Les clientes accusent les types les plus différents, depuis la femme du contre-maître, déjà bourgeoise et en chapeau, avec, sous la robe, un corset qui s'accuse comme une armure, jusqu'aux plus humbles ouvrières avec leurs châles à gros pois, leurs sabots, leurs cheveux filasse dont le manque d'éclat atteste les longues privations. Elles serrent contre leur poitrine flétrie par l'allaitement des chiffons secoués par les palpitations de la vie. Elles viennent là, moins pour elles-mêmes que pour leurs petits. Sans doute le médecin a désespéré où il demande trop cher, ou il n'a pas inspiré confiance ; alors elles sont allées vers celui que ses adversaires nomment le Charlatan, que la foule appelle le Guérisseur. Elles sont venues, portées par leur foi, exaltées par l'amour maternel, suppliant le Dieu des mères, de toute leur âme. Le silence n'est même pas troublé par le cri des enfants ; quelques vieilles se sont endormies sur leur parapluie, réveillées en sursaut quand la porte du fond s'ouvre pour laisser sortir quelque miraculé et entrer un autre douloureux. 
        J'ai passé par les coulisses de l'officine magnétique. C'est un corridor étroit où il y a, pour tout ornement, un tonneau à épluchures. 
       Ce corridor conduit à la hutte où habite Louis Antoine, une chambre seulement, bien pauvre et bien nue, où sa femme prépare le repas du soir. 
       Le thaumaturge a l'appréhension de la gloire, il n'aime point que s'établisse autour de lui une autre rumeur que celle, des guérisons accomplies. Foccroule lui a dit sans doute une phrase bien sentie dans leur patois car il m'accueille avec sympathie. Et puis, que quelqu'un soit venu de ce grand Paris pour le voir, cela le flatte secrètement. 
       J'ai deviné que Foccroule m'avait présenté comme un quasi-adepte. Voilà donc Louis Antoine. C'est un microcéphale, les cheveux coupés très ras, une barbe de la veille, et je ne sais quelle teinte grisâtre sur toute sa personne, provenant sans doute de l'âge, qui a décoloré ses cheveux et ses regards, de cette fumée aussi qui remplit tout Jemeppes, habille les êtres et les choses. Il parle avec une certaine difficulté, soit que le français ne soit pas sa langue habituelle, soit que sa nervosité, toujours en éveil, fasse trembler ses paroles. 
       - Faites excuse, me dit-il, je ne pourrais vous répondre qu'après L'avoir consulté. Je ne fais rien sans Lui. 
       Louis Antoine parlait ainsi mystérieusement de ce guide dont il ne sait pas très bien le nom, qui est tantôt pour lui l'âme du curé d'Ars ou cette du docteur Demeure, dont les portraits au crayon sont pendus aux murs de la salle d'attente, à côté de placards contre l'alcoolisme. Cet « esprit » ne me fut sans doute pas hostile, car presqu'aussitôt le guérisseur, sachant-que j'avais à prendre le train suivant, me reçut dans la chambre des miracles. 
       - Il m'apparaît, me dit-il, comme un nuage lumineux lorsque je dois réussir ma cure ; mais quand ceux qui viennent à moi n'ont pas la foi, mon guide s'en va, je deviens seul ; je puis si peu de chose par moi-même. 
       - Vous n'êtes donc pas magnétiseur ? 
       - Si ; mais je ne suis devenu vraiment Louis Antoine que lorsque je « m'ai acquis » la foi. C'est la foi qui guérit. Si nous croyons que nous allons cesser d'être malade, la maladie s'en va. Nous sommes guéris selon notre foi. | Plus j'ai réussi, plus j'ai eu confiance, plus j'ai réussi encore. Louis Antoine m'explique qu'il était ouvrier lamineur. Le feu où dansent les païennes salamandres, la fumée qui forme la corporalité des fantômes influencèrent lentement cette âme ignorante mais en correspondance avec l'universelle nature qui aime de chuchoter des simples des secrets. Il me conta la chose de sa voix grise aussi, voilée, avec des arrêts brusques et des intermittences. 
       - Quand on rentrait chez soi en revenant de la forge, on avait quelquefois le souvenir de toutes ces étincelles dans les yeux. Pendant la nuit, en dormant, elles ressemblaient à des étoiles. Ces étoiles me disaient : « Ecoute bien, Louis Antoine et comprends. Le feu de la forge rend le fer malléable et alors l'homme en fait tout ce qu'il veut. Ton âme est un feu aussi. Nous lui donnerons le pouvoir de repétrir la matière, la chair des autres, et les sourds entendront et les boiteux marcheront. » 
       Une mère et son enfant entrèrent. Le petit avait les jambes torses, le corps couvert de taches rouges. Un chétif résultat d'une existence sans hygiène et d'ancêtres dégénérés. 
       Louis Antoine pose sur ces membres déformés sa main rédemptrice : le petit tressaute de temps en temps comme sous une brûlure. Puis le thaumaturge lui ordonne de marcher, de courir même. Il marche, il court en effet avec ses misérables jambes convulsées. Réellement il va mieux, il rit, il saute dans les bras d'Antoine par cette sorte de reconnaissance instinctive qu'ont les enfants pour ce qui leur fait du bien. Il n'est pas guéri, certes, mais électrisé. Sa mère pleure de joie. L'atmosphère est propice au miracle entre ce thaumaturge qui affirme : « il guarira, savez-vous, il courra comme un lapin », cette femme en larmes et cet enfant galvanisé par la volonté de l'opérateur et la foi vague des tout petits qui ne comprennent pas l'existence de leur mal. 
       Vient une consultation sur la nourriture â donner au boiteux. Antoine défend le porc, ne permet qu'une pomme de terre avec du beurre, sans graisse. Ces détails culinaires sont écoutés avec religion, comme s'ils tombaient de la bouche d'un dieu. 
       Maintenant c'est le tour d'une vieille. Louis Antoine lui touche le front. Je vais assister à une des prérogatives du thaumaturge. Il lirait les maladies dans les corps, par intuition. Celle-là a la foi totale. Sous la coiffe noire, le visage s'accentue, à la fois têtu et docile, crédule. Au bout d'une minute, Louis Antoine profère son diagnostic. Ce qu'il a bien découvert, ce sont les souffrances de la brave femme et leur emplacement. Celle-ci en est tout émue ; chaque fois que le guérisseur lui découvre quelque infirmité, son enthousiasme grandit et elle s'écrie avec son accent rude de paysanne : « C'est ben comme ça, c'est ben comme ça ! » Mais Louis Antoine insiste : « Il faut dire la vérité, si c'est bien là ce que vous sentez. Nous ne devons pas propager le mensonge… la vérité nous soutient. » 
       Le train de banlieue qui doit me ramener de Jemeppes-sur-Meuse à Liège siffle déjà au loin ; il faut finir. Je demande à Louis Antoine ce qu'il pense des médecins, ses grands confrères et ennemis. Il ne m'en dit aucun mal. Ce magnétiseur a l'âme chrétienne : « Dans les maladies, ils soignent les effets ; moi, je m'attache aux causes », dit-il avec une certaine fierté. Louis Antoine est un philosophe. « Ils ont signé à cent cinquante une pétition contre moi : ma mission les gêne. Je n'ai été condamné pourtant qu'à quelques francs et conditionnellement encore. On sait que je ne demande pas d'argent, et comme je ne donne pas de remède, que peut-on me reprocher ? » 
       La vieille a jeté quelques sous dans la tirelire sur la cheminée. C'est tout ce qu'accepte ce philanthrope mystique. 
       - Avant de partir, prenez mon journal. 
       Louis Antoine est allé dans la chambre basse et obscure où sa femme prépare le repas du soir. De nouveau, je suis dans le corridor étroit, encombré par le tonneau d'épluchures. Le thaumaturge revient avec un imprimé qui a comme titre : Connais-toi. Je jette un regard sur ce papier rempli de ces phrases ampoulées dont les doctrinaires spiritualistes ont le secret. Ce ne doit pas être là une élucubration de Louis Antoine. Je le soupçonne d'écrire comme il parle, c'est-à-dire difficilement. Ses gestes, son milieu, son attitude, ses paroles, voilà ce qui m'a plu en lui. Une grande simplicité, de la naïveté même et de l'illuminisme, mais un brave homme, un brave homme vraiment, qui a la double chance d'être à la fois un ignorant et un croyant. 
       C'est peut-être pour cela qu'il fait des espèces de miracles. 
       Me revoici dans les rues fumeuses de Jemeppes, sur les chaussées noires. Léon Foccroule me jette un regard désolé. Il avait rêvé un long après-midi apostolique, où il m'aurait professé la philosophie d'Allan Kardec. 
       Le train siffle de nouveau, je lui serre la main en hâte, ses bons yeux sont émus. Il m'a fallu aller dans d'obscurs villages de Belgique pour trouver cette foi. Et je me dis que Louis Antoine dispose d'une force incalculable. Charcot, à la fin de sa vie, comprit les limites de cet hypnotisme qu'il avait, en quelque sorte, fait sien, et il écrivit, dans une revue anglaise, une étude devenue fameuse, intitulée The faith healing - la foi qui guérit. Ce génial observateur, quoique matérialiste, envoyait à Lourdes des malades désespérés, en qui il découvrait cette faculté de « croire » qui est vraiment un don surnaturel, car il n'y a pas de méthode pour l'acquérir. La désirer, la vouloir même, ne suffit pas : elle est un cadeau du Mystère. La foi ne soulève pas que les montagnes, elle peut rendre la santé étant elle-même une source secrète de la vie. 

    Jules BOIS. Le Matin, 3 août 1901 (Reparu dans Le Miracle moderne en 1907 et dans Le Figaro, Supplément littéraire du dimanche 17 décembre 1910, mais non dans le livre L'Au-delà et les forces inconnues, 1902)

    Jules Bois - Le Guérisseur Louis Antoine (1901)Jules Bois - Le Guérisseur Louis Antoine (1901)

     

     


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